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[RP] Fuyez le palais par le parc

Octave.
[A Marmande un froid soir de février]

Trois jours, ou peut être quatre désormais, qu'il suivait la jeune femme qui vient de quitter la taverne juste devant lui. Trois jours ou peut être quatre qu'il lui a proposé son aide, intrigué par l'air à la fois si angoissé et si déterminé d'Isaure Beaumont.

Sur un coup de tête. Pour quelqu'un qui avait passé sa vie à suivre les ordres et des stratégies élaborées, à anticiper chaque action et chaque route, à étudier pour lui et son régiment les différentes options qui se présentaient, il se révélait plutot impulsif maintenant revenu à la vie civile. L'argent ne lui manquait pas, il avait eu le temps d'économiser ses soldes, et le temps non plus.

Faut dire qu'il pensait, au moment de son offre, aider à la recherche d'une jeune fille en fleur que ses instincts adolescents avaient poussé à suivre un jeune homme probablement de mauvaise influence. Mais comme rien n'était jamais simple chez la haute noblesse, l'histoire s'était révélée moins romantique, et bien plus sordide. Aidé par les mots malheureux du père, sous le regard effaré de la cousine, il avait reconstitué un tableau qui, il l'avait compris immédiatement, ne devait pas se réaliser sous peine de créer un scandale sans nom.

Le père justement comptait parmi les amis de sa co-tante - dingue qu'il n'y ait pas de mot pour décrire le lien plus que ténu qui relie l'oncle de la femme du neveu de quelqu'un d'autre - ce qui est la relation entre Octave de Beaupierre et Alvira de la Duranxie - et il ne se voyait pas renoncer à la chasse à la jeune blonde, quand bien même il trouverait que l'histoire dépasse ses maigres compétences.

Et puis Isaure et son inquiétude l'attendrissaient. Tout comme il se révélait un professeur émérite pour ses nièces, il se découvrait un tempérament protecteur envers les jeunes femmes angoissées.

C'est ainsi qu'il se retrouve à affronter le froid, au sortir d'une taverne, pour reprendre la route vers l'ouest.


Prévenez les gardes, je m'occupe des chevaux.

Cela ne fait que quelques jours mais la routine est déjà installée. Bientot, ils sont à cheval. Ou à poney pour certaine. Octave doit baisser les yeux s'il veut la regarder pendant qu'il parle, assez bas pour éviter que leur escorte n'en profite.

Nous y serons bientot. Nous les retrouverons.

Puis :

Les ordres, vraiment ?

Etrange qu'il reste dubitatif sur ce choix de vie, lui qui a pourtant vécu monacalement pendant toutes ses années dans les armées... Ni pute ni coke, c'est de la légende urbaine, en vrai c'était franchement austère. Et humide. Il resserre sa cape autour de ses épaules, surveillant la route devant eux.
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Lestan.
A St Illinda comme ils disent fièrement, j'ai goûté la bière d'une jeune sœur. J'ignorais totalement comment cette chose que je trouvais imbuvable, se fabriquait. C'est un délice. J'ai donc décidé de revenir de temps à autre dans cette Abbaye pour y tremper les lèvres. Je me refuse de goûter la pisse humaine que l'on peut nous servir en taverne. Quand nous serons enfin marier, nous aurons une cave exclusive de l'Abbaye.


3 ou 4 jours de pur bonheur.

Lestan était passé de la tristesse enfantine à la joie d'un jeune homme amoureux. Toutes les calomnies que l'on avait pu lui dire pour l'empêcher de se marier avec Ysilgonde étaient maintenant oubliées. Ysilgonde sa sœur. Jamais il ne pourrait le croire. Il ne le voulait pas. Ysilgonde était sa fiancée.

Depuis leur idée commune de prendre la fuite de Montauban, Lestan avait un sourire niais sur les lèvres comme s'il redécouvrait la vie. Ce n'était pas une impression pour un jeune homme élevé dans un monastère toute sa vie, les choses les plus simples, il les ignorait. Jamais il n'avait vu la mer d'assez près pour y tremper ses pieds. Jamais il n'avait vu la neige assez longtemps pour ouvrir la bouche et gober les flocons. Jamais il n'avait eu l'occasion de se faire arnaquer sur un marché parce que jamais il n'avait eu un sous en poche. Se rendre compte que l'on vous pigeonne est fort désagréable mais tellement amusant de laisser faire. Ainsi donc, il avait hérité d'une pomme aux pouvoirs de le faire disparaître.

Jamais il ne lâchait la main de son aimée. Il n'avait jamais eu l'occasion de la lui tenir, alors maintenant, il ne voulait plus la lâcher.

Un geste regrettable trouvera toujours une bonne excuse pour se faire pardonner. Le vol du cheval en était un exemple. Il l'avait volé par amour alors cela ne pouvait être répréhensible ni même condamné. Plutôt charpenté de nature, Lestan était un blond foncé. Et plus il prenait de l'âge plus cette couleur s’estompait pour devenir foncé à son grand regret. A le regarder de plus près, on lui donnerait le bon dieu sans confession et l'idée même de faire du mal, le rendait malade. 16 ans. A la fleur de l'âge pour se sentir invincible et indestructible. Rien ne pouvait lui arriver : il était jeune et amoureux.

Il faisait froid mais avec un manteau de fourrure la vie était plus simple. Il se refusait que sa future épouse n'éprouve un simple besoin, il se devait de la rendre parfaitement heureuse. Il n'estait pas idiot, une partie de son cœur le trahissait en lui chuchotant qu'un jour, Ysi repartirait avec son père. Lestan se devait d'en profiter.



Ysilgonde, voyez comme j'arrive maintenant à prononcer vostre prénom ! Nous allons arriver dans une grande ville bien connu pour son vin. Souhaitez vous que l'on s'y attarde pour, que sais-je, tenter une dégustation de ce raison écrasé ?
Ysilgonde
Les jours s'écoulaient, en effet, et Ysilgonde autant que Lestan jouaient à la fois de chance et d'imprudence. De chance parce que jusqu'alors, nul ne les avait arrêté dans leur course folle.
D'imprudence parce qu'ils se pavanaient. Fous d'enfants qu'ils étaient. De ville en ville, sans jamais s'enquérir de savoir où ils allaient, la petite marquise allait arpentant rues, marchés et tavernes. Elle jouait les princesses dans les quelques robes qu'elle avait pu prendre dans sa fuite. Heureusement, peu de jours avant le départ, elle avait fait route vers Toulouse avec Isaure : de ce petit aller-retour, elle avait conservé un nécessaire tout prêt.
Chaque matin, elle se faisait belle aux yeux de son amoureux. Elle avait de quoi se coiffer, de quoi serrer sa petite taille en ceintures, des rubans dans une petite cassette, et quelques piécettes qui lui restaient de Toulouse. Cela suffisait encore. Naïve, elle ignorait sans doute que tôt, la fin et l'hygiène viendraient à manquer.

En attendant, elle ne manquait pas de dire à qui voulait l'entendre :


Ysilgonde de Josselinière, ravie ! Je voyage avec mon fiancé. Mon père est resté à Montauban. Mon fiancé est son écuyer.

Et elle était fière, oh, si fière de le dire. De le répéter.
Parfois, il lui venait à l'idée qu'on pouvait les suivre. Assurément, le marquis de Nemours avait mis le royaume sur le qui-vive. Des chevaliers couraient certainement çà et là, à sa recherche. Deux jeunes blondins, de treize et seize ans. Ils allaient à cheval, mais n'en avaient qu'un pour deux.
Dieu qu'elle aimait les bras de Lestan qui l'entouraient lorsqu'ils allaient au trot, au galop, et même au pas. Car pour rien au monde il ne l'aurait lâchée.

Les adolescents flânaient.

Quelques inquiets demandèrent bien s'ils étaient seuls. Tous, bienveillants, leur souhaitaient bon voyage, quand ils partaient.
A l'abbaye où ils firent une halte, la marquisette alla jusqu'à raconter qu'Isaure viendrait bientôt. Elle aimait montrer qu'elle connaissait des gens importants. Elle faisait, au vrai, un bien meilleur Petit Poucet que l'original.
A deux, ils jouaient au couple.

Le soir, ils se plumaient au ramponneau avant de dormir ensemble, dans une chasteté parfaite. Au matin, elle se levait la première, pour qu'il ne la voie pas toute défaite. Et ils repartaient dans le tourbillon de leurs amours.

Chacun avait convenu qu'Aimbaud avait menti. Ils s'étaient regardés dans un miroir pour convenir qu'ils ne se ressemblaient pas.

Lestan était bavard. Plus qu'elle. Il goûtait sans doute une liberté qu'elle connaissait déjà. Son rang à elle ne l'avait jamais bien contrainte, sauf au couvent...


Ne nous attardons pas, de grâce. Allons où nous avons décidé d'aller, et marions-nous là. Après, nous aurons le temps de nous attarder partout où vous voudrez, car plus personne ne pourra défaire ce que Dieu aura fait.
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Isaure.beaumont
Sous le couvert de cette carapace de glace, derrière cette façade religieuse, battait un cœur. Un cœur pétri de croyances et de préjugés. Un cœur oscillant entre vice et vertu. Un cœur aussi passionné qu’effrayé, un cœur tourmenté qui ne connaissait pas la demi-mesure. Et Dieu savait qu’il aimait Ysilgonde. Aussi depuis quelques jours, qui correspondaient à l’annonce de la disparition de sa jeune cousine, ce cœur ne connaissait pas de répit. L’inquiétude l’étouffait, le malmenait et le poussait au bord de l’implosion. Il se serrait douloureusement chaque fois que la Beaumont croyait sa cousine irrémédiablement perdue – de corps ou de réputation – pour mieux s’emballer jusqu’à l’essoufflement chaque fois qu’une bonne nouvelle venait remotiver son optimisme.

La fatigue et le froid ne parvenaient pas à éroder sa détermination, renforcée par ce soutien inattendu en la personne d’Octave. Juchée sur Petite Fleur, plus basse que son compagnon de route, elle relevait de temps à autre un regard curieux, et qu’elle pensait discret, sur le profil de l’homme qu’éclairait faiblement une lune replète mais timide. Elle le détaillait alors un instant, comme si dans ses traits pouvait se trouver une quelconque réponse sur le pourquoi de la générosité de son aide.

Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il brise le silence hivernal, jusque-là seulement troublé par leurs respirations et le claquement étouffé des fers de leurs chevaux sur le chemin gelé. L’air expiré formait devant sa bouche et son nez une petite brume vaporeuse. Elle hocha simplement la tête à ses affirmations tandis que la question la fit se tendre imperceptiblement. Elle resserra involontairement l’étreinte de ses jambes sur les flancs de l’animal, qui allongea l’allure au signal, dépassant la monture du Beaupierre.


- Vraiment. Si le premier mot fut aussi sec qu’enroué, le ton fut ensuite adouci. Cela est-il donc si surprenant pour que tout le monde s’en étonne ou s’en offusque ? Je ne suis pourtant pas la première veuve à suivre cette voie. N’est-ce d’ailleurs pas la plus logique ? Je n’ai plus l’âge de croire aux bêtises sur l’amour, je laisse à ma cousine ces espoirs-là.

Qu’elle disait. Isaure, comme vous le savez déjà, était un cœur pétri de croyances et de préjugés. Et aussi aristotélicienne était-elle, elle croyait en bien d’autres choses quelque peu impies. Et si elle se targuait de nier le sentiment le plus noble que le monde ait porté, elle n’en restait pas moins fleur bleue. Sûrement se serait-elle laissée un peu attendrir si Lestan n’avait pas été du sang d’Ysilgonde.

- Quant au mariage, c'est vain. Que me reste-t-il alors sinon servir le Très-Haut ? Diffuser sa Lumière ? Aider ces âmes égarées à retrouver le droit chemin ?
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