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[Religion] Eglise Saint Bynarr Le Charitable

Varden
Il avait mal dormi ... Pour quelle raison ? A l'aube de cette journée, leurs fiançailles, il se sentait épris d'une crainte malvenue. Qui aurait pu dire ce qui trottait dans la tête de Varden pour qu'il se mette à douter, non pas à douter, à craindre cette étape de peur de la manquer, de ne pas être à la hauteur, de revivre ce qu'il avait déjà vécu ?

Ces derniers jours avaient été lots d'heureuses nouvelles et de tristes départs ... Le départ de ceux qui furent ses invités, Dame Clkikoz, Messire Belsilk, repartis vers leur terre d'asile, Alais la languedocienne ... L'heureuse nouvelle de savoir que Vanyel le rejoignait, non plus en permission comme trop de fois, non plus en simple visite mais de façon définitive ... Réunis enfin, envers et contre tous les obstacles qui s'étaient dressés sur leur route était un miracle en soit ... Rien n'aurait du les réunir au départ, et désormais leur histoire était commune ... Il n'en aurait jamais juré mais il n'avait pas l'intention de s'en plaindre ...

Une nuit à se remémorer ces souvenirs, une nuit à ne pas dormir, à somnoler dans la moiteur de la nuit, une nuit à penser à celle qui était devenue sa promise ...

Elle quittait Toulouse pour lui ... Il avait peine à l'avouer mais au-delà du bonheur que cela lui offrait, il était pétri de craintes de ne pas lui apporter ce qu'elle méritait, les joies du quotidien à ses côtés et l'absence de nostalgie loin de ses plus fidèles amis.

C'est donc, les yeux cernés de noir qu'il se leva, passant de l'eau sur son visage pour se rafraichir, oublier ses peurs, aller de l'avant, croire en eux ... D'un regard, il parcoura sa chambre ... Elle serait dans sa maison dorénavant, cotoyerait Astim quotidiennement ... Où était il lui d'ailleurs ? Il avait changé depuis qu'il avait rencontré Klementein, il faudrait qu'il en ait le coeur net !

Pas le temps de s'en occuper en l'instant, Vanyel l'attendait et il la rejoindrait, le palpitant agité, et la fatigue accumulée ... C'eut été trop beau qu'il soit dénué de questionnements personnels avant cet engagement ...

Elle était là ... Rayonnante et si innaccessible qu'il n'avait osé le rêver même ... Elle était sienne, ou tout comme, et il n'en revenait toujours pas.


Conversation anodine, discussion sans grande profondeur et avoir à coeur de se diriger vers l'église ... Main dans la main ... Partager un regard et entrer. Il glissa la main dans une de ses poches s'assurant qu'il avait bien ce qu'il avait rédigé la veille ... Il avait aussi amené ce qu'il fallait ... Tout ce qu'il fallait ... Ou presque ... Où était donc Tristan ? Le jeune fils de Dana, qu'il avait recueilli et envoyé en pension une année, et qui était revenu depuis peu à Mauléon s'était vu confié la lourde mission de recueillir plusieurs choses pour la Diaconesse ... Ce dernier n'aimait pas vraiment les hommes, quels qu'ils soient et passait ses journées à râler sur le fait que Varden s'occupait désormais de lui cependant, savoir qu'une femme allait venir en leur maisonnée lui avait depuis rendu le sourire et l'espoir sans doute aussi et il avait accepté d'amener les objets demandés à la cérémonie ...

Bref, il manquait encore à l'appel ... Regardant aux alentours, il espérait le voir arriver au plus vite ... Sans cela, Ermelina lui en voudrait sans doute à raison ... Et ça il ne l'aurait voulu pour rien au monde !

D'un pas hésitant donc, il entra aux côtés de Vanyel, la sienne, et admira le travail de la diaconesse pour agrémenter l'église de son village. C'était tout bonnement prodigieux, et il en oublia presque le pourquoi de sa venue ... Seul l'accueil d'Ermi, et de Vanyelle, la jeune, le fit revenir au pourquoi du comment ... Et il passa sa main dans ses cheveux, comme à chaque fois qu'il était gêné, parlant à voix basse, comme souvent il avait réflexe à le faire en les églises ...


Tout bonnement magnifique ...
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Grand Audiencier
Comte d'Ossau
--Tristan.marcelon


[Non loin de là dans un champ de coquelicots, et abusivement en retard, le retour de l'enfant !]

Un cruel dilemme s'offrait à l'enfant en cet instant. Il œuvrait pour Dame Vanyel, pour Dame Ermelina, dont Varden lui avait tant parlé, et aider des femmes lui semblait naturel et légitime mais n'œuvrait il pas dans le même temps pour Varden ? Si c'était pour Varden, autant qu'il arrête de suite, il ne désirait pas lui faire plaisir, ni même participer en quoi que ce soit à quelque chose qui lui servirait ... C'était un homme, semblable à tous les autres et forcément à éviter le plus possible ...

Dana lui manquait tant en ces longs moments de solitude ... Il avait demandé, presque exigé d'être envoyé loin de Varden en études mais le temps était au retour. Seul gage de son lien avec celui qui s'occupait désormais de lui ... Un chat, apparemment offert par Demoiselle Lara mais dont les envies détonaient souvent avec ceux du jeune garçon. Pourquoi un chat ne tenait il compagnie à son maître que selon ses bons plaisirs ?

Soupir rêveur puis regard autour de lui ... Ah oui les coquelicots, il ne manquait que cela ... Son bleuet dans la main gauche, son sou dans la poche et ce coquelicot, le plus beau, qu'il cueillerait donc avant de s'en aller courir vers l'église !

Flûte, elle était ouverte, et il y avait déjà du monde à l'intérieur ... Enfin, il y avait Varden et sans doute Vanyel également ...

Longue hésitation sur ce qu'il devait faire ... Varden avait dit "C'est pour Ermelina" oui mais voilà, Ermelina, la dame de l'église, elle était occupée là ... Mais si c'était urgent ? Alalalala, il ne savait plus quoi faire, entrer, ne pas entrer ...

Il fallait bien se décider, et le souffle encore court, il se décida à entrer discrètement, tentant de signaler sa présence à la Diaconesse ... Varden ne l'avait pas encore vu, enfin il ne le manquerait pas vu qu'il allait devoir se rendre presque devant les deux V ...

Tête baissée et le rouge aux joues, Tristan leva les mains vers Ermelina pour qu'elle saisisse ce qu'il lui avait amené ... Puis en courant, il détala à toute allure, de peur d'être arrivé trop tard, de se faire disputer ou il ne savait quoi d'autre ...

Sur qu'un mariage avec Dana, il n'aurait pas subi ça !
Ermelina
Elle vieillissait, c'était certain. Ce n'était pas l'arrivée du couple qui tira Ermelina de sa prière mais bien l'excitation croissante de Vanyelle. La petite ne se fit pas prier pour aller embrasser sa tatie préférée. Ermelina, elle, prit son temps. Elle se releva, épousseta distraitement le devant de son vêtement puis le lissa afin de paraitre - pour une fois - à peu près présentable. Le sourire aux lèvres, elle s'avança à son tour vers les fiancés. A son tour, elle embrassa Vanyel, lui adressant un grand sourire encourageant, observant sur son visage les marqueurs d'une appréhension des plus légitimes chez une future fiancée. D'un signe de tête à la fois élégant et respectueux, reste du temps passé à la chancellerie languedocienne, sans doute, elle salua Varden puis reporta son attention sur la promise. Sans dire un mot, comme tout conspirateur qui se respecte, elle reçut de ses mains sa "commande spéciale", qu'elle avait passé le jour où elle avait su qu'elle aurait la chance et le privilège d'officier au mariage de l'ancienne comtesse de Toulouse et du Languedoc et de l'ancien comte du Béarn et de Champagne. Un rapide coup d'oeil à l'objet lui fit comprendre qu'il serait parfait lorsque le moment de l'utiliser serait venu.

Des bruits de pas précipités arrachèrent la diaconesse à sa courte observation. Avant qu'elle ait le temps de dire "ouf", un jeune garçon avait remonté la nef et avait fini par se planter devant elle. Essouflé et visiblement indécis, il se contenta d'ouvrir les mains, dévoilant ainsi les trésors qui s'y trouvaient. Ermi réceptionna la "commande spéciale" qu'elle avait passé à Varden. Dès que les fleurs et la pièce eurent changé de main, le messager détala.

Merci infiniment, jeune homme ! cria presque Ermi à son livreur improvisé alors qu'il quittait l'église. Un sourire aux lèvres, elle posa son précieux butin sur un coin de banc puis se retourna vers l'assemblée restreinte. Il était plus que temps de commencer...

Bienvenue à toi, Vanyel, et à toi, Varden, dans la maison du Très-Haut en ce jour heureux, leur dit-elle de sa voix chaude où la traditionnelle petite pointe d'accent de sa terre natale chantonnait, comme toujours quand la jeune femme était soit émue, soit hors d'elle. Avec un naturel déconcertant et sans cesser de sourire, elle attrapa d'un geste sûr, rendu automatique par des mois de pratique, le col de la robe de Vanyelle qui tentait de profiter de l'occasion pour aller voir ailleurs si d'une part sa maman y était, d'autre part pour découvrir toutes les merveilles de la bâtisse. Sans prêter une réelle attention à sa progéniture qui poussait des soupirs propres à attendrir des pierres, mais visiblement pas la vigilance maternelle, la petite diaconesse regarda tour à tour son amie et l'amoureux de cette dernière.

Nous voici donc enfin réunis ici, aujourd'hui, pour célébrer les deux plus beaux cadeaux que le Très-Haut fit à ses créatures. Le premier, présent magnifique bien qu'à double tranchant, est la liberté, celle qui nous rend responsables de nos actes devant Dieu, mais aussi celle qui nous rend libres de décider, de choisir par nous-même, nous rendant ainsi maîtres de nos vies et de nos actions et par delà, maîtres de notre salut et de notre rédemption. Un petit "Maiheuuuuuh !" de protestation vanyellien se fit entendre, calmé aussi sec par un regard noir ermien. L'enfant poussa un profond soupir et abandonna toute tentative d'évasion. En apparence du moins. Discrètement, elle s'approcha de sa Tatie-Biscuit et fourra sa menotte dans celle de son homonyme.

Par vos choix, vous êtes entrés dans la communauté des croyants le jour de votre baptême ; par vos actes, vous avez décidé de marcher dans les pas d'Oane, d'Aristote, de Christos, de Valentin, faisant de la Raison et de la Foi vos guides.

C'est qui, Oane ? Et c'est qui, Valentin ? Je ne les connais pas, ceux là...

Le regard plein d'innocence et d'une visible envie de comprendre de Vanyelle faillit plonger la petite diaconesse dans l'une des longues sessions dites "Explication du livre des Vertus pour les moins de cinq ans". La rouquine se ravisa au dernier moment, plaqua un index impérieux sur ses lèvres pour intimer le silence à l'enfant avant de lui faire un clin d'oeil.

Plus tard, quand on aura fini, je t'expliquerais tout, promis, susurra-t-elle.

Comme eux avant vous, reprit-elle d'un ton plus solennel, vous avez décidé d'accepter d'ouvrir vos coeurs et vos âmes, d'aimer Dieu comme Lui vous aime, et d'aimer vos prochains sans calculs, sans réserve, sans fausseté, acceptant ainsi le second présent de Dieu qu'est l'Amour. L'Amour, juste pendant de la Raison, sans qui la raison n'est qu'une coquille vide, peut prendre bien des aspects. Que ce soit celui d'un enfant pour ses parents, celui d'un parent pour ses enfants, il n'est jamais qu'une manifestation de Celui du Très-Haut pour chacune de ses créatures. Ermelina marqua une courte pause, souriant toujours aux promis, guettant une Vanyelle visiblement fascinée par un pigeon inconscient du danger, voir suicidaire, qui picorait sur le parvis voisin à deux enjambées de la fillette.

Aujourd'hui, Vanyel, Varden, c'est encore une autre forme de cet Amour qui a guidé vos pas en ce lieu. Au fur et à mesure que son allocution avançait, la rouquine se sentait un peu plus en confiance, un peu moins émue, juste toute à la joie de la cérémonie qu'elle s'apprêtait à célébrer. Cet amour était enfoui au fond de vous, comme la graine d'une rose l'est au fond de la terre au coeur de l'hiver. Comme la rose lorsque le radieux soleil du début du printemps caresse cette même terre, cet amour en vous s'est éveillé le jour où vous avez posé les yeux l'un sur l'autre. Comme la rose, lorsque les ondées succèdent au soleil et le soleil aux ondées, votre amour a grandi et s'est fortifié, ton amour, Vanyel, nourrissant celui de Varden, ton amour, Varden, nourrissant celui de Vanyel. Comme la rose au début de l'été, alors que le mois de juillet s'apprête à débuter, votre amour est enfin prêt à éclore au su et à la vue de tous. Petite pause, histoire de s'assurer que le silence inquiétant de sa fille était lié à une observation quelconque et non pas à une colombophilie brusque et soudaine se traduisant par une traque sans pitié d'un malheureux volatile.

C'est cet amour noble, désintéressé, qui vous pousse l'un vers l'autre, telles les deux moitiés d'un seul être, lui qui a permis à vos coeurs de s'émerveiller de la métamorphose qu'ils subissaient, lui encore qui, vous prenant par la main comme on guide deux enfants purs, vous amène enfin devant la maison du Très-Haut. Et afin que cet amour perdure, pour que, comme la rose qui se transforme en buisson dense et fleuri, il puisse croitre encore, s'épanouir, évitant de se désécher, de dépérir ou de se flétrir, vous avez décidé d'unir vos coeurs, vos vies et vos âmes. Et le premier pas vers cette union sacrée, vous allez le franchir aujourd'hui, en transformant vos accordailles et en ouvrant le temps des fiançailles.

Pour commencer, Vanyel, Varden, nous allons vérifier vous bans et les lire à haute et intelligible voix puis les placarder, comme le veut la bonne coutume et la tradition de l'Eglise.
Les choses sérieuses commençaient enfin, et la petite diaconesse se réjouissait. C'est donc une Ermi radieuse, sincèrement heureuse pour une Vanyel qui méritait à ses yeux plus que beaucoup ce bonheur, qui attendit donc les parchemins qui allaient sceller le destin de deux vies jusque là solitaires.
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Vanyel
Si Ermi n'avait pas déjà été diaconesse, sans doute qu'elle l'aurait bénie.. quoique pourquoi ne le pouvait-elle pas? Une chose était certaine, elle lui était infiniment reconnaissante déjà d'avoir accepté d'être celle qui les fiançait et ensuite de les guider au travers du procédé.
L'arrivée d'un jeune homme la surprit, mais elle n'eut pas l'occasion de poser quelconque question que déjà il disparaissait? Il faudrait qu'elle se renseigne après, non qu'elle était intriguée mais si quand même. Se recentrer sur ce qui se passait...

Tous trois écoutaient Ermi. Hein trois ? Ah bin oui, Vanyelle qui tenait la main de Vanyel et Vanyel qui tenait celle de Varden. Elle aussi aurait bien demandé qui était Oane et Valentin.. qui sait, avec une peu de chance elle pourrait assister à la leçon particulière promise avec la puce.
Des pensées quelque peu erratiques faisaient écho aux paroles d'Ermi. L'Amour .. douce utopie à laquelle elle avait tenté de se soustraire, car s'il est vrai que celui-ci peut vous donner des ailes, plus on monte et plus la chute est violente quand celles-ci se brisent. Ils le savaient tous deux...
Qu'est-ce qui était vraiment né lorsqu'ils s'étaient par hasard rencontrés ? Quelque chose d'indéfinissable, mélange de curiosité agrémenté de longues discussions avec un soupçon d'attirance inconsciente puis niée... avant de ne pouvoir plus être ignorée. Peut-être que l'image de la rose était adéquate, puisqu'il leur faudrait également prendre garde aux épines.

Et vint le moment de lire les bans.. oui .. oui.. mais elle avaient les deux mains prises en l'occurrence. Il lui fallut donc d'abord les libérer avec douceur, posant une main sur la tête de Vanyelle avec un sourire, serrant celle de Varden avant de la lâcher pour s'emparer du parchemin dissimulé dans le ventre de sa petite sacoche.
Elle regarda Ermi, puis Varden d'un air interrogateur.. elle n'aurait pas dû prendre la feuille en premier, c'était tacitement s'engager à lire aussi en premier. Elle respira doucement avant de prendre la parole.


Merci pour cet accueil Ermi, et d'être là aujourd'hui se donner du temps, ou essayer en tout cas. Puisque c'est la tradition, qu'elle soit suivie comme il se doit.

Elle déroula le parchemin, et en fit la lecture après un instant de silence, d'hésitation ou de concentration, allez savoir.

Vanyel de Prume, petite grimace réprimée mais fortement pensée tandis que ses yeux parcourent la suite mais que les mots ne sont pas encore prononcés, les titres... Vicomtesse d'Agde et de Villemur, Baronne de Lunel, résidente de Mauléon étrange comme elle ralentit en disant cela, mais c'était maintenant vrai.. se concentrer et continuer et Varden .. forcément elle s'était trompée .. reprendre presque comme si de rien n'était et Valère d'Arezac, Comte d'Ossau, Vicomte de la Ferté sur Aube, propriétaire d'un moulin sis en la bonne ville de Mauléon .. convoleront en justes noces en l'église de Mauléon ici-même pensa-t-elle distraitement .. le 15 juillet 1457.
Dame Nuitcristaline se portera témoin de cette union.
Lire d'abord pour elle la dernière ligne et de relever la tête et regarder Ermi avec un sourire simplement heureux. Le sacrement sera délivré par dame Ermi..elina Lioncourt.

Elle tendit ensuite la feuille à Ermi. C'était dit. Distraitement, elle avait reposé une main sur l'épaule de sa petite homonyme et regardait maintenant Varden.
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en cours de modification
Varden
Cré nom de nom ! Tristan !

Heureusement, il n'avait fait que penser ... L'espace d'un instant, Varden avait failli oublier où il se trouvait et s'était apprêté à bondir sur le jeune garçon pour lui demander s'il avait bien les objets requis ... Mais pas la peine de se poser la question ... Plus prompt que l'éclair, il avait remis à Ermelina ce qu'il fallait et s'était enfui sans un regard pour lui ...

Il aurait bien du mal avec cet enfant, il fallait le craindre ...

Bref, revenant à ses moutons, ou plutôt ses vaches béarnaises, il se concentra sur la cérémonie ... Qu'allait donc suivre ? Ah oui les bans ! Lui, il aurait bien commencé mais Vanyel semblait vouloir le faire ! Alors bon, il n'allait pas la priver de le faire en premier ... Il écouta, sourit, songea puis sourit à Vanyel à la fin de la lecture, Vanyel qui le regardait ...

D'un clignement des yeux, il acquiesça qu'il trouvait ça fort joli, du moins essayait il de le faire comprendre ainsi ...

Vanyel le regardait toujours ... Tiens Ermelina aussi ...

Et bien, et bien continuons, voilà qui est lu, passons à la suite que diable !

Voilà ses pensées avant de n'être frappé par la lucidité de comprendre qu'on attendait désormais sa lecture ...

Ses bans ! Où donc étaient ses bans ? Ah oui ! Avec lui bien entendu !

Prendre le parchemin, le dérouler ... Bien, ils ressemblaient presque à ceux de Vanyel, cela serait facile ...


Alors ... Hmm ... Hmmm ...

Valère d'Arezac ...

Comte d'Ossau, Vicomte de La Ferté sur Aube, propriétaire d'un moulin sis en la bonne ville de Mauléon ...

Et Vanyel de Prume ... Vicomtesse d'Agde, de Villemur, Baronne de Lunel ...

Résidente de Mauléon ...


Large sourire ravi à la lecture de cette dernière phrase ... Poursuivre

Convoleront en justes noces en l'église de Mauléon ... Le 15 juillet 1457.

Damoiselle Klementein se portera témoin de cette union.

Le sacrement sera délivré par Dame Ermelina ... Lioncourt ...


Oh ! Elle s'appelait Lioncourt ! Il n'avait jamais su le nom d'Ermi, ou bien l'avait su sans le retenir ... Il essayait de s'en souvenir mais rien ne lui semblait s'approcher d'une telle conversation ...

Cela importait peu mais Varden avait le souci du détail parfois ...

Relevant le regard, il regarda successivement, Vanyel, Ermelina, Vanyelle pour savoir ce qu'il devait faire ... La petite demoiselle ne semblait pas en savoir plus que lui à vrai dire ... Voyant les bans de Vanyel dans les mains d'Ermi, il s'empressa de lui tendre les siens en souriant puis se retourna vers Vanyel, attendant la suite ... Enfin ce qui allait venir ... Car ils n'étaient pas encore fiancés ... Du moins le supposait il ... Cela se terminait par un baiser non ? Interrogation sur la suite, avoir tout oublier le jour de la cérémonie n'était guère malin et il n'en était pas fier mais il se débrouillait pourtant bien ... Très bien même aurait il dit ...

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Grand Audiencier
Comte d'Ossau
Ermelina
Vanyel avait ouvert le bal des lectures. Ermelina écouta attentivement. Non pas qu'elle ignora ce qui allait se dire mais pour s'assurer qu'aucune erreur, aucun oubli n'était venu se glisser dans le texte. Avec un sourire radieux, elle prit les bans de la main de la jeune femme puis reporta son attention sur Varden. Visiblement, Vanyel n'était pas la seule à être très émue. Il fallut un petit temps avant que le "namoureux", comme aimait à dire Vanyelle, se lance dans sa lecture. Parcourt sans faute pour le Béarnais, qui conclut son intervention en tendant également son bout de vélin à la diaconesse, qui s'en saisit.

J'arrive, dit-elle aux tourtereaux.

Tout en avançant vers la porte, la petite diaconesse regarda attentivement les documents avant de les lire à son tour à haute voix. Trois fois les bans avaient été lus, personne n'avait manifesté d'opposition au mariage à venir, tout allait donc pour le mieux. Ermelina se tenait devant la porte et la regardait presque bovinement. Elle pivota sur ses talons, chercha sa fille du regard et mima le geste de quelqu'un qui punaise. La pantomyme n'était pas un art dans lequel la diaconesse excellait, mais, miracle, l'enfant comprit. Elle porta la main à sa poche puis s'élança vers sa mère. Triomphalement, elle lui tendit une petite boîte. Avec soulagement, la rouquine l'ouvrit, piocha quatre pointes de fer dans la réserve qui lui servait jadis à accrocher les déclarations comtales sur la place de la mairie de Mende, puis plarcarda les bans à la vue de tous, comme c'était l'usage.




Ca, c'est fait, ne put s'empêcher de penser la rouquine. Un hochement de tête satisfait accompagna ce constat. Mentalement, elle biffa sur la liste des choses à faire en ce jour "vérifier la conformité des bans" et "publier les bans". Logiquement venaient ensuite l'étape "bénir les fiancés" et "ouvrir la période de fiançailles", et ce n'était décemment pas sur le parvis de l'église que la diaconesse pourrait s'adonner à ces activités. Comme de juste, la jeune femme attrapa la main de Vanyelle après l'avoir remercier pour lui avoir retirer une belle épine du pied ; de sa main libre, elle invita Vanyel et Varden à leur emboîter le pas.

Mère et fille remontèrent le bas-côté, visiblement guillerettes ; arrivée sur le seuil de la chapelle, la petite diaconesse se pencha vers l'enfant, l'embrassa doucement sur le front puis lui glissa quelques mots à l'oreille avant de lui indiquer la place qui serait la sienne le temps de la cérémonie. Laissant Vanyel et Varden s'installer à leur convenance, Ermi s'activa de son mieux pour ne pas trop faire attendre son petit monde. D'un geste sûr, elle prit sur l'autel une petite boîte en émail champlevé. Comme souvent, elle était en forme de châsse, mais ici, elle était ornementée délicatement de mandorles où s'abritaient des anges dorés aux ailes déployées.


Fais bien attention, Vanyelle, recommanda la jeune femme. Il ne faut pas la poser, ni la renverser. Tu dois la tenir précieusement, jusqu'au moment où je te ferai signe. C'est d'accord ?

D'accord. Petite moue pensive suivie d'un regard interrogateur.

J'ai le droit de l'ouvrir, si je la tiens ?

Hmmm... Non. Il faut être grand et au moins diacre pour avoir le droit de le faire.

Pffff... C'est pô juste, c'est toujours les mêmes qui s'amusent, râla la fillette sur un ton boudeur du plus bel effet. Il ne manquait plus que le reniflement de mépris et on aurait pu avoir une réplique miniature d'Ermi aux cheveux noir de jais.

Ce sont peut-être toujours les mêmes qui s'amusent, damoiselle, mais sache que tout le monde n'a pas le droit de tenir ce coffret entre ses mains. C'est un très grand privilège que tu as là. Je ne suis pas sûre que le roi lui-même ait eu un jour ce genre d'objets entre ses royales mimines.

Les yeux de la fillette se mirent à briller d'émerveillement devant le grand honneur qui lui était fait. Naturellement, la rouquine ne précisa pas que, théoriquement, le roi avait très certainement d'autres chats à fouetter, que de tripatouiller des objets liturgiques n'entrait pas dans ses occupations quotidiennes et qu'il avait sans doute toute une maisonnée pour faire la chose à sa place en cas de besoin ou si la fantaisie lui en prenait : elle ne précisa pas non plus que la petite serait payée en dragées sucrées et croquantes pour le travail qu'elle allait avoir à effectuer. Ce n'était vraiment pas le moment de la distraire avec des promesses de paradis terrestre. Loin d'éprouver un quelconque remord, la Machiavel en jupons estima que l'impérieuse raison liturgique réclamait à corps et à cri une Vanyelle sage et disciplinée, ce que le stratagème rendait possible ; la récompense finale venant compenser le petit effort, la diaconesse s'en retourna à l'autel la conscience tranquille et le coeur léger.

Ermelina avait l'habitude de dire que célébrer une cérémonie, c'était comme réaliser un plat. Il fallait de bons ingrédients dans les deux cas (il est certain que comparer des aristotéliciens à des oeufs frais ou du sucre aurait eu de quoi froisser quelques ego, mais la petite diaconesse n'était plus à ça près dans ses crises d'antisocialité passagères), les bons ustensiles (un débit fluide et une voix qui porte faisant office dans un lieu saint), ce fameux savoir-faire qui ne s'acquiert qu'au fil du temps, une cuisson excellente (éviter les cérémonies bouclées en trois minutes et les cérémonies bouclées en six heures pour éviter l'effet cru ou l'effet charbon de bois) et surtout, une bonne recette qui supporte la fantaisie de la personnalisation dite "au pifomètre" du cuisinier. Un coup d'oeil aux promis puis à Vanyelle permit à la rouquine de s'assurer que tous les ingrédients étaient réunis. Un raclement de gorge discret lui assura que les ustensiles étaient parés. Pour une simple bénédiction, la cuisson ne devrait pas excéder le quart d'heure, surtout en tout petit comité. Ne manquait plus que la recette. D'un geste qui trahissait l'habitude de l'usage des ouvrages volumineux et lourds, Ermelina saisit son grimoire et l'ouvrit avec une délectation semblable à celle d'un chat venant de trouver accidentellement une assiette de lait et s'en repaissant. Fronçant un peu les sourcils pour accommoder sa vue à ses pattes de mouche, elle entreprit de retrouver ses notes sur les fiançailles.


Hmmm... Baptême standard... Non. Baptême de luxe... Non, marmonna-t-elle. Baptême espagnol... Non . [/b]A l'évocation de ce mode d'emploi si particulier, la jeune femme sourit, leva les yeux au ciel pour le prendre à témoin des bizarreries ibères qu'elle avait pu croiser et reprit ses recherches méticuleuses.

Funérailles... Dieu nous en préserve... Catéchèse standard... non. Catéchèse pour les blondes... Non. Mariage... pour les ides de juillet. Ah ! Fiançailles ! Un rapide coup d'oeil, lui permit de se rafraichir la mémoire sur les points à ne surtout pas oublier. Il ne restait donc plus qu'à se mettre aux fourneaux.

Ma bien chère soeur, mon bien cher frère, ma très chère presque soeur, entonna la jeune femme en se redressant et en joignant les mains devant elle pour se donner une contenance. Sa voix claire résonnait sous la voute de l'édifice désert.

Nous voici donc réunis dans cette cuisine... Temps mort. Il fallait croire que la chose était inévitable. Visiblement, les petites cellules grises de la diaconesse s'étaient laissées distraire et partaient méchamment en sucette. Profonde inspiration.

Nous voici donc réunis dans cette église... Elle insista lourdement sur le dernier mot tant pour corriger sa bourde que pour motiver son équipe de choc neuronale et la forcer à un peu de discipline et de concentration.

... Afin d'ouvrir la période des fiançailles. Cette période sera, comme vous vous en rendrez vite compte, un grand moment de joie ; elle est souvent vécue avec insouciance et légèreté. Autour de vous, vos familles et vos amis se réuniront. Vos deux mondes apprendront à ne faire plus qu'un pour votre plus grand bonheur. Les préparatifs iront bon train, comme de juste, et j'espère sincèrement que vous ne vous retrouverez pas submergés par le flot des obligations. Un petit sourire retroussa légèrement les lèvres d'Ermelina.

Cette période, cependant, a aussi un but plus profond. C'est au cours de ces quinze jours que vous pourrez commencer à construire votre nouvelle vie. Non pas en planifiant vos déménagements respectifs, mais bien en ouvrant vos coeurs l'un à l'autre, sans retenue. En partageant inconditionnellement et chastement les sentiments qui les habitent. En renforçant les liens qui vous unissent, comme le lierre renforce son étreint chaque jour un peu plus autour du chêne. Pendant ces quelques jours, vous serez plus proches que vous ne l'avez jamais été : c'est là, dès votre sortie de cette église qu'il vous faudra consolider votre amour, faire en sorte que, comme le chêne, il enfouisse ses racines le plus loin possible dans la terre, pour vous donner la force de surmonter les tracas du quotidien et de résister aux épreuves de la vie, main dans la main.

Par vos paroles, par vos choix et surtout par vos actes, renforcez votre amour l'un pour l'autre, pour qu'il croisse dans la joie et la simplicité et embellisse, et pour qu'il devienne le plus bel hommage que vous puissiez faire à Dieu. Car comme le disait Christos à Natchiatchia : " Lorsque deux êtres s'aiment d'un amour pur et qu'ils souhaitent perpétuer notre espèce par la procréation, Dieu leur permet, par le sacrement du mariage, de vivre leur amour. Cet amour si pur, vécu dans la vertu, glorifie Dieu, parce qu'Il est amour et que l'amour que les humains partagent est le plus bel hommage qui puisse lui être fait."

A présent, prions le Très-haut pour qu'Il vous guide vers le mariage et qu'Il nous guide tous sur le chemin de l'Amour.


Seigneur Dieu aide nous à vivre pleinement ces fiançailles, dans la joie, dans la foi et dans la prière.
Que ton Amour rende le couple de Vanyel et Varden de plus en plus fort, qu'il les aide et les soutienne chaque jour que Tu feras.
Aide-les dans ce cheminement, pour qu'ensemble ils puissent avancer sereinement vers l'engagement de leur vie, dans le sacrement du mariage.
Aide les à discerner et avancer dans ce chemin, libre et confiant de ta présence à leurs côtés.
Seigneur Dieu, nous te prions.



Ermi marqua un petit silence comme il convient après une prière pour permettre à chacun de se recueillir, puis se tourna vers Vanyelle. D'un petit geste de la main, elle fit signe à l'enfant de s'approcher. Un sourire radieux illumina un instant le visage de la rouquine lorsqu'elle observa sa fille avancer lentement, précautionneusement, pour ne pas renverser la boîte, la lâcher, voir butter contre une dalle traitresse et s'affaler de tout son long. La diaconesse se pencha avec tout le sérieux dont elle était capable, prit respectueusement le coffret des mains de l'enfant et la salua comme s'il s'était agi d'une princesse de sang. La fillette sourit à sa mère, un grand sourire aux lèvres, visiblement très fière de son exploit et alla s'installer à côté de sa Tatie. Pendant ce temps, Ermi ouvrit la châsse contenant les huiles saintes et en extirpât un précieux flacon en verre.

Vanyel, Varden, agenouillez vous, je vous prie, dit-elle aux jeunes gens tout en débouchant le plus délicatement possible (ce qui n'était pas un mince exploit quand on la connaissait un tant soit peu) le flacon. Après avoir trempé son pouce dans le liquide ambré, elle s'approcha de Vanyel, prenant bien soin de ne pas tacher ce qui devait être sa seule et unique robe, et dessina une petite croix sur son front, appliquant ainsi l'huile sainte.

Vous, qui aimez les autres, aidez votre prochain, et vivez dans le respect des préceptes Aristotéliciens, dit-elle sans cacher sa joie et sa satisfaction, avant de s'approcher de Varden.

Vous, fidèles de notre Sainte Eglise, amenés à vous chérir l'un et l'autre, jusqu'à ce que le Seigneur vous rappelle à lui, poursuivit-elle en signant le front de Varden.

Je vous bénis, et déclare officielle votre période de fiançailles ! Que le Très-Haut veille sur vous au court de la quinzaine à venir..., annonça-t-elle en invitant les fiancés à se relever. Elle se tourna vers Varden et le regarda dans les yeux, sans ciller.

Varden, afin de commencer dès à présent à laisser le lierre qu'est ton amour resserrer son étreinte autour du chêne qu'est l'amour de Vanyel, et afin que tous ici connaissent sa beauté et sa pureté, laisse parler ton coeur et exprime librement les sentiments que t'inspirent ta promise. Vanyel, reprit la petite diaconesse en se tournant vers son amie, afin de commencer dès à présent à laisser le chèvrefeuille qu'est ton amour resserrer son étreinte autour du chêne qu'est l'amour de Varden, et afin que tous ici connaissent sa beauté et sa pureté, laisse parler ton coeur et exprime librement les sentiments que t'inspirent ton promis.

Ceci dit, Ermelina fit un petit pas en arrière, se mettant en retrait pour laisser la parole aux fiancés.
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Varden
Il ne trouvait pas qu'ils s'amusaient ... C'était étrange une fille de diaconesse, ça s'amusait avec des choses bizarres ... Juste le temps de hausser un sourcil devant la mine boudeuse de l'enfant, qu'ils étaient entraînés, Vanyel et lui pour la suite ...

Mais voilà, qu'Ermi les faisaient s'agenouiller, le marquait d'une croix ambrée et bénissait leurs fiançailles !

Ah bon ? Déjà finies ?

Bon et bien allons y ... D'un élan vouloir remercier la diaconesse et la petite Vanyelle tiens aussi ... Mais apparemment, Ermelina n'en avait pas fini du tout ...

Ah ? C'était étonnant aussi ...

Mais qui ? que ? quoi ? Il devait exprimer qué donc ? Un regard vers Vanyel, ce coup ci il l'aurait volontiers laisser s'exprimer la première mais pour le coup, il avait hérité de la primeur de l'expression en tout état de cause ...

Bien ... Bien ... Son amour pour Vanyel ...


Alors ... Et bien, tout d'abord, je n'avais jamais imaginé que je sois un lierre ... Et encore moins Vanyel un chêne, je dois dire ... C'est assez troublant mais au choix je préfère le chèvrefeuille de par ses fleurs qui éclosent sans doute ...

C'était si peu probant ... Mais l'inspiration n'était pas loin, poser son regard sur Ermelina et reprendre ... A propos de sa Vanyel donc ...

Finalement, je pourrais la comparer à une fleur qui tend à éclore et à goûter à la douceur de la lumière, après tant de temps à avoir été renfermée sur elle même dans l'ombre ... Je ne vais pas revenir sur ce que nous avons vécu, sur ce qui nous a tant de fois séparés, puis réunis désormais ... Je ne vais pas revenir non plus sur ce qu'elle est, généreuse, passionnée, déraisonnée à l'envie et tellement adorable même lorsqu'il est l'heure de s'opposer à certains de ses choix ... Sourire à l'évocation de souvenirs de reproches sur des voyages dangereux, de venues innatendues mais qui l'emplissait tant de bonheur ... Il est, à mon sens, des vérités évidentes à côté desquelles l'on ne peut passer ... Vanyel est de celles ci, une de mes vérités, une de mes évidences ... J'ai l'espoir, le désir, de pouvoir lui apporter le bonheur auquel elle a droit ... Je fais le vœu d'y parvenir et de ne jamais m'en départir ... Elle est ... C'est pourtant si difficile à définir ... Ce que je ressens pour elle, ancré en moi, me torturant quand elle s'éloigne, me réjouissant quand elle partage des instants comme celui ci avec moi ... Elle est ... Elle est ... tout simplement Vanyel, et je crois que, finalement, c'est la plus belle parole qu'il me soit possible de dire ...

Les joues rosies, le souffle coupé par l'émotion, Varden s'arrêta là ... Avait il dit ce qu'il fallait ? Du moins était ce ce qu'il ressentait ... Il n'osa pas de suite tourner le regard vers Vanyel de peur de ne pas avoir su exprimer tout l'amour qu'il ressentait pour elle ... Il jeta un premier coup d'œil curieux tout de même ... C'était peut être le moment de lui offrir son "gage" ... Ermelina ne l'avait pas bien formé ! Non, en vérité il n'avait pas assez bien retenu ... Hésitant, il guetta donc un quelconque signe salutaire de la diaconesse qu'il pouvait offrir à Vanyel là le si modeste bijou qu'il avait commandé auprès d'un orfèvre ...

Apparemment, tout était bon, il était respectueux des us et coutumes ... C'est qu'il ne se fiançait pas tous les jours lui !

Portant sa main à sa poche, il saisit donc la fine chaîne d'argent auquel était attaché le bijou, objet de ces symboles qu'il aimait tant ... Deux V argentés, l'un mat et l'autre brillant, couplés, attachés ... Rappel du fait que leurs prénoms commençaient tous deux par un V et que désormais il serait lié à elle et elle à lui ... En espérant qu'elle aime tout de même ... Il se mit face à elle et le lui accrocha autour du cou, en souriant ... Il serait temps d'avoir sa réaction quelque quand après ... Sourire timide, quelque peu dépassé par l'émotion que ces moments provoquaient en lui, Varden se remit à sa place laissant alors à Vanyel le soin de s'exprimer avec le chèvrefeuille autour de l'arbre de leur amour ...

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Grand Audiencier
Comte d'Ossau
Vanyel
Écouter Ermi, esquisser un sourire à son charmant lapsus, suivre en essayant de faire en sorte que ses pensées ne vagabondent pas trop ce qui était loin d'être gagné vu qu'elles venaient de s'accrocher au mot déménagement, chose à laquelle il n'était plus temps de penser étant donné que celui-ci avait déjà eu lieu. Elle estimait avoir eu de la chance en chemin, et pour cause quand on se retrouve quelque part perdue au milieu de l'Armagnac en apercevant deux groupes notoires de brigands, l'un français l'autre espagnol, heureusement que Russo et elle savaient se faire discrètes et qu'Astrid elle avait rapidement appris à le faire. Puis le retrouver à Tarbes - en évitant soigneusement de lui raconter la route puisque tout s'était déroulé sans encombre - et revoir une de ses maires qui n'était plus maire, d'un autre côté elle n'était plus cac non plus. Morigénage de neurone pour le ramener à la cérémonie...

Si elle avait été d'humeur à pinailler, peut-être qu'elle aurait pu dire que le sol était quand même dur quand on est à genoux, mais pour commencer cela ne faisait absolument pas parti de ses préoccupations du moment, ensuite elle pouvait faire un petit clin d'œil discret à la puce à ses côtés après qu'Ermi lui eut tracé une petite croix sur le front et pendant que celle-ci s'occupait de faire de même à Varden. Et puis ils n'étaient pas restés ainsi si longtemps qu'ils en aient des crampes puisque peu après ils se relevaient. Ils étaient fiancés, pourtant son sourire à cette nouvelle fut de courte durée quand elle entendit la suite... Lierre, chêne, chèvrefeuille... les images étaient plaisantes, et il semblait qu'Ermi ait choisi la botanique pour l'occasion, mais ce qui l'ennuyait - pour ainsi dire - c'était la promesse à faire.. réussir à trouver les mots juste... Saurait-elle le faire comme lui ?

Ses mots s'égrenaient, tels des gouttes dont les ondulations se propageaient à la surface de l'eau, la troublant plus que l'apparence ne laissait à penser, Varden... Elle n'avait cessé de l'observer pendant qu'il parlait, jusqu'à ce qu'il ait fini et ose timidement à nouveau poser ses yeux sur elle, s'approche d'elle après une hésitation, quelque chose de brillant à la main. Elle se rappela que respirer pouvait être une chose utile, voire vitale bien qu'elle ait quelques soucis avec cette fonction que d'aucun qualifierait sans doute de naturelle voire d'instinctive, il faut dire les doigts de Varden effleurant son cou en se retirant après le petit clic indiquant la fermeture de la chainette à laquelle était suspendue leur lettre emmêlée ne lui facilitait pas la tâche.

Ses yeux ne se détachaient pas des siens, si seulement elle avait simplement pu se perdre dans ses yeux sombres... mais non, c'était à elle maintenant de s'exprimer... Lui remettre son gage, elle pouvait le faire sans trop de mal.. pour la promesse.. ça s'annonçait autrement plus compliqué, quand on savait qu'elle avait tout de même réussi à ne toujours pas lui dire ces trois petits mots qui étaient tout de même l'essence de ce qui la liait à lui.
Commencer par ce qui est "simple" puisque c'est ainsi.. prendre le médaillon qui renfermait une mèche de ses cheveux.. le lui tendre, sans un mot encore, presque frissonner lorsque leurs mains se frôlent brièvement au moment de l'échange. Il devait se douter de ce qu'il éveillait, était pour elle... tout comme il savait que la faire parler était loin d'être chose facile... pourtant sans jamais lui demander, à force de patience il avait fini par réussir à lui faire évoquer son passé, puis à l'en détourner pour regarder non plus en arrière mais devant. Le silence ne pouvait s'éterniser.. il lui fallait le rompre, aussi reprit-elle pour commencer les mots d'Ermi.


Les sentiments que m'inspirent mon .. promis si jusque là cette notion était encore lointaine, elle était maintenant tellement palpable. Elle avait tant voulu le rejoindre, l'avait rêvé avant de réussir à s'immerger dans la réalité, donnant corps à une chimère qui n'en était plus une.
Heureusement qu'ils étaient en comité restreint, déjà ainsi elle avait toutes les peines du monde à se livrer, s'il y avait eu plus de personnes...Elle refermait son monde autour d'eux, de lui surtout, parlait à voix basse, lentement.

Des mots... je ne sais pas si j'arriverai à tout exprimer ainsi.. sans doute pas.. je.. j'ai juste l'impression d'être à ma place à ses côtés... bien qu'elle le regarda toujours, c'était à Ermi qu'elle s'adressait, à l'amie et à la diaconesse qu'elle se confiait. Pourtant ses paroles lui étaient aussi destinées... c'était la tortueuse échappatoire qui lui permettait de ne pas rester sans voix. Comment fait-il cela? je ne saurais dire.. peut-être simplement en étant lui-même, celui qui fait preuve de patience quand il est impatient, qui est doucement entré dans mon monde malgré des barrières soigneusement érigées, m'a ramenée au présent... et à lui sa voix se faisait murmure au fur et à mesure. Il a cette particularité de me ravir par sa simple présence, tandis que son absence elle crée un douloureux vide qu'il est aussi vain que futile d'essayer de combler sans lui petit sourire entre excuse et dérision ce n'est pas faute de ne pas avoir tenté, il m'aura fallu du temps pour me rendre à l'évidence et enfin venir à toi.

Etrange de dire, d'avouer cela. Parveniam... elle ne se posait plus la question de savoir à quoi ni à qui, les réponses s'étaient imposées d'elles-mêmes.
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en cours de modification
Ermelina
Ermelina les avait regardés avec attendrissement : il était toujours émouvant de voir un nouvel amour s'épanouir sous ses yeux. Les observateurs les plus pointus auraient sans doute détecté une pointe de jubilation couplée à un zeste de sadisme dans le regard de la rouquine lorsqu'elle constata l'embarras de Varden. Ah, il n'est pas de chose plus malaisée que de parler d'amour, si ce n'est exprimer ses sentiments pour l'être que l'on chérit, et le fraîchement fiancé venait d'en faire l'expérience. Mais, comme elle avait pu le voir bien souvent, c'était ainsi mis au pied du mur que les hommes mettaient le mieux leur coeur à nu. Et c'était toujours ce qui touchait le plus l'objet de leurs sentiments... La petite diaconesse haussa un sourcil, seul signe apparent de sa perplexité, lorsque Varden passa une chaine en argent au coup de sa promise. Non pas que le geste lui parut inapproprié ou incongru - après tout, elle y avait consentit quelque jours plus tôt, lors de l'explication du déroulement de la cérémonie aux amoureux - , non : ce qui l'interpela, c'était la brillance du bijou. Pas de patine, il était donc neuf. Une pointe de nostalgie gagna Ermi, lorsqu'elle fut amener à constater que de son temps, on offrait un objet vieilli par le temps, quelque chose qu'on avait toujours gardé précieusement avec soi. Une pointe de consternation gagna ensuite la diaconesse quand elle constata qu'elle utilisait LA formule magique, le "de mon temps" qui la classait définitivement dans la section fossiles. Puis vint le tour de Vanyel... Qu'il était bon, simplement bon, de voir les derniers morceaux de la gangue de glace dont elle avait entouré son coeur fondre enfin sous le regard passionné et aimant de son Varden... Pour un peu, Ermi serait presque partie à la pêche à mouchoir si elle avait eu le temps de s'émouvoir : malheureusement, c'était un luxe qu'on ne pouvait se permettre quand on avait une cérémonie à mener à terme


Après ces aveux touchants et avant de vous libérer et de vous permettre de vaquer à vos préparatifs, reprit-elle en souriant pour masquer son émotion, louons une dernière fois le Très-Haut pour lui témoigner notre Amour pour lui.

Tu nous guides quand notre âme est embrouillée
Tu guéris le chétif et le maladif
Tu nous offres tes vêtements quand les nôtres sont mouillés
Tu éloignes les marchands des brigands, les bateaux des récifs

Tu soulages les plaies
Tu guides tes prophètes pour qu'ils puissent nous montrer la voie
Tu nous sauves des guerres en aidant la paix
Tu fais régner l'ordre quand toutes les voix s'égarent

Et nous, nous te louons
Et nous, nous nous confessons
Et nous, nous t'aimons
Ô Très-Haut !
Sois loué !

AMEN


Allez en paix, conclut-elle, qu'Aristote vous guide sur le chemin de la Raison et que le Très-Haut vous ait en bonne garde !


Ita missa est..A ceci près que ce n'était pas une messe, mais une petite cérémonie comme Ermi aurait aimé en célébrer plus souvent. Souriante, elle s'approcha de Vanyel et de Varden.

Toutes mes félicitations à vous deux pour ces fiançailles. Je crois que nous allons être amenés à nous revoir très rapidement dans les prochains jours pour régler accessoirement les quelques menus détails de la cérémonie de mariage et surtout pour que Vanyelle puisse profiter de sa Tatie-Biscuit adorée.

Un petit gazouillis ravi de Vanyelle conforta la petite diaconesse dans son ordre des priorités très personnel. L'enfant se rua alors dans les jupons de son homonyme, prenant garde d'éviter soigneusement Varden au passage, et s'accrocha à la main de sa future marraine pour réclamer toute son attention.

Tatie-Biscuit, tu es trooooooooooooop jolie en robe ! Tu devrais en mettre plus souvent, tu sais. Des toutes colorées, avec plein de dentelles et de fourrures comme Zaza, ça t'irait vraiment bien, débita-t-elle sur un ton proche de l'adoration. Tu as l'air d'une princesse, une vraie de vraie... Rapidement, elle coula un regard observateur et méfiant à Varden, se servant de Vanyel comme d'un bouclier pour maintenir une distance respectable entre elle et lui.

Dis, Tatie-Biscuit, c'est un gentil, ton namoureux (notez la liaison très prononcée) ou c'est un trop bavard, comme Constant ? murmura-t-elle rapidement à l'oreille de la fiancée. Il faut l'appeler messire ? Il n'a pas l'air rigolo... T'es sûre qu'il n'est pas comme Leandro ? Cette dernière référence arracha une grimace à la fillette.

Ermelina laissa libre court à la volubilité de sa fille et regarda rapidement autour d'elle. La cérémonie était certes achevée, mais elle n'en avait pas fini pour autant et pour tout terminer, elle avait besoin d'être seule. Un petit soupir souleva sa poitrine : autant s'y mettre de suite. Elle convint d'un rendez-vous avec les tourtereaux et les raccompagna jusque sur le parvis, puis prit la direction de la sacristie après avoir permis à Vanyelle d'aller à sa guise dans l'édifice. Rapidement, elle se changea puis plia soigneusement ses vêtements sacerdotaux et son étole avant de les ranger. Vint ensuite le tour de la chapelle. Le coffret à huiles saintes fut refermé et remis à l'abri dans la sacristie ; les cierges furent éteints, sauf un sur l'autel afin qu'une lumière éclaire toujours la demeure du Très-Haut ; le grimoire disparut dans la besace et le livre des Vertus retrouva sa place habituelle dans la musette.

Enfin, la petite diaconesse se pencha sur le cas du bout de lame, de la pièce, du coquelicot et du bleuet. Le matin même, elle avait aperçu dans un recoin, une petite niche abritant une statue de saint Valentin. Lestée de son étonnant bric-à-brac récupéré sur le banc, Ermi se rendit auprès de la représentation du saint, s'agenouilla, déposa à côté d'elle ferraille et végétaux puis joignit les mains.


Sous le poids de l'inquiétude, j'ai recours à toi, saint Valentin, avec la certitude d'être exaucée. Libère mon pauvre coeur des angoisses qui l'oppressent et rend la paix à mon esprit accablé. Toi qui a été établi comme patron des amoureux, obtiens-moi la grâce que je demande : fais en sorte que jamais Vanyel ne soit séparée de Varden et que jamais Varden ne soit séparé de Vanyel.

Comme le voulait la tradition dans la région où elle avait grandi, cette tradition qui rassurait tant les paysans, mais faisait tant hurler les moines qui l'avaient éduquée, elle prit le bout de lame et le glissa dans l'espace où jadis du mortier avait joint deux pierres de la corniche où se trouvait la statue.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Que cette lame divise toujours par deux les peines qui seront leurs.

Puis elle prit la pièce, l'embrassa et la posa aux pieds du saint.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Qu'en temps de guerre ou en temps de paix, qu'en temps de famine ou d'abondance rien ne manque jamais en leur demeure.

Elle prit le bleuet et le déposa à gauche de l'effigie.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Que le ventre de Vanyel enfante un garçon aussi honnête, solide et vertueux que Varden.

Puis Ermelina prit le coquelicot et le déposa à droite de la statue.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Que le ventre de Vanyel enfante d'une fille aussi douce, belle et intelligente que Vanyel elle-même.
Valentin, récompense mon espoir en toi et je ferai partout connaître la grandeur de la miséricorde divine envers les affligés et ne permets pas que je me détourne de toi avant d'avoir été exaucée.


Toute la part logique et raisonnable de la rouquine s'indignait contre ce qui venait d'être fait. Sa part pragmatique, elle constata que même l'éducation ne pouvait pas toujours venir à bout des superstitions et que c'était toujours dans les moments de doute qu'on se retournait immanquablement vers ses racines pour y puiser un réconfort que la raison seule ne peut procurer. Et il fallait bien constater que, en dépit d'une culpabilité appelée à disparaitre très rapidement, la petite diaconesse avait le coeur bien plus léger depuis la fin de sa prière. Elle resta un moment là, agenouillée sur les dalles froides de la nef, à se recueillir, ses pensées allant du mariage et du bonheur à venir de Vanyel et Varden à ceux qui furent sien du vivant de son époux. Profond soupir...

Enfin, la rouquine se releva ; d'un geste tenant plus de l'automatisme que de la nécessité, elle épousseta sa robe et remit ses jupes en place tout en cherchant Vanyelle du regard. La petite ne s'était pas contenté d'explorer l'église, elle avait aussi exploré les bagages maternels : elle était assise à côté de la musette d'Ermelina et feuilletait le livre des Vertus richement enluminé de sa génitrice. Ermi rejoignit l'enfant, récupéra armes et bagages et prit la main de la fillette dans la sienne. C'est en devisant gaiment du mariage à venir et des mille et une petites choses à prévoir que mère et fille remontèrent la nef et quittèrent l'église : il était plus que temps de rentrer, d'autres préparatifs les attendaient toutes deux.

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Vanyel
Deux jours .. seulement? Un pour lui, un pour elle, ni plus ni moins. Cela faisait tout juste deux petits jours qu’Ermi les avait fiancés à l’église de Mauléon.
Elle revenait dans ce lieu, pensive. Elle avait reçu des nouvelles de sa Nuit. Celle-ci l’attendait à Tarbes. Sans doute qu’Ermi exerçait sur elle son influence à l’insu de son plein gré, vu qu’elle s’était surprise à parcourir des ouvrages religieux. Certes ce n’était pas non plus désintéressé. Elle cherchait à savoir qui était le saint qui veillait sur les voyageurs, il fallait qu’elle le remercie.
Elle avait eu beau chercher, il n’y avait pas de saint spécifiquement dédié à l’assistance des personnes qui prenaient la route, alors elle avait jeté son dévolu sur Saint Georges puisque c’était comme ça. Après tout quelqu’un qui défait à lui tout seul une armée de pillards devait bien réussir à étendre sa protection à quelque touriste de grand chemin.
Bref, il fallait qu’elle le remercie doublement, quoique peut-être même triplement en fait. Déjà il lui avait permis d’arriver sans souci en Béarn, ensuite il avait veillé sur les pas de Russo et Astrid qui l’avaient accompagnée sur leur retour en Toulouse, et enfin il avait pris soin de sa Nuit.
Ce n’est pas pour rien qu’elle se sentait si proche d’elle. Pourtant c’était couru … à partir du moment où elle lui avait annoncé son intention de l’avoir comme témoin, elle avait pris la route .. seule bien entendu.

Elle entra silencieusement dans l’église, appréciant le calme qui y régnait et les fantômes de souvenir qui la saluaient. Elle prit le temps d’en faire le tour, n’ayant pas vraiment eu la tête à ça la dernière fois. Quelques statues. Elle s’arrêta devant celle « étiquetée » Valentin et le salua. Lui elle l’avait aperçut lors de ses recherches. Elle sourit en remarquant les petites fleurs maintenant fanées à ses côtés. Celles-ci avaient une ressemblance plus que suspecte avec celles que le jeune garçon sauvage – ou presque – avait apportées. Elle continua son exploration mais ne trouva pas de statue de Saint Georges. Tant pis, il ne lui restait plus qu’à l’imaginer.
Elle s’installa sur un banc. Droite comme un i, les mains posées sur ses genoux, les yeux mi-clos voire même plutôt clos, ses pensées se mirent à la recherche de Saint Georges, certes de façon pas très ordonnée … « il est à gauche » « mais non je te dis que c’est à droite » « mais n’importe quoi, c’est tout droit » .. après un conciliabule qui s’éternisait, il fut décidé de laisser un mot sur le panneau qui indiquait la route vers le paradis et ses sept fontaines de bières que c’était l’abbesse de Béziers qui en avait parlé de cette miraculeuse fontaine il parait. Naturellement, l’encre pensée était rose crevette de façon à ce qu’on ne la confonde pas avec une autre, et le mot pouvait en substance être résumé à « merci Saint Georges pour ta protection ps : dis on est pas en fin d’abonnement hein ? » quoiqu’il y eut finalement une rature sur le post scriptum parce qu’il ne fallait quand même pas pousser mémé – enfin Saint Georges là – dans les orties.

Sortant du monde des pensées pour retrouver celui présent, elle se releva et sortit, elle avait quelques affaires à préparer et de la route à faire pour rejoindre Nuit à Tarbes avant de revenir à Mauléon.

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en cours de modification
Adn14
Citation:
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http://www.youtube.com/watch?v=bFE1GQEWie8
Ermelina
Saint Bynarr riait. Du haut du tympan, confortablement installé, entouré de bienheureux et d'archanges, Bynarr était hilare, Ermelina en était certaine. Pire encore, elle était persuadée que le patron de l'église de Mauléon se payait sa poire. Pourtant, la diaconesse n'avait fait qu'oeuvrer pour lui depuis l'aube, s'activant telle une tornade blanche entre les murs de pierre de l'édifice dont il avait la charge. Cet ingrat aurait au moins pu se montrer un tantinet reconnaissant en lui épargnant ses gloussements silencieux... La rouquine lança un regard presque noir à la statue avant de franchir pour la énième fois en ce jour la porte de l'église, les bras chargés de fleurs ; Vanyelle l'accompagnait, comme de juste, et trottinait gaiment, une couronne de fleurs des champs égayant sa chevelure noire. Il y avait tant à faire encore que la jeune femme se demandait si elle parviendrait à voir le bout de tout ce qu'elle estimait être le minimum syndical en matière de ménage et de décoration pour le mariage de Vanyel et Varden, qui aurait lieu le lendemain. Si Bynarr n'avait pas été si taquin, elle lui aurait sans doute adressé une petite prière vite fait, sur le gaz, histoire de lui demander d'intercéder auprès du Très-Haut pour bénéficier d'un petit coup de pouce de bon aloi, mais elle préféra se tourner vers Valentin. Lui au moins comprendrait la détresse qui était la sienne, il saurait l'écouter et lui permettrait d'arriver à un résultat acceptable.

Tout en prenant garde à ne pas s'étaler, la petite diaconesse avança vers la sacristie en adressant ses voeux les plus fervents au patron des amoureux puis marqua un arrêt à la croisée du transept pour observer ses aides improvisés oeuvrer consciencieusement. Après avoir passé un coup de balais plus que nécessaire sur les dalles usées au petit matin et après les avoir lavées à grande eau, elle était sortie et avait parcouru les ruelles de Mauléon, appâtant tout ce qui avait entre 7 et 10 ans et qui ne se trouvait pas aux champs ou en apprentissage avec de petites quantités de dragées, se constituant ainsi un bataillon solide de croisés prêts à partir en guerre sainte contre la poussière. Connaissant un peu Varden et beaucoup Vanyel, il y avait fort à parier pour que parmi les invités du couple se trouveraient des nobles ou de hauts bourgeois, et que tout ce petit monde arriverait avec ses plus beaux atours. Il était rigoureusement impensable que quelqu'un sorte de l'église avec une splendide marque de poussière sur son postérieur, il fallait donc traquer le moindre grain où qu'il fusse. La poussière ne fit guère de résistance et capitula rapidement sous les coups de chiffon énergiques des gamins et de la rouquine. Ermi distribua ensuite consignes et cire avec la même générosité et laissa à ses petits protégés le soin d'encaustiquer les bancs. Commença alors une longue série d'aller-retour entre la maison du Très-Haut et les champs environnant la bourgade béarnaise : il fallait des fleurs et des végétaux en belle quantité pour décorer le maître autel, la nef centrale et les niches qui abritaient les statues de saints divers et variés.

La petite diaconesse savait ce dont elle avait besoin pour avoir la décoration parfaite pour le couple de tourtereaux : de l'amour éternel, un soupçon de sentiments purs, quelques pincées d'amour tendre et une dose d'amour abondant étaient de rigueur. Ne restait plus qu'à leur mettre la main dessus. Ermi savait qu'elle trouverait dans les bois du lierre en quantité ; les champs regorgeaient de reines-marguerites, les pâturages abondaient de variétés de lys et d'iris qu'elle ne connaissait pas. Pour le blé, il suffirait d'aller le glaner dans un champ fraichement moissonné, avec toute la discrétion possible pour ne pas se faire attraper par le propriétaire... Et c'est ainsi, telle une fourmi besogneuse, que la rouquine entreprit de visiter les alentours de Mauléon, cueillant avec précaution les végétaux dont elle avait besoin. Bientôt elle fut accompagnée dans son oeuvre par les enfants les plus rapides en matière de cirage de banc : ils guidèrent la petite diaconesse dans des endroits connus d'eux seuls, où les fleurs semblaient sortir de terre pour le seul plaisir d'ajouter leur propre touche au tapis coloré environnant. A leur retour à Mauléon, le moins que l'on puisse dire, c'était qu'ils ne passaient pas inaperçus dans les ruelles de la ville, mais peu importait. A chaque retour dans la sacristie, Ermi prenait grand soin de disposer son précieux butin dans de grands baquets qu'elle avait remplis d'eau avant d'attaquer le lavage du sol de l'église : il aurait été trop bête de voir les fleurs se faner avant le début de la cérémonie. La petite diaconesse en était là dans ses préparatifs, reconstituant presque tendrement une famille d'iris, lorsqu'une fillette, dont les deux dents de devant avaient disparu, vint la chercher.


Dame Ermi, dame Ermi !!! Quelqu'un vous demande, devant l'église.

Ermelina fixa l'enfant et haussa un sourcil perplexe en l'observant.

A-t-il dit son nom, ce qu'il voulait peut-être ? interrogea-t-elle en soufflant sur une mèche de cheveux rebelle qui balafrait son visage et commençait à lui chatouiller le nez.

La gamine piqua un phare de toute beauté puis commença à se tordre les mains. Il ne fallait pas être fin psychologue pour comprendre que la question, pour simple qu'elle fut, n'allait pas sans poser problème.


N'aies pas peur, voyons, reprit la rouquine en souriant avec douceur. Il t'a juste dit qu'il voulait me voir, c'est ça ? continua-t-elle en se redressant.

Non dame Ermi. Il a dit d'autres choses, mais il a un drôle d'accent, cet homme, je n'ai pas tout compris.

Allons bon... Les sourcils d'Ermi se froncèrent à cette annonce. Leandro avait-il donc fini par se décider à venir ? Et à quoi ressemble cet homme ?

C'est un grand seigneur, dame Ermi. Il est vieux comme vous, il est habillé tout en rouge et il a un magnifique cheval. Les yeux de l'enfant se mirent à briller à l'évocation du cavalier, ceux de la diaconesse s'assombrir pour les mêmes raisons.

Merci pour le message, je vais l'accueillir de ce pas, conclut la rouquine en essuyant ses mains à son tablier et en prenant soin de ne pas trop tiquer sur le manque de tact avec lequel son interlocutrice venait de lui rappeler son âge.

[i]Ainsi, l'Espagnol avait donc pris la route de Mauléon pour la retrouver et "ne pas la laisser seule à la noce", sous prétexte que cela ne se faisait pas, comme il l'avait décrété lors de leur dernière conversation. La rouquine sentit le sang bouillonner dans ses veines. Elle était bien assez grande pour savoir ce qu'elle avait à faire et elle s'apprêtait à le faire savoir à l'Ibère. Il était bien gentil, adorable dans ses attentions, de compagnie plaisante, son savoir et sa galanterie transformaient les longues heures des veillées en moments précieux, certes, mais il semblait toujours oublié un léger, très léger détail : elle n'était plus l'enfant sauvage qu'il avait rencontré jadis et elle était capable de vivre sa vie toute seule, à présent. Même si elle n'en avait pas le temps, Ermelina prit sur elle et remonta la nef au pas de charge, bien décidée à expliquer les réalités de la vie à celui qu'elle avait toujours considéré comme un grand frère. Enfin, elle poussa la porte de l'église et déboucha sur le parvis. La vive lumière du soleil l'aveugla, la forçant à fermer les yeux, mais ne l'empêcha pas d'ouvrir la bouche pour partir dans une diatribe prête à entrer dans les annales. Elle était parée pour expliquer la réalité de la vie au chevalier dont elle n'avait vu que la silhouette et ouvrit les yeux pour soutenir son regard pénétrant le temps qu'il faudrait.


Ah, ben ça alors...

Quatre mots. Quatre petits mots minables. C'était tout ce qu'Ermelina avait trouvé à dire. Pire : plus aucun mot ne parvenait à franchir ses lèvres pour aller tenir compagnie à l'embryon de phrase. Rien d'étonnant à cela, en un sens, puisque les petites cellules grises de la diaconesse SDF avaient visiblement décidé d'aller voir ailleurs si leur synapse s'y trouvait, laissant la rouquine dans le plus grand désoeuvrement intellectuel possible pour une durée aussi indéfinie qu'indéterminable. Ce vide abyssal soudain dans le crâne de la jeune femme était plus que palpable. Ermelina restait bouchée bée : ses bras pantelaient lamentablement de part et d'autre de sa chétive petite personne, attestant de la stupeur totale de leur propriétaire. Le fait était également confirmé par le regard hagard et papillonnant que la jeune femme adressait à l'homme qui se tenait majestueusement devant elle. A dire vrai, à la voir ainsi sur le parvis de l'église de Mauléon, on aurait pu aisément la prendre pour l'un de ces grands oiseaux de nuit que l'on vient arracher à leur sommeil en plein jour...

Guccio... Guccio Tolomei !

Elle resta là, bêtement à le regarder. Quand on s'apprête à envoyer sur les roses un Espagnol, il est un peu délicat d'accueillir comme il convient un Florentin qu'on n'attendait pas le moins du monde...
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--Guccio_tolomei
Les sabots du cheval lourdement chargé claquaient sur le pavé de la ville. Dans sa tenue flamboyante, le jeune Tolomei avait fière allure sur son destrier et quelques têtes, féminines pour la plupart, ne manquaient pas de se retourner sur son passage. Si la poussière parsemée sur sa cape et ses bottes trahissaient la longueur du chemin qu’il venait de parcourir, il n’en conservait pas moins au visage cette fraîcheur et cette jovialité qui avaient fait sa réputation de joli cœur…
Descendant une à une les ruelles étroites qui menaient à l’église, Guccio fut attiré par des piaillements d’enfants, qui raisonnaient au loin, et ne put s’empêcher de sourire. Une fois le bâtiment en vue, il aperçut plusieurs bambins réunis sur le parvis ; certains, sagement assis sur les marches, dévoraient des dragées dont le Florentin soupçonnait à juste titre la provenance. Une fillette, subjuguée par la vision de ce cavalier inconnu, se leva pour mieux le contempler, en gardant ses deux mains sur le cœur. Guccio, qui retirait ses gants, lui sourit et lui fit signe de s’approcher. L’enfant, intimidée, n’osa pas s’avancer.


Petite, viens, n’aies pas peur…vienne, vienne…

Il fouilla alors dans ses poches, tout en gardant un œil sur sa nouvelle amie. Il en sortit un petit sac de toile, fermé par un bout de ficelle, contenant une grosse poignée de ces fameuses douceurs que s’arrachaient ces jeunes gens. Après en avoir déposé quelques unes au creux de sa main, il la tendit doucement à la demoiselle.

Si tu me trouves Ermelina, tu en auras d’autres…

La petite, interpellée par l’accent étrange de l’homme tout de rouge vêtu, écouta son courage presque autant que sa gourmandise et alla se saisir de sa friandise préférée.

Ce sera notre secret, ragazza, files vite, j’attends ici.

Le petit messager partit en courant en direction de l’église, sous le regard médusé de ses jeunes compagnons. Il ne lui fallut que peu de temps pour réapparaitre en compagnie de la diaconesse, qui marchait d’un pas volontaire en sa direction. Elle ne le reconnut point de suite, mais lorsqu’elle fut assez proche et que le soleil ne l’éblouissait plus, elle laissa éclater sa surprise :

Ah ben ça alors…Guccio, Guccio Tolomei !

Vous aviez passé une commande à la maison Tolomei, gente dame : quel choix judicieux, je vous en félicite !


Le jeune homme, qui avait hâte de se dégourdir les jambes sauta d’un bond de son cheval et prit Ermi dans ses bras.

Cela faisait si longtemps, douce Ermelina.

Tout en la gardant contre lui, l’homme de parole et de cœur tendit le sac de toile à la petite fille qui attendait sagement sa récompense, et lui fit un clin d’œil malicieux lorsqu’elle vint s’en saisir dans le dos de la diaconesse.

Ermi : j’ai tout ! Tout, tout et même plus ! Tu le sais bien, impossible n’est pas Tolomei !

Comme à son habitude lorsqu’il parlait de ses produits, il se mit à faire de grands gestes à la mesure de sa joie de vivre et de sa fierté d’être issu de la plus célèbre famille de commerçants de Florence. Guccio détacha les sacs et sacoches qui pendaient de part et d’autre de sa monture, dont il tapota le flanc en signe de gratitude. Au-dessus de sa croupe trônait un grand coffret de bois précieux, solidement harnaché et protégé par une couverture grise. Le marchand prit tout le soin du monde pour le libérer et le poser délicatement sur les marches, non loin de ses autres bagages.

Les enfants, curieux, se regroupèrent en arc de cercle autour de cet étrange personnage et des trésors qu’il semblait transporter : il s’agissait de ne pas manquer une miette du spectacle. Guccio, amusé de la situation, prit un malin plaisir à faire l’inventaire de la commande passée par Ermelina devant ce jeune public aux yeux écarquillés.


Alors, qu’avons-nous dans ce sac ?

Il se saisit d’un premier paquet et en extrait une boite en bois, joliment décorée, et l’ouvrit. Elle était divisée en cinq compartiments bien distincts, contenant chacun une poudre d’une teinte différente. Il fit admirer ce chatoiement de couleur aux enfants.

Un assortiment d’épices de qualité supérieure, venu tout droit d’Orient…

Machinalement et en grand professionnel, Guccio trempa le petit doigt pour goûter son produit et le porta à sa bouche…très vite, son visage s’assortit à sa tenue et il se mit à tousser.

Vraiment excellent, ce poivre.

Les enfants, pensant assister à un tour de troubadour, se mirent à rire et à applaudir. Ermelina leva les yeux au ciel, mais ne put retenir un léger sourire…malgré les années passées et les tragédies connues, elle était heureuse de constater qu’il n’avait pas changé. De bonne composition et surtout de bonne humeur, le Florentin rit de ses propres sottises en haussant les épaules.

Et ici, qu’avons-nous, chers amis ?

Il extirpa un second coffret, en tous points semblable au précédent, mais dont le contenu rencontrerait probablement plus de succès.

Voyez jeunes gens, la spécialité de la maison Tolomei di Firenze : les douceurs !

N’osant pas trop s’approcher de son auditoire de peur de se faire subtiliser l’une ou l’autre des sucreries, le négociant montra de loin le massepain, les dragées et plusieurs sortes de fruits confits, non sans susciter l’émoi général de l’assistance.

Quelque chose de différent maintenant, mais de fort agréable pour les yeux…

De ses sacoches en cuir remplies de paille pour amortir les chocs, Guccio sortit différents paquets confectionnés avec du tissus épais et des cordelettes. Il en ouvrit un, avec beaucoup de précaution et exposa à Ermelina un magnifique plat ouvragé, d’une finesse remarquable.

Et il y a tout le service assorti…

Il s’empressa de le remballer, afin qu’aucun incident fâcheux ne survienne… Il connaissait trop bien la valeur d’un tel objet pour risquer d’avoir à s'en procurer un autre à ses frais. Mais déjà les enfants n’avaient plus d’yeux que pour ce mystérieux coffret…

Et le plus joli pour la fin, surtout pour vous damoiselles…

Guccio attrapa la clé qu’il portait toujours autour du cou par sécurité, et ouvrit la petite serrure dorée. Le coffret ne contenait apparemment que du tissu…mais quel tissu. Une nappe d’un blanc éclatant, en dentelle de Murano, dont il ne manqua pas de faire apprécier le raffinement à Ermelina, et surtout deux robes somptueuses, cousues de fils d’or et de brocard, identiques à ceci près que la seconde était la réplique miniature de la première. Guccio s’en saisit, la déplia et l’exposa au regard de tous.

Et ça, c’est mon cadeau pour la petite Vanyelle, qui doit avoir bien grandi depuis la dernière fois où je l’ai vu.
Ermelina
Ermelina n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait : elle s'était retrouvée entre les bras du Florentin autant heureuse que surprise de le trouver là, constatant encore une fois et non sans une pointe de regret que le temps où elle pouvait le regarder droit dans les yeux sans avoir à se tordre le cou et sans risquer de se retrouver avec une côte fêlée lorsqu'il l'étreignait était désormais révolu. Lorsqu'elle avait écrit au comptoir que tenait son ami à Castelnaudary, quelques semaines plus tôt, elle ne s'était pas doutée un instant que le jeune homme puisse faire le trajet lui-même pour livrer la commande qu'elle lui avait passé : au mieux s'attendait-elle à voir arriver l'un des commis de l'établissement avec sa précieuse marchandise. Un large sourire se dessina sur les lèvres de la diaconesse alors qu'elle renonçait officiellement à chercher à comprendre quoi que ce soit et profitait pleinement de ces retrouvailles imprévues. Enfin, le jeune Tolomei consentit à la laisser respirer un peu et entreprit de déballer son chargement sans attendre qu'ils se fussent trouvés dans un endroit peut-être plus approprié.

Massant discrètement ses côtes endolories par l'étreinte chaleureuse dont elle fut la victime, la rouquine regarda avec un amusement teinté de nostalgie son ami présenter à son public improvisé les merveilles qu'il avait apportées avec lui. Lorsqu'ils s'étaient connus en Champagne, bien des années auparavant, Ermelina avait fait à peu de chose près la même tête que les gamins de Mauléon quand elle avait vu pour la première fois Guccio faire ses armes en faisant l'article des splendeurs de l'orient qu'il proposait, naturellement, pour une somme fort modique, aux badauds attroupés devant le comptoir de la maison Tolomei, aux foires... Et comme à cette époque qu'elle n'aurait pas voulu si lointaine, la jeune femme se surprit à faire des "aaaaaaaaaaaah" et des "ooooooooooooh" en choeur avec les enfants à chaque fois qu'un coffre s'ouvrait ou qu'un bout de tissu dévoilait un trésor. Les épices et les douceurs étaient bien là : Ermi allait pouvoir faire une, voir plusieurs heureuses. Son cadeau pour les futurs époux était là aussi et le peu qu'elle avait pu en voir dépassait largement ses espérances - comme toujours avec le marchand florentin -. Enfin, ce fut le clou du spectacle : devant un auditoire définitivement conquis, le jeune homme présenta une une splendide petite robe. Naturellement, quand Ermelina entendit que le vêtement était destiné à Vanyelle, une métamorphose s'opéra instantanément chez elle. Ses yeux se mirent à briller, ses mains se joignirent sous le coup de l'émotion et son regard resta fixé sur la robe.


Oooooooooooooooh... Guccioooooooooooo... C'est la robe la plus merveilleuse, la plus parfaite, la plus splendide qui m'ait été donné de voir à ce jour... Regardez-moi ce motif... Du bout des doigts, elle tata l'étoffe, puis observa la finesse des coutures, la perfection des ourlets, avant de finir par s'émerveiller sur la passementerie. Vanyelle sera divine... Guccio, reprit-elle d'une voix rendue vibrante par l'extase, ceci n'est pas qu'une robe, c'est la perfection faite brocard... Car c'est du brocard, n'est-ce pas ? Du vénitien, qui plus est... Dans mes bras, mon ami !

Et avec une spontanéité déconcertante pour ceux qui la connaissaient un peu, Ermi, poulpe des temps modernes, étreignit le pauvre marchand qui n'en demandait visiblement pas tant. Les volutes des motifs floraux du tissu avaient chassé les élans nostalgiques de la diaconesse ; leur délicatesse avait expulsé toute trace d'agacement de son esprit. Un soupir béat souleva la poitrine de la rouquine, qui s'arracha avec moult difficultés à la contemplation du vêtement qui transformerait son enfant en perfection absolue. Un sourire extatique aux lèvres, elle leva le nez vers le ciel : il était visiblement plus de midi et elle n'avait pas commencé la décoration de l'église, mais, allez savoir pourquoi, la nouvelle ne la fit pas descendre de son petit nuage. Il fallait composer plusieurs dizaines de bouquets : détail. Aucun cierge n'était piqué : qu'importe. Il restait une toute petite demi-journée pour tout faire : broutille. Ermi était définitivement sous le charme et n'avait qu'une envie : faire essayer la robe à sa fille.

Comme toujours, Guccio, tu as réussi à assumer ta réputation d'alchimiste : tu as transformé mes désirs en réalité... Mieux, tu les as transcendés, dit la petite diaconesse rêveusement, toujours le nez en l'air, observant les nuages qui moutonnaient joyeusement.[/b] Pour ce qui est du règlement, tu n'auras qu'à prélever la somme nécessaire sur mon compte au comptoir, si ce n'est déjà fait,[/b] poursuivit-elle sur le même ton. Hélas, je ne peux rester plus longtemps en ta plaisante compagnie, le mariage a lieu demain et il me reste encore beaucoup à faire. Un sourire innocent parfaitement composé pour l'occasion illumina la face d'Ermi. Je sais que je te demande beaucoup mais... Pourrais-tu avoir la bonté de m'aider à porter tout cela dans la sacristie, s'il te plait ? Tu pourras voir Vanyelle par la même occasion, elle est à l'intérieur, conclut-elle en adressant un grand sourire au Florentin.

Sans même attendre la réponse de Guccio, Ermelina prit un des coffrets et gravit légèrement les degrés conduisant au lourd vantail de l'église. Ses derniers "assistants" sortaient en pépiant joyeusement, comme une poignée d'étourneaux. La petite diaconesse poussa la porte de sa main libre et la retint pour facilité le passage à ce qui s'apparentait furieusement à un Florentin bâté. Alors qu'elle s'apprêtait à demander à son ami s'il souhaitait lui confier un autre de paquet, un bruit de petits pieds martelant les dalles de l'église, indice plus que probant d'une course effrénée, arrêta Ermi dans son élan.


TONTON FRIANDIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIISE !!!!!!

Le cri résonna sous les voûtes de l'édifice. Il n'avait pas fallu longtemps à Vanyelle pour franchir la distance séparant la sacristie du narthex et il lui fallut encore moins de temps pour se ventouser à Guccio.

Vanyelle, dit la rouquine en riant, il ne faut pas crier dans la maison du Très-Haut, ça ne se fait pas.

Mais mère, c'est Tonton-Friandise, répondit l'enfant avec la certitude de quelqu'un plaçant un argument ultime, qui justifiait tout.

Oui, je sais ma douce, mais tu pourrais déranger quelqu'un.

Ca serait étonnant, mère, il n'y a jamais personne dans les églises.
La fillette avait énoncé la chose le plus innocemment du monde, ses grands yeux reflétant la surprise qui était sienne face aux propos visiblement incongrus de sa génitrice.

Demain soir, ça ne sera pas le cas, il faudra être sage, n'est-ce pas ?

Tonton-Friandise, qu'est-ce qu'il y a dans tes jolies boîtes ?
Le ton de l'enfant était à mi-chemin entre vénération et curiosité. Dans tous les cas, il était révélateur du fait que la petite n'avait pas accordé l'ombre de la plus infime part de son attention aux recommandations de sa mère. Tu es aussi venu pour le mariage de Tatie-Biscuit ? Tu viens nous aider à tout décorer ? On peut aller cueillir des fleurs si tu veux, je sais où sont les plus belles. Si tu veux, je te ferai une couronne avec. Et puis tu pourras me raconter des histoires sur le chemin ? Les tiennes sont plus mieux que celles de mère. L'enfant marqua une petite pause, puis se tourna vers Ermi, visiblement sujette à une inspiration brusque et soudaine. Et pourquoi Tonton-Friandise ne se marierait pas avec Tatie-Biscuit ? Ca serait drôlement chouette, ça...

Ermelina éclata de rire. L'espace d'un instant, elle avait imaginé des bans au texte improbable du style "Tatie-Biscuit, pâtissière, et Tonton-Friandise, confiseur, se marieront dans la chapelle en pain d'épice et sucre d'orge de Mauléon" et se demandait à quoi pourraient bien ressembler les enfants issus d'une pareille union.

Allons, Vanyelle, laisse au moins le temps d'arriver à Guccio avant de le marier... Et je ne pense pas que Tatie-Biscuit soit spécialement contente si tu la maries à quelqu'un d'autre que son amoureux, tu sais. Montre donc plutôt le chemin de la sacristie à Tonton-Friandise, ma douce.

Aussitôt dit, aussitôt fait. L'enfant se mit à trottiner en direction de la petite pièce, suivie par la diaconesse et le marchand qui devisaient avec enthousiasme. Dans la sacristie, le jeune homme put enfin poser sa lourde charge le plus loin possible des baquets : il était hors de question qu'un malencontreux coup de pied dans l'un des cuviers engendre un mini raz-de-marée entrainant une inondation des précieux biens convoyés sans dommage jusque là, Guccio et Ermelina étaient intraitables sur ce point. Tout en continuant à papoter et à échanger des nouvelles, la petite diaconesse s'installa sur un tabouret, et commença à piocher et à assembler lys et iris en un petit bouquet rond. Quelques reines-marguerites et épis de blé firent une couronne autour de ce coeur coloré. Enfin, un peu de lierre, tordu au prix d'efforts d'imagination, vint ajouter la petite touche de verdure "qui va bien", si importante pour mettre en valeur l'harmonie des fleurs. Alors qu'elle contemplait son "oeuvre", la rouquine sentit arriver à grands, très grands pas, un profond moment de solitude. Et pour cause, elle n'avait pas de vase pour poser son bouquet. Toute à l'excitation des préparatifs de la journée, elle avait complètement oublié les contingences matérielles basiques, comme aller chez le potier chercher sa commande, un nombre assez conséquent de récipient tout simples pour accueillir les bouquets divers et variés. Alors, comme de juste, la jeune femme se tourna vers Guccio et lui adressa un petit regard papillonnant dont elle avait le secret.

Gucciano... Un grand sourire charmeur vint tenir compagnie au regard papillonnant. Je sais que tu as fait une longue route et que tu dois sans doute aspirer à un repos plus que mérité, mais penses-tu qu'il te serait possible de me tirer un épieu du pied, s'il te plait ? Nouveau battement de cils. Il semblerait que, toute en joie à l'idée de donner un petit coup de fraicheur à la demeure du Très-Haut j'aie quelque peu hmmm... oublié... de passer chercher une commande urgentissime chez un artisan local. Me serait-il permis d'espérer que dans ta grande bonté tu puisses passer la chercher pour moi, je te prie ? J'irai bien moi même si je n'avais été que très en retard dans mon organisation... Si tu acceptes, je te payerai volontiers en petit encas maison et en pâtés aux pommes. Je suis sûre que tu dois avoir l'estomac dans les talons. Nouveau sourire éclatant. La rouquine connaissait assez son ami pour savoir qu'il ne pourrait pas résister à la promesse d'un bon repas, même s'il était pris sur le pouce. Vanyelle connait le chemin, elle pourra te l'indiquer. Et au retour, nous pourrons continuer de discuter pendant que je finis de tout mettre en place. Qu'en penses-tu ?
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--Guccio_tolomei
Tu sais bien que je ne puis rien refuser à ce regard là, ma douce Ermi…

Et pourtant le Florentin ne sentait plus ni ses pieds, ni son dos, après cette longue épopée à travers le pays…mais, serviable de nature – et accessoirement affamé - il s’exécuta sans broncher, s’empara de la petite Vanyelle, la fit grimper sur ses épaules et pris le chemin qui menait à l’échoppe du potier.
Arrivé devant la boutique de l’artisan, Guccio posa la fillette par terre afin d’être plus libre de ses mouvements. Il se présenta au petit homme qui se tenait assis dans l’arrière salle, les mains dans l’argile, probablement en train de créer une cruche et précisa qu’il venait retirer la commande d’Ermelina. Il fit un geste de la tête vers deux caisses en bois, remplies de vases et de pots, dont le possible poids faisait déjà faillir les biceps du moins fort des frères Tolomei, qui ne put s’empêcher de marmonner quelques mots dans sa langue maternelle… Le désarrois devait se lire sur son visage, et la petite fille ne manqua pas de s’en apercevoir et d’afficher une petite moue boudeuse.


Tiens, petite Vanyelle, tu vas bien vouloir venir en aide à ton pauvre tonton Guccio, n’est-ce pas ?

Il confia une petite poterie, qu’il prit bien le soin de soupeser auparavant afin qu’elle ne fusse pas trop lourde, à la fillette, afin qu’elle puisse participer et se sentir utile. Puis il se saisit des deux caisses, l’une sur l’autre, et se dirigea vers la porte.

Allez, avanti bambina…

Guccio, ainsi chargé, ne voyait rien devant lui puisque les caisses montaient jusqu’au niveau de sa blonde chevelure, mais, comme toujours, il fit mine de parfaitement maitriser la situation et de totalement savoir où il allait. Une fois devant l’église, il tâta habillement l’espace de la pointe du pied, pour trouver la première marche de l’escalier, et monta avec un peu de peine jusqu’à l’entrée. L’enfant le précédait, amenant fièrement son petit pot jusqu’à sa mère. Il déposa finalement les deux caisses non loin de la diaconesse et alla s’affaler sur un banc, s’y laissant choir de tout son poids, sans se préoccuper, pour une fois, du total manque de prestance que cela pouvait procurer à son image de bellâtre.
Guccio fermait les yeux, s’imaginait festoyer à une table bien garnie, lorsqu’il entendit quelque chose qui ressemblait à quelqu’un qui toussait de façon à peine dissimulée. Il entrouvrit un œil et aperçu Ermi, debout juste devant lui, semblant attendre quelque chose de la part du jeune homme.


Si ? Quelque chose ne va pas avec la commande ?

Le sourire d’Ermelina fit comprendre à Guccio qu’elle avait encore besoin d’aide : elle souhaitait qu’il mette en place les compositions florales dans les poteries et qu’il les dispose dans l’église. Un peu surpris d’abord, car il n’avait pas vraiment l’âme d’un fleuriste, il réussi néanmoins à composer de très jolis arrangements, pas toujours très proportionnés, pas fondamentalement harmonieux, mais tous extrêmement originaux. Satisfait de sa performance, Guccio pris un peu de recul pour admirer sa dernière œuvre et s’aperçut que la diaconesse fixait avec insistance le plafond…pourtant, il n’avait disposé aucun de ses magnifiques bouquets à cet endroit….
Il suivit le regard d’Ermi et s’arrêta sur le lustre qui se tenait juste au-dessus de leur tête, puis rapidement il chercha dans les yeux de la diaconesse quelque chose qui lui permettrait de croire qu’il n’aurait pas à monter là haut pour quelque raison que ce fusse...en vain. Elle lui tendit aussitôt une boite contenant les bougies qui devaient y être installées.
Le Florentin s’affaira à faire descendre ce lourd équipement afin de pouvoir le garnir et se rendit compte que cette église en possédait un nombre assez incroyable en proportion de sa superficie totale…mais il continua de bon cœur à répéter l’opération, jusqu’à ce que sa mission soit achevée.
La fille d’Ermi, quant à elle, disposait les cierges sur les herses et les buissons qui étaient à sa portée ; mais même sur la pointe des pieds, ils étaient si difficiles à atteindre que « tonton-friandise » ne put faire autrement que de venir lui prêter main forte et fit tout le tour de l’église avec l’enfant dans ses bras, l’assistant patiemment dans la tâche qui lui avait été confiée.
Après avoir rejoint Ermelina, qui continuait à s’affairer, Guccio sentit son estomac lui rappeler la promesse de cette dernière.


Bon, et bien, je crois que je n’aurais pas volé ma pitance !

Mais Ermi ne répondit pas, toute occupée qu’elle était à se débattre avec les tentures de tapisseries, bien trop lourdes pour elle ; et comme il était aussi galant, Guccio s’occupa également de fixer ces dernières dans le chœur et sur les piliers de la nef, se laissant guider par les deux âmes féminines et perfectionnistes qui lui indiquaient tantôt « plus à gauche », « légèrement plus haut », ou encore « un poil plus à droite ».
Le Florentin trouvait que l’église était parée de ses plus beaux atours, prête à accueillir cet événement d’une haute importance, et il trouvait une certaine fierté à y être un peu pour quelque chose…et s’en félicitait intérieurement, hochant la tête, comme pour approuver ce qu’il était en train de penser. Un petit tapotement sur l’épaule droite vint le tirer de son état quasi contemplatif…


Ma, autre chose peut-être ?

Et oui, il y avait bien autre chose que ce brave Guccio pouvait faire pour Ermelina…chercher la commande d’étoffe que cette dernière avait passé chez le marchand de la ville, afin de l’utiliser comme poêle. Il décida, dans le but d’épargner un peu les semelles de ses chausses, mises à rude épreuve en ce jour, de s’y rendre à cheval et ce avec d’autant plus de perspicacité que ce dernier résidait à l’autre bout de la ville. Le négociant reconnu aisément l’échoppe grâce à l’enseigne de fer forgé qui la surplombait. Il attacha sa monture et entra d’un pas décidé chez ce qu’il convient bien d’appeler, un représentant de la concurrence locale. D’un coup d’œil, il balaya la boutique, étalonnant la qualité d’un rouleau de tissu ici ou là en prenant un air sérieux et professionnel qui ne lui allait pas du tout.

Bonjour, je me présente, Guccio Tolomei, je viens retirer la commande de la diaconesse Ermelina.

Le marchand, interpelé par l’accent autant que par le nom qui venait d’être évoqué, dont la réputation dans le milieu du négoce n’était plus à faire, alla chercher promptement le ballot de lourd tissu réservé à Ermi et le déposa sur le comptoir. Guccio l’observa sous tous les angles, le tâta, le caressa, fronça les sourcils et fini par faire ce qu’il savait faire de mieux…

Et combien en demandes-tu, mon ami ?

20 livres, monseigneur, mais c’est une très belle pièce…


Le jeune homme laissa échapper un de ces éclats de rires qui lui étaient propres, posa un poing sur le coin du comptoir et sourit au malheureux qui lui faisait face, et qui avait perdu d’avance ce bras de fer qui se profilait…

Allons, allons, tu n’es pas sérieux…Pour la même somme, je vais partir avec ces deux petites aumônières qui sont juste à ta droite…et ce sans réellement entamer ta très confortable marge…

Le marchand, piqué au vif, rougit un peu, mais rajouta par-dessus le tissu les deux aumônières, qui seraient parfaitement assorties aux robes que Guccio avait ramené pour Vanyelle et sa mère.

Je savais bien que nous allions nous entendre !

Le jeune Tolomei, satisfait de sa prestation, empoigna les marchandises et sortit la tête haute de la bâtisse. Après une journée de voyage et de nombreuses heures passées comme « commis de mariage », il était temps pour lui de prétendre enfin à sa récompense. Il monta sur son destrier et prit, pour la dernière fois de la journée espérait-il, la route qui menait à l’église.
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