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[RP] Une fois au fond, creuse encore !

Diego_corellio
Why am I *
Pourquoi est-ce que je
Why am I walking away?
Pourquoi est-ce que je m'éloigne?
Walking away
M'en vais
Why am I walking away?
Pourquoi est-ce que je pars?


Cette question je ne me la pose plus, surement parce que pour la première fois de ma vie je suis certain de ce que je fais. Je suis certain d’avoir pris la bonne décision. Je sais pourquoi je suis parti. Je sais pourquoi j’ai fait le choix de la quitter. Rester auprès d’elle c’est mourir. Partir, c’est simplement agoniser, loin de son air que j’ai tant besoin de respirer pour fonctionner correctement. Loin de son sourire, qui ne m’est plus destiné, loin de sa peau, qu’elle m’a refusé, loin de son amour, qu’elle lui a donné.

Alors que mes pieds foulent le sol, j’ai l’impression que le poids qui s’était installé sur ma poitrine pour y assurer une pression constante s’est quelque peu dissipé. Une fois encore, j’ai couru à l’aveuglette sur un chemin semé d’embuches, sur un chemin qui n’était pas le mien. J’ai couru et je n’avais pas peur de tomber, tant qu’elle tenait ma main, j’avais la sensation que je ne pourrai pas trébucher. Pourtant, toutes les courses ont une fin, les routes ne sont pas infinies et il y a toujours une ligne d’arrivée. Quand Marion est entrée dans nos vies, c’est comme si elle n’avait pas eu d’impact sur nous. Quand Tynop a fait son entrée fracassante, les doigts d’Eliance se sont desserrés des miens, et j’ai compris que la course aurait une fin, que ce « nous », se scinderait de nouveau en un « je » et un « elle ».

I can see it all so clearly
Je peux voir tout si clairement
I can see what you can't see
Je peux voir ce que tu ne vois pas
I can see you love her loudly
Je peux voir que tu l'aimes trop fort

Moi qui suis un adepte de l’auto mensonge j’ai ouvert les yeux. J’ai cessé d’aller à l’aveuglette, j’ai investi dans une canne et un chien. C’est dur de voir ce que l’on refoule avec tant d’ardeur. On réfute la vérité comme on rejette une main hargneuse qui ne veut que blesser la joue pourtant tendue. Mais la vérité était là, sous mes yeux. Tynop était pour Eliance la pantoufle de verre qu’avait paumé Cendrillon. Et maintenant qu’ils s’étaient emboités l’un et l’autre, le conte pouvait débuter et le rêve s’enclencher. Et chaque fois, l’histoire prend soin de préciser que l’élément perturbateur est refoulé loin dans les méandres d’un autre monde. Il reconnait ses erreurs et il disparait de la vie des héros. Les héros ce sont eux. La logique implacable des choses voulait donc que ce soit moi qui parte.

Alors j’étais parti. Parce qu’elle avait le droit à son histoire, à son conte à son rêve. Et que moi j’étais de trop. Elle avait su s’effacer pour que mon mariage avec Dae fonctionne (il avait raté dans tous les cas). Je venais de lui rendre la monnaie de sa pièce. En partant, je lui donnais sa liberté, sa vie et je lui offrais la possibilité de vivre pleinement. Plus de vivre à travers moi, pour moi, mais de vivre pour elle. Il est des amours qui ne se gâchent pas.

Le soleil décline lentement à l’horizon, annonçant la fin du premier jour sans elle. Le bilan est plutôt positif, puisque je suis persuadé d’œuvrer pour son bonheur. Si le cœur n’est pas léger, il est serein, apaisé. Les enfants ont retrouvé un père et moi je vais renouer avec la vie qui jusque-là m’échappait. Assis au sol, le cul gelé par la fraicheur de saison, me vient l’idée de faire un truc stupide. Un de plus.
C’est plus ou moins comme ça que je me suis retrouvé, muni d’une dague, à me faire une petite entaille sur l’avant-bras. La première d’une longue série. A la manière des prisonniers, qui, pour garder la notion du temps, précieuse pour tout homme qui veut éviter la folie, gravent sur les parois de leur Enfer, l’écoulement du temps.
Un morceau de charbon, réduit en fine poudre est passé sur le sillon, noircissant la blessure. Je veux me souvenir de chaque jour passé loin d’elle, comme un rappel constant à ma mémoire que je ne sais pas aimer correctement. Que je n’ai pas su être celui qu’il lui fallait. Je veux que chaque marque, soit un pas vers la libération, vers l’absolution.
Et pour me libérer de la meilleure chose qui me soit jamais arrivée dans la vie, il faut que je fasse mon deuil. D’Elle, de nous.

You're the best thing about me
Tu es la meilleure chose en ce qui me concerne
The best things are easy to destroy
Les meilleures choses sont faciles à détruire
You're the best thing about me
Tu es ce qu'il y a de mieux en moi


* U2 - You’re the best thing about me

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Ban : JD Calyce
Diego_corellio
Qui se soucie d'un vieux presque fou *
Derrière une porte, sans orgueil, à genoux
Peux-tu sentir le souffle d'un chien mourant
Derrière la porte, empoisonné, agonisant
Hier j'étais chez moi, la serrure est déjà changée
Qui se soucie d'un chien sans collier
Qui se soucie de ça
Qui se soucie ... de moi



• Le 22 février 1466


On dit souvent que, quand ça ne va pas on se prend des murs. Moi, quand j’ai compris que ça n’allait pas, que ça n’allait plus, la première fois, c’est quand je me suis pris une porte. La sienne. En pleine tronche. Parce qu’elle l’avait cloutée. Pour l’Autre. Après cela, j’ai eu le droit au défilé hivernal des portes fermées. Un véritable fiasco, toujours le même modèle répétitif, composé de bois et de ferraille, on peut dire que la collection a fait un vrai loupé dans le milieu. Mais l’avantage, c’est que grâce à ces portes, j’ai la taille mannequin : trois bouts de chairs, quelques os et une gueule tombante à faire pâlir de jalousie les plus beaux fantômes. Parce que personne ne peut rivaliser avec ça.

Là, on comprend très vite que la bonne humeur des deux premiers jours ainsi que les belles résolutions se sont envolée à tire d’aile, elles ont migrées vers des pays plus chauds comme les oiseaux, attendant que la tempête italienne se calme. Surement ont-ils eu raison. Parce que les saisons, c’est Elle qui les faisait tourner. Pas le temps, pas les jours, pas les mois, mais Elle. Loin d’Elle, ce n’est que l’hiver, tout semble si froid, si glacé, si mort.
Ce qui peut sembler risible quand on sait que je parle d’Eliance, qui n’est pas spécialement connue, ni même reconnue dans l’art de vivre. En revanche, elle excelle tout autant que moi (peut-être même qu’elle gagne haut la main) dans celui du suicide raté. Ainsi, aux yeux d’un très grand nombre, elle pourrait passer pour semi morte la plupart du temps. Mais ces gens-là ne la connaissent pas. Parce qu’Eliance elle est plus vive que la vie elle-même. Parce qu’Eliance, si la mort la recrache à chaque fois, la rejette de ses entrailles, c’est parce qu’elle a trop gout de soleil et pas assez de lune. Parce que même sans le vouloir, elle sera toujours plus rayonnante que ténébreuse, vibrante, éclatante, majestueuse. La faucheuse se brulerait le ventre et ferai une indigestion d’une femme qui peut se targuer de lui faire si facilement la nique.

Mais cette Eliance là, maintenant, elle vit pour un autre. Moi j’ai été déchu de tous mes titres. Je ne suis plus époux. Je ne suis plus amant. Je ne suis plus ex-époux, puisqu’il y en a eu tant, entre. Je ne suis plus rien devant ses yeux. Je suis aussi transparent qu’une vitre. Je ne suis plus qu’un chien sans collier égaré, qui a attendu trop longtemps sur le seuil de sa porte, une caresse, un regard, de l’attention. Délaissé, il a déserté cette maitresse bien infidèle.

Peux-tu entendre la chanson
Qui trébuche de ma bouche
Comme un alcoolique moribond
Qui titube dans un cimetière
Qui cherche sa couche là où il n'y a plus de nom


Il n’y a plus de nom, il n’y a plus de couche non plus. Il n’y a plus d’Eliance, il n’y a plus rien. Juste des chemins qui ne semblent tous mener à rien, juste des chemins qui paraissent me rejeter mes erreurs à la gueule, juste des chemins qui achèvent de creuser le gouffre qu’il y a désormais entre nous.
Avec la conviction profonde que c’est la chose à faire, je rebrousse la route et tourne les talons pour revenir sur mes pas. Voilà, c’est décidé, je rentre, je lui reviens, je peux pas vivre loin. Quelques secondes plus tard, les pieds reprennent le sens inverse.
Ce manège aurait pu durer très longtemps. Si le souvenir des portes, des nuits passées à surveiller le grand vide gelé entre les draps, attendant en vain qu’elle vienne le combler n'avaient refait surface. Si je ne m’étais pas rappelé le son du roi des frênes. La mémoire est bien rodée, et fait remonter les souvenirs quand le besoin s’en fait sentir. Elle s’en fout de ce que je peux bien faire, devenir. Elle s’en tape. Tout le monde s’en cogne. Les portes sont loin, leurs soupirs aussi, pourtant j’ai l’impression que c’était hier que j’attendais encore. Et aujourd’hui je continue de crever au fil des souvenirs. Mais tout le monde s’en tape.


Qui se soucie d'un vieil homme de trente ans
Qui se soucie de ça
Qui se soucie ... de moi
Et je crève ...
Derrière ta porte ... je crève
Je crève...


* Cali - « Qui se soucie de moi »

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Ban : JD Calyce
Eliance

    1er mars 1466


Elle a opté pour la mort en mer. Elle a opté pour la mort en mer faute d'amour en mer. Elle a opté pour la mort en mer, faute de corde sous la main pour se pendre. Elle a opté pour la mort en mer dans l'espoir de le rejoindre là où il est. Quelque part. N'importe où. Elle ne sait pas qu'il n'a pas encore embarqué et que ses pieds restent terrestres. Elle ne sait pas qu'il vit encore un peu, quelque part à errer sur terre. Elle ne savait pas que cette fois encore, ça n'allait pas marcher. Elle a malgré tout opté pour la mort en mer. Pas la pleine mer. Juste le port, c'est aussi la mer. Se laisser aller sur les flots. C'est juste une question de tempo.

Elle a rêvé d'un long voyage sur l'eau et n'a récolté qu'un goût amer et salé de mort ratée. Elle aurait aimé apprendre le nom des bateaux à force de se faire heurter le corps par leur coque. Elle n'a eu le temps que de se faire recracher sur un quai. Elle se voit maintenant échouée dans sa chambre, sur ce lit qui ne demandait pas tant d’infamies odorantes. Pas tant de peau moisie et verdie. Pas tant de désespoir et de vide.

Elle aurait dit oui si il avait voulu l'emmener sur l'eau. Elle aurait dit oui si il avait voulu l'aimer sur les flots. Elle aurait dit oui à tout ses caprices d'Italien gâté. Elle aurait dit oui au mépris de sa vie. Mais il n'a fait que partir. Elle n'a fait que mourir. Il lui a offert une vie. Elle l'a abandonné.

Toutes ces nuits à marcher, à errer dans la campagne ont éclairé ses idées. Le blond mari a beau être là, il n'emplit pas sa vie à la manière de Diego. Il a beau faire résonner ses cris contre les frênes, ça n'accapare pas un esprit égaré. Eliance, ce qu'elle veut, c'est tout. Des cris et des Dracous, des flots et des bateaux, de l'aventure et de la terre ferme, des maris et des ex-maris. Vivre ou mourir. Plutôt mourir que de perdre celui qui l'a créé. Le choix ne s'est pas fait. Elle n'a pas choisi. Elle n'a pas réfléchi. Ses pieds l'ont fait. Ses jambes l'y ont amenée. Et le port s'est présenté à elle comme ça.

Elle aurait pu tester l'amour en mer. Comme Calyce et Moustacouic. Elle aurait pu tester la vie. Elle aurait pu tester sans lui. Mais ses pieds ont glissé. Son corps s'est engouffré. L'eau s'est installée. Le vide s'est fait. Bienheureuse elle a été. Quelques jours. Quelques jours de répit avant d'être repêché. À présent, recroquevillée sur son lit, elle ne pense pas à frotter sa peau meurtrie, elle ne pense pas à se sécher de tout ce sel. Elle songe seulement à replonger. À lui offrir l'amour en mer, par mort intermédiaire.

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© JD Calyce ♥
Diego_corellio
The light is fading now *
La lumière s'amenuise à présent
My soul is running on a path that I can not reach
Mon âme court sur une voie que je ne peux pas atteindre
My brain is turning and my head is hurting, everyday a little bit more
Mon cerveau tourne et ma tête a mal, chaque jour un peu plus


• Le 1er mars 1466


J’aimerai que ce ne soit qu’un horrible cauchemar. J'aimerai me réveiller, me réveiller vraiment. Pas seulement ouvrir les yeux, sortir du lit et entamer une nouvelle journée. Non. Ouvrir les yeux, le sourire aux lèvres, heureux d’entendre de gazouillis des oiseaux, heureux de sourire à la vie. Cesser de ramer dans le noir, recommencer à respirer, cesser de m’égarer, recommencer à y voir, ne plus tâtonner, marcher droit, sans tituber. Pourtant, chaque matin n’est qu’une suite de chutes, chaque nuit n’est qu’un enchaînement d’heures sombres qui filent et défilent vers on ne sait quoi. Mon cerveau tourne et ma tête à mal, chaque jours un peu plus. Les mots tournent, se cognent et me heurtent, m’entament et m'affligent. J’aimerai qu’elles cessent, toutes ces voix, tous ces mots. Qu’ils se taisent, qu’il n’y ait plus que le vide pour me cueillir, me recueillir.
Que tout cesse.

Mais surtout de ne plus aimer.
Parce que l'amour est le terrain le plus incertain, le plus obscur qui soit.
Parce qu’un cœur ne se maitrise pas.
Parce qu’un cœur ne sait pas mourir d’amour, juste se taire, hurler en dedans.

J’ai aimé, et j’aime Bianca. Mais un an auparavant, j’ai découvert qu’à la puissance de cet amour il y a une limite : il ne m’a pas tué. Il ne me tuera pas. Mais pour Eliance… Je ne sais pas. Je me suis toujours plu à penser que Bianca était supérieure à Eliance, que parce que j’avais su mieux l’aimer, mon amour pour elle était plus sain et plus fort. Je n’ai jamais voulu réellement imaginer l’éventualité de la perte d’Eliance. Parce que jamais je n’ai été en mesure de penser qu’elle pourrait aller vers un autre. Non, je n’ai jamais voulu imaginer cette possibilité. J’ai su pour Bianca. Je sais pour Eliance. C’est difficile d’accepter d’être un vivant qui survit, que l’amour ébranle mais ne fait jamais tomber entièrement. De survire à ces amours amers sans en être détruit.

Et aujourd'hui, j’aimerai mourir sans me tuer, pour ne pas rompre une promesse. Parce que je pense qu'on peut mourir autrement. En dedans, comme là. Ça ne fait plus rien. Plus rien ne fait rien. A rien, du tout. Rien à rien. On file vers un endroit imaginaire, ou tout s’agite, suit son cours et avance. Les lèvres se meuvent encore, les corps bougent, et les mots fusent. Mais il n’y a rien. On ne sent plus, on ne souffre plus et plus rien n’a d’incidence. Plus de chaud, plus de froid, plus d’eau, plus d’air, plus de désirs, plus de déceptions, plus d’envies. Rien.
Il n’y a plus rien que la vie qui passe, dehors et dedans il n’y a rien. Étendu là, la vie passe sans moi, et en dedans je suis déjà mort. Le cri de l’agonie résonne dans l’immobilité du corps qui ne veut plus bouger, seul le souffle lent, seules les pupilles vitreuses, témoignent de la vie qui pulse encore dans ma silhouette abandonnée. Le printemps arrive, je crois. Ça sent l’herbe, la fraicheur, la rosée et le gel. Pourtant ça ne me fait rien. Ça ne me fait plus rien. Je suis mort en dedans. On s'éteint, on se tait.

I can see the sky
Je peux voir le ciel
It's about to cry
Il est sur le point de pleurer

I'm so lonely
Je suis si seul
I don't know if I'll get through
Je ne sais pas si je m'en sortirai
I wanna be floating in space
Je voudrais flotter dans l'espace
But I gotta stay stay stay, stay stay stay STAY
Mais je dois rester, rester, rester...


* The Avener - Castle in the snow

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Ban : JD Calyce
Diego_corellio
Southern trees bear strange fruit *
Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Blood on the leaves and blood on the root
Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines
Black bodies swinging in the southern breeze
Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud
Strange fruit hanging from poplar trees
Un fruit étrange suspendu aux peupliers


… Les arbres renaissent après cette longue période hivernale. Ils sortent de leur torpeur, lentement, quand je m’enfonce dans la mienne, rapidement. Les branches commencent à mettre les premiers bourgeons annonciateurs d’un printemps florissant. L’arbre aujourd'hui viendra se parer d’un fruit étrange, dérobé à la vie pour s’offrir à la mort.

J’avais promis de lutter.
Pour les enfants, d’abord.
Pour Maryah ensuite, qui mettait tant d’énergie à sauver un condamné.
Et enfin, pour une promesse, qui venait de se rompre.

Sauf que voilà, le constat, douloureux est tombé ; comment être un bon père quand on fait passer l’amour d’une femme avant sa progéniture ? Résonnent en moi ces mots balancés lors du procès « est-ce qu’un bon père de famille ferait cela ? ». Non assurément que non. Non. Je n'étais pas un bon père de famille. Nous n’étions pas une famille, et nous n’en serions jamais une. Parce qu’Eliance, mère de substitution est loin, parce que ma femme ne m’aime pas et parce que je suis fou amoureux de ma maîtresse.
Et au milieu de cette pagaille il y a eux. Des enfants qui ne cherchent qu’à pousser droit et qui pourtant, sont voués à finir tordus. Parce qu’il faut à la plante un tuteur solide contre laquelle s’arrimer, pour qu’en cas de grand vent, elle puisse s’y accrocher sans dévier ni s’égarer. Moi je ne sais pas donner cette base à des enfants quand j’en ai été privé à leur âge. Je ne peux pas leur apprendre ce que je ne connais pas. Je ne peux pas leur montrer la voie à emprunter et devenir un modèle quand je passe mon temps à me perdre. Je ne suis pas un bon père de famille. Je n’ai plus de famille. Et eux, ils méritent mieux.

Pour mes enfants.

Pour mes enfants mais pour Maryah aussi. Elle aussi mérite mieux. Elle veut un époux, elle veut une vie rangée, elle veut un amour exclusif, à la mesure du sien. Elle veut, elle attend, et moi je prends, sans donner, sans retour. J’aimerai tout arrêter. Lui dire de partir sans revenir. La pousser dans les bras d’un homme bien, qui saura lui offrir ce qu’elle mérite depuis tant d’années sans en voir la couleur. Mais je ne sais pas faire. Je ne saurai pas la regarder heureuse près d’un autre. Je la veux tout à moi, sans savoir être tout à elle.
J’aimerai lui promettre qu’Eliance n’est qu’un tome dans le roman de ma vie. Qu’avec elle, qu’entre nous, il peut y avoir plus que des chapitres. Que les pages sont tournées et qu’il ne reste que des feuillets vierges pour une histoire neuve. Sauter le pas, lui donner cette baguer achetée il y a quelque jours. Raturer de la mémoire la rousse écervelée et recommencer avec l’épicée.
J’aimerai. Mais je ne peux pas, je n’arrive pas à me la sortir de la tête.
Je ne sais pas faire.

Pour le bonheur de ma Fleur, pour Mai Ha.

Et enfin, pour ces trois lettres, reçues en même temps, comme un signe que le moment est venu. Pour ces épitres, arrivées sans doute en retard, l’oiseau ayant fait durer le trajet, accablé par le poids des mots.
Celle d’Eliance d’abord, qui crie à la promesse rompue, qui hurle que je me suis encore trompé dans mes choix.
Celle de Calyce, ensuite, qui énonce une énième vérité : tout est ma faute. Tout est toujours ma faute.
Et la troisième, celle d’Alaynna, n’a pas été lue jusqu’au bout. Je me suis arrêté au début, quand elle accable. Surement que si j’avais été jusqu’au bout, elle aurait ranimé la flamme d’une lumière qui se meurt. Surement aussi que ça n’aurait rien changé à ce que je suis en train de faire.

Pour tous ceux que je ne sais que décevoir, un seul mot est écrit, partout, hurlé nulle part : pardon. Mais surtout un seul geste, le clame : le corps qui se balance au bout d’une corde, est venu chercher ce pardon dans les souillures de la mort.

Pardon.
Pardon.
Pardon.


... Aujourd’hui, un frêne, vigoureux et puissant, droit et haut, stérile du moindre fruit en accueille pourtant un sur ses branches basses. Ancré au sol, terre nourricière, il tend ses ramures vers le ciel pour pousser vers l’éternel, vers le soleil, quand mon corps tombe lourdement vers le bas pour s’enfoncer dans les ténèbres, n'aspirant plus qu’au néant. Du sang sur les feuilles, du sang sur les racines, rien ne coule, rien n’est visible, pourtant de chacune de ces blessures invisibles, coule mon amour pour Elle, notre amour.
Un corps mort qui devient fruit de vie. Un fruit pourri, éteint de l’intérieur pour ce corps à corps avec la vie. Elle a perdu, ce combat, j’ai gagné cette guerre. C’est fini. Tout est fini.

Pour eux. Tous. Pardon.

Here is a fruit for the crows to pluck
Voici un fruit que les corbeaux cueillent
For the rain to gather
Que la pluie fait pousser
For the wind to suck
Que le vent assèche
For the sun to rot
Que le soleil fait mûrir
For the tree to drop
Que l'arbre fait tomber
Here is a strange and bitter crop
Voici une récolte étrange et amère


* Reprise d’Aaron - Strange Fruit.

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Ban : JD Calyce
Niallan
[Je te demandes si tu es une bête féroce ou bien un saint 
Mais tu es l’un, et l’autre. Et tellement de choses encore 
Tu es infiniment nombreux 
Celui qui méprise, celui qui blesse, celui qui aime, celui qui cherche
Et tous les autres ensemble*]


Vrai que je me suis dit tout ça du Moustachouette mais pour l'heure c'est pas à lui que je pense. Avec un air de benêt émerveillé, j'écoute les mouvements du petit miracle dans le ventre italien, tête posée contre celui-ci. Je me demande s'il sent que je suis là, s'il m'entend et s'il m'aime déjà. Je m'apprête à lui poser la question quand un gus venu d'on ne sait où se ramène et reluque un peu trop ma compagne à mon goût. Je perds mon sourire gaga pour un rictus annonciateur de « tu vas voir ta gueule à la récré », rabats les draps sur Fleur et me relève sans me soucier de ma nudité.

Non mais vas-y te gène pas, tu veux pas que je te file une loupe tant qu'on y est ? C'est MA femme.

Bon, pas tout à fait mais c'est tout comme. J'ai déjà la bague dont la composition particulière ne sera dévoilée qu'au moment propice pour ne pas spoiler les lecteurs et je sais déjà quand sera ce fameux moment. Bref, revenons-en à notre voyeur. Il se met à bafouiller, danse d'un pied sur l'autre et me refourgue une lettre.

Pardon m'sieur... Je voulais pas euh... T'nez, on m'a donné ça pour vous. Si vous voulez mon avis c't'urgent, la donzelle elle avait l'air un peu beaucoup s'couée.
Hum, ouais. Fiche-moi le camp. Que je dis en commençant à lire.
Vous m'donnez pas ma p'tite pièce ?
Considère que c'est le prix à payer pour éviter que je te refasse le portrait avec un tabouret.

Pour cette affirmation finale, je relève le nez pour lui lancer un regard noir, interrompant ma lecture par la même occasion. Depuis que l'italienne est revenue dans ma vie, plus encore depuis que notre enfant a bougé sous ma main, je suis devenu tellement protecteur que ça en est flippant. Le coursier ne s'attarde donc pas et repart en marmonnant je ne sais quoi. Je reprends la lecture, sourcils froncés. Au départ je comprends pas trop, comme c'est une lettre d'Eliance ça m'étonne pas des masses. Au milieu je commence à angoisser et à la fin je suis totalement paniqué. J'attrape la première paire de braies qui traîne, l'enfile à l'arrache -et à l'envers-, ne m'embarrasse pas d'une chemise et même si je saute dans une paire de bottes, j'ai l'air complètement à côté de mes pompes quand je regarde Fleur.

C'est Diego. Il...Il... Faut que j'y aille.

Sans lui laisser le temps de répondre, je tourne les talons et tape un sprint en direction de la chambre du moustachu, abandonnant femme, enfants et lettre derrière moi. Évidemment, il n'y est pas. Je me remets à courir, beugle son prénom dans toute l'auberge. Je continue à crier dans le village, m'arrête l'espace de quelques secondes pour reprendre mon souffle, mains sur les genoux. Je peux pas le perdre. Pas lui. L'estomac noué par l'angoisse, j'essaye de réfléchir à l'endroit où il pourrait être. A voix haute pour être plus productif.

Y'a pas de falaise, il a pas de poison... Fleur ne lui en aurait jamais donné. S'il s'était ouvert les veines, il aurait fait ça dans un bain. Y'a pas âme qui vive dans ce patelin donc il sera pas allé chercher la baston. Il reste... LES ARBRES.

Je perds bien vite ce semblant d'enthousiasme en prenant conscience qu'une forêt c'est plein d'arbres et que j'ai pas le temps de tous les étudier. Affolé, je m'élance vers les bois. Je me taule plusieurs fois parce que j'ai toujours le nez en l'air pour mieux y voir. Je gueule son prénom un nombre incalculable de fois, y ajoute quelque chose qui devrait l'empêcher de passer à l'acte.

Elle est vivante ! Diego, elle s'est pas suicidée ! Eliance est VIVANTE ! Fais pas le con bordel !

Mais il ne m'entend pas, il fait le con. Au loin, je distingue une corde accrochée à un arbre, je le vois, lui, juste en-dessous. Les yeux écarquillés de terreur, je tente de me rapprocher de lui tout en le raisonnant.

Oh oh oh qu’est-ce que tu fais ? Arrête ! Qu’est-ce qu’il te prend de faire des trucs pareil ? Pourquoi tu te fais du mal comme ça ? Qu’est ce qui ne va pas ? Parle-moi, tu sais que tu peux tout me dire.

Fail.
Je pourrai presque entendre le bruit que fait la branche quand le tabouret est évacué pour qu'il joue au pendu. Je hurle et accélère le rythme de ma course si c'est encore possible. Arrivé à destination, je l'attrape par la taille d'un bras, le soulevant pour que la corde arrête de l'étrangler. De mon bras libre, je rapproche le tabouret, y grimpe, coupe la corde et m'affale avec l'ami suicidaire au sol. Sans perdre de temps, je coupe les liens autour de son cou, lui fous une paire de claques et frappe sur son torse en guise de massage cardiaque pour qu'il se remette plus vite à respirer. Je le relève légèrement, secoue ses épaules, le regard fou.

Mais nan mais c’est des conneries tout ça tu le sais. Regarde-moi dans les yeux. Regarde-moi. On s’en branle, c’est pas important. Et puis comment je ferais sans toi moi? Et puis comment l’univers il ferait sans toi ? Ça ne pourra jamais fonctionner. C’est impossible. Alors faut pas pleurer ! Faut pas pleurer.

La vérité, c'est que c'est moi qui chiale. Quelques larmes. De nervosité, de soulagement. Je serre le rital dans mes bras, le corps tremblant, tout en causant.

Parce que ça va aller je te le promets, ça va aller. Parce qu’on est de ceux qui guérissent. De ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles.

J'ai eu mon miracle, il aura le sien.
Il va guérir, je vais le réparer.
Et on sera heureux, tous ensemble.

[Tu nous entends le Blizzard ? Tu nous entends ? 
Si tu nous entends, va te faire enc*ler 
Tu pensais que tu allais nous avoir hein ? 
Tu croyais qu’on avait rien vu ? 
Surprise connard ! 
...
Tu nous entends la Mort ? Tu nous entends ? 
Si tu nous entends sache que tu nous fais pas peur, tu peux tirer tout ce que tu veux 
On avance quand même, tu pourras pas nous arrêter 
Et on laissera personne derrière, on laissera personne se faire aligner 
Tout ça c’est fini !]



En italique, paroles de Fauve – Blizzard

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