L_aconit
10 avril. Dernier acte.
Parce qu'un acte vaut mieux que des mots.
Des maux.
Parce qu'un acte vaut mieux que des mots.
Des maux.
- Qu'est-ce que tu racontes...
Le corps a déserté son côté. Transvasé. Transgressé. Quitté sa polarité.
Il se présente déjà au seuil du pénitent, s'introduit.
Les bleus le considèrent gravement. La dextre le saisit au col. Les silhouettes se heurtent.
- Fais ta prière Alphonse. Répète après moi. Là.
Mets tes mains ainsi. C'est bien.
Tu te demandes si tu es une bête féroce ou bien un saint.
Mais tu es lun, et lautre. Et tellement de choses encore.
Tu es infiniment nombreux .
Celui qui méprise, celui qui blesse, celui qui aime, celui qui cherche,
et tous les autres ensembles.
Trompe-toi, sois imprudent, tout nest pas fragile.
Le corps colle, plaque, défait, désarme. Le corps Règne.
La chair doit libérer. Il faut se libérer.
- Nattends rien que de toi, parce que tu es sacré.
Parce que tu es en vie.
Parce que le plus important nest pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi dêtre.
Regarde-moi dans les yeux. Regarde-moi. On sen branle, cest pas important
Moi je te trouve magnifique. Depuis la première fois que je tai vu.
D'ailleurs, je ne men suis toujours pas remis.
Et puis comment je ferais sans toi moi?
Et puis comment lunivers il ferait sans toi?
Ça ne pourra jamais fonctionner. Cest impossible.
Alors faut pas pleurer. Faut pas pleurer.
Parce que ça va aller je te le promets, ça va aller.
Parce quon est de ceux qui guérissent. S'guérissent.
De ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles.
Les lèvres murmurent, saccagent, psalmodient. La nuque est violentée.
La lutte résonne dans Saint Front désertée. Plus personne les entendra.
Peut-être juste le seigneur? Dieu aime ceux qui s'aiment.
- Mais un jour tout ça on ny pensera même plus .
On aura tout oublié, comme si ça navait pas existé.
En attendant passe tes bras autour de mon cou si tu veux .
Pendant que je te répète ces phrases qui nous donnaient de lélan hier.
Tu te souviens? Tu te souviens?
Les mains, douces, sont devenues ravageuses. Violeuses. Voleuses.
Sales. Crasses. Terriblement aimantes. Elles arrachent les vêtements.
Décarrapaçonent. Façonnent. L'Alphonse brut. Sans apparat.
L'exhortent à sortir. Le menaçent. La bouche se fend de mot féroces. Corps harponne.
- Tu nous entends mélancolie? Tu nous entends?
Si tu nous entends, va te faire enculer.
Tu pensais que tu allais nous avoir hein?
Tu croyais quon avait rien vu?
Surprise connasse! Donne tes hanches.
Tu nous entends la Honte? Tu nous entends?
Si tu nous entends fais gaffe quand tu rentres chez toi toute seule le soir .
On pourrait avoir envie de te refaire la mâchoire. Donne ta mâchoire.
La lutte est belle, laide peut-être, qu'importe. La vie l'est toute autant.
La vie c'est maintenant. Parce qu'un mois ça passe vite.
Un mois d'odeur, ça s'évapore vite. Sa mère !
Un rire clair, étouffé d'un baiser retentit aux madones endormies.
- Tu nous entends la Dignité? Tu nous entends?
Si tu nous entends sache quon a un genou à Terre et quon est désolés...
Là. Mets un genoux à terre. Vas-y Alphonse.
On est désolés de tout ce quon a pu te faire, mais on va changer!
On va devenir des gens biens, tu verras!
Et un jour tu seras fière de nous. Ou pas , j'sais pas.
J'sais pas si j'veux quand j'te vois là Alphonse.
Et toi, tu veux?
Donne ta bouche.
Tu nous entends lAmour? Tu nous entends?
Si tu nous entends, il faut que tu reviennes parce quon est prêts maintenant, ça y est
On a déconné cest vrai mais depuis on a compris
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cur dedans
Il faut que tu le prennes et que tu lemmènes
Tu nous entends lUnivers? Tu nous entends?
Si tu nous entends, attends-nous! On arrive
- Fauve -
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- (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil