Don.
Personne.
Seule à jamais.
D'un tête à tête, une seule sera retenue. Celle de la désillusionnée.
La main vient se noyer. La chaleur d'une eau peu pétulante accueille et embrasse les phalanges venues dessiner quelques ondulations à la surface du bain. Elle aime ces faux chemins, tracés en quelques effleurements, évaporés en peu de temps. Répercussions d'émotions traduites du bout des doigts, montrent-elles une quelconque route à suivre ? Faut-il mémoriser ces vagues, plus discrètes qu'un soupir de souris ? Elle disparaissent au fil du temps, court. Quelques secondes suffisent, et si jamais un malheureux pantin venait à les martyriser, pires sont les secousses et plus sinueuses sont les tranchées inondées. Brynjar l'était, ce tyran face aux étendues d'eau, qu'elles soient nées d'une mer ou d'une simple toilette matinale. A grands renforts de menottes potelées, le fils du Nord frappait, claquait et riait, peu touché par la disparition de si jolies vibrations.
Cette pensée impose un sourire, aux lèvres trop pourpres d'avoir été malmenées. Les crocs sont venus mordre l'ourlet d'une lippe muette depuis la veille. Elle saigne. Petite gerçure souvent attribuée aux amoureux frais, se bécotant à longueur de journée. La sève colorant sa lèvre, elle, n'est là qu'à force de trop vociférer contre Lui. Qu'il soit là, ou non.
Dana hurle, et se fait mal. Elle crache, croque et détruit sans réaliser que son problème n'en est pas un. Il est multiple. Il est plusieurs. Est-il nombreux ?
Néréide est pure, tous les drapés sont tombés, seul un foulard, rouge, orne sa gorge. Le froid vient alors saisir son ventre, pour ensuite lacérer sa poitrine et effleurer ses hanches, pourtant dans la pièce il n'y a aucun vent, nul souffle pour venir assouplir ses crins sombres ou embrasser chacune de ses joues d'une brise légère. Tout n'est qu'indifférence et silence. Solitude et doutes. Seule sérénité promise, la cuve devant elle. Elle y pénètre. Chancelante, mais peu hésitante. Le corps s'immerge et les dernières à plonger sont ses rondes épaules.
La toilette débute. Machinalement, Dôn commence par les jambes et pour se faire, soulève les pieds qu'elle pose simplement contre le rebord de la baignoire. Le chêne change de ton, l'obscurité avale le bois, qui devient opaque. Et morne. Et triste.
Arrêt.
Je suis toujours triste...
Constat oral d'une phrase qui lui fut rapportée. Une délation à l'allure anodine, qui pourtant brisa le cur de la bretonne. L'avait-il réellement pensé, lorsque les mots franchissant la barrière de ses lèvres, dénonçaient ce contre quoi elle se battait depuis toujours ? Pourquoi cette tristesse ?
Les yeux sont désormais clos. Disparaissez, tâches malsaines, pensées dissolues ! J'en ai assez !
C'est à son tour de frapper, de claquer et de rire. Cynique et désabusée. L'eau tremble et Dana avec. Son monde est monochrome, seule la mélancolie persiste et pourtant elle rit. Elle rit au travers de ses larmes qu'elle ne ravale pas. Aucun témoin ne viendra juger cela, alors elle s'en moque, et pousse même un cri. Strident, et long. Elle dégage cette haine d'elle même, et extériorise ce mal être permanent. Son cri perce les tentures, et les murs recouverts de ces dernières, il brise les lourdes et les miroirs. Il se moque des reflets et des faux semblants.
Elle hurle et soudainement, plonge. L'air s'échappe, et compose ses propres canots de sauvetage en des dizaines, des vingtaines, des centaines de bulles. Le son se fait sourd, comme le monde qui l'entoure. Comme Archibald, trop souffrant pour l'entendre, comme Tiernvaël, trop occupé à aimer, comme Théodrik aux sens altérés. La douleur sétouffe, l'exclamation se tait et d'une main enragée l'exaltée vient saisir l'unique vêtement porté, carmin tissu ornant son cou.
Elle tire.
Elle suffoque.
Elle tire encore.
Elle crie toujours.
Elle tire plus fort.
Elle se tait.
Le regard délavé qu'elle porte sur le monde s'ouvre à nouveau. Les yeux mi-clos découvrent le trouble. Une force étrange l'attire, et sa tête reste posée contre le fond du baquet, quand ses jambes allongées sont toutes deux en surface. La force l'abandonne, sa volonté voudrait pourtant l'obliger à revenir. A oublier le vide qui semble vouloir s'imposer. Étourdie, la main reste agrippée à l'étoffe assassine.
Aucun geste n'est désormais possible.
Immobile.
Elle ferme les yeux, se sent partir.
Il n'y a personne.
Seule à jamais.
Noyée.
Edit : Vilaine répétition
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Seule à jamais.
D'un tête à tête, une seule sera retenue. Celle de la désillusionnée.
La main vient se noyer. La chaleur d'une eau peu pétulante accueille et embrasse les phalanges venues dessiner quelques ondulations à la surface du bain. Elle aime ces faux chemins, tracés en quelques effleurements, évaporés en peu de temps. Répercussions d'émotions traduites du bout des doigts, montrent-elles une quelconque route à suivre ? Faut-il mémoriser ces vagues, plus discrètes qu'un soupir de souris ? Elle disparaissent au fil du temps, court. Quelques secondes suffisent, et si jamais un malheureux pantin venait à les martyriser, pires sont les secousses et plus sinueuses sont les tranchées inondées. Brynjar l'était, ce tyran face aux étendues d'eau, qu'elles soient nées d'une mer ou d'une simple toilette matinale. A grands renforts de menottes potelées, le fils du Nord frappait, claquait et riait, peu touché par la disparition de si jolies vibrations.
Cette pensée impose un sourire, aux lèvres trop pourpres d'avoir été malmenées. Les crocs sont venus mordre l'ourlet d'une lippe muette depuis la veille. Elle saigne. Petite gerçure souvent attribuée aux amoureux frais, se bécotant à longueur de journée. La sève colorant sa lèvre, elle, n'est là qu'à force de trop vociférer contre Lui. Qu'il soit là, ou non.
Dana hurle, et se fait mal. Elle crache, croque et détruit sans réaliser que son problème n'en est pas un. Il est multiple. Il est plusieurs. Est-il nombreux ?
Néréide est pure, tous les drapés sont tombés, seul un foulard, rouge, orne sa gorge. Le froid vient alors saisir son ventre, pour ensuite lacérer sa poitrine et effleurer ses hanches, pourtant dans la pièce il n'y a aucun vent, nul souffle pour venir assouplir ses crins sombres ou embrasser chacune de ses joues d'une brise légère. Tout n'est qu'indifférence et silence. Solitude et doutes. Seule sérénité promise, la cuve devant elle. Elle y pénètre. Chancelante, mais peu hésitante. Le corps s'immerge et les dernières à plonger sont ses rondes épaules.
La toilette débute. Machinalement, Dôn commence par les jambes et pour se faire, soulève les pieds qu'elle pose simplement contre le rebord de la baignoire. Le chêne change de ton, l'obscurité avale le bois, qui devient opaque. Et morne. Et triste.
Arrêt.
Je suis toujours triste...
Constat oral d'une phrase qui lui fut rapportée. Une délation à l'allure anodine, qui pourtant brisa le cur de la bretonne. L'avait-il réellement pensé, lorsque les mots franchissant la barrière de ses lèvres, dénonçaient ce contre quoi elle se battait depuis toujours ? Pourquoi cette tristesse ?
Les yeux sont désormais clos. Disparaissez, tâches malsaines, pensées dissolues ! J'en ai assez !
C'est à son tour de frapper, de claquer et de rire. Cynique et désabusée. L'eau tremble et Dana avec. Son monde est monochrome, seule la mélancolie persiste et pourtant elle rit. Elle rit au travers de ses larmes qu'elle ne ravale pas. Aucun témoin ne viendra juger cela, alors elle s'en moque, et pousse même un cri. Strident, et long. Elle dégage cette haine d'elle même, et extériorise ce mal être permanent. Son cri perce les tentures, et les murs recouverts de ces dernières, il brise les lourdes et les miroirs. Il se moque des reflets et des faux semblants.
Elle hurle et soudainement, plonge. L'air s'échappe, et compose ses propres canots de sauvetage en des dizaines, des vingtaines, des centaines de bulles. Le son se fait sourd, comme le monde qui l'entoure. Comme Archibald, trop souffrant pour l'entendre, comme Tiernvaël, trop occupé à aimer, comme Théodrik aux sens altérés. La douleur sétouffe, l'exclamation se tait et d'une main enragée l'exaltée vient saisir l'unique vêtement porté, carmin tissu ornant son cou.
Elle tire.
Elle suffoque.
Elle tire encore.
Elle crie toujours.
Elle tire plus fort.
Elle se tait.
Le regard délavé qu'elle porte sur le monde s'ouvre à nouveau. Les yeux mi-clos découvrent le trouble. Une force étrange l'attire, et sa tête reste posée contre le fond du baquet, quand ses jambes allongées sont toutes deux en surface. La force l'abandonne, sa volonté voudrait pourtant l'obliger à revenir. A oublier le vide qui semble vouloir s'imposer. Étourdie, la main reste agrippée à l'étoffe assassine.
Aucun geste n'est désormais possible.
Immobile.
Elle ferme les yeux, se sent partir.
Il n'y a personne.
Seule à jamais.
Noyée.
Edit : Vilaine répétition
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