Charlemagne_vf
C'était le 29 mars, et la Bourgogne était baignée d'un fort agréable soleil. Un vent léger faisait se balancer les branches naissantes des arbres. Le printemps avait commencé depuis quelques jours déjà, et avec lui, le retour des réjouissances aristocratiques. Les mariages, les anoblissements, toutes ces unions qui impliquaient qu'à un moment ou un autre, l'on s'embrasse, prenaient un jour tout nouveau. Et, l'austère Charlemagne de Castelmaure, emmitouflé dans la couverture synthétique du désespoir, tirait la tronche sur les chemins du Charolais où il allait témoigner aux anoblissements de deux prochains vassaux de l'héritière d'Angélyque de la Mirandole.
Les Bourguignons n'étaient pas un peuple calme, héraldiquement parlant. A peine avait-il été nommé à la hérauderie royale que le premier prince du sang avait dû se débrouiller avec une duchesse passée pour morte et un sac du palais des ducs, puis gérer une levée de ban ; les allégeances suivantes avaient été troublées par des pécores en goguette. En somme, il avait déjà tout vu, en très peu de temps, et cette fantaisie s'accordait mal à son caractère difficile. Monomaniaque et sociopathe, il se demandait si cette charge, pour honorifique qu'elle fût, valait bien qu'il dut à ce point se mêler aux autres, qu'il abhorrait.
Il fit contre mauvaise mine bonne grâce. Ou quelque chose du genre.
Il faisait beau, donc, et les tours de la cité de Charolles arboraient les oriflammes du duché. La duchesse le reçut, et ses serviteurs avec. Elle était jeune, montrait pour lui une déférence mesurée. Elle avait une réserve qu'elle ne tenait assurément pas de sa mère. Plus sage. Elle lui semblait à Angélyque ce que Blanche de Malemort était à Nebisa : une version édulcorée, et en cela, plus acceptable à sa vue. Poucelyna avait de la naissance : cette naissance rachetait celle de sa mère aux yeux de l'Aiglon.
Tout en place, il n'y eut plus qu'à lancer les hostilités. On avait dressé çà et là de quoi sustenter chacun. Le héraut, revêtu de son tabard, tenait en ses mains ses caducées. Sur un pupitre, devant lui, de la cire, de l'encre et du vélin serviraient à parfaire les patentes qu'on avait déjà préparées.
Deux clercs portaient blasons et couronnes, qu'on remettrait aux impétrants du jour au moment voulu.
L'Infant dit :
Votre Altesse Royale, sieurs et dames, nous sommes ici aujourd'hui pour faire acte du vu de Madame la duchesse du Charolais de voir octroyer à Makcimus de Kersac la seigneurie de Sanvignes.
Son Altesse Royale demandera audit Makcimus s'il souhaite être sien vassal, et s'il consent à lui prêter serment d'allégeances. Auquel cas, ledit Makcimus promettra à la duchesse du Charolais tout à la fois aide et service armé, fidélité et conseil. Son Altesse Royale répondra en les termes qu'elle sait à ce serment, et scellera cette nouvelle alliance d'un baiser ou d'une étreinte.
Il fit un pas en arrière, laissant se faire ce qui devait être fait.
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Les Bourguignons n'étaient pas un peuple calme, héraldiquement parlant. A peine avait-il été nommé à la hérauderie royale que le premier prince du sang avait dû se débrouiller avec une duchesse passée pour morte et un sac du palais des ducs, puis gérer une levée de ban ; les allégeances suivantes avaient été troublées par des pécores en goguette. En somme, il avait déjà tout vu, en très peu de temps, et cette fantaisie s'accordait mal à son caractère difficile. Monomaniaque et sociopathe, il se demandait si cette charge, pour honorifique qu'elle fût, valait bien qu'il dut à ce point se mêler aux autres, qu'il abhorrait.
Il fit contre mauvaise mine bonne grâce. Ou quelque chose du genre.
Il faisait beau, donc, et les tours de la cité de Charolles arboraient les oriflammes du duché. La duchesse le reçut, et ses serviteurs avec. Elle était jeune, montrait pour lui une déférence mesurée. Elle avait une réserve qu'elle ne tenait assurément pas de sa mère. Plus sage. Elle lui semblait à Angélyque ce que Blanche de Malemort était à Nebisa : une version édulcorée, et en cela, plus acceptable à sa vue. Poucelyna avait de la naissance : cette naissance rachetait celle de sa mère aux yeux de l'Aiglon.
Tout en place, il n'y eut plus qu'à lancer les hostilités. On avait dressé çà et là de quoi sustenter chacun. Le héraut, revêtu de son tabard, tenait en ses mains ses caducées. Sur un pupitre, devant lui, de la cire, de l'encre et du vélin serviraient à parfaire les patentes qu'on avait déjà préparées.
Deux clercs portaient blasons et couronnes, qu'on remettrait aux impétrants du jour au moment voulu.
L'Infant dit :
Votre Altesse Royale, sieurs et dames, nous sommes ici aujourd'hui pour faire acte du vu de Madame la duchesse du Charolais de voir octroyer à Makcimus de Kersac la seigneurie de Sanvignes.
Son Altesse Royale demandera audit Makcimus s'il souhaite être sien vassal, et s'il consent à lui prêter serment d'allégeances. Auquel cas, ledit Makcimus promettra à la duchesse du Charolais tout à la fois aide et service armé, fidélité et conseil. Son Altesse Royale répondra en les termes qu'elle sait à ce serment, et scellera cette nouvelle alliance d'un baiser ou d'une étreinte.
Il fit un pas en arrière, laissant se faire ce qui devait être fait.
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