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[RP] Ça bouillonne en Gascogne

Volkmar
[Nuit du 8 au 9 janvier 1466]

La bataille est terminée, et l'ennemi a regagné Labrit, où il s'est retranché. Une fois encore, ils ont été repoussés. Au cours de la mêlée, trop sont tombés. Un, c'est déjà un de trop.. Mais Axelle. Il ne pouvait rien, sur le moment. Il ne pouvait rien, lorsqu'il a vu Lenu s'éclipser de son côté, rejoindre Eddard. Il ne pouvait rien, parce qu'on attendait de lui autre chose ; s'assurer que tous avaient pu battre en retraite, prendre les dispositions pour son échelon, recompter les absents, remettre la main dessus, s'assurer que tout le monde va bien, et rétablir un peu de discipline après la retraite. Parce qu'il s'en faut souvent de peu pour qu'une armée qui recule ne se débande. Mais le moral est bon, la discipline a vite repris le dessus. Labrit reste cette coquille ouverte, cette noix un peu dure, mais qui n'a pas la moindre chance de rompre le casse-noix dans laquelle elle est désormais enchassée.

Couvert de poussière, la broigne parsemée de tâches de sang qui ne sont ni à lui, ni toutes de son fait, les traits tirés et les lèvres gercées, voilà en quel attirail il se précipite à la tente infirmerie, dès les consignes données, dès chacun mis au repos.
On ne le laisse évidemment pas rentré. Comme on ne l'a pas laissé entrer pour voir Tara. Il n'est pas blessé, il n'est pas médecin, il n'est même pas propre ni rien n'amène qui puisse servir, pourquoi le mettrait-on dans les pattes des soignants ? Il n'espérait même pas, à vrai dire. Mais les nouvelles ne sont pas bonnes. Pas bonnes du tout.


"Informez moi dès qu'il y a du nouveau."

Il ne demande pas ; même s'il sait qu'ils ont tous autre chose à foutre que de lui courir après dans le camp. Autre chose à foutre que de prévenir tout un chacun de l'état de untel A ou B. Alors il ne bougera pas. Pas pour l'instant.
Défaisant son épée, la broigne qui tombe, plus à l'aise en chemise. La lame, il la pose à plat sur le sol, et s'installe juste devant, les deux genoux tout contre l'acier. Le cul posé sur les talons, les mains sur les cuisses, il ferme les yeux, ignorant complétement l'activité autour de lui, ayant seulement pris soin de s'éloigner du passage.
Un murmure s'élève de ses lèvres. Elles remuent à peine, psalmodie lancinante qui durera le temps nécessaire. Répétée, à mi-voix, dans un balancement d'épaules, d'avant en arrière, machinal... Concentré.


"Prête attention, Toi l'Unique,
Ta volonté est le salut et la voie,
Ta bienveillance est sur les nécessiteux,
Et ceux qui T'aiment jamais n'en manquent.

A Toi seul appartient de prendre ou de donner,
Et seuls, ne sommes pas dignes d'attendre de Toi.
Mais voit parmi mes prières égoïstes et vaines,
Ce que je n'ai pas demandé pour moi-même.

Laisse lui encore, le temps qu'il lui faut.
Laisse la, encore, elle n'en n'a pas terminé,
Pour ceux qui dépendent d'elle, pour Arnoul,
Pour ceux qui l'aiment et l'attendent."


Pourquoi est-ce important à ce point ? Pourquoi seulement s'en est-il soucié, là maintenant ? Pour quelle raison absurde et injuste, a-t-il fallu qu'il se précipite ici ? Aurait-il, pour d'autres, agit de même ? La réponse ne lui vient pas. Pour tous, certainement pas. Mais pour quelques-uns. Il s'en persuade. Tara, elle, était déjà hors de danger lorsqu'il l'a su, n'est-ce pas ?
_________________
Beatrix_
[Nuit du 8 au 9 janvier 1466]

Dis Béatrix, tu vas faire quoi cette nuit ?
La même chose que toutes les nuits, Minus, trier des simples et découper de la charpie !

L'arrivée d'Axelle trouva Béatrix occupée à la première activité de sa longue (non) liste de tâches nocturnes. Les blessés étaient somme toute assez peu nombreux, et quand ils venaient, c'est qu'ils avaient besoin d'une réelle assistance médicale — d'où le fait qu'elle n'ait pas été d'une grande utilité jusqu'à lors. Quand ce fut au tour de la gitane, c'est Lénù qui prit la main. Et la Volfant restait plantée là, à découper des racines de primevère officinale qu'elle jetait dans un petit chaudron d'eau froide. Bien entendu, elle était distraite par toute l'agitation, les ordres donnés par la moitié de Bretonne (ou quelque chose comme ça) qui claquaient dans l'air comme un fouet, l'inquiétude qui se peignait sur les visages.

Elle finit enfin par installer sa décoction sur le feu. Juste avant que Lénù ne le réactive pour y placer son tison. Cautériser. C'était donc une sale affaire. Elle ne voyait pas bien, depuis sa table de travail, en partie car ils étaient trop penchés sur Axelle pour qu'elle puisse avoir une lecture claire de la situation. En revanche, elle entendait. Et n'étant pas faite d'un bois à rester les bras croisés, elle commença par aller déposer un tabouret près d'Eddard. Non qu'elle ne le classe dans la catégorie des chochottes, mais enfin assister aux souffrances, ou pire, d'un ami auquel on est attaché, c'est tout de même autre chose que d'embrocher un ennemi au champ d'honneur. Un sourire compatissant.

- Je suis là, Lénù, si besoin.

Enfin. Une apparition-disparition la fit à moitié changer d'avis.

- Je vais dehors, un cri et je rapplique illico presto.

Retour à la table de simples, sous laquelle elle a entreposé son panier. En sort deux gobelets d'étain, et la fameuse gnôle à pépé. Verres remplis, elle en glisse un, au passage, dans la main libre du père Lablanche, et puis passe l'entrée de la tente pour se faufiler à l'extérieur. Non loin, celui qu'elle cherchait. En prière. Elle ne le dérangea pas, pas avant de sentir qu'il avait fini. Là alors, elle se contenta de s'accroupir à son côté, une main posée sur son épaule, l'autre lui tendant le précieux élixir de son aïeul.

- Lénù sait ce qu'elle fait.

Un sourire qui se veut amical et réconfortant. Toujours plus utile que de tailler des queues de cerise, selon elle... D'ailleurs, de l'autre côté de la toile, sa décoction chauffait à gros bouillons, déjà toute prête à déborder. On a dit qu'elle filait un coup de main, pas que l'efficacité était optimale, hé.
_________________
Lenu.

Ma vie est toujours
En train d'essayer d'escalader cette grande colline de l'espoir
Cherchant une destination
Et je me suis vite rendue compte dès que j'ai su que c'était le moment
Que le monde était constitué de cette fraternité humaine
Quoi que cela puisse bien vouloir dire
Et ainsi je pleure parfois
Quand je suis dans mon lit
Simplement pour évacuer
Les pensées qui sont dans ma tête
Et je me sens un peu bizarre
Et ainsi je m'éveille le matin
Je mets le pied dehors
J'inspire profondément et je me sens planer
Et je crie à pleins poumons
Que se passe t'il ?

What's Up. 4 Non Blondes



[Il est prudent de ne pas entreprendre un blessé qui ne peut guérir, de crainte qu’on ne l’accuse d’avoir tué un homme qui n’est mort que parce qu’il devait mourir. Celse.]



Le silence semble s'imposer. Seuls les battements de son cœur le brise alors que les mâchoires se crispent légèrement. Ah. Un bruit titille les esgourdes, ce genre de bruit agaçant, un peu comme le ploc ploc d’une fuite d’un toit qui percute l’esprit. Mais là, cela relève plutôt d’un bouillonnement intempestif qui offense la concentration imposée.

P’tain…

Profonde inspiration. La main dévoile la plaie du linge la comprimant, le tisonnier est avancé. Arrêt du geste. Les paupières se closent, les narines se dilatent sur une profonde inspiration suivie d’un tout aussi profond soupir. La langue claque contre le palais, main comprimant de nouveau la plaie et foutu tisonnier dont l’intensité de chauffe s’amenuise. Enfin retentit l’appel.

BEATRIX !!

Et d’attendre en fulminant, maugréant une flopée de noms d’oiseaux envers l’apprentie d’Elisel jusqu’à son arrivée. Le regard sombre la foudroie un instant, les paroles sèches claquent bien malgré elle, car elle l’apprécie la donzelle.

D’une. JAMAIS on ne fait de gros bouillons comme cela. Les fleurs, les simples, les feuilles et même les racines sont à manipuler avec précaution, voir même de la tendresse. Donc, virez-moi ça, ce bruit m’importune fortement alors que j’ai besoin de me concentrer.

De deux. Avant de virer votre chaudron, prenez le tisonnier et remettez-le dans les braises. Ensuite, vous reviendrez ici, vous m’assisterez. Vous allez vivre les joies de votre première cautérisation puis vous allez apprendre à préparer un emplâtre tétrapharmaque. Et avec précaution !

A peine à bout de nerfs l’Italienne. La fatigue se faisant un tantinet ressentir, d’enchaîner des soins après avoir combattu et surtout cette appréhension qu’elle tente de dégager et faire l’impasse que ce corps en attente est celui de la Gitane. Au retour de Beatrix, la voix est plus posée et la main tendue en attente.

Donnez le tisonnier et approchez. Il me faut absolument arrêter qu’elle se vide de son sang.

Lénù déglutit doucement tandis que la main maintenant le linge à la blessure se soulève et que d'un geste précis le tisonnier est apposé au creux de la plaie dans un grésillement lugubre tandis que l’odeur de chairs brûlées affleure à leur nez avant d’envahir les lieux..
Axelle
Écorche mon visage, écorchés mes genoux
Écorché mon p'tit cœur tout mou
Balayée la terrasse, envolé le bout d'chou
Envolées les miettes de nous
Je traîne les pieds, j'traîne mes casseroles
J'n'aime toujours pas l'école

Olivia Ruiz - J'Traine Des Pieds


Elle riait, insouciante, dansant dans sa robe rouge aux manches trop courtes, les genoux écorchés d'être tombée en jouant à l'épervier après avoir récolté le butin du jour pour son paternel. Ses pieds nus claquaient le sol, laissant les nuages de sel piquer ses lèvres. Le regard de sa grand-mère aurait dû se plisser de reproche des doigts pas assez tendus, d'un pied, pas assez rapide. Mais les yeux de Rosa riaient aussi, là assise dans sa chaise, une pèche déposée entre ses doigts déformée, à l'ombre de Bacchante. Bacchante, un vieux figuier, aux ramures enchevêtrées, plus vieux et tordu encore que sa grand-mère, ainsi baptisé car les branchages s’entremêlaient si bien que la gamine y voyait le profil joufflu d’un homme et, quand il y avait un peu de vent, une branche frémissait et donnait l’impression d’une longue moustache ondulante. Bacchante, où elle grimpait pour murmurer à l'oreille imaginaire tous ses secrets et ses craintes de gamine.


"BEATRIX !!"

Saleté de voisins trop bruyants qu'elle chassa aussi sec, ne gardant que le crissement des insectes et son rire pour toute musique. Elle était heureuse comme jamais, virevoltant et riant plus et plus encore. Mais soudain, la gamine se figea, se consumant de l'intérieur et hurla de souffrance. Rosa, Bacchante, le soleil, tout se ratatinant, pour ne laisser que le blanc sale d'une toile de tente battue par le vent d'hiver que la gamine devenue femme déchirait d'un cri dément. Sous la poitrine d'ambre, le cœur s'agitait, fou, s'emballant dans une course trop rapide qu'il ne put pas suivre. Lâche battant retraite, estimant qu'il ne pouvait faire davantage. Boudeur invétéré qui se mit en grève et rompit son battement. Et tout à sa suite se cassa la gueule. La tête brune roulant sur le côté sans même prendre le temps de fermer les paupières sur la terreur qui habitait les prunelles noires, jusqu'aux mains s'affalant, les ongles crasseux de boue rouge délivrant enfin les paumes entaillées.

Comme c'était étrange. Il ne semblait plus rien avoir sous ses pieds. D'ailleurs, ses pieds, elle ne les sentait plus. Ni ses mains en fait. Aussi, intriguée elle regarda, fouilla la brume, cherchant une jambe, mais ne trouva rien. Alors elle se mit en quête d'un bras, sans trouver davantage. Elle aurait du s'en affoler, pourtant elle était étrangement sereine, trouvant même tout cela assez amusant. Alors elle le sentit, ce léger parfum de lavande un peu rance mais qui sentait si bon.

Si elle avait eu une bouche, elle aurait sans doute sourit quand tout n'était que le visage de sa grand-mère. Si grand, si proche, si net qu'elle voyait chaque ride, chaque filament de l'iris, chaque pores. Tout. Tout en même temps.


Pourquoi t'es partie ?
Parce que je devais venir.
Pourquoi partir puisque tu devais venir ?
Pour que tu partes.
Pourquoi veux-tu que je parte ?
Parce que tu dois y retourner.
Retourner où ?
Là-bas, sous la tente.
Mais je ne veux pas y retourner, ça fait trop mal là-bas.
Quand grandiras-tu ?
À quoi ça m'a servi de grandir ?
À mourir quand on doit.
Je dois ! Je veux!
Non. Ils t'attendent
Qui?
Tu le sais. Eux.
Je m'en fous !
Tu ne sais toujours pas mentir. Vas...Camav tu ou Kamotoute*

Baboum...



*Je t'aime en gitan

_________________
Beatrix_
« BÉATRIX !! »

- Oups.

Même pas besoin de poser les yeux sur le faciès courroucé de Lénù pour comprendre que ça ne sentait pas bon. Pas bon du tout. Qu'à cela ne tienne, elle prit vaillamment son courage à deux mains pour rappliquer dans la tente, comme un bon petit soldat. Et c'est parti pour le remontage de bretelles, pas façon Full Metal Jacket mais presque, du moins, dans la tête de votre servante qui voit en Lénù un ersatz de sergent Hartmann. A elle, ne manquerait plus qu'un beignet dans la main. Faute de quoi, c'était le chaudron qui lui valait les foudres du médecin. Laconiquement, elle répond :

- Compris.

Puis elle se saisit du tisonnier et va le glisser dans les braises crépitantes. Puis se saisit de l'anse du chaudron, et...

- Aïe !

L'andouille s'est cramé la main au métal brûlant. Erreur de débutante, elle le reconnaît elle même alors qu'elle se fend, dans un soupir, d'un :

- Idiote !

Les bases sont posées. Elle s'entoure la main d'un chiffon humide, et reprend le cours de ses activités. Le tisonnier chaud est tendu à l'Italienne, aux côtés de laquelle elle se place, en élève attentive et appliquée.
_________________
Lenu
Je vais te sauver de là
Ensemble nous allons lui échapper
Ne te laisse pas submerger par la peur
Tant de choses que je t'aurais dites si j'avais su que je ne te reverrais plus jamais
Je veux te soulever dans la lumière que tu mérites
Je voudrais prendre ta douleur en moi ainsi tu n'aurais plus mal
Ne t'avise pas d'abandonner
Ne me laisse pas seule ici sans toi
Parce que jamais je ne pourrais
Remplacer ta parfaite imperfection

Evanescence - Imperfection




Toute à sa concentration alors que la vie s’amuse à vaciller sous ses gestes sans qu’elle ne s’en aperçoive. Visage penché, mèches rebelles flottant autour de l’ovale, esprit tentant de faire abstraction au long hurlement qui lui arrache une partie d’elle-même. Si elle avait le pouvoir qu’on lui concédait, si elle était cette sorcière qu’on lui lance si souvent à la trogne, là, elle aurait prié tous les diables pour prendre cette douleur qui fait convulser puis tressauter ce corps qu’elle aurait pu aimer de douces caresses. Mais dans l’évidence même, il n’en est rien. La souffrance ne peut qu’être partagée. Le revers de la main vient essuyer le front perlant de cette sueur froide exorcisant toutes les émotions en elle, les refouler, garder l’esprit concentré sur la cautérisation, ne pas glisser les orbes dont les ténèbres se font reines sur le visage de la Gitane.

Peut-être aurait-elle du, peut-être aurait-elle vu le visage prendre cette teinte annonçant la venue de la Faucheuse, peut-être que la main ballante dans le vide lui aurait indiqué les abysses dans lesquelles Axelle plonge, peut-être que cette poitrine qui ne se relève pas d’un souffle de vie l’aurait tétanisée. De la danse, la Gitane se retrouve funambule dans un monde auquel Lénù n’appartient pas, seul le fil les lient l’une à l’autre. Celui de l’hémorragie qui est maîtrisée peu à peu. L’Italienne reprend son souffle, battements de cœur palpitant à tout rompre jusqu’à lâcher le tisonnier à terre, vacillante de fatigue. Les paupières se closent le temps d’inspirer profondément, de dégager cette foutue fatigue, de dégager cette foutue nausée. Elle déglutit doucement, reprend pied puis tourne un minois défait vers Beatrix, pilier sans le savoir, dont sa seule présence et sa fraîcheur amène un peu de légèreté au poids qui pèse sur les épaules de l’Apothicaire. Un bref sourire, une main s’apposant à l’épaule alors qu’elle va rejoindre la table et inspecte toutes sortes d’instruments coupants et en choisit un à la lame fine sur laquelle, elle observe le reflet des candélabres.


Beatrix… Merci d’être là…Voilà, c’était dit. Dans la malle derrière vous, prenez un pot de graines de cardamone, un pot de beurre mêlé, une fiole d’huile rosat, un pot de miel et posez le tout sur la table. Non, elle n’allait pas faire la cuisine, quoi que. Ah, et prenez le petit coffret noir aussi.

Les ordres ainsi donnés, elle revient à la blessure armée du scalpel et s’enquiert de gratter les chairs mortes afin d’en enlever l’excédent tout en continuant de s’adresser à Beatrix. Prenez une coupelle et écrasez une pincée de graines de cardamone avec le pilon. Quand ce sera fait ajoutez une louchette de miel, un filet d’huile et une louchette de beurre mêlé. Mélangez puis ajoutez ce qu’il y a dans le coffret, la moitié. Elle se redresse, jette un regard sur les gestes de Beatrix espérant que le contenu du fameux coffret ne lui fera pas la peur de sa vie étant donné que c’est un amas de toiles d’araignée. Puis elle se lave les mains dans le seau d’eau. Elle prend la fiole de décoction de thym s’en passe sur les mains puis va la déverser sur la plaie avant de la nettoyer d’un linge propre. Quand tu auras fini, prends l’emplâtre et rejoins moi. Le tutoiement est de mise, quand on partage moment si intime que sauver la vie d'un être aussi cher soit-il.
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Elisel_andeol
[6 janvier, tente de la Comtesse Ishtara]

Elisel, le regard tourné vers le géant, fronça les sourcils en entendant sa tirade. De quelle incompétence parlait-il ?
Elle prit un instant pour l'observer, notant alors les traces qui le recouvraient, et ses mains rouges, jusqu'alors cachées par son corps tandis qu'elle était arrivée par derrière lui. Du sang, partout. Était-ce donc si grave que cela ? Était-ce uniquement celui de la Blanche, ou y avait-il le sien mêlé ?
Ses sourcils s’accentuèrent un peu plus, avant qu’elle ne se retranche dans une neutralité toute médicale, lui permettant d’accepter sans broncher ce qu’elle voyait, et d’officier avec efficacité. Lui, semblait assez en forme pour tenir debout, c’était elle la priorité.

Sans un mot, elle reporta son attention sur la jeune femme allongée, se glissant entre le garde du corps et la couche pour venir l'examiner. Blessée, on lui avait dit, mais sans plus de précision, sûrement pour ne pas l'affoler.
Aussi, elle promena son regard partout sur sa silhouette, guettant la moindre tache sanglante sur les vêtements, qui indiquerait une autre plaie, avant de se concentrer sur le visage entouré d'une auréole rougeoyante. Qu’il était étrange de la voir ainsi, si calme, entourée de toute cette violence carmine. Le contraste était saisissant, et aurait été presque beau s’il n’avait été si morbide.
Le médecin s’accroupit près de sa tête, posant une main légère sur son front pour vérifier qu’il n’y avait pas de fièvre suite au choc, et examina la joue avant de hocher lentement la tête aux propos du tourmenté. Il y avait encore bien trop de sang pour qu’elle puisse voir correctement la plaie et juge elle-même de sa gravité. La première chose à faire serait donc de nettoyer tout cela, avant de pouvoir dire s’il y aurait à recoudre ou non.
Prenant appui sur ses genoux, la blonde se redressa, se tourna finalement vers les hommes encore présents, et prit la bouteille de calva posée à côté du Poméranien avec un air accusateur.


Elle aura besoin de vous voir en forme quand elle se réveillera. Pas ivre. Ni mort étouffé.

Son ton pouvait paraître sec, mais peu lui importait d’autre que la blessée à soigner. Dans son état d’esprit, elle était incapable d’empathie, cela viendrait plus tard, quand elle pourrait se relâcher. Pour le moment, elle avait besoin de toute sa concentration.

J’ai besoin d’eau propre, et d’un bol, continua-t-elle en posant la bouteille plus loin sur le bureau.

Je vais essayer de faire vite, tant qu’elle est encore inconsciente. J’ai peur qu’elle ne s’étouffe si j’essaye de lui donner du lait de pavot maintenant.
Si elle se réveille pendant que je travaille, il faudra que l’un de vous la maintienne en place.


Le corps avait parfois des réflexes et une force insoupçonnée, quand on l’agressait de quelconque façon, et elle ne voulait pas risquer un geste inconsidéré qui empirerait la blessure. Avec les deux grands gaillards sous la tente, cependant, elle n’avait pas trop d’inquiétude de ce côté-là.

Et sans même regarder qui allait répondre à sa demande, assurée d’avoir sous peu ce qu’elle demandait, elle retourna prendre sa besace, pour en sortir quelques flacons miracles, de la charpie pour nettoyer correctement la plaie, et son matériel de couture.

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D.E.C.O. ? C'est par ici hrp ou par là rp. Une question héraldique ? Par courrier forum svp !
Lenu.
“Au contact de la souffrance, on ne peut faire autrement que de rencontrer sa propre humanité.”

Reine Malouin.


Souffrance. Emotion tant redoutée. Tant refoulée. Jusqu’à se laisser happer par les sentiments, par cette foutue attirance qui, insidieuse, l’avait poussée à l’absurdité un soir de pluie dans la grange Gasconne. Elle se revoit, agenouillée dans la boue, nuque baissée en soumission sous la colère Gitane. Le vent et la pluie fouettant son corps et son visage. Larmes silencieuses se mêlant aux larmes du ciel, d’un pardon murmuré, en réponse le silence effroyable d’Axelle qui s’était détournée d’elle en l’envoyant droit aux Enfers. Combien de temps était-elle restée ainsi, à genoux, séant posé sur les talons boueux de ses bottes, mains crispées sur le cuir à ses cuisses, paupières closes, esprit divaguant, goûtant l’amertume de l’Enfer de la défaite. Leçon imposée de main de Maître. Leçon qu’elle pensait apprise alors que sous ses doigts et son regard sombre la blessure s’imprime à son âme. Mâchoires crispées de trop retenir ce que la fatigue empêche de contenir, Lénù applique l’emplâtre avec minutie dans un silence lourd, juste brisé d’un « sortez » quasi ordonné à Béatrix et Eddard. Elle ne désire pas se montrer faible devant eux, car si souvent on la nomme « Sorcière » ou que l’on pose un regard suspicieux sur elle, cela n’est que mascarade, carapace modelée en protection.

Elle se détourne un instant du corps combattant la camarde afin de prendre une longue bande de lin qu’elle vient apposer sur la plaie puis qu’elle glisse sous la cambrure des reins inanimés de danse, le serrant ni trop ni trop peu. Enfin elle soupire longuement, épaules abattues par le combat Gascon et le combat pour la vie aux côtés d’Axelle. Les orbes sombres dénués d’émotions, hormis la souffrance, glissent du corps au visage d’habitude hâlé. Le nez se plisse légèrement, elle ne peut laisser la Gitane à l’origine si belle dans cet état de saleté, apparence portant les stigmates du combat et de l’ombre de la Faucheuse. En gestes lents et attentifs, les bottes sont enlevées, les braies cisaillées retirées, petit à petit l’Italienne effeuille la Gitane. Une écuelle est remplie d’eau chaude à laquelle elle ajoute une partie de la fiole de décoction de thym, une éponge y est trempée et en gestes délicats, Lénù s’applique à nettoyer chaque trait de l’ovale ambré, glisse dans le cou, sinue sur la poitrine aux globes délicats jusqu’à l’orée du ventre outragé par la lame puis reprend la toilette des cuisses dessinées jusqu’à la finesse des chevilles tel que le ferait certainement Axelle, de son pinceau animé d’un camaïeu de couleurs sur la toile vierge. D’un linge propre elle essuie l’humidité de la peau puis la revêt d’une longue chemise de lin.


Déposée ainsi sur un lit de fortune propre, brasero attisé non loin, recouverte d’un drap puis d’une fourrure, Lénù peut observer l’ovale de la belle endormie qui semble reposé. Délicatement, elle vient apposer d’un effleurement ses lèvres sur celles de la Gitane puis glisse un murmure soufflé au creux de l’oreille. « Vis ».

Un dernier regard avant de s’en retourner retrouver les aides aux soins, leur intimant de la prévenir dès son réveil, de lui donner lait de pavot contre la douleur ainsi que pendant trois jours la nourrir uniquement d’un bouillon de viandes et de légumes et de vin. Ainsi sera veillée la Manouche entre deux combats, uniquement lavée et peignée des mains Italiennes, dans l’attente que les paupières s’ouvrent, que la vie reprenne ses droits sur le corps inanimé.
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