Don.
" Vous allez le regretter Dana, lorsque vous ne pourrez plus le lui dire.
- Quoi ?
- Que vous l'aimez. Et qu'il vous aime encore, il va le dire aussi.
- Il a sa vie. Sa compagne. Leur fils. Je ne suis plus qu'un vilain souvenir, Amarante.
- Vous êtes sa fille, il ne va pas vous oublier comme ça.
- Nous étions en froid.
- Dana ! Ecrivez lui ! Et sans intermédiaire. Vous devez penser à vous un peu. "
Mais Dana n'a pas la force d'adresser un mot à son père, tout du moins il n'aura pas la primeur.
Le silence lui paraît capable de s'écouler, il est un temps, un temps qui lui paraît long, presque interminable. Face à ce vélin vierge, la jeune femme retrouve son statut d'orpheline. Muettes, les lippes tremblantes se mordent entre-elles. Les azurs disparaissent sous une pupille dilatée.
Le pardon. La compréhension. Tout ceci paraît si désuet après tant d'années, mais un petit être importe, il est le lien qui peut permettre à la Kerdraon de replonger, de retrouver. Il doit être celui qui fera la différence. Cette différence qu'elle attend depuis des automnes, et des hivers, cette différence qu'elle espérait venir d'eux. D'elle, de lui et qui pourtant sera celle de son audace personnelle.
Dis papa, est-ce que tu m'aimes... Encore ?
- Quoi ?
- Que vous l'aimez. Et qu'il vous aime encore, il va le dire aussi.
- Il a sa vie. Sa compagne. Leur fils. Je ne suis plus qu'un vilain souvenir, Amarante.
- Vous êtes sa fille, il ne va pas vous oublier comme ça.
- Nous étions en froid.
- Dana ! Ecrivez lui ! Et sans intermédiaire. Vous devez penser à vous un peu. "
Mais Dana n'a pas la force d'adresser un mot à son père, tout du moins il n'aura pas la primeur.
Le silence lui paraît capable de s'écouler, il est un temps, un temps qui lui paraît long, presque interminable. Face à ce vélin vierge, la jeune femme retrouve son statut d'orpheline. Muettes, les lippes tremblantes se mordent entre-elles. Les azurs disparaissent sous une pupille dilatée.
Le pardon. La compréhension. Tout ceci paraît si désuet après tant d'années, mais un petit être importe, il est le lien qui peut permettre à la Kerdraon de replonger, de retrouver. Il doit être celui qui fera la différence. Cette différence qu'elle attend depuis des automnes, et des hivers, cette différence qu'elle espérait venir d'eux. D'elle, de lui et qui pourtant sera celle de son audace personnelle.
Dis papa, est-ce que tu m'aimes... Encore ?
Citation:
Dôn ap Maëlweg de Kerdraon,
"Aux Gorges Chaudes - l'Origine"
Limoges - LIMOUSIN.
Azylys,
De quelle façon aurais-je dû débuter ce courrier ? Vous êtes très certainement étonnée, là, à lire mes mots, découvrir mon écrire et mon nom.
Pourtant, je ne suis pas une grande adepte des surprises. Je m'y prends toujours mal, je révèle avant même de réussir à susciter l'interrogation sur le visage de mes interlocuteurs. Une fois de plus n'est pas coutume, et je compte éviter une introduction trop poussée afin de venir au vif sujet de ma lettre, le plus rapidement possible. Il est vain de vous faire perdre votre temps, et le mien par la même occasion.
Nous n'avons pas toujours été en bons termes. Pour tout dire, JE n'étais pas en bon terme avec vous. Vous étiez aimable, douce, à l'écoute, toujours avenante alors que j'étais, une fois la révélation passée, d'une froideur extrême. Vous aviez déniaisé mon frère, Azylys. Vous aviez touché au seul être qui avait à cette époque, toute mon attention et qui me donnait en retour, la sienne. Vous aviez osé pervertir l'être qu'il était, m'arracher à ses pensées, à son coeur et plus encore.
Il m'avait fait la promesse de ne plus vous toucher, et vous auriez dû garder le rang qui était le votre. Je sais qu'il vous a cédé plusieurs fois ensuite, malgré ce qu'il avait pu jurer. J'étais loin, mais informée. Vous étiez le garde de mon père, l'amie de ma mère. Comment aurais-je pu comprendre ? Espériez vous que le lien, qui m'unissait à Myrdinn pouvait être effacé ? Échangé contre le votre ? Plus passionnel, j'entends mais pas plus étroit.
J'aurais pu pardonner.
Mais lorsque j'ai su que ma mère pleurait le départ d'un mari infidèle, lorsque j'ai appris qu'une femme était grosse de lui, laissant derrière elle les dégâts d'une famille brisée, lorsque j'ai su que cette femme, c'était vous. Je n'ai pu vous accorder le bénéfice du doute.
Pourtant, je crois que je ne vous déteste plus. Les années ont su m'infliger réflexion. Jamais il ne me sera possible de comprendre vos actes, ni ceux de Grand Sage. Jamais ne pourra être rattrapé le passé, qui fuit toujours un peu plus loin de nous, chaque jour. Mais je veux connaître l'enfant, il est ma famille, il est mon frère aussi et j'estime avoir le droit de faire sa connaissance.
Vous serez libre de ne guère vouloir m'approcher.
Vous serez libre de retenir le patriarche des Kerdraon, car s'il n'est plus en Bretagne, il reste le père d'une grande fratrie.
Vous serez libre de penser ce qu'il vous plaira.
Mais laissez moi voir mon frère. Donnez moi son nom, et dites moi s'il est aussi beau que l'était Myrdinn. Il l'est, sans doute. J'imagine cet enfant brun, comme père et frère. Ses yeux sont-ils bleus ? Décrivez moi ce bout de nous, en attendant de me donner l'adresse où je pourrais enfin le découvrir.
Répondez,
Dôn MdK-SdK.
"Aux Gorges Chaudes - l'Origine"
Limoges - LIMOUSIN.
Azylys,
De quelle façon aurais-je dû débuter ce courrier ? Vous êtes très certainement étonnée, là, à lire mes mots, découvrir mon écrire et mon nom.
Pourtant, je ne suis pas une grande adepte des surprises. Je m'y prends toujours mal, je révèle avant même de réussir à susciter l'interrogation sur le visage de mes interlocuteurs. Une fois de plus n'est pas coutume, et je compte éviter une introduction trop poussée afin de venir au vif sujet de ma lettre, le plus rapidement possible. Il est vain de vous faire perdre votre temps, et le mien par la même occasion.
Nous n'avons pas toujours été en bons termes. Pour tout dire, JE n'étais pas en bon terme avec vous. Vous étiez aimable, douce, à l'écoute, toujours avenante alors que j'étais, une fois la révélation passée, d'une froideur extrême. Vous aviez déniaisé mon frère, Azylys. Vous aviez touché au seul être qui avait à cette époque, toute mon attention et qui me donnait en retour, la sienne. Vous aviez osé pervertir l'être qu'il était, m'arracher à ses pensées, à son coeur et plus encore.
Il m'avait fait la promesse de ne plus vous toucher, et vous auriez dû garder le rang qui était le votre. Je sais qu'il vous a cédé plusieurs fois ensuite, malgré ce qu'il avait pu jurer. J'étais loin, mais informée. Vous étiez le garde de mon père, l'amie de ma mère. Comment aurais-je pu comprendre ? Espériez vous que le lien, qui m'unissait à Myrdinn pouvait être effacé ? Échangé contre le votre ? Plus passionnel, j'entends mais pas plus étroit.
J'aurais pu pardonner.
Mais lorsque j'ai su que ma mère pleurait le départ d'un mari infidèle, lorsque j'ai appris qu'une femme était grosse de lui, laissant derrière elle les dégâts d'une famille brisée, lorsque j'ai su que cette femme, c'était vous. Je n'ai pu vous accorder le bénéfice du doute.
Pourtant, je crois que je ne vous déteste plus. Les années ont su m'infliger réflexion. Jamais il ne me sera possible de comprendre vos actes, ni ceux de Grand Sage. Jamais ne pourra être rattrapé le passé, qui fuit toujours un peu plus loin de nous, chaque jour. Mais je veux connaître l'enfant, il est ma famille, il est mon frère aussi et j'estime avoir le droit de faire sa connaissance.
Vous serez libre de ne guère vouloir m'approcher.
Vous serez libre de retenir le patriarche des Kerdraon, car s'il n'est plus en Bretagne, il reste le père d'une grande fratrie.
Vous serez libre de penser ce qu'il vous plaira.
Mais laissez moi voir mon frère. Donnez moi son nom, et dites moi s'il est aussi beau que l'était Myrdinn. Il l'est, sans doute. J'imagine cet enfant brun, comme père et frère. Ses yeux sont-ils bleus ? Décrivez moi ce bout de nous, en attendant de me donner l'adresse où je pourrais enfin le découvrir.
Répondez,
Dôn MdK-SdK.
Et plus tard, car le courage n'attend finalement pas.
Citation:
Princesse Cosson,
A toi, papa.
Je t'aime.
D.
A toi, papa.
Je t'aime.
D.
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