Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP] De la part d'une plume usée jusqu'à l'os

Isaure.beaumont
Ces dernières semaines étaient rythmées par l'attente. La terrible attente. L'abominable attente. Et plus que celle du procès, c'était celle des réponses d'Octave qui la rendait fébrile. Elle espérait toujours recevoir une lettre de plus, avant que le procès n'ait lieu, que le jugement soit rendu.

Aussi, quand on remit enfin entre ses mains le précieux papier, elle quitta la compagnie de tous et s'isola pour lire les mots tant attendus dans le calme le plus parfait.

Plume et encrier furent tirer avec hâte, et au secret de sa chambre, elle débuta sa réponse, traçant avec soin ses lettres.


Citation:
Mon cher Octave,

Si l’idée de recevoir ma tête vous déplaît – vous m’en voyez navrée – sachez que je peux tout à fait la faire porter à d’autres que vous. Maurice serait d’ailleurs ravi de l’avoir, puisqu’il m’en a fait lui-même la demande. Mais quoiqu’il en soit, Cassian est d’accord avec vous : il pense également qu’ils n’iront pas jusqu’à me la couper, mais se contenteront de ma langue. Je ne veux pas subir une telle amputation, Octave ! Que ferais-je ainsi, privée d’elle ? Je préfère plutôt mourir que de ne plus pouvoir parler ! S’ils décident pour moi cette sentence, je jure Octave, je jure que je me rue sur eux pour les tuer de mes ongles que j’acérerai pour l’occasion, de me défendre jusqu’à ce que mort s’ensuive. Je préfère de loin cette issue définitive à une pareille mutilation. Que l’on me condamne au silence par la mort, mais pas à une vie de silence !

Pour votre gouverne, il est évident que je me suis relue avant de vous faire parvenir cette missive afin de m’assurer que je ne vous la livrerai pas avec quelques disgracieuses fautes. En avez-vous repérées pour me poser cette question ? Vous avez par ailleurs une étrange idée du romantisme et il serait absurde que j’en use dans mes courriers et encore plus à votre attention. Le romantisme est l’apanage des jeunes sottes rêvant de mariage – ou pire, d’amour –, ce que j’ai été autrefois, mais cette ère est révolue. Je sais dorénavant ce que réservent les promesses des hommes et le mariage.

Votre sens de l’humour, Octave, m’a toujours laissée perplexe, mais je suis rassurée de savoir que vous ne m’oublierez pas trop vite. Mais un jour, le temps fera son œuvre – peut-être demain, et vous serez alors dans l’incapacité de vous remémorer l’exacte teinte de mes cheveux, l’éclat de mes yeux ou la taille de mon nez. Quant à ce portrait volontairement erroné que vous dressez, si ce n’est la blondeur et la minceur de son buste, je plains cette jeune femme si elle existe: elle doit être tristement hideuse. J’ose donc espérer que nous n’avons à vos yeux aucune ressemblance et que rien dans ce descriptif ne vous fait réellement penser à moi.

J’attends que mon procès débute et si je feins de ne pas l’être, je suis en réalité terriblement inquiète de ce qui m’attend. Pour vous répondre, si vous peinez à m’imaginer bandit de grands chemins ou traître, j’ai pourtant été reconnue coupable pour ce qui s’apparentait à un brigandage à leurs yeux il y a quelques mois en Provence, juste avant de séjourner en A&C. De plus, j’avais été, mais sans doute le savez-vous déjà, condamnée pour haute trahison suite à la tentative de prise de Conflans, lors de la Fronde de notre bon Roy Eusaias. Je ne vous ai jamais demandé d’ailleurs si vous aviez participé également à cette bataille. J’ai dormi plusieurs jours en geôle et ai échappé à une exécution grâce au soutien de celle qui était alors ma suzeraine et épouse de notre bon Roy, mais j’y ai perdu les terres que m’avait remises mon frère, par la volonté de mon défunt père.

En ce qui concerne Caia, je n’ai à aucun moment songé à devenir sa marraine. Je ne m’en sens pas le droit. J’espérais, qui sait, pouvoir officier le jour de son baptême et ainsi la recommander au Très-Haut. Mais il eût été très présomptueux de m’imposer moi-même en tant que marraine.

A propos des enfants, j’ai reçu il y a peu une missive d’Axelle, qui souhaite récupérer Arnoul, de façon assez précipitée. J’ignore ce qu’elle sait de leur fugue ou de ma condamnation à venir, mais j’ose espérer qu’elle ne l’éloigne pas sciemment de moi pour ces faits-là. Je me sens désœuvrée à l’idée de ne plus les avoir à mes côtés. Peut-être est-ce un signe du Très-Haut : les enfants doivent retourner à leur vie avant que la mienne ne prenne fin. Je pensais que le départ d’Arnoul serait un soulagement et que son absence me réjouirait, mais je dois avouer que la perspective de ne plus l’avoir bientôt m’attriste plus que je ne l’aurais cru. Cet enfant n’est pas facile, mais il a quelque chose d’attachant, si on y regarde de suffisamment loin. Quant à Caia, j’aimerais écarter de mes pensées la réalité de la séparation qui se profile. Sans doute est-ce pour le mieux.

Si je suis épargnée, je pourrai ainsi retourner à mes occupations premières, sans avoir à m’inquiéter pour leur bien-être. Je m’efforce de voir leur départ comme une libération. Après tout, Je pourrai terminer la licence d’aristotologie tout en réalisant ce projet dont je vous ai parlé. Une fois qu’il sera lancé, il ne me restera qu’à trouver une personne de confiance pour le gérer et ferai de Brynjar mon héritier. Ainsi, il ne manquera jamais de rien, et ses parents non plus. Je vais d’ailleurs vous abandonner sur ces quelques mots. Dans l’éventualité où ma tête roulerait jusqu’à vos pieds ou ceux d’un autre, je me dois de rédiger un testament et d’écrire une lettre d’adieu à ceux qui ont compté.

Que le Très-Haut vous garde, Octave, et qu’il guide vos pas jusqu’au trône comtal que vous occuperez à merveille, je n’en ai aucun doute.

Isaure



_________________
Don.
Citation:
Dôn af Nærbøfj-Røykkness
"Les Gorges Chaudes"
LIMOGES



Octave,

Ne vous inquiétez pas, si la lecture le laisse croire, mon ton n'est pas grave. Je dirais même que ma voix est enjouée malgré le temps qui l'encourage plutôt à s'enrouer, mais vous ne pouvez m'entendre, aussi c'est donc inutile d'en parler davantage, je m'en vais poursuivre mon courrier en répondant à vos questions. Apprenez que vos réponses précédentes furent très satisfaisantes, je crois même avoir cédé un sourire pour la troisième. Voyez, ce ne fut guère difficile finalement, mais pour ne pas voir vos chevilles éclater d'ici, je peux vous avouer une chose : Je suis bon public. Parlez donc de crottes odorantes, ou de mamelles molles et vous obtiendrez un gloussement nerveux de ma part.

• Si je n'avais plus qu'un seul mot à prononcer jusqu'à la fin de ma vie ce serait "Coquillette". J'ado-o-o-o-o-o-ore les escargots. Je trouve qu'ils sont atypiques sans être laids, et la petite maison qu'ils promènent courageusement sur leur dos est souvent colorée. J'aime les couleurs. J'aime les spirales. J'aime les animaux. Et ils sont si petits, si fragiles ! J'avais envie de vous répondre "coquille" mais ne trouvez-vous pas que tous les mots terminant par ETTE sont nettement plus rigolos ? Répétez-le plusieurs fois. Vous ne voulez pas ? Allez. Bon. Soit, je vais donc l'écrire, vous serez forcé de les lire et de les réciter à voix haute ou non : Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillettte Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette Coquillette.

Alors ? Qu'en pensez-vous ? (Je me suis amusée à placer une coquille, au sein des coquillettes. N'est ce pas follement amusant ?)

• Le jaune est pour moi une couleur magnifique ! Elle représente la lumière, la sainteté, la chaleur, les fleurs, l'été, le printemps aussi. Qui n'aime pas les pissenlits, les jonquilles, les boutons d'or ?! Octave, je vous en prie, révisez votre palette. D'ailleurs, les coquille-ttes d'escargots sont souvent jaunes, coïncidence ? Non.

• Pour me faire sourire, dans votre prochain courrier, glissez une plume. Je jure de l'utiliser pour me chatouiller le nez.

Et comme je n'aime pas attendre, faites le vite.

    1. Que feriez-vous d'elle, si vous étiez doté d'une seconde bouche ? (Je vous laisse libre choix pour l'emplacement de cette dernière)
    2. Si vous deviez vomir une fois par jour pour survivre, que choisiriez vous pour mieux le supporter : Que vos vomissures soient dépourvues d'odeurs, ou qu'elles soient "bleuves" ?
    3. De tous les doigts, le pouce est celui que l'on suce. Sans lui, lequel serait élu à sa place ? (Les doigts de pied comptent aussi)


Vite !

Dôn.

_________________
Octave.
Citation:
A ma chère Isaure,

    Quelle attente vous me faites vivre ! Chaque jour, j'ouvre ma porte et crains d'y trouver votre charmant sourire, vos jolies oreilles, votre regard vide et mort tourné vers moi, sur le pas de ma porte, votre chevelure pleine des brindilles que les roulades de votre caboche jusqu'à moi auront amassé...

    Je n'en puis plus, je vous en prie, dites moi donc comment avance votre procès ? La Juge a-t-elle l'air si ignoble sur son nom le laisse paraitre ? Les réquisitoires ont-ils été rudes ? Avez-vous été malmenée ? Avez vous pris un avocat ? Etes vous soutenue dans cette épreuve ?

    Je ne sais comment vous aider de si loin... D'autant que j'ai fort à faire, tant mon propre tribunal que dans notre Conseil. Notre CAC a fait du zèle en Aragon, notre Comtesse a subitement quitté ses fonctions, tant et si bien que mon procureur de neveu se retrouve régent et moi sans clés, mais avec un joli titre de vice-comte, ou de vice-régent, je ne sais même pas...

    Pour ajouter à la peine, ce matin Namaycush a été aperçu arrivant à Auch. Si j'avais su que mon charme les ferait revenir dans l'espoir de me croiser, j'aurais été moins aimable quand je les ai condamnés la première fois ! Toujours est-il que je me retrouve de nouveau enfermé des journées entières dans des salles sans fenêtres et porte close, entouré de bien trop de gens, à discuter encore et encore de stratégies.

    Je vous assure que le climat et les températures clémentes de ces derniers jours ne se prêtent pas à la discussion à huis clos.

    Quant à vos traits Isaure, comment les oublier ? Je me souviens de chacune de nos discussions, de nos rencontres, nos disputes, vos disputes également, vos angoisses, vos soulagements... vos bouderies. Tout est gravé en ma mémoire, et j'y repense quand parfois une plaidoirie s'éternise.

    Je ne désespère pas qu'un jour vous passiez par ici. Je ne suis pas sur de quitter ces terres de sitôt, vu la situation, ce pourrait s'apparenter à de la fuite. Quand je disais dans mon programme que je souhaitais faire savoir que l'Armagnac était accueillant, je n'imaginais pas que la Memento me prendrait au mot si rapidement !

    Avez-vous du nouveau pour le baptême de Caia ? Savez-vous quand vous la déposerez à Toulouse ? En a-t-elle seulement envie ?

    Dites lui bien que je lui écrirai bientôt. Il est désormais trop tard, la lumière fuit déjà, mais bientôt.

    Et vous, faites attention à votre tête. Quel que charmant qu'il soit, votre minois mérite de rester sur vos épaules.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre



Citation:
A maDôn

    Mes yeux, Marraine, mes yeuuuux ! Oui, avec tous ces "u". Et si vous avez cru que ce triple "t" m'échapperait, vous vous fourrez le doigt dans les vôtres, de yeux.

    En tout cas, le ton guilleret de votre dernière missive me ravit. J'espère qu'il n'est pas du qu'à l'alcool, mais que vous souriiez bien lorsque vous avez posé tout ça sur le papier.

    Coquillette est un mot très drôle en effet. Il n'arrivera jamais à la cheville de "strapontin". STRA-PON-TIN. En plus, on ne peut pas le répéter à l'infini, on s'y perd. Je gagne.

    Ce n'était pas un concours ? Je vous entends d'ici ! Quelle mauvaise foi !

    Quant au jaune, c'est laid, c'est laid. Rien ne vous empêche de l'aimer, mais c'est laid. Une pâquerette n'est jolie que par le blanc qui entoure le jaune. Un bouton d'or n'arrive pas à la cheville d'une violette. Ou d'un brin de muguet.

    1. Si j'avais une seconde bouche, il y en aurait une pour manger et une pour boire, en même temps. Du coup, je cherche encore l'endroit qui serait pratique pour faire les deux simultanément. Si vous avez une idée, je suis preneur...

    2. Sans hésiter, je supprime l'odeur. Celle qui reste dans la narine des heures après avoir régurgité, qui se coince dans les dents, dans la mémoire, qui rend malade une seconde fois...

    3. La première articulation de l'index, quand il est replié.

    Et pour vous...

    1. si vous deviez jouer du luth - peut être en jouez vous ? - quelle serait votre première chanson pour démarrer une soirée ?
    2. quel serait votre repas idéal et pourquoi ?
    3. Si l'eau avait le même gout, mais était épaisse et noire, la boiriez vous ?

    Voyez, j'ai fait vite.

    Prenez soin de vous, marraine.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave


Et le Beaupierre de glisser une plume dans la seconde missive. Chose promise, chose due. Maintenant, il va s'affaler, épuisé. Les prochaines journées vont encore être longues.
_________________
Isaure.beaumont
C'est le cœur léger que la Beaumont avait pris la plume, forte de sa décision, rassérénée par la perspective d'un avenir enfin tracé.


Citation:
Mon cher Octave,

Ne vous souciez plus de mon sort et concentrez-vous uniquement sur votre mandat de juge et de celui de comte à venir. Je crains que vous n’ayez choisi la terre la plus facile à administrer : l’Armagnac et le Comminges me semble être un véritable nid à vauriens. Si je n’y ai mis les pieds qu’une fois, à l’automne dernier, il venait déjà d’être la cible d’une coalition de brigands. Ce ne sera donc pas votre charme qui aura fait revenir ce vil Namay, mais sans doute la déconcertante facilité qu’ils ont à s’y établir. N’êtes-vous pas d’accord ? Heureusement, vous en serez bientôt le régent et je ne doute pas un instant que vous parviendrez à remédier à cette fâcheuse faiblesse de votre comté et à lui donner meilleure réputation. Alors peut-être un jour nous précipiterons-nous tous pour profiter du rayonnement de l’A&C, qui vous devra tout. La vermine sera alors remplacée par l’étincelante noblesse et les bonnes gens. A l’heure actuelle, si je devais y remettre les pieds, ce qui je crains ne sera pas demain, ce sera bien pour vous voir et guère par attrait de la région. Je me souviens cependant du jeune Salar, le curé de Lectoure, qui fut d’agréable compagnie. Si vous le croisez, pensez à le saluez pour moi.

En ce qui me concerne, rassurez-vous : je vais aussi bien que l’on puisse aller quand je ne pense pas à ce qui m’attend. Si la date du procès se rapproche, j’essaie de ne pas trop y songer, me concentrant sur le quotidien qui est bien plus oisif que le vôtre. Vous vous inquiétez de me savoir bien entourée, je partage la même inquiétude à votre sujet. Etes-vous soutenu ? N’êtes-vous pas trop seul face à toute cette effervescence nocive ? Si je n’avais pas le procès et à charge les enfants, que je ne peux me résoudre à mettre en danger, même pour vous, croyez bien que je serais venue vous soutenir. Je ne peux malheureusement que vous encourager à distance en vous adressant quelques mots sans grande force.

Vous devez être si occupé et je vous fais indéniablement perdre du temps avec mes lettres, mais me permettez-vous de vous faire une confidence, Octave ? Je n’attendrai pas votre réponse et vous la couche là, au secret de ce vélin. Vous serez alors libre d’en faire ce que vous voulez. Vous pourrez la lire ou l’ignorer, mais sachez que vous êtes le premier à en être informé. Je dois tout d’abord reconnaître que vous aviez raison sur quelques points, et celui-ci d’autant plus : l’abbaye de Sainte Illinda n’était pas pour moi. Je n’étais pas faite pour elle. J’aime y séjourner et m’y recueillir mais le calme qui y règne ne me serait sans doute pas salutaire à long terme. J’y aurais dépéri. Vous aviez vu juste, comme si vous m’aviez connue mieux que je ne me connaissais. J’ai abandonné l’idée d’y devenir moine, ce n’était pas ma destinée.

J’ai acheté hier une petite propriété dans la campagne périgourdine, à quelques lieues à peine de Périgueux. Je suis actuellement en pleine négociation avec le propriétaire voisin pour lui acheter au meilleur prix quelques parcelles alentours. Je pourrai ainsi, comme je vous l’avais annoncé quelques semaines plus tôt, y établir mon haras. C’est une charmante petite bâtisse où je suis certaine qu’il fera bon vivre. J’ai déjà commandé à Nicolas une glycine qui viendra en orner la façade et des passeroses pour égayer les parterres afin d’accueillir mes invités et clients tout en couleurs et en senteurs. Il y a, au fond de la propriété, un magnifique verger, avec une grande variété de fruitiers, dans lequel je pourrai cueillir pour mon plus grand plaisir des poires toute l’année – ou presque. Je constitue ainsi petit à petit le patrimoine que je lèguerai à mon cher filleul.

Pardonnez-moi, je constate que je me suis égarée, et que je ne vous ai pas encore livré l’entièreté de cette confidence que je vous promettais. J’ignore si je pourrai venir vous saluer en A&C, mais je sais que nous nous reverrons très prochainement. Vous ne le savez sans doute pas, car je ne vous l’ai jamais clairement dit ou écrit et que vous vous êtes convaincu bien trop souvent du contraire mais vous m’êtes très cher, Octave. Aussi êtes-vous le premier que j’informe, avant même de l’annoncer à Dana, que j’espère voir arriver avant le début de mon procès. Apprenez donc que je vous convie, le premier jour de juillet prochain, ce même jour qui m’aura vu devenir tour à tour Von Frayner et Saint Peyrus, pour assister à mon ordination. Il me plairait que vous soyez témoin de ce jour béni, aux côtés de ceux qui me sont précieux. Sans doute pourrions-nous profiter de cette occasion pour que je procède ensuite au baptême, le premier en qualité de Mère Isaure, de notre chère Caia si Agnès accepte l’invitation. Ma chère petite va bientôt retrouver Toulouse et j’ose espérer qu’Agnès acceptera de faire le déplacement en sa compagnie jusque Périgueux.

Je vais vous abandonner sur cette bonne nouvelle car je suis lasse. J’ai attrapé un vilain rhume qui ne me quitte pas. Si le temps en A&C n’est pas propice à l’enfermement, sachez qu’ici, il est propice aux coups de froid et de chaud. Le matin n’est qu’hiver quand l’après-midi ressemble à l’été. Je ne sais plus où donner de la tête ni comment me vêtir.

Que le Très-Haut vous garde, mon cher Octave,

Prenez soin de vous

Isaure





_________________
Octave.
Il était longtemps resté cette lettre à la main.

Puis il l'avait posée, et était parti combattre. Au retour, il avait du déposer son neveu dans ses appartements, aux bons soins de gens plus compétents que lui pour réparer des coups d'épée. Sur le terrain ensanglanté, il n'avait pas vu d'autres blessés... Mais n'avait pas non plus recroisé ceux dont le sort lui importait.

En revenant, il avait d'abord pris le temps de nettoyer son épée, geste que tout bon soldat apprenait dès le départ. Essuyer le sang, vérifier le fil, la ranger soigneusement. Pour mieux la ressortir dès le soir venu.

Le regard fuit le courrier d'Isaure qui se trouve sur la table. Il ne sait pas quoi répondre. Pourtant, il devrait être habitué depuis le temps aux lubies de la brune, à ses envies qui évoluent radicalement entre chacune de ses missives. Ce n'était pas il y a trois lettres qu'elle lui promettait sa tête ? Puis un haras ? Les Flandres ? Et maintenant... l'ordination.

Marrant, il n'aurait jamais cru qu'elle irait au bout de cette lubie-là.


Citation:
A ma chère Isaure,

    Je ne sais pas ce qui me désespère le plus. Le fait que vous soyez ordonnée, ou le fait que vous me l'annonciez comme une bonne nouvelle.

    Je n'avais jusque là jamais perdu de temps à vous lire. Mais j'avoue que vous m'avez coupé la chique. Isaure, vous serez tout, vous pouvez tout être, sauf une bonne prêtre. Prêtresse ? Diaconesse ? Bon sang, je ne connais pas le mot. Vous finirez comme Aur que vous me demandez de saluer : coincé, vide, arrogant et ennuyeux.

    Vous savez quoi ? Je vais retourner à mes procès. Me plonger dans mes dossiers. Jusqu'à votre prochaine lettre, où je n'en doute pas, vous aurez encore changé d'avis, et où j'aurai espoir de vous revoir telle que je vous ai laissée. Pleine de vie, de contradictions, de projets et d'envies. Et non pas prêtre.

    Qui vous a fichu cette idée en tête ?

    Alors que Sainte Illinda vous était enfin passée...

    Que le Très Haut prenne soin de vous Isaure, et qu'il arrête de vous inspirer.


Octave de Beaupierre


Tiens, il n'y aura finalement pas eu besoin d'attendre qu'ils se revoient pour retrouver le ton de leurs échanges. Mais la fatigue, l'ambiance armagnacaise et le fait qu'il a blessé un autre être humain cette nuit n'y sont sans doute pas étrangers.

Et puis... Isaure. Ordonnée. Quelle amie sera-t-elle, armée de la puissance divine ?

_________________
Isaure.beaumont
Le sourire qui s'était formé sur le visage pâle de la Beaumont fondit à mesure de la lecture de la lettre octavienne, gangrenant sa bonne humeur. Le ton de la lettre avait perdu la douceur des précédentes et lui laissait un goût amer.

La fatigue induit par le rhume qui la tenaillait, par l'attente d'un procès qui l'inquiétait, ne lui permettait pas de prendre le recul nécessaire et se saisissant de sa plume, elle lui servit une réponse digne d'une Isaure blessée et vexée


Citation:
Octave de Beaupierre,

N’avez-vous donc aucune considération pour moi ?

Je tente d’oublier cette épée de Damoclès qui flotte au-dessus de ma tête dans l’attente du procès en faisant des projets d’avenir et de tous mes amis, alors même que vous êtes l’un de ceux qui comptent le plus, vous êtes le seul à ne pas vous réjouir pour moi ! Que devrais-je faire pour qu’enfin vous vous réjouissiez ? Que je reste sans but le restant de mes jours, veuve désœuvrée et sans avenir ?! Je ferai une très bonne officiante, Octave. Je baptiserai et marierai des générations entières. Je combattrai le vice et élèverai la vertu.

Je ne sais pas pourquoi je perds mon temps à essayer de vous convaincre. Il est de toute façon évident que quoique je fasse, je n’ai rien pour vous plaire. Mon amitié ne vous satisfait jamais pleinement et vous trouvez toujours d’odieux reproches ou critiques à me faire. A croire qu’il vous plairait effectivement de voir rouler ma tête. Et bien qu’elle roule jusqu’à vos pieds, que je puisse venir vous chanter combien votre amitié me déçoit !

Au contraire de vous, je me réjouis pour votre avenir et je vous souhaite une bonne élection. Mais n’attendez pas de prochaine lettre dans laquelle je vous écrirai ce que vous voulez entendre, car elle n’arrivera pas. Jamais. Il faudra vous faire à cette réalité qui vous déplaît autant que je vous déplais. Je deviendrai Mère Isaure, que cela vous plaise ou non. Et je vous prouverai que je serai une bonne religieuse, puisque vous doutez de ma vertu et de ma foi !

Que le Très-Haut vous garde et vous inspire un peu plus !

Isaure Beaumont-Wagner
Dame de Saint Peyrus



_________________
Don.
Citation:
Dôn af Nærbøfj-Røykkness
"Le con fesseur"
Perigueux - PERIGORD.


Octave,

Strapontin n'est pas un mot, c'est une accumulation de lettres, qui je dois vous l'avouer n'a pas pour vocation d'accorder un sens au résultat de vos élucubrations. Hier, j'ai appris un mot joli, et il a le mérite d'exister celui-ci. Madeleine de Firenze m'a soutenu qu'il fallait le précéder d'un pronom féminin mais je le préfère masculinisé, j'en ai bien le droit non ? Pronom, défini, indéfini, article au singulier, pluriel, je me moque de tout cela, si le rendu final n'est pas beau. Bref, ce mot est Pitou. Oui, Pitou ! Un pitou. Il détrône presque coquillette. On peut le dire du bout des lèvres, il suffit de tapoter sa langue contre vos incisives et le plaisir s'intensifie. Essayez, vraiment, peut-être êtes vous au lit d'une femme, lettre en main et si c'est le cas, je vous conseille de lui chuchoter à l'oreille, elle pourrait en rire mais sera touchée, sans le moindre doute, par cette prononciation des plus agréables. Pitou-Pitou.

J'ai bien lu votre réponse, concernant le dédoublement de votre bouche. Je trouve dommage votre choix de n'accorder qu'une seule fonction à chacune de vos zones buccales. Imaginez, la première mange une biscotte, elle se verra asséchée ! Et malheureusement, devra subir cette aridité par la faute de la seconde, qui peu rassasiée, elle, devra s'inonder pour oublier combien la matière lui manque. Résultat ? La croqueuse séchera et gercera, retirant votre droit de parole alors que la buveuse ramollira et vous ne pourrez plus rien en faire, pire la malheureuse pourrait se mettre à baver. Honteux, vous devriez alors choisir de la placer tout près de votre derrière, au moins le monde penserait que vous vous faites encore dessus. Est-ce moins humiliant ?

1. Si je devais jouer du luth (Et non je ne peux en jouer, dois-vous rappeler que je suis manchote ?!) je commencerai une soirée par la chanson du Barde : Dans la forêt. Je ne suis plus domiciliée en Bretagne, mais j'éprouve encore beaucoup d'affection en ce qui concerne notre culture. Les Celtes peuvent communier avec la nature, et si je n'ai malheureusement pas eu la chance de suivre le parcours initiateur des druides, j'ai pu vivre assez près d'une d'entre eux pour me familiariser avec leurs coutumes.

"Demain nous emportera ailleurs, loin de chez nous.
Nul ne saura jamais nos noms mais les Chants de Bardes resteront.
Demain emmènera au loin la peur d'aujourd'hui, elle sera partie grâce à nos chants magiques."


2. Le repas idéal c'est celui que l'on peut déguster seul. Qu'importe ce que l'écuelle comporte. Seul, dans le silence, les sens sont décuplés, et l'estomac enfin disposé à recevoir ce que nous devons manger lentement. Pour "aller bien", il faut prendre le temps de couper, mâcher, avaler. Il faut savourer, déguster. Mon rapport à la nourriture est particulier, mais j'aime ses textures, ses senteurs et il me faut beaucoup de temps pour accorder à cette nature, l'honneur qu'elle mérite. Si la terre mère nous offre de si nombreuses victuailles, il est de notre devoir d'y prêter juste attention.

3. Oui. Oui, parce que justement, j'aime goûter. Enfant, il paraît que ma langue s'égarait sur tout ce qu'elle trouvait et cela jusqu'à l'âge de sept ou huit ans. J'ai ainsi pu expérimenter la dégustation de limaces, de gravailles, de moisissures, de bois et de bien autres choses encore. Mon fils Brynjar, semble d'ailleurs prendre ce même chemin, ce sera un "éprouveur" vous verrez. J'ai confiance.
Une eau noire est attirante, qu'elle soit épaisse moins. Mais elle tiendrait peut-être mieux au corps ? Qui sait.


    - Préférez-vous êtes privé de tous vos membres, et ainsi devenir un homme tronc, ou serait-il plus envisageable d'être privé de cou, poignets, rotules et chevilles tout en conservant le reste ?
    - Vous n'avez qu'un seul choix possible : Prenez-vous l'encre invisible, permettant l'élaboration de courriers secrets, ou optez-vous pour le parchemin réutilisable à souhait ?
    - Si vous deviez embrasser une femme, là, maintenant, avec fougue et désir, qui serait-elle ? (Si vous êtes toujours dans la couche de la demoiselle, sachez que cette dernière est éliminée, elle ne compte pas).


A bientôt,
Dôn.




Noooooooooon, elle n'est pas curieuse.
_________________
Octave.
Il a pu récupérer un peu de ce sommeil qui lui faisait tellement défaut. A la lumière d'un jour nouveau, et ayant eu l'occasion de palabrer avec des gens qui dépassaient Isaure de plusieurs niveaux en terme de pénibilité - oui c'est possible - le Beaupierre reprend la prime lettre, et la seconde.

Pourquoi diantre s'est-il tant énervé ? Quand après l'avoir lue, il était allé rencontrer Martin, et il avait réalisé qu'après tout, Isaure n'allait qu'être ordonnée. Elle n'était pas blessée, à l'agonie. Qu'est ce que cela changerait à leurs relations ? Rien. Elle serait toujours Isaure. Et tant qu'il n'envisagerait pas, lui, de rejoindre les ordres, elle n'aurait pas plus de pouvoir sur lui d'emmerdement qu'aujourd'hui.


Citation:
A ma très chère Isaure,

    Je ne doute ni de votre vertu, ni de votre foi !

    A vrai dire, je ne sais même pas pourquoi votre décision m'a mis en colère de la sorte. Je n'ai pas de réponse à cette question, que de toute façon je n'ai pas le temps de creuser.

    Je vous prie de m'excuser, et je vous assure dès à présent de ma présence lors de votre ordination. Si bien sur vous voulez toujours de moi à vos côtés à cette occasion.

    De mon côté, les élections sont terminées. Vos prières ont du fonctionner, puisque je suis Régent de l'Armagnac et du Comminges, en attendant les allégeances qui feront de moi un Comte.

    Ces élections durent houleuses et difficiles. Vous connaissez la situation militaire compliquée dans laquelle nous nous trouvons, et à cela, il me faut ajouter une situation interne au Conseil particulièrement pénible. Ceux qui en face hurlaient au bien du Comté, à l'unité, qui appelaient à l'entraide, qui ont taché de me prendre la place de Comte qui me revenait pour y caser leur seconde de liste, ceux là même refusent les postes qui leur sont proposés, boudent, n'accomplissent pas leurs taches, n'aident personne et critiquent tout.

    Je vous jure qu'il me faut déployer des trésors de diplomatie et de conciliation pour ne pas juste leur mettre leur nez dans leur merde avant de les achever en leur ôtant toute fonction. Je sais pour l'avoir vécu ces deux derniers mois qu'un conseil peut tourner avec peu de monde, si ceux là sont motivés. Le mauvais esprit, la mauvaise foi, et les mauvais perdants sont particulièrement pénibles à gérer, et ça prend un temps fou alors même que la situation du Comté ne nous le permet pas.

    Isaure, à côté d'eux, vous êtes l'incarnation de la mesure et de la bonne foi.

    Vous me manquez. Le 1er jour de juillet va arriver vite, et j'ai hâte de vous y voir, même si je gage que vous serez trop entourée ce jour là pour que je puisse profiter de votre présence comme je le souhaiterais.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave


Puis il retrouve une lettre de sa marraine, qui avait du se coincer entre le bureau et le mur. S'il sourit tout au long de la lecture, la dernière question coince le sourire dans sa barbe. Diantre. Qu'allait-il bien pouvoir répondre... Fourrant le courrier dans sa poche, il prend le temps d'y réfléchir. La réponse attendra un peu...
_________________
Octave.
Il attend patiemment pour prêter allégeance, et prend le temps de répondre à Dana.

Citation:
A maDôn,

    J'ai peu de temps devant moi, du moins je l'espère. Mais j'ai trop tardé à vous répondre, Marraine, alors même que je vous avais promis de ne pas vous oublier.

    Ces derniers jours se sont avérés éprouvants, et je crois avoir épuisé en quelques heures toute la diplomatie dont je disposais pour le reste de ma vie. Je crains de voir le soleil se lever demain et de n'avoir plus envie de discuter, juste le besoin d'en coller une à quelqu'un. D'ailleurs, rien que de l'écrire, je vois ce charmant minois bien en face de moi et mon poing se serre...

    Parlons donc d'autre chose. Je ne vous permets pas de dénigrer le mot strapontin. Il roule sur la langue, se colle aux dents, et termine par s'enfuir de la bouche sans crier gare. Un mot parfait. Votre pitou, qui j'en suis persuadé n'existe pas ailleurs que dans vos imaginations (trop) fertiles, n'arrive pas à la cheville de mon strapontin. En plus, il a été inventé pour les femmes. De quoi donc vous plaignez vous ?

    Vos questions maintenant...

    1. Diantre, mais quel choix vous me laissez ! Je crois que je préfèrerais être privé d'articulations plutôt que de membres. Ne serait ce que pour faire rire ceux qui me croiseraient, et peiner ceux qui seraient chargés de mon transport.

    2. Je prends, sans hésiter, le parchemin réutilisable à souhait. Je n'ai pas grand chose à cacher dans ma correspondance, mais en revanche, je me ruine en parchemins...

    3. Il n'y aura ni fougue ni désir. Mais je m'apprête à aller embrasser une femme. A vous, je peux bien le dire, Marraine, puisque je sais pouvoir compter sur vous pour ne pas aller ébruiter la chose, même si je n'en suis pas honteux. Ce sera la première... Quelque part, j'espère qu'elle préfèrera l'accolade au baiser, mais connaissant Alvira, j'en doute. Ce seront donc ses lèvres qui seront les seules à ce jour à se poser sur les miennes. Voilà, c'est dit. Nulle femme dans ma couche, Dana, nulle femme sur mes lèvres. Et ne croyez pas que c'est par manque d'attirance pour la gent féminine. Je ne suis pas attiré par mes semblables. Mais aucune ne m'a encore donné l'envie, le besoin, d'y céder, voilà tout.

    A mon tour...

    1. Quel est votre secret le plus inavouable ?
    2. Embrassez vous à tour de bras ou réservez vous vos baisers, telle votre filleul ?
    3. Si les lèvres n'étaient plus le lieu consacré pour apposer un baiser d'amour ou de désir, quel autre endroit trouveriez-vous adapté ?

    Oui, c'est un questionnaire à thème. Vous qui avez commencé avec vos insinuations !

    Souhaitez moi bonne chance.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave.

_________________
Isaure.beaumont
Caïa avait parlé. Encore. Et le flot des émotions s'étaient de nouveau déchaîné dans la caboche et le cœur isauriens. Elle avait alors ressenti le furieux besoin d'écrire au Beaupierre, et avait prétexté un temps de préparatin avant d'aller rejoindre la place de Périgueux où les attendait la loterie. Pour adoucir l'annonce de son incarcération, Isaure avait décidé d'offrir à la jeune Caïa une soirée de distraction.

- Préparez-vous, ma petite chérie. J'écris rapidement à Octave. Juste quelques mots polis. Et nous partons.

Assise à son écritoire, elle avait couché sur le vélin ses pensées, telles qu'elles lui venaient, sans prendre soin d'ordonner sa réflexion. Dans son dos, sans qu'elle n'en ait pris conscience, Caïa écrivait aussi.

Citation:
Octave,

J’étais résolue à ne plus jamais vous écrire, mais ma volonté faiblit désormais. Votre lettre a écorné ma détermination et les derniers événements vous ont imposé à mes pensées. Me voilà contrainte de vous adresser ces quelques mots, mais sachez que je suis toujours fâchée des vôtres, durs et injustes. Sans doute l’aurez-vous d’ailleurs perçu en débutant cette lettre : vous voudrez bien comprendre qu’il me faudra laisser passer encore un peu de temps avant de vous faire entendre de nouveau combien vous m’êtes cher. Aussi devrez-vous vous contenter de votre prénom sèchement tracé sur le vélin pour quelques temps. N’étant cependant pas sans cœur, je veux bien accepter que la situation actuelle qui vous occupe vous égare et que vous vous laissiez dépasser par vos émotions. Si j’étais assurée d’être l’unique réceptacle de vos débordements émotionnels et si je pouvais être certaine de la sincérité de votre réjouissance amicale, sans doute cela faciliterait-il ma digestion de votre avant-dernière missive. Mais la versatilité de vos écrits m’interroge : vous avancerez-vous à ma rencontre le cœur sincère ce premier juillet, ou feindrez-vous de l’être ?

J’ai tant de choses à vous écrire que je ne sais plus par où commencer. Tout s’emmêle dans ma tête et au bout de ma plume ; tant et si bien que je ne sais plus si je dois débuter par les bonnes nouvelles ou les mauvaises. Je crains qu’en choisissant de vous annoncer en premier lieu les choses joyeuses, le pire ne vienne ensuite ternir votre plaisir. Mais qu’en faisant l’inverse, vous ne restiez trop concentré sur le mauvais pour apprécier la suite. Peut-être devrais-je juste laisser venir le flot de mots et les dérouler sous ma plume, sans ordre ni logique. Juste comme ils naissent dans mon esprit ?

Mes prières ont été entendues, oui : vous n’abreuvez pas les fossés de votre sang, vous ne fertilisez pas la terre de votre corps. Je n’ai jamais prié que pour vous, pour votre sauvegarde. Votre victoire, vous ne la devez qu’à vous-même et votre équipe. A votre talent, vos compétences et votre charisme. Je ne peux aucunement me vanter d’avoir participé au succès de votre élection, mais je peux me réjouir de vous savoir vivant et sans blessure, car vous me l’auriez écrit, n’est-ce pas, si la guerre vous avait abimé ? Tâchez de rester debout jusqu’au premier juillet, car nous sommes deux à espérer votre venue.

Vous avez su en si peu de temps vous attacher Caia. Je n’ai jamais vu enfant plus attachante. Elle a même su séduire Dana, ce qui n’est pas chose aisée. Elle a ce don d’attirer à elle la sympathie de tous. Vous rappelez-vous notre première rencontre avec elle ? C’est un souvenir encore frais dans ma mémoire et qui me paraît pourtant si lointain. Caïa a tellement changé depuis, elle a évolué si positivement. J’ai cette impression d’avoir déjà vécu mille ans avec elle, comme celle de vous connaître depuis cent ans. La distance efface-t-elle des cœurs et des mémoires ? Je crains qu’elle ne m’oublie tout à fait quand elle sera aspirée par sa vie et qu’elle aura tant à découvrir. Mon cœur se brise à cette idée. Mais il fond, de fierté et de tendresse, quand elle fait entendre sa voix : Caïa parle, Octave. Elle m’a fait don de sa voix, à plusieurs reprises. C’est encore plus doux que le chant des anges. Chaque fois que je l’entends, mon cœur s’enorgueillit, il enfle, se gonfle et explose. C’est un flot d’émotions que je ne maîtrise plus. Elle parle, Octave !

Cela m’amène donc à vous annoncer qu’Arnoul à une fois de plus disparu. Je ne m’étais pas trompée : dire la vérité à un enfant n’est pas une bonne chose. IL faut savoir la taire parfois. Lucie et moi-même étions en désaccord. J’ai refusé plusieurs jours d’expliquer à Arnoul les mots malheureux de sa mère : elle avait couché sur le vélin sa déception et le reniait. Elle reprochait à son fils de n’être encore arrivé à Montauban, mais comment aurait-il pu, alors que j’étais contrainte de rester à Périgueux dans l’attente de mon procès ? L’épouse de mon cousin a jugé préférable de lui expliquer les mots de sa mère, aussi blessants fussent-ils. Je voulais l’épargner. Pourquoi le faire souffrir inutilement ? D’autant plus si les mots d’Axelle étaient dictés par la colère et la déception.

Le petit cœur, et croyez-bien que je n’imaginais pas quelques mois plus tôt subir son absence, a laissé une lettre cette fois-ci. Il nous – à Cassian et moi-même – confie Caïa pour qu’on ne soit pas triste. A peine avais-je trouvé sa lettre que je partais déjà sa recherche. En vain. J’ai cherché tout le jour mais l’orage m’a arrêtée. J’ai d’ailleurs bien cru perdre Artémis : affolée par le tonnerre, alors que j’avais mis pied à terre pour appeler Arnoul, la bougresse a pris la poudre d’escampette, me laissant seule à plusieurs lieues de Périgueux, les mains brûlées et le séant mouillé. Rassurez-vous, Archibald l’a depuis retrouvée et nous l’avons faite examiner par le maréchal-ferrant. Elle va bien. Si d’aventure vous deviez entendre parler d’un enfant errant, seul, et sans doute la peau sale, ne manquez pas de m’en informer. Je n’ai pour l’heure aucune réponse de sa mère, mais je compte bien en obtenir une rapidement.

Le Périgord n’a pas à envier l’A&C en ce moment. Nous sommes en état d’alerte. Des rançonneurs encerclent Périgueux. Je n'en sais pas plus, et je crains que mon ignorance ne soit renforcée ces prochains jours.

Enfin, je peux vous annoncer la fin de mon procès. Le verdict a été rendu, et si j’ai échappé, grâce à mon ingénieuse auto-défense (j’ai préféré me passer des services de l’avocat incompétent qui m’était proposé) à la peine capitale, je suis tout de même reconnue coupable de haute trahison. A moins que ce ne soit grâce à vous ? Avez-vous Octave influé de quelques manières que ce soit sur la décision ? Si tel est le cas, je vous en suis extrêmement reconnaissante et serai votre obligée. L’on me condamne à une marche de la honte dans les rues de Périgueux pendant laquelle je devrai porter une ridicule pancarte sur laquelle sera inscrit « j’aime la chouquette du Périgord » après quoi je serai conduite aux geôles. Ma tête ne roulera pas à vos pieds, Octave, mais elle souffrira de cet isolement forcé : je serai incarcérée du vendredi midi au lundi midi.

On me laisse une journée de répit avant l’application de ma peine. Je l’emploierai au repos et à la prière. Mais c’est une journée de trop : je me sens déjà coupée du monde : toutes mes pensées convergent vers cette cellule qui n’aura rien à voir avec celle que j’occupais à Ste Illinda. Puis-je vous avouer, Octave, que je redoute finalement bien plus ces trois jours d’introspection induite par mon incarcération que le son de l’air fendu par une lame affilée ? Je crois pouvoir dire aujourd'hui qu’il aurait été préférable que finalement ma tête roule jusqu’à vos pieds. Votre compagnie aurait été bien plus appréciable que la mienne.

Rendez-vous compte, Octave, je serai seule et ne pourrai parler à personne durant trois jours plein. Je n’aurai pour seule compagnie que les rats et mes pensées perverses. Je serai seule avec mes doutes et mes craintes. Avec mes regrets et mes remords. Avec mes espoirs fous et mes rêves vains. Tout tourbillonne déjà dans ma tête, tout s’emmêle, je me sens oppressée rien qu’à l’idée de les voir surgir et prendre corps dans ma geôle.

Je m’égare : je ne devais vous écrire que quelques mots. Ils sont déjà bien trop nombreux. Ecrit-on autant aux gens avec lesquels nous sommes fâchés ? J’imagine que la réponse est non, mais vous serez l’exception. Vous l’êtes en tout.

Retournez à vos affaires comtales, je ne vous ai que trop occupé inutilement. Que le Très-Haut vous garde Octave. Mes prières et pensées vous accompagnent.

Isaure

PS : Je joins à ce vélin un mot que Caia vient de me remettre. Je n’ai pas le temps de lire et d’en corriger les fautes, nous sommes attendues. Aussi, vos yeux ne seront pas épargnés, mais j’espère que vous trouverez la force de me pardonner cette paresse-là, comme je vous pardonne déjà tout le reste.






Citation:
Octave,

Arnoul pati. Trouve pas ou lé Arnoul. Mé Arnoul a di dan lettre resté avec Isaure Beaumont Wagner pou pa criste. Caia sé pa poucoi Arnoul pati et ve pu Caia. Tintamartintamare resté avec CAIA, Arnoul a di gardé. Arnoul ché Octave pe tète ?

Isaure Beaumont Wagner ossi va patir, va prizon. Troa jour. Mais Isaure Beaumont Wagner di si Caia forte et si reste avec Archibald Dana Arno, Isaure Beaumont Wagner revyen. Isaure Beaumont Wagner promi. Alor Caia pa peur, Caia se rat forte et a tendre. Et Caia pa fer catapute pou évadé Isaure Beaumont Wagner avec Morisse.

Pu miel, Octave.

Octave maillet ? Encore messan ché Octave ?

O Caia oubié. Isaure Beaumont Wagner a demandé CAIA qui ve come Parin. Arno ou Octave. Caia ve Octave parin !

Octave di oui ?

Caia.

_________________
Don.
Citation:
Auguste,

Permettez que je vous appelle Auguste ? L'Illustre Octave.
Comme il est simple de répondre à vos questions !

    1. Isaure est morte.
    2. Isaure est morte.
    3. Isaure est morte.


Peut-être, qu'enfin, viendrez vous lui baiser la joue.
Plus aucun tremblement n'est à signaler, sa figure est de marbre.

D.


En réalité, son secret le plus inavouable l'a déjà été. Puis, il fut pardonné puis oublié, par le Seigneur lui même.
Elle réserve ses baisers, n'en offre qu'au plus aimé. Est-ce un regret ? Cela le devient, lentement. Madeleine l'inspire, le vice l'aspire.
Et enfin, pour terminer, l'épaule est parfaite pour réceptionner caresses et volupté. On s'y trouve au chaud, l'arrondi y est pourtant frais. Douce, qu'elle soit saillante ou ronde, on peut s'y complaire à jamais.

_________________
Octave.
Citation:

    CAIA

    DANA M'ECRIT QU'ISAURE EST MORTE.

    VOUS QUI L'ACCOMPAGNEZ... RASSUREZ MOI CAIA. RASSUREZ MOI.

    JE REFUSE D'Y CROIRE.

    OCTAVE.

    PS : JE SERAI BIEN ENTENDU VOTRE PARRAIN. VOUS ME MANQUEZ SAVEZ VOUS. J'ESPERE VOUS VOIR BIENTOT. AVEC ISAURE.


C'est sur les conseils de Lucie qu'il avait fini par écrire à Caia, la plus sensée du groupe. Non pas qu'il ne fasse pas confiance à Dana... mais elle était du même bois que la décédée qui il y a peu lui écrivait vouloir faire rouler sa tête jusqu'à lui pour des chouquettes. Et qui lui annonçait peu avant la mort de Dana, d'ailleurs.

L'éloignement, le retard dans la livraison du courrier, et le manque de contexte avaient eu raison de sa prime angoisse. Lucie avait fini de le raisonner. Avant de paniquer, demander un second avis.

_________________
Hazell
La petite muette avait fait une drôle de tête lorsqu'elle entendit un inconnu prononcer son nom à l'entrée de la Pinardante, la dônisaurique taverne périgourdine.
Avec un air de défi, et de crainte tout à la fois, encadrée par deux chiots trottinants, un danois bleu et un lévrier, elle glissa prudemment ses pas vers le coursier qui lui tendait un pli. Une fois à distance raisonnable, elle chipa la lettre d'un geste vif, et fila comme une voleuse pour se réfugier sous une table en se recroquevillant, avant de faire rouler deux noisettes jusqu'au pied du distributeur de courriers qui ne semblait pas comprendre grand chose à ce qui venait de se passer. Et qui repartit bredouille, car les chiots avaient gobé les noisettes avant qu'il n'eût esquissé un geste.

Des poches sous les yeux, la blondine sourit en glissant la pulpe de son index sur les lettres de la lettre. Caia aimait bien quand Octave lui écrivait, parce que c'était toujours plus facile à lire. Pourtant, elle troqua rapidement son sourire par un froncement de sourcils en découvrant le contenu du message. Elle pencha la tête sur le côté, sembla réfléchir, ne sembla pas très certaine de la réponse à la question posée. Puis elle sourit à nouveau en voyant qu'Octave acceptait de devenir son Parrain. Puis elle fronça les sourcils en revenant à la question posée. Puis elle sourit en voyant qu'Octave acceptait d'être son Parrain et qu'ils se verraient bientôt. Puis elle fronça les sourcils lorsque ses yeux remontèrent vers la question. Puis elle mordilla l'oreille d'un chiot qui fourrait son nez dans sa besace.

Prenant de quoi écrire, elle resta sous la table pour faire son courrier, allongée sur le ventre à même le plancher, après avoir posé les chiots en haut d'une étagère pour qu'ils arrêtent de l'embêter.


Citation:
Octave,

Dana fé peur depui Isaure Beaumont Wagner sorti prizon.
Dé foa lé gran parle de Dana mé can Caia arive il zaréte et me done du lé et dé bonbon é il dize on pale rat plu tar. Mé Caia voa pu tro Dana.

Un foa Caia avé copin i avé cho et avé malo vente. Pi can le matin ilé tou froa et tou dur et pu bougé.
Plin glissine autour Isaure Beaumont Wagner. Joli san bon. Nicolas ve pa tro Caia va voar Isaure Beaumont Wagner mé dé foa Nicolas ve bien. Caia coupe glissine et fé confiture de Diou avec Nicolas can va avec Nicolas.
Déniére foa Caia a vu Isaure Beaumont Wagner, Isaure Beaumont Wagner pa morte. Pa ancore. Mé cho cho cho come soley. Et tou mou.

Mé Caia pa inkyéte. Caia forte et Isaure Beaumont Wagner promi revyen si Caia forte et Caia forte alor Isaure Beaumont Wagner revyen.

Petéte Octave écri Nicolas ? Isaure Beaumont Wagner ché Nicolas, sin for.

Arnoul toujou pati.

Biou Octave Parin.
Caia. ♥


Elle alla ensuite trouver Guillemette pour qu'elle scelle sa lettre et s'occupe de son envoi. La blondine décrocha les chiots du haut de l'étagère en fin de journée, après s'être s'être demandée où ils étaient.
_________________
Archibald_ravier


Octave,

Caia m'a montré votre courié.
Isaure n'ai pas morte. Elle est très malade mai elle sens remétra.
Par contre, Dana est fol. Fol à lié. Son mari a foutu le can et son frère l'a fete enfermé car elle devené dangereuse pour elle et les autr je croi.
Périgueux est serné de brigan, j'esper que se courié vou arivera.
Je m'ocupe de Caia en l'absense d'Isaure. C'est pas simpl mai ele ai minione, alor sai plus facile. Ele joue bocou avec le chiot lévrié d'Isaure.

Ecrivé moi si vou voulé des nouveles, je vais alé voir Dana au couven demain.

Archibald Ravier

_________________
Octave.
Cela faisait mal à Octave de l'admettre, mais Lucie avait eu raison. Il attendrait le dernier moment avant de le lui dire. Le petit jeu qui s'était créé entre eux l'amusait pour le moment, et il ne tenait pas à perdre tout de suite. Même s'il perdrait. Il s'en moque de perdre, alors à la fin, il laisse les autres gagner. Ça les amuse, et puis, plaisir d'offrir, joie de recevoir.

En attendant, il y a une jeune fille à laquelle il doit répondre, et au pécore jaloux également.


Citation:
CAIA, PRINCESSE DU MIEL ET DES NOISETTES,

    QUELS PROGRES EFFARANTS VOUS AVEZ FAIT EN ECRITURE ! JE N'AI EU BESOIN DE QUE DEUX LECTURES, DONT UNE A VOIX HAUTE, POUR VOUS COMPRENDRE. VOUS PROGRESSEZ A CHAQUE COURRIER ET JE VOUS EN FELICITE.

    D'AUTANT QUE LES NOUVELLES QUE VOUS ME FAITES PORTER ME RASSURE.
    CONTINUEZ A ETRE FORTE JEUNE FILLE, ET JE NE DOUTE PAS QU'ISAURE TIENDRA SA PROMESSE.

    PRENEZ BIEN SOIN DE VOUS CAIA, JE NE VOUDRAIS PAS QUE VOUS TOMBIEZ MALADE A VOTRE TOUR. ET PUIS JE VOUS VEUX EN FORME A VOTRE BAPTEME !

    QUE LE TRES HAUT VOUS AIT EN SA SAINTE GARDE


OCTAVE, FUTUR PARRAIN


Citation:
Archibald,

    Les nouvelles que vous m'apportez me réconfortent et m'inquiètent à la fois.

    Dana m'écrit qu'Isaure est morte. Qu'elle soit folle, je pensais que c'était un fait établi, tout comme Isaure d'ailleurs qui voulait faire rouler sa tête à mes pieds pour une histoire de chouquette. Je ne pensais pas que leur folie douce les avait entrainées chacune à de telles extrémités...

    Vous me lisez heureux d'apprendre qu'Isaure se remettra. Dites lui bien que mes prières l'accompagnent. Que je lui souhaite de se rétablir plus que promptement.

    En revanche, ce que vous me dites de Dana me trouble. Folle ? Son mari parti ? Enfermée ?

    Archibald, gardez le contact avec elle. Transmettez lui mes pensées. Je tacherais de lui écrire, de lui faire remettre un courrier. Où est-elle ? A quel couvent ?

    Et prenez soin de Caia. Quelle responsabilité vous portez en ce moment. Recevez également ma sympathie. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas. Je vous ferai mander ce que je peux. Si Caia veut venir à Auch, elle le peut également, j'ai largement de quoi la loger et m'en occuper pendant que vous tachez de faire sortir Dana de sa prison.

    Que le Très Haut vous ait, tous, en sa sainte garde,


Octave


Après avoir rédigé ces deux lettres... Le Beaupierre fronce les sourcils. Il hésite un instant. Ils ne sont que croisés, quelques minutes, il y a des mois dans une taverne périgourdine. Ils ne se connaissent pas, et pourtant, la plume démange le Comte d'écrire à l'évêque. Octave a besoin de comprendre. De savoir. Sinon il s'inquiète.

Citation:
A Nicolas,

    Vous ne devez pas vous souvenir de moi. Notre rencontre remonte à plusieurs mois et elle fut furtive.

    Peut-être mon nom aura-t-il été prononcé en votre présence, à l'occasion, par Isaure Beaumont Wagner ou votre soeur. Octave de Beaupierre.

    Je ne connais pas vos relations avec Dana. Il me semblait avoir compris que vous étiez plutôt en bons termes, voire même proches. Vous devez donc savoir, sinon je vous l'apprends, que je suis son filleul en plus d'être un ami.

    C'est donc avec cette double qualité que je me permets de vous écrire ce jour. Un courrier plus ou moins déchiffrable d'Archibald, faisant lui même suite à un courrier de votre soeur qui m'avait inquiété, m'apprend que vous l'auriez faite enfermer. Qu'elle serait devenue folle.

    J'ose espérer et croire que de telles mesures n'ont pas été prises à la légère. Isaure et Dana ont toujours partagé une folie douce, qui leur donne leur charme et les rend si attachantes. Mais rien qui ne mérite d'être privées de liberté. Il a donc fallu qu'il se passe autre chose.

    Actuellement, je suis pieds et poings liés à Auch. Comte de l'Armagnac et du Comminges, je dois non seulement mener le comté, mais vous devez savoir que la Memento Mori est pénible depuis quelques mois, et qu'ils ont un tel besoin de reconnaissance qu'ils viennent emmerder la région la moins peuplée du Royaume, pour l'unique plaisir de faire suer. Je ne peux me déplacer dans ces circonstances.

    Mais mon esprit et mon âme volent vers le Périgord, et je ne vous cache pas une inquiétude grandissante au fur et à mesure que des nouvelles décousues me parviennent. Je vous crois homme sensé, et je vous prie d'être assez aimable pour bien vouloir m'expliquer ce qu'il se passe.

    Bon sang ne peut-on pas laisser les gens qu'on aime quelques mois sans qu'il se produise des catastrophes ? Pourquoi Isaure est-elle malade ? Va-t-elle réellement s'en remettre ? Comment la folie de Dana se serait-elle traduite ? A-t-elle de nouveau glissé dans sa baignoire ? S'est-elle cogné la tête ? Qu'a-t-elle fait pour que vous interveniez ? Comment peut-on l'aider ? Que puis-je faire ? Où puis-je lui écrire ?

    Je me rends compte soudain que je me suis un peu emballé dans le précédent paragraphe... Mais comprenez que ces deux jeunes femmes sont importantes pour moi.

    J'attends votre réponse avec une impatience non dissimulée.

    Que le Très Haut vous ait, et elles avec vous, en sa sainte garde,




    PS : Dites, une fois que je serai rassuré, il faudra également que vous m'expliquiez pourquoi diantre vous voulez voir Isaure ordonnée !



Puis, le Beaupierre appelle un coursier, et remet les trois missives. La première, comme toujours, est accompagnée d'un pot de miel. La dernière est scellée. Secouant la tête afin d'en chasser l'angoisse, il reprend ses courriers du jour. A base d'équipement militaire, de localisations, de cartes et de stratégies.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)