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[Religion] Eglise Saint Bynarr Le Charitable

Ermelina
Guccio venait de quitter la sacristie avec Vanyelle et déjà Ermelina se remettait au travail. A défaut de poursuivre la confection des bouquets, faute de vases, la rouquine explora les lieux, virevoltant entre les cuviers, à la recherche du petit matériel qui pourrait lui être utile pour la cérémonie du lendemain. Elle ne connaissait pas les lieux et n'avait aucune idée de ce que la totalité des coffres de la sacristie pouvaient contenir. Elle savait, pour l'avoir exploré le jour des fiançailles, que le plus grand contenait l'orfèvrerie destinée aux offices ainsi que les nappes d'autel immaculées, le coffret en émail champlevé réservé à l'huile sainte, un exemplaire usé du Livre des Vertus, une chaîne appartenant sans doute à l'encensoir et plusieurs boîtes de cierges et de bougies. Le petit coffre rangé précieusement sur une étagère à côté du registre de l'église contenait la réserve d'hosties et de vin. Un coffre ventru, qui avait été logé sous une table de chêne Dieu seul savait comment s'il avait eu la curiosité de regarder par là à ce moment-là, réserva une excellente surprise à la jeune femme : un jeu complet de tentures de tapisserie y était précieusement conservé. Naturellement le meuble ne pouvait pas s'ouvrir complètement, bloqué comme il l'était, et il était tout bonnement inenvisageable de bouger baquets et table pour en faciliter l'accès. Un soupir du meilleur aloi vint ponctuer ce constat. Un second, plus profond, accompagna la résolution que la rouquine venait de prendre. Vérifiant une première fois que personne ne s'apprêtait à entrer, elle s'accroupit près du sombre coffre aux merveilles. Une seconde fois, elle regarda derrière elle, bien consciente des taquineries que le destin était capable de vous jouer quand vous vous trouviez en fâcheuse position. Personne... Ermi se mit sans faire plus de façon à quatre pattes et se glissa sous le plateau de bois massif de la table. Tout en prenant garde de ne pas se fracasser le crâne à la suite d'un mouvement trop brusque, la petite diaconesse commença à se battre avec le couvercle du coffre, qui céda facilement face à son adversaire poids plume et s'entrouvrit autant que possible. Avec une joie presque enfantine, Ermelina extirpa l'une après l'autre les tapisseries, les empila soigneusement puis recula pour pouvoir se remettre à la verticale. Lorsqu'enfin elle fut d'aplomb, elle put récupérer les pièces de tissus et s'empressa d'aller les déposer dans la nef, sur un banc, afin de prévenir tout accident aqueux.

De retour dans la sacristie dont, elle en était persuadée, elle finirait par connaitre le petit nom de chaque pierre avant le lendemain soir, Ermelina se recala sur son tabouret et inspira profondément. Le parfum des lys et des iris devenait grisant, ce qui n'était pas pour lui déplaire ; délicatement, elle piocha quelques végétaux et se replongea dans les compositions florales. Des bruits de pas résonnèrent dans la nef alors que le troisième bouquet prenait forme. Avant qu'elle ait le temps de dire "ouf", Vanyelle se trouvait accrochée à son cou, exhibant fièrement la poterie qu'elle avait ramené toute seule de la boutique.


Mère ! Mère !!! Regarde ! C'est moi qui l'ai rapportée sans la casser. Tonton-Friandise ne m'a pas aidé une seule fois. Lui, au moins, il me laisse porter des choses quand on fait les courses..., déclara-t-elle en regardant Guccio poser son chargement.

Ermelina sourit en entendant le "lui, au moins" : quand on en venait au chapitre des revendications, la rouquine usait avec sa fille des mêmes stratagèmes qu'elle utilisait jadis avec son époux. Il suffisait d'orienter l'attention de l'enfant sur un autre sujet et le tour était joué : adieu récrimination et indignation, bonjour joie et gaité.


Vraiment, Vanyelle, je suis très fière de toi. Je vois qu'on peut te confier de grandes missions maintenant. Que dirais-tu de m'aider à faire de petits bouquets pour mettre aux pieds des statues, dans l'église ?

Les yeux de la petite se mirent à briller.

Pour de vrai ?

Oui, ma douce, répondit Ermi en souriant tendrement. C'est pour de vrai. Ensuite, si tu le veux bien, nous irons mettre les fleurs dans l'église et nous mettrons des bougies partout, pour que tout le monde puisse bien voir Tatie-Biscuit demain. Il faut dire que c'est un spectacle auquel ils ne seront pas prêts d'assister à nouveau, ajouta-t-elle pour elle-même. Je vais voir où est passé Guccio, indiqua-t-elle à l'enfant en se levant. Je vais voir s'il veut jouer avec nous à faire des bouquets.

Un saut dans la nef et un regard de chaton plus tard, Ermi, Guccio et Vanyelle s'étaient installés pour un atelier improvisé. La jeune femme avait ouvert la fenêtre et une douce brise s'engouffrait dans la pièce, faisant onduler les fleurs. Pour un peu, on aurait dit qu'elles dansaient et se réjouissaient aussi pour la cérémonie du lendemain. Ermelina se sentait bien, là, faisant travailler ses mains, discutant avec deux êtres chers à son coeur, riant, souriant, plaisantant. Malheureusement, toutes les bonnes choses avaient une fin : les baquets étaient vides, les poteries étaient pleines. Si la régularité n'était pas de mise, le résultat de l'ouvrage collectif n'en demeurait pas moins globalement harmonieux. Sachant le jeune Tolomei tout à fait autonome en matière d'agencement, comme le prouvait la présentation de ses marchandises dans son comptoir, Ermi put porter toute son attention sur sa progéniture. Alors que Guccio prenait soin d'installer un bouquet sur le sol à l'extrémité de chaque banc, Vanyelle et sa mère faisaient la tournée des saints, ornant comme elles pouvaient les niches. L'absence de "et lui, c'est qui ?" vanyellien finit par inquiéter la mère-poule. L'enfant cogitait visiblement et Ermi était bien placée pour savoir que, généralement, cela n'était pas un bon présage.

Mère ?

Oui ma douce ?

Tu es vraiment sûre que Tatie-Biscuit et Guccio ne pourront pas se marier ?

J'en suis sûre, ma douce. Tatie-Biscuit est amoureuse de Varden, et Guccio n'est pas amoureux d'elle donc ils ne peuvent pas se marier.

Ah... L'enfant replongea dans ses réflexions en installant un bouquet de sa composition aux pieds de Bynarr. Mais Alejandro n'était pas amoureux de Cocotine quand ils se sont mariés...

C'était ... différent, ma douce, répondit tant bien que mal une Ermi bien coincée. Disons... Qu'Alejandro était amoureux de Cocotine mais qu'il ne le savait pas encore. C'est une histoire de grandes personnes, c'est très compliqué à comprendre, tu sais. De fait, la rouquine se voyait bien dans l'incapacité d'expliquer la notion de "mariage arrangé plus ou moins forcé" à sa fille.

Bon, tant pis pour Tatie-Biscuit, alors. Vanyelle leva la tête et regarda sa mère dans les yeux. Et pourquoi tu ne te marierais pas avec Guccio ?

Pa... pardon ? coassa péniblement la diaconesse, manquant de peu de laisser tomber la dernière poterie qu'elle avait à mettre en place.

Ca serait bien, non ? On pourrait voir Tonton-Fraindise plus souvent, et puis je pourrai tout le temps aller jouer dans sa boutique, non ? Et puis ça ferait un nouveau mariage. J'aime bien les mariages, moi. Et puis tu aurais aussi une jolie robe de princesse. Tu crois que celle de Tatie-Biscuit sera aussi belle que celle de Cocotine ou que celle de Zaza ?

Laisser la petite s'éloigner du sujet fâcheux qu'était le mariage en général et son éventuel remariage en particulier semblait la chose la plus sage à faire. Aussi Ermi fit-elle mine d'écouter gravement tout ce que la petite pouvait lui dire en matière de mode. Visiblement, le seul mariage auquel elle avait assisté, là-bas en Espagne, l'avait profondément marqué. Peut-être les choses auraient-elles été moins gênantes si la mariée n'avait pas eu des moeurs plus légères qu'une plume et le marié énormément de choses à se faire pardonner auprès de la demoiselle et auprès de Zaza, tenancière l'établissement clos où les futurs époux avaient fait connaissance grâce à son intermédiaire...

En parlant de robe, ma douce, Guccio t'en a apporté une splendide pour être encore plus belle demain, glissa Ermelina, discrètement et fourbeusement dans la conversation. Quand nous aurons fini ici, je te la montrerai. Et si nous allions nous occuper des cierges, maintenant ?

La petite opina du bonnet avec énergie et courut dans la sacristie, histoire d'accélérer un peu le mouvement. La rouquine hâta le pas et jeta un coup d'oeil en direction de Guccio. Le Florentin avait terminé de son côté. Le voyant ainsi les bras ballants, la diaconesse ne put résister à la tentation de lui trouver un peu d'occupation. A la demande de Vanyelle, elle confia une belle provision de bougies à l'enfant et l'envoya en direction du choeur. Prenant la boîte de chandelles, elle se dirigea tranquillement vers le marchand. Elle n'eut pas besoin de formuler quelque demande que ce soit : comme toujours, un grand regard plein d'innocence et un grand sourire suffirent à faire comprendre à Guccio ce qu'on attendait de lui.

Sans attendre la réaction du principal intéressé Ermi se dirigea vers la pile de tentures et entreprit de les suspendre. Naturellement, lorsqu'elle se trouva à pied d'oeuvre, elle ne put faire autre chose que contempler dans une contre-plongée parfaite les crochets métalliques plantés dans la pierre loin, très loin au-dessus de sa tête. Certaines mauvaises langues auraient pu dire que de toute façon, n'importe quel objet situé à plus de six pieds de hauteur était définitivement hors de portée de la rouquine, et ils n'auraient pas eu tort. Comme l'endroit n'était pas propice aux élans verbaux fortement colorés, Ermelina se contenta de grommeler un vague "pourquoi faut-il toujours qu'ils conçoivent tout pour des girafes ???", s'en alla récupérer le tabouret qui avait soutenu vaillament son séant peu de temps auparavant et se mit enfin à l'ouvrage. Alors qu'elle gesticulait de son mieux pour mettre en place le premier panneau, un constat s'imposa : l'idée consistant à parer l'église était bonne en théorie, mais en théorie seulement. Il ne fallait pas être doté d'un instinct particulièrement développer pour se douter de la galère dans laquelle la rouquine s'était encore embarquée. Complètement absorbée par sa tâche, elle n'entendit même pas Guccio rappeler avec tact qu'il mourrait de faim. Au lieu de réitérer sa demande, qui lui aurait permis d'accéder directement au panier, le vaillant Florentin préféra prendre la place de la rouquine et installer efficacement les tentures. Lorsque la dernière tapisserie fut en place, Ermelina passa une main lasse sur ses yeux. Ils avaient presque terminé, ce qui n'était pas dommage compte tenu de la chaleur de cette mi-juillet et des efforts fournis en continu depuis le point du jour.


Guccio, merci du fond du coeur, mon ami... Sans toi, il est certain que nous n'aurions pas terminé dans les temps, il aurait sans doute fallu y passer la soirée. Je vais ranger la sacristie pour que tout soit fin prêt pour demain. Euuuuuuuuh... La rouquine marqua un temps d'arrêt et croisa les doigts. Pendant ce temps, pourrais-tu passer prendre le poêle que j'ai commandé chez le tisserand, s'il te plait ?

Le Florentin était vraiment d'une excellente composition : sans rien dire, il quitta l'église pour accomplir la dernière quête du jour. Ermelina et Vanyelle, elles, purent contempler un moment l'église. Les rayons du soleil couchant, colorés par les vitraux, embrasaient la nef et donnaient comme un souffle de vie à la statuaire locale. Mais l'heure n'était plus à la contemplation. Rassemblant conjointement leur courage et leur énergie, les deux Lioncourt firent place nette dans ce qui fut leur quartier général pour la journée.

Enfin terminé ! s'exclama Ermelina dans un authentique cri du coeur. Et si nous allions attendre Guccio dehors, ma douce ? Nous pourrions lui improviser un petit encas avec nos provisions, que t'en semble ?

L'enfant hocha la tête pour marquer son approbation. Ermelina l'observa avec attention et sourit : le marchand de sable ne mettrait pas longtemps à passer ce soir... C'est en souriant toujours que mère et fille s'installèrent sur les marches. Lorsque Guccio revint, un échange stratégique s'opéra : le panier à provisions finit entre les mains du Florentin alors que la rouquine s'emparait du poêle. Alors que le jeune homme se jetait sur la nourriture, Ermelina rentra une dernière fois dans l'église et alla ranger l'étoffe. Lorsqu'elle retrouva son petit monde, réglait son compte à une belle pomme. La diaconesse s'installa à côté de lui, faisant la conversation pour lui laisser le temps de se sustenter. Enfin, quand le contenu du panier ne fut plus qu'un lointain souvenir, les trois Chauriens se levèrent. Guccio soulagea Ermi de sa commande et la diaconesse prit sa fille qui s'endormait dans ses bras. En compagnie de Guccio, elle prit le chemin de l'auberge qui allait aussi devenir celle de son ami le temps d'une nuitée. Il était plus que temps de se glisser au fond d'un lit douillet : la journée du lendemain allait être riche en activités et en émotions, il faudrait être en forme pour tout affronter.
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Ermelina
Mrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrooooooooooooooooouuuuuu.

Silence.

Mrrrrrrrrrrrraaaaaaaaaaaaaaaaaoooooooooooooooowwwwwwwwwww.

Soupir.

MRRRRRRRRRRRAAAAAAAAAAAOOOOOOOOOOOOWWWWWWWWWWW !

Qu'est-ce que tu veux, monsieur chat ? Fais vite, je suis pressée.

Le félin noir et blanc au pelage soyeux sauta du muret où il lézardait et vint se frotter avec délectation contre les jambes d'une Ermelina, qui ne put contempler la scène qu'en haussant un sourcil révélateur de la perplexité qui était la sienne. La jeune femme venait de déposer sa fille Vanyelle chez Vanyel, tant pour les laisser à leurs préparatifs pour le mariage que pour avoir l'esprit libre pour les siens ; elle avançait dans les ruelles ensoleillées de Mauléon et s'apprêtait à se rendre à l'église, un panier au bras, lorsque le lion miniature vint à sa rencontre en braillant comme un perdu.

Si c'est une tentative de brigandage, c'est, n'ayons pas peur des mots, franchement raté. Je n'ai rien de mangeable sur moi. La rouquine lança un coup d'oeil critique à l'animal. D'ailleurs, le moins que l'on puisse dire c'est que tu es loin d'être sous-alimenté... Rends-toi utile, va donc chasser des souris si tu as besoin d'un dessert.

Le chat regarda la petite diaconesse, lui adressa une oeillade charmeuse et se frotta à nouveau contre ses jambes.

Désolée, ça ne prend pas avec moi... Ermi poussa un profond soupir et leva les yeux au ciel, pour le prendre à témoin de la situation.

Et voilà que je me mets à discuter avec un chat... Décidément, rien ne me sera épargné, hein ? Elle secoua vivement la tête de droite à gauche, pour se remettre les idées en place puis gratouilla le crâne de l'animal et reprit sa marche. Malheureusement, le félin ne semblait pas enclin à en rester là : en créature diabolique mécontente de ne pas avoir perçu la taxe qu'elle pensait lui revenir de droit divin ou en bon vassal de Murphy, le chat avait décidé de passer pile devant la rouquine, commettant ainsi un croque en jambe en bonne et due forme et manquant de très peu de la faire trébucher et s'étaler de tout son long. Ce fut donc l'occasion parfaite pour Ermi de vérifier l'étendue de son champ lexical dans la section "insultes diverses et variées à adresser à un félin ermicide" et c'est pestant et tempêtant qu'elle arriva devant la porte de l'église. Elle était la première, chose on ne peut plus normal compte tenu de l'heure : elle aurait donc tout le temps du monde pour apprêter l'église et son impériale carcasse. D'un pas décidé, elle pénétra dans la demeure du Très-Haut, fit une génuflexion en direction du maître-autel et emprunta le bas-côté gauche pour se rendre à la sacristie. L'air était encore chargé des odeurs de cire : la constatation fit doucement sourire la rouquine lorsqu'elle poussa la porte de la petite pièce.

Délicatement, elle posa son panier au pied du lutrin qui se tenait près de la fenêtre puis posa les mains sur ses hanches, le regard perdu dans le lointain. Comme toujours, la même question revenait : fallait-il se changer de suite ou accomplir les tâches les plus salissantes en premier et revêtir la tenue sacerdotale ensuite ? Prenant judicieusement en compte la nette tendance du jour à la catastrophe, la rouquine valida le choix de ses petites cellules grises et décida d'oeuvrer le plus longuement possible dans sa tenue civile. C'est donc ainsi qu'elle prit sur une étagère poussiéreuse le registre de l'église, qu'elle le posa sur le lutrin et l'ouvrit, cherchant la première page vierge. Dans la foulée, elle posa sur une table voisine plumes fraîchement taillées et encrier et se lança dans la rédaction de l'acte qui officialiserait le mariage de Vanyel et Varden : une fois satisfaite du résultat, elle prit soin de refermer correctement l'encrier et laissa son nécessaire d'écriture en place, prêt à l'emploi.

Vint ensuite le moment tant attendu des fouilles archéologiques : toujours pleine d'entrain, la petite diaconesse poussa le couvercle du lourd coffre de bois qui contenait la plupart des objets liturgiques. Après en avoir extirpé l'encensoir, elle se mit logiquement en quête de l'encens : c'est naturellement dans le dernier coin du meuble qu'elle finit par le dénicher. Elle se releva triomphalement et alla déposer son butin sur la table, en prenant garde de ne rien écraser sur son passage. Un duel féroce commença alors, opposant diaconesse et encensoir. En dépit d'un début prometteur et d'une résistance acharnée, l'encensoir fut obligé de déclarer forfait au bout une poignée de minutes qui avaient paru des heures à son adversaire. Adressant un regard narquois à l'objet terrassé, Ermi reposa le reposa avant de passer à l'étape suivante. Distraitement, elle se rendit dans le choeur, prit le cierge qui brûlait à côté du maître-autel et commença à allumer ses congénères que Guccio et elle avaient mis en place la veille sous le regard bienveillant des saints de pierre.

Lorsque l'opération fut menée à bien, la rouquine regarda autour d'elle avec satisfaction. Il ne restait plus que des points de détails, somme toute, à peaufiner. Elle en avait fini avec ce qu'elle considérait comme des ouvrages peu réjouissant et pouvait enfin passer à des activités qui, à défaut d'être plus ludiques, convenaient bien plus à son âme de croyante. Elle reprit donc le chemin de la sacristie (à présent, elle aurait pu s'y rendre les yeux fermés) et commença par se changer : les vêtements "civils" furent pliés, rangés dans le panier et troqués contre la robe de brocard mordoré aux motifs floraux stylisés que le jeune Tolomei lui avait livré la veille. Elle poursuivit sa métamorphose en se lançant dans un grand numéro de domptage. Armée de son seul peigne en ivoire, ultime vestige d'un séjour mouvementé en Espagne, Ermi commença par démêler sa crinière rousse puis opta pour une coiffure simple et surtout fonctionnelle. Des torsades où se mêlaient des rubans de soie noire naquirent et vinrent cascader dans son dos, la libérant, du moins théoriquement, de l'intervention inopinée en pleine cérémonie d'une mèche rebelle. Pour finir, la jeune femme prit son étole, la déplia presque avec tendresse et s'en ceignit. Elle était enfin présentable et prête à prendre du service.

Tout en fredonnant un cantique, la rouquine s'empara d'une pile d'étoffes et se dirigeait vers le choeur. Arrivée derrière le maître-autel, elle commença par poser son fardeau puis ôta de la table tout ce qui s'y trouvait. Ensuite, d'un geste sûr, elle drapa le plateau de pierre puis installa le plus harmonieusement possible le cierge, les deux bouquets de fleurs et le poêle. Un nouveau saut dans la sacristie lui permit de plonger dans son panier et d'y récupérer son grimoire et son Livre des Vertus qu'elle alla déposer ouverts aux bonnes pages au centre névralgique des opérations à venir. Un ultime passage dans la sacristie et Ermelina se saisit de l'encensoir qu'elle redoutait tant. Après une nouvelle bataille pendant laquelle les noms d'oiseaux fusèrent quelque peu, c'est une Ermi rayonnante qui parcourut la nef, la cassolette enfin fumante à la main : elle fit une station devant chaque statue de saint, les encensant avec tout le respect dont elle était capable et en profita pour leur adresser au passage une petite prière, histoire de s'assurer de leur concours bienveillant. Arrivant devant l'effigie de Bynarr, la diaconesse fut fortement tentée par un snobbage pur et simple, dans toutes les règles de l'art, compte tenu du différend qui les opposait depuis la veille. Malheureusement (ou heureusement, allez savoir), la rouquine était dotée en plus de son fichu caractère d'une conscience professionnelle quasi psycho-rigide : c'est ainsi que la diaconesse SDF finit par balancer son instrument sous le nez du saint, achevant par là même d'enfumer l'église. Rapidement, elle retourna près l'autel et y déposa son petit matériel.

Un profond soupir de satisfaction souleva la poitrine de la jeune femme. Tout était enfin prêt. Il ne restait plus qu'à attendre. Et tant qu'à faire, Ermi avait l'intention de le faire intelligemment (ou du moins le plus intelligemment possible, ce qui était déjà bien assez ambitieux). Elle prit le temps de relire les quelques pages de son grimoire consacrées au mariage puis alla dans la chapelle. La sérénité de l'endroit la ravit, comme de juste et c'est sans se faire prier qu'elle médita un moment. Enfin, la cloche de l'église daigna bien égrener le quart précédent vêpres. Vanyel et Varden seraient là dans les minutes à venir. Lorsque vêpres sonneraient, la cérémonie pourrait commencer. Ayant opté, en accord avec les tourtereaux, pour une cérémonie typique de son Hainaut natal, la petite diaconesse se leva et alla s'adosser contre le pilier massif du narthex pour monter la garde : personne ne devait entrer dans l'église avant l'heure, c'était la tradition. Elle sortirait et irait chercher les fiancés, leurs invités et tous les fidèles qui voudraient se joindre à eux quand elle les entendrait, de l'autre côté du battant de chêne. Pour l'heure, il n'y avait rien de plus à faire que de profiter de ce calme avant la tempête. Et prier très fort pour que tout se passe bien, naturellement...

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Vanyel
Finalement ce jour était arrivé. Il parait que dans quelques heures elle serait mariée, elle préférait pour l'instant ne pas y penser, reculer ce moment, le faire traîner et languir encore et encore, bien que les secondes qui passent l'en rapprochaient délicieusement.

Les jours précédents disparaissaient dans un vague brouillard d'activités. Discussions avec Ermi pour la cérémonie à l'église, aller rejoindre Nuit à Tarbes et revenir à Mauléon, écrire nombre de courriers pour annoncer le mariage à venir. Passer du temps à s'occuper les mains en cuisine à faire des biscuits et planifier l'approvisionnement du banquet qui devrait avoir lieu dans le jardin de la demeure. Heureusement qu'Azurely lui avait d'elle-même proposé de faire sa robe, sinon elle s'y serait probablement prise à la dernière minute, vu sa passion pour les jupons, mais elle ne pouvait décemment pas ne pas avoir une robe pour l'occasion.

La veille, elles avaient passées un temps indécent à mariner dans un bain avec Nuit, à papoter, faire leur toilette, se démêler les cheveux. Alors qu’elles étaient attablées devant une tisane calmante – il fallait bien ça pour les nerfs de Vanyel – du bruit au dehors les avaient fait sortir, en prenant garde de ne pas croiser Varden – quand même bizarre cette idée comme quoi la veille et avant d’arriver à l’église le jour même futur marié et future mariée ne devait pas se voir. Russo arrivait en compagnie d’Aymeric.. qui avait le bras en écharpe ! Fichtre… pour quoi c’était-il pris cette fois-ci ? Ourson il l’avait déjà fait, oiseau aussi… castor et donc il avait eu droit à un tour gratuit en couillard en guise de projectile ? Ils avaient discuté un peu, mais pas trop, la route ayant prélevé sa dîme sur eux, et puis il fallait qu’ils soient en forme pour le lendemain, aussi ne tardèrent-ils pas trop à aller se coucher… il serait temps ensuite de se raconter leur vie.

De façon pas vraiment si étrange que cela, elle avait eu un mal fou à trouver le sommeil. Elle pensait et repensait à ce qu'il fallait pour que tout se déroule bien, est-ce qu'il y avait des oublis? et tout serait-il en place ? est-ce que les invités auront fait bonne route? Varden était-il lui aussi aussi fébrile qu'elle? Ça lui faisait bizarre de ne pas l'avoir à ses côtés, juste derrière Salamandra, mais pas la veille de noces, serment ou pas...

Quand l'aube commença à poindre et les oiseaux à chanter à tue-tête, elle se leva. La première chose qu'elle fit: regarder au dehors. Elle retint un petit soupir de soulagement en constatant que le ciel était clair et que la journée s'annonçait belle. Elle fit ensuite un vague effort pour petit-déjeuner qui se réduisit en fait à un sirotage d'infusion vu qu'elle avait l'estomac trop noué pour avaler quelque chose.

Tout en se préparant, elle et Nuit devisaient, reparlaient de tout et rien, du passé un peu, du futur proche et moins proche. Ses cheveux furent peignés mais laissés libres et entourés d'une couronne de fleur. Elle avait souri quand Azurely lui avait demandé si elle préférait une couronne comtale. Non, cette chose trop lourde qui donne mal au crâne était rangée dans un placard, les fleurs étaient bien plus agréables et fraîches qu'un bout de métal. Quelque chose de bleu ... ça irait avec sa robe, il y avait ce qu'il fallait. Quelque chose de neuf ... les boucles d'oreille en forme de plume qu'elle avait demandées... quelque chose de vieux.. elle avait l'anneau d'Ermi qu'elle avait passé à son majeur gauche... quelque chose d'emprunté ... pas l'anneau d'Ermi puisqu'il parait qu'un même objet ne peut pas faire 2 en 1.. Elle attendait Russo, elle lui avait fait part de la chose et un sourire se dessinait sur ses lèvres à la pensée de ce qu'elle avait le droit d'emprunter et à la tête que pourrait faire Varden en la voyant ensuite.

Après avoir passé leur robe, s'être coiffées, Vanyel descendit faire un tour en cuisine, en regardant à chaque recoin de la maison qu'elle ne croisait pas Varden, il ne le fallait pas avant de le voir devant l'église. Elle prit garde en passant à côté des tables qui se chargeaient des mets qui seraient ensuite servis au banquet, s'assura que la réserve de tonneaux pourrait être roulée à temps vers les tables au dehors. Pitêtre qu'elle avait envoyé un mot dans ses domaines pour en faire rapporter quelques uns en plus de ceux dont Varden disposait dans ses caves.

Elle retrouva Nuit ensuite. Elle ne cessait de jeter des regards dans la cour pour voir si elles arrivaient. Elle ouvrit la fenêtre en grand en voyant arriver Vanyelle et Ermi et leur fit de grand signe. Elle les rejoint et échangea quelques mots avec la diaconesse qui s'en alla ensuite finir de préparer l'église tandis que la puce restait en sa compagnie... Elle se retrouva non pas à jouer à la poupée avec Nuit... mais pas loin. Vanyelle devant être petite demoiselle d'honneur, elle eut droit elle aussi à toute la panoplie de brosse à cheveux et rubans pour accompagner sa robe, la future mariée et son témoin s'en donnant à cœur joie dans la bonne humeur.

Le temps s'écoulait, trop vite ou pas assez vite, selon... Russo et Aymeric les rejoignirent, un peu reposé de leur voyage. Elle leur présenta Vanyelle, qui tentait de se cacher derrière sa robe. Très fière d'elle, elle accepta la peau d'ours albinos de Russo pour le temps du mariage .. quelque chose d'emprunté, et pas n'importe quoi! Se retrouver entre amis et famille la calmait quelque peu...ils parlèrent un peu, elle leur offrit une petite collation - de biscuits principalement cela va sans dire et quand même quelques tartines de pâté - puis quand il fut temps de se mettre en route, elle fut un instant prise de panique mais non, Nuit avait bien l'anneau destiné à Varden, ainsi que les pièces d'argent. C'est étrange comme elle avait tant attendu ce moment et comme maintenant qu'il était à portée de main, elle essayait de le retarder.

Ils sortirent tous d'un côté de la demeure. Eux partaient sur la droite, pour éviter de croiser Varden qui lui emprunterait le chemin partant vers la gauche. Elle tenait la main de Vanyelle à droite et celle d’Aymeric à gauche. Normalement, elle aurait dû se promener à dos de Félicien... ça c'était la théorie. En pratique, elle avait décidé de marcher parce que c'était plus conviviale et plus pratique pour discuter en chemin que si elle avait été sur son cheval. Ils parcouraient les rues du village, en joyeuse troupe, annonçaient à ceux qu'ils croisaient que s'ils le souhaitaient ils étaient conviés à l'église où ils se dirigeaient pour le mariage, et si l'envie leur prenait au banquet qui aurait lieu ensuite.

C'est ainsi que Vanyel arriva devant le parvis de l'église de Mauléon pour ses noces, en robe de collection "Pearl Azurely" réhaussée d'un manteau d'été en peau d'ours blanc albinos - et non polaire, sinon ça aurait été un manteau d'hiver.



Crevette déguisée en ours? Peut-être. Elle savait qu'Ermi était derrière les portes de chêne pour l'instant closes de l'église, elle l'attendait lui. Il n'était pas encore là et comme il se doit, ses pensées dérivèrent un chouilla à cause de l'anxiété ... ce n'était pas possible qu'il se soit perdu en route, ils étaient à Mauléon et il est bien connu que tous les chemins du village mènent à Rome.. enfin l'église, bref le centre religieux donc. Il n'avait pas non plus pu se faire attaquer en chemin non? pas ce jour. Impossible qu'on l'ait appelé d'urgence à la chancellerie, même lui devait bien avoir droit de ne rien y faire le jour de son mariage... Peut-être qu'il n'avait pas réussi à dormir et que forcément, Murphy aidant, il s'était assoupi rompu par la fatigue ce qui immanquablement allait le retarder... et ça trottait et ça trottait ainsi dans la tête de Vanyel....

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en cours de modification
Varden
Il n'était pas mort, pas perdu, pas absent, pas loin d'être en panique ... Où était donc le costume que lui avait fait Azurely ! Il était certain de l'avoir rangé en ce placard là ! Regard circulaire pour évaluer la pièce ... Rien ... Il ne pouvait pas venir habiller comme à l'accoutumée pour son propre mariage tout de même !

Une goutte se sueur roula sur son front puis passant la porte de sa chambre, il jeta un coup d'oeil pour tenter d'apercevoir si Vanyel était dans sa zone visuelle ... Oui, oui, oui, il n'était pas sensé la voir avant la cérémonie mais il était tellement curieux qu'il ne pouvait s'empêcher d'essayer de créer le fortuit ... Elle n'avait plus l'air là ... Enfin pas dans cette zone de la maison ... Il balaya du regard le palier et chercha celui qui avait raison à tout ... Ne le trouvant pas, Varden opta pour une solution radicale ...


AAAASSSTTTIIIMMM !!!

A droite ? A gauche ? Ah oui tiens là bas au bout du couloir, il accourait ...

Il était déjà prêt ... Magnifique dans sa nouvelle tenue ... Sourire satisfait du jeune Comte à l'encontre de son page ...


Merveilleux Astim ... Merveilleux ...

Bien ! Je cherche mon costume de mariage, sais tu où il a été déplacé ?


Regard étonné d'Astim sur son maître.

Non ...

Ou quand un monde s'effondre immanquablement devant la dure et triste réalité ...

Vanyel, elle, saurait sans doute mais immanquablement, il ne pouvait aller lui demander cette information ... Ainsi donc, il devrait s'en sortir seul ! Retour dans sa chambre, suivi d'Astim, quelque peu perplexe ...


Vous n'avez pas pu le perdre tout de même ...

Regard désespéré du Chancelier ...

Pas perdu ... Simplement égaré temporairement ...

Regard qui se lève vers le plafond du page décidément bien en verve ...

Ah oui ... Quelle nuance ...

Regard foudroyant !!!

Il me faut ce costume pour me rendre à l'Eglise ... Va ! Cherche Tristan et demande lui s'il ne sait pas où il pourrait être ...

Tourner en rond, faire les cent pas, réfléchir, réfléchir, réfléchir, réfléchir ... *Gniiiiiii* Pourquoi cela n'arrivait il qu'à lui ? Et justement ce jour !!!

Des éclats de voix, des bruits en bas de la maisonnée lui firent comprendre que les invités arrivaient pour accompagner les futurs mariés ...

Il était en retard ... Le jeune Marcelon lui fut amené à reculons ... L'antipathie du gosse pour tout ce qui était homme, en l'occurence Varden et Astim ici n'avait pas baissé d'un pouce et c'est la mine renfrogné qu'il se retrouva dans la chambre du Comte ...


As tu vu mon costume, Tristan ?

Déni de la tête et regard vers le sol ... D'un sourire entendu avec Astim, Varden poursuivit pourtant, haussant les épaules de dépit ...

Moi je m'en moque ... Mais Vanyel risque d'être terriblement triste de ne pas me voir arrivé en costume ... La peine qui lui sera causé par celui qui m'a pris ce costume sera sans commune mesure, je le crains ...

Astim hocha positivement de la tête aux propos de Varden ...

C'est une certitude !

Les larmes aux yeux, le jeune Tristan releva la tête et regarda tour à tour les deux hommes ...

Nooon ! Je ne veux pas que Dame Vanyel, elle soit triste ! Et dans un bougonnement murmuré ... Il est dans ma chambre ...

Pas le temps ni l'envie de faire des reproches à Tristan que Varden s'élance vers sa chambre ...

Il fallait faire vite, sinon il serait terriblement en retard ...

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Grand Audiencier
Comte d'Ossau
Maxime_
Tadam !! Il l'avait enfin ! Son beau costume, spécial mariage. Et puis, ce n'était pas pour n'importe quel mariage. C'était pour THE mariage, the teuf of the year ! Il fallait être impeccable. Cependant, quand il arriva chez lui, dans son hotel cinq étoile, qui était aussi la demeure de Varden, il trouva quelque chose d'assez... Spécial. « Kakine, sale crotte d'écureuil mal baisé ! » En effet, Kakine, la chienne bouldog, qu'il avait depuis tout petit, venait de faire la fiesta avant l'heure sur le lit en plume d'oies blanches. Rha mortecouille, quelle poisse ! Il poussa un énorme cri, surpuissant, qui raisonna dans toute la maison, pour appeler son valet. Il attendit, les poings sur les hanches, regardant sa chienne. Celle là, quelle sale petite garce ! Puis son Valet arriva, tout essoufflé. « On peut savoir où t'étais? Dit il d'un ton menaçant. Toujours en train de courir les poulettes... Parfois, je me dit que tu ferais mieux d'être homo, au moins, ça éviterait les ennuis... Mais c'est bien, je suis fier de toi » Finit-il en souriant. En même temps, tel maitre tel valet... Ouais bon ça sonne moins bien que tel père tel fils, mais c'est déjà bien d'avoir eu la créativité assez étoffée pour avoir trouvé ça. Bref... Il posa soigneusement son costume et fit sortir Kakine à coup de coup de pied dans le derrière. En plus, elle se mit à le regarde méchamment. Prit d'une soudaine haine, il prit sa botte et lui balança, fermant la porte en la claquant.

Il se mit à enlever soigneusement ses précieux habits qui coutent les yeux de la tête, les déposa sur une chaise, en hauteur à cause de Kakine, et se rendit compte qu'il était nu. Souriant tout seul, il enfila son costume de Chickenpoulet. Il était tellement content qu'il aurait presque eu envi de se faire une petite partie de plaisir solitaire, si vous voyez ce que ej veux dire. Mais bon, comme il ne s'appelle pas Bill Clinton, il ne fallait pas qu'il sorte avec un costume tout taché, ce ne serait pas convenable. Une fois prêt, il se munit de son cadeau particulièrement... jouissif et le tendit à son valet qui venait d'entrer. Puis il sortit de la chambre et se dirigea vers le village. Il avait été obligé de prendre un bâton, car il ne savait pourquoi, mais tous les chiens du village lui courraient après. Une fois arrivé au village, il prit la grande rue qui menait à l'église. Enfin il apercevait la splendeur, la beauté, l'élégance de sa tante, et le charme, la classe de son futur oncle. S'approchant avec un grand sourire, il s'avança vers eux et fit une révérence.

« Mes hommages, messieurs dames ! »


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Russocarine
Finalement après quatre jours de route, Russo et Aymeric, le page de son époux et filleul de la mariée étaient arrivés à Mauléon. La route s'était faite sans encombres, pas de brigands, pas de pluie, pas d'erreurs d'orientation, pas de cheval échappé. Le petit page avait gardé bonne contenance malgré son bras en écharpe, souvenir d'une partie de chasse à l'ours, et Russo avait du s'occuper seule du campement pour les deux nuits qu'ils avaient passé dehors.
Elle avait demandé son chemin en ville pour rejoindre la demeure de Varden ou de Vanyel, enfin, bientôt des deux, et avait passé la soirée avec la future mariée, qui avait honteusement profité de la circonstance pour lui emprunter son dernier trophée. Mais il y a des choses qu'on ne refuse pas, et puis prêter sa hache à casser les portes de mairie ou son bouclier en peau de hérisson risquait de ne pas trop aller avec la robe de circonstances. Russo avait même fait l'effort de ne pas évoquer la question du menu du lendemain et de la présence ou non de fromages de vaches. C'est donc épuisée qu'elle alla se coucher, rangeant précieusement un étrange paquet dans sa chambre.

Le lendemain, après s'être décrassée de la poussière du voyage, et espérant qu'Aymeric en avait fait autant et ne sentait plus le poney, elle enfila sa robe de cérémonie qu'elle avait fait agrémenter de broderies de vignes, passa sa traditionelle peau d'ours sur les épaules, et descendit à l'office sa peau d'ours blanc sur le bras.



Oui oui, deux peaux d'ours, vu que la deuxième, neuve, brillante, fraichement cueillie sur la bête, était empruntée par la mariée.
Quelques tartines de pâté englouties avec une poignée de délicieux biscuits, et elle était prête à accompagner Vanyel à l'église. Ce qu'elle fit, souriant à la pensée du nombre de fois où la crevette avait juré de ne pas vouloir se marier, le nombre de fois où elles avaient inventé des épreuves terribles pour les prétendants téméraires, épreuves que Varden avait d'ailleurs étrangement réussi à esquiver.
Donc voilà... devant l'église, elle attendait elle aussi de voir LE marié.

Froncement de sourcils en voyant arriver un pouletoun... L'enterrement de vie de garçon avait il laissé des traces, ou était ce un signe avant coureur du menu à venir ?

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--Vanyelle


Mère m'avait dit que tatie Biscuit allait se marier. Elles avaient passé plein de temps à discuter, toujours de noces, de cérémonie, de témoins, d'église. Moi j'écoutais avec plus ou moins d'attention. Parfois j'essayais de retenir les détails, parce que moi j'avais dans l'idée de faire un mariage pour Carmenchita, ma poupée le méritait bien il me semblait. Mais des fois, perdue dans ma cérémonie où je m'imaginais mariant mon amie de chiffon j'en oubliais de prêter une oreille à leurs propos. J'avais aidé mère à préparer l'église, même si ce n'est pas très facile avec mes petites mains, mais j'ai essayé.
Et puis le matin du mariage, mère m'avait dit que je serai demoiselle d'honneur. J'ouvrais de grands yeux à ses mots. Ça semblait chouette... sauf que je ne savais pas vraiment en quoi ça consistait en fait, mais sur le moment, cela n'avait guère d importance. En fin de matinée, elle m'amena là où tatie était et me laissa à sa garde tandis qu'elle partait finir les préparatifs dans l'église qu'elle avait dit.
J'observais tatie en robe. Moi je trouvais que ça lui allait bien... et puis elle m'entraîna avec une copine témoin à elle.


Ma puce, on va te mettre une robe spéciale aujourd'hui, parce que c'est un jour particulier, et ensuite on te coiffera, on fera attention de ne pas te tirer les cheveux.

Oh oui, je veux une robe comme toi! et puis promis, je ne dirai rien si ça tire un peu.. enfin j'essaierai.

Tatie et sa copine semblaient contentes, et elles discutaient et moi je tâchais de me tenir sage. Quand enfin je fus prête, elles me mirent devant un psyché et je portais la main à mes couettes. La petite fille dans le miroir fit de même.. c'était bien moi. Je me jetais dans les jupes de tatie en riant puis tournoyait à côté d'elle, ce qui la fit rire elle et son amie.
Puis des inconnus arrivèrent. Au début, j'étais un peu timide, mais après le naturel repris le dessus. J'aimais bien l'ambiance de ce jour, tout le monde avait l'air content. Et puis on finit par partir rejoindre mère à l'église.

Et une fois là-bas depuis peu... un poulet arriva ... je tirais doucement sur la robe de tatie biscuit, pas très sûre de ce que je voyais


Tatie.. dis tu as invité un poulet géant ?
Trolkabu
Pas d'embûche, pas de maux. Quoi qu'une bonne moutarde aurait pu accompagner gracieusement le groin de sanglier de la veille. Toujours est-il que la bête ou ce qu'il en reste, est allée rejoindre, sur la selle de la carne, le tonneau de sel d'un aubergiste sur le chemin. Selles justement délicates le lendemain, surtout monté sur canasson, où les bourses souffrent de leur surpoids causé par la vente de la belle pièce, trouvée par hasard sur sentier battu. C'est donc en bonne forme et humeur, malgré l'absence de sa petite famille, que courbatu TrolKabu arriva. Ville si particulière, au verger dont on ne trouve les couleurs qu'à Mauléon, et sans insectes qui plus est. Logique, ma foi. La foi ! Justement ce qui amenait Trol ici, ou presque. Non pas qu'elle déplace les Trol aussi bien que les montagnes, mais ceux qui y croyaient l'attiraient. S'aimant l'un et l'autre, il était temps, il leur fallait célébrer union qui, de mémoire de Trol, n'était jamais censé arriver. Il faut un début à tout, paraît-il. Et il devra venir aussi pour lui et sa compagne, bien que rien ne presse.

Le dos brisé, il prit place dans la première auberge venue à servir des festins, quitte à ce que ses intestins en souffrent autant que son dos. Il faut dire qu'à galoper ainsi sans trop de repos, fatigue autant la monture que le monteur, plus tout jeune et abîmé par le labeur passé. Il faut dire que l'âge altère bien des choses. Immunisé au vieillissement qu'est l'appétit de Trol, c'est francherepue qu'il escompte obtenir ce soir comme hier, se contentant d'un pain carré et doré délicieusement que sa douce lui avait préparé par jour pour le reste du voyage. Tout excité par la faim, il alla ôter sa tenue de tous les jours, pour revêtir celle des grands jours, ou du moins, celle pour les jours moins communs. Guilleret partit-il fouiner ça et là en cuisine et sur les étals fermants des marchands, prêtant autant l'oreille par trop indiscrète aux conversations, que l'odorat aux effluves alléchantes de fruits plus ou moins gâtés. Les yeux et la mémoire encore entiers, ou pratiquement, il put jouer des sourcils et esquisser sourire en apercevant des visages amicaux, ou reconnus.

L'heure approchant, ou peut-être même passée, il prit la direction de l'église, non sans se laisser détourner par son appétit, à chaque fenêtre ouverte, traçant un chemin plus que sinueux, jusqu'à arriver sur le parvis, se nourrissant alors de la joie incommensurable d'apercevoir enfin quelqu'un capable de le mettre d'une humeur follement joyeuse : un poulet géant ! Babines retroussées, nervosité contenue à en faire saigner les tempes, gestes convulsifs, il lui fallait attendre l'heure de festoyer, délicat. Se retournant un instant pour se préparer mentalement à subir cet attise-fringale, il reprit son pas, d'un calme apparent, souriant le plus naturellement du monde à ceux qu'il appréciait, plus une inconnue jeune fille, rappelant vaguement quelqu'un. Un salut laconique, comme à l'accoutumée, mais toujours chaleureux dans la voix et la façon. Un salut Trolien, en somme.
Varden
S'habiller en vitesse ... Mais on voulait l'en empêcher ! Ah satanés domestiques ... Mais pourquoi les avaient ils ? Il serait en retard avec leurs manières ... Quoi ? Comment ça avoir un costume ne suffit pas, il faut qu'il soit proprement mis ? On lui avait dit que le mariage c'était des contraintes mais alors là c'était le bouquet ...

Se pliant de mauvaise grâce aux nécessités du jour, passablement énervé à l'idée de l'évènement à venir, Varden attendait ... Et il ne devait pas être le seul à vrai dire ... Une fois les formalités esthétiques finies, il descendit aussi vite que possible rejoindre l'Eglise ... Devant sa maison, il chercha du regard s'il voyait Klementein, Lara, Caro ou encore Dotch ... Il avait reçu une fort jolie lettre d'Aimelin, qu'il ferait lire à Vanyel, et qui ne pouvait malheureusement être là ...

Lily ... Pompo ... Disparues ...

Faster ? Retenu sans doute ... Quasi ? Quasi ... Elle aussi allait se marier ... Coïncidence ? Surprenant ...

Bref, il scruta du regard, puis se retourna, Astim, décontracté le sourire aux lèvres et Tristan, l'air renfrogné le suivaient ...

Sourire et regard vers le ciel ... Une bien belle journée ... Qu'il n'était pas prêt d'oublier ...

Fort heureusement qu'il n'était pas loin de l'Eglise, il y serait en quelques instants ...

D'un pas, s'y rendre donc et les rejoindre ... Tous leurs proches ... Mais surtout elle ... Pas évident d'être dénué d'émotions un jour de mariage ... Un jour de mariage voulu et tant espéré ...

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Grand Audiencier
Comte d'Ossau
Aymeric_de_saunhac
- (Aymeric) : « NON ! Je ne veux pas prendre de bain ! Je ne suis pas sale d’abord ! »
- (Russo) : « Ne fais pas ta tête d’ourson Aymeric, tu sens le poney à plein nez ! Allez saute dans le bain ! »
- (Aymeric) : « Non non non non non ! Et non ! Puis d’abord elle est où Eliandre ? Je veux la voir moi ! Je ne me laverais pas avant de l’avoir vu !
- (Vanyel) : « Si tu tiens vraiment à ce que vos retrouvailles se fassent comme cela, ne t'étonne pas si elle fronce le nez en te voyant Aymeric. Allez l’oisillon, file prendre ton bain, je suis sûre qu'Eliandre préfèrera nettement te retrouver propre »


À contre cœur je rentrais dans le bain. Si j’avais espéré un instant pouvoir revoir dès mon arrivée Eliandre et partager avec elle les moindres moments, mes souhaits les plus chers s’étaient évanouis en quelques minutes. Priant pour qu’elle vienne seulement, le doute s’installait en moi. Et si père et mère avaient décidé de ne pas venir, Eliandre ne pourrait alors venir seule. Peut être voulaient-ils me laisser seul, m’abandonner ici, m’interdire de revoir Eliandre à chaque occasion, me laissant espérer pour ensuite anéantir tous mes espoirs. Seraient-ils seulement assez cruels ? Oui, pourquoi pas. Après tout ils n’avaient pas hésité à se séparer de moi. Fulminant, je lançais un coup de poing dans l’eau en en envoyant valser une quantité non négligeable en dehors du baquet.

Après m’être bien défoulé, non pas en me frottant énergiquement, bien au contraire, mais en râlant et en frappant cette eau qui ne m’avait d'ailleurs rien fait, je sortais en hâte pour m’éponger et m’habiller. Je ne pouvais pas désespérer dès à présent. Il restait de grandes chances qu’elle arrive. Il restait après tout encore plusieurs heures avant le début de la cérémonie. Enfilant des habits simples mais non négligés, je descendais au pas de course rejoindre tante Vanyel et Donà Russo. En chemin, une servante me prenant pour un domestique de la maisonnée me héla. Comprenant son erreur elle ne m’en détailla pas moins de haut en bas en affichant un regard sévère. Ma tenue semble t-il la titillait au plus haut point. Elle se garda toutefois de me faire la moindre remarque. Certes mes habits de pages n’étaient pas des plus appropriés pour un mariage malheureusement, je n’avais appris que tardivement l’évènement et n’avais aucunement eu le temps de me faire tailler un nouveau costume, la plupart étant restés à Montpelher.

En bas, Vanyel et Russo n’étaient plus seules, d’autres personnes inconnues pour moi se pressaient autour de ma tante. Une jeune fille qui se collait à elle notamment l’appelait tata biscuit. Jamais on ne m’avait dit que j’avais une cousine. Était-ce encore là un grand mystère de la famille ? Qu’importe, je me rapprochais prudemment des grandes personnes avant de sentir une pression sur ma main puis d'être emporté en avant. Vanyel m’avait pris la main pour que je marche à ses cotés jusqu’à l’église. Oubliant quelque peu mes tracas, j’affichais mon plus beau sourire en voyant pour la première fois tante Vanyel vêtue d’une majestueuse robe.

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Vanyel
Toujours en train de regarder qui pouvait bien passer, elle vit arriver .. euh.. on ne pouvait définitivement pas dire autre chose .. qu'un poulet, enfin quelqu'un habillé tout comme, étant donné la taille. Elle eut bien un très vague soupçon de l'identité de la personne.. que la voix confirma. Ça ne pouvait être que Maxime qui faisait une entrée théâtrale pour le moins. Elle sourit à la puce qui elle semblait un peu décontenancée, il faut dire que lorsqu'on ne connait pas le phénomène...

Ce n'est pas un poulet géant ma puce, c'est un garcon qui s'est déguisé. et de s'approcher du pseudo-volatile Coucou Maxime observation des plumes du costume tu as fait bon voyage j'espère. Dis ce sont des plumes d'Aldec froncement de sourcil hum, je retire ce que je viens de dire, lui c'est un canard non un poulet. Enfin tu n'as pas eu trop de mal à nous trouver on di...

Un autre homme venait d'arriver.. si elle avait su. Elle salua Trol, qui s'il avait un air aussi curieux que d'habitude, fut avare de paroles, peut-être était-il fatigué de la route.. ce n'était pas impossible, Castel n'était pas tout près. Bizarre sa facon de regarder Maxime.. certes c'était un estomac sur patte mais quand même ... Elle allait lui poser des questions quand... Un mouvement, quelqu'un sortant d'une rue menant à la place de l'église avec deux jeunes garçons sur ses talons... chevelure sombre....Varden était arrivé... il y avait beau y avoir du monde autour d'elle, il n'y avait aucun doute sur celui qui en un instant avait pris possession de son attention pleine et entière. Elle suivait ses mouvements du regard, observait ses traits avec un sourire rêveur, non qu'elle ne les connut pas, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Elle finit par remarquer qu'elle retenait sa respiration et expira doucement. Ce faisant la réalité reprit ses droits sur ses sens et les chuchottis ambiants n'en furent qu'accrus à son oreille. L'air sec et chaud portait des senteurs de moissons mêlées de terre chauffée par le soleil. Il n'y avait pas de vent toutefois et se servir de son bouquet de fleurs comme éventail n'était pas une option. Il se rapprochait de l'église... plus que quelques mètres....
Elle se plongea pendant une infime éternité dans ses yeux sombres avant d'oser l'approcher et déposer un léger baiser sur sa joue.


Adiou Varden murmura-t-elle avant d'ajouter avec un air malicieux. Quel heureux hasard de te voir ici.

Elle n'eut pas le temps de parler plus, les portes de l'église s'ouvrirent pour laisser apparaitre Ermelina et l'appréhension la saisit à nouveau. Elle s'était tu, regardait son amie en se répétant mentalement "tout ira bien" pour brider les idées folles qui fleurissaient un peu trop dans son petit crâne accompagnés d'une série de "et si.."
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en cours de modification
Ermelina
Qui n'a pas vu Cordoue n'a rien vu dans sa vie. L'Alcazar, la tour de Calahorra, la Grande Mosquée vous accueillent dans cette ville plus maure qu'ibère et vous invitent au voyage bien mieux que n'importe quel récit. Les ruelles qui serpentent entre les maisons blanches mènent le badaud de découverte en merveille. Heureux le voyageur qui, au fond d'un patio richement fleuri, est amené à goûter les délices du charbât au coeur de la torpeur de l'après-midi, savourant d'autant plus sa fraîcheur inattendue et les délectables parfums des fruits qui le composent. Pour découvrir les ruelles du marché, rien de plus simple : fermez les yeux et laissez-vous guider par les parfums des épices d'orient. C'est dans ce même marché que vous pourrez trouver en abondance guadamacile décliné sous toutes les formes possibles et étoffes précieuses. Pour les esprits les plus curieux, il faudra se détourner des artères commerçantes et se lancer à la recherche des ouvrages les plus rares qui firent de la ville l'un des phares culturels les plus importants des siècles précédents. Oui, vraiment, Cordoue avait tout du paradis terrestre, à en croire les récits de Zaza... Un paradis terrestre où Ermelina aurait bien aimé se trouver.

La jeune femme soupira et tenta de mettre un peu de suite dans ses idées. Peine perdue. Déjà, elle se trouvait déjà au coeur de la Sérénissime République... L'expression "voir Venise et mourir" avait toujours exercé un attrait tout particulier sur la rouquine. A en croire Guccio, la ville toute entière n'était que calme, luxe et volupté. Les maisons tenaient plus du palais que de la simple demeure. Les églises, bijoux d'architecture, étaient décorées par des toiles des plus grands maîtres, offrant à Dieu tout ce que l'homme savait faire de plus beau pour l'honnorer. A Venise, rien n'était impossible, rien n'était introuvable : il suffisait simplement de savoir vers quel campo aller, vers quel canal faire glisser sa gondole pour découvrir les richesse offertes par la Porte de l'Orient. Ici, ce n'est pas le cuir qui fait la renommée de la ville, mais bien le verre, ce verre si fin, si transparent, qui prend forme en quelque minutes grâce au souffle puissant et aux doigts agiles des artisans et se transforme en merveille finement ciselée. Comme à Cordoue, le vrai trésor de la ville réside dans les jardins cachés, entretenus avec amour. Comme Cordoue, Venise était une porte ouverte vers les destinations lointaines... Constantinople, l'Egypte et d'autres contrées encore plus fabuleuses, dont on pouvait percevoir un avant-goût en se promenant près des comptoirs où étaient déchargées les marchandises importées. Pour la petite diaconesse, Cordoue avait une beauté sauvage, alors que Venise, elle, était nimbée de mystère, mais toutes deux méritaient qu'on y séjourne longuement.

L'esprit vagabond de la petite diaconesse avait, il fallait bien le reconnaitre, décidément bien du mal à se concentrer sur le moment présent. Pour être tout à fait exact, il était très concentré sur le moment présent, mais sur un moment présent ailleurs. Loin, très loin de Mauléon et de l'église où elle attendait depuis près d'un quart d'heure et où elle commençait à ressentir la peur stupide de l'orateur avant que celui-ci ne prenne la parole. Que n'aurait-elle pas donné pour prendre ses jambes à son cou, explorer à son gré les villes qu'elle imaginait sublimes et surtout fuir le moment qu'elle appréhendait tant et qui était sur le point d'arriver. Mais il ne servait à rien de rêver : à Mauléon elle était, à Mauléon elle resterait pour les heures à venir. Ermelina soupira à nouveau et tendit l'oreille. Le brouhaha s'intensifiait : le bourdonnement d'insectes était désormais ponctué de bribes de conversations. Des éclats de rire retentissaient. C'était une véritable effervescence que la petite diaconesse percevait, et qui lui indiquait que les fiancés étaient là. L'envie de visiter l'Alcazar ou de vadrouiller du côté du campo dei Mauri se fit plus insistante. Enfin, la cloche sonna.

Premier coup. La petite diaconesse sentit ses entrailles se nouer et l'envie de se carapater devint plus forte encore. Venise, Cordoue, peu importait, elle tirerait ça à pile ou face en sortant de là par la porte de la sacristie. Second coup. Ses mains moites se mirent à trembler légèrement. Troisième coup. La rouquine eut toutes les peines du monde à déglutir tant sa bouche était sèche. Quatrième coup. Le doute s'insinua dans son coeur. Et si quelque chose n'allait pas ? Et si quelqu'un - que Dieu condamne son âme à errer pour les siècles des siècles dans les enfers lunaires - venait s'opposer à l'union ? Et si, par sa faute, par son étourderie, par sa bêtise, elle rendait le mariage invalidable dans sa forme ? Et si... Cinquième coup. Les yeux fermés, Ermi posa la main sur la poignée de fer ouvragé. Inconsciemment - peut-être était-ce là l'effet que les mariages devraient toujours avoir sur elle - ses pensées la ramenèrent auprès de Leandro, lui soufflant les mots que le chevalier avait utilisés pour lui décrire l'appréhension qui était la sienne avant chaque charge, chaque combat, et qui s'apparentait étrangement à ce qu'elle pouvait ressentir là, derrière le battant. La jeune femme sourit nerveusement, attrapa le petit reliquaire qu'elle portait au coup et l'embrassa pour conjurer le mauvais sort. Sixième coup. Maintenant. Il était temps de mettre fin à cette attente qui la rendait fébrile, temps de faire taire la part pessimiste qui était en elle et envisageait toujours le pire, temps de se rendre sur le parvis et de renouer avec ses racines...

La diaconesse SDF prit une profonde inspiration et poussa la porte de l'église. Comme toujours dans ce genre de situation, ce furent les habitudes et les automatismes qui prirent le pas sur la volonté propre d'Ermi. La jeune femme joignit les mains et se tint droite, comme l'exigeait la bienséance en grande compagnie ; le port de tête altier, comme il convient à une dame, elle avança de quelques pas et fit face personnes présentes. Le doux sourire qu'elle arborait atténuait considérablement la solennité de sa pose. Son regard se porta sur l'assistance, croisant des têtes connues, d'autres inattendues, voir inespérées, s'attardant quelque peu sur Varden puis sur Vanyel, dont la tenue vestimentaire ne manqua pas de l'étonner (et encore, le mot était faible). Si elle avait vu la robe le matin même, elle ignorait tout de la chose qui drapait ses épaules et qu'elle aurait pu définir, de là où elle était, comme une descente de lit velue. L'extravagance vestimentaire ne devait visiblement pas s'arrêter là : Ermi fut à deux doigts de l'arrêt cardiaque lorsqu'elle aperçut le costume criard et emplumé d'un tout jeune homme dont elle ne se souvenait pas avoir fait la connaissance un jour. Elle qui croyait avoir vu toutes les plus grandes excentricités à Paris lors de la fête des fous était épatée. Elle espéra simplement que ce n'était pas la dernière mode en vogue à la capitale et que, si c'était malencontreusement le cas, jamais elle ne gagnerait les provinces les plus reculées. Un petit clin d'oeil à Vanyelle, splendide petite poupée cachées dans les jupes de sa Tatie-Biscuit, enfin, lui permit simultanément de clôturer son tour d'horizon et de se donner un peu de courage avant de prendre la parole.


Qui donc ose se présenter ainsi en si grand apparat ce jour d'hui devant la maison de Dieu ? demanda-t-elle calmement et d'une voix posée et assez forte pour être entendue de tous. Les mots étaient venus sans peine, surgissant de sa mémoire. Ces mots, elle les avait entendus de la bouche de celui qui avait marié ses frères et ses soeurs aînés et c'est non sans joie et fierté qu'à son tour elle les prononçait pour Vanyel et Varden.
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Varden
Elle était là et en ce premier temps, elle seule comptait... N'en déplaise au fan inconsidéré de Captainpoulet, le célèbre Duc Breton, n'en déplaise à Russo et sa magnifique peau d'ours, n'en déplaise au jeune Aymeric ou à la jeune Vanyelle, homonyme de celle qui avait attiré de suite son regard ...

Azurely avait réalisé un travail magnifique, et il ne put s'empêcher de contempler un instant Vanyel en robe de mariée ... Sourire ravi du jeune futur marié ...

A sa promise ... Le regard accroché à l'azur de Vanyel ... Ou quand une seconde parait éternelle ... Le rouge aux joues, difficile de cacher une légère appréhension ...

D'un sourire, il salua les différents invités accompagnant Vanyel, marquant un arrêt, le sourcil arqué, sur le jeune Dénéré ... Toussotement ... Étranges mœurs ... Demoiselle Vanyelle était là aussi, charmante petite fille, grand soutien des fiançailles ...

Un autre arrêt sur le jeune Aymeric de Saunhac ... L'enfant de Phelipe ... Comment ne pas le reconnaître ... Même sans l'avoir jamais vu ... Indéfinissable pâleur, ponctuée d'yeux carmins ... Pas de répulsion, pas de satisfaction, simple regard portant intérêt au jeune homme ... Un peu de compassion aussi, sans doute, à imaginer l'avenir aussi sombre que sa peau était claire qui pouvait lui être réservé en ce bas monde ...

Hochement de tête envers Russo, il avait son fromage, elle le recevrait à l'occasion du banquet mais n'en savait encore rien ! Il lui devait beaucoup, car elle avait été l'artisan de son union avec Vanyel, lui permettant de respecter, à peine, les douze travaux de Vanyel infligés à tous prétendants et dont il aurait eu du mal à sortir vivant ...

Sourire à la pensée de tels souvenirs ...

Et revenir à Vanyel, répondre à son murmure ...


Adiou Vanyel Et un petit rire, mêlé de nervosité à son air malicieux ... L'envie de répondre mais guère le temps d'en offrir une le détendant peut être, que les portes de l'Eglise s'ouvrirent devant eux ...

S'avançant, il vit Ermelina les mains jointes et il sourit à la présence de la Diaconesse ... C'était un bonheur, une joie de l'avoir comme officiante et ce grâce à la bonne volonté de l'Évêque de Tarbes ... Ermelina était tout en prestance et Varden en fut légèrement impressionné. Mais venait déjà le temps de répondre à la question ...

Ils s'avancèrent tous deux à l'encontre de la Diaconesse, Vanyel lâcha à l'occasion la main des enfants l'ayant accompagnée jusque là ... Varden lui ne tenait pas d'enfants par la main, mais il lui faudrait aviser Vanyel d'une nouvelle à ce sujet tout de même ... Mais ce n'était pas l'heure pour le faire ...

Il prit la main de Vanyel dans la sienne, lui jetant un regard qui se voulait rassurant mais où l'on pouvait lire une certaine inquiétude face à ce qui les attendait ... C'est pourtant d'une seule voix qu'ils s'exprimèrent et ce de façon suffisamment audible de tous, ainsi qu'il était de coutume ...


Nous, Vanyel et Valère, humbles servants de Dieu, fidèles parmi les fidèles, nous nous présentons ici aujourd'hui pour recevoir le saint sacrement du mariage, pour que l'amour que nous nous portons mutuellement reçoive la bénédiction de Dieu, pour qu'Il nous lie à jamais, pour que rien ni personne ne puisse défaire les doux liens qui nous unissent.*

C'était comme une première étape de franchie ... Ils allaient entrer, l'esprit concentré sur le respect de la cérémonie et afin d'éviter tout faux pas, tels qu'il en avait vu à d'autres mariages, Varden conserva la main de Vanyel dans la sienne, le regard fixé vers Ermelina, meneuse de cérémonie et source de son salut devant toute maladresse sans aucun doute ...

*Les deux V citent le discours en entier tous les deux, et ne parlent pas l'un après l'autre malgré ce que la mise en forme forum pourrait le faire croire.
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Grand Audiencier
Comte d'Ossau
Ermelina
La rouquine sourit en les voyant avancer conjointement, main dans la main. D'expérience, elle savait que c'était un signe qui ne trompait pas : ils seraient toujours là l'un pour l'autre, marchant côte à côte sur le chemin sinueux que serait leur vie. Vanyel trouverait réconfort et soutien entre les bras de son époux, Varden tirerait sa force et son courage de la présence rassurante de son épouse... Ermelina les écouta avec attention, touchée peut-être plus qu'il n'aurait fallu par la simplicité et la beauté du tableau qu'ils lui offraient. Enfin, avec une infinie douceur elle écarta les bras, tournant les paumes vers les cieux.

Ainsi soit-il, déclara-t-elle, que la volonté du Très-haut, qui a guidé vos pas jusqu'ici et qui a nourri la flamme de votre amour, soit respectée, et que tous ici en soient témoins. Vanyel, Varden, poursuivit-elle en regardant les fiancés, et vous tous, soyez les bienvenus dans la demeure du Très-Haut. Entrez et prenez place sans crainte, car sa demeure est aussi la vôtre. Réjouissons-nous ensemble et célébrons donc l'union de ces deux êtres qui s'aiment et veulent donner par leur union un signe visible de l'amitié de Dieu sur cette terre ! conclut-elle en désignant d'un geste d'invite l'église.

La diaconesse jeta un regard à l'assemblée avant de se retourner et de regagner le narthex. Machinalement, elle repoussa complètement les deux battants de la porte : pendant toute la durée de la cérémonie elles resteraient ainsi, permettant à tous ceux qui passeraient par là de voir qu'un sacrement était délivré. Ceux qui en auraient envie pourraient y assister, que ce soit par conviction religieuse ou par curiosité. Précédant son petit monde, Ermelina remonta lentement la nef en jouant distraitement avec l'anneau passé à son annulaire, dernier vestige de la cérémonie de son propre mariage. Comme toujours en pareille circonstance, la rouquine adressa au ciel une prière muette pour le salut de l'âme de son défunt époux, plombant ainsi son pauvre moral jusque là au beau fixe. Alors qu'elle se glissait dans le choeur et venait prendre place derrière l'autel, la jeune femme constata avec une lucidité rare mais non sans désarroi que ses petites cellules grises semblaient au mieux partir complètement en sucette, au pire être en pleine révolte : pas de concentration pour deux sous, pas de suite dans les idées, souvenirs remis à l'ordre du jour à l'insu de son plein gré, il ne manquait plus qu'un épanchement lacrymal intempestif et Ermi pourrait officiellement dire que ce n'était pas une révolte mais bien une révolution*... Le plus rapidement qu'elle put, la jeune femme se lança dans un domptage express du minimum syndical de neurones nécessaires à l'accomplissement de sa tâche et elle reporta son attention (ou tout au moins tout ce qu'elle avait pu en récupérer) sur la suite logique des événements.

L'église allait s'emplir peu à peu, pour sa plus grande satisfaction. Non pas que la petite diaconesse aimait à se donner en spectacle devant un auditoire nombreux, loin s'en fallait. Elle était simplement heureuse de voir, comme ce serait le cas ce soir, plus de deux personnes réunies dans une église pour assister à une cérémonie. Les couleurs chatoyantes des vêtements ajouteraient autant de touches de gaité à l'édifice. La petite diaconesse ne put s'empêcher de repenser aux offices et aux cérémonies auxquelles elle assistait étant enfant. A l'époque elle était fascinée par les beaux atours des gens qu'elle côtoyait pour l'occasion - c'était peut-être, allez savoir, un héritage qu'elle avait transmis à sa propre fille, ce qui expliquerait assez bien son penchant fort prononcé pour la mode - et ne se lassait pas d'en prendre plein les mirettes, négligeant de prêter une oreille attentive à ce que l'officiant pouvait bien déblatérer (après tout, c'était tout à fait accessoire). Ne le cachons pas, la rouquine aurait bien aimé pouvoir se fondre parmi les invités, rester près de Vanyelle et retrouver ses joies simples d'antant mais, manque de bol, c'était à elle de déblatérer, aujourd'hui. Un sourire en coin retroussa les lèvres de la diaconesse. C'était l'insurrection généralisée dans sa boîte crânienne, la pagaille la plus totale. Et dire qu'il allait falloir officier sans soutien cérébral... Voilà qui promettait des céphalocaptations à la pelle. Les fiancés n'allaient pas tarder à faire leur entrée, il ne lui restait que peu de temps pour relire une dernière fois ses notes : autant s'y mettre de suite.





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*Non non, je ne pouvais pas la laisser passer, celle là, pas un 14 juillet (oui, il m'arrive parfois de prendre de l'avance dans la rédaction de mes posts). Comme on dit dans le milieu : historien un jour, historien toujours...
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Klementein


Un mariage... Mais non ce n'était pas le sien... D'ailleurs, Klem ne se voyait pas en mariée... Donner toute sa vie à un seule et même homme ? Et pis quoi encore ? Habiter dans la même maison tant qu'on y est ? De toute façon, même si elle en avait eu l'envie, la jeune Mauléonnaise n'avait trouvé personne à son goût. Trop peu dehors pour pouvoir apprécier quelqu'un de toute façon... On ne trouve pas quelqu'un d'appréciable en restant juste quelques instants en sa compagnie.

Non aujourd'hui était le mariage de Vardi, rhooo il avait failli l'enguirlander quand Klem l'avait appelé ainsi devant Vanyel...
Pour ce moment important pour ses amis, Klem avait ressorti ses anciens outils de tisserande pour se confectionner une robe toute de couleur ocre.

Elle passa devant la maison du comte d'Ossau, et se rappela sa convalescence lorsqu'il n'était pas encore comte du Béarn. Klem se pressa sans se presser vers l'église de Mauléon et arriva juste au moment où les deux fiancés faisaient leur demande pour rentrer, et suivit tout le petit monde dans la bâtisse, pour aller rejoindre la place qui lui avait été choisie.

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