Soeur Isabelle, Ordre des, incarné par Xandrya
Sur Isabelle, faisait parti de l'ordre des Clarisses depuis quelques années déjà et se concentrait sur ses tâches du haut de ses seize ans et de sa fraicheur, avec toute la ferveur qu'elle vouait au Très-Haut et ses compétences naturelles l'avait vu dirigée vers le soin des malades.
C'est ainsi que depuis plusieurs jours, elle s'était vu confiée la charge des combattants du tournoi, des ecckymoses, des entailles, des os fracturés ou déboités, des nez cassés... mais dans l'ensemble plutôt du petit et du gros bobo gérable avec ses surs.
Le nombre de nonnes avait d'ailleurs été réduit depuis une bonne semaine, ne restait que les souffreteux plus atteints par l'épidémie qui avait frappé Fribourg avec l'afflux de participants, vomissements, toux, douleur irradiant les corps, pain quotidien des novices à qui on repassait souvent les sales besognes.
Restait cependant le couple qui avait été ramené de Morat à l'arrière d'une chariote, sale état, mort pour ainsi dire, il fallait franchement vouloir reconnaître quelque chose d'humain sous l'amalgame de boue et de sang qui recouvrait l'homme et la femme qu'on leur avait amené.
Lui avait été attribué clairement la charge de la femme rousse, dont les premiers soins avaient déjà apportés son lot de surprise pour Sur Isabelle, elle avait entendu parler de ce genre de femme mais lorsque ses vêtements furent découpés et sa peau nettoyée, l'étonnement de Sur Isabelle resta entier, comment pouvait-on mutiler son corps de cette façon lui restait incompréhensible.
Les stigmates sur le corps de la femme rousse, sans prendre en compte ces dessins qui couvraient sa peau, étaient légions, anciennes pour certaines auxquelles s'ajoutaient celles qu'il lui faudrait soigner, comment sans armes les combattants avaient-ils pu terminés dans un tel délabrement restait un mystère.
Sans doute acte du Sans-Nom.
Le corps dénudé étendu sous un linge blanc restait désespérément inerte depuis près de deux semaines maintenant, chaque matin la jeune cordelière craignait de trouver le corps sans vie de la pauvresse, qui ne continuait de lutter qu'à l'aide d'un gavage au gruau d'avoine et de lait pour donner une chance à la gisante.
Au fil des jours, le drap, changé chaque matin, était un peu moins taché de carmin, son compagnon d'infortune n'étant pas dans un état enviable non plus, et veillé avec assiduité par Sur Hélène sans que quiconque ne sache pourquoi, et sans que personne ne l'importune à le demander, il est des âmes errantes que l'on souhaite prendre sous son aile, sans avoir besoin d'une raison.
Tout comme Sur Isabelle l'avait fait avec cette étrange femme rousse dont elle espérait voir le réveil, l'ayant protégée à sa façon d'un pansement sur la nuque afin de dissimuler le symbole hérétique qui s'y trouvait, pour que le Très-Haut ne lui refuse son assistance dans sa lutte pour survivre.
Geste entendu ou non, alors que personne ne lui aurait laissé plus de quelques jours de survie, la moribonde était toujours de ce monde, inconsciente mais ses plaies cicatrisant, plus ou moins bien selon les endroits, mais bel et bien vivante, ne lui restait plus qu'à sortir des profondeurs où elle se trouvait.
Soeur Isabelle, incarné par Xandrya
Sur Isabelle avait été ravi d'apprendre le réveil du compagnon d'infortune de la femme rousse dont elle avait la charge, le Tout Puissant avait semble t-il accepté d'entendre les prières qu'elle lui avait adressé pour cette âme errante.
En effet, quelques jours plus tôt, la cordelière avait retrouvé la blessée les poings serrés, premier signe de réactivité de ce corps inerte, pour quelle raison ? Seul le Très Haut en avait la réponse, mais les signes semblaient encourageants, quelques petits éléments de ce genre avaient pu être annotés, une tête pivotée, un drap déplacé dans la nuit.
Peu en somme mais quelque chose tout de même.
Avec un regain d'espoir Soeur Isabelle avait pris soin de "gaver" la combattante comme on l'aurait fait d'une oie, allant parfois jusqu'à attendre un réflexe de haut le coeur du corps, espérant sans l'avouer qu'outre remplir son bol stomacale, cette sensation désagréable voire douloureuse la ferais s'éveiller, mais que nenni, juste un besoin de réaction rapide pour éviter l'étouffement de la malheureuse.
Certaines pratiques de Soeur Isabelle pouvaient sembler barbare, mais en voyant l'état du sicilien à son réveil, fortement amaigri de n'avoir été pas gavé, le résultat sur sa malade la remplissait d'une fierté dont elle devrait se confesser.
Certes la femme avait perdu du poids mais elle tiendrait debout lorsqu'elle reprendrait connaissance, dans la mesure où ses jambes seraient en capacité de se lever.
C'est alors qu'elle était en phase d'inventaire des fioles, potions, bandages et autres onguents du dispensaire que Soeur Fanny vint la prévenir du réveil de sa protégée, la cordelière délaissant recensement matériel pour aller constater l'éveil par elle-même.
Le chevet de la femme à la crinière rousse rejoint, c'est alors que Soeur Isabelle étira un sourire en découvrant pour la première fois le regard bleuté grandement ouvert sur ce monde.
- Bon retour parmi nous mon enfant, vous avez failli nous faire attendre, voilà plusieurs jours que vous êtes veillée avec assiduité.
Petit regard vers le brun compagnon ayant déjà repris ses esprits depuis quelques jours.
- Et certains n'ont pas la patience que le Très Haut a offert à notre ordre.