Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] L'Entre-deux la Sorcière

Ysera_
    Je ne vois rien, tout ce que je sais c’est que je souffre. Mon souffle, s’il est, encore faible peine à être extirpé de ma cage thoracique. Chaque mouvement volontaire ou involontaire me fait gémir ou même grogner. Le sol est froid, gelé même et sa dureté me fait mal aux os, mal à l’être, mal tout simplement. Mon bras. J’ai l’impression qu’on me le découpe petit à petit avec une lame mal aiguisée, qu’on tranche ma peau avec un plaisir inimaginable, qu’on brise ses parties à coups de bâtons. Je veux parler mais ce n’est qu’un sifflement qui s’échappe même si mes lèvres remuent mais rien. Sorcière ne parle pas, Sorcière passera certainement de vie à trépas et alors ce sera une fin bien mal écrite que celle-ci.


    J’entends des bruits de pas. Eliette ? Non, la Boulette ferait un bruit bien plus sourd malgré sa petite taille. Les sabots des chevaux tapent le sol. Ils ne sont pas stressés mais surpris par le bruit fin d’une irruption inattendue. Un Parfum. Il est ocre, son hôte est très certainement mal en point. La brise me rapporte la fragrance, je veux sourire mais je ne peux pas. Je peux la reconnaître entre milles. Toutes rousses elles peuvent être mais pour moi il n’y en a qu’une, unique, la seule. Mon azuré lourd de douleur se glisse un instant sur elle bien qu’elle ne puisse le remarquer. Je me délecte de sa joute verbale envers la naine. Cette voix. Pure mélodie, enchantement rocailleux. La Renarde est grande, longue, fine et sa beauté est inégalable. Je ne peux rêver mieux. Je sais qu’elle pourrait me laisser crever là comme un vulgaire animal. Je pense néanmoins que ce soir-là j’ai une bonne étoile, je ne sais pas. L’Azur me fait frissonner. Mon front est chaud, encore plus chaud. Elle est proche, si proche et moi incapable de me saisir de cette fleur damnée. Mon esprit se perd alors qu’elle pose ses mains, son doigté sur mon Ivoire de glace. Ô douce fée, Muse des chants éternels ne me quitte pas, je ne demande qu’à te saisir, t’embraser du feu le plus ardent. Ma gorge se serre. Je ne demande qu’instant, un instant avec elle avant de m’éloigner vers les Terres Damnées.


    Je sombre un peu plus. Je gémis lorsque l'on me ballotte. Je la sens me saisir, me soulever à bout de force. Elle le fait, elle y arrive. Renarde, Cauchemar de mes nuits contre moi appuyée donne le pas de la marche équestre. Je n’ai jamais peur pourtant elle me terrorise. Le peu de gens dans les rues chuchote à notre passage, les fous et les maudits parlent sans cesse. J’ai l’impression que ma tête va exploser. Elle bout comme l’eau sur le feu, mes oreilles sifflent si fort. Je veux mourir certes mais pas tout de suite, je veux d’abord dessiner chaque trait de la Goupil dans les moindres détails de sa perfection. Pour certains elle n’est qu’une rousse de plus, pour moi elle est un Joyau d’une valeur inestimable. Elle est troublante, enivrante, goutue, aimable et détestable. Elle est tout, tout et rien à la fois. J’enrage de sentir mon cœur frapper par moment dans ma poitrine, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive et pourtant une part de moi voudrait se laisser envahir par le Tout alors que l’autre est dans le dégoût, le rejet le plus total d’une simple impression. Je ne veux pas, je ne peux pas. Ma rage est grande. Je me crispe dans un grognement.


    Les quadrupèdes font halte. Aucun mot mais je sens qu’on me tire avec peine de mon perchoir. Je heurte le sol un peu brusquement. Bordel mais sont-ils tous aussi brusques et idiots. Je sens à nouveau le parfum de la Rusée, sa voix lointaine, musique troublée. Je ne sais ou l’on m’emmène mais le chemin pédestre dure, un peu, beaucoup. J’entends encore faiblement les sabots des chevaux claquer au sol. Le bruit est sourd, sûrement une cour. La chaleur m’envahi, les portes s’ouvrent puis claquent. Renarde parle mais avec qui. Derrière, la petite Eliette, de ses courtes jambes elle suit pourtant la cadence. Je ne sais pas, je ne sais plus si l’on me tire ou l’on me porte, j’ai tellement mal. Dans un ultime effort je parviens à dresser ma dextre pour me saisir du tissu qui habille l’Azur, enfin je crois, qui sait, pas moi. Mon bras retombe.


    On me dépose quelque part. C’est dur, c’est froid. De petits doigts s’activent, les choses passent de mains à mains mais je ne peux voir qui ou quoi. On arrache mes bandages, on déchire ma houppelande. Je hurle cette fois tant la douleur est intense. Mon corps se courbe, ma colonne craque dans un bruit sec, ma mâchoire se ferme dans un coup de dents bruyant. Mon front brûle de plus en plus. La plaie de mon épaule purulente est infectée, l’odeur est plus que nauséabonde et le liquide coule de toutes parts. Je suis à vif, de corps, de sang. Je tremble, j’ai froid. Ma tête est lourde, mon corps se détend à nouveau bien qu’il soit un bûcher aux flammes les plus violentes fouettant l’Ivoire de mon être comme l’on fouette pour punition. Même le Sans-Nom n’ose pas s’approcher de ce brasier. Il guette, lointain mais il rit, il rit à m’en percer les tympans. Mon poing se serre, mes larmes coulent. Je ne suis plus maître de rien, encore moins de mes pensées. Je suis en perdition, on me pousse dans les Enfers petit à petit et je traîne des pieds. Je voudrai que tout s’arrête en un instant, je respire à peine et pourtant je suis encore là, entière. Pour l’instant. Mes lippes s’entre-ouvrent bien que rien de distinct ne prenne le chemin des esgourdes voisines.


    J’inspire, j’expire d’un rythme saccadé, essoufflé, stressé. Dans ma bouche, un gout acre et amer qui fini par glisser entre mes parois gutturales. Une glaire vient de même m’étouffer avant que je ne tousse et que le tout éclabousse. A cet instant je sens quelque chose ou quelqu’un se pencher sur moi ; Morrgana. Elle chuchote à mon oreille des mots doux, rassurants. Elle me chante une berceuse. Il est venu le temps de la Banshee, le temps de la Dame aux Pleurs, le temps des corps qui se meurent.



Suite de : http://forum2.lesroyaumes.com/viewtopic.php?t=939295
_________________
Eliette.masurier
    Eliette avait ramassé le fil et l’aiguille que la grande avait jeté par terre, et d’un geste totalement mécanique tant elle était sous le choc — faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’elle tombe sur quelqu’un qui se violente tout seul — elle avait recousu le plus proprement possible, et il faut le dire, le plus rapidement qu’elle put, l’épaule de la femme en luttant contre le vertige qui la prenait. Mais dès qu’elle avait posé le dernier point de suture, lorsque les rouages de son cerveau s’étaient remis à fonctionner, elle s’était écartée, prise d’un haut le cœur, avait regardé ses petits doigts recouverts du liquide vermeil poisseux, et s’était précipitée derrière un buisson pour régurgiter le contenu de son estomac.

    Eliette avait une sainte horreur du sang, elle avait beau lutter contre cela, la plupart du temps, enfin, presque à chaque fois qu’elle en voyait, elle tombait comme une masse, alors qu’elle ait réussit à ne pas le faire l'avait rendue plutôt fière d’elle. Imaginez un peu comment elle se retrouve une semaine par mois depuis qu’elle est devenue une femme, vous comprendrez tout de suite à quel point elle avait été surprise par le geste de la folle. Lorsque cette dernière lui avait dit ce qu’elle voulait, la petite l’avait regardée avec des yeux ronds, en grande partie parce qu’elle n’avait jamais entendu parler de cette Cour des Miracles. Mais, avec un soupir, elle avait obtempéré, après tout avec une blessure pareille un miracle ne serait pas de trop, et avait aidé la perche à grimper sur son cheval. Après près s’être elle-même aidée des branches basses d’un arbres pour monter sur le canasson, elle avait pris les rênes.

    Le voyage jusqu’à la Cour avait été un véritable calvaire pour l’adolescente. Elle s'était arrêtée dès qu’elle pouvait pour demander son chemin aux villageois, et si la plupart l'avaient regardée avec un air surpris quand ils avaient su où elle voulait se rendre, elle avait fini par trouver quelqu’un qui lui avait indiqué, et l’homme avait accepté de lui vendre un vieux cheval devenu inutile pour un sou. La grande avait passé son temps à s’évanouir, elle était devenue brûlante de fièvre alors qu’elles avaient à peine parcouru la moitié du trajet, et Eliette avait fait son possible pour la remettre sur le cheval à chaque chute, jusqu’à en être agacée. Finalement, elle avait fouillé dans la bourse de la malade, avait acheté une corde, et avec cette dernière, elle avait attaché le grand corps ballottant au cheval. Le reste du trajet fut déjà plus tranquille, et la rousse avait semblé être en meilleur état lorsqu’elles avaient pénétré dans la Cour. Eliette n'avait pas comprit qu’un tel lieu puisse porter un nom pareil, mais pour le moment, elle devait se concentrer sur la femme qui était à l’agonie. Elle avait espéré trouver un médecin rapidement, en grande partie parce qu’elle ne voulait pas être responsable de la mort de quelqu’un, mais surtout parce qu’elle avait remarqué que la corde s’était élimée par endroit, menaçant de céder au moindre pas du destrier, et elle ne voyait rien qui puisse l’aider à remonter sur ce dernier si elle devait en descendre pour réveiller la femme.

    Eliette était si concentrée, fouillant les rues dans l’espoir de voir l’enseigne d’un médecin, qu’elle ne s'était aperçut de la chute que lorsqu’un bruit sourd de chute avait retentit à ses côtés. Elle avait baissé les yeux. La rousse avait rencontré le sol, son grand corps recroquevillé dans son inconscience, son visage était masqué par ses cheveux. L’odeur putride de la chair en putréfaction avait donné un haut le cœur à Eliette, qui s’efforçait encore de ne pas vomir lorsqu’un fantôme était apparut. Un instant, elle s'était demandé s’il ne s’agissait pas de l’âme de la grande qui venait de quitter son corps. Contrairement à ce dernier, le fantôme était d’une maigreur inquiétante, sa peau était presque translucide, et Eliette s'était demandé si elle n’allait pas elle aussi s’évanouir, la peur s’instillant par vague dans ses veines. Le fantôme allait-il la tuer pour ne pas l’avoir sauvée ?

    Elle avait secoué la tête lorsque le fantôme s'était mit à toucher la gueule du cheval pour se ramener à la réalité, à laquelle elle avait été brutalement ancrée en entendant parler le spectre. Cette voix était fondamentalement différente de la rousse qu’elle avait à sa charge, elle en avait ressentit un tel soulagement qu’elle n'avait pas pu s’empêcher d’adresser un franc sourire à la nouvelle grande femme.

    Bonsoir Dame ! Je suis également ravie de vous rencontrer !

    Sachant qu’elle aurait été incapable de remonter sur le cheval si elle mettait pied à terre pour la saluer, elle était resté en selle tandis que la dame s'était penchée sur le corps inanimé de la folle.

    Je ne veux pas la faire disparaître, je veux la sauver, s’indigna-t-elle avant de reprendre. Auriez-vous l’adresse d’un médecin ?
    — Suis-moi, j’vais voir c’qu’on peut faire.

    Eliette avait grimacé. C’est qu’elle commençait à en avoir assez de rencontrer des gens qui lui donnaient des ordres à tour de bras, elle n’était pas une grande dame, ni grande tout court d’ailleurs, mais elle n’était pas non plus une domestique. Ses iris vertes s’étaient attardées sur le corps presque sans vie dans la grande que l’autre rousse avait hissé sur le cheval pendant ses réflexions personnelles. Après tout, pourquoi voulait-elle absolument sauver cette folle ? Parce que cette dernière lui avait certainement déjà sauvé la sienne ? Parce que le Très-Haut ne l’aurait pas mise sur sa route si ce n’était pas pour cela ? Eliette avait grimacé en s’engageant à la suite de la rousse valide. Parce que je suis peut-être aussi dingue que la folle à ma manière ? Sans rien ajouter, elle avait suivit en silence la rousse spectrale et la rousse à l'agonie.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)