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[RP] De la part d'une plume usée jusqu'à l'os

L_aconit
    "- Dans la taverne ce soir là, j'ai croisé le regard d'un jeune homme. Il était beau, assez distingué malgré sa barbe légère et mal taillée. Je l'ai regardé jusqu'à disparaître à la porte, comme s'il ne pouvait pas le remarquer. Je l'ai trouvé désirable. Tant désirable... Et pour cela je l'ai méprisé. Ah, Alphonse, c'était bien là mon drame. Cet Octave de malheur d'un regard m'a affligé jusqu'au cœur. Car en le dévisageant, il battait bien doucement une évidence: le supplice me tourmentait; Il n'était pas Toi."
    De Faust Nicolas à Alphonse - RP " mes les hommes viennent de Mars "


Octave? Ce mal rasé croisé en bretagne ? Comte? Est-ce qu'il s'en rappelait? Etait-ce une question à poser? Nicolas n'oubliait jamais un bel homme. Surtout lorsqu'il avait rivé ses yeux sur lui d'un air assassin d'être trop beau un soir où il était lui, trop seul. Le missive surprenait. L'Octave en question n'avait pas été recroisé. Et pourtant, il demeurait sur toutes les lèvres. Celles de Dana. Celles d'Isaure. Et même, dans une moindre mesure, celles d'Archibald...

Citation:


    Octave de Beaupierre.

    Je me souviens très bien de vous. Si vous n'aviez pas tant de succès auprès des femmes d'ici, ma foi, peut-être auriez vous en effet été relégué à l'oubli.




N'était-ce pas son nom qui revenait aux confesses d'Isaure? Ou le premier qu'elle avait hurlé dans les geôles, attendant qu'il vienne la délivrer?



Citation:


    Dana souffre de frénésie. Le mal est assez installé pour qu'elle soit devenue dangereuse pour elle-même, son enfant à naitre, pour ses enfants nés, et pour son entourage. Elle est gardée par les religieuses du couvent de Saint Front où je lui apporte les soins nécessaires à sa guérison.



Faust ne désirait pas s'étendre à un inconnu sur sa relation déchirante et déchirée avec sa soeur. Bien moins sur la sombre période traversée. Il est bien des choses que le prélat reléguait à l'intime, de ses tourments, de ses contrariétés, de ses jalousies, peines, et parfois, de ses joies Parisiennes. Non. Ce qui piquait le coeur, ne restait jamais qu'au coeur. Le viciant parfois d'une pousse de ronce.


Citation:


    Il n'est rien qui ne soit pris à la légère concernant le peu de famille que je possède, ni qui ne soit doux dans cette folie, bien moins charmant dans le mal qui la consume. Vous pourrez posséder les qualités innombrables de l'amitié et du lien de baptême, si vous n'avez pas vu venir la vague, vous êtes comme les autres assez lointain pour juger l'état des choses. Je le déplore.



Tous. Tous lui avaient tenu tête, en décrédibilisant ses avertissements, en minimisant ses constats. Même Archibald. Même lui, qu'il pensait jusqu'ici le plus avisé de tous. Personne n'avait voulu entendre Nicolas lorsqu'il dénonçait la folie nerveuse qui tendait les bras à Dana. Il avait bien eu beau tenter de la séparer de son époux, lui octroyant la plupart des maux sosoraux, crier au suicide lorsque tout le monde déplorait une "malheureuse chute dans un baquet"... Faust avait encaissé les crises répétitives. Les arrachages de cheveux. Les cris. Les aveux de Dana. Pires que tout, ceux là.

Citation:

    Inutile de vous déplacer tant que vous n'y êtes pas invité. Je contrôle les visites dans le strict intérêt de ma sœur, et pour l'heure, celles de Archibald et de son époux ont suffit. Dana a besoin de calme et de repos. Elle se consacre à l'écriture, et cela demeurera encore quelques temps bien assez. La Frénésie ne se soigne pas en recevant. Faites moi parvenir des lettres si vous le désirez. Je ne les ouvrirai pas et les lui donnerai.


Au fur et à mesure de l'écriture, les lignes devinrent plus serrées. plus nerveuses. Evoquer la situation était aussi déplaisant que de l'affronter.


Citation:

    Isaure est malade suite à sa purgation de peine en geôles Périgourdine. Elle a été jugée coupable d'avoir insulté les us et coutumes locales, et a été faite prisonnière trois jours durant sans que nous ne puissions l'aider. J'ai bien réussi à lui faire la messe, mais n'ai pas pu malgré mes pouvoir la faire sortir plus tôt. Elle est fortement asthéniée, et a contracté une pneumonie. Là aussi, je prends soin d'elle, elle est alitée à Saint Front et tout est mis en oeuvre pour sa prompte guérison.

    Si vous souhaitez aider l'une ou l'autre de mes amies et malades, prenez la plume, faites parvenir des présents et éventuellement, venez d'ici un mois. Quant à savoir pourquoi Isaure va être ordonnée, si vous étiez si proche d'elle, vous sauriez que c'est là un souhait qu'elle a toujours chéri sans oser sauter le pas. Elle fera une formidable religieuse. Si vous y voyez une quelconque objection, sachez qu'il n'y aurait qu'un mariage pour la détourner sans fâcher le divin, de sa sacerdotale mission. A vous de lui trouver mari convenable...

    Dieu vous garde,

    monseigneur Faust Nicolas de montfort toxandrie.
    Evêque de Perigueux,
    Doyen de l'Ostel Dieu de Paris
    Seigneur de Clopiac
    Exorciste de Rome
    A Périgueux, juin 1466.






Le ton n'était pas tendre. Mais affronter Theodrik qui lui reprochait des choses insensées sans reconnaître qu'il avait été coupable de la délaisser, écouter Dana débiter des élucubrations jour et nuit, devoir protéger les enfants de ce désolant spactacle, subir les sarcasmes de Levrat l'avait exponentiellement tendu. Les questions trop intrusives de Beaupierre dans cette bulle de désolation accentuaient la brûlure. Nul ne savait ce qu'il pouvaient vivre, tous, derrière les murs de Saint Front. Blessé réagissait en blessé. Tout bâton tendu était bon à mordre plus qu'à réchauffer l'âtre.

_________________

Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Octave.
La réponse ne s'était pas faite attendre, mais avait failli se perdre entre tous les courriers d'un registre plus militaire qui atterrissaient sans discontinuer sur le bureau d'Octave, qui n'en finissait pas de cette plaie félonne qui n'avait d'autre pouvoir que celui de faire chier, mais qui sur ce point, excellait. Chougneurs, geignards et couards, les membres de la Memento avaient tout pour plaire.

Toujours est-il que le Beaupierre finit par tomber sur la missive de Nicolas. Il ne s'attendait à nulle chaleur, voire même à une fin de non recevoir de la part d'un homme qu'il n'avait que croisé. Mais il se demandait d'où sortaient cette dureté, ce ton ? Fronçant les sourcils, il reprend sa plume, laquelle ne tiendra plus bien longtemps à ce rythme. Les derniers poils de duvet commencent à fuir l'os, qu'il plonge dans l'encre, déterminé.


Citation:
Nicolas,

    Il est heureux donc que mon nom ne vous soit pas inconnu. S'il est prononcé - à ma surprise, à vrai dire, mais votre version semble confirmée par ceux que j'ai croisés ces derniers jours à Auch - vous devez comprendre que les liens, aussi lointains ou distendus que vous les imaginez, n'en sont pas moins réels.

    J'ai l'impression à vous lire, mais peut-être me trompe-je, que vous semblez me reprocher d'être resté aveugle à la maladie de votre soeur, ma marraine. "Lointain", écrivez-vous. Comment voulez-vous qu'il en soit autrement ? Ne vous a-t-il pas fallu, à vous son frère, vous retrouver en face d'elle pendant des jours, voire des semaines, avant de vous apercevoir de son mal ? Comment voulez-vous que je le devine, de mon Armagnac où elle n'a pas voulu venir, trop occupée à vous escorter pour une histoire de lévrier ?

    Je prends ma part de culpabilité, Nicolas, parce que j'aurais du au moment de ce stupide accident... au moment de ce stupide enlèvement... au moment de ce stupide procès... au moment de cette mort fanstasmée d'Isaure... prendre la route.

    Je ne l'ai pas fait. Entre mes amies et mes obligations envers mon Comté, j'ai choisi mes terres, j'ai choisi d'aider à la lutte, j'ai choisi et si je m'en veux... je referai le même choix si la possibilité m'en était donnée.

    Je me soumets ainsi à vos conseils. Je ne viendrai pas, pas plus qu'alors. En revanche, j'écrirai. J'écrirai que vous transmettiez ou non mes courriers, j'écrirai à Dana car c'est la relation que nous avons choisie, elle comme moi. Se voir ou s'écrire... C'est l'épistolaire qui l'a remporté. L'on peut se dire beaucoup... et se cacher encore plus, par écrit, savez vous.

    Je lui ai dit, elle m'a caché. Ou l'inverse...

    Enfin, je ne sais pas ce qui me pousse à vous confier ces détails.

    Isaure se remettra. Elle est bien plus forte qu'elle ne le pense. Pleine de vie, pleine de joie, d'angoisse, d'excès et d'envies. Si vous la connaissiez mieux, vous sauriez que cette idée d'ordination... ne lui correspond pas. Elle ne lui correspond pas. Diantre ! C'est d'Isaure que nous parlons ! Personne, de ses amis, ne l'imagine une seconde ordonnée. C'est une idée qu'elle s'est mise en tête, pour se punir, pour se créer un role, une muraille, une façade, pour avoir une camisole pour lutter contre ses envies, qu'elle juge inappropriées, et qui ne le sont pas. Isaure mérite tellement mieux que les ordres ! Sans vouloir vous offenser, Evêque, elle n'est pas de votre bois. Elle tire son plaisir de la course à cheval dans les champs, du brin de voix d'une enfant, d'un regard d'un homme qu'elle admire, de la liberté de pouvoir courir le Royaume, de son besoin de changer de projet comme elle change de robe... Je ne comprends pas comment vous le voyez pas !

    Quant à un mariage, en a-t-elle seulement envie ? Connaissez vous ses critères, savez-vous comme ils sont élevés ? Et il faudrait trouver un mari avant le premier jour de juillet ? Ne peut-elle donc vivre sa vie qu'enchainée ? A l'Eglise ou à un homme ?

    Pour en revenir à Dana... Est-elle encore là ? Comment se manifeste ce mal ?

    Pour avoir assisté à des combats de taverne... J'imagine sans difficulté que si c'est du même acabit, il doit vous falloir, à vous et ceux qui la soignent, beaucoup d'énergie, de compassion et de patience. Je ne la connais encore autant que je le souhaiterais. Je vous prie de tenir et de la soigner du mieux que vous le pouvez, que j'aie la chance de réaliser mon souhait. Mes prières vous accompagnent dans cette entreprise. Puissiez-vous la rendre à elle-même !

    Vous trouverez ci-joint une missive pour chacune. Avec du miel de lavande pour Isaure. Et une plume pour Dana. Je vous fais confiance pour les leur remettre.

    Je me tiens à votre disposition si vous avez besoin de quoi que ce soit. Logistique ou autre. Votre soeur m'est chère. Isaure m'est chère. Je ne voudrais pas que ma venue n'ait pour unique motif leur enterrement...

    Je compte sur vous. Elles comptent sur vous. Et vous pourrez compter sur mon aide, bien que lointaine. Bon courage, Nicolas.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,






Il ne relit pas. S'il le faisait, il effacerait des paragraphes entiers, il en complèterait d'autres, modifieraient les derniers. S'il se relisait, il finirait peut être par comprendre certaines choses à son sujet, et le Beaupierre n'en est pas là. Pour l'instant, dans sa tête, ne tournent que des idées confuses.

Citation:
MaDôn,

    Qu'avez-vous fait ? Ou pas fait ? Ma marraine, mon amie, Dana...

    Que vous est-il arrivé ? Isaure n'est pas morte. Elle n'est pas morte.

    Mais vous ? L'on m'écrit que vous êtes malade.

    Dana, je ne connais rien à la folie. Je ne sais comment vous aider, vous aimer, de loin, de mon trone soudain bien terne au regard de ce qu'il se passe en Périgord. Que ne vous ai-je rejointes, vous deux, au lieu de vous laisser vous débattre avec vos angoisses, vos démons, vos solitudes !

    Je suis là Dana. Lointainement là. Je pense à vous. Revenez nous, guérie, amputée de ce mal que l'on m'écrit. Vous savez que l'on survit à une amputation...

    1. Promettez moi de suivre les recommandations de vos soigneurs.
    2. Dana, quelle est la première chose que vous voudrez faire quand vous irez mieux ?
    3. Allez-vous rire avec cette plume ? Avez-vous remarqué comme le bout en est rond ? Avez-vous remarqué comme elle est douce comme un sourire d'Isaure ?

    Prenez soin de vous Dana...
    J'ai besoin de ma marraine.


Octave


Citation:
Ma chère Isaure

    Vous ne cesserez donc jamais de m'inquiéter ? A peine suis-je remis de votre procès, à peine si j'ai le temps de me réjouir de la nouvelle concernant Caia, que déjà je dois de nouveau m'angoisser de nouveau, en pire ?

    Vous vous remettrez Isaure. Vous vous remettrez parce que vous n'avez pas le choix. Parce qu'il le faut, ou vous rendrez le monde moins beau, moins intéressant, moins excessif...

    Vous vous remettrez parce que vous êtes une jeune femme forte, n'est ce pas ? Très compétente, efficace, droite, intelligente. Meilleure cavalière du monde. Tout à fait capable de lire une carte, de prendre soin de vous, d'apprendre à lire à Caia, de respecter vos serments. Or vous m'avez invité, rappelez vous, pour le premier jour de juillet ? Si vous n'y êtes pas, quel intérêt de me faire prendre la route ? De m'avoir forcé à vous dire que je respectais un choix que je ne comprends toujours pas ?

    Isaure, vous allez vous remettre, et aider Dana à en faire de même.

    Une jeune fille qui s'est découvert une voix attend que vous lui prouviez qu'elle a été assez forte, vous ne pouvez pas la décevoir.

    Isaure, je m'en veux terriblement de n'avoir pas pris le temps de répondre immédiatement à votre dernière missive, et la lettre de Dana m'annonçant votre maladie m'aura coupé l'herbe sous le pied. Prenez ce courrier ci comme un prélude à cette réponse que je vous dois. Isaure, je vous en prie, ne me laissez pas ainsi, sans vous lire, sans vos reproches, vos compliments, vos élucubrations parfois hasardeuses, vos envies et vos confidences.

    Isaure, vous avez pris une telle place dans ma vie, mon âme et mon coeur que vous ne pouvez la laisser vacante désormais. Je vous l'interdis. Allez, réveillez vous, interdisez moi de vous interdire !

    J'attends.
    Et en attendant je prie pour vous, votre salut, pour Dana et le sien, pour Caia et sa voix, pour le courage de Nicolas, pour la présence d'Archibald - oui, même ça- pour votre guérison et vous revoir.

    J'attends.


Octave


Celles-là non plus, il ne les relira pas. Il ne relit rien, et se sert un verre d'armagnac. A l'abri de son bureau au Chateau, il se rince le gosier d'un alcool qui n'a pourtant pas réussi à atténuer le chagrin de son neveu. Si l'armagnac soignait les coeurs, ça se saurait.

Un peu plus tard, il remettra les courriers à un coursier qui accomplira sa mission. Et, l'oeil déjà un peu vitreux d'avoir trop bu, il rejoindra une taverne, où il fera son show, sans rien montrer des tourments qui le secouent. Parce qu'il est Comte, parce qu'il est en charge de tant de troupes et de soldats, parce qu'il doit se concentrer sur la défense. Et qu'un Comte, dans ces circonstances, ça ne peut pas montrer qu'il a pleuré, n'est-ce pas ? Alors il rira. Trop fort. Il parlera, beaucoup trop. Il fera le con. Il échangera au sujet d'Isaure et Dana avec ceux qui les connaissent, comme s'il n'était pas au 36ème dessous de les savoir dans cet état, comme s'il était normal qu'elles finissent par payer leurs excès de vie.

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L_aconit
Il ne relut pas. Lui non plus n'avait pas le coeur l'envie. la force. Detester. Il les détestait tous. Ces bien pensants qui chantaient des louanges d'amitiés, de lien, de force et de courage, ces vauriens qui n'étaient là que de loin. Il les haissait. Du plus fort de son être. Nicolas avait tiré un loquet scellé de colère, qui n'était pas prêt de s'adoucir de l'huile des bonnes paroles.

Blondin à l'aube d'une nouvelle année pour arrondir son âge avait pris autre chose que de la maturité. Nicolas avait pris de la hargne. De la colère intempestive.

Il ne répondrait pas non plus. maitre de silences assassins, meurtriers, méprisants, Faust avait perdu le gout de la souplesse et de l'insouciance depuis que Dana avait perdu la raison. Qu'en savait Beaupierre, ce Don juan malgré lui? L'adamantin connaissait Isaure avant qu'il n'ait eu le moindre soupçon d'importance pour elle. Il connaissait Dana mieux que quiconque. N'était-il pas le seul à qui elle donnait ses aveux? Elle avait tenté de se donner la mort, et Nicolas ressassait en boucle la minimisation générale. Oui. Nicolas savait mieux que les autres, ainsi l'avait-il décidé, dur comme fer, et qu'ils aillent tous au diable, plutôt que d'oser lui dire, à lui l'évêque, que la voie des travers , de la légèreté, des champs et des cavalcades valait mieux que la voie de Dieu. Quelle insulte.

Loin était le temps où lui aussi, pleurait son enchaînement. Depuis, l'église l'avait assez brisé pour qu'il ne pense plus aux fers qui s'étaient greffés à sa peau. Et s'il ne se préservait pas du mépris des autres à son égard, face à ses décisions, face à ses volontés, il retournerait à cet état d'esclave. Faust ne désirait plus être l'esclave, le laquais, l'écuyer de personne. Tournicotant la bague épiscopale à son doigt, le religieux avait trouvé en son pouvoir ses revanches. Et personne ne se mettrait plus jamais en travers. Les maris pouvaient ravaler leur colère illégitimes. Les amis leurs questions écœurantes. C'était avant qu'il fallait se soucier, et prendre en compte ses avertissements, plutot que de reléguer à plus tard l'inéluctable. Coupables! Ils étaient tous coupables ! même les absents! Coupables. Coupables. Coupables. Surtout les absents.

Les bleus se posèrent sur l'âtre mort. Ce glouton qui avait avalé bien des lettres dans le genre de celles-ci. Il attendrait le lendemain pour donner les lettres à Don et à Isaure. En attendant, il avait besoin d'un verre. Ou d'une bouteille.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Archibald_ravier


Octave,

Mon premié mesage été peutetre tro brouyon. Je vai taché de répondre a vos question.

Isaure a en efé fayi perdre sa tete car les périgourdin son taré et pour le simple fé d'avoir di que ses chouquettes son meilleures que celes du Périgord, une sombre cretine lui a colé un procé et a voulu la fer tué. Au final elle a fé troi jour de prison (juste pour sa quan meme !) Ces la quele a contart contacté crontrar chopé sa maladi.
Ele se remé, mai tré lentemen et ele a vrémen frolé la mort.
Je lui ai pa encore parlé de vou, m'en veuillé pas mai je croi pas que son petit coeur soi capable de le suporté, il risque de batre tro fort si ele pense a vou et je préfère évité.

Dana... est folle. Vrémen fole. Aparamen ele a fai une crise de frénési qui on condui son frère a la fair enfermé. Ele tien des propos incoéren et bizares.
Son mari est encore la finalemen, il encaise le povre. Il s'inquiète bocou pour l'enfant qu'ele porte. On le compren.

Et Caia... ele est brave cete petite, elle navigue come ele peu a traver tou sa. Je fé mon possible pour passé du temps avec elle mais je doi ossi alé voir Dana et Isaure, et on ne laisse aucun enfant aproché l'une ou l'autr, c'est tro dangeureux.
Biento Isaure ira mieu et je ne devré pa lui dire que Dana est enfermé car vou savé comme moi qu'elles alimente mutuelemen leurs foli. Cele d'Isaure est mignone. Cele de Dana nous terifie tous. S'il vou plé n'en parlé pas à Isaure si vou lui écrivé biento. Biento ele poura vou lire, j'espère. Le temps que le coursié traverse toutes les lignes et vous rejoigne et sa devré etre bon.

Par asar vou n'aurié pas des nouveles de ma future suzereine Madeleine ? Il paré qu'ele a été blessé et je ne sai ou lui écrire pour demandé comen ele se remé !

A biento

Archibald Ravier

PS : je n'ai pas oublié votre offre de me formé au comba à l'épé si d'aventure je devené seigneur. Les choses se précise et quand tout se merdié sera derriere nou j'auré plaisir à vou en parlé plu avan.

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Octave.
Le 15 juin, au matin.

Citation:
Archibald,

    Je vous remercie de me tenir au courant ainsi de ce qu'il se passe en Périgord. J'ai écrit à Nicolas, mais il doit être occupé car je n'ai pas eu de réponse à ma dernière missive.

    Il me dit que vous pouvez voir Dana. Vous me rapportez son attitude, j'en conclus qu'en effet, vous l'avez vue. Sont ils bons avec elle à Saint Font ? Font-ils de leur possible pour l'aider et la soulager ? Y a-t-il un espoir de guérison ?

    Dans son dernier courrier, elle m'écrivait qu'Isaure était morte. Maintenant qu'on sait qu'elle ne l'est pas, ne va-t-elle pas mieux ? Refuse-t-elle d'y croire ?

    Qu'il est frustrant d'être si loin et de ne rien pouvoir faire, de ne rien savoir avec certitude. Si vous la voyez Archibald, dites lui que je pense à elle, que je lui ai écrit et que je ne l'oublie pas. Elle n'aime pas qu'on l'oublie.

    Pour Isaure, je vous remercie pour vos mots rassurants. J'ai laissé pour elle aussi une lettre à Nicolas. J'en écrirai une autre bientot, je le lui ai promis. Il faut qu'elle se remette Archibald. Qu'elle se remette complètement et rapidement. Je me fiche que vous ne parliez pas de moi pour l'instant, d'autant que je crois l'avoir fachée, d'où votre crainte quant à son rythme cardiaque je suppose. Mais faites en sorte qu'elle se remette. Je n'imagine pas un monde sans elle.

    Madeleine va beaucoup mieux. Elle a été agressée devant Muret par tous les lâches de la Memento Mori réunis. Ah ça, à 50 contre 1 y'a du monde, mais dès qu'on y va avec une armée, ils courent comme des lapins se réfugier en Espagne. Le Béarn et l'A&C ont fait en sorte qu'elle reçoivent les meilleurs soins, et elle reprendra la route dès demain en bonne compagnie, pour Limoges. En attendant, j'ai pu profiter de sa présence à Auch.

    Prenez soin de Caia et de vous même. Elles auront besoin de soutien quand elles sortiront de Saint Font et compteront sur vous.

    Pour l'apprentissage des armes, l'offre tient toujours. Nous en reparlerons quand nous aurons chacun un peu de temps.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre

_________________
Octave.
Citation:
Nicolas,

    Votre dernière réponse a du se perdre. Je n'ai rien reçu. Les jours passent et je n'ai aucune nouvelle.

    Ni Caia, ni Archibald n'ont pris la plume pour m'informer du meilleur, ou du pire.

    Comment vont-elles ?

    Sont-elles seulement en vie ?

    Leur santé s'améliore-t-elle ?

    Ont-elles eu mes lettres ?

    Je sais que vous occuper d'elles doit être... prenant, à défaut de difficile, mais je vous en prie, dites moi ce qu'il en est.

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde,


Octave de Beaupierre

_________________
Hazell
Sur le marche-pied de la voiture, tandis que les chiots se dégourdissaient enfin les pattes en fuyant devant des bourdons matinaux, et que s'étendaient les teintes rosées de la ville qui les attendait sous les premières lueurs chaudes, Caia profita de la dernière halte avant destination, étouffant un bâillement tout en s'appliquant à former des mots à la plume.

Citation:
Octave
Coucou.

Isaure Beaumont Wagner Caia et Bleuet et Tinta-Martin-Tamarre arivé Toulouze. Isaure Beaumont Wagner di lé tan Caia rovien avec Agnès Saint-Just. Isaure Beaumont Wagner di apré ropar mé di Caia vonir la voar chac mois dan lubelule froa et grize. Caia promi. Pi Caia rovera Isaure Beaumont Wagner et Octave pour promié juyé et batéme donc pa tro criste.

Isaure Beaumont Wagner tou blan et tou mègue et tousse ancor mé di sa va. Caia a dé tresse. Archibald a fé. Pa venu Archibald.

Octave bien ? Octave a vu Arnoul petéte ?

Salutassion missetere gué,
Bazou.

Caia.

_________________
Octave.
Le Beaupierre reçoit le petit courrier en arrivant à Saint Bertrand, enfin, après plus d'un mois et demi passé à Muret ou Auch. Bienheureux, il est enfin chez lui. Volant quelques instants à la politique et à la guerre, il s'installe sur son banc devant chez lui, et tente déchiffrer la missive. Il abandonne à la sixième lecture la phrase relative aux visites. La libellule, lubelule ? froid et grise ? Napôcompris.



Citation:
CAIA

    VOUS ETES A TOULOUSE ? AVEC ISAURE ? ELLE VA DONC MIEUX ?

    ET ELLE NE REPOND PAS A MA LETTRE ? ME LAISSANT MOURIR D'INQUIETUDE ?

    HEUREUSEMENT QUE VOUS ETES LA... VOUS FAITES LA MEILLEURE DES FILLEULES. VOUS DIREZ A ISAU

    SI VOUS VOUS ENNUYEZ A TOULOUSE, VENEZ ME VOIR, MURET ET AUCH NE SONT PAS LOIN ET J'Y PASSE SOUVENT. PREVENEZ ET J'Y SERAI EN MEME TEMPS QUE VOUS.

    TENEZ MOI INFORME AUSSI DE LA DATE DE VOTRE BAPTEME.

    JE N'AI PAS VU ARNOUL DEPUIS LA DERNIERE FOIS EN VOTRE COMPAGNIE, IL N'EST PAS EN ARMAGNAC NI EN COMMINGES.

    QUE LE TRES HAUT VOUS AIT EN SA SAINTE GARDE,


OCTAVE

_________________
Don.
Citation:
Dôn af Nærbøfj-Røykkness
Saint Front
PERIGORD



Octave,

Je vais bien.
Je ne sais pas ce que j'ai à accomplir. Je ne comprends pas ce qu'ils attendent de moi, et ni ce que je peux espérer devenir, ou faire.
Tout ce que je veux, ce que je désire, c'est être ivre. Me débarrasser de ce fardeau qu'est l'esprit, car trop encombré il puise en vos forces pour vous mettre à terre. Il me faut l'ivresse, et rien de moins que les mots, la poésie, les nouvelles, tout ce qui pourrait abreuver, étancher ma soif de lire. C'est de cette manière qu'il m'est possible de fuir, de m'évader d'un monde qui n'est pas le mien.

J'ai compté, et voilà 30 fois déjà que le soleil jaillit, attristé de voir ainsi, à ma figure endeuillée, la perte d'un être qu'il estime. De cela j'en suis sure, le paradis solaire ne peut me refuser accès, tant j'ai prié, confessé mes péchés.
Savez-vous à quoi je m'amuse, pour oublier ces murs dressés devant moi ? Il m'est possible d'observer l'extérieur, par une trappe tout à fait accessible si on se perche sur la pointe des deux pieds. Ma découverte reste alors la même, me diriez-vous, et vous vous trompez. Si d'autres y voient le soleil, ou les vertes pâtures occupées par des pieds saints, je n'y vois que l'encadrement de ma porte, huis de tous mes malheurs. J'y devine la souffrance de mes compères, en chambre juste à côté, tant ébranlés, ils parviennent à déformer, façonner les obstacles de nos vies décousues. Je peux ressentir, la satisfaction du charpentier lorsqu'il y a quelques années déjà, il a récolté en échange de cette confection, moult écus pour satisfaire madame sa femme. Je peux déterminer par ma seule pensée, combien de blattes, de fourmis, d'araignées sont passées grignoter le cœur même de ce bois. Est-ce que je vais mourir ici ? Il y aura t'il une autre condamnée, derrière moi ? Serait-il possible de croire, qu'elle aussi devinera ce qui a pu faire trembler ces cloisons par le passé ?

Octave, je ne peux qu'écouter les soigneurs, mais eux ? Est-ce qu'ils m'écoutent ? Je ne suis pas folle vous savez ? Je ne suis pas folle !
Et pour vous le prouver, ma réponse à votre seconde question sera celle que tous devraient vous accorder :

Je veux faire l'amour, Octave. Au caprice de la Lune, offrir le corps que Dieu m'a donné et prendre à la gorge tout ceux qui eurent un jour, l'envie de me voir pleurer. L'amour, jusqu'en m'en asphyxier. Ivre, jusqu'à la fin.

Dôn.


_________________
Isaure.beaumont
[27 juin]

Elle avait reçu, juste avant de quitter Toulouse une lettre. Une lettre qui avait fait bondir son cœur, qui avait coloré pour quelques secondes ses joues blafardes et creuses, qui avaient agité la caboche dans un tourbillon d'émotions.

Citation:
Isaure Beaumont Wagner,

Un petit doigt, dont le nom commence par un Ca et se termine par Ia m'a appris que vous étiez toutes deux à Toulouse.

A TOU-LOU-SE.

Je suis ravi d'apprendre, après des semaines sans nouvelles, de personne, des nuits d'angoisse et des journées torturées, que vous allez mieux, que vous vous remettez quand j'ai cru vous perdre, et que vous avez cru bon de garder cette bonne nouvelle pour vous.

Et que vous passez à 20 lieues de moi sans même daigner m'en informer, me le dire ou pire encore... venir me voir.

Vous êtes en vie. Un peu.
Je vous en veux. Beaucoup.
Vous me manquez. A la folie.
Comment cette fois m'en voulez vous ? Pas du tout ?

O.




[28 juin]

Profitant d'une courte halte, elle avait répondu à la lettre d'Octave.

L'écriture était moins affirmée qu'habituellement. La Beaumont était encore affaiblie et ce voyage décidé sur un coup de tête ne participait pas au recouvrement de ses forces. Épuisée par le trajet aller-retour sur si peu de jours, elle se refusait pourtant au repos. Elle restait préoccupée par le sort de Dana, devait faire parvenir rapidement les invitations à son ordination qu'elle avait refusé de décaler et se perdait en pensées inavouables qu'elle refoulait.



Citation:
Mon cher Octave,

Pourquoi vous en voudrais-je quand je suis celle qui vous laisse sans nouvelle ? Me pardonnez-vous mon silence ? J’ai voulu vous écrire mille fois mais l’urgence est telle, Octave, qu’il fallait que je vous sacrifie pour le salut de Dana. M’en voulez-vous donc tant ? Je n’ai averti personne de mon départ, et si j’avais eu le temps de faire un détour, soyez assuré que je vous aurais rendu visite sans l’ombre d’une hésitation. Mais le temps presse, Octave. Dana est internée et elle a besoin de mon aide. Je me devais de venir confier Caïa à Agnès le temps que je sorte Dana de sa prison de pierre et que je puisse me préparer pour mon ordination.

Si la situation de Dana ne me préoccupait pas tant, je m’impatienterais de voir arriver le premier jour de juillet, car alors j’aurai le plaisir de vous revoir et de pouvoir enfin deviser avec vous de vive voix. J’ai tant à vous raconter et la maladie m’a contrainte au silence.

Rassurez-vous, Octave, je me porte mieux désormais. Et si je suis encore fatiguée et mon appétit toujours capricieux, je commence à reprendre quelques forces.

Vous en vouloir ? Pourquoi vous en voudrais-je alors que vous m’êtes un ami si dévoué ? J’aurais été fâchée si j’avais cru aux mensonges d’Archibald, mais rassurez-vous, il n’en est rien. Je sais qu’il ne disait cela que pour se mettre en avant. Je ne lui en veux pas cependant, il a si bien veillé sur moi quand j’allais au plus mal et après votre départ. J’aurais voulu être en meilleure forme quand vous êtes venu à mon chevet pour profiter de votre compagnie.

Il me tarde de vous revoir. N’oubliez pas la date.

Que le Très-Haut vous garde, Octave

Isaure


PS: vous trouverez ci-joint votre invitation.
PS2: S'il vous plaît, ne soyez plus fâché contre moi. Pas trop longtemps. Je veux vos sourires.




Citation:


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Isaure.beaumont
Elle avait regretté. De ne pas être partie avec lui aussitôt. Dans la fièvre du moment.
Le quotidien l'avait happée. La distance s'était réinstallée et le souvenir lui apparaissait vaporeux, chimérique.

L'avait-elle seulement vécu ? Et si elle l'avait rêvé. Trop fort ? Jusqu'à s'en convaincre.



Citation:
Octave,
Mon cher Octave,
Mon très cher Octave,
Octave de Beaupierre,

Octave,

L’hésitation me taraude. Je m’interroge souvent sur la réalité de cette journée d’été, craignant que tous vos mots et chacun de vos gestes n’aient été le fruit de mon imagination, une stupide invention de mon esprit.

J’ose. Je prends le risque et poserai, si Dieu veut, le pied sur vos terres dès ce samedi douze juillet en priant pour que ma venue soit attendue, et même espérée. Si d’aventure je devais m’être fourvoyée ou que vous aviez changé d’avis, épargnez-moi le ridicule de me présenter à vous et faite-moi prévenir avant que je ne franchisse vos frontières.

Que le Très-Haut vous garde,

Isaure


_________________
Octave.
Il avait souri. Niaisement, comme un môme, lorsqu'on lui avait livré la missive. Avant même de répondre, il avait regardé la carte, avait calculé les jours, et comme les astres semblaient bénir leur histoire, il serait, lui aussi, à la frontière le jour dit, s'il partait ce soir.

Puis il avait pris la plume.


Citation:
Jeune homme,

    Je sais ce que je vous ai dit ce soir.

    Ne vous inquiétez pas, je m'en rappelle.

    MAIS...

    Il est fort possible que je doive prendre la route ce soir.

    Cependant, vous irez plus vite que moi, je n'ai pas le droit de dormir en rase campagne à la belle étoile : prenez donc un de mes chevaux aux écuries, et rejoignez moi, vous serez arrivé à Auch en même temps que moi. La destination finale est Lectoure. Nous devons y être samedi.

    Là bas, je pourrai alors vous confier une tâche des plus importantes. Du moins à mes yeux. Il ne faudra pas faillir, jeune homme. J'espère pouvoir compter sur vous !

    Prenez soin de vous sur la route,
    Mangez bien vos légumes,
    Et cessez d'embrasser ou de vous faire embrasser par ma filleule.


Octave


Lorsque la première est pliée, emportée, et livrée dans le champ même du Comte où Maddenn est probablement en train de faire semblant de traire des vaches, Octave lui attrape un autre parchemin, et répond. Elle arrive. Elle ARRIVE !

Citation:
Isaure,

    Je serai là.

    Rien n'était inventé, ni imaginé. Si c'était un rêve, le réveil, seul, à Saint Bertrand, fut rude.

    Je serai là.

    A vous attendre, à la frontière, ce samedi, qui me parait si loin encore, tant j'aimerais que vous soyiez déjà ici.

    Je serai là.

    Il n'est nulle place où je veuille me trouver qui ne soit à vos côtés.

    A samedi.
    Prenez soin de vous sur la route.


Octave
    PS : Rien n'était inventé.
    PPS : Arrivez vite.

_________________
Octave.
Début juillet

Le premier jour du mois de juillet, Octave avait fait l'aller-retour en Périgord, en cette bonne ville de Périgueux, pour y empêcher une ordination. A la sortie de l'église, son premier réflexe avait été d'aller à Saint Font. Là-bas, une pensionnaire de choix, qu'il ne se voit pas oublier en un tel jour. C'est d'ailleurs à elle qu'il a pensé en premier, une fois qu'Isaure a dit oui.

Mais les consignes de Nicolas avaient été entendues par les gardes de l'asile, et le Beaupierre a eu beau tempêter, crier et menacer, rien n'y a fait. Dana avait déjà reçu une visite ce jour, elle n'était pas en état, il n'était pas sur la liste, de toute façon on rentre pas en baskets, et est-ce qu'il était accompagné ? Bref, le mec de l'entrée qui décide qui qui rentre et qui qui rentre pas avait dit niet, et Octave avait du s'incliner, non sans un dernier regard désolé à la bâtisse qui séquestrait sa marraine.

Il avait donc pris la plume, puisqu'il ne lui restait que ça pour continuer à tisser le lien qu'il avait promis à Dôn de ne pas rompre.


Citation:
MaDôn,

    Vous n'êtes pas folle. Les soigneurs pourront dire ce qu'ils veulent, votre frère écrire des inepties, mais je le sais, vous n'êtes pas folle. Un peu perdue, sans doute bien seule, mais folle ? Pas plus qu'une autre, Dana, pas plus que chacun d'entre nous. Vous ne savez pas le garder pour vous, voilà tout.

    J'ai essayé de franchir les murs de Saint Font, de venir gratter à votre porte, de vous voir en sorte, à défaut de vous faire sortir. J'ai pensé à vous, et j'ai voulu vous le faire savoir. Je sais que nous avions choisi l'épistolaire, mais j'avais un murmure à partager, un sourire à vous montrer, un secret qu'il me fallait vous confier.

    Vous n'êtes pas folle, mais je le suis. Je suis fou d'elle, et elle a dit oui !

    Vous rappelez vous, Dana, votre première missive ? La toute première, que vous m'avez écrite, après cette folle soirée que nous avions passée à Montauban ?

    Vous me demandiez quand est-ce que j'allais demander à Isaure de m'épouser. Et bien c'est fait, Dana, c'est fait et elle a dit oui !

    Nous nous marions. Bientot. Vous serez là, même si je dois pour cela arriver à Périgueux à la tête de mes armées et lancer mes soldats à l'assaut de cette porte qui m'est resté close, ce premier jour de juillet qui a bouleversé ma vie.

    Dana, si vous saviez... comme j'ai hâte de découvrir à mon tour les joies que vous me narrez. De savourer chez elle ce que vous poétisez si joliment. Dana, soyez heureuse pour nous, pour elle, pour moi... et venez à nous, que nous faisions partager ce moment.

    Mentez, trichez, mais sortez donc de là et redécouvrez la vie, votre vie.

    Elle a dit oui, et la mienne commence. Vous aviez raison.

    Que le Très Haut vous ait en sa bienveillante garde,


Octave

_________________
Don.
Citation:
Dôn af Nærbøfj-Røykkness
Saint Front
PERIGORD


Octave,

Enfin, vos nouvelles me viennent.
J'ai bien pensé que vous aviez trouvé le moyen de m'oublier, et cela ne m'aurait guère étonnée.
Apprenez que la belle Isaure, que vous disiez sauve, n'est pas venue une seule fois me visiter. J'apprends enfin la raison d'un pareil désintérêt.
Elle ne m'aime plus, afin de vous aimer, vous. Vous et vos manières, vous et vos mots, vous et votre rire. Vous l'ignorez sans doute, mais elle vous idolâtre. Pas une seule journée ne se déroulait, sans que votre nom ne soit prononcé, sans que votre existence ne soit évoquée. J'ai espéré cette idylle, mes prières étaient même dédiées à cette dernière, et l'espoir de voir naître une étincelle occupait mon esprit autant que son coeur de fraîche jouvencelle. Mais jamais en dépit de son amour pour moi, que suis-je sans elle ? Qu'avez vous fait, Octave ?
Lorsque je vous confie mon désir d'amour, mon envie de plaisir, mon besoin vital d'être en vie et regardée par l'homme que j'ai épousé, vous m'imposez votre bonheur ! Retirant à ma pauvre carcasse déséquilibrée son unique béquille !

Non, Octave ! NON !
Soyez heureux, mais ne comptez pas sur ma présence. Je ne suis pas le faire-valoir d'Isaure, je ne suis pas l'amie qu'il est joli d'assortir aux étoffes d'épousés ! Je suis seule, comme vous l'écrivez si distinctement. SEULE ! Et je vais le rester !

Da viken.
Da viken..
Da viken...


D.




L'euphorie cruelle prendra fin au terme de cette missive.
Dôn mangera une bouillie d'avoine et du pain mou.
Elle se couchera et oubliera ce courrier, la réponse donnée à celui-ci, et même les informations récupérées au sein même des deux plis. Isaure, plus tard, lui rafraîchira la mémoire sans que pour autant, la Kerdraon ne puisse se réjouir pour elle.
Octave lui, pardonnera, ou peut-être pas.

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Octave.
Il avait eu mal. En lisant les mots de Dana, il avait eu mal. Il lui avait fallu plusieurs jours pour les digérer, les mettre en perspective, ne pas se laisser happer par l'excès de sa future épouse et de son âme soeur. Octave n'est pas comme elles, s'il a sa propre petite araignée au plafond, elle se cogne souvent à ses réflexes raisonnables, à la maturité des trentenaires qui ont vécu trop de guerres, à la diplomatie du politique.

Il n'avait pas parlé de la missive à Isaure. Et l'avait gardée pour lui. Il avait attendu aussi. Un rectificatif, un addendum, un post scriptum, qui n'était jamais arrivé. Il ne croyait pas Dana folle à lier, mais il était conscient qu'elle n'allait pas bien, et avait finalement décidé de croire qu'elle avait écrit cette lettre comme elle avait frappé Madeleine ou Isaure ce soir-là à Montauban.


Citation:
MaDôn,

    Je vous aime, elle vous aime, nous vous aimons. Nous nous aimons et cela ne vous enlève rien. Nous nous aimons et vous y gagnez, car nos coeurs ont pris une ampleur que nous n'imaginions pas. Le mien du moins.

    Je n'aurais jamais cru être capable d'aimer comme je l'aime. Et d'aimer comme je l'aime me fait tout aimer plus fort, plus sincère, plus vrai. Le soleil brille plus fort. L'air se respire mieux. La vie ne se survit plus.

    Je l'aime et je vous comprends enfin.

    Est-ce donc ainsi que vous vivez ? Avec cette intensité ?

    1. Isaure est vôtre autant qu'elle est mienne. Viendrez-vous la voir m'épouser ?
    2. Je ne vous oublie pas. M'oublierez-vous le 4 aout ?
    3. Vous êtes ma marraine. Ne m'offrirez vous pas votre bras pour me mener à l'autel ?

    Que le Très Haut vous ait en sa sainte garde.


Octave

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