Erwelyn
Citation:
Sorcière,
Vos mots ont toujours eu le don de me plaire; les derniers adressés nont pas dérogé à vos charmes et vous savoir la mémoire vive rend la finalité de ce voyage dautant plus agréable. Il me tarde, Corléone, de précieusement vous serrer dans mes bras si votre époux me le permet, et il peut bien maccorder ce privilège après vous avoir si méchamment arraché à mes draps.
Aurais-je voulu la neige que je me souviens fondre à vos doigts enivrés en guise de toile à nos retrouvailles? Peut-être un ciel dargent pour entendre déquilibristes congères ployer de soupirs aux branches dépenaillées plutôt que ces ciels bleus aux vides magistraux... Votre courrier embaume la résine des forêts encore juvéniles, et je me souviens que la nostalgie ne sied pas aux bêtes de la nuit.
Alors, peu mimporte Sorcière, chassez les nuées, amoncelez les, tirez sur les rayons dun soleil trop timide, faites pleuvoir des étoiles d'été dans des ciels ouvragés ; la lune attend nos chants.
Rendez-vous est pris aux premiers jours de Mai.
Lupin.
Vos mots ont toujours eu le don de me plaire; les derniers adressés nont pas dérogé à vos charmes et vous savoir la mémoire vive rend la finalité de ce voyage dautant plus agréable. Il me tarde, Corléone, de précieusement vous serrer dans mes bras si votre époux me le permet, et il peut bien maccorder ce privilège après vous avoir si méchamment arraché à mes draps.
Aurais-je voulu la neige que je me souviens fondre à vos doigts enivrés en guise de toile à nos retrouvailles? Peut-être un ciel dargent pour entendre déquilibristes congères ployer de soupirs aux branches dépenaillées plutôt que ces ciels bleus aux vides magistraux... Votre courrier embaume la résine des forêts encore juvéniles, et je me souviens que la nostalgie ne sied pas aux bêtes de la nuit.
Alors, peu mimporte Sorcière, chassez les nuées, amoncelez les, tirez sur les rayons dun soleil trop timide, faites pleuvoir des étoiles d'été dans des ciels ouvragés ; la lune attend nos chants.
Rendez-vous est pris aux premiers jours de Mai.
Lupin.
Un bref séjour à Montargis l'avait conduite près de son époux qui ne lâchait pas son côté guerroyeur. Si cette situation commençait à lui peser, d'autant qu'il en rajoutait une couche avec un nouveau mandat ducal se profilant à l'horizon, la Corleone gardait pour l'instant pour elle ses questionnements. Plusieurs années de mariage à suivre l'armée, répondre aux levées de ban, protéger telle ou telle cité, telle province, reprendre des châteaux pillés, avec des moments d'accalmies plus ou moins longs mais passés inexorablement en Orléans. Seulement Corleone avait la bougeotte, depuis toujours. Le sang italien coulant en ses veines, en sus de celui du paternel chevalier, la poussait à vouloir bouger, parcourir les chemins, rencontrer de nouvelles personnes. D'un tempérament plus casanier, son époux avait à cur de se donner pour sa province et le Domaine Royal, fidèle et loyal à la Couronne. Ils étaient ainsi tous deux, entiers et ne pouvant rejeter leurs natures profondes. Aussi, l'idée de passer plus de trois mois en Orléans l'étouffait déjà, comme si son besoin de liberté se faisait plus impérieux, plus fort, alors que bientôt, elle serait libérée de sa charge de grand officier. Le temps se mettrait alors à s'étirer, en longueur, faisant peser sur la princesse le poids de la vieillesse et du temps qui passe. Approchant dangereusement de la cinquantaine, ses vieux démons surgissaient à nouveau, faisant poindre en elle ce sentiment d'arriver au bout de sa vie et la difficulté de regarder en arrière.
Et bien évidemment, l'affection qui commençait à grandir en son cur fut chatouillée par les missives reçues du Loup, la ramenant au temps où elle était Sorcière lors de ce bal à l'Aphrodite, et vers tous les mois qui avaient suivi, juste avant ses épousailles. Alphonse ne semblait pas avoir changé, maniant les mots, les faisant rouler à loisirs, leur donnant une teinte atypique et sensuelle. La lecture de ces pleins et déliés la portait en cette forêt où la Corleone l'avait emmené en cette froide journée d'hiver, qui avait scellé la complicité et l'intimité naissantes entre eux. Leurs lèvres s'étaient rejointes pour la première fois d'une longue série, intimant leurs corps à se connaître mieux, et de plus en plus intensément.
Cette nostalgie qui ne remettait nullement en cause les bases solides de son mariage et sa fidélité à son époux la prenait aux tripes, et ce fut dans les sous-bois qu'Erwelyn partit répondre à celui qu'elle considérerait toujours comme un jeune homme, bien qu'ayant été son amant. S'imprégnant des odeurs printanières, une souche l'accueillit pour ce moment solitaire où les mots se mettraient à danser et jouer pour envoyer réponse. Bientôt, il serait là.
Citation:
Lupin,
Sorcière
- vous ne semblez pas avoir changé, je gage que la vieillesse n'a de prise sur vous, et que vos traits n'auront subi lire de cette dernière. Vous savez combien je doute, si mes écrits savent encore vous plaire, mes charmes se seront sans doute taris après toutes ces années. Vos bras pourront à loisirs m'enlacer comme il se doit afin de raviver certains souvenirs enfouis.
En ce mois de mai, vous aurez les genêts, l'or les habillant de lumière alors que doucement s'y engouffre le vent. Vous aurez les étoiles voilées de ces nuages épais et printaniers, ombrant les chênes ayant recouvré leur sinople et les mélèzes à leur odeur piquante.
A vous, Loup, d'y apporter votre patte gracile, vos hurlements à la lune, votre habileté d'Ysengrin à trouver les recoins les plus sombres et mystérieux.
Bientôt, nous serons réunis, Sorcière et Loup offrant leur dû à l'astre lunaire.
Sorcière
_________________
Citation:
Citation:
Citation:
Citation: