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[RP] Mais les hommes viennent de Mars

Alphonse_tabouret
L’âme est prise au filet sans un bruit, plume aux sylvestres reflets.
Mots en pagaille chutent des hauteurs du silence et explosent à chaque collision en bouquets disparates d’aimables brûlures Est-ce une bouche qui vient là planter ses crocs et acharne l’émail à la curée ? Les ongles qui déchiquètent les parois-cages dont il est pourtant si soucieux ? Et là, ces doigts qui pressent, qui serrent, qui en tordent les muscles, essorant la toise des biles encore fraiches jusqu’à la nappe…
Pieds dans une flaque d’agonisantes amertumes, Alphonse écoute et Faust parle, mi-voix forçant l’oreille à ne se dédier qu’à lui, livrant les maux et leurs syllabes, asservissant la distance à la seule volonté de l’aorte, soulevant dans les plaines arides qui siègent aux côtes brunes la violence des sourires qui absolvent le vent. C’est un désordre nouveau, un sanglant ravage ; le cœur est propre, rincé : Octave n’était ni laid, ni sot, mais il n’était pas lui.
Chat à l’attention abîmée par les émois souffrants attarde fatalement, gaiement, ses bonheurs à d’immenses détails, en trahissant l’éprise caresse au velours noir des yeux.

Aux heures étirées, Faust s’est levé, a ramassé ses affaires une à une, Poucet toujours remontant le fil des nuits inattendues qui fondent les distinctions de leurs mondes; dehors, à l’aube délavant les cieux, au jour et ses heures qui les rattrapent inexorablement, les teintes s’arrondissent et l’on distingue par le petit fenestron, la langue blanche d’un premier nuage qui se révèle, ourlé d’une bruine incertaine. Nuit consumée ravale ses fournaises aux semences nouvelles des promesses ; si la clarté entache les peaux, elle ne délaye pas les serments faits aux extatiques vérités.



Il y a au bout de leurs doigts, un nœud dans le contrejour d’une flamme italique, une boucle discrète mêlant au-delà de la chair, les âmes que le soleil étire.
Pauvre Ariane aux mèches courtes ; au fil déroulé des amours faunes, Thésée sans nul doute, aurait préféré le voyage à l‘escale.



La longiligne silhouette de Faust se tient là, esquif battant les flots en solitaire, jetant l’ancre à défaut d’encre ; ligne carmine tendue dans le tumulte des flots, le poignet qui en porte le stigmate dessine une cicatrice aux couleurs entêtées, fendant le regard noir d’une inconnue majeure, d’une pointe chauffée à rouge malgré la parenthèse.
S’il ne sait encore rien de son Histoire, Alphonse en effleure le sens dans sa permanence; les confessions tombent, esquissées, avouées, mais celle-ci reste intacte, lointaine, mythologique crinière qui existe quelque part aux fièvres des souvenirs, et s’il a demandé le verbe, s’il a marchandé le savoir contre les femelles, cette vérité-là éveille aux nerfs une sourdine craintive ; Ansoald à peine dévoilé semble cacher une ombre plus pleine encore, une de tissus liés dont il redoute confusément la survivance plus que le memento.
Il y a dans le cœur de Nicolas, des placards plus sacrés que d’autres, des secrets qui rappellent un Avant que l’on sait précieux tout autant que violent pour en garder soi-même de similaires voilages, alors que reprocher au cœur et à ses monstres, aux aphoniques couleurs? Attache en témoignages, il en est un plus homérique que les autres qui survit aux pousses et à leur sève.
Égoïste créature jusque là épargnée des ardeurs jalouses, Alphonse y tâtonne avec méfiance, novice, aveuglé par ses propres croyances ; il sait, devine qu’il y a un autre langage, rouge qui jamais ne s’enlève, pas même comme Celui Là dont le clerc se défait pour redevenir Homme, et aux racines qui l’enchevêtrent, il l’observe, le contourne, s’acharne à se convaincre que tout cela n’a pas d’importance.



Concorde suppliciée, risibles raisons, vous qui ne vivez qu’à la loyauté du cœur, vous souffrez, cruellement, et Faust et ses tyranniques bleus ne vous donnent aucun baume ; entretenue aux muettes pudeurs, il se dessine une grappe d’épines pourpres à la souche-mère.


La signature tombe et avec elle l’offrande au travers d’une étoffe, étirant hors du lit l’impudique nudité de la silhouette ainée, bras tendu pour saisir le présent, curieux tout autant que prudent.



Métis porte à son nez le crin et l’odeur ; champs de blés sous l’égide d’un ciel bleu y bruissent à l’aube d’une pluie.
Tempête d'odeurs chasse les nuages.
Faust sent bon. Si bon.



Faune se tait, toujours, au fil d’un sourire qui se bat pour démêler aux lèvres la frustration immédiate de se savoir privé de ses inavouables relectures et cette joie naïve qui n’appartient qu’aux exaucés, et quand enfin, il la passe autour de son cou, c’est l’orgueil orfèvre des satisfactions tendres qui efface au visage la sage circonspection.
Sans un mot, Dextre et Senestre prennent les affaires cueillies aux bras de l’écritoire et les démêlent en les posant sur le lit encore froissé de leurs parfums pour en retrouver le fil ; bas en main, le genou est plié, et tandis que la main de Faust se pose à son épaule pour garder l’équilibre, il soulève un pied et y remonte l’écrin du tissu délicat à l’écho de ses mots.


Nous laisserons les chiennes aux chiens.
A l’expérience des femmes et de leurs jambes, il ne s’appuie pas, et si le geste est habile, il est Mâle avant tout. A cet instant tissé d’eux, il remet à Dieu ce qu’Il lui a cédé, rompt le vide à venir d’un rituel qui ne concerne que ceux qui règnent aux nues, qu’ils soient brodés d’azurs ou bien de nuit; démiurge consciencieux de ses pactes, Alphonse rhabille le loup de la peau de l’agneau.
Nous pêcherons avec nos pieds.
Jambes recouvertes de leur première peau, noirs ont retrouvé les hauteurs des bleus, et s’il s'enlacent à l’aube d’un éclat, Tabouret s'en détache pour saisir la bure qu’il passe à la couronne d’épis.
Nous battrons l’écume de la mer et du ciel.
Manches glissées aux bras qui s’étirent, un geste suffit pour que retombe l’épaisse toile et enveloppe l’amant de ses obligations.
Nous créerons la pluie si cela nous chante…
Sur le lit, ne reste que la médaille, saint organe dont il ignore la trace de dents laissée par un voleur, dont il ne sait qu’une chose : Toujours Faust l’enlève en premier lorsqu’il chute à leurs ires, préservant le visage sérieux d’un Aristote qui sait tout ce qu’il tait.
Ici tu n’es ni clerc, ni Prince, ni bâtard. Ici tu es Toi, à Moi.
Le voilà ton royaume, Faust, quelques mètres à Paris … ce n’est pas bien grand, il est vrai, cela ne ressemble en rien aux étendues de ta Bretagne,
lui accorde-t-il à l’excuse d’un sourire d’écorces, mais les plus beaux secrets n’ont pas besoin de s’étaler, ils poussent en verticalité…
Dernière pièce du costume, Alphonse la porte à l’étude discrète d’un regard trouble, et parce que la nuit dissout encore le fragile équilibre, que les heures fatalement s’éclaircissent toujours, à l’imperceptible regret des ténèbres qui ne durent jamais, en coiffe lentement la tête, en poursuivant :
Parfois, je te le jure, je prendrai le temps de te demander comment vont tes ouailles, si le trajet a été bon, si tu as soif ou faim, mais d’autres fois, nous échouerons aux draps sans même nous être dit bonjour…
Ici, c’est un petit royaume , mais si nous ouvrons les fenêtres, il sera assez grand pour nous…

Bijou tenu au pouce quand la chaine a déjà rejoint le cou délicat qui l’aborde, Faune enfin, attarde les jais à cette fresque céruléenne, à cette immensité aux mouvances claires, y laisse pousser un silence qu’il étire d’un vœu ; lèvres se mêlent, éprises sans plus de chasteté, et noient à leurs souffles guerriers, l’impérieuse distance qui les menace.
Je te rends à Dieu, cède-t-il, relâchant la médaille qui tombe dans un bruit mat au tissu de la bure, tonnerre aux cimes mâles sonnant le jour nouveau, concluant, aux entrelacs païens des amours qui affament : Qu’Il n’oublie pas mon droit de garde…
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