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[RP] Ô Notre-Dame, ô laisse-les rien qu'une fois...

Lotx
[...se marier dans la douceur des hosanna]

L'avantage de prévoir un mariage aussi longtemps à l'avance, et Aristote savait que cela était rare, c'était que l'on pouvait préparer les moindres détails. Et la cérémonie se déroulant non moins qu'à Notre Dame, tout devait être parfaitement millimétré. L'évêque de Périgueux avait donc soigneusement préparé sa venue, réalisant une sélection drastique de ses enfants de chœur. Seuls ceux dont le pédigrée était suffisant eurent l'excellentissime honneur de l'accompagner. Chacun d'entre eux serait grimé en gargouille histoire de faire plus typique à Notre Dame. Pour sa part l'évêque serait quasi-nabot de Paris.
Arrivant dans le lieu saint, ils déposèrent dans différents coins des douceurs typiquement Périgourdines. Il ne sera pas dit que l'on ressortirait affamé de sa cérémonie tant il avait prévu ici de chouquettes à la truffe, là de tétines de truie confites au foie gras, et bien d'autres choses à l'allure indéterminée. Dans un second temps, les bénitiers furent vidés et re-remplis à grands renforts de bouteilles de liqueur. De l'eau-de-vie bénite, donc, qui avait toujours eu les préférences de Quasi-nabot pour les sacrements. Il ne fallut pas longtemps pour que les préparatifs mineurs furent terminés et chacun prit alors la place qui lui avait été assignée. Deux rangées d'enfants de chœur formeraient une haie d'honneur à l'entrée de la cathédrale afin de lancer des paillettes au passage des invités. Une troisième rangée se placerait tout au fond afin de chanter. Les derniers, enfin, évolueraient à travers les rangées afin d'apporter pitance aux spectateurs. Quasi-nabot profita des quelques instants qui lui restaient afin de tester l'acoustique des lieux.


Belle, c'est un mot qu'il sera bien de prononcer pour elle,
Quand elle va doucement avancer dans la chapelle,
Avec ses voiles et puis sa robe au beau drapé,
On ressentira une forte envie de la marier.
Elle prononcera ses vœux en la cathédrale,
Et la nuit d'noces on gage qu'ce sera de la balle.
Quel est celui qui l'épousera devant le Saint Père,
Oh celui-là sera sûrement un gars super.
Ô Notre-Dame, ô laisse-les rien qu'une fois,
Se marier dans la douceur des hosanna !


Satisfait de l'effet, il alla alors se coller devant l'autel, attendant l'arrivée des protagonistes.
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Axelle
Ça n'est pas ta faute
C'est ton héritage
[...]
Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou... plutôt sans

Benjamin Biolay – Ton Héritage


Elle avait voulu un grand mariage. Plein de visages connus du haut de ses vingt-cinq ans tout neufs. Elle avait imaginé l'alcool et les rires coulant à flot. Elle avait voulu le soleil, même s'il avait plu. Elle avait voulu le sucré de l'insouciance et les sourires qui s'éclairent sans gêne, loin des tracasseries et des jugements.

Mais les choses en avaient décidées autrement. Ainsi s'était restreinte sa prière. Amen.

Et ce n'était plus important tant tous, tant tout, finalement, n'avaient que la valeur qu'elle décidait de leur donner. Comprenant enfin qu'il fallait de lâcher prise et de ne plus s'aveugler de regrets et de légendes, il avait suffi à la manouche de la reprendre, cette valeur. Aussi, troquant le fastueux contre l'intime, les noms avaient été rayés, avec lenteur, soin et réflexion, réduisant de plus de la moitié la liste séchant depuis des mois sur son bureau. Et un mariage étant une histoire de mains que l'on donne et que l'on reçoit, n'avait inscrit sur les invitations que les noms de ceux qui l'avaient déjà saisie, sa main, et la tenait fermement. D'une amitié pleine et sans arrière-pensée autre que celle de la voir sourire. À cela, quelques autres avaient été ajoutés. Autres vers lesquels elle la tendait. Sa main. Serait-elle saisie ? Cette main ? Cela n'avait plus d'importance non plus. Le temps était fini où la gitane dansait, courait et se contorsionnait pour plaire et satisfaire. Il ne servait plus à rien de s'y essouffler. Et vingt-cinq années pour comprendre cela était déjà pas trop pour ne pas en être finalement soulagée.

La porte se refermait à peine sur Tara, certainement épuisée d'avoir dû nouer tant et tant de cordons et de rubans dont sa robe regorgeait et, certainement, plus épuisée encore d'avoir dû subir les grognements d'une manouche plus habituée aux tenues simples et aux pieds nus. Accoudée à la fenêtre de l'appartement loué pour l'occasion, la manouche observait les tours de Notre Dame s'étirer vers le ciel comme deux poings rageurs, esquissant un sourire vers les gargouilles qu'elle chevauchait parfois, quand tombait la nuit, pour glisser ses secrets à leurs oreilles de pierre attentive. De Notre Dame, la Casas aimait les toits, le vent qui agitait ses cheveux quand, équilibriste, les bras en croix, elle se jouait du vide sur les parapets. Pourtant aujourd'hui, c'était bien en son cœur qu'elle pénétrerait, baignée de la lumière bleutée de sa rosace qui l'avait refusée, quelques années auparavant. Et si la zingara grimaçait devant son trop plein d'orgueil, le pied de nez était bien trop beau pour en épargner l'auguste Dame.

Daignant enfin libérer le parvis de son examen, la Casas s'installa à la coiffeuse recouverte de flacons et autres instruments dont, pour certains, l'usage lui était inconnu et se regarda, longuement. La renonciation à Savenès. La mort de Rosa. Le retour d'Alphonse. Les prises de bec de droite et de gauche. Ces dernières semaines l'avaient épuisée et la future mariée ne put que se réjouir de s'être autorisée du repos tant quelques jours avant encore, ses traits trop tirés lui donnaient une mine maladive. Un trait de coquetterie ne tuait pas. Se penchant vers le psyché, elle glissa le bout de son index sur la fine cicatrice barrant de coin de sa bouche avant de mordre ses lèvres pour les rougir un peu plus encore. Puis se redressant, déposa, perché haut sur son front, à la naissance de ses cheveux relevés, un fragile rang de perles fines. Un sourire en coin éclaircit son visage en apercevant, dans sa nuque brune, les premières boucles trop libertaires pour ne pas se faire la malle en un joyeux serpentin si noir qu'il semblait bleuté.

Ainsi parée, elle n'en gardait pas moins sa petite gueule de manouche, dessinée à l'encre noire, rayée de la virgule blanche de son sourire de racaille et, contre toute attente, cela lui plut. Foutrement. Tout autant que le mariage qui s'annonçait à grands coups de cloches. Car de ses trois mariages, elle devinait déjà que celui-ci, tout de contrats qu'il puisse être fait, serait le plus serein tant Justin, déjà, avait su faire preuve d'un naturel et d'une attention qui ne pouvait que lui plaire, témoignant d'une douce complicité à naître. Au-delà d'une terre. Malgré les promesses de parvenue et autres gentillesses du même acabit qui lui pendaient au nez, la générosité qu'elle s’apprêtait à épouser avait largement assez de valeur pour lui faire oublier le reste. Sans regret aucun. Et d'hésitations, encore moins.

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Samsa
    "Hé, ma sœur !
    Sache que les amis c'est important
    Mais la famille encore plus.
    Oh si le ciel venait à s'effondrer, pour toi,
    Il n'y a rien dans ce monde que je ne voudrais pas faire."*




Elles s'étaient connues dans les geôles du Louvre, Casas en sauvetage d'un Grand de la Cour et Samsa en Cerbère de cellule. Elles s'étaient affrontées en subtilité et force de caractère, jetant leurs valeurs à la face de l'autre plutôt que les lames. Peut-être ne s'étaient-elles pas toujours estimées, mais elles s'étaient toujours respectées. D'affrontements, elles s'étaient finalement réunies sous la même bannière, celle du Lys, contre l'Anjou destructeur. Ensemble, les fédératrices l'avaient mise à terre en apprenant à se connaître, riant de leurs déboires du passé, partageant estime et vision de la vie.
Qui, la première, avait quitté cette terre maudite ? L'Axelle au bras du frère de la Prime Secrétaire Royale ou la Cerbère avec son armée auréolée de gloire ? Samsa ne savait plus. Quelle importance ? Elles n'étaient pas, entre elles, de grandes écrivaines mais elles se portaient chacune l'estime et l'heur de savoir qu'une personne de valeurs serait là en cas de besoin. En était-ce un aujourd'hui ? Cerbère ne faisait pas de différence entre une invitation et un appel; tout, pour elle, exprimait le désir de sa présence

L'invitation l'avait surprise; elle n'avait jamais imaginé Axelle mariée, et, logiquement, ne l'imaginait donc pas se marier. Qui plus est avec Justin ! C'était toujours plus étonnant quand on connaissait le marié. Samsa ignorait qu'il y avait une histoire entre eux, et comment aurait-elle pu le savoir de toute façon ?
Juchée sur Guerroyant, Cleveland Bay à la bricole fleurdelisée, la Prime Secrétaire Royale se dirigeait au trot vers Notre-Dame. Certes, le Louvre n'était pas si loin et Samsa aurait bien pu faire le trajet à pieds, mais longer les quais sales l'incommodait puisqu'elle se rendait à un mariage; mieux valait éviter qu'elle arrive avec une odeur de poisson pas frais. De plus, la Baronne comptait rivaliser avec les arrivées et une entrée à pied n'était pas ce qu'il y avait de plus distingué. Elle avait appris, au fil du temps, non pas à mépriser la roture, mais à adopter les moeurs de la noblesse. Son coeur pourtant, bien qu'orgueilleux, gardait cet esprit de justice typique des bas-fonds et son esprit, l'inflexibilité des valeurs. C'était peut-être son plafond de verre, ce qui la freinerait durement dans son ascension au sommet pour faire de ce monde un monde meilleur, mais la Cerbère comptait bien le briser et devenir une Légende. Mais pour l'instant, ce jour serait le sommet de la Casas.

La Baronne posa pied à terre devant la cathédrale. Ses cheveux semi-roux, légèrement ondulés, retombaient sur ses épaules jusqu'au bas de ses omoplates, encadrant un visage avenant mais martial que soulignaient deux petits yeux sombres enfoncés sous des arcades sourcilières marquées. Quelques petites cicatrices étaient visibles sous forme d'estafilades un peu plus sombres que la peau d'origine au niveau de la ligne du sourcil gauche et de la joue du même côté. La silhouette bréviligne, toujours fièrement redressée, transpirait le panache et l'aspect solide de la carrure se transmettait au ressenti de la personnalité; il suffisait presque de regarder Samsa pour la connaître. La Prime Secrétaire Royale constata avec amusement la haie d'honneur formée. La dernière fois qu'elle s'était rendue ici, c'est elle qui avait formé haie d'honneur avec son armée pour le mariage de sa suzeraine. Mémorable mariage où la vassale avait exercé son devoir de conseil en publique, un peu à sa façon. Circonstances exceptionnelles auxquelles Axelle n'assisterait pas; les liens n'étaient pas les mêmes, et les témoins non plus.


-Poney Rose en approche pardi !

Préparez les paillettes. Seraient-elles roses comme la robe d'Axelle le premier jour où Samsa l'avait vu ?


* = paroles traduites de Avicii - Hey, Brother

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Xalta
Ils étaient sur Paris, ils y venaient régulièrement pour leurs fonction et dignité. Finalement vivre dans le Domaine royal avait un avantage c'est qu'on n'était jamais très loin de la capitale. Ils séjournaient dans un appartement, investissement de longue date et ô combien utile. Le matin s'est levé sur eux, enchevêtrés comme chaque matin: le grand corps massif et le sien plus petit, tout en rondeur s'épousaient parfaitement. Elle était devenue accro à sa peau, à sa chaleur, à son odeur. Parfois, elle se donnait l'impression d'être une adolescente connaissant ses premiers émois amoureux. Avec lui, elle découvrait les joies d'un bonheur à deux. Complices, confidents, meilleurs amis et surtout amants, ils l'étaient à chaque instant, basculant de l'un à l'autre sans transition. Parents, ils l'étaient aussi. Leurs enfants formaient aujourd'hui une fratrie:les plus jeunes, Florentin et Hugues, s'entendaient comme larrons en foire et étaient très attentionnés avec leur petite sœur Mégarde.

Le soleil de ses rais filtrant entre les rideaux caressent leur peau:la sienne si blanche, mouchetée de rousseur à certains endroits , la sienne plus mâte . Un baiser est échangé comme chaque matin. Un rituel dont elle ne se passe que contrainte. Un long soupir de bien-être exhale de sa poitrine suivi d'un sourire tendre.

Je resterai bien ici, avec vous.
Ne rien faire, juste se prélasser ici dans un lit.
En espérant que les enfants n'aient pas l'idée de surgir pour se glisser avec nous entre les draps.


Malgré tout, elle finit par sortir du lit. Nue , elle ne dort pas autrement. elle traverse la pièce de sa démarche un peu particulière, sa cuisse qui traîne un peu, cela se voit surtout quand elle est ainsi sans vêtements et surtout sans robe. Elle ouvre la porte d'un petit cabinet attenant, un baquet fumant les attend. Elle s'y plonge avec délice, elle sait que sous peu, il la rejoindra. Et ce qui se passa dans cette chambre n'appartient qu'à eux.

Notre Dame...
un bel édifice. Finalement elle aura pu avoir son mariage en ces lieux hautement symbolique pour elle.
C'est bien.


Elle termine de s'habiller. Le mariage, sujet qu'ils abordent tous les deux. Régulièrement. Un jour peut-être. Un jour surement. Parce que finalement, ils s'étaient trouvés et si même leur quotidien était une suite de beaux moments, de rires. Elle espérait bien pouvoir un jour prononcer qu'elle était sa femme devant Dieu et les Hommes, mais surtout devant Dieu. Indécrottable aristotélicienne ! Romaine ! comme il aimait à lui crier.

Le couple arrive finalement sur le parvis de Notre Dame dans un carrosse aux couleurs Duranxie et Lablanche d'Abancourt. Ils étaient là pour Axelle, ne connaissant pas l'époux. Axelle, une des rares personnes de Guyenne avec laquelle ils avaient gardé un contact. Axelle la marraine de son fils Belisaire, quelque part donc membre de sa famille. Venir leur avait paru naturel.
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Arnoul.
La lutte avait été longue.

Le sol était jonché de jouets, immobiles, cadavériques, comme s'ils venaient de mener une grande guerre. Certains étaient même cassés, mais c'était monnaie courante, dans cette chambre. Peu des jolies figures de bois survivaient longtemps, et celles qui réchappaient aux crises de colère finissaient généralement en petits morceaux au cours d'un de ces jeux où l'enfant laissait se déchaîner son tempérament de feu. Seul, un pantin manchot avait réussi à traverser les tempêtes et les caprices, et il trônait de toute son inhumanité sur l'oreiller du lit défait. Au pied de ce dernier était écrasée une demi tartine de confiture, oubliée là par un mauvais mouvement d'humeur. Finalement, c'étaient les quelques feuilles et les deux ou trois fusains étalés au centre de la pièce qui étaient en meilleur état. Certainement qu'ils occupaient la petite boule de fureur avant qu'on ne vienne la déranger.

Et pour être dérangée, elle l'était. Enfin, en vérité, elle était plutôt arrangée. La tignasse avait été brossée, la chemise était sans un pli, soigneusement attachée jusqu'en haut, et encore parfaitement immaculée, les genoux et les mains étaient propres, les bas remontés jusqu'à mi-mollet, et les chaussures lacées. L'enfant ne se ressemblait qu'à la lueur qui brillait dans ses grands yeux noirs, fixés boudeusement sur le sol, et qu'aux petits poings qui se tenaient fermement serrés contre les cuisses. Et, à la manière d'un mauvais sort qui retombe ailleurs lorsqu'on en libère quelqu'un, l'aspect habituellement négligé du gosse habillait la brave nounou. Si ses cheveux avaient été coiffés, il n'en paraissait plus grand-chose ; ils s'échappaient anarchiquement d'un pauvre chignon qui ne méritait plus guère son appellation. Les mains ridées tremblaient de l'effort passé, en lissant le col de la chemise. Même les rides qui striaient le visage semblaient avoir été secouées. Et si, pour l'instant, la vieille Pernette était victorieuse, elle savait certainement que la gloire ne durerait pas longtemps, et que, sitôt qu'il serait lâché du regard plus d'une seconde, l'enfant se roulerait au sol, jouerait dans la terre, courrait jusqu'à tomber.

A cet instant, toujours, Arnoul était immobile. Immobile, et silencieux. Il n'y avait que la nounou qui parlait, de temps à autre, intimant au gamin de lever le menton, de soulever un bras, de tourner un peu vers la gauche, le pressant régulièrement pour qu'il s'exécute plus rapidement. C'est qu'il restait à aller s'occuper d'Antoine, et même si l'opération serait certainement beaucoup plus calme et beaucoup moins fatigante, elle restait néanmoins obligatoire. Et le temps jusqu'à la cérémonie n'était pas infini, même si la brave dame aurait volontiers demandé quelques deux ou trois heures de plus. C'est qu'Axelle, en plus, n'était pas là pour l'aider. Non pas qu'elle n'avait pas l'habitude de s'occuper des enfants toute seule, mais vu son état de nervosité, elle n'aurait pas non plus craché sur une paire de mains supplémentaires pour secourir les siennes.

Enfin, le jeune bâtard fut fin prêt. Un dernier mot de la nourrice lui ordonna de rester sagement dans la chambre, le temps qu'elle aille s'occuper de son frère. Et puis, elle disparut, laissant la porte entrouverte. Bouille tournée vers le sol, l'enfant ne réagit ni aux paroles, ni au départ. Il semblait comme figé, la tête légèrement rentrée dans les épaules, la mine renfrognée, et les poings crispés. Il avait bien compris ce qu'il se passait aujourd'hui. Enfin, il n'avait pas tout à fait intégré toutes les histoires de fête, de cérémonie, d'invités, mais il savait le principal : Maman allait devenir l'amoureuse d'un homme. Et cet homme n'était pas Papa. Pour le gamin, cela suffisait amplement. Il n'avait pas envie d'y aller. Il voulait rester dans sa chambre, avec ses jouets, ses aventures imaginaires, où il était tour à tour roy, brigand, chevalier, et même parfois dragon, et ses rêves, auxquels il s'abandonnait quand plus personne n'était là pour le surveiller. Mais vraiment, aller voir des vraies personnes, plein d'adultes qu'il ne connaîtrait pas, non, ça, il ne voulait pas. Les adultes étaient affreusement ennuyants, et même Maman n'échappait pas à cette règle.

Elle ne voulait jamais jouer à ses jeux, Maman. Alors, lui ne voulait pas jouer au sien.

Sortant de sa torpeur, il fit volte-face, et se dirigea à vive allure jusqu'à son lit. D'une main, il empoigna le pantin manchot, et le serra contre son cœur. Et puis, le tenant à bout de bras devant lui, il lança en le secouant un peu :

Y faut que tu soyes sage, Martin ! Très sage, sinon Maman va gronder. Tu as encore déchiré ta chemise, Martin, Maman elle sera pas contente quand elle va rentrer ! Elle va se fâcher ! Aujourd'hui, il faut pas déchirer sa chemise.

Et un petit index de pointer le torse du pantin.

Tu as compris, Martin ?

Un temps. L'enfant observa le petit être de bois, comme pour guetter une réaction, et puis, à nouveau, le pressa sur sa poitrine, avant de courir jusqu'à la porte de sa chambre, et de tourner sur lui-même pour se retrouver le dos plaqué contre le mur, se laissant glisser, recroquevillé, par terre. Et il attendit, sagement, les yeux accrochés à l'entrée de la chambre d'Antoine, que l'on vienne le chercher. Déterminé à ne pas déchirer sa chemise.
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Calico
Une gitane a Notre Dame. Comme c'était étrange et pourtant cela laissait une impression de déjà vu mais où ça?

Revenue à l'état sauvage, la Sauterelle avait filé sur Paris pour trouver la plus grande et la plus belle cathédrale de tous les temps. Il n'était pas incompréhensible qu'on veuille se marier dans le lieu. Ce qui était imcompréhensible c'est qu'on veuille se marier point barre.

Habillée en femme juste pour le jour des noces, le chevalier avait fait un effort colossal. Cheveux coiffés, chaussures de satin, robe aux couleurs de safran et là voila déjà languissante, d'ôter tous ces artifices pour retrouver le confort d'une paire de braies et d'une chemise. Mais Axelle valait bien une messe en robe.

Elle attendit donc dans un coin, seule et heureuse de l'être. Il lui semblait qu'elle avait retrouvé ses quatorze ans et sa nonchalance légendaire alors qu'elle se foutait de tout et de la vie, par dessus le marché.

Le parvis serait surement bientôt bondé, noir de monde. Une marée humaine au devant l'édifice. Tout le royaume serait là. Elle en serait encore plus ravie, puisque qu'elle passerait inaperçue. Petite souris dans un angle de la grande place de Notre Dame, la Sauterelle attendait de voir la gitane en mariée. Elle serait surement à couper le souffle et Calico se doutait que beaucoup d'hommes devaient pleurer la perte d'une belle célibataire sur le marché des coeurs à prendre.

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Bakhtan
[Dans une chambre privée de l'Aphrodite, aux petites heures du matin du jour J]

Les lèvres rougies de l’effort et humides de la liqueur, agenouillé face au futur marié, Messey courbait la tête pour dissimuler son sourire. Il avait obtenu du Duc de l’aider à se préparer pour la cérémonie du mariage au cours de laquelle il ferait d’Axelle, la belle bohémienne, une Duchesse
Depuis le réveil à son côté il n’avait eu de cesse de le couvrir d’attentions pour les amener détendus à ce singulier moment d’union par-devers le Très Haut et son officiant.

Les doigts fins du jeune alençonnais quittèrent la moiteur de la délicieuse virilité pour remonter sur elle la douce et précieuse étoffe de l’habit réalisé par un Maître Couturier de l’Atelier des Doigts d’Or , et ainsi la soustraire aux regards et à sa gourmandise.


-Cessez de bouger, que je puisse mettre cette ceinture et ajuster quelques pans de tissu. Nous ne nous sommes occupés que du bas…. Commencez à  préparer une excuse car je hume le parfum de notre retard et celui de la colère de la Casas.

-Ne me tentez pas Messey! Ne me tentez pas! Ca ne ferait pas bon genre que le futur marié arrive en retard. En plus de la colère d'Axelle, il vous faudrait subir les foudres de Germaine, ce qui n'est pas rien non plus.

Il n'est pas courant qu'un futur marié ne s'occupe pas lui même de sa tenue, et c'est pourtant le cas ici. Sabaude et Axelle se sont occupés de sa tenue, il est en train de la découvrir tandis qu'il l'enfile. Et si ce détail ne l'a pas effleurer jusqu'au moment présent, il se met à sourire imaginant les vêtements trop petit pour lui.

-C'est maintenant l'heure de vérité, nous allons savoir si vous me connaissez suffisamment bien, et si je ne vais pas devoir aller cul nu à mon propre mariage, ou les braies ouvertes au vent des courants d'airs de la cathédrale.

Justin gesticule pas mal, c'est qu'il tente de voir dans un miroir de quoi il a l'air, il ne parvient pas à voir son reflet, le cadre n'étant pas dans sa ligne de mire, et il espère qu'il n'aura pas l'air d'un clown.

-Mon Bel Orage, détendez-vous. Ce n’est qu’un mariage… certes avec une tempétueuse gitane. Vous avez tout l'air d'une poule qui s'apprête à pondre un oeuf d'autruche! Ou d'une pucelle qui se rend à son premier bal.

-Ca doit faire mal!

Il éclate de son rire franc et coutumier.

-Vous me mettez de ses images en tête! Et puis comment pouvez-vous imaginer dans quelle état d'esprit une jeune fille de bonne famille, bien sous tout rapport peut-être pour son premier bal?

Un baiser tendre,  baume destiné à adoucir maux et mots, lissa la moue de l’amant pour étirer harmonieusement les traits du visage anxieux.

- Axelle saura habiter le rôle d’épouse  aussi bien que Germaine sait prendre soin de vous. Et si vous deviez craindre pour vos bibelots, je lui ferai savoir qu’il s’agit là de mon terrain de chasse.  Tout comme celui-ci…..

 Avec impertinence une main du Duc de Messey  se referma sur les attributs  du Duc d’Aunou tandis que l’autre apprécia la fermeté de son séant.

-Vous devenez de plus en plus possessif mon ptit! Ce n'est pas une critique, je vous rassure, c'est loin de me déplaire, mais n'excitez pas l'animal, ou nous allons être en retard.

-Vous voilà fin prêt ! Magnifique ! Peut-être un peu trop….

Précisa Sabaude d’une voix où transparaissait l’admiration et le jeu de la taquinerie, ce que l’ajout suivant renforça.

-  Je crains que vous ne fassiez tourner la tête de Monseigneur Fayolle...Quoiqu’il recherche un prince…

Une mèche brune du bientôt marié glissa entre les phalanges du témoin du mariage, geste complice.

Justin se demande dans quel état d'esprit est Axelle en ce moment, tandis que lui s'amuse avec Sabaude, il espère qu'elle est entourée. Il est convaincu qu'il a fait le bon choix avec Axelle, elle est le genre d'épouse qui lui convient, elle lui rappelle dans ses façons d'agir du moins en sa présence, une de ses anciennes fiancées qu'il appréciait tout particulièrement. Notre homme n'est pas à faire dans le conformisme, même si il aime à tenir son rang, sans doute un peu trop formaté dans son enfance, se permettant cependant pas mal de liberté, sans doute trop gâté aussi.

Plus il se l'imagine devant un miroir, plus elle lui semble belle, il espère qu'elle ne doute pas en cet instant, ne regrettera pas. Ou est ce lui qui doute en cet instant? Il sort de ses songes, à l'écoute de la dernière tirade de Sabaude.


-En voilà un nom qui est original, vous me direz, avec le mien, je ne suis guère mieux servi. Un Mamouth sur une folle, décidément vous avez le chic aujourd'hui pour me mettre en tête des images scabreuses!

Une pichenette est décochée sur son front, suivie d'un clin d'œil complice.

-Au fait sur cette tenue, point de ceinture, au cas ou vous devriez marquer votre territoire?


Post écrit à 4 mains, par jd Justin et jd Sabaude
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Antoine_tabouret


Des cubes, des couleurs, des formes peintes sur les cubes et des ombres qui s'étirent des couleurs.

Je suis Antoine, je suis le fils d'Axelle de Las Casas et d'Alphonse Tabouret, j'ai six ans et je joue tranquillement dans ma chambre. Je trace des lignes de cube et des tours de cube et je m'allonge pour vérifier que rien ne dépasse de l'alignement parfait des cubes, même que je me mord la langue pour m'aider à me concentrer. Je sais pas pourquoi se mordre la langue rend mes yeux meilleurs mais c'est comme ça.

Un beau vacarme retentit de l'autre côté du couloir, hérissé de courses, de cris et de rires.

Ma pov' nounou, pourquoi mon frère est si méchant avec elle? Elle a des sourires doux comme des gâteaux et une peau sucrée sous les baisers. Je l'aime ma nounou Pernette et je suis sage avec elle, sage comme les images des chevaliers qu'elle me montre souvent avec de grands sourires tout bleus. Plus tard, quand je serai grand, j'aurai une armure en argent, une épée en argent et même un château en argent comme sur les livres.

La porte s'ouvre doucement et une vieille dame apparaît, tout sourire. Elle contemple avec un ravissement ostensible la chambre méticuleusement bien rangée du petit garçon, les étagères ordonnées, le lit impeccable, jusqu'au napperon disposé avec soin sur la table de chevet.

Je me précipite sur elle et elle ploie le genou et je couvre d'un baiser énorme son front ridé et elle m'enveloppe dans ses grands bras tout chauds et mon coeur bat à tout rompre. Je la regarde avec amour, j'aime le dessin de ses rides sur son front et son visage de pomme cuite que je mange de baisers. Par contre, elle a les cheveux en pétard et les habits tout froissés. Elle me dit des mots tout gentils sur la beauté de ma chambre mais je ne l'écoute pas, occupé que je suis à coiffer ses cheveux blancs et à lisser l'étoffe de sa robe. Elle parle alors de mon frère en le comparant à un "petit diable" et je la regarde avec intérêt mais sans comprendre ce qu'elle veut dire. Peu importe, elle m'abandonne déjà pour se diriger vers la chaise où sont pliés mes affaires. Elle veut m'habiller car c'est le "grand jour". Sans un mot, je tends mes bras vers elle et je la laisse faire, pendant qu'elle me dit encore que c'est le "grand grand jour". Moi je connais par coeur Pernette et je sais qu'elle me répète cela pour me convaincre alors je regarde bien Pernette et je lui demande pourquoi elle n'est pas contente et je sens bien qu'elle est étonnée par ma question mais elle me répond que tout va bien en secouant la tête. Je connais cet air-là, quand on secoue la tête c'est comme mélanger de l'eau à du miel pour lui donner du goût mais je vois bien que Pernette elle a du mal à avaler quelque chose alors je veux lui offrir un sourire et je lui montre les cubes étalées sur le sol qui forme le mot: MAMAN. Alors, elle me regarde avec des yeux ronds et j'aime quand elle me regarde comme ça, on dirait que je suis prodigénieux ou quelque chose comme ça. Elle rit, elle rit beaucoup, puis elle finit de m'habiller en vitesse et je suis aussi heureux qu'elle car j'aime avoir de beaux habits sur moi qui sentent bon.

La vieille dame se redresse, en soupirant une prière sur l'état de ses pauvres genoux, puis contemple son œuvre, visiblement satisfaite. Elle lui tend sa main cannelée et celle du petit garçon se fond en sa paume. Ils sortent tout deux de la chambre d'un pas cérémoniel, mais Antoine jette un dernier coup d'oeil vers sa table de chevet.

Je sais qu'il y a un secret dans ce tiroir, je suis bien content qu'il y ait un secret dans ce tiroir, je n'ai rien dit à nounou car elle ne comprendrait pas, que même ça lui ferait de la peine et je veux pas que nounou soit triste à cause de moi, à cause de la petite tête du rat que j'ai décapité cette nuit et qui se trouve dans le tiroir, mais ça c'est mon secret, mon secret à moi.
Belisaire
Le carrosse aux couleurs Duranxie et Lablanche d'Abancourt était désormais dans son champs visuel. Lui sur le parvis avait essayé tant bien que mal d'être à la hauteur de l'évènement en l'honneur de sa marraine. La chevelure était toujours un peu hirsute mais le costume se voulait élégant et respectant la mode du moment.
Depuis quelques temps déjà, il s’était un peu retranché derrière ses affaires domaniales. Suffisamment longtemps pour sentir poindre quelques reproches et c’est avec une pointe d’ appréhension qu’il attendait le début de la cérémonie. Il n’avait pas beaucoup pris de ses nouvelles et voilà qu’un faire-part engendrant moultes interrogations venait poindre le bout de son nez.
Il accueillit Son Exaltation et Duc David, une fois à sa hauteur, avec un sourire enthousiaste.


Mère, Duc David mes hommages. Je suis heureux de vous revoir.

Une entrée en matière, certe des plus simpliste et protocolaire, mais il préférait laisser le soin à sa mère de mettre le « la » à leurs échanges pour cette sortie publique.
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Ysaoth
Les deux excroissances massives s'élevant dans le ciel avaient attiré l’œil du juge depuis plusieurs minutes. Il se trouvait là, seul, devant la fenêtre. Deux siècles furent nécessaires pour accoucher d’un pachyderme se débattant les pattes en l’air, voila sa pensée du moment. Evidemment, lorsque son regard s’était posé dessus la première fois, déjà adulte, la cathédrale parisienne lui était apparue plaisante. Peut-être la nouveauté, peut être son aspect immaculé. Aujourd’hui, elle était entrée dans son quotidien de l’île de la cité, lui faisant face, opposant à l’impression plus ramassée de l’ancien Palais royal son élancement vers le ciel. Pour l’heure, Ysa comptait mettre la main sur de vieux documents, perdus sur une des hauteurs les plus élevées du vieux Palais, dans les archives les plus anciennes du Parlement. Lorsque l’horloge de la Tour nord retentira dans le Parlement, il sera l'heure pour lui de retrouver sa compagne, pour laquelle une voiture avait été dépêchée pour la chercher, et dans laquelle il pourra monter. Le temps de descendre les nombreuses marches qui le séparent du parvis, positionné du même côté du bâtiment.
Dans peu de temps, les énormes cloches de Notre Dame retentiront sur la cité, célébrant l'union d'Axelle à son Duc. Par amitié, il lui était impossible de refuser cette invitation, bien que les cérémonies eussent l'excessive constance de le barber. Mais Axelle avait deux particularités. La première, elle lui avait sauvé la couenne. La seconde, elle était une des rares personnes à savoir le divertir et elle l’avait prouvé peu de temps avant.
De retour à son bureau, il déposa les deux parchemins qu'il était venu chercher chez les archivistes et avait finalement trouvé. Il ouvrit le tiroir d’une commode et en sorti un petit coffret, en bois de cerisier. Simple, sans fioritures, il avait opté pour un fermoir en or assorti aux deux charnières. Laqué, lisse, le bois du coffret avait reçu un soin tout particulier mais ne présentait aucune gravure. Juste s'était-il permis une griffe taillée dans l'épaisseur du bois. Il fallait bien un cadeau et il s'était appliqué non pas à dénicher quelque chose en boutique, mais à le fabriquer. Le travail manuel était mal vu pour la noblesse, mais ciseler le bois était revenu dans la vie d'Ysa comme un besoin, une nécessité lui permettant de se libérer l'esprit et de canaliser sa concentration. Sauf que tailler du bois pour tailler du bois n'avait selon lui aucun intérêt. Alors, de temps à autre, il se trouvait des objectifs à atteindre, des missions à remplir. Il y a peu, à la demande d'Aurore, la plus jeune fille d'Elienore, il avait taillé une scène champêtre dans une planche de marronnier, bois suffisamment léger pour que la petite puisse la transporter partout, ce qu'elle faisait avec à chaque fois une légende différente pour décrire la scène représentée. Comme si les personnages étaient nouveaux à chaque fois. Il ouvrit le coffret. Il avait cette fois été inspiré par un travail qu'il avait spontanément réalisé pour Elienore quelques semaines plus tôt. C’était un petit miroir à main dont il n’avait réalisé que l'encadrement de bois, ainsi que la poigné. La coupe et le positionnement du miroir avaient cependant été confiés à un miroitier. Et c'est à ce moment qu'il avait envisagé le peigne qu’il observait et comptait offrir à la promise. Il avait mis un temps infini pour trouver l'essence qu'il voulait, et il en voulait une en particulier. La chevelure noire d'Axelle ne pouvait supporter autre chose que de l'essence d’amarante. Il lui fallait une pièce d'un certain âge, lentement et longuement séchée à l'air libre pour lui conférer cette couleur violette profonde caractéristique et qui le rendait si rare. Il avait mis du temps pour cela, d’autant plus que l’essence était en fait rare pour d’autres raisons. Elle venait de l’autre côté de l’océan, rapportée par les expéditions espagnoles et portugaises qui avaient mis en pratique les nouvelles techniques de navigation déplaçant les territoires et les conquêtes au-delà du monde jusqu'à présent connu. Mais il avait trouvé, à peu près par miracle mais aussi car il commençait à connaître les réseaux et la réalité du marché parisien, ainsi que ses possibilités. Le peigne en lui-même était parfaitement symétrique et permettrait à la Casas de retenir sa chevelure en chignon, avec dix longues dents et assez épaisses pour résister aux boucles lourdes. Aux extrémités, les deux dents étaient un peu plus épaisses et un poil plus courbes que les autres, revenant vers l'intérieur. Sur l'arrête de base, il avait enchâssé un morceau d'ébène dans lequel il avait sculpté les initiales de la future mariée. Allez savoir pourquoi, il avait conservé les initiales de jeune fille, le A et le C, sans considération pour son futur nom. Il ne lui offrirait donc pas son présent comme à une épouse, mais comme à une femme, celle qu'il verrait certainement toujours en elle. Et tout cela, en dehors de tous préjugés pour Monsieur le Futur, Justin, qui lui avait été permis d'approcher légèrement lors d'une fameuse soirée et qui lui avait paru sympathique de prime abord. Après tout, le bougre partageait finalement le cercle de deux des amis les plus proches du barbu. Bien que connaissant les amis en question, on aurait pu s’étaler sur tout un tas de considérations morales – qui pouvaient elles-mêmes finalement s’étendre à Ysa – il était compliqué de conclure malgré tout que le Duc qui allait passer la corde au cou de son amie était un type fondamentalement mauvais.
La cloche sonne. Il referme le coffret, venant de saboter inconsciemment ses derniers instants pour passer une toilette plus de circonstance que le noir, élaguant mais discret, qu'il arbore souvent au Parlement. C'est donc en juge qu'il se rendrait à Notre Dame, pour assister au mariage d'une manouche.

Il se leva, regarda par la fenêtre. La voiture était déjà présente avec très certainement Elienore installée sur la banquette. Il ferma son bureau, saluant le garde posté devant. Le temps de laisser quelques consignes à sa fille, il lui fallut un moment pour arriver en bas, devant le palais et atteindre la voiture stationnée dans la rue baptiser avec toute l’originalité dont pouvaient faire preuve les civilisations en l’honneur de l’édifice principal qui l’ornait, à l’opposé des jardins autrefois royaux, aujourd’hui d’agrément pour le Parlement. Il ouvrit la portière de la voiture, le visage fermé de celui qui était trop longtemps resté silencieux. Si des journées entières pouvaient se passer dans les débats presque frénétiques, Ysa pouvait en passer d’autres replié sur lui-même, ne sortant de son mutisme uniquement selon trois conditions. Sa Majesté le lui impose, la Dauphine le lui arrache, Elienore le lui suggère. Cette dernière n’avait à vrai dire pas grand-chose à faire pour arriver a ce résultat. Simplement à être présente et attendre qu’il reprenne sa position de compagnon. Il s’installa en face d’elle et referma la porte pour s’immerger dans l’espace confiné empli de jasmin. Il ferma les yeux un instant, inspira longuement pour s’emplir les poumons de sa brune, à en sentir un petit picotement musculaire lui indiquant qu’il était arrivé au bout de ses capacités, le torse gonflé. Il relâcha tout. Le coffret posé à côté de lui, il lui prit la main pour déposer un baiser sur son dos, puis dans le creux de celle-ci, la retournant avec précaution. La voiture commence à remuer, indiquant que le cochet avait déjà lancé les chevaux. La distance à parcourir était courte. Il s’agissait de couvrir un peu moins de la longueur de l’île d’Ouest en Est.
Il serra la mâchoire, la détaillant depuis ces quelques minutes, il fut pris d’une soudaine envie, irrépressible - et pourtant il allait devoir attendre - de la prendre. Monsieur le Juge allait devoir immédiatement se calmer sous peine de ne pas être présentable dans la maison de Dieu, en admettant qu’il l’ait déjà été un jour. Et pas le temps de le faire ici, dans la voiture, ni le moment vu la tenue et la coiffure qu’il ne fallait pour le moment pas abîmer. Il lui tendit le coffret.

J’ai réussi à le finir et à lui accorder un temps de séchage suffisant.
Il lui avait parlé du projet évidemment, et elle avait approuvé. Elle connaissait et encourageait le besoin qu’avait Ysa de s’oublier dans cet art qu’il avait appris plus jeune, à une époque où il n’était pas promis à devenir Chancelier de France. Le temps de séchage n’était pas pour une peinture quelconque mais pour une couche de brillant, mettant en valeur notamment la couleur particulière du peigne, selon le même procédé subit par la boîte qui serait remise en même temps.
Je ne pensais jamais le finir pour ce jour.
Puis cherchant des sujets d’occupation pour son esprit, afin de ne pas s’attarder trop sur les jupons de la brune
Tu penses qu’il y aura du monde ? Un mariage à Notre Dame, ça ne doit pas être anodin.
Le temps qu’un sourire s’étire sur ses lèvres il ajoute.
En même temps, l’époux à peut-être une grande famille. Puis, pensant à la mariée sans en formaliser plus explicitement l’idée…Si ça se trouve on va finir avec une troupe de bohémiens faisant jongler de petites balles à des singes, sur le son de fifrelins, aux côtés de cracheurs de feu et d’avaleurs de sabres…
Il semblait amusé à cette idée, qu’il imaginait parfaitement, sans pour autant lui accorder un quelconque fondement. Ils arrivèrent et Ysa était calme, il était sorti de son rôle de Chancelier et avait évité le piège de tomber dans celui de l’amant. Il pouvait donc descendre sereinement, proposant immédiatement son bras à celle qui partageait sa drôle de vie. Notre Dame leur faisait face, massive, sa gueule immense prête à les avaler. Il monta les marches, calmement, non sans se dire que ce n’était pas lui qui se ferait happer aujourd’hui, mais son amie. Les deux silhouettes disparurent pour entrer dans l’édifice
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Kheldar
Il était témoin. LE témoin. Il ne connaissait pas la gitane depuis quinze longues années d'une amitié sans faille, non loin de là, il ne la connaissait que depuis quelques années, mais ils avaient vécu ensemble des aventures qui auraient pu remplir une vie. La route avait été longue depuis son entrée dans les locaux d'un parti politique Guyennois où il avait rencontré la gitane. S'étaient alors enchaînés la Prévôté de Paris, le Plaid, la création des Yeux d'Hadès, la guerre en Anjou, l'Ordre du Corbeau... Et maintenant, il était témoin du mariage de sa plus chère amie. Il en était fier, cet orgueilleux colosse, de se voir attribuer tant d'importance par une femme d'exception.

Il s'était préparé aux Yeux d'Hadès, le quartier général de leur milice privée jouxtant l'Aphrodite, troquant le noir et l'acier pour son éternelle tenue d'or et de pourpre qu'il ne sortait que pour les grandes occasions. Une fois n'était pas coutume, sa barbe d'ordinaire peu entretenue avait été taillée et striée de fils d'argent, lui conférant un air vénérable, sinon sage. Là encore la transformation avait été radicale, il n'était plus le mercenaire anti royaliste d'il y dix ans, et s'il vivait toujours de son épée, il œuvrait désormais pour des causes, et non plus par esprit de contradiction, caprice, ou pour de l'argent. Peut être qu'être Père lui avait mit un peu de plomb dans la tête.

Edward dict le chauve, véritable fouille merde des Yeux d'Hadès, s'était vu confier la gestion de la milice pour la journée. Le bougre s'était sans doute imaginé pouvoir s'installer dans leur bureau, fouiller dans les armoires pour en dénicher les bouteilles vins qu'Axelle et le colosse s'enfilaient au retour des missions, mais hélas pour lui, il avait trouvé la porte fermée à double tour, et se contenterait donc de sa chambre pour diriger les opérations. Restait plus qu'à espérer que la racaille se tiendrait tranquille...
Bien... il est temps.

Et sur un dernier coup d'oeil empreint de nostalgie, il quittait le siège de la milice pour
se rendre à Nostre Dame. La belle avait vu grand pour son mariage. Un coche lui avait servit de transport pour ne pas abîmer ses somptueux atours, il aurait été plus à l'aise sur un coursier mais il se voyait mal débarquer à un mariage en tant que témoin tout en sentant le cheval.


Nostre-Dame. Il y était, et c'est le regard perdu sur ses hautes tours qu'il prit encore une fois conscience du changement qui allait s'amorcer. Oh l'on pouvait toujours dire que cela serait comme avant, qu'un mariage n'y changerait rien mais rien n'était moins faux. Mais il était heureux pour son amie.

[Devant l'appartement de la gitane]

Les longues et rudes jambes du colosse étaient rapidement venues à bout des marches, mais il ne put s'empêcher de songer néanmoins qu'un obèse ou un vieillard aurait été bien emmerdé s'il s'était retrouvé témoin à sa place.
Mais quelle était donc cette étrange sensation qui, alors qu'il s'apprêtait à toquer à la porte, lui vrillait la poitrine? Bigre, des émotions! Ce n'était pourtant pas lui qui se mariait.


Axelle? C'est Eddard.

Merde, voilà que cela recommençait! Allait il donc cesser de se réjouir pour son amie? C'était d'un désagréable de se constater si sentimental!
Prenant les devants, il ouvrit lui même la porte, dévoilant ce qu'il serait le premier, avec Tara, à contempler.


Un sourire naquit sur son visage alors qu'il contemplait la Reine des gitanes en personne. Elle avait toujours été d'une beauté dévastatrice, et ses déhanchés légendaires en avaient fait se retourner plus d'un sur son passage, mais aujourd'hui, elle était terriblement femme. Seul un petit air impertinent qu'elle pouvait difficilement dissimuler lui faisait penser à la gitane qu'il connaissait si bien.


Tu es parfaite, Axelle.

Et son regard brillait sincèrement, alors qu'il prononçait ces mots, tout en s'approchant de la manouche qui avait temporairement abandonné ses airs farouches.
Es tu prête?

Et par là il n'évoquait pas son habillement, mais la portée symbolique du cap qu'elle franchirait d'ici quelques minutes.


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Ishtara
Paris, Paris… Elle avait pris quelques jours pour décompresser, enfin elle le pensait, pour se reposer et être en grande forme pour le moment où il faudrait aider la future mariée à se vêtir d’une sublime robe. Tara n’était pas le témoin de la belle gitane mais son rôle était tout aussi important, voir même plus encore car se serait surement de sa faute à elle si la mariée arrivait avec un lacet de défait, ou un pan de la jupe froissée ou une tache car Axelle aura été gourmande un peu avant. Elle allait donc devoir affronter, oui oui affronter Axelle et sa robe, non car c’était un peu comme dire à Calico qu’il fallait porter une robe… La Blanche savait que cela allait être un enfer, véritablement, mais les filles en riraient surement aussi, des crises de nerfs et de rire.


Le Jour J, Immeuble loué pour l’occasion – Ben oui, on fait les choses en grand ce jour-là !!


La Blanche s’était réveillée tôt, profitant du calme de la rue, des premiers rayons de soleil pour se glisser dans le baquet d’eau chaude pour se relaxer avant que les heures ne ressemblent à des secondes tellement le temps passerait à toute allure. Elle se souvenait de son propre mariage, un moment si stressant que la pression n’était retombée qu’au moment des oui échangés, mais un pur moment de bonheur, magique. Elle était heureuse pour son amie, réellement, elle ne savait que trop bien combien un mariage soudé et complice pouvait apporter comme bonheur. Elle s’était laissé aller à quelques souvenirs du sien, laissant quelques larmes glisser le long de ses joues avant de sourire. Ainsi l’anneau tourné autour de son doigt presque machinalement à chaque fois qu’elle pensait à feu son grincheux. On lui rappela doucement qu’il fallait qu’elle se dépêche à se préparer car sa mission allait bientôt commencer et elle obéit rapidement, avec le sourire, car elle ne voulait pas faire faux bon à Axelle, pas du tout, elle tiendrait parole. Aider de son habilleuse, la Blanche se glissa dans la robe qu’elle avait choisi avec Axelle parmi certaines qu’elle avait apporté pour ne pas voler la vedette à la Reine du jour. Point de couronne ce jour, mais une chevelure attachée dont une tresse finirait la coupe sur sa tête, une parure de perles et de saphir. Parfait.

Elle quitta sa chambre pour rejoindre celle d’Axelle, avant que son témoin n’arrive, avec son habilleuse, ben oui, fallait bien qu’elles se fassent aider par une experte que la Blanche avait embauchée que pour cette occasion. Elle avait proposé à la manouche un fond de godet de Calva pour commencer pendant que la jeune femme préparait la robe. Les premiers fous rire commencèrent comme ça, par le fond de calva, comme si Tara tentait de saouler son amie. Non mais sérieux quoi ! En temps normal, elle aurait pu tenter pour faire la fête si c’’était une bonne occasion, mais pas là, maintenant, non non, d’abord le Oui à l’Eglise puis après ils fêteront dignement cela. Le temps passa en même temps que les « Mais non ça ne va pas là ! » ou « Mais vous voulez me tuer en serrant comme ça ?! » Et bien d’autres phrases de la sorte qui aurait surement fait rire bien des personnes. Au bout de quelques heures Axelle était fin prête, sublimement parfaite. La Blanche ne cessait de la regarder un immense sourire sur ses pulpeuses, émue, oubliant la fatigue d'avoir noué tant et tant de cordons et de rubans, sans plus rien dire. Juste un baiser qu’elle lui colla sur le front comme une mère ferait à son enfant, comme pour montrer toute sa fierté par un simple baiser si rassurant, si protecteur, les yeux remplis de larmes qu’elle retenait. Il n’y avait rien à dire, non c’était inutile. Elle libéra la jeune habilleuse pour rester quelques minutes seule avec Axelle, peut-être pour entendre des aveux de dernières minutes, pour la rassurer si des doutes venaient à faire surface. Un dernier sourire des plus tendre puis elle la laissa enfin seule, car ce moment elle devait le prendre, être consciente de ce qui allait arriver d’ici quelques minutes, pour qu’elle puisse se retrouver elle, avant de faire plus qu’un à deux.

La Blanche Comtesse rejoignit sa chambre quelques minutes, le temps de se refaire une beauté rapidement, de calmer son cœur qui s’était serré en repensant à sa propre vie personnelle. Elle chassa très vite tout cela de sa tête pour reprendre un sourire qui n’était pas de façade, non, pas ce jour, pas pour Axelle. Ressortant de sa chambre, elle donna quelques consignes au personnel qui était dans le couloir pour que tout soit prêt dès que la future mariée franchirait les pas de la porte de sa chambre pour rejoindre Notre Dame de Paris. Une voix se fit entendre, c’était celle du Colosse, il était là, auprès de son amie, ça étira un peu plus les pulpeuses de la Blanche, et c’est près de cette chambre que la Blanche attendit, des fois qu’il y est un souci de dernière minute avec la robe d’Axelle.




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Zoyah
[Dans les rues de Paris avec Siméon]

Avec la fin du mois d’octobre, arrivait les prémisses de l’hiver, les premiers brouillards et la baisse notable des températures. Si la brume épargnait encore les rues et venelles, un petit vent frais se plaisait pourtant à balader des nuages gris de fer dans le ciel. Le temps était donc incertain. La princesse de Chevreuse craignant par-dessus tout la froide humidité des cathédrales, elle avait sacrifié à sa coquetterie naturelle pour se couvrir chaudement. La jeune dame s’était ainsi drapée d’une houppelande à col renversé confectionnée en draps des Flandres d’un beau noir presque lumineux, brodé de motifs floraux au fil d’or qui couvraient entièrement le tissu. Des amples manches bordées de renard noir laissaient apercevoir une doublure de satin doré ainsi que le velours d’une cotte à manches longues toute aussi noire. Une ceinture en cuir sombre ornée de petites pierres lui serrait sa taille qu’elle avait marquée. Les cheveux noir de jais étaient rassemblés en une tresse complexe piquée de quelques perles d’or et maintenue par deux peignes d’écailles, dégageant ainsi l’ovale de son visage diaphane. Du collier en argent qui pendait à son cou et dont le médaillon plongeait dans son décolleté, on ne voyait rien. Aucun bracelet, juste deux perles accrochées à chaque lobe d’oreilles, une bague à une main et quelques gouttes de la précieuse eau de Hongrie dont les effluves raffinés s’attardaient quelques secondes dans son sillage.

Mais aucun sourire n’étirait sa jolie bouche charnue ce jour. Les nuages gris du ciel semblaient faire pendants à ceux qui assombrissaient son front. Elle d’ordinaire si volubile, était tellement tracassée par l’ambiance oppressante qui régnait dans deux endroit qu’elle en avait oublié de noyer son cavalier sous son babillage. La face affectée, un léger pli soucieux entre les sourcils, elle avançait avec une telle détermination qu’elle avait fini par dépasser celui qui était censé la conduire jusqu’au parvis de l’église. Ce n’est que lorsqu’elle manqua de buter contre un passant qui marchait devant elle que Zoé sembla revenir de ses songes doux-amers. Se tournant vers Siméon, confuse, le rouge sur les tempes, elle s’empressa de revenir avec un mignon sourire et de s’accrocher au bras qu’elle avait quitté sans même s’en apercevoir. Une main délicate se posa sur le bras du chevalier…
« Vous avez prévu un présent pour Axelle ? Si vous ne la croisez pas devant Notre-dame, souhaitez-vous que j’adresse quelques mots à votre écuyère de votre part ? ». Axelle, voilà la raison de sa présence ici. Lorsque Zoé avait reçu l’invitation et peu importe ce qu’elle pensait des choix de la gitane, elle n’avait pas eu la volonté de bouder l’évènement au nom d’une divergence d’opinion. Ne serait-ce que parce les conditions dans lesquelles la manouche avait quitté Montauban avait froissé le cœur de l’altesse, elle souhaitait être présente et montrer à Axelle qu’elle ne lui tournerait pas le dos. Et puis de toute façon, le chemin que souhaitait emprunter la gitane ne la regardait en rien.
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Axelle
[Dans l'appartement, avec Eddard]

Plantée devant son miroir, les pensées occupées à plaindre cette pauvre Pernette qui, à cet instant, devait certainement se débattre avec Arnoul, alors qu'un sourire tendre s'étirait sur ses lèvres au petit visage d'Antoine se dessinant entre ses tempes brunes pour la rassurer, la manouche tourna la tête à l'appel juste derrière la porte. Porte qui dans le même élan s'ouvrit pour laisser pénétrer un colosse des plus élégants, et chose rare, rasé de près et avec application. Et malgré la soie et le brocart d'Italie, elle siffla comme la fille des rues qu'elle ne cesserait d'être en se levant comme un ressort de son siège.

Purée, que t'es beau ! Fais gaffe, c'est toi que je vais finir par épouser !
Puis glissant un sourire en coin à sa bouche aussi taquin que complice, poursuivit sans même reprendre son souffle. Pas autant que quand t'es en sueur et torse nu dans la salle d'armes, mais rudement beau quand même ! Et s'accrochant à son bras, comme une gamine au bras de son héro, se hissa sur la pointe de pieds pour déposer un baiser à la joue mâle. Elle n'allait sûrement pas se priver de profiter honteusement de cette joue exceptionnellement douce. La manouche allait se marier, oui, et n'en gardait pas moins les idées bien claires et le sens des priorités, preuve en était donnée. Et puis, que pouvait-il lui arriver de mal ? Rien, son rempart était là. Rempart qui la comprenait mieux que quiconque en cet instant.

Alors les mains brunes glissèrent pour attraper la colossale paluche et la serrer, un brin trop fort, même si elle ne risquait certainement pas de lui faire mal. Ce mariage a changé beaucoup de choses, mais il ne changera rien. Ne pense surtout pas que je te libérerai de nos beuveries nocturnes, ni que je te laisserai plus de temps libre, et encore moins que j'arrêterai mes blagues vaseuses ou nos monstrueux savons! Puis sur un ton plus bas, le noir bien encré dans le gris. Je ne suis pas en train de me perdre moi-même. Eddard. J'aurai toujours autant besoin de toi. Il le savait, le doute n'était pas permis, mais comme pour faire face au sinistre présage collé sur son dos, elle avait besoin de le dire. Alors oui, je suis prête. Puis fronçant le nez, se recula de quelques pas en se tortillant, déboîtant ses bras dans son dos.

Noooon, j'suis pas prête. P'tain, ce truc me démange, c'est pas Dieu possible ! Et ouvrant des yeux implorants vers son complice. Aide-moi, je t'en supplie, gratte-moi le dos ou je finis la cérémonie à poil !
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Elienore
[Quelques jours plus tôt dans un hôtel particulier de Paris]

Blottie tout contre lui, la main masculine passée dans le bâillement des pans de sa robe de chambre et caressant délicatement la peau nue de son ventre, la brune savourait une verre de vin en profitant de la quiétude de leur logis.

Je t'ai dis que nous sommes invité au mariage d'Axelle?

Non!

Voilà qui est fait! La cérémonie aura lieu dans trois jours à Notre Dame.

Dans trois jours!!! Il lui disait ça avec le plus grand sérieux. Les hommes n'avaient donc aucune conscience du temps qu'il faut à une femme pour se préparer à ce genre d'évènement, même si ce n'est pas leur propre noce? Assurément pas et le sien sans doute encore moins que les autres. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Elle ne le changerait pas et en réalité n'en avait aucune envie. Elle lui prit la coupe des mains et la déposa en compagnie de la sienne sur le guéridon. Ceci fait, elle grimpa, toute féline, sur ses genoux et s'y installa à califourchon. Le regard d'émeraude prenant un aspect brillant se plongea dans les onyx. Ses lèvres vinrent taquiner la bouche de son Soleil, lui murmurant dans un souffle.

Nous serons donc à Notre Dame dans trois jours. En attendant j'ai très envie d'un avant goût de...Lune de miel.

La robe de chambre glissa de ses épaules rondes dévoilant son corps nu et le petit salon se remplit de soupirs et gémissements qui se poursuivirent encore bien plus tard dans leur chambre.

[Notre Dame. Pour le meilleur et pour le pire]

Les trois jours accordés avaient été largement suffisants. C'est une Elienore toute en grâce élégante qui monta dans la voiture aidée par un laquais aux couleurs de Vichy.
Confortablement installée, le carrosse roulait à une allure tranquille sur le pavé parisien. Un petit détour était prévu par le Parlement afin de retrouver Ysaoth. Elle était impatiente de découvrir le cadeau qu'il avait confectionné de ses mains pour son amie Axelle. Combien d'heures avait-il passer dans l'atelier qu'il s'était fait aménager? Elle n'aurait su le dire. Quand il s'y retirait, elle n'allait jamais le déranger, sachant que le travail du bois était un besoin, une façon comme une autre de se libérer l'esprit. Parfois il lui arrivait malgré tout de l'y rejoindre. Elle se faisait alors plus discrète qu'une petite souris, se juchant sur un tabouret. Sans un mot elle observait ses mains caresser le bois avec délicatesse, sensuelles et amoureuses. Le bénéfice de ce travail était bien souvent pour elle ou les enfants qu'il considérait comme les siens. Cela lui prodiguait a elle aussi une sérénité bienfaitrice. Elle appréciait ces instants, le simple plaisir d'être l'un avec l'autre sans besoin de discourir. Elle en apprenait bien davantage sur l'homme qui partageait sa vie en l'observant qu'en l'interrogeant. Le plus souvent il ne s'apercevait pas de sa présence et elle repartait comme elle était venue, sur la pointe des pieds. Dans ces moments là il la rejoignait fort tard dans la nuit, l'attirant à lui dans leur lit pour enfuir son nez dans ses boucles, humant la fragrance de jasmin qui s'en dégageait et s'endormait paisiblement. D'autre fois il abandonnait ses outils, le bois précieux et sur son corps fait d'une autre essence il venait exercer ses talents d'amant avec le même érotisme.

Le coche s'arrête. Il faut plusieurs minutes avant que la porte s'ouvre pour livrer passage à...un juge au visage fermé. Rien de déconcertant pour elle. La compagne qu'elle est sait qu'il lui faut un moment d'adaptation pour passer de l'état de Chancelier de France à celui de compagnon attentif. Elle reste silencieuse, sa seule présence fera son effet en temps voulu. Il s'installe, inspire profondément en fermant les yeux. Elle l'observe, sourire heureux sur sa bouche pulpeuse quand il lui prend la main avec milles précautions pour y déposer deux baisers. Ce geste pour l'œil du simple observateur pourrait sembler précieux et compassé. Il n'en est rien. C'est la manifestation de leur amour vrai et profond et non pas une simple passade passionnée et charnelle. Aux yeux de la brune c'est bien plus significatif qu'une bouche vorace qui s'écraserait sur la sienne.

La voiture reprenait sa course dans les rues de l'île de la Cité, la distance serait courte jusqu'à la Cathédrale. Ses prunelles se posèrent sur son visage pour déterminer si la transition s'était opérée. Elle y découvrit une mâchoire crispée et des yeux brillants d'un éclat enflammé. Il n'était pas nécessaire d'être devin pour imaginer les pensées paillardes qui se bousculaient dans sa tête. Elle se serait bien laissée emportée dans un bref assaut à la hussarde mais ce n'était pas le moment. Ils le savaient aussi bien l'un que l'autre. Le dérivatif était tout trouvé, il lui plaça le coffret entre les main. Elle sourit amusée. La mariée n'aurait sans doute jamais conscience que son cadeau avait épargné certains outrages à la tenue et la coiffure de l'invitée. Elle le prit délicatement. Le coffret était simple, toute son élégance résidait dans le bois de cerisier choisi avec soin. Elle l'ouvrit avec précaution et découvrit un peigne aux reflets violets, caractéristiques du bois d'amarante. Son index caressa les deux lettres finement ciselées dans l'ébène incrusté. Un travail minutieux, magnifique rendant l'objet précieux.


C'est tout simplement somptueux mon chéri.
Je suis certaine qu'elle appréciera ce cadeau bien plus qu'un quelconque colifichet déniché dans une boutique.


Elie connaissait encore bien peu celle qu'Ysa appelait la manouche. Même si une soirée un brin particulière et la découverte improbable d'un grenat avait fait de la Duchesse de Ravel une sorte de membre d'honneur du cercle très privé de l'Aphrodite dont Axelle était la propriétaire. Cependant elle ne doutais pas que ce cadeau lui plairait. Il faudrait être bien difficile pour ne pas l'apprécier. Elle fut ramenée à l'intérieur de l'habitacle par un flot de paroles. Ce n'était pas les femmes qui étaient censées être d'affreuses bavardes? Elle laissa échapper un rire joyeux.

Tu oublies les montreurs d'ours terrifiants, Les jolies tziganes aux yeux de braise qui vous transpercent jusqu'à l'âme et vous envoutent de leur danse lascive...
Au moins ce sera moins monotone que ces mariages sans surprises auxquels nous sommes généralement convié.


Ils étaient à présent arrivé. Il descendit le premier, lui offrant spontanément son bras pour l'amener vers le parvis de la cathédrale imposante. A chaque fois qu'elle voyait Notre Dame elle ressentait une impression étrange, à la fois admirative mais aussi craintive. Combien de vies avaient été sacrifiées pour l'édification de ce monument qui serait encore présent des siècles après leur propre mort? Témoignage du passé pour les générations futures. De quelles souffrances, quelles turpitudes ou évènements heureux Notre Dame serait le témoin muet? C'est sur cette pensée que la brune s'engouffra par les grandes portes pour se retrouver dans la lumière changeante dispensée par les vitraux. Ils allaient assister à un mariage, un serment fort pour le meilleur et pour le pire.
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