Leorique
Béarn. Ses paysages escarpés troublants, et ses longues plaines boisées, au pied d'une montagne majestueuse. Depuis qu'il y était arrivé, Leorique avait été saisi d'une étrange humeur. Trop semblable au paysage qui l'avait vu grandir non loin d'ici l'avait emplie d'une légère nostalgie qui s'était bien empêtrée des sentiments et émotions complexes que lui avait fourni une fin de voyage placé sous le signe de la mélancolie joyeuse. Un printemps naissant commençait à faire fleurir des lumières opalescentes sur les fleurs, sur la végétation qui séveillait d'un hiver plaisant. Heureusement avec les beaux jours qui se profilaient à l'horizon, les inquiétudes et réflexions du jeune marin s'étaient apaisées pour laisser placer à une tranquille, mais toute relative paix de l'esprit.
L'objet de ses attentions avait voyagé à ses côtés pour la majeure partie du trajet, et s'il avait veillé sur cette amie, ce n'était pas parce que Leorique la considérait comme faible, bien au contraire il estimait sa force de caractère, c'était juste parce qu'elle prenait de plus en plus d'importance à ses yeux. Ils avaient décidé ensemble, au milieu du voyage que, quand ils débarqueraient à Pau, ils séclipseraient tous les deux pour le temps d'une promenade le long d'un des plus jolis cours d'eau de la région, ainsi que des quelques forêts et bois qui l'avoisinaient. Ce projet n'avait pas été annulé ni changé malgré les nombreux changements qu'il aurait pu y avoir. Par contre, la situation des deux amis avait été légèrement modifiée.
Un rendez-vous, donc. Avec Dôn, belle Bretonne manchote qui était devenue amie précieuse à ses yeux. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait eu ce genre d'occasion avec quiconque et malgré l'assurance dont il pouvait parfois faire preuve, il s'en sentait un peu troublé. L'ancien marin avait donc préparé soigneusement la chose avec une fébrilité qui lui était peu coutumière, en partant repérer un peu sommairement les lieux. Il avait aussi acheté une bouteille de vin fruité et léger de la région, deux gobelets simples en terre cuite et avait rangé le tout méticuleusement dans un sac en toile. Il avait laissé le soin à la jeune bretonne d'apporter de quoi se restaurer.
Pour l'occasion il avait d'ailleurs poussé un peu le vice jusquà se mettre un peu plus en valeur. Lavé, rasé de près, récuré et bien habillé. Une partie de son inconscient essayait pourtant de lui souffler inutilement qu'il se comportait presque comme un Leorique adolescent la veille du premier rendez-vous amoureux. C'est un jeune marin confiant, mais malgré lui presque nerveux qui se dirigea vers donc le lieu du rendez-vous.
Sa chevelure noire et longue était peignée, mais sans trop dexcès. Vêtu d'une chemise de bonne facture d'un gris sombre avec quelques discrètes dorures effacées, le pressentant un peu plus élégant que d'habitude tout en restant très simple, il n'avait que peu d'habits et n'était pas riche. Ses yeux verts brillaient d'une joie très simple, appréciant la belle journée qui s'affichait ainsi que l'anticipation de la promenade avec Dôn.
Malgré lui, la sarabande de ses pensées était repartie en une marche effrénée durant le trajet. Dans sa dernière lettre, il avait finalement répondu à cette question audacieuse de la Bretonne. Sauf que maintenant, même s'il savait que cela ne changerait pas en mal leur relation, elle était libre et cela changeait finalement beaucoup de chose. Sébrouant un peu de ces pensées envahissantes, il décida de les laisser soigneusement, avec grande difficulté, dans un côté sombre et oublié de son esprit pour le moment. Il agirait de la manière la plus naturelle qui lui viendrait lors de cette promenade, appréciant, profitant de la présence de la jeune brune qui le troublait parfois. C'était pour le mieux, l'insouciance, ici, aujourd'hui, avait peut-être sa place.
Arrivé au côté d'un arbre, non loin de ce cours d'eau agréable qu'on appelait le gave, il attendait patiemment. C'était le lieu, et presque l'heure sur lesquelles ils s'étaient accordés pour le début de la promenade. Bien sûr, le jeune hômme était arrivé bien en avance, après tout, les femmes souvent aimaient se faire désirer.
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merci à JD Dôn pour la bannière et l'avatar