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[RP] Mon fils, cet inconnu

Domdom
[ Aux écuries du comte de Cassis]

Domdom appuya son épaule contre le chambranle de la porte de l'écurie, jetant un coup d'oeil à l'intérieur.
Il fallut un certain temps à ses yeux pour s'accoutumer, passant de la lumière crue de l'extérieur à la pénombre qui régnait dans l'écurie.

Trois chevaux, côte à côte, étaient occupés à manger placidement le foin du râtelier, lui tournant ostensiblement le dos, lui montrant leur grosse croupe ronde, comme s'ils avaient plus important à faire que de se préoccuper de cet intrus.

L'encapuché esquissa un petit sourire en repérant,un peu plus loin, une silhouette qui s'affairait à charger avec une fourche de la paille souillée dans une brouette.

Que son fils aîné avait grandi pendant la longue absence du conteur !
Valérien avait beau n'avoir que treize ans, il avait presque une carrure d'homme adulte et dépasserait vite la taille de son père, s'il continuait de grandir ainsi.

Le blondinet semblait ne pas s'être aperçu de la présence paternelle et continuait de remplir consciencieusement sa brouette de fumier.

Le conteur Marseillais observait chacun des gestes de son fiston, les dévorant presque, comme pour rattraper tout ce temps perdu, passé loin de ses enfants.

Leurs regards se croisèrent, lorque Valérien se dirigea vers la porte en poussant sa brouette, qu'il allait sûrement déverser dehors.

Rien... Aucun signe de surprise ou de joie de voir son père, dans les yeux ou sur le visage de Valérien.
Tout juste un petit
B'jorn papa!, avant de sortir de l'écurie.

Domdom eut juste le temps de répondre, haussant la voix sur la fin , afin d' être certain que son fils entende :


Bonjorn ; fiston ... Je sors à l'instant de voir le comte Arystote
Il est très satisfait de tes services, tu sais !


Aucune réponse de l'adolescent, qui avait disparu du champ visuel du passeur d'histoires.
Domdom prit le parti de l'attendre ici, sans bouger.
Inutile de lui courir après: de toute façon, Valérien reviendrait bien par ici pour finir son ouvrage.

Domdom se gratta le menton d'un air pensif, tout en fixant l'abreuvoir, d'un regard vide.
A l 'évidence, Valérien continuait de lui faire payer son absence , restant sur la même ligne de conduite qu'il avait tenue la seule fois où ils s'étaient revus depuis le retour de son père à Marseille, quelques jours plus tôt.

Il allait devoir réapprivoiser ce jeune homme, son fils, pour lequel, petit à petit, il était devenu un étranger.

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--Valerien



Valérien était occupé à changer la litière des chevaux depuis le début de la matinée.
Encore quelques brouettées de fumier à évacuer et il en aurait fini de cette corvée, fastidieuse mais nécessaire, comme toutes les corvées d'ailleurs, et pourrait ensuite passer à autre chose de plus passionnant.

Il n'avait qu'une hâte, en fait : c'était d'aller débourrer le poulain que le comte Arystote avait acheté sur un coup de tête à un marchand maure, au marché d'Aix, il y a peu.
D'aucuns s'étaient gaussés de cet achat, assurant au comte que ce poulain, qu'il avait payé si cher, ne ferait jamais un palefroi de qualité, encore moins un destrier.
Aussi, Valérien s'était il résolu à prouver le contraire à tous ces détracteurs.
Il passait donc tout son temps libre au manège de la propriété, à enseigner à Estello les premiers rudiments du dressage.

Valérien travaillait ici depuis plusieurs mois maintenant, et commençait à s'y ennuyer avant l'arrivée d'Estello, tant son patron, le comte de Cassis, était peu porté sur l'art équestre.

Quelle différence avec les écuries de comte de Golbey, à Epinal, un véritable amoureux des chevaux, lui, éléveur dans l'âme,où le blondinet avait travaillé auparavant, avant que son père ne l'arrache à la terre Lorraine, pour l'emmener en Provence.

Son père, qui récemment avait réapparu à Marseille, après une nouvelle longue absence, avec, encore une fois, une nouvelle compagne au bras, enceinte jusqu'aux yeux.

C'est qu'il en avait vu défiler, des belles mères, qui venaient pondre, pour disparaître presque aussitôt en compagnie du paternel, laissant leur progéniture dans les bras d'Alexandrine, la nounou.

Valérien était en train de charger une nouvelle brouettée de fumier, lorsqu'il perçut un bruit à l'entrée de l'écurie.Un regard furtif, tout en continuant sa tâche, lui permit de reconnaître de suite son père, dans la silhouette qui se détachait sur le ciel d'azur.

Ce père, vers lequel son coeur, qui battait fort dans sa poitrine en ce moment, lui intimait de se jeter, ce père qu'il admirait plus que tout au monde, mais que son esprit lui interdisait de rejoindre, tant celui ci l'avait déçu, abandonné, oublié.

Ce fut seulement par un bref salut qu'il interpela son paternel, en passant devant lui :

B'jorn papa !

Tout en se dirigeant vers le tas de fumier, derrière l'écurie, Valérien espérait bien lui faire comprendre qu'il ne suffisait pas de revenir la bouche en coeur, les bras chargés de présents, pour se faire pardonner d'avoir une nouvelle fois abandonné ses gosses pour aller courir les routes des royaumes.

Ce fut à peine s'il entendit son père lui répondre.


Domdom
Lâchant l'abreuvoir des yeux, le conteur dirigea son regard vers les chevaux qui continuaient de se nourrir dans le râtelier.
Il s'approcha de celui qui était le plus proche de la porte et lui flatta la croupe en lui parlant doucement, afin de ne pas le brusquer.
Une bête assez quelconque, somme toute, mais resplendissante de santé, au pelage bien brillant et aux muscles saillants.
La marque du travail de Valérien, assurément.
Ce gamin avait eu, dès son plus jeune âge, un contact inné avec les chevaux, au point de se faire offrir un poney noir, Nino, par feu Julien de Dommart, un ami du conteur, alors qu'il était encore petit. Se séparer de Nino avait été un créve coeur pour Valérien et le conteur culpabilisait encore de cette décision, bien des années plus tard.

Domdom n'avait pas hésité à jouer sur le registre de l'affectif du blondinet aux chevaux lorsqu'il s'était aperçu que son fils traînait un peu trop souvent avec une bande de gamins sur le Vieux Port de Marseille, cherchant même à se faire embaucher comme mousse sur des navires.
Et a priori, cette politique de dissuasion avait fonctionné pour le moment.

Tout en continuant de caresser le pelage de l'animal, le brun essayait de trouver un moyen de renouer le dialogue avec son fils boudeur, sans le brusquer.
Ce n'était pas la première fois que Valérien (tout comme ses frères et sœurs, d'ailleurs) lui manifestait froidement son mécontentement de se sentir trahi par son père et à chaque fois le passeur d'histoires sentait la culpabilité, sa vieille amie, revenir lui rendre une petite visite.

Quel genre de père était il, pour partir à chaque fois à l'aventure ainsi, laissant ses gosses sous la garde bien relâchée d'Alexandrine ?

Mais la prochaine fois, ce serait la bonne !
Avec Ambre, son épouse, ils s'étaient déjà mis à la recherche d'une seconde roulotte , en capacité d'accueillir leur grande tribu et ce serait en famille qu'ils arpenteraient les chemins des Royaumes,, lors de leur prochain périple.

Mais comment redonner confiance à ses enfants, leur faire comprendre que cette fois ci il ne les oublierait pas, lui qui les avait tant déçus dans le passé ?
Le problème de l'acceptation de chacun de cette famille brusquement élargie serai à résoudre, également.
Bref, ce retour au bercail, comme tous les autres, finalement , soulevait beaucoup plus de questions que de réponses.
Le grand brun s'approcha de l'encolure du quadrupède qu'il caressa avec douceur en lui soufflant, comme pour lui même:


Toi au moins, mon beau, tu ne te poses pas de questions
Tu n'as pas ce genre de problème


Domdom sentit l'épiderme du cheval frissonner sous ses doigts, alors qu'il tapait du sabot sur la paille jonchant le sol, comme pour répondre à sa façon au bipède.

Un peu plus tard, le passeur d'histoire entendit le bruit de chuintement de la roue de brouette . Valérien était de retour dans l'écurie :


De bien belles bêtes que nous avons là, mon fils
Arystote m' a dit que tu t'occupais d'un poulain, aussi
Tu me le présenteras ?


L'homme avait parlé , continuant de caresser l'encolure du cheval, sans tourner la tête vers son fils, afin qu'il ne se sente pas scruté

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--Valerien


Valérien se sentait partagé, alors qu'il vidait le contenu de la brouette sur le tas de fumier.
Partagé entre prendre son temps et laisser son père mariner un peu dans son jus (car il était persuadé qu'il était resté à l'attendre), ou finir le plus vite possible son travail, afin d'aller retrouver Estello, le poulain dont Silphael, le vieux palefrenier du domaine, avait eu la sagesse de lui confier le début d'éducation.

Comme le lui disait souvent son père :« grandir, c'est savoir choisir » et le choix s'avérait bien difficile en cet instant, d'autant plus que le blondinet mourait également d'envie d'écouter son père lui faire le récit de son dernier voyage.
Ce dernier avait l'art de transformer une situation banale en aventure merveilleuse.
Il n'était pas conteur pour rien.
Et il se passait tellement peu de choses, ici, à Cassis,que l'adolescent était souvent à l'affût de toute nouvelle de l'extérieur.

Il n'avait toujours pas décidé quelle conduite tenir lorsqu'il pénétra à nouveau dans l'écurie.
Il repéra assez vite son paternel en train de flatter Fuego, un vieil alezan auquel Valérien était particulièrement attaché.

De bien belles bêtes que nous avons là, mon fils
Arystote m' a dit que tu t'occupais d'un poulain, aussi
Tu me le présenteras ?


Valérien avait repris sa tâche et prit un peu de temps pour lui répondre ;
Finalement, son père lui avait donné la solution : il le ferait lanterner un peu, tout en s'occupant d'Estello ;

Il répliqua d'un ton relativement neutre :

Si tu veux, papa
Mais ne te mets pas en retard à cause de moi, té !
Tu as sans doute autre chose à faire, non ?



Puis il continua méthodiquement sa corvée,un discret sourire aux lèvres, ravi de sa petite revanche.


Domdom
Continuant de flatter le pelage du cheval, Domdom ne répondit pas tout de suite à la saillie de Valérien, dont il avait parfaitement saisi le sens caché.
La conversation père-fils prenait un drôle de tour, comme s'ils ne communiquaient l'un avec l'autre qu'à travers le paravent de leurs activités, l'un finissant de ramasser le crottin, l'autre s'intéressant aux chevaux.
Il finit par lui répondre d'un air qu'il aurait voulu détaché:


J'ai tout mon temps, mon fils
Nous sommes venus ici pour te voir et Ambre se repose en ce moment dans le salon du comte Arystote



Le grand brun se mordit aussitôt la langue en s'apercevant trop tard, que mentionner son épouse dans une telle circonstance, allait certainement renforcer Valérien dans sa position de laissé pour compte.
Il tenta de rattraper le coup, essayant d'ouvrir à nouveau la porte de la discussion à son fils:


J'ai beaucoup parlé de toi à Ambre, tu sais
Et elle brûle d'envie de vous connaître plus, toi et tes frères et sœurs
On va passer beaucoup de temps ensemble, dorénavant



Le conteur jeta un coup d'oeil en direction de son fils, qui, poussant à nouveau sa brouette à la roue légèrement grinçante, traversait juste à ce moment là le rai de lumière provenant de l'unique fenêtre de l'écurie, illuminant au passage sa chevelure blonde d'un halo presque angélique.
Que son gosse était beau, nimbé de cette lumière  !

Il avait quitté un jeune garçon et avait retrouvé un jeune homme, un beau mec qui ferait sûrement tourner quelques têtes et chavirer quelques coeurs, d'ici quelques années

Domdom ne put s'empêcher de repenser au petit orphelin flamand de trois ans, qu'il avait recueilli au Mans, alors que sa mère, Akiata, avait décidé de quitter ce monde, lui demandant de s'occuper des deux enfants qu'elle laissait derrière elle.

Lui et Adelin, son frère, avaient été le centre du monde du conteur pendant de nombreuses années, partageant chaque instant de la vie de ce paternel qui ne tenait pas en place.

Les doigts crispés machinalement dans la crinière du cheval, Domdom se demandait encore comment en était il arrivé à ce stade d'incommunication avec ce gosse qui avait changé sans qu'il s'en rende vraiment compte.

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