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[RP] Tiens-toi à carreau, mon gars.

Equemont
La monture soupirait si fort qu’on n’eut pu croire qu’elle allait crever sous la cravache acharnée du cavalier. Les cheveux aux vents, il hurlait de rage comme le fou qu’il était devenu. Les toits d’Alençon apparurent au loin, la route était presque terminée. Peut-être la monture n’arriverait pas à terminer sa course. On lui avait indiqué qu’il devait se rendre à l’hôtel de la Chasse. Quel délicieux nom pour y voir un cadavre. Il y parvint, laissant sa monture souffler après une si longue course.

On le reconnut de suite, peut-être à cause de la mine de déterré qu’il affichait. Le premier étage lui fut indiqué. Une pièce dont la fenêtre était ouverte, froide, avec un lit, sur lequel un minuscule petit enfant blanc était allongé. Les mains étaient croisées sur la petite poitrine. Le Salar tomba à genoux, dans un sanglot compulsif.


Isan, pardonnez-moi.

Tous s’étaient retirés, sinon le petit Salomon, qu’il n’avait pas vu. Après un instant de prière Equemont se retourna, sentant une présence.

Mais...

Pourquoi vous ont-ils laissés ici ? Il ne le demanda pas, il n’allait pas en plus faire de reproches. Toujours à genoux, il ouvrit ses bras pour y recevoir un Salomon en pleurs.

Mon fils, ça va aller. Nous allons devoir être forts.

Equemont se redressa et sécha ses larmes, puis il ouvrit la porte.

Messieurs, procédez.

Ils entrèrent et mirent l’enfant dans un cercueil. Un prêtre vint bénir le corps, tandis que les hommes fermaient pour toujours la porte de bois. La procession mortifère ne se rendit pas à l’église, parce que l’enfant n’avait pas été baptisé, mais directement au cimetière. Le trou avait été creusé. Un petit trou, à l’image de la tragique petitesse de la boite qu’on allait y placer. L’opération fut vite réalisée, et les porteurs s’écartèrent pour que le père puisse faire une dernière prière.

La terre tombait lentement pour faire disparaitre à tout jamais le petit corps. On scella la stèle préparée selon les consignes d’Equemont.


CI GIT ISAN DU SALAR AP MAELWEG DE KERDRAON
Fruit de l’amour, innocent envolé, regrets éternels.


    Quelques jours plus tard


Equemont avait fait partir des courriers pour apprendre la nouvelle à la mère. Il avait accompagné Salomon jusqu’aux portes de la Bretagne, où il était certain qu’il retrouverait sa mère. Puis était reparti avec une extrême lenteur vers Paris. Voyage ultime, chemin de croix ou montée au calvaire.

Arrivé à Paris, il rédigea son testament le fit attester, congédia tout son personnel, puis se prépara. L’heure du grand voyage était arrivée. Il avait pensé au départ, comme il avait déjà tenté de le faire, se pendre. Mais il avait réfléchi durant son chemin de retour et la violence du procédé l’avait rebuté, non pas pour lui, mais pour sa famille et ceux qui le découvriraient. Le choix était rude, pour avoir en même temps le courage d’aller au bout. Une idée lui traversa l’esprit et il finit par la choisir. Arrivé il avait monté sa grande arbalète au deuxième étage, dans une pièce vide qui avait le mérite d'avoir une fenêtre au dessus de la fosse à déjection de l'hôtel particulier. Il avait remonté l'arme, puis essayée une fois pour vérifier qu’elle était encore fonctionnelle. La force du carreau serait suffisante. Il la plaça sur le rebord de fenêtre avec un poids qui la ferait basculer dans la fosse une fois le tir effectué. L'arme s'enfoncerait dans la merde et les épluchures. Il coinça le déclencheur avec le poids. La chute de ce dernier se ferait donc en deux temps. Un premier coup pour déclencher le tir, un deuxième pour faire basculer l’arme. Il calcula la trajectoire. Tout était fin prêt.

Il s’habilla et se coiffa dignement, pris un dernier repas. Il pensa un dernier instant que Lanceline avait quitté les appartements sans le prévenir, mais en même temps, il était parti enterrer son fils sans la prévenir. Il finit par se demander qui le retrouverait. Il faudrait bien qu’une personne le retrouve. Peut-être qu’une enquête serait diligentée puisqu’il était à la prévôté. Mais à vrai dire, il avait conscience que cela n’intéressait plus personne. Mort ou vif. Cela ne changerait plus rien et justice serait faite. Une vie pour une vie.

Il se signa, mit une pichenette au poids qui amorça sa chute et alla rejoindre sa position de transition vers l’Enfer. Ses genoux heurtèrent le sol avec un bruit sourd. Il regardait en face l’arme. Le carreau partit et pénétra la face d’Equemont par l’oeil et ressortit de l’autre côté de son crâne. La mort fut instantanée sans un cri. Le sang se répandit abondamment sur le sol.

_________________
Lanceline
    « Il n’y a pas un moyen que… vous mourriez pas ?
    - D’après les médecins d’ici non. J’arrive pas à refaire le sang qui me manque.
    - Le sang qui vous manque, moi, je l’ai vu hein…
    - C'est-à-dire ?
    - Le sang qui vous manque, je l’ai vu… Je vais dormir avec quelqu’un maintenant en Armagnac… toutes les nuits… Parce qu’à chaque fois que je ferme les yeux… je vois tout le sang qui vous manque… par terre… avec votre carreau d’arbalète puis vos yeux vides… Alors, vous m’avez jamais avoué que vous me trompiez, mais ça vous me l’avez laissé voir !
    - Je vous l’ai laissé voir… j’ai rien laissé voir du tout, moi, je veux dire… je me suis buté quoi !
    - Si si, si, si… Y’en a d’autres hein, des moyens de se… buter. Se jeter du haut d’une falaise par exemple, ça, ça emmerde personne ! Vous, c’est pas ça que vous avez fait ! Vous vous êtes suicidé avec un carreau d’arbalète dans la face !
    - Peut-être…
    - Peut-être quoi ?
    - Peut-être… que j’ai voulu vous empêcher de dormir, vous et les autres… Peut-être que j’ai voulu empêcher tout le monde de fermer l’œil… Peut-être que j’ai voulu vous mettre la faute sur le dos…
    - Hé ben c’est pas gentil…
    - Non… non… C’est pas gentil… c’est pas gentil… mais bon je le referai plus… »

    Dialogue entre Arthur et Guenièvre légèrement remanié pour les besoins du RP, Kaamelott, livre VI épisode 9, Dies Irae.

Lanceline était toujours à Paris, toujours chez son ancien époux. Elle n’y passait pas son temps, toujours dehors à chercher les meilleures affaires concernant les tissus. Elle aurait dû partir, parce qu’après tout rien ne la retenait chez Equemont. Pourtant, elle restait sans avoir la moindre idée de la raison qui maintenait là.

Ce matin-là, elle avait demandé à voir Equemont, mais on lui avait appris qu’il était parti depuis plusieurs jours. Soit. Elle demanda à ce qu’on vienne la prévenir lorsqu’il rentrerait, parce qu’elle souhaitait lui annoncer qu’elle partirait dans les jours qui suivraient.

La Blonde était une fois de plus de sortie, partie très tôt -rentrant très tard- louvoyer entre les étals, cherchant le meilleur tissu au meilleur prix. Elle discutait, marchandait, s’emportait, se calmait, négociait encore, le tout pour finalement abandonner ou acheter une étoffe.

Elle alla aux galeries LaFayottes, y flâna longuement, puis enfin se décida à rentrer rue Neuve-Saint-Meri. Avec un peu de chance, Equemont y serait. Elle chargeait Agulin de ranger les étoffes en lieu sûr lorsqu’on vint lui annoncer que le géant blond était rentré quelques heures plus tôt. Rassurée, elle opina, et demanda où il se trouvait.

Alors, elle prit les escaliers la menant au deuxième étage, et frappa à la porte qu’on lui avait indiqué. N’entendant pas de bruit, elle entra doucement.


- Equemont, je…

Sa voix mourut sur ses lèvres lorsqu’elle découvrit l’affreux spectacle. La servante qui la suivait poussa un cri et s’enfuit tandis qu’elle-même resta là, figée, à observer ce qui se présentait à elle. Bien malgré elle, ses noisettes fixèrent sur sa rétine tout ce qui s’offrait. Le corps, d’abord, puis le sang, pour enfin s’arrêter sur le carreau d’arbalète.

Hébétée, elle ne fit aucun mouvement alors que la scène n’était pas sans lui en rappeler une autre. Pourtant, cette fois, elle ne hurla pas, ne tomba pas à terre, ne se retourna pas pour envoyer chercher de l’aide. Elle était seule, seule face à cet homme qui avait choisi de mettre fin à ses jours, et elle le découvrait dans toute sa splendeur déchue. Elle se retrouvait changée en statue de pierre, incapable d’émettre le moindre son, seulement bonne à observer encore et toujours cette vision d’horreur, comme s’il avait voulu la faire culpabiliser. Pourtant, en cet instant, elle ne ressentait plus rien, choquée de ce qu’elle voyait, cherchant alentours l’arme du crime, parce qu’il fallait bien se raccrocher à quelque chose de tangible.

Derrière elle, des pas lui indiquèrent que quelqu’un s’approchait. C’était Agulin, qui lui attrapa les bras comme pour l’emmener.


- Non. Va chercher de l’aide.

Sa voix résonna en elle comme si elle émanait d’une autre personne. La Blonde venait d’envoyer promener le garde et s’en moquait bien. Ses yeux ne pouvaient quitter le cadavre et revenaient à lui comme un aimant. Ainsi, Equemont du Salar était mort. Elle ignorait pourquoi, il n’avait laissé apparemment aucune lettre, mais elle savait déjà que ce serait à elle que reviendrait la lourde tâche de prévenir tout le monde. Enfin, son corps accusa le choc qu’il n’arrivait pas jusque-là à assimiler, et la Balafrée se mit à trembler.

Pourtant, elle restait là, sans trop savoir quoi faire, peut-être parce que justement il n’y avait plus rien à faire. Il était trop tard. Aucune émotion cependant ne venait perturber cette enveloppe vide qu’était à présent Lanceline, parce qu’elle se battait avec elle-même pour ne pas faire ressurgir le traumatisme de Barbarian. Là, elle n’était en rien responsable, en rien coupable. Et pourtant, c’est ce qu’il voulait, lui faire assumer l’échec de cette vie qui s’était enfuie bien avant qu’elle n’entre dans la pièce. Lanceline eut froid, froid comme si elle sentait le souffle de la mort par-dessus son épaule. Cette faucheuse qui venait récupérer l’âme du défunt, pour en faire elle ne savait quoi, percluse dans ce vide qui prenait désormais toute la place en elle.

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Aur_
Le jour était encore à son apogée quand le jeune homme entra dans la capitale royale. Il connaissait mal cette ville pour n'y être venu qu'une fois, mais il avait retenu par cœur l'adresse de son père.

Et l'ami, sais-tu m'indiquer la Rue-Neuve-Saint-Merri ?

Le charretier le regarda un instant, visant son look de provincial avec un léger sourire.

Oui, tu traverses le pont, puis tu passes devant Notre-Dame pour ensuite prendre le premier pont que tu verras pour aller encore de l'autre côté de la rive. Là tu remontes la rue jusqu'à la grande église. Il te suffira de tourner à droite avant celle-ci et tu seras dans la Rue-Neuve-Saint-Merri.
Merci à toi.


Aur s'essaya à suivre les indications et y parvint avec succès. Dès qu'il s'engagea dans la rue, il remarqua une forme d'attroupement. Un peu intrigué, il s'approcha. Un groupe d'hommes en uniforme parlaient entre eux avec virulence.

Ben si, je te dis qu'un type s'est échappé par la fenêtre. L'sergent avait déjoué un complot et on aura voulu le faire taire.
N'importe quoi. Il n'était pas net, il a juste décidé de s'occire lui-même.
Comment veux-tu qu'il y parvienne avec un carreau dans la tête ?
C'est simple, je t'explique...


Le jeune Salar n'écouta pas plus longtemps quand il vit Lanceline. Il ne comprit pas ce qu'elle faisait là, aussi son regard sembla perdu pendant un instant. Il descendit de sa monture et l'accrocha à un anneau contre la façade. Il tenta d'entrer, mais les gardes l'empêchèrent.

Vous ne pouvez entrez, jeune homme.
Mais, il y a ma mère là !


La protestation avait été un trop aigüe pour ne pas paraître crédible. Le garde se tourna vers la Blonde pour savoir si c'était vrai. Ils finirent donc par le laisser entrer. Aur s'approcha d'elle et lui posa, après un salut de tête respectueux, une bise sur la joue. Il ne l'avait pas vue depuis longtemps et la réciproque était vraie, il avait dû tellement changer depuis leur dernière rencontre. Il ressemblait toujours plus à son père.

Mère. Que s'est-il passé ? Pourquoi tout ce ramdam ?
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Lanceline
    « Most men would rather deny a hard truth than face it. »

    « La plupart des hommes préfèrent nier la dure vérité qu’y faire face. »
    Tyrion Lannister, Game of Thrones.

Comment avait-elle pu sortir de sa torpeur ? Elle l’ignorait, tout était flou autour d’elle. Lanceline avait péniblement quitté la pièce, tâtonnant autour d’elle pour trouver la sortie. Elle avait trébuché, ou du moins c’est ce qu’elle pensait. Sur quoi ? Elle s’en moquait pas mal. Ses yeux étaient devenus vitreux, non pas à cause des larmes, mais simplement parce qu’elle était toujours choquée. On vint lui parler, et elle répondit mécaniquement, désignant la direction de la pièce d’où elle s’était échappée, plus pour qu’on la laisse tranquille que pour réellement répondre aux questions posées.

Equemont était mort, et elle avait vu son cadavre. Elle venait d’ordonner qu’on fisse tout nettoyer et qu’on rende le corps présentable, parce qu’elle, elle en était incapable. Agulin soudain se présenta devant elle, et alors elle tiqua, se redressant pour retrouver sa stature habituelle.


- Le départ n’est pas annulé. Il est simplement quelque peu différé, le temps... de tout remettre en ordre.

Elle n’avait définitivement plus rien à faire ici et elle venait de le réaliser. La Blonde fit quelques pas en direction de l’homme qui tendit les mains pour la rattraper.

- Donà…
- Je vais bien. Je vais… Feu-de-Neige…


Elle se dirigea vers la sortie, sans autre but que celui d’en réalité prendre l’air. Le choc initial était passé, restait maintenant à composer avec l’horrible vérité, de celles qu’on avoue à mi-voix, en murmurant quelques mots, parce qu’il est de ces secrets inavouables.

Dehors, elle battit des cils, aveuglée par le soleil qui continuait à rayonner. Comme il était étrange que le temps ne s’accordât pas avec le cœur des hommes !
Pourtant, elle n’aurait pas su dire quelle météo aurait réellement convenu à la situation… La noble en était là de ses réflexions quand un mouvement attira son attention.


Mère. Que s'est-il passé ? Pourquoi tout ce ramdam ?

Il ne manquait plus que lui. Elle tenta de sourire, de faire bonne figure face au fils prodigue qui rentrait enfin chez lui et, probablement, attendait de son père qu’il fasse tuer le veau gras pour faire bombance. Rien de tout ça ne l’attendait, malheureusement. Elle lui attrapa les mains.

- Aur, je suis… Je suis désolée. Vous arrivez trop tard.

Un temps. Elle observa le blond aux yeux bleus, portrait craché du défunt, et machinalement, lui remit une mèche derrière l’oreille.

- Votre père… Equemont… est mort. Ils sont en train de préparer son corps.

Elle ne voulait pas nier la vérité, mais elle ignorait comment l’annoncer. Lanceline avait l’habitude de mettre les pieds dans le plat, mais jamais elle n’avait dû faire face à qui que ce soit pour expliquer la mort de quelqu’un. Pourtant, elle ne voulait pas non plus passer sous silence ce que son ancien époux avait fait, parce que s’il avait voulu la faire culpabiliser, il n’y arriverait pas. Même pas en cela.

- On pense qu’il s’est suicidé.

Voilà. Sept mots qui ne faisaient qu’effleurer ce qu’il en était réellement, sept mots qui n’approchaient qu’à peine l’insoutenable vérité, et cependant ces mots-là à eux-mêmes se suffisaient.

C’est fou tout ce qu’on pouvait dire en si peu de choses.

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Aur_
Le visage encore trop pâle du garçon ne bougea pas lorsque Lanceline lui apprit le décès de son père. Non par manque d'empathie, mais tout simplement parce ce qu'il ne comprenait pas le sens de ces mots mis les uns avec les autres. Son père était par essence immortel, invincible. Il savait lui reconnaître de nombreux défauts, mais celui de la faiblesse de corps, ni celle d'âme d'ailleurs. Il s'aperçut que la Blonde lui avait saisit les mains, ce qui l'étonna un peu, il était presque un homme désormais. Mais lorsqu'elle le recoiffa, il fut réellement étonné par ce geste parce que ça faisait longtemps qu'il lui semblait avoir quitté la chaleur maternelle. Il retint son réflexe adolescent de recul, pour mesurer combien l'heure devait être grave. Il allait pénétrer dans l'hôtel quand il entendit les derniers mots de sa mère. Il entreprit soigneusement de les ignorer pour aller voir de ses yeux.

Le chemin était balisé par la présence de gardes qui montaient et descendaient en permanence. Au deuxième étage, il entra dans ce qu'il supposait être la chambre de son père. On l'avait disposé sur le lit. Les gardes voulurent l'empêcher de s'approcher, mais l'air digne du jeune homme les en dissuada. Immédiatement, le regard d'Aur se porta sur le visage paternel. L'horreur à l'état brut. Le carreau avait été retiré, si bien qu'une béance remplaçait un de ses yeux, dans un mélange de sang, de chair tuméfiée et de cervelle. Le jeune Salar essaya de se contenir, mais rapidement la nausée lui vint, si bien qu'il se précipita à la fenêtre et vomit. Après s'être essuyé sur le revers de sa manche, il s'en retourna vers le corps du trépassé, lui prit la main et l'embrassa. Elle était froide et dure. Les larmes vinrent inonder ses joues.


Père... Père...

La garde s'était retirée par respect. Il tomba à genoux au pieds du lit, dans un mélange de prière et de longue plainte. Son père était mort. Au bout d'un moment, il finit par se relever et prit la direction du bureau de son père, pour s'asseoir sur son fauteuil ému. C'était certainement une manière de le faire revivre un court instant. Les bras croisés devant lui, il y enfouit son visage pour y pleurer amèrement, dans des sanglots compulsifs.

Equemont est mort. Vive Aur.

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Lanceline
Le jeune homme venait de passer devant Lanceline sans rien dire, et elle l’avait laissé faire. Derrière elle Agulin arriva et lui toucha respectueusement l’épaule avant de se reculer, pour lui signaler qu’ils n’attendaient plus que son bon vouloir pour partir. Elle acquiesça, mais ne répondit pas, et finalement se décida à rentrer. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, mais tout avait déjà été repris en main, par les serviteurs, et par les gens d’armes qui s’affairaient pour tenter de trouver un coupable.

Il n’y en avait pas, sinon peut-être la mort de cet enfant qu’elle ignorait. Aussi lui fallait-il trouver quelqu’un à blâmer, mais étrangement, Lanceline se refusait à se désigner comme responsable. Elle n’était pas là, elle ignorait tout des intentions de son ancien époux, jusqu’à la raison de son départ. Elle était restée, parce qu’il l’avait bien voulu, mais elle n’en avait pas profité. En partie parce qu’elle n’était pas vile, mais surtout, parce qu’elle ne savait pas trop sur quel pied danser le concernant. Au moins, ce genre de questions était désormais nul et non avenu.

Alors, la Blonde décida d’aller voir Aur. Elle alla dans la chambre d’Equemont, le trouva étendu là, et prit le temps d’aller s’asseoir dans un fauteuil. Elle l’observa quelques instants, lèvres pincées, puis se leva et quitta la pièce pour aller dans le bureau de l’ancien propriétaire des lieux. Elle y trouva Aur, et retourna s’installer sur une chaise, soudain épuisée.

Elle le laissa pleurer tout son saoul, sans le quitter des yeux, mais ses pensées vagabondaient. Il était étrange de songer que pour la deuxième fois, elle faisait face à la mort assénée de sang-froid, par un homme qu’elle avait aimé.

Elle aurait presque ri de la malédiction Duranxie, si elle avait été d’humeur. C’était le troisième amant qu’elle avait eu qu’elle voyait mort devant elle. « Jamais deux sans trois », disait-on, mais elle craignait soudain que le dicton n’en cache d’autres. Mais, pour l’heure, elle ne s’en inquiétait pas, parce qu’elle n’avait plus personne dans sa vie. Enfin, plus personne de durable, de véritable, de rattaché réellement à elle.

Barbarian s’était aussi donné la mort, et à l’époque elle avait même songé à l’impensable, entrer dans un couvent. Il lui fallait alors expier ses fautes, parce qu’elle se savait pertinemment responsable, et n’avait rien fait de réellement concret pour l’aider quand il était encore temps.

Arnaut était mort devant elle, à cause de la maladie, et des saignées qui l’avaient encore plus affaiblies. Ignorante à l’époque, elle était désormais persuadée que les médecins n’avaient absolument rien arrangé à son état, bien au contraire. Il avait au moins eu le temps de voir son fils, et d’être heureux de s’apercevoir qu’ils avaient les mêmes yeux.

Gastar enfin, elle l’avait tué. C’était un accident, parce que la cruche qu’elle avait saisi l’avait fait basculer, et sa nuque avait pris le rebord de la table qui se trouvait derrière lui. Le corps, elle l’avait enterré à Laguian, en faisant moultes prières, parce qu’elle espérait à ce moment-là que cela la sauverait de l’enfer lunaire.

La pauvre, si elle avait su que quelques années plus tard, elle l’accepterait volontiers, elle s’en serait arraché le cœur de désespoir. Ou alors, elle ne se serait pas donnée tant de mal.


- Aur, je suis sincèrement désolée.

Est-ce qu’elle avait pleuré ? Elle ne savait plus, elle ne s’en souvenait plus. Elle se sentait vidée, soudain épuisée, et n’aspirait plus qu’à dormir profondément, si possible pendant plusieurs jours, pour oublier. Mais elle n’y parviendrait pas, parce qu’elle savait que dès qu’elle fermerait les yeux, l’image qui viendrait la hanter ne serait plus celle d’un sourire, mais d’un blond mort un beau jour, un carreau dans la tête.
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Aur_
Lorsqu’il releva la tête, Aur découvrit aux noisettes de sa mère des courriers rédigés par le suicidé. Un petit tas, certains étaient pliés, d’autres scellés. Il n’avait pris le temps que de lire le testament. Il se devait distribuer tout ce que son père avait prévu, sans rien cacher. Mais pour cela, et vous comprenez mieux l’abattement du jeune, il lui fallait admettre intérieurement que son père avait volontairement embrassé ce carreau, sinon il n’aurait pas laissé tous ces courriers. Comment pouvait-on en venir à mettre fin à ses jours ? Son père, à ses yeux, était un homme beau, grand et noble, un homme que beaucoup d’autres auraient pu envier. Et voilà que ce mythe s’effondrait, laissant place à une insondable faiblesse, et sous les pieds d’Aur, un abyme de néant.

Mère, il a laissé ceci pour vous.

Citation:



Chère Lanceline,

A l’heure où vous lirez ces lignes, je ne serai plus. Les grands discours n’ont d’intérêt que si les actes de nos vies s’y conforment. Beau parleur j’ai été, l’heure de payer la facture est arrivée. Si je prends la plume, ce n’est pas pour vous expliquer ce qui est inexplicable, mais pour vous libérer de tout poids face à ma mort. Vous n’y avez aucun rôle, ni de près, ni de loin. J’ai choisi ma destinée, je pense que cela vous libèrera d’une certaine manière.

Je n’ai qu’un regret, celui de ne pas vous avoir assez fait l’amour, dans tous les sens du terme.

Vous trouverez ci-joint un courrier pour Aloan, qu’il ne devra lire que lorsqu’il sera en mesure de le lire par lui-même. Aur vous fera savoir les dispositions prises pour chacun de nos enfants.

Relevez-vous, je suis parti.
Equemont


Le jeune homme tendit un autre courrier à Lanceline.

C’est pour Aloan. Maintenant je dois aller porter les autres plis à la poste royale pour qu’ils arrivent chez les destinataires. A moins que vous ne préfériez les donner vous-même à Ermelne et Yselda ?

Aur était un peu perdu. Restait à poster ceux qui étaient destinés à Dôn et Salomon. Il tenta vaguement de les cacher à Lanceline pour ne pas la blesser et sortit pour faire son devoir.

Arrivé aux postes, il rédigea une petite note accompagnatrice.

Citation:
Chère Dôn,

L’heure est grave, mon père a été retrouvé mort dans son hôtel particulier de Paris. C’est ainsi, je n’ai pas grand chose à ajouter, les mots me manquent. Je vous envoie avec cette missive ce qu’il a laissé pour vous.

Bien à vous,
Aur



Citation:



Chère Dôn,

Longuement j’ai réfléchi à vous écrire cette lettre. En effet vous la lirez quand je serais mort. J’hésitais, parce que la tentation était grande de vous laisser vivre avec le poids de ma mort suspecte sur les épaules. Mais je ne suis pas comme çà. Aussi, je vous écris pour vous libérer du poids de ma vie. Je ne regrette rien, désormais de ce qui a été accompli, excepté la mort d’Isan. Je regrette par contre ce qui n’a pu se faire. Mais c’est ainsi que se fait la vie.

Cette vie, je vous la souhaite encore remplie de belles choses, pour notre enfant aussi Salomon. Aur vous fera connaître les disposition que j’ai prise à son endroit et vous trouverez ci-joint un pli pour notre fils, qu’il devra lire lui-même quand il en sera capable.

A Dieu,
Equemont



Tout fut scellé et envoyé. Aur rentra à l’hôtel et s’allongea aux pieds du lit funéraire, épuisé dans un demi-sommeil. Une fois son père mis en terre, il partirait pour Nancy, selon ce qui lui avait été proposé.
_________________
Don.
" Il n'est pas mort !
- T'in'diou c'fou ça ma dame.
- Je savais qu'il mentait. Je savais qu'il ne pouvait pas me laisser avec ce goût amer en cœur. Il est mon ami depuis toujours. Depuis le jour où je suis née, il a posé ses yeux sur moi et il savait que jamais oh grand jamais, on ne pourrait nous séparer.
- N'vous emballez pas ma dame, pensez donc au sire Téodrille, qu'il va l'être jaloux d'c'que v'dites !
- Allons Mélodie, je lui ai déjà expliqué plusieurs fois. Tiernvaël n'est pas mon amant, il ne l'a jamais été, et ne le sera jamais. Il est... Il est mon frère. Voilà, une sorte de frère.
- Y disent pas ça les gens.

- Les gens ne disent plus rien. La Bretagne est morte pour Kerdren depuis longtemps, et Kerdren est mort pour elle également. Il en est de même pour moi. Je n'y ai plus rien.
- Y disent p'têtre qu'vous fréquentez un défroqué m'ant.
- Un défroqué ?
- J'veux dire.. Que.. J'pas..
- Vous pouvez conserver vos remarques. Vous étiez déjà allé assez loin, le soir de la visite du collanté dans mes appartements, je n'avais rien dit. Prenez garde à ne plus parler plus vite que vous ne pensez.
- Oui. Oui... "


Ce sont sur ces belles pensées que la Spontus s'apprête à prendre son bain.
Les genoux percutent la surface mouvante, ce qui permet à la silhouette douloureuse d'engager une submersion précaire. précaire, car en l'instant où le corps entier fut englouti, sa porte gronde. Une fois de plus. Une fois de trop.



" Si c'est au sujet de Kerdren.
Je sais. Je sais qu'il est vivant. Non je n'ai pas l'intention d'aller le voir !
Laissez moi tranquille pour aujourd'hui !!

- Nann, Dame, c'pour un pli. Signé Salar. "


Les lèvres de la brune n'éclosent pas. La surprise la laisse, ici, interdite.
Rapidement, la senestre s'empare du papelard que la grosse Mélodie lui tend, elle est loin de s'en douter, ce dernier fera à nouveau chavirer ses pensées, son âme aussi. Certainement.
D'abord, Kerdraon prend connaissance du mot d'Aur, et quel mot. Il est concis. Pensées laconiques, couchées là sans qu'aucune émotion ne vienne bousculer les lettres apposées.
L'intuitive se sent dans l'obligation pourtant d'analyser chaque groupe de mots, leur écriture, la justesse de leur utilisation. Pourquoi n'avait il tout simplement pas décidé de se taire ? De taire une vérité dérangeante ? Penser Equemont vivant était bien plus simple que de le savoir mort. Les autres mettent ils toujours tout en oeuvre pour vous noircir la vie ?

Equemont est mort.
Il y a une semaine à peine, c'était à leur fils commun de disparaître. Il faudrait être sot pour ne pas faire le rapprochement.
La missive suivante, jointe au mot trop bref de l'hoir, est celle du père suicidé, sans surprise.

La lecture se fait plus difficile, les azurs heurtent les mots sans réellement les lire.
Il faudra bien plusieurs et de longues minutes pour qu'enfin, péniblement, Dôn parvienne à prendre connaissance de l’entièreté de la lettre.
Quelques émotions font surface alors. Evidemment, qui pourrait être insensible devant une telle annonce, une telle révélation ? Les larmes ne viennent toujours pas, mais les rancœurs oui. Cela faisait une semaine entière qu'elle maudissait le Salar sur le fait qu'il n'ait pas avoir voulu reconnaître leurs fils, pour avoir laissé leur tout petit succomber sur la route, pour ne pas avoir fait le moindre effort de compréhension et surtout... Désormais, parce qu'il avait eu le courage de s'éliminer de lui même avant qu'elle ne puisse venir le faire à sa place.
C'est tout cela qui vient perturber l'esprit de la bretonne. La culpabilité était présente pour l'affaire concernant Tiern. Là, il n'y en a pas non. Comme l'auteur de ce pli le laisse deviner d'ailleurs, il ne souhaite pas lui attribuer pareille peine. Il se contente d'agir, et de lui laisser gérer l'ampleur des dégâts à la suite. Oui, collatéraux les dégâts. Qu'allait elle dire à Salomon, qui venait de voir choir son propre petit frère ? Qu'allait elle répondre à Aur ? Il lui fallait prendre la plume au plus vite.
Sans sortir de l'eau, l'encre s'élance.


Citation:

Aur,

Perdre votre père fait de vous un nouvel homme.
Cela fait de vous, tous, des êtres nouveaux.

Je n'ai pas de mots, non plus, pour vous apporter mon soutien avec la justesse qu'il faudrait en cet instant douloureux.
Equemont me fait savoir, qu'il me faut vous voir. J'en avais l'envie, voici désormais que le destin nous y oblige.

Je suis actuellement en Limousin, je pars très prochainement pour la Bourgogne.
Où êtes vous ? Puis-je vous retrouver ? Salomon, sera près de moi. Vous serez celui qui pourra panser ses peines, l'unique, je pense. Et j'espère qu'il aura lui aussi, ce rôle auprès de votre personne, ne serait-ce qu'un peu.

Faites moi vite savoir,
Que le très-haut vous épargne,
Dôn.


_________________
Lanceline
Mère, il a laissé ceci pour vous.

La Blonde prit le pli que lui tendait Aur et l'ouvrit. Il voulait la dédouaner, chose bien inutile parce qu'elle ne se sentait coupable de rien. Elle n'était certainement pas responsable de la folie -et du carreau- qui l'avait traversé.

« Je n’ai qu’un regret, celui de ne pas vous avoir assez fait l’amour, dans tous les sens du terme. »

Aurait-elle souri, à une autre époque ? Certainement. Elle aurait souri, peut-être même se serait-elle remise à pleurer un peu, mais là, tout était irréel pour la Blonde. En un autre temps, elle lui en aurait peut-être même voulu, mais là, plus rien. Le néant. C'en était même effrayant de constater ce vide qui l'enveloppait et l'habitait tout à la fois.


C’est pour Aloan. Maintenant je dois aller porter les autres plis à la poste royale pour qu’ils arrivent chez les destinataires. A moins que vous ne préfériez les donner vous-même à Ermelne et Yselda ?
- Je me chargerai de leur porter, en même temps que la nouvelle. Donnez-moi le tout, se vos plai.


Il venait de la tirer de sa contemplation, elle qui était prête à s'y perdre, et déjà elle tendait la main pour prendre le reste. Elle vit bien les plis qu'il tentait de lui cacher, et supposa qu'ils étaient pour Dôn et son fils. Peut-être qu'elle le pleurerait mieux que la Balafrée. Ou pas. Mais cette dernière s'en moquait bien, au final.

Bien. Il lui faudrait maintenant faire demi-tour, rentrer chez soi, et expliquer l'inexplicable aux enfants du Salar.

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Aur_
Il fallait maintenant mettre son père en terre. Ainsi donc, une caisse de bois était porté par des hommes vêtus de sombre. Il fallait d'abord passer par l'église et ce fut l'église Saint-Merri qui fut choisie, puisque paroissiale, pour cette célébration. Bien que l'édifice soit grand et froid, l'hoir Salar ne le percevait pas, concentré sur cette caisse de bois où tout semblait se terminer. Le corps fut posé au pied du choeur. L'office fut court et Aur se laissa porter par le chant du prêtre. Cela passa beaucoup plus rapidement qu'il ne l'avait escompté. Il sortit cette fois derrière le prêtre qui lui-même suivait le corps, direction le cimetière. On y avait préparé un caveau sobre où était inscrit le nom du défunt.

CI GIT EQUEMONT DU SALAR
SIC TRANSIT GLORIA MUNDI


Ainsi passe la gloire du monde. Un roi devient aussi poussière, quelques soient les artifices invoqués pour tenter de le cacher. La pierre fut refermée et Aur, après s'être signé quitta le cimetière. C'était terminé.

Le calme était revenu dans l'hôtel particulier. Il se mit à rédiger un certain nombre de courrier pour la Bretagne, pour la Lorraine et enfin pour le Limousin.


Citation:
Chère Dana,

C'est fait, le Salar a été mis en terre pour toujours. Je me suis senti comme seul pour l'y accompagner. C'est terrifiant de se dire que si par hasard je n'avais été là, il aurait été seul pour ce dernier voyage. Nos vies peuvent se résumer à çà. Au final, il n'avait plus personne pour l'aimer, et ce doit être pour cette raison que tout s'est terminé aussitôt. Certainement, il a dû m'éloigner pour ne pas que je puisse le voir sombrer. Je suis triste, terriblement triste de voir tout cela. J'espère juste que ce sentiment ne se transforme pas en haine. C'est pour cette raison que j'ai décidé de partir sous peu en Lorraine pour me vider l'esprit en servant un duc. Il faut bien s'occuper, à dire vrai. Nous pourrions tacher de nous voir pour que je vous donne Justice, l'épée qui revient à mon frère Salomon. Dites-moi si c'est faisable.

Je vais vendre l'hôtel Salar à Paris, cela ne sert à rien de garder un immeuble dans cette ville maudite qui n'aura donné que la mort à notre famille.

Bon voyage,
Aur


Il hésita un instant, puis finit par sceller avec le sceau d'Equemont. C'était lui maintenant le Salar.

Citation:



edit pour cohérence rp
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Don.
Soubresaut retenu.
Nue, les jambes entrelacées à celles du géant qui lui avait prouvé sa rudesse toute la durée d'une nuit, la Dôna sent son palpitant manquer un battement lorsqu'elle reconnaît le scel des Salar.
L'éveil n'était pas clairement engagé et c'est seulement après s'être extirpée de sa couche que la jeune femme réalise qu'Aur pouvait être l'auteur du pli, qu'elle ouvre consciencieusement avant d'en prendre enfin connaissance.
Il répondait finalement à la favorable, et lui proposait d'ailleurs le même projet.




Citation:
Aur,

Sachez, que je suis de tout cœur avec vous. Que mes pensées solidaires, vous sont dédiées et qu'il m'est évident d'imaginer combien vous avez dû souffrir, combien vous souffrez, en bon accompagnateur du Salar, lors de son dernier voyage.
Pensez bien qu'il m'aurait été difficile d'imposer ma présence, auprès de lui, de vous, alors que nos derniers rapports n'ont guère été bons.
Toutefois, si je n'ai pu être là pour lui, je pense que l'être pour vous est plausible. Vous avez d'ores et déjà toute mon attention et mon soutien, si vous en avez besoin, n'hésitez pas à solliciter mon aide.

Je suis actuellement sur Bourganeuf et je remonte progressivement en Bourgogne, comme prévu.
Langres - en annexe il me semble - est une ville, que je vais devoir visiter sous peu, afin de récupérer un triste héritage. Peut-être pourrions nous prévoir de nous y retrouver ?

Je peux vous prévenir dès mon arrivée proche, ainsi vous auriez le temps de vous préparer pour nos retrouvailles.

N'hésitez pas à m'écrire, donc.
Et tenez moi au courant, surtout.

Gant ma gwellañ soñjoù*,

Dôn.





Avec mes meilleures pensées *

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