Lallie_ap_maelweg
Était-ce sa nouvelle maternité ou bien la pitié qui avait dicté à son cur de favoriser un peu mieux le petit Salar. Elle n'avait pas su dire ce que cet enfant lui avait inspiré la première fois qu'elle avait posé sur lui ses yeux. Tant d'années durant elle avait refusé de reconnaître jusqu'à son existence, lui qui portait un nom tant de fois honnit. Et puis l'occasion s'était présentée, trop belle pour ne pas la saisir. Et si elle n'avait pas conçu pour lui d'amour immédiat, la raison l'avait rappelée à ses devoirs.
- Ne fais pas peser sur le fils les péchés du père, s'était-elle serinée pour se convaincre une dernière fois.
Et puis elle l'avait proposé à Nicolas, maladroitement sans doute, mais elle l'avait proposé. Aussi difficile qu'il fut pour elle d'envisager lui écrire à lui qui, sans même le vouloir, était tour à tour un rival et la preuve vivante du forfait de Pelotine.
- Ne fait pas peser sur le fils les errements de la mère, conclut-elle intérieurement. Et pour le reste alors ? Le reste était tout aussi injustifié elle le savait. L'inconstance des sentiments Ansoaldiens n'était la faute de personne. Dont acte.
Le tout fut confié, ainsi qu'elle l'écrivait, à un coursier à l'air plutôt honnête mais pour lequel elle n'aurait toutefois juré de rien. Grassement payé, elle espérait qu'il n'aurait pas plus grand appétit et ne succomberait pas à l'envie de garder les présents par devers lui. Il fut convenu qu'il se rendrait au Palais épiscopale de Périgueux.
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- Ne fais pas peser sur le fils les péchés du père, s'était-elle serinée pour se convaincre une dernière fois.
Et puis elle l'avait proposé à Nicolas, maladroitement sans doute, mais elle l'avait proposé. Aussi difficile qu'il fut pour elle d'envisager lui écrire à lui qui, sans même le vouloir, était tour à tour un rival et la preuve vivante du forfait de Pelotine.
- Ne fait pas peser sur le fils les errements de la mère, conclut-elle intérieurement. Et pour le reste alors ? Le reste était tout aussi injustifié elle le savait. L'inconstance des sentiments Ansoaldiens n'était la faute de personne. Dont acte.
Citation:
De nous, Lallie ap Maëlweg de Kermorial, Duchesse de Poudouvre,
A vous Nicolas de Montfort-Toxandrie, Prince innommé de Bretagne,
Aux portes de l'Artois, je vous écris pour tenir cette promesse formulée lors de notre dernière rencontre à Rohan à la fin du mois de Février. Salomon n'est pas mon fils, Salomon n'a pas de père, Salomon n'a pas de mère, mais il vous a vous. Et peut-être qu'avec le temps je saurais lui donner un peu de moi. Je n'ai guère de leçons à donner sur la manière dont il convient d'élever ses enfants. J'ai commis nombre d'erreurs avec les miens, j'ai manqué par trop de fois de tendresse, de compréhension. J'ai voulu diriger, cadrer, forcer des natures quand j'admets volontiers qu'on ne saurait forcer la mienne. Je suis ainsi faite, j'aime mal et de loin et je l'ai chèrement payé.
Alors j'aurais bien peu de légitimité à prétendre à quoi que ce soit sur cet enfant, je me contenterai aisément de n'être qu'une illustre inconnue qui aura croisé sa route pendant son périple breton à vos côtés. Pourtant, je souhaite qu'il ne manque jamais de rien. A cet effet voilà qui devrait pourvoir en suffisance à ses besoins pour les quelques mois à venir.
L'homme qui vous remet ce pli est porteur d'un paquet et d'un petit coffret. N'ayant pas sous la main mes tisserands favoris, j'ai dû trouver à me contenter chez les artisans normands. Vous trouverez donc dans le paquet un drap de laine de facture flamande, trois chemises de toile et une de soie que j'espère à sa taille. Deux paires de braies deux gantelets en cuir de chevreau et un manteau de laine.
Le coffret quant à lui contient deux cent écus pour ses dépenses personnelles. Je tiens à ce qu'il jouisse de tout. L'abbaye jugera peut-être ces présents trop fastueux pour la vie à laquelle elle le destine, mais j'ose espérer qu'il n'en sera pas privé au profit de plus nécessiteux. C'est ma manière de contribuer à sa vie et la seule que j'ai trouvé qui soit décente.
Par ailleurs, j'espère que vous vous portez bien et que la route sur le chemin du retour fut sans encombre. Je tâcherai de prendre des nouvelles régulières et de rendre mes envois les plus fréquents possible.
Que la Mère vous garde.
Scellé à Dieppe le cinquième jour du mois d'avril de l'an de grâce mil quatre cent soixante-six.
LaMdK
Ps : Veillez à ce qu'il ne manque rien de ce que j'ai pris soin de lister sans quoi je ferais rosser le messager.
A vous Nicolas de Montfort-Toxandrie, Prince innommé de Bretagne,
Aux portes de l'Artois, je vous écris pour tenir cette promesse formulée lors de notre dernière rencontre à Rohan à la fin du mois de Février. Salomon n'est pas mon fils, Salomon n'a pas de père, Salomon n'a pas de mère, mais il vous a vous. Et peut-être qu'avec le temps je saurais lui donner un peu de moi. Je n'ai guère de leçons à donner sur la manière dont il convient d'élever ses enfants. J'ai commis nombre d'erreurs avec les miens, j'ai manqué par trop de fois de tendresse, de compréhension. J'ai voulu diriger, cadrer, forcer des natures quand j'admets volontiers qu'on ne saurait forcer la mienne. Je suis ainsi faite, j'aime mal et de loin et je l'ai chèrement payé.
Alors j'aurais bien peu de légitimité à prétendre à quoi que ce soit sur cet enfant, je me contenterai aisément de n'être qu'une illustre inconnue qui aura croisé sa route pendant son périple breton à vos côtés. Pourtant, je souhaite qu'il ne manque jamais de rien. A cet effet voilà qui devrait pourvoir en suffisance à ses besoins pour les quelques mois à venir.
L'homme qui vous remet ce pli est porteur d'un paquet et d'un petit coffret. N'ayant pas sous la main mes tisserands favoris, j'ai dû trouver à me contenter chez les artisans normands. Vous trouverez donc dans le paquet un drap de laine de facture flamande, trois chemises de toile et une de soie que j'espère à sa taille. Deux paires de braies deux gantelets en cuir de chevreau et un manteau de laine.
Le coffret quant à lui contient deux cent écus pour ses dépenses personnelles. Je tiens à ce qu'il jouisse de tout. L'abbaye jugera peut-être ces présents trop fastueux pour la vie à laquelle elle le destine, mais j'ose espérer qu'il n'en sera pas privé au profit de plus nécessiteux. C'est ma manière de contribuer à sa vie et la seule que j'ai trouvé qui soit décente.
Par ailleurs, j'espère que vous vous portez bien et que la route sur le chemin du retour fut sans encombre. Je tâcherai de prendre des nouvelles régulières et de rendre mes envois les plus fréquents possible.
Que la Mère vous garde.
Scellé à Dieppe le cinquième jour du mois d'avril de l'an de grâce mil quatre cent soixante-six.
LaMdK
Ps : Veillez à ce qu'il ne manque rien de ce que j'ai pris soin de lister sans quoi je ferais rosser le messager.
Le tout fut confié, ainsi qu'elle l'écrivait, à un coursier à l'air plutôt honnête mais pour lequel elle n'aurait toutefois juré de rien. Grassement payé, elle espérait qu'il n'aurait pas plus grand appétit et ne succomberait pas à l'envie de garder les présents par devers lui. Il fut convenu qu'il se rendrait au Palais épiscopale de Périgueux.
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