Hel_
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A la nuit qui scinde leur vie, Roide se drape de son manteau de ténèbres, joignant à ses pas l'ombre d'une journée qui finit. Ils se sont séparés. La route qui s'ébat sous ses yeux froids semble déjà avoir avalée les silhouettes des protagonistes de ce jour. Elle est seule. Le silence à son giron confirme cette impression, même si au loin, le bruissement des fourrés et le cri particulier indique qu'une autre forme de vie gît ici. Alors, d'un pas, elle se laisse happer par le piège tendu de cette noirceur avide. A son sein déjà, les serres se referment, masquant même à sa vision ce ventre distendu de la réussite du renard. Et si elle ne la sent pas encore, l'engeance est pour autant toujours bien présente. Car pour mieux se manifester à cette mère en devenir, elle étire la peau du ventre gonflée de sa forme innée. Au dedans, l'enfant dans son renflement abonde d'une énergie nouvelle, fort de sa jeunesse à peine effleurée. Au devant d'un danger qu'elle ignore encore, Nivéenne rue d'une botte légère.
Tu es mère.
Misère.
Fille-mère.
A ton écrin, sublime le joyaux encore chimère.
Tu es bijoutière.
Receleuse en tes reins, de ton ère.
Et tu désespères.
D'être mauvaise mère,
Mauvaise hère.
Arrimé à ta chair,
Le désir de complaire.
Tu es femme fière.
Car tu sais mieux, qu'un seul travers,
Séduit toujours faucheuse délétère.
Mais toi, coutumière,
Tu es cerbère,
Pour ton enfant, tu sors les serres.
Tu montres ta colère.
Prise pourtant à ton propre savoir-faire.
Mère, tu signe ce soir, la fin d'oosphère.
Misère.
Tu étais mère.
Misère.
Fille-mère.
A ton écrin, sublime le joyaux encore chimère.
Tu es bijoutière.
Receleuse en tes reins, de ton ère.
Et tu désespères.
D'être mauvaise mère,
Mauvaise hère.
Arrimé à ta chair,
Le désir de complaire.
Tu es femme fière.
Car tu sais mieux, qu'un seul travers,
Séduit toujours faucheuse délétère.
Mais toi, coutumière,
Tu es cerbère,
Pour ton enfant, tu sors les serres.
Tu montres ta colère.
Prise pourtant à ton propre savoir-faire.
Mère, tu signe ce soir, la fin d'oosphère.
Misère.
Tu étais mère.
Aux ténèbres qui s'engorgent de sa silhouette, Camarde se sublime d'un apprêt de froideur. Pourtant, dans son sillon, déjà, la Mort rôde. Pas à pas, son couperet s'abat, et loin de ménager sa tendre amie, elle étire son grief par un poing rageur. Dans cette mise à mort, elle lui rappelle sa parjure. Roide délaisse ses envies au profit d'un être qui ne sera qu'un énième prolongement de cette ascendance sans éclat. Le sang s'écoule, expiant là les fautes infondées, montée par l'infamie possessive. Un cri. Son cri. La douleur foudroie de son ardeur la maigre chair, les hématomes perlent sur l'épiderme d'albâtre, et recroquevillée aux abords de la route qu'elle n'a pas quitté, elle semble déjà sentir l'étau de la mort à sa gorge déployée. Ironie du sort. Pourtant, la fin attendue ne vient pas, c'est une toute autre ardeur qui anime à présent son corps. La vie grouille. Elle grouille d'une urgence anormale. Dans la litanie qu'elle s'est prise à répéter, oiselle a compris que si son âme n'est pas partie ce soir, c'est bien celle de son enfançon qui a été dérobé. Dans ses afflictions, l'entraille cherche à expier ce qui ne devra jamais exister, laissant au souvenir le soin de s'effacer, de son vide. Alors, désespérée de ces conclusions, tendron apprend qu'on ne peut prendre sans jamais donner en retour. Au bord de ce petit chemin, se joue ce soir, la tragédie d'un drame prévu. Sans rire et sans allégresse, voilà qu'elle donne la mort, à défaut de la vie.
« Foehn.. »
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