Ermelina
Si elle en croyait ce qu'elle pouvait lire sur les visages des jeunes gens, l'Emotion était en train de gagner son match face à la Raison chez chacun d'eux. Le trouble, bien sûr, mais aussi la fébrilité qu'elle avait pu percevoir en touchant leur main, les regards échangés en quêtes de muettes réponses aux questions qu'ils devaient, comme tous les mariés avant eux, se poser, tout cela laissait pressentir que la Raison se trouvait mal en point, acculée dans les cordes, à deux doigts du KO final. Lorsqu'ils avaient préparé la cérémonie tous les trois, quelques jours plus tôt, Ermi leur avait proposé cet échange. D'un point de vue complètement extérieur et purement technique, il ne s'agissait que de l'appropriation et de l'adaptation par la Sainte-Mère du serment vassalique : la chose n'avait rien de romantique. Présentée sans explication, pour ce qu'elle était, la remise des mains avait été trouvée adorable par Vanyel et ratifiée aussitôt par Varden. Pourtant, la rouquine en aurait mis sa main au feu, aucun des deux n'avait mesuré pleinement tout ce que ce simple geste impliquait au niveau du vécu. D'autres avant eux, qui avaient expérimenté cette étape du mariage, avaient parlé de redécouverte ; ils avaient eu l'impression curieuse et tellement perturbante d'établir pour la première fois un contact physique, explorant à nouveau les sensations et les joies qui l'accompagnent, alors qu'ils pensaient connaitre pourtant par coeur tout de ce geste...
Ermi ne voulut pas les brusquer, faire éclater la bulle qui les environnait : elle leur laissa le temps de vivre pleinement le moment présent. Enfin, leurs mains se quittèrent à regret, abrégeant l'étreinte à laquelle elles aspiraient toutes deux. La petite diaconesse, qui n'aimait pas séparer ce qui était conçu pour aller si bien ensemble, ne souhaita pas prolonger trop longuement l'insupportable attente des deux mimines, aussi prit-elle sans plus attendre la main de Varden et celle de Vanyel, mais en inversant leur position : celle de Varden se faisait réceptacle et celle de Vanyel offrande. La rouquine sentit la joie monter en elle au moment où la main de la mariée allait toucher celle de son époux. Distraitement, elle se demanda si Zaza ressentait la même chose à chaque fois qu'elle formait un couple... Chassant rapidement la vision de la Poulette andalouse de son esprit, elle s'éclaircit discrètement la voix et reprit le cours de la cérémonie.
Varden, dit elle en posant la main de Vanyel dans celle du jeune homme tout en retirant ses mains pour les croiser à nouveau devant elle, je te remets Vanyel comme épouse pour que tu la gardes, saine ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Eglise. L'acceptes-tu ainsi ?
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Ermi ne voulut pas les brusquer, faire éclater la bulle qui les environnait : elle leur laissa le temps de vivre pleinement le moment présent. Enfin, leurs mains se quittèrent à regret, abrégeant l'étreinte à laquelle elles aspiraient toutes deux. La petite diaconesse, qui n'aimait pas séparer ce qui était conçu pour aller si bien ensemble, ne souhaita pas prolonger trop longuement l'insupportable attente des deux mimines, aussi prit-elle sans plus attendre la main de Varden et celle de Vanyel, mais en inversant leur position : celle de Varden se faisait réceptacle et celle de Vanyel offrande. La rouquine sentit la joie monter en elle au moment où la main de la mariée allait toucher celle de son époux. Distraitement, elle se demanda si Zaza ressentait la même chose à chaque fois qu'elle formait un couple... Chassant rapidement la vision de la Poulette andalouse de son esprit, elle s'éclaircit discrètement la voix et reprit le cours de la cérémonie.
Varden, dit elle en posant la main de Vanyel dans celle du jeune homme tout en retirant ses mains pour les croiser à nouveau devant elle, je te remets Vanyel comme épouse pour que tu la gardes, saine ou malade, et que tu lui conserves ta foi selon les commandements de l'Eglise. L'acceptes-tu ainsi ?
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