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[RP] Les chroniques de la fuite : dits et écrits

Ysilgonde
Ysilgonde et Lestan ont fugué. Pour l'instant, il n'y a rien à savoir de plus.

Ou si : pour son père, elle a laissé une lettre ; pour Madeleine de Firenze, une autre.


Citation:
Pour Aimbaud de Josselinière, Marquis de Nemours.

Vous, que j'appelais Papa, mon Papa.
Je suis partie, accompagnée de Lestan, pendant la nuit. Vous n'avez plus besoin de moi, car vous avez des fils que vous préférez.
Vous m'avez plus frappée et grondée depuis six jours que depuis treize ans. Cela prouve bien que vous avez cessé de m'aimer, pour l'aimer lui. Je vous souhaite d'être le père heureux de deux fils heureux, puisque vous ne pouvez contenter votre fille, dont vous n'ourdissez que les tourments.
Ne soyez pas injuste avec Henri comme vous l'êtes sans cesse avec moi. Il n'a pas fait exprès de naître légitime, d'une femme que vous méprisez.

Je ne veux pas devenir vous, alors je n'épouserai pas un homme que je méprise, pour avoir des enfants dont je n'aurai cure. J'aime Lestan, et vos mensonges et vos vilénies n'y changeront rien. Nous sommes amoureux depuis toujours. Votre cruauté m'horrifie. Plus jamais vous ne nous ferez de mal. C'est pour ça que nous partons.

Je vous libère de la promesse de ne plus vous éloigner de moi et de m'adorer toujours : vous vous en étiez libéré de vous-même, en me menaçant souvent. Aujourd'hui, nous en sommes quittes.

Je recommande votre âme à Dieu dans chacune de mes prières, c'est promis. Prenez soin d'aller au Paradis, mon Papa. Il n'y a que là que nous nous retrouverons, s'Il le veut.

Je vous aime, quand même.

Ysilgonde
.



Citation:
A Madeleine de Firenze.

Princesse,

Lestan et moi partons vers l'ouest pour nous aimer. Je vous écrirai de nos nouvelles, souvent. Père sera mortifié : prenez soin de lui, et protégez-le de la corruption que représentent ses amis de Montauban. Recommandez-lui Lucie plus que toute autre, et veillez sur mon petit-frère Henri.

Dieu vous garde,

Ysilgonde.

_________________
Lucie
Lettres n'ont pas été trouvées immédiatement par le père inquiet et la belle-mère pas moins soucieuse de la fugueuse. Alors cette dernière a écrit là où elle pense retrouver l'adolescente et son soupirant : dans les jupons d'Isaure.

Citation:


    Chère Isaure,


Comme nous en avons convenu, je vous écris ce jour pour vous informer du fait qu'Eddard Lablanche d'Abancourt sera demain à Toulouse. Il y viendra seulement pour un jour, récupérer ses biens. Ensuite, il retrouvera Montauban et le convoi royal car Sa Majesté a accepté de les attendre. Cela signifie qu'Axelle Casas fera route avec nous. Je n'ai pas de mots.

Par ailleurs, il me faut vous entretenir d'un point inquiétant : Ysilgonde est disparue, ainsi que Lestan. Leur folie est consommée, le mal est fait. Il nous faut les retrouver vite avant que ne se présentent des conséquences que nous ne pourrons plus maîtriser. Sont-ils venus vers vous ?

    Le Très-Haut vous garde.




_________________

Lestan.
Au départ, il n'estait pas pour écrire. Cela laissé des traces et pouvait paraître comme de la provocation. Hors, le jeune homme n'estait pas dans cette optique encore. Il était encore sous le choc et ses mains pouvaient le lui rappeler sans cesse. Mais Ysilgonde était attachée à son père et à sa famille alors, Lestan se devait la soutenir. Ils étaient de la même famille à en croire les dire du Marquis et pourtant, le jeune homme n'en croyait rien. Il était convaincu au plus profond de son âme qu'Aimbaud usait de ruse pour séparer les deux prétendants.

Il s'était donc persuadé du mensonge grotesque. Il s'était persuadé que le Marquis était assez perfide pour vouloir protéger son héritière. Alors, une seule décision possible : la fuite. Comme dans les parchemins d'amour qu'il a pu lire. Il a sans doute oublié que la fin n'est jamais très réjouissante.



Citation:
A vous, Marquis de Nemours,


Je ne vous souhaite pas un bonjour, je souhaite simplement vous informer.

Nous avons fuit. Ysilgonde et moi même avons fuit votre terrible paluche et votre verbe acerbe. Nous avons fuit et vous n'avez rien vu. Sans doute trop occupé à vous occuper de vostre bâtard de fils. Vous n'avez rien vu, sans doute trop occupé à loucher sur les jupes de vostre Gitane. Je me demande comment Lucie votre épouse -je vous le rappel- vous pardonne votre infidélité. Vous êtes indigne. Nombreuses années vous m'avez obligés à suivre des cours au Monast-re car vous étiez pieux et bon croyant. Aujourd'hui, j'ai honte de vous et votre salut pour les cieux semble vous faire un pied de nez.

Je ne crois en rien vos calomnies sur notre lien. Je suis différent de vous et j'aime votre fille même si cela vous déplait. Nous allons nous marier et vous ne serez pas invités.

Je vous adorais. Je vous aimais. Vous avez absolument tout brisé. Moi qui, prié chaque soir pour vous et votre Famille. Je vous adulé au plus haut point et voulais vous rendre fier en mémoire de ma défunte mère. Mon Dieu, que penserait elle de tout cela ? Elle me manque terrible et je voudrai qu'elle revienne vous remettre les idées au clair.

Je vous évite de faire un choix et je prend la décision pour vous : plus jamais vous ne me reverrez. Et si ma future épouse souhaite vous revoir, sachez que jamais je ne l’empercherai. En revanche, je vous interdirai de voir nos enfants. Nos si beaux enfants.

Vous mourrez seul. Avec vos bâtards et vos putains.

J'ose espérer qu'Henry sera assez fort pour supporter votre nom.


Lestan.
Isaure.beaumont
[Quelques jours plus tôt à Toulouse]

Citation:
Chère Lucie,


Votre inquiétude est désormais la mienne, et j’essaie de trouver une raison à toute cette histoire. Je ne peux croire que les deux enfants aient fait pareille folie. Vous avez sans doute noté, comme moi et comme tout un chacun l'a très certainement observé, la ressemblance frappante - bien que de diamètres totalement différents - entre le marquis et son fils. Comment le premier concerné, à savoir le jeune Da Lua, pourrait-il ignorer sa filiation quand il a devant son nez son parfait reflet, certes en plus girond et aux traits plus marqués par le temps. Et plus brun, je vous l'accorde.
Je ne doute pas qu'il soit au courant de leurs liens, même à demi-mot, et je demeure persuadée, je veux réellement l’être, qu’il n'a pour Ysilgonde qu'une tendresse toute fraternelle, comme j’ai pu le voir à Toulouse l’autre jour. Les regards qu'aura captés Madeleine l’autre jour n'auront été que des regards de complicité d'enfants dans la planification d’une petite fugue adolescente.

Mon cousin est-il avisé de sa leur disparition ? Peut-être serait-il plus sage de ne rien lui en dire s'il l'ignore encore : nous la raisonnerons dès que nous l'aurons retrouvée, et je gage qu’elle ne doit pas être bien loin. Sans doute seront-ils même revenus ce soir. Quand vous êtes-vous aperçue de leur absence ? Essayez tout de même de connaître la direction qu'ils auraient pu prendre. Je prends la route au plus vite, dès que je me serai assurée qu'ils ne sont pas à Toulouse, et serai auprès de vous dès demain. Je n'aurai sans doute pas l'occasion de croiser Agnès, mais le bien de ma jeune cousine, et du devenir précaire de sa vertu, m'importe bien plus.

Tenons-nous au courant.
A demain.

Que le Très-Haut vous garde,

Isaure

PS: Je tenais à vous remercier d'avoir tenu votre parole. Je vois en cette lettre une base solide de notre amitié en devenir. Vous pourrez compter sur mon soutien.

PS 2 : Je ne voulais pas être si inquiète, mais à présent je m’apprête à achever cette lettre qui se voulait rassurante, je le suis terriblement. Je ne me pardonnerai jamais si elle devait se compromettre avec son sang. J'aurais dû m'opposer plus fermement à elle et la menacer d'en aviser son père. Je suis coupable par mon silence de tout ce drame qui touche notre famille et j'en suis terriblement désolée et attristée.


[Le jour-même, le 8 février]

Isaure avait quitté Montauban la veille, partant à la recherche d'Ysilgonde (et accessoirement Lestan). Octave, rencontré peu auparavant à Toulouse, s'était aristotélicieusement proposé pour l'aider dans sa tâche, quittant les rangs du cortège royal; pour la suivre dans ce périple. Ils avaient alors écookiesé les différents hameaux entre Montauban et Agen, avant de parcourir chaque rue d'Agen et d'interroger chaque âme rencontrée.

Citation:
Mon cher cousin,

Je crains n'avoir aucune bonne nouvelle à vous rapporter ce jour. De votre bien-aimée fille je n'ai pour le moment aucune nouvelle. Nous avons fouillé patiemment chaque hameau entre Montauban et Agen, et rien ni personne ne nous a révélé le passage de vos enfants. Nous avons interrogé toutes les âmes croisées, en vain. Personne ne semble les avoir vus, ni reconnus. Nous ne baissons pas les bras, et poursuivons les recherches dans Agen même. Ce soir, nous reprendrons rapidement la route en direction de Bordeaux afin de ne pas leur laisser trop d'avance si d'aventure nous étions sur leur piste sans le savoir. Avez-vous eu quelques nouvelles qui puissent nous être utiles ?

J'imagine aisément l''inquiétude qui vous assaille. Ysilgonde est pour moi une fille et je peine à trouver le repos de la savoir avec Lestan, dans une campagne pleine de dangers. Je vous dois d'ailleurs une confession et des excuses. Je me sens terriblement coupable de tout ce qui arrive. Votre précieuse enfant m'a fait parvenir la veille de mon départ à Toulouse une lettre dans laquelle elle m'apprenait son amour pour Lestan et m'annonçait que dès le lendemain qu’il viendrait vous demander sa main. J'aurais dû vous prévenir, sans doute, mais j'ai préféré lui faire parvenir une réponse qui la mettais en garde contre les pièges de l'amour et lui recommandais d'abandonner leur vain projet. Je pensais qu'il s'agissait là juste d'une amourette à sens unique et qu'elle se figurait sans doute à tort que Lestan puisse nourrir pour elle de réels sentiments. Je n'imaginais pas alors qu'en la persuadant de ne pas vous mettre au fait de ce mariage, ils fuiraient ensemble. J’espère que vous saurez me pardonner la fugue de vos deux enfants de votre fille.

Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous la ramener rapidement, et je prierai pour son salut et sa vertu.

Que le Très-Haut vous garde et que vous puissiez me pardonner

Isaure


_________________
Aimbaud
Et puis... Une malédiction.

Citation:



    Mon amour,
    Mon enfant,
    Ma fille,

    Il n'y a pas de mot assez pénible dans notre langage, pour parler du mal que je vous ai fait. Je vous ai précipitée vers un abîme, en voulant vous protéger. Mes mensonges, mes omissions, sont mes passe-droits pour le long chemin vers l'enfer, que j'arpente, depuis longtemps déjà. Vos yeux si purs ont lu en moi. Je n'ai pas de vertu. Je n'ai pas de retenue. Je n'ai pas de sagesse.

    Le dégout que vous avez pour moi, je l'éprouve aussi. J'ai pitié de la chair qui entoure mon âme, celle-là même qui me suit depuis le début, et que je ne cesse de voir s'abîmer et s'alourdir, le temps aidant. J'ai si peu de résilience, face à la tentation. J'aime tant les vins. J'aime tant les chairs. J'éprouve tant de paresse. Mes succès furent si peu nombreux. Mes connaissances, si pauvres. Je n'ai pas de curiosité pour le monde. Qu'ai-je inventé ? Qu'ai-je construit ? Qu'ai-je donné à vivre autour de moi ? Rien...

    Il y a bien une chose... Il y a vous. Mon enfant.

    Bon à rien que je suis - que vous me savez être - j'ai démissionné de moi-même. C'est cette humeur d'abandon qui, si pressément, fait naître les rides à mon front, le nu à mon crâne, la graisse à ma panse. Je n'attends point de rémission. Je suis un homme gâché. Le fort de mon âge est passé. Rien de vaillant n'en est sorti. Il est trop tard pour les aspirations. Ne me restent à vivre que les plaisirs d'une vie simple. Je ne gagnerai pas de course, moi. Les coureurs sont loin devant, ils ont dépassé mon horizon. Je n'aurai pas la gloire. Je n'aurai pas le paradis. Alors je ralentis l'allure, je ne regrette rien, je prends un autre chemin. Il y a du plaisir à se contenter d'une promenade, en souriant de ses échecs, à la lisière du monde.

    Je songe à prendre un jour la plume pour écrire un essai de mémoire, relatant ce que je sais du monde, des peines et des chagrins, d'une heureuse vie, des mauvais choix. Là encore, je m'expose à un échec. Mais si ce projet aboutit, il faudra que vous le lisiez. Peut-être aurez vous alors de la pitié pour moi, mais plus de colère.

    J'ai tant de fierté pour vous. Vous l'ignorez. Mais vous êtes l'aboutissement de ma vie. Je ne devais exister que pour vous donner le jour. Tout concourt à vous. Je ne suis qu'un pion. Je trépasserai sans importance. Cela ne compte pas. Vous êtes ma Reyne. Vous êtes tout l'enjeu de ma vie. Je suis un raté. Mais n'oubliez pas pourquoi je vis. Pour vous. Pas pour moi. Je vous élèverai. Je vous sortirai de la fange bourguignonne. Je gommerai jusqu'à la moindre miette de terre sur votre peau. L'on m'oubliera, moi, le hobereau comique. Je mourrai bien sagement. Ne restera que vous, dans la lumière, et votre lignée. Vous êtes pure.

    Lisez attentivement.

    Lorsque j'étais jeune garçon, le vicomte de Digoine, qui devait devenir Roi de France, me convia à la cour de Bourgogne et m'y fit porte-parole. S'y trouvait alors le beau monde champenois, Seignelay, Crécy, et une jeune marquise de Nemours qui refusa de m'adresser la parole. Parmi la suite de votre mère, était la baronne de Donges, une bretonne. Celle-ci avait vingt et un an, moi quinze. Nous nous liâmes d'amitié, puis, en dépit de cette différence d'âge et de langue, d'amour.

    Son retour en Bretagne me brisa le cœur. Je conçus alors l'intention de quitter mon père, de la retrouver et de l'épouser. Erik de Josselinière, que vous n'avez pas connu, avait maintes fois combattu lors des guerres que provoquèrent les bretons, il n'aurait jamais consenti à me voir prendre pour femme, une fille de ce pays. J'allai seul, sans mot dire, laissant ma famille dans une mortelle inquiétude. Les noces se préparèrent. Nous nous aimâmes la veille du mariage. Blanche de Walsh Serrant avait omis de quérir l'assentiment de son suzerain, qui laissa passer sur ses terres, les cavaliers de mon père. Je fus ramené par la force en Bourgogne, et rudement puni. Longtemps, je n'entendis plus parler de Blanche. Jusqu'à ce qu'une année plus tard, environs, j'apprenne qu'elle s'était mariée avec un marquis de Castille, et vivait dans cette région-là. J'épousai Clémence de l’Épine, sur les conseils de mes parents. La suite vous la connaissez, vous vîntes au monde un beau jour, et remplîtes mon cœur d'amour, quand la mort de votre mère le faisait se tarir. Vous fûtes mon joyau, dans une obscurité dont je ne serais pas revenu, si vous n'aviez pas existé.

    Quatre ans avant votre naissance, je revis Blanche de Walsh Serrant une dernière fois, à Decize. Elle me remit le portrait de Lestan, en me disant qu'il était mon fils. J'ai toujours ce portrait. Pour le bien de l'enfant, comme pour nos réputations, nous décidâmes de taire la vérité. À la mort de ses parents, Lestan se trouva dépossédé de ses biens. L'époux de Blanche, sûrement instruit de sa condition de bâtard, ne l'avait pas couché sur son testament. Je me rendis à Valladolid pour le retrouver et le ramener en France. Je le confiai au moines de Saint Denis. Puis il devint mon page. Vous fîtes sa connaissance à Nemours et je cru voir dans votre attachement, l'instinctif amour que sœur et frère se peuvent témoigner. Puisque c'est ce que vous êtes, l'un pour l'autre. Mes enfants.

    Devrai-je me crever les yeux pour les empêcher de voir ce que vous faites de vos chairs ? M'ouvrir la peau du front, pour en chasser les mauvais rêves ? Ceux que vous faites naître dans mon crâne... Je ne vais pas vivre, en sachant. Je crois... que c'est ce que vous avez vu, et fuit. Je crois que vous savez. Vous le savez. Ma fille, vous êtes le sens de ma vie, et vous n'ignorez pas que je vous tuerai de mes mains, de ces mêmes mains qui vous ont portée et apprit à marcher, si vous deviez commettre cette flétrissure infâme, cette ignominie sans nom, qu'est d'aimer cet homme, qui est mon fils, qui est votre frère, et qui est votre sang.

    Je me tue, ou je te tue. Ma fille, je vous tue. Quoi que tu dises. Quoi que tu veuilles. Quoi que te murmure le Sans-Nom. Je crève ton beau visage. Je tue ton sang, ta mère, tes terres. Je te casse le cou. Je t'éradique. Comme je t'ai donné la vie. Je t'enterre et je t'étrangle. Je te fais taire. Je donne du silence à tes innommables perversions. Sans regret. Sans compassion. Et là, la mort. La mort pour moi. Je n'ai pas peur de cela. Tu le sais, j'y suis préparé.

    Mes Nemouriens sont sur tes traces - bons gardes dont je me suis entièrement dépourvu - flanqués d'Isaure, à qui je confie cette lettre. Lorsqu'ils t'auront trouvée, tu devras répondre de ton inceste. Si tu te refuses à la raison, je t'y forcerai par la prison. Je ferai pendre Lestan. S'il supplie mon pardon, je l'exilerai. Il n'est pas d'heureuse issue possible à l'histoire sordide que vous vous proposez de vivre.

    Vous me faites le plus grand mal. Il est injuste. Je pourrai pardonner, avec le temps. Tout comme vous le pourrez. Ma chère enfant.

    Dieu ait pitié de votre âme.




_________________
Dame Jeanne, ma plus fidèle compagne.
Octave.
[A Marmande]

Isaure a fini par se calmer après la sortie de celle qui pourtant leur avait apporté de bonnes nouvelles. Il en profite pour rédiger deux plis bien plus succincts que ceux dont il a l'habitude. Mais après tout, il n'a fait que croiser les destinataires et n'a pas grand chose à leur raconter qui les intéresse. Il va donc droit au but.

Citation:
A Lucie de la Josselinière,

    Le bon soir,

    Isaure est actuellement penchée sur une missive pour votre mari.

    Nous avons une piste, quelqu'un les a aperçus à Marmande. Nous continuons notre route.

    Nous les retrouverons bientot.


Octave.


Puis une seconde, Isaure étant toujours penchée sur sa première.

Citation:
A Aimbaud de la Josselinière,

    Le bon soir,

    Je crains qu'Isaure, un peu sur les dents, ne soit perdue dans son rapport sur nos recherches.

    Aussi vous informe-je de mon côté que nous avons une piste. On les a aperçus à Marmande.

    Nous poursuivons et les rattraperons bientot.

    A cet égard, et en cas de refus de nous suivre de la part de votre progéniture, je souhaite vous demander quelles sont les mesures que je pourrais être amené à utiliser. Sans bien sur parler de violence pure et dure, il n'est pas question de frapper vos enfants, mais imaginons qu'il faille les coller de force sur un cheval, m'y autorisez vous ?


Bien à vous,
Octave de Beaupierre.



S'ensuit une longue discussion avec Isaure sur le fait qu'elle lui a déjà donné autorisation et assure d'un ton qui dit le contraire qu'elle comprend, bien entendu, les raisons qui poussent Octave à demander confirmation au père caractériel.
_________________
Isaure.beaumont
Mais de lettre à AImbaud il n'y avait pas. Seules quelques lignes sur un vélin bien vite froissé puis raturé sont tracées.

Citation:
Chère Lucie,

J'ai hésité à écrire directement à votre époux mais j'ai jugé plus sage de vous adresser directement ce pli. Nous somme ce jour à Marmande et avons fait la rencontre d'une odieuse bonne femme qui nous a cependant donné d'heureuses nouvelles: Ysilgonde et Lestan ont été aperçu hier à Marmande. Nous sommes donc sur la bonne piste et espérons les retrouver à Bordeaux prochainement.

J'ignore s'il faut en informer Aimbaud tant que nous ne serons pas sûr de les avoir rattrapé. Je vous laisse seule juge de la conduite à tenir.

Je vous tiendrai informée de la suite.

Que le Très-Haut vous garde,

Isaure

_________________
Lucie
Villefranche-de-Rouergue au petit matin. Il y avait, pour une fois en ce mois de février glacial, du soleil qui se levait tranquillement sur la ville, éclaboussant de flaque d'or le sol enneigé et les tours du pont des consuls qui, massif, enjambait l'Aveyron. Blottie contre la fenêtre de l'auberge où ils étaient logés pour le jour, ses épaules menues couvertes d'un épais châle de laine, Lucie tentait de se réchauffer à ces quelques rayons tandis que, plume à la dextre, elle répondait aux envoyés précieux chargés de retrouver sa belle-fille.

Citation:


    Chère Isaure,

Mon époux a été informé avant moi par une lettre du sieur Octave qui nous a écrit à tous deux. Il est naturellement inquiet mais parvient encore à se contenir. Ce que je crains, c'est que la situation perdure.

Comme évoqué j'ai, de mon côté, écrit au Grand-Duc de Bretagne, qui est parrain d'Ysilgonde, et fait appel - avec l'accord de Navailles - à mon homologue en charge de la péninsule ibérique. L'étranger est donc prévenu.

Du reste, je me demande si il ne faudrait pas écrire à tous les maires, tous les prévôts de province sur leur chemin potentiel pour prendre de l'avance sur eux. Qu'en dites-vous ? Je puis m'en charger avec vous si vous le voulez.

J'espère que cette quête ne vous épuise pas trop. Courage !

Je prie le Très-Haut pour votre succès et la sauvegarde de l'âme d'Ysilgonde.





Citation:



    Sieur Octave,

Encore une fois il me faut vous remercier pour votre diligence. Je ne suis pas sûre de comprendre quelle générosité vous pousse à ainsi nous aider, mais vous nous êtes précieux.

J'ai écrit à Isaure en même temps qu'à vous aussi je ne répète pas les mesures que j'ai prise de mon côté, je gage que vous communiquez. Toutefois, pour vous j'ajoute ceci : tâchez de veiller sur la cousine de mon époux. Elle aime Ysilgonde comme sa fille et souffre autant qu'un parent de cette fuite. Elle a besoin d'être épaulée.

N'hésitez pas à m'écrire encore, pour me tenir au courant ou si vous avez besoin de quoique ce soit.

Que le Très-Haut vous garde.




_________________

Ysilgonde
Quelque part sur le chemin qu'ils avaient pris.

Citation:
Chère Princesse Madeleine,

Je vous avais promis de donner de nos nouvelles : nous allons bien. Les gens sont charmants avec nous. Certains nous ont même offert gîte et couvert, touchés de notre amour. Nous allons trouver un prêtre pour officier. Lestan me presse fort. Je crois qu'il veut être un vrai homme. Vous savez ce que ça signifie. Et pour qu'il soit un homme, je dois être sa femme. Voyez que ma vertu est toujours vive : je ne ferai les choses que dans les règles.
Je suis si triste que papa refuse de le voir. Il s'est exclu tout seul de ma vie, avec ses péchés.

Embrassez bien Lucie pour moi. Par force et patience, elle a gagné mon affection. Je ne l'aurais pas parié, il y a quelques années. Mais j'ai trop honte encore pour lui écrire.

A bientôt,
Ysilgonde.

_________________
Madeleine_df
A Rodez.

Citation:
A Monseigneur Lyonis d'Appérault, Primat de France.

Salut et dilection.

Je prends la plume, Monseigneur, afin de vous faire part d'une affaire de prime importance. Ainsi que d'un cas de conscience, puisque cette lettre se trouve écrite sans le consentement du père... Vous allez comprendre.

Il se trouve que le Marquis de Nemours, Sa Magnificence Aimbaud de Josselinière, a, avant la naissance de sa fille aîné, donné au monde un fils bâtard, répondant au nom de Lestan da Lua. Lequel était également fils d'une femme mariée, et qui fut élevée par elle dans le mensonge, comme un enfant légitime.

Mais à la mort de cette dernière, l'enfant devenu grand a été placé sous la protection de son père naturel, tout en continuant d'ignorer sa filiation. Et une chose en entraînant une autre, il est tombé amoureux de sa demi-soeur, Ysilgonde, fille du marquis et de sa première épouse Clémence de l'Épine.

Le pot aux roses a été découvert, mais ces deux jeunes gens ont décidé d'ignorer leur sang commun, et de s'enfuir ensemble pour se marier, la chose me fut confirmée dans une lettre que je reçus hier, signée de la main d'Ysilgonde. Vous comprendrez sans doute à présent où je veux en venir : Leur parentèle commune constitue un empêchement réel et sérieux au mariage, mais comme tout le monde ignore où ils se trouvent, il risque d'être impossible de les arrêter.

Voilà pourquoi je m'ouvre à vous à propos de cette situation. J'ose imaginer que vous serez en mesure de faire passer le mots aux évêques de France, qui ensuite pourront le communiquer aux prêtres et aux diacres : Ce mariage ne doit en aucun cas être célébré, sous peine de mettre en grand péril d'Enfer leurs âmes immortelles.

La passion pousse parfois à commettre quelque folie, je ne le sais que trop moi-même. Mais puisque le marquis semble plus soucieux de sa réputation que du Salut de ses enfants, j'ai estimé qu'il était de mon devoir de vous faire prévenir. Ma défunte mère était marraine d'Ysilgonde, et je crois qu'elle n'aurait fait pas moins que cela.
Pour autant, puis-je me permettre, Monseigneur, de vous conseiller la plus grande discrétion en cette affaire ? Non pour le compte du Marquis, qui se montre décidément bien sot, mais pour celui de nos deux jeunes amoureux. Elle m'a assuré qu'ils n'avaient commis aucun péché de chair, aussi reste-t-il à espérer que toute cette affaire se règle entre personnes de bonne intelligence, et que lorsqu'il se trouvera pour elle un mari convenable, elle ne se trouve guère entachée par cet épisode de folie qui sera, je l'espère, passager.

Mille grâces en avance, Monseigneur, si par cette lettre je puis parvenir à mes fins.
Que le Très-Haut vous garde.

Madeleine Deswaard de Noldor-Firenze, Fille de France, Duchesse de Grignan, etc.

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