Fauve_ebene
Prologue : La Fauve, la chasse et l'épée*
Savoie, Juin 1463
Loptimiste rit pour oublier ; le pessimiste oublie de rire.**
Campagne Savoyarde, ou quelque part par là... Et j'en ai marre. Marre d'attendre, marre d'écrire dans le vide. Marre de voir ma collection de pigeon s'éparpiller dans le ciel. Mes derniers courriers je les ai rédigé dans ma tente ou adossée à un arbre sans rien attendre en retour. Le même sentiment que ceux qui jettent une bouteille à la mer. On lance des mots, on se dit que peut être, et finalement, il n'y a que rarement une réponse. Etre la compagne d'un disparu c'est un peu ça.
Les premiers jours ont été d'une douleur sans nom. A la manière d'une droguée j'ai tremblé du manque. J'ai perdu l'appétit. J'ai oublié de dormir. Ma dose d'amour quotidienne me faisait cruellement défaut. Une véritable obsession s'était emparée de mon esprit et je n'étais plus capable de penser à autre chose.
Puis je suis tombée. Parce que le corps est ainsi formé. L'esprit peut être aussi fort qu'on veut à un moment donné le tout fini par lâcher. C'est ce qu'on appelle la loi du minimum.
C'est là qu'on m'a relevée. A coup de chausson aux pommes et de pieds aux fesses! Alors je me suis regardée dans le reflet d'une vitre et j'ai vu une femme que je ne connaissais pas. Les traits ternis, la mine fatiguée, les cheveux peu soignés. Cette silhouette fantomatique ne pouvait pas être moi. Où avais je rangé la ténébreuse jeune femme que j'incarnais? Mon regard avait perdu sa brillance habituelle et j'avais perdu l'envie de rire, l'envie de vivre.
Après, j'ai regardé autour de moi. J'ai vu des amis, des compagnons d'armes compatissants à ma douleur. Tous étaient sincèrement désolés pour ce que j'avais à endurer. J'aurais pu demander à n'importe lequel d'entre eux de m'accompagner dans ces bois pour me distraire et ça aurait été chose faite. Mais je n'ai choisi aucun d'eux. Le coeur n'y était pas.
Une douce après midi, mes émeraudes se sont arrêtées sur Orazio. Il n'y avait dans le miroir de son regard ni compassion, ni pitié. Il n'avait pas prit un air consterné à mon arrivée. Il n'avait pas demandé des nouvelles de Kelhyos non plus. L'homme semblait tout à fait indifférent à mon triste sort. Et j'ai réalisé que cette indifférence me faisait un bien fou! Il riait de tout et de rien. En lui je voyais cette joie de vivre que seul les enfants ont. Oh, je ne dis pas qu'il avait l'air d'un gosse! Pas du tout. Bien que marqué par ses années à guerroyer, il avait bonne allure, un beau soldat mâle.
Alors j'ai ris. Tout l'après midi ou presque! Je me suis sentie revivre d'un souffle nouveau. Kelhyos? Bien sûr que je ne l'avais pas oublié. Mais j'ai compris que me lamenter n'était pas la voie à suivre pour survivre à son absence. Je me sentais même un peu en colère pour cet abandon, volontaire ou non. Les étapes que je traversais étaient comparable à celle du deuil . Et rire, à mes yeux la bonne vieille thérapie à tout les maux. Nous avions donc convenu d'un rendez vous pour une nouvelle séance thérapeutique! Le thème? Bah oui c'est bien de fixer un thème, initiation à l'arc et perfectionnement à l'épée.
De bon matin j'avais embarqué dans ma besace une miche de pain, quelques maïs et une flasque d'un truc bien fort dont j'avais oublié le nom. Sur mon dos mon carquois avec deux jeux de flèches et mon arc, à la main un second arc plus grand et à ma ceinture mon épée. Je m'étais débarrassée de ma Houp' et portait pour l'occasion de fines braies et une chemise légère. Il m'avait semblé que le soleil donnait déjà généreusement de sa chaleur et que même à l'ombre dans le bois, je ne craindrais pas le froid.
Le pas pressé je m'approchais du lieu de rendez vous à la sortie du camp. Comme souvent, j'étais en retard. Quart d'heure académique ou pour me faire désirer, j'avais toujours mon excuse pour avoir le bon rôle de celle qui fait l'arrivée glorieuse!
*C'est Jd Orazio qui a choisi faut pas m'en vouloir ^^
** Anonyme
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Savoie, Juin 1463
Loptimiste rit pour oublier ; le pessimiste oublie de rire.**
Campagne Savoyarde, ou quelque part par là... Et j'en ai marre. Marre d'attendre, marre d'écrire dans le vide. Marre de voir ma collection de pigeon s'éparpiller dans le ciel. Mes derniers courriers je les ai rédigé dans ma tente ou adossée à un arbre sans rien attendre en retour. Le même sentiment que ceux qui jettent une bouteille à la mer. On lance des mots, on se dit que peut être, et finalement, il n'y a que rarement une réponse. Etre la compagne d'un disparu c'est un peu ça.
Les premiers jours ont été d'une douleur sans nom. A la manière d'une droguée j'ai tremblé du manque. J'ai perdu l'appétit. J'ai oublié de dormir. Ma dose d'amour quotidienne me faisait cruellement défaut. Une véritable obsession s'était emparée de mon esprit et je n'étais plus capable de penser à autre chose.
Puis je suis tombée. Parce que le corps est ainsi formé. L'esprit peut être aussi fort qu'on veut à un moment donné le tout fini par lâcher. C'est ce qu'on appelle la loi du minimum.
C'est là qu'on m'a relevée. A coup de chausson aux pommes et de pieds aux fesses! Alors je me suis regardée dans le reflet d'une vitre et j'ai vu une femme que je ne connaissais pas. Les traits ternis, la mine fatiguée, les cheveux peu soignés. Cette silhouette fantomatique ne pouvait pas être moi. Où avais je rangé la ténébreuse jeune femme que j'incarnais? Mon regard avait perdu sa brillance habituelle et j'avais perdu l'envie de rire, l'envie de vivre.
Après, j'ai regardé autour de moi. J'ai vu des amis, des compagnons d'armes compatissants à ma douleur. Tous étaient sincèrement désolés pour ce que j'avais à endurer. J'aurais pu demander à n'importe lequel d'entre eux de m'accompagner dans ces bois pour me distraire et ça aurait été chose faite. Mais je n'ai choisi aucun d'eux. Le coeur n'y était pas.
Une douce après midi, mes émeraudes se sont arrêtées sur Orazio. Il n'y avait dans le miroir de son regard ni compassion, ni pitié. Il n'avait pas prit un air consterné à mon arrivée. Il n'avait pas demandé des nouvelles de Kelhyos non plus. L'homme semblait tout à fait indifférent à mon triste sort. Et j'ai réalisé que cette indifférence me faisait un bien fou! Il riait de tout et de rien. En lui je voyais cette joie de vivre que seul les enfants ont. Oh, je ne dis pas qu'il avait l'air d'un gosse! Pas du tout. Bien que marqué par ses années à guerroyer, il avait bonne allure, un beau soldat mâle.
Alors j'ai ris. Tout l'après midi ou presque! Je me suis sentie revivre d'un souffle nouveau. Kelhyos? Bien sûr que je ne l'avais pas oublié. Mais j'ai compris que me lamenter n'était pas la voie à suivre pour survivre à son absence. Je me sentais même un peu en colère pour cet abandon, volontaire ou non. Les étapes que je traversais étaient comparable à celle du deuil . Et rire, à mes yeux la bonne vieille thérapie à tout les maux. Nous avions donc convenu d'un rendez vous pour une nouvelle séance thérapeutique! Le thème? Bah oui c'est bien de fixer un thème, initiation à l'arc et perfectionnement à l'épée.
De bon matin j'avais embarqué dans ma besace une miche de pain, quelques maïs et une flasque d'un truc bien fort dont j'avais oublié le nom. Sur mon dos mon carquois avec deux jeux de flèches et mon arc, à la main un second arc plus grand et à ma ceinture mon épée. Je m'étais débarrassée de ma Houp' et portait pour l'occasion de fines braies et une chemise légère. Il m'avait semblé que le soleil donnait déjà généreusement de sa chaleur et que même à l'ombre dans le bois, je ne craindrais pas le froid.
Le pas pressé je m'approchais du lieu de rendez vous à la sortie du camp. Comme souvent, j'étais en retard. Quart d'heure académique ou pour me faire désirer, j'avais toujours mon excuse pour avoir le bon rôle de celle qui fait l'arrivée glorieuse!
*C'est Jd Orazio qui a choisi faut pas m'en vouloir ^^
** Anonyme
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