--Persona
Une ville étrange... moins vide que Mont de Marsan, et halle pourtant bien plus désertée.
La silhouette ne s'est pas attardée en ville.
Trop de personnes susceptibles de la voir. Et qu'elle ne tient pas forcément à croiser.
Elle a seulement pris quelques minutes pour faire un tour au marché : de la viande, c'est toujours utile. Elle doit se remplumer, s'entraîner, se fortifier, aussi bien physiquement que mentalement.
La jeune fille n'est plus aussi mourante que lorsqu'elle se trouvait dans le Béarn, mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit la grande forme. Et la mine n'aide en rien.
Direction la forêt, donc. Du calme, des bestioles à chasser, de quoi boire, que demander de plus ?
Ah oui, lui.. il est déjà parti. Elle le rejoindra plus tard. On ne peut pas dire qu'elle soit une personne pressée de quitter ces terres. Aujourd'hui est vraisemblablement son dernier jour ici.
Alors elle savoure. L'odeur de la mousse, la vue au loin de l'Église un peu noircie par d'anciennes flammes, et surtout, les pins. Tous les bûcherons se précipitent sur les chênes et autres sortes d'arbres dont le bois est recherché.
Pourtant, ce qui est le plus caractéristique des landes, par ici, ce sont les pinèdes, les groupes de conifères ici et là.
Leur odeur qui envahit toute la forêt, la résine qui reste collée sur les doigts, les aiguilles qui jonchent un sol aride... On est loin des forêts touffues des régions plus au Nord, loin d'une dominante verte parmi les notes de couleurs.
Du beige, du brun, du kaki, un peu de vert. Camaïeu de couleurs trahissant une région encline à la sécheresse.
Peut-être pour ça que Labrit a longtemps été la ville la plus pauvre de la région, en laissant de côté la mauvaise gestion.
La jouvencelle relève la tête lorsque les bois se teintent d'une lumière dorée. Le crépuscule... elle va devoir partir.
Le suivre sur la route, lui, tout en restant discrète, qu'ils n'attirent pas l'attention.
Se contenter d'être son ombre, et veiller à ce qu'il n'arrive rien de fâcheux.
Elle se tourne une dernière fois vers l'ouest. Plus de Béarn, plus de Gascogne, plus ce Sud qui l'a vue naître.
Ne plus les voir...
Adieu. Pour de bon, je crois.
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