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[RP] Un lévrier au sang bleu pour les gouverner tous

L_aconit
    [Perigueux, avril 1466]


Nicolas, Salomon et un vélin.

- Là, Salomon rédigez belle lettre pour votre évêque. Appliquez-vous, il faudra que les moines copieurs puissent le déchiffrer et en faire d'innombrables exemplaires que les enfants de choeur diffuserons sur les parvis de toutes les paroisses de France.

- Vous n'avez pas changé d'avis Monseigneur?

- Non. Pourquoi? Il faudrait?

- Hé bien c'est qu'un lévrier.. D'un beau sang coûterai par ma foi plus de mille cinq cent écus! A vue de houlette.

- Gast, Monseigneur Lotx part bien s'acheter un bateau avec le trésor épiscopal! Alors qu'il n'y a pas de fleuves en Périgord!

- ...

- Ah, voilà. Je savais que vous vous rangeriez de mon côté. Je viens d'être nommé évêque, j'exige un lévrier. Et j'ai même quelques petites préférences, puisqu'après tout Lotx le verra de très près lorsqu'il tentera de vider de nouveau MA cave. Si les prélats n'ont pas le droit d'avoir une vie de plaisirs, laissons-leur au moins le loisir d'être dépensiers avec l'argent des pauvres gens ! Ecrivez plutot.


Citation:


𝕻𝖆𝖑𝖆𝖎𝖘 𝖊́𝖕𝖎𝖘𝖈𝖔𝖕𝖆𝖑 𝖉𝖊 𝕻𝖊𝖗𝖎𝖌𝖚𝖊𝖚𝖝


    "Qu'il soit su des bons nobles de France qu'afin de garder la culotte relique de sainte Hildy,
    la cave épiscopale et le Saint Bocal du palais épiscopal de Périgueux,
    le diocèse de Périgueux recherche un Lévrier royal de belle naissance,
    bringé de préférence, port de tête altier et queue bien raide préférés.

    Si quelques chenils ou veneurs se trouvent en possession d'un tel spécimen,
    merci de contacter l'évêque Faust Nicolas de Montfort Toxandrie.
    La recherche étant quelque peu urgente.

    Fait à Périgueux,
    le douzième jour du quatrième mois de l'an mil quatre cent soixante six.


    𝔐𝔤𝔯 𝔐𝔬𝔫𝔱𝔣𝔬𝔯𝔱 𝔗𝔬𝔵𝔞𝔫𝔡𝔯𝔦𝔢


C'était vrai quoi. Pas question que Lotx revienne avec son galion avant qu'il n'ait son chien. Il se pencha sur l'écrit... Et pointa une erreur.


- Vous avez mis un "S" à la fin du mot queue.

- Il ne fallait pas?

- Mais non allons. Une c'est bien suffisant. D'ailleurs, j'espère que nous aurons quelques réponses et de beaux candidats. .


Faust Nicolas s'accouda à la fenêtre, pensif, observant dehors, Lotx déménageant ses affaires. Une montagne de choses aussi clinquantes que tapageuses et en nombre bien élevé pour un nabot de si petite taille... Quelque chose à compenser, forcément. Quel apaisement de le voir quitter le palais ! Adieu les visites nocturnes... Du moins le temps d'aller dilapider l'argent de l'église... Cette lubie de bateau tournait à l'obsession, au moins se payer un chien de luxe était bien plus raisonnable... Faust Nicolas allait enfin pouvoir abolir le règne du Rose, et le remplacer par la suprématie du Bleu.
_________________

Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil

Dernière édition par L_aconit le 30 Avr 2018 10:53; édité 2 fois


















Citation:
































Erwelyn
La princesse était revenue au bercail après de longs mois d'errance dans les châteaux du royaume de France. Après avoir grimpé dans une armée en Bourgogne, tracé dans le Sud pour tomber sur un Clichy bien taquin lors de leurs heures interminables de discussions nocturnes, sauté à nouveau dans son armée pour y bouter du Namay, remonté les chemins vers le Limousin pour y croiser sa filleule et petite-fille et enfin passé du temps avec les poneys, la Corleone avait enfin posé ses roses poulaines en Orléans près de sa mesnie. Retrouvés le douillet lit princier et les bras chaleureux de son époux. Retrouvés les enfants braillards, les poneys batifolant dans la campagne environnante, les soirées à picoler de la liqueur de poire sans se soucier de la route du lendemain. Bref, Lynette se détendait depuis quelques jours, un peu plus fraîche et dispo et de bon poil. Son sourire avait refait surface après cet hiver bien trop long et déprimant.

Le poney rose bullait donc, fessier princier posé délicatement sur un fauteuil de couleur incarnat, lorsqu'un jeune page vint la trouver pour lui lire une annonce circulant dans tout le royaume. C'est que pour le premier secrétaire d'état, il était important de se tenir au courant de tous les potins et autres informations se déroulant dans les provinces. Souvent, elle n'arrivait pas à suivre, d'ailleurs, et à rajouter à ça sa mémoire défaillante, il y avait des choses qui passaient à la trappe. Aussi, quelle idée de nommer une femme comme elle à la tête d'un tel office ! Certains devaient s'en mordre les doigts jusqu'aux phalanges. Écoutant d'une oreille le contenu, elle se redressa soudain, intéressée.


Le courrier arrive du Périgord, dis-tu ? Relis-le doucement, que je m'imprègne de tous les détails.

C'est qu'elle y était il y a peu, comme quoi le hasard faisait bien les choses. Et en terme de hasard, le couple de lévriers acheté par les Amahir quelques années auparavant et qui avait fait des petits arrangeait bien les choses également. Habituellement, c'était plutôt Lexhor qui gérait les cordons de la bourse, Lynette étant d'une part un panier percé, et d'autre part une bille en économie et en terme de chiffres. Mais sur ce coup-là, elle comptait bien prouver à son époux qu'elle en avait dans le ciboulot et qu'elle pouvait leur faire rentrer un peu d'argent. Sourire aux lèvres, la princesse se releva pour se rendre en son bureau, traversant pour ça une bonne partie du château ducal où le couple s'était installé pour le printemps. Et un courrier partit en direction du Périgord.

Citation:
De moi, Erwelyn d'Amahir-Corleone & Jeneffe, Princesse de Montlhéry, Comtesse d'Evron, Duchesse d'Alluyes, Baronne d'Auneau, de Château Landon, de Montereau-fault-Yonne et de Yèvre-le-Chastel, Dame de Château-Renault et de Saint Antoine de Rochefort,
A vous, Monseigneur Faust Nicolas de Montfort Toxandrie,


    Salutations,

    ma plume princière caresse le vélin de bonne facture qui glisse sous vos doigts épiscopaux pour répondre au message désespéré qui est parvenu jusqu'en Orléans.
    Ainsi, vous recherchez un lévrier de bonne naissance, bien fait, port altier et tout le tralala. Sachez qu'en notre chenil, au sein de notre principauté, se trouve votre perle rare. Mais il faudra y mettre le prix, bien évidemment.

    Faites-moi porter missive si vous souhaitez en savoir plus.
    E.A.C.J.


Fait à Orléans, le treizième jour du mois d'avril de l'an de grâce quatorze-cent soixante-six


Oui, les pigeons sont quand même super rapides pour l'époque !
_________________








Citation:
















L_aconit
- Monseigneur, Monseigneur !

Ah qu'il aimait entendre ce titre, quand c'était pour s'adresser à lui. Il fit de fait exprès de ne pas avoir entendu, pour écouter la petite voix de Salomon réitérer l'extatique expérience. Après tout, il avait tout abandonné - ou presque hum - à l'église! Il pouvait bien avoir une petite satisfaction ou deux... Hors de question d'avoir fait tant de sacrifices pour des clous.


- Monseigneuuuuuuuuuuuur!

L'enfant agitait le pli sous le nez du plus jeune prélat de France. Impossible de continuer de l'ignorer plus longtemps, il était déjà à deux doigts d'éternuer.


- Le chien! C'est le chien !
- Diantre. Dejà? Le Lévrier, vous voulez-dire. Ne mélangeons pas les morpions et les serviettes.


Il se gratta le crâne, perplexe. Les services postaux étaient vraiment des plus efficace en dehors du Perigord. A se demander si Theodoric n'était pas derrière les retards et égarement de courriers entre le diocèse de Périgueux et celui d'Angoulême. Ce n'était pas comme si les relations périgo-angoumoisines étaient vraiment cordiales!

- Ce n'serait pas encore un coup fourré des enfants de choeur de Théodo...Oh. Mon dieu. Il est mort c'est vrai. Paix à son âme.


Il se signa, prenant le pli et l'ouvrant avec précaution puis entama la lecture avec avidité.


- Ha! On a trouvé l'animal de mes rêves! Il est ... En Orléans?

Ou comment retomber comme un soufflé de chouquettes. Si loin? Il inspira, une petite moue contrariée aux lèvres.

- Bien, bien... Ma foi... Je vais envoyer quelqu'un. Que faire? Je ne peux guère sortir du palais épiscopal... Mon voyage en Bretagne m'a déjà fait perdre un mois, à mon retour les femmes pleuraient seins nus devant le confessionnal et leur époux ne savaient plus comment épancher leur soif de confessions, on raconte même que certains sont devenus sourds. Vous me direz, au moins eux n'entendront plus theodo... .Oh. Mon dieu. Il est mort c'est vrai. Paix à son âme.

Le petit oblat n'avait pas pipé mot depuis plus de deux minute. Fait assez exceptionnel qui souleva la méfiance de l'Aconit.


- Ce n'est pas une farce, n'est-ce pas?
- Non Monseigneur! C'est arrivé par un messager avec une drôle d'accent.
- Pas périgourdin, tu veux dire.
- Pas périgourdin, non.
-Angoumoisin?
- Grand dieux, non monseigneur!
- Parfait ! Je vais y répondre alors. Et trouver quelqu'un pour aller le chercher à ma place!

Citation:


    A vous Erwelyn d'Amahir-Corleone & Jeneffe,
    Princesse de Montlhéry,
    Comtesse d'Evron,
    Duchesse d'Alluyes,
    Baronne d'Auneau,
    de Château Landon,
    de Montereau-fault-Yonne,
    de Yèvre-le-Chastel,
    Dame de Château-Renault,
    de Saint Antoine de Rochefort,

    Le bonjour vous va! Vous avez la perle du Périgord, j'envoie de ce pas quelqu'un la chercher. Lui laisse une caissette de mil cinq cent écus, et escorte, afin de faire parvenir à bon port cet élégant animal. Ce prix conviendra-t-il? J'espère qu'il a la truffe humide et l'oeil vif. Monthléry verra bientôt mon envoyé arriver.

    Mgr Montfort Toxandrie


- Plus long, le nom. Par dieu, y-a-t-il un titre qu'elle n'ait pas? Sûr que ce n'est pas de lévrier de pécore! Lotx en sera vert. C'est beau le vert. C'est une couleur complémentaire du rose...

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil

Dernière édition par L_aconit le 30 Avr 2018 10:54; édité 1 fois
































Citation:























L_aconit
Et qui furent les heureux élus ? Alphonse. Et pierre, bien sûr. Il avait été pour Faust une bien sûre escorte jusque là. Alors tout naturellement...




Citation:
À Pierre
Objet escort boy.

    Pierre.

    J'ai besoin de vos services.

    Sauriez vous être à Perigueux au 21 avril pour escorter un ami à moi vers Orléans?

    Bien à vous,

    Faust Nicolas Montfort Toxandrie.



Citation:
De Pierre
Objet Re: escort boy.

    Faust Nicolas,

    Nous approchons Périgueux. Je vais voir si je suis encore dans les parages à ce moment-là, selon la rémunération que vous m'agiterez sous le nez.
    Votre ami est-il moins casse-burnes qu'Isaure ? Si c'est non, c'est un oui.

    Pierre




Citation:
À Pierre
Objet Re: Re: escort boy.

    Pierre. Il est simplement parfait. Il s'appelle Alphonse et doit aller chez une princesse me chercher un lévrier. 500 écus vous conviendraient?

    Il devra transporter sans encombre le chien et la caissette de 1500 ecus qui va avec. Peut être qu'une autre personne costaude devrait vous accompagner? Il serait payé également. Même deux personnes... Tout le chargement m'est extrêmement précieux, voyageur compris.

    À vous lire

    Bien à vous.

    Faust Nicolas.



Citation:

De Pierre
Objet Re: Re: Re: escort boy.

    Je trouverai des bras supplémentaires d'ici le départ. Vos biens et votre homme seront en sécurité. Le clébard restera en cage, c'est non négociable. Ainsi, il ne risquera pas de s'échapper.

    P.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil





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Erwelyn
Douce lecture que cette ribambelle de titres et de fiefs étirée sur le vélin. Parfois, Erwelyn lançait l'idée folle à son époux de rendre tout, de tirer une croix sur la noblesse afin de partir vivre d'amour et d'eau fraîche. Car la simplicité de sa vie d'avant lui manquait. Ou était-ce simplement le fait d'imaginer replonger dans une jeunesse perdue à tout jamais... Lexhor savait cependant trouver les mots justes pour l'en dissuader, car après tout, ils avaient déjà l'amour et l'eau fraîche était à portée de mains dans les ruisseaux et étangs d'à côté, sur leurs terres.
Les coursiers, en tout cas, allaient bon train au sein du royaume malgré les nombreux conflits éclatant un peu partout. Les leurs étaient payés grassement, aussi la Corleone espérait bien qu'ils se bougent le trognon pour rapidement délivrer les messages partant aux quatre coins de la France. Au milieu de missives portant le sceau du Premier Secrétaire d’État, la dernière en date prit à nouveau le chemin du Périgord, après quelques instants de réflexion menée à la fenêtre, admirant les jardins se parant de couleurs printanières.


Mille cinq cent écus, est-ce assez ? Peut-être qu'il faudrait que je négocie à plus haut ?

C'est que, pour l'heure, son époux n'avait pas encore été mis au courant. Ce marché était une surprise pour lui prouver son talent de négociatrice. Aussi, c'est seulement lorsque le coffret serait plein et la cage dudit chien vide qu'elle pourrait crier victoire et lui annoncer la nouvelle.

Mon foie, je serais prête à payer beaucoup plus pour un poney... mais un poney, c'est mille fois plus estimable qu'un simple chien. Cornecul, je préfère vraiment la diplomatie à ces histoires d'argent !

Citation:
De moi, E.A.C.J,
A vous, Monseigneur Montfort Toxandrie,


    Salutations,

    marché conclu ! Mille cinq cent écus me semble être un prix convenable pour un animal de cette qualité. Il vous attend à Montlhéry et continuera à être bien soigné jusqu'à l'arrivée de votre escorte.
    Portez à ma connaissance le nom des voyageurs, qu'on leur fasse bon accueil en Domaine Royal où nous possédons de nombreuses terres avec mon époux et sommes vassaux de Sa Majesté.

    Votre première annonce indiquait qu'elle fut rédigée en Périgord et vous êtes évêque, j'imagine que vous côtoyez Monseigneur quasiprincesse Lotx ? C'est un ami, il a même officié à mon mariage il y a quelques années. En sus du lévrier, votre escorte pourra repartir en direction du Périgord avec un poney rose de notre élevage, libre aux poneys de décider à qui il ira. Sachez également que je suis la cheffe incontestée des poneys roses, et ce malgré tout ce que l'on pourra vous dire de contraire à ce sujet.

    Ceci dit, je suis bien aise d'avoir négocié avec vous.


Cordialement.

_________________









Citation:















L_aconit
Bien. il ne restait qu'à prévenir le principal concerné accessoirement: Alphonse Tabouret.

Oui, qui mieux qu'Alphonse pour aller frayer avec un couple princier? Et lui ramener ce chien tant convoité...


Citation:
    Alphonse,

    Mon annonce a rencontré son public. Le chien semble m'attendre à Orléans dans la principeauté de
    Montlhéry, chez la princesse Erwelyn d'Amahir-Corleone & Jeneffe. Si tu es toujours d'accord pour me rendre ce service et te déplacer à ma place, sache que j'ai la meilleure escorte qui soit pour t'accompagner et éviter qu'il ne t'arrive quoi que ce soit de fâcheux avec un tel chargement, à savoir le prix de l'animal ( 1500 écus ) et l'animal en lui même, un beau lévrier royal.... Ladite escorte s'appelle Pierre le muet ( mais pas idiot ) qui m'a déjà escorté en Bretagne, et peut être que tu auras le plaisir de souffrir aussi de la douce compagnie d'Isaure et de ses amis...

    Tout est réglé d'avance. Ne m'en veux pas.

    Faust.


Bon, pour le poney, il n'en dirait mot. Il ne s'agissait pas d'essuyer le refus de Pierre de voyager avec une ménagerie... Si près du but !



Citation:


    A vous Erwelyn d'Amahir-Corleone & Jeneffe,
    Princesse de Montlhéry,
    Comtesse d'Evron,
    Duchesse d'Alluyes,
    Baronne d'Auneau,
    de Château Landon,
    de Montereau-fault-Yonne,
    de Yèvre-le-Chastel,
    Dame de Château-Renault,
    de Saint Antoine de Rochefort,

    Bonjour,

    En effet, je connais bien Monseigneur Lotx pour en avoir été sa victime son élève en Périgord, mais il prend une retraite inespérée nécessaire avec bateau et ... Enfin! Oui, je le connais. Quant au Poney, je vous remercie, mais ne vous sentez vraiment pas obligée.

    Dieu vous garde,

    Mgr Faust Nicolas de Montfort Toxandrie

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil

Dernière édition par L_aconit le 30 Avr 2018 10:55; édité 1 fois





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Alphonse_tabouret
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Faust,



Tu as choisi un amant dont les chemins sont faits d’envies tout autant que de devoirs. L’Orléans sans nul doute, possèdera de quoi compléter mon carnet d’adresses en plus de te combler ; je ne saurais, de plus, pas me priver du plaisir de te voir remuer la queue à mon retour.

J’irai chercher ton chien, au bras de qui tu veux. Pierre, muet comme tu me l’as décrit, sera certainement de bonne compagnie. Tu connais ma propension naturelle à la discussion et aux débats animés ; à nous deux nous serons immanquablement le duo le plus irrésistible que les routes aient pu abriter.
Quant à la compagnie d’Isaure et de ses amis, je m’en réjouis si elle se concrétise et saurai en prendre soin. Je sais à quel point tu tiens à elle. Assure-lui mon sourire et mon application dévouée à ne lui faire boire que des jus de fruits si cela devait la convaincre.

Alphonse


_________________
Citation:















Alphonse_tabouret
Citation:
Sorcière,

Vous souvenez-vous des neiges et des bourgeons ?
Ils m’ont laissé, au travers du temps et du silence, la mémoire de la magie noire et de leurs lumignons consumés.

Dépoussiérez vos grimoires, Corleone, le destin nous réunit de nouveau, après bien des années à n’avoir hurlé à la lune en votre compagnie, ni entendu votre rire greloter aux vents; le jeune évêque qui vous a commandé un chien m’a compté du convoi partant sous peu vers vous.
Je serai sur vos terres à la fin du mois je l’espère.
M’y ferez-vous bon accueil ?

Lupin


Citation:

Lupin,

je me souviens de tout...
De la chaleur de votre voix s'envolant dans ce froid hiémal, de la douceur de vos mains réchauffant mes tristes pensées.
Je me souviens de tout...
De la neige crissant sous nos pas dans cette forêt perdue, aux coups de minuit sonnant le glas dans les rues parisiennes.

Mes terres vous ouvriront les bras. Je vous ferai découvrir les chemins serpentant dans les sous-bois, les bourgeons pointant leur nez aux premiers rayons du soleil. Mes grimoires dorment depuis bien trop longtemps, ils méritent de sortir de l'ombre pour nous voir hurler à la lune.

Au destin farceur, j'envoie mes remerciements. L'accueil sera bon, à n'en point douter.

Sorcière






Périgueux dans le dos finissait de disparaitre à la nuit et en s’y retournant, l’on n’y discernait plus que quelques halos diffus, lucioles perdues mouchetant la façade du Palais ducal, et la rondeur d’une tour fendue sous un halo de lune.
Au pas régulier de l’alezan brulé lui servant de monture, tête obstruée de nuées blanches, Alphonse s’astreignait aux rassurantes rigueurs des fiertés solitaires, yeux rivés sur les ombres denses bordant la route, bravant les mélancolies nouvelles qui lui ceignaient le ventre ; çà et là, arbres nouvellement rempaillés agitaient leurs branches feuillues pour allonger la nuit aux silhouettes de la petite troupe et semblaient se jouer, au vent passant, du plomb qui lui ceignait les os.
Saint Front et ses courbes, sirènes polychromes aux chants métalliques n’avaient pas encore sonné ; une heure n’était pas passée et accusait pourtant la lenteur des temps fracturés. Dans la pochette de cuir, pulsait, virale, symptomatique, la dernière lettre de Faust.




    Alphonse, à l'heure où tu liras ces mots, je serai parti.

    Pourtant, pourtant... Pose le nez à ton écharpe. J'ai fais ce que tu m'as demandé. Je suis docile, jusqu'aux reins. Je l'ai emplie de moi. De mon odeur. Je l'ai frottée à mon corps, tendu, fourbu de toi. Souvent. Parfois avant, parfois après que tu m'aies aimé, fort, bien, durement ou plus doucement. J'en ai humé toutes les nuances, pour être sûr qu'elle te plaise. Elle t'enroulera les soirs où peut-être, mon corps te manquera de trop. Et t'accompagnera lorsque, classieux, tu frôleras d'autres, dans ces soirées mondaines où les princesses t'invitent. Et puisqu'elles semblent t'aimer par ce que, de par le passé, tu as su les aimer... Elle sera là pour te rappeler que mieux qu'elles, mieux que les couronnées, les putains, les voleuses, les rousses, les russes, les belles, les audacieuses, j'ai aimé ton corps pour ce qu'il est : une intarissable source de joie.




Devant lui, Pierre ouvrait la marche, lignes crispées d’une rumination qui ne le quittait pas depuis deux jours déjà ; Montfort avant de partir avait semé chez le muet les fleurs d’une rancune testudine et elles poussaient en squames dentelés au regard sombre du meneur, grappes aux densités amères et vexées. Les siennes avaient des allures serpentines, lianes ophidiennes aux charmes bifides et consumaient le cœur en même temps que ses noirceurs ; crins blancs en oraison, le duo de tête partageant le même sujet aux variations de leurs humeurs, n’avait à l’instant rien d’avenant.



    A ce bout de laine, j'ai donné le meilleur de moi-même. Fétiche qui parfois, t'a remplacé. J'ai donné à ton image fabriquée dans mon esprit tout ce qui, d'un regard ou d'un frôlement de nez contre ma peau, peut éveiller tes bas instincts. Elle a dormi contre mon torse, flirté avec ma queue, chatouillé mes bras et flatté mes fesses. Elle a réchauffé mes nuit, écouté mes messes basses, ton écharpe a quitté à regret mon quotidien comme je t'ai quitté ce jour. Rien de ce que tu y sentiras n'aura pas été légué avec l'humanité simple d'un homme qui ne désire que toi. Bien sûr, un nez pur de jeune naïve n'y sentirait que le fauve des jours. Qu'y entendrait-elle? Rien des cris que tu as arraché à ma gorge, rien des luttes et des forces qui poussent les hommes à se préférer




A l’égoïsme centré de ses faiblesses, Alphonse n’avait prêté aucune attention au visage résolu autant que satisfait d’Archibald qui avait tardé à prendre la suite du convoi, tout juste s’était-il assuré avant qu’ils ne prennent le premier virage les arrachant à la ville qu’il était bien monté à cheval.
L’ombre de la monture de Catalyna s’étirant sur sa gauche attira l’intérêt d’une prunelle noire sans pour autant chasser le grain lourd qui l’embourbait. Les mots ne cessaient de danser, vers à l’écume de vagues enroulées, chahutaient en tapant dans leurs mains élancées, et, à chaque plis conquis de l’âme, riaient, à grands renforts de dents, au nez et à la barbe d’une prudence entêtée dont les pieds s’emmêlaient à une ligne rouge ternie par les mois sans pour autant perdre son éclat.
Duo de syllabes résonnaient en contrepartie de chaque mot trop doux, trop beau, trop salé ; jalousie d’avril, nouveau-né aux appétits titanesques des premières fois, n’en finissait plus d’accuser ses envies de complexité comme autant de traitrises à sa nature première ; et elle avait raison, le constat était sans appel. Pas un bordel n’avait été visité en un mois, pas une main n’avait été égarée par gout du jeu à une cuisse inconnue, pas une bouche avinée conquise en même temps que les reins d’un mignon de campagne… Faust l‘avait nourri, désaltéré, pansé et le rendait à la vie après un mois de soins plus abimé que jamais, battements tatoués de bleu ébranlant chaque vide pour le mettre en lumière.
Nicolas lui manquait avec une cruauté qu’il n’avait pas soupçonné et qui s’insupportait de chaque reflet ; Tristesse au drap des heures échouait à prendre le dessus, accusant autour de son cou les doigts colériques d’un Amour impuissant. Faust, sans lui, ruban au poignet en guise d'ancre unique, affrontait seul ses peurs et ses devoirs, et cela était insupportable.



    Reprends-la, je sais qu'elle ne pourra pas rester bien longtemps à ton cou, l'été s'en vient, tu vas te dénuder et avec lui, célébrer la mort des écharpes. Mais respire-la, joue avec elle de ton corps autant de fois et d'autant de façons qu'il te plaira. Qu'elle soit édredon, totem, source de sulfureux. Si elle t'attache, ce sera moi. Si elle t'excite, ce sera moi. Si elle te caresse, ce sera moi. Si elle t'étrangle, ce sera moi. Si elle te bâillonne, restreint, libère...

    Ce sera moi.
    A toi
    Faust Nicolas.




Nez s’extirpa de l’écharpe serrée à son cou tandis que le regard se raccrochait au dos vouté de Pierre et ses pensées embourbées ; talon au flanc du cheval accéléra la cadence et rattrapa le muet, qui, ni sourd, ni débile, tourna la tête vers lui lorsqu’il fut à hauteur.

Et si nous nous faisions lièvres ?
, demanda-t-il à l’escorte, en montrant d’un mouvement de tête le chemin qui s’étendait jusqu’à Angoulême.

Et si, Pierre, nous laissions les tortues derrière nous, les rubans rouges, les amours blancs, les rancunes noires?
Et si nous nous contentions de claquer au vent jusqu’au prochain comptoir ?


Vésone à son dos étendait encore le vertige de ses hauteurs et s’il savait que la distance n’y ferait rien, il ne doutait pas que l’alcool d’une desserte quelconque remplirait son compensatoire office.

_________________
Citation:











Citation:






























































    Citation:











    Citation:






























































      Archibald_ravier
      Il avait menti. Ses affaires étaient prêtes, planquées près de son cheval, qui n'attendait que lui. Enfin, lui, et son chargement.
      Il avait menti, mais c'était pour son bien.
      Il avait menti. Il n'écrirait pas.
      Il n'avait pas menti tant que ça, il avait dit "à très vite, marraine".
      Il était donc là, dans l'ombre. Adossé au mur de la taverne, à savourer la fraicheur du soir.
      Il était patient. Il resterait là jusqu'à ce qu'elle en sorte.
      Il attendait.

      Et cette attente ne fut pas vaine.

      Il sursautait au moindre bruit. Il guettait la porte. Il tressaillait à chaque pas entendu, à chaque écho.
      Lorsqu'il reconnut la silhouette généreuse, il bondit. Il ne voulait pas qu'elle ait mal, il voulait l'effrayer le moins possible. Mais il était déterminé, et il ne cèderait pas. Ni à la panique, ni à des coups, ni à des cris. Il saisit d'abord son bras valide pour l'attirer vers lui, puis le tordit dans le dos, se plaquant à elle, la ceinturant de son autre bras.


      "Je suis désolé, Marraine, mais vous venez à Orléans."

      Sans surprise, Dôn pousse un cri de frayeur, un cri strident qui précède une panique évidente. prise en traître, la jeune femme ne peut que subir l'attaque et avant de tenter quoique ce soit, se concentre sur la voix. Archibald, il s'agissait d'Archibald. Jamais contact avec lui n'avait été aussi inattendu, si tant est que l'on puisse oublier l'épisode du baquet, ayant rapproché considérablement les deux protagonistes présents. Le calme étant loin d'être retrouvé, Roykness s'applique pourtant à entamer un dialogue apaisé, sur un ton qu'elle souhaite monocorde.

      " Archibald, relâchez-moi immédiatement. Avez-vous perdu la raison ? Vous faut-il me faire prisonnière pour espérer obtenir quelques échanges en ma compagnie ? Vous reviendrez vite d'Orléans !"


      Le débat était vain, elle le savait, mainte fois le sujet avait été évoqué au coin d'un comptoir, ou autour d'une table à dîner et la réponse du filleul restait la même : "Venez"
      A croire qu'il ne pouvait plus se passer d'elle. Le pouvait-elle de son côté ? Ravier gravitait autour d'un groupe qu'ils avaient en commun depuis quelques mois désormais, et si jamais ils n'avaient eu l'occasion de converser longuement et de sujets sérieux, ils étaient néanmoins liés. Liés par Dieu, lié par l'amitié et les bons sentiments qu'ils accordaient à leur entourage respectif.

      Nouvelle intonation est adoptée pour une tentative ultime. Lasse, elle lâche.


      "Mais pourquoi faites vous cela..
      Pourquoi..."


      "Parce que, Dana. "

      Parce qu'il était persuadé qu'elle avait besoin de s'éloigner de son mari, qu'il avait besoin de s'éloigner d'elle, qu'ils se retrouveraient mieux dans quinze jours à leur retour.
      Parce que, égoïstement, il ne savait plus se passer d'elle.
      Parce que Monseigneur l'avait ordonné. On ne désobéit pas à un évêque. Encore plus quand il connait votre plus grand secret, celui qui pourrait vous mener au bûcher.

      "C'est un ordre. "

      Et j'ai promis de veiller sur vous, alors je le ferais, même à votre corps défendant. Alors je le ferais.
      Il le ferait. Il allait devoir encaisser des mots acerbes tout le trajet, et des coups à n'en plus finir à leur retour, lorsqu'il croiserait le mari bafoué. Mais il s'en moquait. Elle venait.

      Il embrassa chastement sa tempe et la poussa doucement en avant, vers les écuries.


      "Vous avez besoin d'air, et j'ai besoin de vous.
      Avancez. "


      Son cheval l'attendait.

      "Montez."


      L'abdication ne se fait pas attendre. Que pouvait-elle bien faire pour l'en empêcher de toute façon ? Se ruer à la gorge du pauvre malheureux ? Hurler des heures durant ? Braire et se lamenter à qui voudrait bien l'écouter, ou lui prêter un brin de mouchoir ? Chaque idée deviendrait stérile. Il était plus fort, et trop désireux de la voir venir pour qu'elle puisse espérer une lutte sans fin.
      Alors oui, elle monte. Elle monte, la mine en peine. Elle monte en redoutant la colère que l'époux allait sans nul doute expulser dès leurs retrouvailles, elle monte sans en avoir l'envie. Promesses seraient évincées, espoirs inachevés. A quoi pourrait-elle s'accrocher ? Qui pourrait-elle aider pour oublier sa propre peine ? Comment allait-elle gérer cette vie, qui lui semblait impossible à saisir, à redresser, sans l'aide d'un intervenant aussi quelconque soit-il ?

      Elle monte. Elle suivra. Mais au fond d'elle, elle sait qu'avancer sera absurde, insurmontable et pourtant, Archibald est là. Lui. Il s'accroche comme elle s'agrippe à l'espoir qu'un jour, Levrat ou un autre pourrait l'aider. Qu'un autre lui tendra la main et l'extirpera de ses mauvaises pensées. Cet autre devrait être l'aimé. S'il en a l'envie l'espoir reviendra. Dans le cas contraire, advienne que pourra.

      Il monte derrière elle, talonne sa monture. La pauvre bête aura bien mérité son picotin, ce soir. Ils seront à la traine, derrière les lièvres.
      Souvent, il aura mis pied à terre et aura marché. Peu lui importe. Elle est là, elle trône comme une reine déchue sur le brave hongre qu'il mène à la main.
      Bientôt, Angoulême se dessine, devant.



      post à 4 mains avec JD Dana
      _________________


      Dernière édition par Archibald_ravier le 24 Avr 2018 19:29; édité 2 fois
      Pierre...
      [Périgueux → Angoulême]

      Pierre tirait la gueule, en tête de cortège, les épaules roulant au gré des pas de sa monture. Si parler était hors de sa portée, se murer dans un silence épais, regard noir et sourcils bas, les lèvres réduites à une mince ligne à peine perceptible dans la broussaille de sa barbe était un art qu'il maniait à la perfection.

      Le muet avait d'abord pris la requête de l'évêque pâlichon comme l'occasion de se soustraire l'espace d'un voyage à la compagnie d'Isaure et de son pochtron blond – qui devaient encore être encore à courir derrière leurs mômes à l'heure qu'il était. Des vacances, en somme. Et puis doucement, accepter avait pris l'allure d'une mauvaise idée. Celle d'un clébard de luxe, derrière lequel se profilait l'ombre d'un jeu de qui a la plus grosse entre évêques. Joie.

      Il n'avait pas digéré non plus la conversation à la veille du départ, entre Montfort et le cinglé masqué, leurs piques chéloniennes et autres imitations. Un muet au pieu faisait-il le même bruit qu'une tortue qui baise ? La question à mille écus. Ben voyons... Faust Nicolas le perdait, insaisissable, tantôt grave, des fois amical et d'autres pareil à n'importe quel autre petit con de son âge.
      Et puis dernièrement... Les mirettes couleur d'encre du taiseux coulèrent un regard vers la suite à l'arrière, juste assez pour saisir le duo monté sur le même canasson. Fallait-il bien qu'ils viennent, ces deux-là, surtout la manchote avec laquelle il était parti, fallait l'avouer, d'un très mauvais pied (quelle idée de demander des baffes et s'étonner ensuite d'en recevoir) ? Elle ressemblait à un prolongement cérébral de sa patronne du moment, une punition à distance, mais pire encore que l'originale. Isaure payait, elle. Au moins.

      Voilà, pour l'heure, la liste de ses contrariétés. Qui ne manquerait pas de s'enrichir au fil des jours, Caillou n'en doutait pas. Il se demanda un instant si le monde était vraiment peuplé de casse-couilles et autres hystériques, ou si le problème venait de son propre tempérament. Il optait pour la première option quand le profil du Tabouret se découpa à ses côtés.

      Soupir. Montfort n'avait pas menti sur ce coup-là. Alphonse était de bonne compagnie, et la tache fauve de Cat un peu plus loin lui rappela que quelques individus sains d'esprit partageaient tout de même son univers.


      Et si nous nous faisions lièvres ?

      Un demi-sourire perça l'air revêche du garde du corps. Soit.
      Inclinant du chef en un assentiment, il talonna son vieux cheval.

      Les tortues vont à leur rythme, et resurgissent quand le lièvre croit avoir gagné, mais avec un peu de chance, il parviendra au moins à semer les deux crapauds du fond.

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      Avatar : AaronGriffinArt
      Catalyna_
        De Périgueux à Angoulême.



        Le voyage m'avait été proposé par Pierre. Salaire promis, l'affaire était alléchante. Si je traînais les chemins à la recherche d'un but et de compagnie quelconque, les deux m'étaient proposés et tombaient sous le sens. C'était une bonne idée, j'en étais sûre. De retrouver le muet n'avait fait qu'encourager la suite des événements et c'était d'humeur agréable que je préparais mes bagages. Bagages que je n'avais guère eu le temps de défaire depuis mon arrivée. J'essayais néanmoins de réduire mon chargement, faisant des prix au rabais sur le marché. A force d'arpenter les routes, mes poches se trouvaient emplies d'argent et d'objets divers et mon côté sentimental m'empêchait de m'en séparer.
        A Périgueux, je rencontrais Alphonse et m'amusait à parler avec lui. Tout le monde devait se rendre compte que la compagnie me manquait mais je m'en foutais. Discuter de tout et de rien, refaire un monde et réfléchir aux opportunités que j'avais était mon but premier. Alors, nous parlions des vies que nous menions tout en restant flous, évidemment. Méfiance est mère de sûreté. Après avoir vu Dana (je ne sais toujours pas si c'est son vrai prénom) et Archibald, on partait en direction d'Angoulême.


        Pierre tirait la gueule depuis que l'évêque avait fait de mauvaises réflexions. A sa place, je l'aurais eu mauvaise aussi et je me serais tirée. Ayant du mal à le cerner, j'avais du mal à savoir comment être. Vous allez me dire qu'il suffit d'être soi. Mais vous êtes malin, il faudrait déjà savoir comment je suis. Plus il tirait la gueule, plus je me demandais ce que je foutais là. De la compagnie, c'est agréable mais un groupe dans lequel tensions règnent, c'est naze. Autant dire que je n'ai pas besoin d'un groupe pour être tendue.
        En tête de cortège, je regarde le muet d'un oeil sombre. S'il reste muet (mais ni sourd, ni débile), il savait installer une température digne de Russie autour de lui. Alphonse semblait pensif, se joignant à Pierre. Derrière restaient Dana et Archibald, et je me fichais bien de savoir pourquoi ils étaient là. Les étoiles sur nos têtes me faisaient penser au blond, probablement en train de s'amuser sur son bateau, ivre comme un tonneau. Peut-être voyait-il les mêmes étoiles. Je haussais les épaules comme pour me rassurer que ce passé était loin derrière moi. Posant ma tête sur la crinière de ma monture, je réfléchissais sans être attentive à ce qu'il se passait. Tu parles d'une escorte!


        Angoulême.



        Lorsque je poussais la porte d'une taverne, pour discuter un peu avec les compagnons de voyage, l'ambiance était tendue, de nouveau. Pierre partait presque aussitôt que j'arrivais. J'étais énervée et je ne savais pas vraiment pourquoi. Peut-être parce que je me sentais toujours aussi seule. Parce que je ne savais pas vraiment ce que je faisais ici, si ce n'était pour l'argent. Une nouvelle recrue entrait dans le groupe. Aveugle, à l'écrit de Pierre, et se connaissant en chiens. Ils s'étaient bien trouvés. C'était amusant. La soirée se passa en compagnie d'Archibald, le soupirant d'Isaure qui n'en était pas un mais finalement l'était (drôle d'histoire). Je n'avais jamais été courtisée de façon aussi insistante et lourde. Mais ça nous amusait, certainement parce qu'il n'y avait rien de vrai dans nos dires. Et de nos dires ne découleraient aucune action. J'envoyais une missive au muet, savoir si il allait bien et si j'avais fait quelque chose. J'étais idiote de penser ça. Je n'avais rien à me reprocher et encore moins envers lui. Il fallait cesser ça. Et c'est ce qu'il me fit comprendre le lendemain par missive. Je gagnais un coup à boire, et me murais dans un silence bien particulier. Le silence qui était mien. Un silence fait de mots, pourtant.

        Ce voyage n'avait rien à envier, finalement.

      _________________
      L_aconit
        [ Et pendant ce temps là, sur les chemins de Rome
        Puisque tous y mènent... ]


      Il avait quitté sa soeur Dana sur une réconciliation prude et réservée. Quitté Alphonse sur une entrevue surveillée, trop pour se laisser aller aux effusions. Quitté Pierre sur un ricochet peu courtois, malhabile, et dont il n'avait pas mesuré l'étendu des décombres.


      Sur les chemins de Rome, Nicolas avançait seul, dans une tenue simple de pèlerin. Tout autour de lui avait le gout de l'inachevé. Jusqu'au motif de son départ précipité.

      Dana avait été laissée, fragile, à son escorte habituelle: l'estimé Archibald, qui bien qu'un peu rustre séduisait en tout temps Nicolas d'amitié, par sa nature pleine, entière, absolument humaine, et qui plus est partageait ses secrets depuis les premières confessions, les premières virées où il était encore officiellement, l'écuyer de Lioncourt.
      Alphonse avait été laissé à ce groupe si hétéroclite et pourtant, déclinaison de la quasi totalité de ses amis. Sans pouvoir l'embrasser. Le toucher. Lui dire au revoir dans les règles de leur art, sans pouvoir se soulager un peu que par la rédaction rapide d'un pli laissé à Vesone.
      Rome l'attendait sans qu'il ne sache pourquoi, et la Sainte inquisition avec. Ou d'une convocation à laquelle l'on aurait pas donné d'objet...

      Ruminant sur les chemins, s'arrêtant parfois converser avec un enfant, une vieille, un bucheron, Montfort Toxandrie avançait, buté, au devant d'un mystère.

      Que faisaient-ils, eux, à l'instant où il passait dans un petit village des alpes, âme en peine sous son capuchon de moine, cherchant des yeux la finalité d'un sentier lointain? Prenaient-ils soin les uns des autres? Alphonse aussi, ruminait-il une certaine frustration ? Archibald avait-il suivi? Emporté Dana loin de son époux? Pierre avait-il conclu, avec cette russe aux cheveux roux qui n'avaient pas laissé le clerc de marbre?

      Oui. Faust Nicolas demeurait, insaisissable, tantôt grave, des fois amical et d'autres pareil à n'importe quel autre petit con de son âge. Dix huit ans. Dix neuf sonnant à l'été. Un brin de folie dans un étau de certitudes, un brin de douceur dans un écrin de servitude. Nicolas apparaissait parfois sans filtre, tantôt calme et serein, tantôt volubile et angoissé. Nul point de chute à une pierre qui roule, roule et caracole sur les chemins d'une jeunesse qui retentit aux moindres grains lisses de son visage de céruse.

      Forcé à être un homme dans les rangs d'un Maitre Prince épris de batailles et de conquêtes, Montfort avait grandi trop vite, nourri aux ouvrages qu'il dévorait au repos, y apprenant jusqu'à l'amour, aux dévorantes lectures d'un Decameron. Chaperon, écuyer, frappé de l'amicale pogne virile des Cerbères de Taliesyn de Montfort, l'église s'était enorgueillie de le saisir et de se le garder, puis qu’après tout, de nature, jamais cet enfant ne ferait bon époux et père de famille. Le bois de l'abnégation dans lequel l'Aconit avait été taillé chaufferait encore de belles années les desseins de toutes les grandes entités. Du Prince à Dieu, Nicolas à force de travail et de dévotion aveugle devenait à dix huit ans le plus jeune évêque de France.


      - Halte là ! N'avancez plus ! Vous entrez en terre italienne... Et devez vous acquitter des frais de douane volante...


      Le voyage promettait de ne pas être à l'image d'un long fleuve tranquille.

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      Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
      (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
      Don.
      Rochechouart, le vingt quatrième jour du mois d'Avril.
      1466 - Aucune tentative à l'horizon.


      Elle voulait mourir.
      C'était un souhait dont elle n'était pas consciente avant de l'entendre de la propre bouche de son homme. Elle n'avait "pas le droit de crever" disait-il, mais jusqu'ici seule sa conscience parlait, jamais cette réalité. Cette douloureuse réalité qui venait claquer de plein fouet, une tête déjà malade.
      Névrosée, jalouse, agressive et instable restaient les adjectifs pouvant la qualifier au mieux ces derniers temps. Et pourtant, pourtant Archibald avait chamboulé les choses, Théodrik aussi. Un peu. Et surtout Alphonse, et Catalyna. Le premier parce qu'il lui offrait un but à atteindre, et lorsque Dôn s'occupe, l'idée de trépasser ne peut que s'atténuer. La rouquine, elle, venait contrebalancer ce sentiment de toute liberté, lui scellant les pieds à terre. Non, la vie n'est pas un huit, sur lequel on peut rire au sommet et chialer une fois à ses pieds, la vie est une ligne, on s'y ajuste et on poursuit. Roykness ne sait pas vivre, elle n'a su intégrer que la survie, malgré un parcours considéré par beaucoup, comme épanouissant.
      Cracher sa haine, franchir les limites pour finalement revenir, et exploser d'un rire franc. Tomber, se relever, tomber, se relever, tomber... Le principe est simple. Combien de fois avait-elle réellement voulu en finir ?
        A la naissance de Morgaine, au centre de ce couloir sombre, en compagnie de Myrdinn qu'elle assassinera en vain, quelques années plus tard. Dôn espérait disparaître pour ne jamais être oubliée d'une mère trop sévère, peu encline aux caresses. Une mère aimant ses derniers nés, oubliant les premiers. Une mère à son image. Égoïste, seule et déséquilibrée.
        Ou, le jour de cette robe ensanglantée. Au sein de cette auberge et à la merci de sa tenancière. Gui de Guyenne et Don Bene. Elle aurait aimé crever dans les bras du premier venu. Oublier la Bourgogne et les disparitions liées à ce lieux maudit.
        Et la bataille en Bretagne, jetée dans les bras d'un Salar ennemi. Epargnée, encore, le désir de mourir était le plus fort. Gwilherm n'était plus, sa survie ne valait rien.
        Celle d'Anjou, parturiente et destinée à s'éteindre, enlacée par Tiernvaël. Vengée par les celtes. Survie. Encore. Encore...


      Jamais elle n'avait pu réussir.
      Jamais elle n'aurait su en finir.
      Morse ken.

      Ce soir, mourir n'est pas prévu. Sa dextre gantée caresse le vélin scellé par le Norvégien, lorsque dans l'autre main, se touve baisé le sachet offert par Tabouret.
      Effluves viennent danser ravivant chez elle bien des souvenirs. Mais qu'ils soient bons ou mauvais, qu'importe, défi est relevé.


      Heol an nevezamzer, c'est ainsi qu'il me plaît de nommer l'innocente.






      Morse ken : Jamais plus.
      Heol an nevezamzer : Soleil du printemps

      _________________
      Alphonse_tabouret
      Rochechouart






      Il y a dans l’air un parfum, un arôme diffus battu aux vents d’avril qui tend ses bras poudrés à chaque courant d’air et embaume jusqu’aux lambeaux de nuées dispersées à l’azur ; soleil brulant s’abat sur toutes les verdures du verger et berce le front d’Alphonse d’une dentelle chancelante de feuilles sombres.
      Les premières heures ont passé et le manque partout a fini de s’étendre. Quatre longues journées de lutte ont mené campagne aux nerfs, à l’humeur, poinçonné l’exaspération de bleu, chaviré la gorge de blanc, et l’ont laissé, corps et cœur bariolés, à une grève ancienne : un monde sans Faust.
      Vertige est là, apprivoisé, et à sa bouche, l’orgueil s’est tassé en une marre noire. L’accoutumance a choisi son camps et a crispé le costume du faune à sa pâle solitude jusqu’à ce qu’il soit de nouveau sur mesure ; Alphonse Tabouret, parisien étiré à l’ombre d’un soleil limousin, ne porte plus un seul faux pli.
      Nicolas est là, visage tissé aux chairs, teinte ceinte aux poumons, et chaque doigt qu’il tend vers lui échoue à en capturer l’essence malgré l’entêtement ; Nicolas n’est pas là et ne s’étiole pas, Ganymède versant dans les verres-mémoires l’hydromel des jours qui ne dilue ni l’amer, ni le sel.
      Fracture se poursuit, cheminant à la faille d’un cœur amoureux et Alphonse, aux couleurs de sa nature, ravive les tisons des accents palliatifs ; la compagnie des autres s’apprivoise, s’apprécie une fois le mal admis aux ventricules et l’on y trouve même le délassement des conversations qui distraient.

      Pieds au fil de l’eau, un sourire point aux lèvres engourdies de chaleur au son des éclats d’eau et des rires humides propagés aux berges du petit lac , étirant une question aux tempes ensommeillées par le voyage : Qui de Catalyna ou Pierre aura fini à l’eau ?





      Citation:
      Faust,




      Nous voilà enfin sur les routes, plus tardivement que tu ne le voulais, je ne le crains ; il nous a fallu attendre Archibald et Dana, qui se sont joints à nous à la dernière minute.
      Périgueux alors vide de toi, d’Isaure et Cassian qui battaient campagne ailleurs pour trouver les enfants, Archibald a songé qu’elle serait mieux avec nous. Il semblerait d’ailleurs qu’il ait eu pour cela tes encouragements et ta cléricale bénédiction d’user de tous les moyens pour parvenir à ses fins, je lui laisse donc le soin de te raconter comment il l’a convaincue de se joindre à nous.
      Si je n’approuve pas vraiment les manières, l’attention est louable. L’apprenant seule sur place, tu n’aurais pas eu l’esprit tranquille, des remords peut-être, et ta convocation te nécessite aussi serein que possible; il y a déjà tant de tempêtes sous tes cheveux blonds qu’il m’aurait désolé de ne pas essayer t’alléger de celle-ci. Après tout, Bretagne m’a bien servi de tuteur lorsque je chancelais; qui sait ce qu’Orléans fauchera comme ronces à ses pensées. Et puis, je ne te mentirai pas, j’y ai aussi quelques intérêts ; sa compagnie est charmante, et n’a-t-elle pas un nez des plus précieux ? Considérons que ce voyage me servira à le vérifier, et qui sait, peut-être à porter projets.


      Il est étrange de vivre sans toi ; les habitudes se prennent vite, et celle de te savoir là, ou là, mais assurément ici, se frustre lentement de distance.
      Alors je m’enroule, je m’isole, je te respire, je m’écrase; à cet endroit, tu as murmuré, j’entends encore le grain de ta voix qui y bruisse. A cette maille, ton cœur a battu vite et fort, et à celle à côté, tu t’es réveillé, la gorge encore vive de ma main à son fil.
      Je rapprends la solitude au travers de tes odeurs, alors je m’exaspère, rumine; l’orgueil se froisse et tu n’es pas là pour le désarmer. Je l’ôte de mon cou, la nie à la conversation des autres, et cela devient pire.
      Sans elle, la vérité est crue ; ton absence vaut toutes les princesses de France, toutes les putains de Paris, toutes les voleuses des Miracles, toutes les peaux, qu’elles soient rousses, russes, voleuses ou audacieuses... Je ne leur demande pas de me comprendre ; il faudrait pour cela qu’elles voient l’ivresse de tes yeux, le trouble de leurs bleus, les licencieuses prières qui y étirent leurs stries quand l’indécence vient humecter ta gueule. Il faudrait pour cela qu’elles sachent ce que c’est que bander.

      Je sens encore tes mains s’accaparer mes joues, tes doigts fondre à mes crins et ta bouche dévergondée venir ensemencer des parterres de pudeur, si bien qu’à l’instant, j’ignore ce qui me manque le plus : tes hanches ou tes reins. Tes ordres ou tes suppliques. Tes mots doux ou tes mots durs. Ton rire ou tes cris. Tes yeux ou ta bouche. Tes mains ou tes doigts. Tes doutes ou tes certitudes. Tes conquêtes ou tes abandons.
      D’aucuns, limités, joindraient tout au même panier et diraient que tu me manques, tout simplement, mais ceux-là, Faust, ne connaissent rien aux Printemps ; de toi, il me manque toujours une chose plus qu’une autre, addiction variant au grès des heures et des envies, de humeurs, des jours où l’on a faim à ceux où l’on a soif. De toi, Faust, je veux des marches précitées, des genoux écorchés, des hématomes en nuées, des tables pour cacher nos pieds, des murs pour baiser, des chaises qui tombent, des portes qui ouvrent, des corps qui claquent, des fenêtres qui bouleversent. Je veux ce que je n’ai pas ; alors je remets mon écharpe, la raccorde à mon cou, suit tes pas.

      Ce soir lorsque tu te coucheras, à la nuit qui viendra, tes mains seront les miennes ; elles glisseront avec cette cruelle lenteur qui t’agace parfois de tes hanches à ton ventre, joueront de dessins en dessous de ton nombril, et résisteront à tes muettes réclamations trahies par une fébrile ligne droite.
      Là. Je sais. Je sais que tu auras envie d’absolu, de défier le tonnerre. Je sais qu’imaginer ma bouche piquer l’intérieur de ta cuisse d’une morsure remontant jusqu’à l’aine aiguillonnera le feu et l’envie d’une délivrance prochaine, mais tu attendras, supplicié, docile, car ce soir, tes mains sont les miennes, Faust ; ce soir je te consume à t’en désespérer, à te faire regretter l’ardeur des sentimentalités, à te faire payer ton absence. Rappelle-toi ce que je suis, souviens toi de mes crocs, de mes serres, de mes cornes que je porte hautes, de cette patience dont tu me croies exsangue et que je dilue pourtant à chacune de mes insolences. Là. Ma langue suit tes esquisses. Là, ma bouche t’exalte de troublantes obscénités.
      Là, tu frisonnes de fièvre comme un jour de rivière.
      Je sais, tu veux, je sais, mais pas encore. Attends. Attends encore un peu. Écoute-moi. Là, ma voix roule à ton oreille.
      Ce soir, je suis cruel, faune en pagne de vices aux indécences affichées comme ornement premier. Je ne te délivrerai de mes détours que lorsque ton envie te cabrera d’impatience, qu’elle voilera ta gorge de la prière de mon prénom, qu’elle deviendra besoin, nécessité, exigence; alors, démiurge honorant son fidèle, au lit des cheveux de Bérénice, tes mains qui sont les miennes, doigts noirs et blancs mêlés, t’acharneront sans plus de concessions jusqu’à l’absolution plénière.
      Là. Ta respiration s’est fendue et tes phalanges pâles s’ensablent d’un dernier râle.
      Là. Pour moi. Fais de ta bouche ma bouche et portes-y tes doigts ; le sel de nos errances à ma langue vaut toutes les fragrances.

      A moi,
      Alphonse.




      _________________


















      Citation:

































      L_aconit
      If I'm not back again this time tomorrow
      Si je ne suis pas de retour demain à cette heure-ci,
      Carry on, carry on
      Continue, continue
      As if nothing really matters
      Comme si rien n'importe vraiment


        - 𝕽𝖔𝖒𝖊 -


      La porte est frappée avec les dernières forces du voyageur exténué. Le soleil des chemin a rougit sa peau, asséché ses cheveux, délavé ses yeux. Dieu que Rome est lointaine, et si proche à la fois. L'huis s'ouvre dans un claquement sec. Juste assez pour entendre le bruit sourd d'un Nicolas qui s'est laissé choir au sol, doucement. Dans une chute molle, pliant les genoux, comme pour caresser la pierre polie du seuil du plat de ses tibias. Un instant de silence. L'huis se referme. La porte s'ouvre. Un jeune, très jeune religieux apparaît dans 'encadrement de la porte. Deux mains s'emparent de Faust, entrainant genou, corps redressé à peine. La porte se referme. Rome est là. Bruyante, foisonnante de vie, de putains, de peintres, de corruption. Rome a englouti Nicolas.

      Tant de jours à marcher seul, traverser des déserts humains, dormir où l'ont l'accueillait. Parfois à la belle étoile, comme lorsqu'il était écuyer. Cherchant d'un oeil las des constellations. Alphonse manquait. Sa présence de nuit. Sa main cherchant son épaule. Faust ne supportait plus cette solitude forcée. Dormir seul. Et ce courrier qui l'attendait au palais épiscopal, et qu'il ne lirait qu'à son retour n'aidait rien. Le clerc avait bien eu le temps de repenser aux raisons de ce voyage à l'aveugle. Etait-il stupide de se rendre sans broncher dans la gueule de la Saint Inquisition? Docile. Absolument docile. Dévot. Curieux aussi, peut-être. Mais fatigué, il s'était laissé prendre. Emporté, par la ferme main qui le retenait. Qui lui évitait la chute qui ne le relèverait pas avant le lendemain.

      Attendu, il était attendu. Alors les mains l'avaient dévêtu. Les mains l'avaient lavé. Les mains douces et patientes de ce jeune garçon l'avaient couché. Demain il ferait jour, n'était-il pas? Demain, il serait prêt. Mais prêt à quoi? Les lèvres n'avaient quémandé aucune réponse, aucune question ne les avaient franchies. Les iris de guède s'étaient simplement arrimées à ce crucifix qui les surplombaient tous deux. Et tandis que l'un remontait un drap sur le corps cuisant du Montfort, l'autre avait saisi d'un dernier geste la senestre avant qu'elle ne s'enfuit.


      - Dors avec moi.

      Le jeune religieux avait eu un mouvement de recul. Une amorce de fuite. Mais en bon serviteur de dieu, son éducation ne lui avait pas permis de laisser un homme venu de si loin seul avec sa fatigue et le long silence de la nuit. Peut-être savait-il ce qui attendait Faust? Peut-être qu'il avait pris pitié. C'est du moins la certitude que Montfort s'était forgé lorsque sage, le jeune avait allumé une chandelle, et s'était couché au pied de son lit.


      Too late, my time has come, sends shivers down my spine
      C'est trop tard, mon heure est venue, des frissons me parcourent le dos
      Body's aching all the time
      Mon corps est tout le temps douloureux
      Goodbye everybody, I've got to go
      Au revoir à tous, je dois y aller
      Gotta leave you all behind and face the truth
      Je dois tous vous laisser derrière et faire face à la réalité



      Beelzebuth has a devil put aside for me,
      Belzébuth a fait mettre de coté un démon pour moi.

      Bohemian Rhapsody - Queen

      _________________

      Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
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