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[RP] De la part d'une plume usée jusqu'à l'os

Octave.
L'honneur que lui faisait la jeune Lilye ne pouvait pas accepter refus de la part du Beaupierre. Il avait donc convenu de se soumettre, enfin, à l'office du baptême avant de pouvoir accompagner la petite princesse lors du sien.

Organisé, comme toujours, il avait rapidement pris contact avec qui de droit pour mettre en place le tout. Elevé dans l'aristotélicisme, il pratiquait déjà sans avoir pourtant été admis au sein de l'Eglise officiellement, l'effort consenti n'avait donc rien d'insurmontable.

Il n'y a bien eu que lorsque la question du parrain ou de la marraine lui a été posée qu'il a réalisé que ce point là n'avait absolument pas été anticipé ! Il allait devoir réfléchir, et vite. Etant admis qu'il ne souhaitait pas passer encore une fois par sa famille - qui imaginerait qu'il demande à son petit con de neveu de devenir son parrain ? il ne lui restait pas pléthore de possibilités.

Le souvenir était récent, il attaqua sa missive ainsi :


Citation:
A Madeleine, et tous ses noms et titres,

    Le bon jour.

    Il pourra vous sembler étrange de recevoir missive de ma main, nos brèves rencontres n'étant pas si nombreuses à notre actif.

    Cependant, je manque encore de références qui ne seraient pas familiales, et j'ai déjà usé de la bonne volonté du Capitaine Royal, je rechigne à y recourir de nouveau.

    Peut-être commencez vous à vous demander quelle peut bien être cette affaire qui me pousse à prendre la plume et à vous en adresser l'oeuvre ? Et bien, je dois être baptisé. J'ai bien trop tardé à me plier à cet office, quand bien même je me rends deux fois par semaine à la messe et je suis déjà les préceptes aristotéliciens, sans en être pour autant une grenouille de bénitier...

    En effet, la fille d'Alvia, Lilye, m'a demandé d'être son parrain. Mais avant d'honorer la fonction, il conviendrait que je dispose moi-même d'une marraine. Vous l'aurez maintenant deviné, c'est cela que j'ose vous demander.

    Pourquoi vous ? Parce que vous m'avez plue. Vous êtes bien née, vous êtes pour ce que j'en ai vu, dotée d'un intellect certain et d'une certaine franchise qui ne sont pas pour me déplaire. Je ne doute pas que vous saurez me guider sur les chemins de la Foi, sans en faire trop.

    Cependant, n'étant pas si naïf, je comprendrais que vous ne souhaitiez pas vous engager de façon si définitive à l'égard d'un presqu'inconnu. C'est pourquoi je me tiens naturellement à votre disposition pour tout renseignement complémentaire, ou toute précision qui pourrait vous être utile.

    Nul besoin de vous préciser que l'affaire est assez urgente, la Reyne insistant pour que sa fille soit rapidement admise dans la famille de l'Eglise.

    Je vous remercie de l'intêrêt que vous aurez porté à ma requête. A toutes fins utiles, je me dirige actuellement vers Marmande, mais la cérémonie aura lieu en Armagnac.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre


C'était une bouteille à la mer. Un peu comme la bouteille qu'il porte maintenant à son verre, le sentiment du devoir accompli.
_________________
Octave.
Quand les tavernes sont vides, il faut bien trouver à s'occuper. C'est ainsi qu'il est aisé de trouver Octave attablé, avec devant lui suffisamment de parchemin pour fournir une université, un encrier plein et une plume qui a connu des jours meilleurs.

Citation:
Au garde du corps le mieux payé de France,

    Pierre, le bon jour,

    J'ai cru comprendre qu'à défaut de parler, vous maitrisiez l'art des lettres.

    Je me refuse à prendre des nouvelles directement auprès de votre employeuse, tant il me semble qu'elle doit être encore fâchée de mon dernier courrier. Ou bien qu'elle m'a oublié. On oublie si facilement un "lui".

    De mon côté, l'ennui aidant, je me demande si vous n'avez pas rencontré de difficultés lors de vos trajets. Je ne doute pas que vous ayez - enfin - empli votre office si tel était le cas, mais j'aimerais m'en assurer. Je serais ennuyé de la savoir - de nouveau - blessée.

    Enfin, j'avais cru comprendre que vos pas se dirigeaient vers la Guyenne. Pourriez-vous me préciser où ? Puisque j'ai prévu d'y passer prochainement, autant que j'en profite pour vous payer un verre, histoire de compenser votre quotidien qui ne doit pas être des plus... reposants.

    Bon courage dans votre fonction,


Octave de Beaupierre


Ce qu'il n'écrit pas, c'est qu'il a une surprise pour la brune, et qu'il compte bien profiter de l'occasion.

En parlant de brune, il pense à une blonde.


Citation:
A Lucie de Josselinière,

    Le bon jour.

    Finalement, je n'aurais pas attendu que vous soyez installée pour me lancer.

    Mon figure sur une liste en Armagnac, comté de mes ancêtres, où j'espère pouvoir apporter un peu de mon expérience et profiter quelques temps du moins de ma - nombreuse - famille.

    Je n'ai cependant pas oublié votre idée. Si vous en avez encore besoin, vous pourrez compter sur mon soutien, mes conseils et mon aide dans votre entreprise.

    Je suppose que vous attendrez d'être de nouveau seule en vous-même pour ce faire, ce qui laisse un peu de temps aux idées pour éclore. J'espère que vous vous sentez mieux cependant, vous n'aviez pas l'air dans votre assiette à notre dernière rencontre.

    Avec ce courrier, vous trouverez un peu de vin d'Armagnac, blanc et sec, de quoi reprendre des forces en vue des prochains mois. Il parait que le rouge est conseillé dans votre condition, mais celui que nous fabriquons ne vaut pas ceux que vous produisez peut-être en Bourgogne.

    Cela égayera peut être vos heures d'attente pendant le tournoi auquel votre mari avait prévu de participer.

    En attendant d'avoir le plaisir de vous revoir, que le Très Haut vous ait, et votre famille, en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre


Le pli une fois cacheté est posé sur une petite caisse à ses pieds. Il faudra veiller à ne pas se tromper d'expéditeur, le destinataire de son premier courrier lui semble du genre à ne jamais lui rendre le vin s'il venait à le recevoir en lieu et place de Lucie.

Se rendant compte qu'il a omis un détail, il reprend le pli et y ajoute un post-scriptum, à la va vite.


Citation:
    PS = J'ai osé demander à votre amie, Madeleine, d'être ma marraine afin que je puisse à mon tour parrainer la jeune Lilye. Si jamais elle vous demandait votre avis, j'espère que vous saurez lui dire que je suis digne de confiance. Enfin si vous êtes de cet avis, bien entendu.
    O.


Voilà qui est mieux.
_________________
Octave.
Citation:
"Lui",

L'ennui vous ronge-t-il à ce point la cervelle que vous envisagez rejoindre Isaure à nouveau ?
Elle se porte bien, si cela peut soulager votre conscience.

Elle ne me rebat pas les esgourdes en permanence à votre sujet, si ce n'est pour sous-entendre que je suis un piètre acheteur de poires en comparaison de vous. J'en déduis qu'elle ne vous en veut pas (trop) et qu'elle n'a (presque) pas oublié votre existence.

Nous moisissons actuellement à Agen. Pour combien de temps, je ne sais.

Fuyez.

Pierre


Il en a de bonnes le garde du corps... Fuir. C'est pas ce qu'il a fait y'a plusieurs, fuir ? Qui se farcit Isaure depuis si ce n'est le muet ? Octave, lui, il est pépère dans une taverne de Muret, en train de se la coller méthodiquement, sans regretter le moins du monde le claquage de porte au nez Isaurien. 'Fin... l'a pas tort Pierre. Vrai qu'il s'ennuie un peu. En général ou de la brune, on ne saura pas.

Citation:
Au muet le plus bavard que je connaisse

    J'arrive vous soulager de votre charge - rémunérée - d'ici deux jours pour un après midi. Veillez à ne pas l'avoir énervée juste avant, on sait qui en fait les frais.

    Vous me voyez flatté, ravi et honoré d'avoir su choisir des poires. Je vous montrerai à l'occasion. Mais pas les mêmes, de celles qui se boivent.

    J'en conclus cependant qu'elle est égale à elle-même.

    Je peux profiter de ses bons côtés quelques heures, et suivre votre conseil ensuite, quand elle sera de bien bonne humeur, comme nous la connaissons vous et moi. Une fois que j'aurai fui, je n'aurai qu'à me souvenir des bons moments, tandis que vous subirez les autres.

    Promis, le verre tient toujours. Voire la bouteille, vous m'avez l'air désespéré.


Octave de Beaupierre


En vrai, le Beaupierre ne sait pas sur quel pied danser. Bien sur, il a hâte de retrouver sa compagne de voyage, il apprécie sincèrement la jeune brune et sa conversation. D'un autre côté, ils ne savent pas rester plus de 20 minutes dans la même pièce sans que ça ne s'achève en pugilat. Et à leur dernière rencontre, il avait claqué la porte, repris la route, et elle n'avait toujours pas répondu à son courrier explicatif. Autant dire qu'en fait, il peut bien se la raconter en mode casual, il n'a aucune idée de l'accueil qui lui sera réservé. Heureusement, il n'y passe qu'une journée.
_________________
Octave.
Il avait pris ses risques, et en avait été pour ses frais : il quittait Agen avec assez de sourires isauriens en besace pour les semaines à venir. Arrivé à Marmande, et une fois la montagne d'affaires de Melusine chargée dans les charrettes spécialement affrétées par Kenny & Octave RouteLines, il retourne se désaltérer. A croire qu'il passe sa vie en taverne, entre un verre de vin et un encrier. A ne pas confondre.

Citation:
A Thylda

    Le bon jour,

    Même pas un courrier, un paragraphe, une ligne, un mot ?

    Voilà trois jours que je suis parti, et rien, pas une miette !

    Je vais finir par croire que vous avez autre chose à faire.


O.


Voilà pour le courrier du jour. Simple. Basique.
_________________
Octave.
Citation:
Mon cher Octave,
Cher Octave,

Octave,

Le bonjour,

La voici votre réponse. Si tant est que vous l'ayez vraiment attendue.

J'étais effectivement souffrante ces derniers jours et n'ai pas pu me rendre en ville: la fièvre ne m'a pas quittée pendant trois jours et quatre nuits, me clouant au lit, aussi frissonnante que brûlante. J'ignorais cependant que vous étiez de nouveau de passage à Agen, sans quoi j'aurais fait l'effort de venir vous saluer. Je suis d'ailleurs peinée que vous ne m'ayez pas fait prévenir. Sans doute espériez-vous ne pas avoir à me croiser pour mieux vous moquer de mon pauvre Petit Fleur. Son nom est tout à fait adorable et je l'ai choisi avec amour ! Et s'il a le malheur d'être né poney, il n'en est pas moins racé, et son endurance et sa vigueur en font un meilleur compagnon de route que certains chevaux aux noms bien moins fleuris !

Je viendrai à votre baptême, quand bien même vous ne me jugez pas suffisamment digne d'être votre marraine - oui, oui, je sais, vous m'avez fait votre petit laïus sur vos raisons, mais je reste tout de même vexée. Vous avez bien plus confiance en ma suzeraine et mon amie qu'en moi. Je dois me rendre à l'évidence, elles sont toutes d'eux si parfaites qu'il n'est pas difficile de les estimer. Vous ne pouviez que vous laisser charmer, comme je l'avais prédit. Je ne manquerai cependant pour rien au monde votre entrée dans notre grande famille aristotélicienne.

Puis-je savoir en quoi votre soirée avec Archibald fut instructive ? Je gage qu'il vous a encore servi quelques stupidités de son cru. Je vous prie de lui pardonner et de les oublier. Il ne réfléchit pas à ce qu'il peut dire.

J'ai cependant appris de lui que vous êtes vite rentrés chez vous pour guerroyer. Je prierai chaque jour pour votre salut. Faites bien attention à vous.

Que le Très-Haut vous garde,

Isaure Beaumont-Wagner


Alors qu'il relit pour être bien sûr de comprendre, il souffle de petits soupirs, tantôt exaspérés, tantôt blasés, quelques sourires, un froncement de sourcils, une grimace, de nouveau un sourire. Diantre, ce qu'elle est compliquée Isaure !

Citation:
A ma très chère Isaure,


Voilà qui devrait la mettre de bonne humeur. Ou pas.

Citation:
    Le bon jour.

    Si je n'ai pas pris le temps de vous écrire, c'est que la décision de rentrer en Armagnac a été prise rapidement. Vous n'êtes pas sans savoir puisque vous l'évoquez, que Namaycush est aux portes de Muret -depuis 3 jours, sans aucun succès- et qu'il nous a fallu rebrousser chemin dès que nous avons pu. Si je vous avais écrit pour vous prévenir, je serai de toute façon arrivé avant mon pli.


Et puis, avait-il le courage de la revoir si tôt après cette folle soirée qu'ils avaient tous passé à Agen ? Il avait besoin de digérer un peu.

Citation:
    Quant à Petite Fleur, vu le temps que j'ai passé à m'en occuper, je vous trouve un peu gonflée d'oser m'accuser de l'avoir dénigré. Peut être devriez-vous revoir vos sources !


Mange ça Archibald ! Quel crevard ce gars ! Surtout que si Archi a défendu Petite Fleur c'est uniquement en réaction à l'annonce de l'arrivée d'Artémis. Grognon désormais, le Beaupierre poursuit.

Citation:
    Petite Fleur est certes un poney parfait, mais je vous rappelle que c'est vous qui désiriez une nouvelle monture, que vous ne prenez même pas la peine d'évoquer, ce qui fait bien plaisir ma foi à celui qui s'est battu comme un lion aux enchères pour vous l'obtenir !

    Il semblerait d'ailleurs qu'elle vous soit livrée prochainement, enfin si bien sur il vous plait encore de l'avoir avec vous pour vos prochains voyages.

    Je vous remercie de votre venue à mon baptême. Et vous assure qu'il ne s'agit pas de prendre personnellement le choix de mes marraines.


Bien sur que c'est personnel ! Il connait le phénomène ! Isaure comme marraine ? Autant postuler au premier couvent venu dans la minute, ce serait moins pénible. Du moins c'est l'idée qu'il s'en fait. Les raisons qu'il lui a données ne sont pas fausses pour autant : oui il compte bien créer de nouveaux liens, élargir ses connaissances, rencontrer toujours de nouvelles personnes, car c'est ainsi que l'on finit par ne jamais s'ennuyer dans ce royaume, mais le point pénibilité a bien pesé dans la balance...

Citation:
    Vous ferez une formidable marraine, quand le temps sera venu. Tout vient à point à qui arrête de chercher. Oui, je viens de l'inventer. Ce ne le rend pas moins vrai.

    Enfin, puisque je dois l'oublier, je ne vous dirai pas ce qu'a bien pu raconter Archibald. Sachez que l'homme est sacrément bavard après quelques verres. Et ainsi que je vous le disais déjà, vous allez vous le coltiner un sacré bout de temps. Il est fou amoureux. Et persuadé que vous allez l'épouser. J'attendrais le faire part d'une minute à l'autre si je devais l'en croire.

    Pour l'instant nous ne guerroyons pas, nous regardons surtout Namay se casser les dents sur les remparts de Muret, et je vous avoue trouver le spectacle assez divertissant. Nous tachons de rester attentifs aux besoins des Muretains, et restons en alerte à Auch.

    L'attente est à la fois plaisante, car la ville est pleine de monde, et frustrante, car j'aimerais être sur les murailles de Muret, avec ses défenseurs, et prendre part aux combats qui se mènent chaque soir. Je crois que parfois, la vie de soldat me manque.

    Je me fais une joie de vous revoir à Pardiac, et que le Très Haut vous ait en sa sainte garde


Octave de Beaupierre


Un léger sourire relevant le coin de sa bouche, il cachette la missive, et s'affale contre son dossier, la botte posée sur la table, les bras derrière la nuque, reluquant le plafond de la taverne. Quel drôle de bout de femme, tout de même, que la dame de Saint Peyrus. Le sourcil se fronce soudain. N'avait-il pas écrit à Thylda, d'une taverne toute semblable ? Sans réponse à ce jour ? Voilà, c'est réussi, maintenant il fait la gueule.
_________________
Isaure.beaumont
Impatiente, elle n'avait pas su attendre de regagner la Sainte Murge pour décacheter le pli dont elle avait reconnu l'écriture. Son cœur avait stupidement bondi aux premiers mots avant que le plaisir inavoué de les lire ne fasse rougir ses joues pourtant déjà rosies par le froid encore mordant en ce début de printemps.

Elle avait escaladé l'escalier à toute vitesse pour retrouver le confort et l'intimité de la chambre, quelque peu miteuse, de l'auberge achetée par sa bretonne amie. Les lignes furent avalées entre quelques manifestations parfois bruyantes de mécontentement.

Elle prit rapidement la plume et commença à gratter le vélin. S'il avait été devant lui, sans doute la conversation aurait-t-elle virée en traditionnelle dispute. Il lui manquait presque.


Citation:
Cher Octave,

Vous êtes définitivement impossible. A croire que vous êtes né pour me contrarier !
Si j'ai un instant cru que vous me manquiez, la lecture de votre lettre m'aura fait passer ce sentiment.

Puisque vous ne voulez rien me dire, ne m'écrivez rien. Je m'en moque bien. Après tout, vous avez tort: Archibald est parti. Et si ma source est à revoir, je gage alors que les informations que vous avez en votre possession sont également toutes bonnes à jeter. Il n'y aura aucun faire-part, non pas parce que vous ne serez pas convié, mais bien parce qu'il est hors de question que j'épouse un fils de paysan.

En ce qui concerne Artémis, pardonnez donc ce que vous semblez penser être du manque d'enthousiasme. Il n'en est rien, il s'agit plutôt là de réserve: je préfère rester prudente, car si votre présent me touche, je doute encore de la réalité de celui-ci. Vous pourriez subitement ne plus avoir envie de m'en faire cadeau et je serais alors bien malheureuse de ne pas voir arriver la monture sur laquelle j'aurais tant fantasmé. Aussi, comprenez qu'il me plaît encore de l'avoir pour mes voyages à venir, mais que je contiens mon excitation avec raison. Je vous suis tout à fait reconnaissante de vous être démené à ces enchères et saurai vous remercier comme il se doit.

Sachez d'ailleurs - pour la livraison - qu'après votre baptême, nous partirons pour Limoges où les enfants seront plus en sécurité. Je veux les tenir éloignés de cette zone de combat et je prie pour que succombe enfin ce monstre de Namaycush. Apprenez que ma chère Dana est partie le combattre afin de venger la perte de son précieux membre. Si d'aventure vous retrouviez la fange des combats à ses côtés, promettez-moi de la protéger, tout en préservant votre vie. Je serais dévastée s'il lui arrivait malheur, que deviendrais-je sans elle ? Prenez en soin, Octave, je compte sur vous. Je ne doute pas que vous soyez un excellent soldat et que vous devez faire la fierté de vos proches.

Et pour votre gouverne, je ne cherche rien, et pourtant rien ne vient ! Je reste vexée, et vous n'y pourrez rien, d'avoir été écartée. Je finirai sans doute par m'habituer à un jour ces rejets: vous n'êtes pas le premier à me préférer Dana et vous ne serez sans doute pas le dernier. Dana est de ces êtres autour desquels tous voudraient graviter pour profiter de sa lumière. Elle éclaire les existences ternes, elle réchauffe les coeurs solitaires, elle déchaîne les ardeurs réprimées. Il est normal qu'elle vous ait plu et que vous ayez voulu vous l'attacher de la seule manière convenable et possible. Tous les coeurs se lèvent pour Dana, c'est bien connu. Aussi dois-je avouer que je vous comprends et ne peut vous en vouloir de trop.

Soyez prudent, Octave. Battez-vous dignement mais ne vous mettez pas en danger. Je serais fort peinée de me rendre à vos funérailles plutôt qu'à votre baptême.

Que le Très-Haut vous garde,
Je ne vous oublie pas dans mes prières.

Isaure Beaumont-Wagner


_________________
Octave.
Tandis qu'il se paie une course au cochon avec Ishtara, le facteur en profite pour passer déposer son petit lot de missive du jour. A lui seul, il fait vivre le bureau de poste de Auch, tranquille Emile.

Citation:
A Octave de Beaupierre,

Ainsi, Sieur, vous êtes un impatient ? Je n’aurais pas imaginé cela de vous, surtout après que vous ayez passé plusieurs semaines en compagnie d’Isaure sans jamais en venir aux mains. Mais enfin, blague à part, je veux tout savoir ! Auprès de quelle liste, de quels gens, vous êtes-vous engagé ? Quel poste visez-vous ? Et comment l’Armagnac tient face au Salmo Salar qui, d’après les informations que j’ai, s’attaque à présent à Muret ?

Ceci dit, permettez que je vous donne quelques nouvelles : nous sommes arrivés à Genève il y a de cela trois semaines environ et j’y suis seule avec mon fils depuis deux semaines. Les combats ne se tiennent pas en cette cité et je ne voulais, comme on peut aisément l’imaginer, pas m’en approcher dans mon état et avec Henri.

J’imagine que nous pourrons bientôt partir et ce n’est pas sans hâte que je l’envisage : si les montagnes sont belles, j’admets ne pas particulièrement goûter à la société en ces contrées peuplées de brigands de tout poil. Je ne suis pas certaine de ce que je ferais.
Peut-être est-il finalement prématuré - et inconsidéré - de m’en aller maintenant vers l’Orléans. Peut-être que je n’irais pas. Et surtout, peut-être verrai-je bientôt le ban levé en Béarn qui, son voisin armagnacais attaqué, s’inquiète naturellement.

Je vous remercie pour le vin et attends avec grande curiosité de vos nouvelles.
Prenez garde à vous face aux troupes du Carmin - car, vous connaissant un peu, je gage que vous êtes de ceux qui font feu contre lui.

Le Très-Haut vous garde.

Lucie de Josselinière


Qu'elle est douce, Lucie, qu'elle est calme... Octave se sent apaisé rien qu'à la lire. Il ne sait pas pourquoi la marquise lui procure cette sensation de légèreté, mais il sait qu'il l'apprécie. Non pas qu'il la trouve fade, il a eu l'occasion de gouter les pics parfois acerbes de la blonde, mais tout de même. C'est en souriant qu'il ouvre la seconde lettre. En fronçant les sourcils qu'il la poursuit. Perplexe qu'il l'achève. C'est celle d'Isaure. Bien sur.

Citation:
Vous ignorer, moi ?

Vous m'avez lachement abandonner pour aller vous pavaner sur les routes de Guyenne et vous osez me demander ce que vous avez fait pour mériter quoi... Que je ne vous ignore même pas ?

Comme si vous ne saviez pas que derniers jours furent bien remplis.

Oh et... Tentez plutôt Saint Bertrand, vous serez a domicile au moins en ce cas !
Sinon... Cessez donc de faire l'enfant boudeur et parlez moi, cela sera tout aussi efficace pour attirer mon attention.

Thylda.


Quant à la dernière, elle chasse l'air perplexe, pour étirer le coin d'un sourire. Une main occupée à repeigner nonchalamment sa barbe, il réfléchit à l'ordre des réponses, et finit par opter pour la chronologie.

Citation:
A Lucie de Josselinière,

    Impatient, impatient... Je crains surtout l'ennui, à vrai dire. Et votre cousine n'est pas si difficile à supporter. Lorsqu'on sait claquer la porte de temps à autres pour souffler !

    S'agissant de la liste, j'ai rejoint celle de la Comtesse sortante. C'est une jeune femme qui vous plairait. Animée, vive, pleine d'idées et d'allant, et un caractère qui n'est pas sans me rappeler une certaine brune. En plus facile à faire rire, ceci dit.

    Si jamais nous sommes élus, j'espère pouvoir occuper le fauteuil du Juge. Imaginez un peu ! Perché, du haut de ma chaire, tapotant du maillet pour animer les débats, écoutant d'une oreille les plaidoiries, pour finir par donner mon avis et qu'il sonne comme une sentence. Je trouve que je serai parfaitement à ma place !

    Plus sérieusement, j'ai en moi une fibre de redresseur de tort, et j'aime à dépoussiérer les vieux écrits. Je suis sur qu'il y a de quoi faire avec le coutumier armagnacais. Et puis c'est un poste qui est peu couru. Le principal problème de l'Armagnac, c'est quand même le manque de bonnes volontés qui ne s'essoufflent pas dès les fesses bien au chaud au Conseil. A peine une dizaine d'âmes actives par village... Je pense que mes fonctions ne s'arrêteront pas à la Justice, pour être franc. Vous êtes sure de ne pas vouloir venir vivre au Sud ?

    Enfin pas tout de suite. Vos informations sont justes... si justes qu'après 5 jours à résister, Muret est tombé ce matin, d'une fourberie. Une révolte, l'armée n'ayant rien pu contre les fières murailles muretaines. Je suis à Auch. J'étais allé à Marmande escorter la fiancée de mon neveu qui vient le rejoindre, et donc il était trop tard pour me rendre à Muret : l'armée fauchait tout sur son passage.

    Nous l'attendons cependant à Auch, s'il ose s'y présenter. Et vous n'avez pas tort, j'arpente les remparts toutes les nuits, repérant les lieux, me tenant prêt à défendre. Il serait dommage de ne pas mettre à profit 15 ans d'armée pour protéger les terres de mon enfance.

    Je regrette de n'avoir pu vous accompagner en Helvétie. Votre époux a-t-il brillé lors du tournoi ? Je le lui souhaite, il avait l'air assez enthousiaste. Et puis un peu d'exercice ne lui ferait pas de mal. Quant à la compagnie... Quelle idée de vous laisser seule avec de tels énergumènes ! Je ne doute pas que vous sachiez leur répondre, m'enfin il m'est avis que l'alcool doit couler à flots et les rues ne doivent pas être très sures !

    Si vous étiez appelée en Béarn, il vous faudra passer me saluer à l'aller ou au retour surtout. Et faire attention. Je ne doute pas que vous soyez dûment accompagnée par vos gardes, mais un accident est vite arrivé, et j'en serais navré.

    Si vous avez aimé le vin, nous en produisons presque plus que nous en buvons, je peux vous en faire porter d'autre.

    Que le Très Haut vous ait, et votre famille, en sa sainte garde.

Octave de Beaupierre


Il s'étire. Il ne pensait pas avoir autant de choses à raconter à Lucie. D'un geste, il remballe les deux autres courriers. Ça attendra plus tard. D'autant que ça s'agite en ville... La chute de Muret a agité la capitale, il est temps de vérifier l'état de son armement.
_________________
Octave.
Octave a bien fait d'attendre un peu avant de répondre à Isaure. Ce matin, celui qui est en passe de devenir son meilleur pote à la vie à la mort, le facteur d'Auch, lui a déposé un nouveau pli à son intention.

Citation:
Octave,

    Je suis encore sur Montauban.
    Isaure exagère toujours de par ses propos, mes ambitions, que ces dernières soient vaines ou non.
    Je ne m'imaginais pas mourir avant même de pouvoir l'approcher, j'ai perdu ma main face à l'armée de Namaycush, ce n'est pas cette fois-ci pour y perdre la tête.
    J'espère pouvoir l'atteindre, et le tuer. J'ignore encore comment je vais m'y prendre, mais ce sera fait, un jour ou l'autre, et pour une fois, il est tout près. Occupé à trancher des gorges, sans se préoccuper d'une vengeance personnelle dont il ne se souvient certainement pas.

    Il m'est impossible de vous dire si je vais vous rejoindre ou non, pour l'heure. Mais vous serez vite au courant de ma venue, si elle doit avoir lieu.

    Prenez soin de vous, et moins des autres,

Dana.


Il reconnait bien là le style à la fois empressé et plein d'émotions de sa marraine. D'aucuns pourraient la trouver... expansive. Folle à lier. Il l'a trouvée majestueuse.

Citation:
Ma très chère Isaure,

    Tout d'abord, je voulais vous rassurer : Dana est à Montauban. Je n'aurai pas à veiller sur elle, du moins pour l'instant. Car il y aurait de quoi. Nous rejoignons une armée, montée à Auch. Si vous avez quelques prières pour les miens et moi, il sera bientôt le moment de les réciter.

    Imaginez vous, ce pleutre qui a pris Muret par révolte s'imagine que l'Armagnac lui doit de l'argent. Qu'il sera bon de lui rendre la monnaie de sa pièce !

    De votre côté, soyez également prudente sur les routes. Je n'aime pas vous savoir avec des enfants et un muet susceptible comme seule escorte... Archibald vous a donc finalement abandonnée ? Je vous avoue être sceptique. Je gage qu'il ne manquera pas de suivre vos pas.

    Quant au faire part, j'ai bien essayé de lui donner mon sentiment, à savoir que je ne pense pas que vous l'épouserez, ni que vous abandonnerez vos projets pour lui. Mais j'ai eu l'impression de causer à un mur. Un mur avec un petit coeur qui ne bat que pour vous.

    Enfin, pour en terminer avec les sujets qui fâchent : vous n'avez pas été écartée de la liste de marraines. Vous n'y avez jamais figuré. Voilà. Parce que vous figurez déjà sur d'autres listes. C'est la dernière fois que je vous l'explique en ces termes.

    Toujours est-il que je suis ravi qu'à la fois vous ne m'en vouliez pas trop, mais d'être manifestement né pour vous contrarier. Peut être est-ce uniquement parce que vous êtes adorable quand vous froncez votre petit nez lorsque vous êtes agacée. Je pourrais reparler baptême rien que pour vous imaginer le faire. D'autant que je ne suis pas à vos côtés pour sub entendre ce qui ne manquerait pas de suivre, et donc c'est un peu les avantages sans les inconvénients.

    Sachez en tout cas que j'ai rencontré d'autres fortes têtes qui n'auraient pas grand chose à envier à votre doux et bon caractère. Ainsi, je ne m'ennuie pas trop en votre absence, puisque vous avez décidé de mettre le plus de lieues possible entre nous. Car oui, Limoges est le bout du monde vu de l'Armagnac.

    Je ne vous aurais même pas vue dans les robes que vous aurez faites coudre !

    La Capitaine de l'armée me fait signe. Je dois vous laisser. Une course de cochon m'attend.

    Prenez soin de vous Isaure Beaumont Wagner.
    Que le Très Haut vous ait, et les enfants, en sa sainte garde.

    Et le pot de miel joint à ce courrier est pour Caia, bien entendu...


Octave de Beaupierre


Enroulant le parchemin autour dudit pot de miel, il se doute que le doigt Isaurien viendra bien y piocher son dû, s'il n'est pas trop occupé à s'agacer.

Citation:
A la maDôn des marraines,

    Si vous venez, prenez garde et prévenez moi, je vous obtiendrai un laissez-passer et une place dans l'armée. Et vous aurez votre propre garde.

    Une bonne vengeance arrive quand l'autre ne s'y attend pas.

    Avouez que ce serait moins intéressant s'il vous savait arriver.

    Quelque soit le motif, j'aurai plaisir à vous revoir.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre


Une fois le tout cacheté, libellé, envoyé... il dirige sa nonchalance vers la taverne municipale. Il y aura forcément une féroce Blanche et une hargneuse Rouquine pour lui changer les idées en attendant les combats qui ne manqueront pas d'arriver prochainement.
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Octave.
Le courrier accuse un certain retard, et les missives s'accumulent dans un coin de sa chambre, dans l'ombre, oubliées. Est-ce son nouveau poste de Juge, ses fonctions de chef de section dans l'armée d'Ishtara, les soirées en taverne ou les vols d'animaux de basse-cour, mais il n'a pas trouvé le temps de s'y coller. Et moins il s'y met, plus elles s'entassent...

Tant est si bien qu'en ce matin de Pâques, s'étant déjà levé trop tard pour assister à la messe, le Beaupierre décide de profiter du grand soleil qui baigne son bureau de sa tiède lumière d'avril, et s'installe devant son nécessaire à écrire.


Citation:
A vous, Octave,

Le bon jour vous va.

Ma foy, rassurez vous je vais bien, bien aimable à vous que de vous en soucier.
Vous pouvez vous préparer au combat psychologiquement sans qu'une ignoble peur au ventre ne vienne troubler le soldat que vous êtes.
Vous me voyez ravie de recevoir ce présent de votre part et vous en remercie.
Mais si par cette attention vous souhaitiez me demander de vous écrire chaque jour pour vous donner courage, il suffisait de demander vous savez.
Je puis tout à fait comprendre que l'idée de mon absence à présent vous pèse et sachez que je n'oserai nuire aux pleines capacités de ma royale escorte ! Je garderai donc cette plume avec moi, soyez en sur !
Et je ne doute pas que vous n'oseriez me causer sang d'encre, en oubliant de rassurer votre précieuse Comtesse...

Puisse le Très Haut veiller sur votre humble personne.

Bien à vous,
Thylda.


La première, pour la jeune rousse qui lui balance des miettes. A moins que ce ne soit lui qui ne lui en balance ?

Citation:
A Thylda,

    Vous ne me voyez pas, mais je suis ravi que vous alliez bien.

    Je peux d'ailleurs le vérifier à chaque fois que je me rends en taverne. Vous êtes bien sure d'être occupée et d'avoir des choses à faire ? Ou bien vous avez fait de me tenir compagnie votre priorité ?

    Attention, cela risque de jaser dans les couloirs du Conseil.

    On croira que je laisse la porte de mon bureau ouverte uniquement pour vous voir passer, pressée, des parchemins plein les bras et la tignasse ébouriffée.

    D'ailleurs, la prochaine fois, ce n'est pas une plume que je vous offre, mais un peigne.

    A très vite,
    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave


Et de une.

Citation:
A Dana,

    Toujours rien à l'horizon.

    Muret reste franche, et l'armée reste à Auch.

    J'espère qu'à Montauban vous vous portez bien. Je me rends compte en vous écrivant que je ne vous connais encore que peu. Je ne sais de vous que votre nature expansive et vive, votre main manquante, votre mari, votre jalousie... Qui êtes vous ma Marraine ?


Octave


La question est vague, mais peut-il décemment lui demander, alors qu'il ne l'a vue que ce soir agenais et à son baptême, pourquoi elle a si peu confiance en elle ? De quelle nature est la flamme qui brule en elle, qui lui donne cette force qu'elle dégage ? Et que cache-t-elle ?
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Don.
Citation:
Dôn af Nærbøfj-Røykkness
Prieuré de Sainte-Illinda.
GUYENNE


A mon Fill'Oct,

Vous remarquez qu'il me fut difficile de trouver un petit sobriquet original, tant celui-ci - qui fut l'élu, pourtant - est mauvais. Mais vous apprendrez par la même occasion, qu'il est hors de question pour que je révise ce choix, et qu'il vous faudra évidemment vous y faire, et mieux, me complimenter pour ce brin d'esprit que vous admirez, assurément.

Je ne suis plus à Montauban. J'y retourne bientôt, peut-être.
Votre douce Isaure a quitté Sainte Illinda pour les rues flamandes et y a donc laissé au passage, mon dernier né, Brynjar. Mon époux, bien qu'il soit exécrable et peu avenant avec la gente masculine, éprouve quelques sentiments que nous jugerons puissants, pour notre fils commun, aussi gringalet et inutile soit-il. Nous voici donc au monastère, à compter candélabres et livres saints en espérant croiser sœur Ellya et prier pour qu'elle accepte de nous rendre notre tout petit. Une fois cet exploit accompli, nous reprendrons donc la route, accompagnés du plus âgé des frères Ravier, Archibald le nommé. (J'aurais pu écrire "le si bien nommé" mais avouez que ce nom n'a rien d'agréable et sonne à l'oreille comme celui d'un lévrier obèse).
"OH Archibald, au pied ! Archi ! Donne-la branche, donne ! Assis. C'est bieeeen, gentil Archi. Archi. Archien." S'il n'était pas lui aussi mon filleul, et l'un de mes bons amis, ces écrits seraient aussi avoués à l'oreille de l'intéressé. L'amitié nous pousse malheureusement au mutisme et la malhonnêteté, me voilà donc bâillonnée pour ne guère vexer ce complice apprécié.

Bref, vous n'avez très certainement pas l'envie de lire quelques paragraphes supplémentaires sur l'homme qui vous vole le cœur de ma si charmante sœur, j'en viens alors à votre dernière interrogation, et elle me concerne. Nombreux sont ceux qui vous diront qu'il m'est aisé d'avouer quelques doux secrets sur ma personne et je suis bien tentée de vous confirmer qu'il est plaisant de livrer par bribes son existence, seuls les menteurs affirmeront le contraire. Mais voilà, que puis-je donc vous dire ? Que voulez-vous savoir exactement ? Nous avons deux choix, nous voir et échanger le temps de laisser aux astres la chance de s'embrasser par deux fois, voir plus. Ou nous écrire, souvent. Que préférez-vous ?

En attendant, continuez sur votre lancée. C'est bien, pensez à moi.
Dôn.


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Isaure.beaumont
Même en l'ignorant, Isaure était en éternelle compétition avec Dana. Symbiose parfaite. Leurs lettres étaient arrivées le même jour, comme si leurs faits et gestes à des lieues l'une de l'autre étaient coordonnés. Ou pas.

Cerveau gauche et cerveau droit poursuivaient leur vie respectives, loin l'un de l'autre, sans pour autant oublier ce bout de cervelle distante qui manquait et emportait à chaque séparation une moitié de leur cœur.

Mais recentrons-nous sur cet individu responsable de bien des trébuchements - qu'ils soient de peur ou d'exaspération par exemple- de ce demi-coeur isaurien. La Beaumont ne (se) l'avouerait jamais mais si sa réponse avait tardé à venir, ce n'était pas parce qu'elle l'avait oublié, mais bien parce que ce soldat au verbe aussi habile que l'épée était parvenu à se faire une place dans son existence et qu'elle s'était, comme il le lui avait prédit, bien trop vite habituée à sa présence. Ainsi, désormais privée de sa compagnie, elle ressentait un étrange manque, qu'elle ne savait expliquer et qui bousculait un peu trop ses idées et ses mots. Chaque soir donc, le joli bois de son parquet disparaissait sous une épaisse couche de vélins froissés, sacrifiés sous la plume rageuse de la jeune femme qui peinait à écrire une lettre qu'elle jugerait neutre et détachée.


Citation:
Mon très cher Octave,

[...]

Je n'ai jamais voulu mettre cette distance entre vous et moi et s'il ne se passe pas une journée sans que je regrette votre compagnie, je v


Citation:
Mon cher Octave


Citation:
Octave, mon ami


Citation:
[...]
Vous manquez à mon quotidien
[...]


Citation:
[...]
Il me ferait plaisir de vous rendre visite.
[...]


Et finalement, elle avait écrit, installée dans la salle commune de son auberge, distraite de temps à autre par l'entrée d'un client.

Citation:
Octave,

Je pourrais vous demander de me pardonner pour le retard avec lequel vous parvient cette réponse mais je gage que vous aviez jusque-là oublié jusqu’à mon existence et que ce n’est qu’en lisant mon nom, en bas de ce vélin, que vous vous serez soudainement souvenu que j’existais, quelque part, à bien des lieues de vous. Et croyez bien que si elles se sont étirées entre nous, c’est que vous avez le premier établi cette distance, lorsque vous êtes parti. Ainsi donc, vous ne vous ennuyez pas de moi. Sachez que le sentiment est partagé et que votre absence m’indiffère autant que le sort d’une fourmi au milieu d’une flaque d’eau.

Si Limoges est pour vous le bout du monde, alors j’élargirai sans doute votre connaissance géographique en vous apprenant que je compte pousser mes pas jusqu’aux Flandres, ces contrées du Nord toujours plus au Nord. J’ignore encore ce que je trouverai mais je compte bien parcourir et découvrir les régions entre Limoges et Bruges. Qui sait, peut-être repérerai-je enfin le domaine qui accueillera mes premiers nés tant espérés. Vous voilà de cette façon-là informé que j’ai grâce à vous trouvé ma voie, ma vocation, un nouveau sens à ma vie. N’est-ce pas merveilleux ? Il vous faudra alors me rendre visite pour admirer avec moi la réussite de ma vie. Sainte Illinda devra m’attendre encore un peu.

Pour vous répondre tout de même, brièvement : Vous n’avez aucune raison de vous inquiéter. Nous sommes bien arrivés à Limoges mais je la quitterai bientôt pour Paris afin de concrétiser mon avenir et enfin je rejoindrai les Flandres. Sous ses apparences de rustre, et si on oublie notre dernière mésaventure, Pierre est un garde du corps tout à fait correct. Son air peu aimable dissuade à lui tout seul et c’est bien là tout ce qu’il me faut.

Caia était heureuse de votre présent. C’est tout à fait aimable de votre part d’avoir pensé à elle. Si elle n’était pas pupille d’Agnès, sans doute aurais-je nourri le désir de faire de cette enfant une Beaumont-Wagner. Mais ce serait alors me l’attacher et la priver d’un avenir plus brillant auprès de celle qui fut autrefois ma suzeraine et pour qui j’ai aujourd’hui encore beaucoup d’affection et de respect.

Quant à Archibald, je doute qu’il revienne sur ses pas pour suivre les miens. Il s’élevait dans ses rêves fous, je l’ai fait reprendre corps avec la réalité, et je pense pourvoir désormais dire qu’il a de nouveau les pieds sur terre. Son cœur ne bat désormais plus pour moi, comme je le lui avais prédit. Ce n’était qu’une question de temps pour que son amour ne se tarisse, ne se ternisse et ne trépasse. Bientôt, il m’aura oubliée et ira conter fleurette à la première venue de sa condition. Je n’ai guère plus le temps, ni la patience pour ménager les cœurs qui s’égarent à m’aimer. J’ai un avenir à bâtir, un futur à ériger.

J’ose imaginer que vous n’avez pas combattu car alors vous n’auriez pas le temps de vous adonner aux courses de cochon. J’ai tout de même prié pour vous, pour qu’il ne vous arrive rien de fâcheux, si ce n’est perdre à cette fichue et ridicule course de cochons. Vous vous adonnez à de stupides loisirs, mais je crois remarquer que ce sont là des habitudes d’hommes.

Je suis soulagée de savoir que Dana est en sécurité et j’ose espérer qu’elle obtiendra cette vengeance si méritée. Si je n’étais pas une incapable en armes, et si les enfants n’avaient pas été là, je me serai lancée dans cette quête à ses côtés. J’abhorre tout ce qui blesse Dana. Ce qui la touche me touche indubitablement. Que crève cette immondice impie sectionneuse de main et castratrice d’avenir ! Et si c’est de votre main que périt ce déchet de l’humanité, je serai encore plus fière de vous.

Je vais vous abandonner là, car ce n’est pas un cochon qui vient d’entrer dans mon auberge mais c’est bien plus surprenant et cette vision risque d’occuper nombreuses de mes prochaines heures: Cassian est revenu.

Que le Très-Haut vous garde, Octave. Et tenez-moi informé de la livraison de ma jument. Je l’attends avec grande impatience. Je trépigne de l’avoir enfin en ma possession.

Isaure Beaumont-Wagner




C'était suffisamment détaché, non ?
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Octave.
La journée avait été épuisante, mais au combien productive. Le Beaupierre pouvait rajouter quelques écus à ses déjà conséquentes économies. Il avait même du faire l'acquisition d'un appartement à Auch afin d'y stocker toutes ces pièces qui ne tenaient plus vraiment dans la bourse attachée à sa ceinture, ni même dans la cache de sa botte.

Imaginez vous qu'ils en avaient même fait une dépêche ! Pour la discrétion, on repassera. Le coffre contenant les mille écus découverts avait été complété des centaines et vingtaines d'autres cachés dans le sol armagnacais, et il avait les bras qui tiraient un peu de l'effort consenti pour remonter tout ça dans sa nouvelle demeure.

La mèche collée au front par la sueur, et en bras de chemise, il s'était d'abord installé à son bureau avec un bon verre, profitant de la nouvelle vue qui lui était offerte sur la capitale. Le soupir d'aise n'avait été interrompu que par l'arrivée de son nouveau meilleur ami.


Ah mon brave ! Vous revoilà déjà ? Ne nous sommes nous pas déjà vus hier ?
- Et ce matin...
Possible... Je finis par ne plus savoir. Vous restez boire un verre cette fois ?
- La prochaine fois. Demain, à tous les coups.

Le Beaupierre fait mine de ne pas remarquer la tronche du facteur, qui n'a pas l'air d'apprécier plus que ça le choix du troisième sans ascenseur pour le nouvel appartement. Baste, ça lui fera les mollets.

Après avoir pris le temps de se rincer le visage et les épaules de la sueur et de la poussière accumulées lors de ses fouilles, il s'installe à son bureau, entre son écritoire et un verre de vin, le soleil d'Auch en ligne de mire. Il réserve la lettre d'Isaure, dont il a bien entendu reconnu l'écriture, pour plus tard. Il sait que s'il la lit d'abord, il ne sera pas dans le bon état d'esprit pour répondre à la première.

Les mots de Dana lui arrachent un sourire qui ne demandait qu'à éclore, et il ne regrette pas son ordre de lecture.


Citation:
A MaDôn

    Puisque vous imposez votre choix, souffrez que je vous impose le mien. Je crois d'ailleurs l'avoir déjà utilisé lors d'une précédente correspondance, vous m'excuserez si je me trompe. Mais si je dois subir votre idée, qui bien qu'admirable, sent plus l'esprit que l'inspiration, vous ne pouvez qu'accepter mon choix.

    Je n'avais pas retenu que vous aviez un fils, ni remarqué que votre mari était dur envers la gent masculine. Du moins ne l’a-t-il pas été avec moi. Toujours est-il que je n’y connais rien en sentiments parentaux, mais si j’ai retenu quelque chose du nombre de nièces dont mon frère a cru bon de m’affliger, je ne peux que vous souhaiter de retrouver Brynjar rapidement. Qu’ils soient capables ou non, il semblerait qu’on développe un attachement disproportionné pour ces petites choses.

    Quant à Archibald, sachez que je n’ai rien à l’encontre de ce brave bougre, si bien que vous pouvez m’en entretenir sans risquer de me fâcher. Si j’en crois mes souvenirs de mes passages à Agen, c’est plutôt lui qui me tient rancune de je ne sais quelle idée il se sera mis en tête. Il m’a tout l’air d’avoir une vie intérieure très riche.

    De même, sachez que je ne sacrifie pas la franchise - et encore moins un bon mot - sur l’autel de l’amitié, en sorte que si vous attendez de moi que je porte ce bâillon que vous semblez vous imposer, vos attentes risquent d’être déçues.

    Enfin, les deux propositions que vous me faites me semblent parfaites. Etant cependant attaché à l’Armagnac, tant à cause de la guerre qui ne saurait tarder que de mes fonctions de juge, je ne peux vous rejoindre pour l’instant. En attendant que vous ne veniez me tenir compagnie, je vous propose donc d’appliquer la seconde.

    Que diriez vous de 3 questions par courrier ?
    Comme vous êtes ma marraine, vous commencez. Soit vous me posez des questions, et je promets de vous répondre, et de vous en poser 3 en retour, soit vous répondez aux questions que vous auriez aimé que je vous pose.
    La seule règle sera de ne pas tricher. Pas de malhonnêteté amicale : nous ne le sommes pas encore, il n’y a donc pas lieu de se mentir.

    J’ai hâte de vous lire.
    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre


Cachetant la missive, il note de penser à y joindre une de ces bouteilles dont il se ressert un verre avant d'attaquer le courrier d'Isaure. Et Deos qu'il fait bien !

Citation:
Ma très chère Isaure,

    Si je m’écoutais, si je vous répondais avec la verve que l’on peut me connaitre, je vous écrirais que bien entendu, je vous avais oubliée. Heureusement qu’il y a eu ce matin le versement fait au Bailli pour Artémis, sinon votre nom au bas du courrier n’aurait pas suffi à vous ramener à la surface de ma mémoire encombrée par toutes les jeunes femmes brunes avec qui j’entretiens une correspondance régulière à défaut d’être assidue.

    Mais vous avez de la chance, je suis d’humeur joyeuse ce jour - sans doute les mille écus que je viens de trouver en creusant un peu sous un arbre de la capitale n’y sont pas étrangers - et donc je vous épargnerai mon ironie.

    A la place, je grogne. Isaure Beaumont Wagner, vous êtes irrécupérable ! Vous oublier ? Qui oublie l’autre, le laissant sans nouvelles pendant des jours ? des semaines ? Qui décide d’aller se perdre en Flandres, quand déjà je trouvais que Limoges vous éloignait bien trop ? Je n’ai pas bougé, pour ma part, je suis là où vous savez me trouver. Et je vous ai écrit, sans tarder, afin de ne pas vous inquiéter, puisque vous me savez proche de combattre.

    Mais manifestement, ce n’est encore pas assez pour que vous cessiez de m’accuser de tous les maux de la terre. Même lorsque vous m’oubliez, vous arrivez à m’en blâmer.

    Heureusement, je vois que toute cette rancoeur ne vous détourne pas de vos idées. Je note tout de même que j’avais donc raison pour Sainte Illinda.

    En revanche, vous me voyez particulièrement surpris de votre nouveau choix de vie. Vos premiers nés ? Combien de premiers nés pensez vous pouvoir accoucher ? Des premiers nés de quoi ?
    J’ai comme l’impression que vous avez, en plus de moi, oublié un mot dans votre empressement à vous débarrasser de la corvée d’une réponse à mon dernier courrier.

    Je viens de relire pour essayer de comprendre. Il semble que vous émettiez l’idée que ce soit grâce à moi. Je pense donc à un haras. J’ose espérer que vous n’escomptez pas vous servir d’Artémis comme d’une vulgaire poulinière ? Vous m’en verriez profondément vexé, je vous l’écris comme je le pense. Cette jument est faite pour voir le monde, elle a encore au moins une demie décennie devant elle avant qu’on ne la fasse pouliner. Vous la gâcheriez à la saillir avant l’heure ! La livraison avance, mais je me demande si elle ne serait pas prématurée, le temps que vous retrouviez un peu de bon sens !

    Pour votre gouverne, nous ne devrions plus tarder à combattre. Quelques alliés sont arrivés à Auch, la ville est désormais des plus animées. Et je n’aurai en effet plus le temps de courir après des cochons, quoiqu’à la broche ils sont délicieux. Enfin, désormais je sais que si je tombe au combat, vous mettrez quelques années à remarquer mon absence. Vous me voyez rassuré de ne pas vous causer trop de chagrin.

    Comme je suis de nature magnanime, je ne retiendrai cependant pas ma hargne au combat, et tacherai, si je le puis, de venger Dana et sa main. Nous sommes plusieurs à vouloir nous payer un bout de Namay, la concurrence sera rude.

    Quant à moi, puisque vous ne demandez pas, votre présence me manquait jusque là. Même s’il y a là aussi de la concurrence, Auch étant bourdonnante des discussions de jeunes femmes au caractère aussi pénible que le votre, aucune n’atteint votre niveau de mauvaise foi et de naïveté confondante. Nos échanges restent vivaces en ma mémoire et je ne peux que regretter que vous partiez si loin, retardant d’autant la prochaine occasion de nous disputer de vive voix.

    Je vous souhaite de réussir dans vos entreprises, quelques étranges qu’elles soient. Si vous êtes régulièrement à Paris, peut être aurons nous l’heur de nous y apercevoir. Enfin, si vous me reconnaissez. Je devrais sans doute faire peindre un petit panneau avec mon prénom, qu’en pensez vous ?

    Passez mon bon jour à Caia, cette enfant est charmante, et elle y gagnerait à devenir une Beaumont Wagner. Au moins autant qu’en devenant une Saint Just. Ne vous sous estimez pas, Isaure.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre


Cette fois, il ne sourit plus. Il soupire. Il a beau connaitre Isaure, et savoir qu'il ne faut que rarement prendre ce qu'elle dit ou écrit pour argent comptant, il sait aussi que pour s'en faire comprendre, rien ne vaut le face à face. Déjà qu'avec les expressions et l'échange spontané, ce n'est pas toujours évident, mais alors par courrier, il craint que leur relation déjà précaire ne finisse par tout à fait se détériorer...

Ses premiers nés... Il lève les yeux au ciel. Diantre, ne fait elle jamais attention à ce qu'elle dit ? Finalement, le coin de la barbe se soulève tout de même. C'est qu'il imagine les tronches des comparses de taverne de la brune quand elle entreprend d'expliquer ses projets. Ah ça, maintenant, il est hilare. Isaure...

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Don.
Une silhouette s'étire. La couche n'est guère confortable, et c'est agacée que la séquestrée d'Illinda s'empare d'un courrier du jour.

Si c'est Théodrik, il peut aller se faire siffler les trous d'nez ! J'en ai assez de moisir ici. Je me demande bien ce qu'il peut faire et dire à Brynjar, entre deux colonnes et trois bouts de cire!

Le mot est ouvert, et ce n'est guère l'époux mais Octave. Octave le "nouvel ami en devenir". Amusement. C'est idiot, mais lorsque le nom de Beaupierre apparaît, l'effrontée éprouve une soudaine envie de sourire. Ce qu'elle fait avant de lui répondre.
Les feuillets volent, et les draps laissent place à une couverture bien différente. Tâches d'encre et plume s'emmêlent et viennent noircir les vélins éparpillés.


Citation:
Dôn af Nærbøfj-Røykkness
Prieuré de Sainte-Illinda.
GUYENNE


Octave,

Le ton est grave. Qu'ouis-je, qu'entends-je, qu'acoustiquais-je ? Pas grand chose en réalité, puisque vous jugez bon de m'écrire plutôt que de venir me souffler quelques douceurs à l'oreille. Diable, avouez-le, Isaure est la seule à détenir grâce à vos yeux lorsque moi, pauvre hère, je dois me contenter de quelques virgules gribouillées entre deux tentes bêtement plantées au beau milieu d'une ville à... Cette phrase est longue, permettez, je la termine sans la façonner davantage. L'encre me manque. Et ne jugez point cette excuse, bien qu'il me soit possible d'aller me fournir auprès des moines, qui occupent leurs journées à gratter des ramettes.

Je vais tenter d'être succincte.
Pour un filleul, vous devriez faire preuve d'une vigilance plus vive. Si, je suis mère. Mère de Brynjar, donc, qui fut évoqué au sein de ma précédente lettre et de deux autres garçons.
Guénolé de Harscouët, est mon premier. Il est le fils de mon précédent époux, un homme que je regrette chaque jour tant il était bon et juste. Vous apprendrez par la même occasion, qu'il était amiral et comte breton et qu'il maniait la langue celtique - que beaucoup estiment laide - avec une aisance admirable. Notre enfant a désormais sept ans, et fait ses armes aux côtés du Prince de Dourdan.

Quant à mon second, il se nomme Salomon du Salar, je l'écris désormais sans honte, il est le fils bâtard de l'un des derniers souverains de Bretagne. Feu duc de Brieuc. Celui-ci, n'est âgé que de quatre ans. Il a vécu une moitié d'année sur Sainte Illinda, élevé par Mère Ellya dont vous entendrez sûrement parler un jour si ce n'est déjà fait, et évolue à présent aux côtés de mon demi-frère, Nicolas de Montfort-Toxandrie, actuel confesseur de Périgueux. Je réserve à mon enfant un avenir saint, et j'espère secrètement qu'il devienne un jour évêque, ou - laissez-moi rêver - pape !

En Amargnac, peut-être avez vous déjà rencontré Aur du Salar, un homme d'église, lié à l'un de mes hoirs, par le sang. Il me semble que notre dernière entrevue n'était pas bonne, et qu'à l'écrit ce fut bien pire encore, mais saluez-le pour moi si jamais. Il faut savoir pardonner et avancer.

Je pense avoir répondu à trois questions que vous auriez potentiellement pu me poser. Qui sont mes enfants, leurs noms et le passif bref de leurs pères.

A moi.

    - Quand comptez-vous épouser ma soeur, mon amie, mon Autre ? Je parle bien entendu de la délicieuse Isaure Beaumont.
    - Qui est votre barbier ?
    - Savez-vous danser ?


A vous.


Avec l'envie de vous lire, je m'arrête ici.
Baisers,
Dôn.


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Isaure.beaumont
Ca ne se voyait pas dans ses réponses, et pourtant recevoir une lettre d'Octave était chaque fois une petite fête intérieure. Du moins, jusqu'à ce que ses yeux butent sur des mots mal interprétés, sur des détails pourtant insignifiants. Et cette lettre-ci ne fit pas exception. Le niais sourire qui étirait légèrement ses lèvres s'était mué en une soupe à la grimace. Octave n'était bon qu'à l'agacer, c'était acté. Guidée par sa jalousie, et surtout son incompréhension, elle débuta sa lettre:

Citation:
Octave,

Voilà une mauvaise habitude qui ne vous quitte pas : vous vous trompez, comme bien trop souvent, car je ne vous oublie pas. Au contraire de vous, qui semblez entretenir pléthores de correspondances, je ne me consacre qu’à la vôtre, Octave. Si je ne suis pour vous qu’une parmi tant d’autres, pour ma part, je vous dédie ma plume. Et vous avez pourtant encore le culot de me prêter de fausses accusations ! Je ne vous accuse de rien, vous le faites suffisamment bien seul en essayant de me rendre coupable de tout, pour sauver les apparences. Quelqu’un m’a dit – un horrible individu en taverne – que le coupable accusait toujours en premier (mais je vous assure que c’était lui l’hérétique, et non moi). Alors retenez-le une bonne fois pour toute Octave de Beaupierre, je ne vous oublie point.

Et sachez qu’entre mille, je vous reconnaîtrais. Même aveugle et sourde, je vous reconnaîtrais. Alors que vous soyez à Paris ou à Auch, que vous soyez élégant ou débraillé, et ce, même dans la plus parfaite obscurité ou dans la plus éblouissante lumière, je n’aurai pas besoin d’un petit écriteau portant votre prénom pour savoir que c’est vous. Vous suintez l’orgueil, vous embaumez la susceptibilité qu’à des lieues à la ronde, je ne saurais vous confondre avec un autre.

Vous me reprochez de m’éloigner mais vous n’avez pourtant rien fait pour me rapprocher de vous. Si mon amitié vous manquait autant que vous l’écrivez, vous m’auriez déjà priée de venir vous rendre visite. Je vous aurais alors confié que cela m’était impossible et vous auriez avalé en une nuit les lieues qui nous séparent pour profiter de mon agréable compagnie. L’avez-vous fait ? Non. C’est donc que mon absence ne vous peine pas tant et que vous vous complaisez dans cette société de pâles copies.

Quant à Artémis, soyez rassuré. Elle sera ma plus fidèle camarade de voyage et si je compte bien la faire pouliner, elle sera le plus clair de son temps sur les chemins. Sa progéniture sera choyée et composera la base de mon élevage, mais en attendant, je vais investir dans quelques autres matrices et étalons. Et si le barbe composera pour moitié mes écuries, je compte également produire les plus beaux frisons du Royaume. Et croyez bien qu’en signe d’amitié, je vous offrirai les premiers nés de chaque race. Ainsi vous pourrez aller fièrement sur les chemins ou en guerre. Ce sont deux races complémentaires et qui vous iront à merveille. Je vous imagine déjà juché sur le dos de l’un de mes petits : comme vous serez beaux !


La lettre interrompue fut reprise quelques heures plus tard. L'encre présentait une différence de teinte et l'écriture jusque là appliquée laissa place à des lignes moins soignées qui révélaient toute l'anxiété de la Beaumont.

Citation:
Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit : Dana a eu un accident et j’ignore encore dans quel état elle se trouve. La lettre d’Archibald est trop succincte pour que je puisse me rassurer totalement, tout est confus. L’inquiétude me ronge, l’angoisse m’a tenue éveillée. Que deviendrai-je si elle venait à s’éteindre ? Elle est ma Lumière dans les ténèbres, ma rosée matinale dans la sécheresse, mon ancre dans la tempête, mon souffle, mon cœur et ma tête ! Elle est tout : si elle meurt, je dépéris. Si elle s’évapore, je suffoque.

Les Flandres attendront donc. Je pars en Périgord où elle sera bientôt (sans doute la conduisent-ils à son frère pour recevoir l’extrême-onction !). Je vous tiendrai informé, mais priez pour que ma prochaine lettre ne vous notifie pas de la date de ses funérailles. J’aimerais vous revoir en d’autres circonstances, plus agréables.

Prenez soin de vous, Octave. Je n’aimerais pas qu’il vous arrive à vous aussi malheur. Peut-être feriez-vous mieux de ne pas combattre : aujourd’hui, je vous préfère lâche et vivant. Ainsi, je pourrai vous le reprocher. Car si vous deviez mourir courageusement, qui pourrait me répondre alors ?

Que le Très-Haut vous protège. Je prie pour vous, toujours.

Isaure



PS : vous trouverez joint à ce message une petite lettre de notre adorable Caia. N’est-elle pas un petit soleil qui sèche nos larmes ?


Citation:
Octave Protège Famille a Saint-Bertand ? Octave bien ?

CAIA bien. Isaure Beaumont Wagner aprend CAIA écrire et lire. Isaure Beaumont Wagner donné CAIA mieil de Octave. Tré bon. Mé a plu. Tombé.

CAIA fatiguée écrire dur.




Lettre et dessin de Caia by JD Hazell

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Octave.
De sa moisson du jour, celle qui lui aura arraché un rire, c'est la lettre de Caia. A peine a-t-il décacheté le pli d'Isaure que le dessin en est tombé, et le Beaupierre n'a pu faire autrement que de sourire puis de rire, à mesure qu'il reconnaissait les personnages représentés.

C’est légèrement anxieux, comme toujours, qu’il avait ouvert le courrier d’Isaure. L’imprévision de la brune n’est pas une légende, elle l’érige en Art. Le seul talent qu’elle possède pour surpasser cela, c’est la mauvaise foi. Ce n’est plus un Art, mais un Don. S’il vous fallait une preuve de l’existence de Deos, il vous suffisait de voir avec quelle dextérité elle en jouait.

Mais ce dessin !


Citation:
A CAIA

    LE BON JOUR DEMOISELLE.

    JE SUIS BIEN CONSCIENT QUE LIRE ET ECRIRE DEMANDE UN EFFORT, MAIS SI J'EN FAIS UN POUR VOUS ECRIRE LISIBLEMENT, VOUS POUVEZ BIEN EN CONSENTIR UN POUR ME LIRE ?

    J'ESPERE QUE VOUS ALLEZ BIEN ET QUE VOUS PROFITEZ BIEN DE L'ENSEIGNEMENT, SANS DOUTE BIENVEILLANT ET AIMABLE, D'ISAURE.

    SACHEZ QUE JE SUIS A AUCH - JE VOUS L'AVAIS MONTRE SUR LA CARTE, C'EST AU NORD DE SAINT BERTRAND - CAR NOUS DEVRONS PROBABLEMENT NOUS BATTRE BIENTOT POUR DEFENDRE NOTRE COMTE.

    JE SUIS JUGE ET J'AI UN CHOUETTE MAILLET : JE SUIS SUR QUE VOUS ADORERIEZ ME VOIR M'EN SERVIR !

    J'AI JOINT UN NOUVEAU POT DE MIEL. NE LAISSEZ PAS ISAURE TOUT BOULOTTER.

    PRENEZ SOIN DE VOUS
    QUE LE TRES HAUT VOUS AIT EN SA SAINTE GARDE


OCTAVE


Voilà, maintenant que la minute enfance et partage s'est évaporée dans un dernier sourire, il est l'heure d'entreprendre la réelle lecture. Cette fois, surpris par la célérité Isaurienne, c'est celle-là qu'il lit en premier.

Les premières lignes l'interpellent d'abord. Puis il sent, malgré lui, son rythme cardiaque s'accélérer alors que les mots de la brune s'enchainent, positifs, agréables, flatteurs ! Ainsi, elle a menti la dernière fois, elle ne l'oublie pas ! Les sentiments ambivalents qu'elle lui inspire s'emballent un peu, alors qu'il la connait pourtant. Ce n'est pas la première fois qu'elle commence bien, pour mieux tacler par derrière. Un vrai gardien de but allemand, cette fille. Et ça ne manque pas. Le Beaupierre, tel un Battiston moyen-ageux, se prend son Schumacher pleine tête et s'écroule au milieu du terrain. Et tout comme le public français de 82, il grogne. Pas un poil de barbe qui ne tremble sous le grommellement énervé du brun.

Pas tant qu’il lui en veuille, à elle. Mais c’est lui qu’il morigène. Il n’attend pourtant rien d’Isaure, alors comment se débrouille-t-elle pour constamment le décevoir ?


Citation:
Isaure Beaumont Wagner

    Sérieusement ? Tout ce que vous retenez de moi ce sont ma - supposée - susceptibilité et mon -inexistant- orgueil ?

    Je me demande même pourquoi je prends du temps pour vous répondre. Je devrais prendre votre courrier et le placer sur la pile de ceux auxquels je n'accorde aucune importance. Comme celui qui me confirme un achat sur le marché, mon don à la province ou encore celui qui m'informe que j'ai de quoi assurer l'avenir d'un escadron complet de petits Beaupierre et que je devrais arrêter de creuser les jardins de la ville quand je m'ennuie trop dans mon nouvel appartement ou au campement de l'armée d'Ishtara.

    Je devrais ranger ma plume, et ne la ressortir que pour ceux et celles qui me trouvent des qualités qui manifestement vous échappent totalement !

    Quelle tristesse Isaure que vous n'ayez pour seul correspondant - ce qui est un mensonge, dès le premier paragraphe, puisque vous dites ensuite recevoir un courrier de votre Cher Archibald - si vous avez -et j'ai l'impression de me répéter encore et encore- une telle idée de moi.

    Ceci dit, je laisse de côté mon énervement pour vous demander des nouvelles de Dana. J'ai reçu hier et aujourd'hui des courriers de sa part, et elle ne me semblait pas si mal en point. J'espère qu'elle ne me cache rien de grave. Cependant, je me dis que si elle ne m'en parle pas, c'est que cela ne me regarde probablement pas.

    Prenez seulement soin d'elle.

    Et si vous déviez vos plans pour le Périgord, rien ne vous empêche de les dévier encore un peu pour passer me voir à Auch. C'est à moins d'une semaine de voyage. Ne me dites pas que vous ne pouvez pas, vous savez que je ne peux pas avaler les lieues en ce moment, quand bien même je le voudrais de toute mon âme. Ce qui n'est pas le cas, puisque vous n'avez aucune considération pour les efforts incommensurables que je fournis pour vous être agréable.

    Dépêchez vous ceci dit. Les renforts que nous attendions s'amassent aux portes de la capitale, et j'espère partir au combat d'un jour à l'autre désormais. Peut-être devrais-je me lier d'amitié avec une infirmière plutôt qu'une future propriétaire de haras, cela me serait plus utile.

    Connaissez vous des infirmières susceptibles, emportées, passionnées, intelligentes, avec de la conversation et un esprit tordu à souhait ? Une soeur peut-être ?

    En attendant de vous voir arriver dans ma taverne de prédilection - un Paradis, si jamais vous deviez chercher,
    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre


Il est dur de discerner sur le visage d'Octave s'il est réellement énervé, juste agacé ou légèrement amusé. Probablement un peu de tout. Ainsi vont ses émotions quand Isaure Beaumont se pique d'échanger avec lui. Ce qui peut être dit avec certitude, c'est que la dame de Saint Peyrus ne le laisse jamais indifférent.

Citation:
MaDôn

    Le bon jour.

    Je note - sans déplaisir - que vous avez déjà abandonné le sobriquet dont vous m'affubliez il y a quelques jours (heures ?).

    A titre liminaire, je vous indique que je suis tout récemment entré dans mon rôle de filleul, en sorte qu'il m'est encore difficile aujourd'hui d'appréhender les charges qui sont désormais les miennes. Je comprends qu'il va me falloir retenir tous les détails et informations que vous jugerez bon de me communiquer. L'on ne me prendra plus à défaut sur le sujet.

    D’ailleurs, j’avais oublié que vous étiez la demie soeur de cet étrange jeune homme que nous avons croisés rapidement à Angoulême. Transmettez lui mon bon souvenir à l’occasion, il avait été charmant, et a retardé ma rencontre avec Pierre de plusieurs semaines, ce dont je lui suis a posteriori reconnaissant.

    Dans quelques mois, j'aurai de quoi devenir votre biographe officiel. Je compte sur vous pour vous en rappeler au moment des royalties.

    Ensuite, vous allez cesser cette jalousie mal placée envers votre amie, soeur, siamoise, que sais-je encore ! Isaure aussi se contente de mes gribouillis - je préfère croire que vous plaisantez, j’écris parfaitement bien - je ne suis disponible que pour mon comté pendant quelques temps. Non pas que les chemins ne me manquent pas, mais j’avoue que combattre aussi.

    Quant à Aur, oui je l’ai rencontré. Il voulait m’embaucher comme Chef de sa garde épiscopalienne, avant d’essayer de me marier à sa soeur. Le tout en une soirée. Je ne manquerai pas de le saluer pour vous lorsque je repasserai à Lectoure où il séjourne. Ou au Tribunal si on en vient à lancer ce procès dont on parlait il y a peu avec mon neveu le Procureur.

    Mais le temps passe, et je n’ai pas répondu à vos questions.

    1. Epouser Isaure ? Diantre. Ne me dites pas que vous avez rejoint le clan de ceux qui jasent sur notre prétendue relation ? Il n’y a rien entre Isaure et moi. La dernière fois que nous nous sommes vus, elle comptait encore devenir Mère et prononcer ses voeux majeurs à Sainte Illinda. Dans sa dernière lettre, elle signale le fait qu’elle reconnaitrait mon …


Il s'interrompt pour reprendre le courrier d'Isaure, et recopie avec application les doux compliments de la jeune femme.

Citation:
    ...non. Précisément je "suinte l’orgueil, j'embaume la susceptibilité à des lieues à la ronde".

    Et vous la voulez mariée à un tel énergumène ? Ne l'aimez vous donc point ?

    2. Je suis mon propre barbier. A l'armée, j'ai appris que si l'on voulait pas choper les poux des germains qui mercenarisent partout dans nos escadrons, il fallait apprendre à prendre soin de soi. Et comme dans les campagnes boueuses ou dans les camps montés à la hâte, il se trouve plus de putains que de coiffeurs, il a bien fallu que j'apprenne à me débrouiller de cette pilosité qui est apparue bien tôt sur mon visage pour ne jamais me quitter ensuite.

    3. Bien entendu que je sais danser ! J'ai appris très tôt, il fallait un cavalier à mes soeurs pour leur apprentissage, et par conséquent, nous avons tous appris. Mais je vous remercie de bien vouloir garder cette information pour vous. Savoir danser ne signifie pas apprécier la chose.

    A mon tour donc.

    1. Quel est cet accident auquel vous n'avez pas fait allusion et qui ébranle vos proches ?
    2. Pourquoi la Guyenne ?
    3. Quel est votre record de ricochets ?

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave


Avec un sentiment de plénitude plutôt rare, le Beaupierre cachette ses missives. D'un pas guilleret, il quitte son appartement, et rejoint les troupes au Paradis. Il ne manquerait pas grand chose pour qu'il soit heureux. Peut être son orgueil et sa susceptibilité l'en privent ils ?
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