Alors que les doigts de la musicienne s'agitaient afin de faire vibrer les cordes de son instrument, ses yeux, eux, ne manquaient pas une miette du spectacle qui se déroulait aux bains. Non pas qu'elle se rinçait lil avec les corps nus qui se dévoilaient sans filtres, ça elle n'en avait pas grand chose à faire, mais plutôt elle détaillait les allées et venues des quelques personnes venues prendre le bain, ainsi que des employés et autres serviteurs qui s'affairaient ici et là.
Chaque fois qu'un corps venait se dévêtir et plonger dans la douce chaleur d'une eau préalablement chauffée, Audrey se mettait à rêver, imaginant la vie du badaud, essayant de deviner si c'était un Homme important ou non. Parce que non, malgré tous les signes alarmants, Audrey n'avait toujours pas idée de l'endroit où elle se trouvait réellement. L'étrangère fût donc déçue de constater que personne ne portait d'atour digne de ce nom parmi les premiers clients des bains.
Qu'importe, il allait bien finir par se passer une histoire croustillante ici, quelque chose qu'elle pourra se mettre sous la dent, qu'elle pourra conter, ou bien transformer en commérages ! A une servante passant par là et l'observant avec un drôle d'air, Audrey adressa un sourire.
Celle-ci semblait s'activer à aménager au plus vite une petite salle annexe. Ce qui ne manquait pas de faire dresser un sourcil à la blonde. Pourquoi donc aménager une alcôve privée et à l'abris des regards indiscrets à l'intérieur de bains supposément publics ? Voilà de quoi intriguer la musicienne, qui porta donc toute son attention vers l'activité se déroulant un peu plus loin.
Une personne importante? Certainement. Quelque chose à ne pas rater? Assurément !
Les notes senchaînent et se ressemblent, il faut bien l'avouer, parce que l'esprit de la blonde est porté vers cette intrigue plutôt que vers la musique. Un premier corps passe finalement, celui d'une rousse maladive, qui va se glisser derrière la tenture, seule. Pas un regard n'est jeté à la musicienne, mais la blonde mis sa discrétion à profit pour détailler des pieds à la tête l'inconnue. Et son visage fût gravé dans la mémoire de la musicienne.
bientôt, la rouquine fût rejoint par une seconde femme. Celle-ci, cependant, semblait avoir notée la présence du luth, et la joueuse baissa bien vite la tête, se reconcentrant sur la musique pour offrir quelque chose de plus harmonieux et de moins brouillon, afin de faire honneur à ses talents.
La tenture fût soulevée, puis abaissée de nouveau. Malgré l'oreille tendue, létrangère ne pu capter le moindre mot de conversation par dessus la musique qu'elle jouait. Alors elle se contenta de fixer le bain privé, attendant de les voir ressortir.
C'est quand une voix semblant s'adresser à elle résonna que la jeune musicienne sursauta et revint au présent du lieu public. L'éclat d'une pièce n'échappa pas au regard curieux qui se posa sur le roux. Enfin, on mettait son talent à l'épreuve ! Ses doigts s'arrêtèrent un instant, alors qu'elle détailla le corps se dévoilant devant elle. Il s'agissait maintenant de trouver ce que l'homme attendait, quel morceau lui ferait plaisir.
Le ton froid qu'il avait employé pour s'adresser à elle sonnait comme un ordre, mais plus encore, c'est l'aura que dégageait cet homme qu'Audrey fini par retenir. Pourtant silencieux, il se dégageait de lui un quelque chose, que l'on pourrait nommer charisme, qui signifiait qu'il n'apprécierait pas qu'on lui dise non. Le contraste entre le calme du roux et l'impression de dangerosité qu'il dégageait fascina la blonde.
Alors ses doigts s'activèrent. C'est l'ensemble de ces émotions qu'elle tenta de retranscrire sur son luth. Une musique au tempo tantôt rapide - du moins pour l'époque - pour rappeler le danger qu'il inspirait, tantôt lent, avec des notes courtes qui piquaient l'air, pour signifier qu'il était venu chercher un peu de calme en ce lieu. C'est donc une musique totalement adressée à cet homme roux que la jeune musicienne joua.
D'abord concentrée sur son oeuvre, l'air tendue, elle ne tarda pas à prendre la confiance et à relever le nez vers celui qui prenait son bain. Par dessus la musique qui se calma, elle lui adressa un sourire, ainsi que quelques mots..
Merci pour la pièce.. Cette musique vous plait? Elle est pour vous.
Le sourire aux lèvres, le morceau se poursuivi quelques minutes, avant que ses doigts ne cessent de gratter les cordes. Parce qu'elle n'a pas non plus été payée pour toute la journée par cet homme ! Elle se leva ensuite, afin de récupérer la piécette sur le siège voisin. Il ne s'agirait pas de se la faire voler, pour une fois qu'on la paye !
Je suis également conteuse, alors si vous avez d'autres pièces à dépenser...
Et bien quoi? Autant essayer de se vendre un peu plus au passage. Ne perdons pas le nord !
Enfin, le voyant se lever finalement pour se diriger vers la tenture privée, la blonde grimaça et leva les mains devant elle, se rapprochant d'un pas du renard.
Non vous ne devriez pas ! C'est pri....
Un brin en retard, la blonde, car la main de l'homme venait déjà de soulever le cache afin de regarder dessous. Quant à la musicienne, elle essaya de garder son regard rivé ailleurs que sur le corps nu qui se dressait devant elle. Ou tout du moins, elle se contenta de regarder la tête de l'homme. Pas par pudeur - elle savait à quoi s'attendre en venant jouer dans des bains - mais simplement par respect.
...vé...
Et alors lentement, la jeune femme entama la marche arrière, tout en restant tournée vers les trois protagoniste. Ne lui restait qu'à retourner sagement à sa place pour jouer et surtout se faire oublier, sans perdre une miette de l'échange qui risque d'arriver.