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[rp fermé] Hiver 1460-61. Je voudrais mourrir par curiosité

Alphonse_tabouret


Elle replia ses jambes contre elle dans un sourire gêné, et se mit à passer un doigt blanc dans la tresse enrubannée improvisée plus tôt au marché, sur lesquels il prit soin de n’attarder aucun regard. Il connaissait par cœur ce geste chez les femmes, l’ayant observé aussi souvent chez ses sœurs cadettes que chez ses maitresses ou bien quelques amies de sa mère en visite dominicale.
Rouquine était en lutte, perplexe, indécise. Elle flirtait entre le regret de se faire dépasser, et l’excitation que représentait cette nouveauté. Surprise, c’était exactement comme ça qu’il la désirait. Déroutée, au point d’oublier les manières lascives, avec, peut-être, la chance qu’elles reviennent d’elles mêmes, mais sans l’automatisme du travail, juste par envie. Cependant si c’était là une partie de la journée à laquelle il avait pensé, ce n’était pas sa priorité, et la courtisane, dans les attitudes qu’elle commençait à prendre, semblait doucement l’accepter.


Que faites vous dans la vie, monsieur Alphonse ?

Il vint prendre place sur l’accoudoir du même fauteuil qu’elle, frôlant son épaule du bras en commençant lui aussi à enlever une première botte, un sourire aux lèvres.

-Jusqu’à récemment, je faisais peu de choses, répondit il, toujours à voix basse, sans oublier la première volonté de la catin. Ce qui me plaisait beaucoup, fit il en tournant la tête vers elle pour lui adresser un sourire qui sous entendait toutes les folies auxquelles on s’adonne quand on n’a que ça à faire. Mais les circonstances se chargent parfois de vous rappeler que tout se paye, la paresse aussiIl déchaussa sa botte et commença à délasser la seconde, en reprenant. Aussi, pour ne pas être en reste, il a bien fallu que je m’y mette… Vous comprenez, je n’aime rien devoir …

Il éludait, juste assez pour rester sincère dans le flou des événements sans entrer dans les détails. Il n’était pas venu s’épancher, ne le faisait jamais, sauf dans l’intimité d’une oreille anglaise quand le chaud de la luxure rassasiée se mettait à le bercer. Rouquine, innocente victime prise au hasard d’un rayon de soleil, n’avait pas à subir les affres qui l’avaient jeté dans cette nouvelle vie où l’on se couchait fourbu, non pas des plaisirs de la chair mais des heures de travail exécutées.

-Je suis rentré il y peu au service de la garde personnelle de la Duchesse de Brienne, Sa Grace Maltéa Di Favara. Il se surprit, amusé, à citer le titre de la blonde italienne, qui le forçait au respect si loin d’elle et ses cheveux blonds ondulants. Il posa la deuxième botte à coté de la première, passant son bras sur le dossier de la chaise pour s’y caler, coulant un regard vers Rouquine. Cela dit, si je ne m’étais jamais imaginé devoir travailler dans ces conditions Et c’était vrai. Jamais Alphonse, fils d’un riche commerçant, n’aurait pensé devoir faire plus qu’acte de présence dans les locaux de l’artisanat familial, n’étant même pas l’ainé pour revendiquer à la succession, tout juste bon à y faire les comptes ou assister à quelques mondanités obligatoires, domaine dans lequel il avait toujours excellé… j’y ai appris une chose: On en apprécie d’autant plus les jours de paresse… Il lui sourit, résistant à l’envie fugitive de venir enfouir ses doigts dans la masse rousse. Alors, qu’allons-nous faire de celui que nous partageons, Demoiselle ? lui demanda-t-il. Vous me disiez tout juste sortir d’une convalescence, dois je vous glisser dans un lit avec une bouillotte et ne vous réveiller que si vous vous mettait à ronfler trop fort pour que cela soit tolérable ?... le sourire étira ses lèvres, taquin… ou préférez vous faire fi de tout ça et que je vous serve quelque chose à boire pour poursuivre la conversation ?

Il attendait, patient, qu’elle soit en confiance pour oser à son tour les questions.
A elle le choix, à elle les envies. A lui le pouvoir de peut être la divertir quelques heures.

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Cornelius.de.leffe
Il s'approchait encore, s'asseyant sur son accoudoir quand il y avait plein de place ailleurs, et la rouquine eut un frisson d'agacement qui la surprit elle-même. On lui offrait soit-disant la liberté d'agir à sa guise, on la déchaussait comme une grande dame... Mais au final, le jeu restait le même ! Cet homme attendait d'elle ce que tout homme attendait toujours d'elle... Il voulait juste mettre un peu de sel dans l'approche, se donner l'illusion qu'elle décidait. Elle en était persuadée.

Elle se raidit, sans comprendre pourquoi. Le jeune homme avait belle tournure, il était même le contraire de repoussant. Etait-ce justement parce qu'elle avait cru, une seconde, avoir vraiment toute liberté, que son corps à présent fuyait le contact de ce bras contre son épaule...? En plus, il la taquinait comme une femme qu'on connait bien. Ou comme une catin qu'on a pas besoin de respecter. Vrai, après tout... il ne la payait pas pour s'imaginer son égale, juste pour faire ce qui lui plaisait. N'empêche, écouter ce jeune coq lui dire des banalités, lui parler de ses dessous et de ses ronflements, ne l'amusait guère.

Elle profita que Jutta passe la tête dans l'encadrement de la porte, signe que la chambre était prête, pour se lever prestement et s'y diriger, faisant signe au jeune homme de la suivre, mais sans pour autant l'attendre. La moutarde lui était monté au nez... Voilà le danger de demander à une catin ses envies... Elle se prend pour une femme normale!


[Chambrine]

Elle attendit, le coeur battant un peu trop fort, qu'il la suive, ferma la porte, puis vint se planter devant lui en ne se laissant surtout pas le temps de réfléchir à ce qu'elle faisait, à qui elle parlait. Surtout, ne pas prendre le temps de voir s'il était contrarié ou non, s'il était amusé, intrigué, faché. Parce qu'elle le savait bien, à la moindre trace d'irritation sur le beau visage, elle se dégonflerait. Déformation professionnelle.

Vous êtes sûr qu'ça vous intéresse, c' que j' veux ? Pasqu'il faudrait déjà cesser de me diriger, pour ça hein. C'est vrai quoi, j'avais pas forcément envie que vous m'enleviez mes bottines, mais vous vous êtes même pas posé la question, hein. Et là, encore, vous vous en rendez même pas compte, mais j'ai même pas le temps de me demander ce que je veux, que vous suggérez des choses ! Si vous croyez qu'c'est facile...

Sans s'en rendre compte, elle avait mis les mains sur les hanches. Son menton levé en signe de défi montrait, malgré tous ses efforts, combien elle était jeune encore, puérile dans ses attitudes.

Et si j'ai envie que vous arrêtiez de me traiter en catin, par exemple ? Chais bien qu'c'est ce que j'chuis, mais bon, moi mon jour de congé, j'ai pas forcément envie de parler de mes bas, de m'faire tripoter les ch'villes et de m'entendre dire que j'ronfle. Les z'autres filles que vous connaissez pas, je doute que vous leur parlez d' la sorte, ou alors z'êtes pas très poli !

Elle finit sa diatribe dans une fameuse quinte de toux, mais bon, ça c'était à prévoir. Le rouge lui montait dangereusement aux joues, mais c'était contre elle qu'elle était en colère. Persuadé qu'il se jouait d'elle et allait de toutes façon la mettre sur le dos, elle s'en voulait d'avoir été naïve , d'avoir vraiment cru qu'elle aurait un choix- dont elle ne savait trop que faire, mais un choix quand même- Et elle s'en voulait surtout, surtout, d'être décue. Il voulait coucher ? Elle devrait trouver ça flatteur ! Mais non, elle était décue. Que s'imaginait-elle donc, qu'il allait en plus la traiter comme une bourgeoise, et s'interesser vraiment à ses envies ! Idiote...

Le lecteur notera qu'avec la colère, le vernis craque, et que d'un coup la petite rousse parle bien moins joliment, que son langage soigneusement chatié à disparu... Alphonse entendra peut-être même, s'il est attentif, un brin d'accent flamand ressortir, maintenant que la jeune fille ne se surveille plus.

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Alphonse_tabouret
La colère avait pour effet de lui glisser dessus, surtout celle des femmes qu’il jugeait pour la plus part du temps prompte, irrationnelle et toujours trop personnelle pour qu’il lui donne du poids. Celle de Rouquine ne fit pas exception à la règle, si ce n’est qu’elle manifestait enfin une vraie prise de rêne de la situation.
Il fut évidemment surpris quand de timide et chaleureuse, elle se transforma en furie outrée mais là où l’indifférence la plus totale l’aurait submergé et poussé à bien pire, il sentit sa curiosité l’aiguillonner un peu plus dans le cadre de cette lubie. Qu’est ce qui avait pu déclencher sa colère ?

A peine arrivés dans la chambre, qu’elle se planta devant lui et se lança dans un monologue de reproches


Vous êtes sûr qu'ça vous intéresse, c' que j' veux ? Pasqu'il faudrait déjà cesser de me diriger, pour ça hein. C'est vrai quoi, j'avais pas forcément envie que vous m'enleviez mes bottines, mais vous vous êtes même pas posé la question, hein. Et là, encore, vous vous en rendez même pas compte, mais j'ai même pas le temps de me demander ce que je veux, que vous suggérez des choses ! Si vous croyez qu'c'est facile...

Ainsi donc c’était les bottes ? Parce qu’il les avait enlevées sans le lui demander ou parce qu’il avait entraperçu ce petit trou dans le bas, ce genre de petit trou au demeurant bénin mais qu’on n’a pas forcément envie de montrer aux autres ?
Etait-ce une vraie pudeur ou une coquetterie ?
Les mains plantées sur les hanches en mode scène de ménage, la petite frimousse rousse se fronçait encore plus.


Et si j'ai envie que vous arrêtiez de me traiter en catin, par exemple ?

Il réprima le sourire qui lui montait aux lèvres avec facilité, rompu à l’exercice, mais ne l’interrompit nullement pour lui dire qu’il l’avait traitée comme n’importe quelle jeune femme, paysanne ou marquise qu’il aurait pu croiser, voire mieux...


Chais bien qu'c'est ce que j'chuis, mais bon, moi mon jour de congé, j'ai pas forcément envie de parler de mes bas, de m'faire tripoter les ch'villes et de m'entendre dire que j'ronfle.

Cette propension des femmes à trouver mal venu le moindre trait d’humour quant à de possibles travers de leur féminité le déconcerterait toujours. Croyaient-elles vraiment les hommes à ce point idiots pour les penser faites de porcelaine : statiques et silencieuses ?
C’était néanmoins bon à savoir. Rouquine était encore trop jeune, ou bien, étrangement trop naïve peut être, pour se défendre de ce genre de bêtises.


Les z'autres filles que vous connaissez pas, je doute que vous leur parlez d' la sorte, ou alors z'êtes pas très poli !

Alphonse n’était en effet pas très poli selon la conception de Rouquine et n’en fut nullement vexé, conscient qu’on était toujours, quelque part, la déception d’un autre, et ayant fort bien appris à se faire à cette idée, mais là encore l’indice était de taille quant aux attentes de la catin. Et si les mots l’effleurèrent à peine, l’accent natif qui avait fini par perler de la bouche de la rousse, vint désagréablement lui écorcher les oreilles tandis que la jeune femme, était prise d’une vilaine quinte de toux
La moue lui venant aux lèvres sous la pluie de souvenirs flamands qu’il ensevelissait patiemment depuis de longues semaines fut plus difficile à maitriser que la précédente, mais à l’exception d’un reflet sombre dans sa prunelle, il n’en parut rien. Ses années de servitude payaient au quotidien. Il lui laissa le temps de tousser, stoïque, patient, résumant ce qu’il avait compris de cet emportement pour se changer les idées au plus vite, refusant farouchement de perdre pied maintenant dans ce marasme.

Pour résumer, Rouquine voulait être en porcelaine. Et si lui, avait toujours envie de chahuter les poupées de porcelaine pour les voir enfin vivre, ce n’était visiblement pas ce qu’elle souhaitait. Soit, songea-t-il, confiant. Je peux faire ça. Bien sûr, il y aurait quelques attitudes à reprendre au fur et à mesure, mais il était prêt à s’y essayer. Par exemple là, devait-il ou non lui tendre un mouchoir ? S’il le faisait, il risquait de croiser son visage congestionné par la toux, et il était à peu prés sur que ça ne se faisait pas dans la bonne société. D’un autre coté, pouvait on décemment laisser une jeune femme s’étouffer sans même lui tendre de quoi cacher sa toux? Qu’est ce qui serait le plus gentleman ?
La jeune femme reprit consistance avant même qu’il eut pu trancher, alors, toujours immobile, mais la regardant de nouveau, il commença par le plus important:


-Toutes mes excuses si je vous ai froissé.Puis prés un bref silence, il répondit à l’ensemble de ses propos en énonçant une évidence, poliment, comme elle le souhaitait, sans la moindre trace de moquerie dans la voix:Vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous souhaitiez faire, Demoiselle.
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Cornelius.de.leffe
Soit parce qu'elle était catin, soit parce qu'elle était trop sensible, ou peut-être pour ces deux raisons... La rouquine avait un peu trop vite tendance à croire que le traitement qu'elle recevait était du à son métier, et si elle avait seulement su le quart des sévices que les "honnêtes femmes" subissaient réellement de la gent masculine, elle serait tombée de bien haut.

Mais à 17 ans, on s'en fait, des idées, sur tout et sur rien. Persuadée qu'un joli gentilhomme du genre de celui-là traitait les "vraies jeunes filles" comme dans les contes de fées, et ne se serait jamais permis de telles familiarités avec l'une d'elles, elle s'était donc fourré dans le crâne qu'il ne respectait pas son contrat. Surtout qu'il avait commis l'erreur- si si- de lui offrir un pouvoir qu'elle n'avait jamais eu avec aucun homme avant lui.

C'est quand il s'excusa, et que la toux cessa, que la jeune fille prit conscience que la paille dans l'oeil du voisin ne valait pas la poutre dans le sien, et qu'elle s'etait montrée "pas très polie" non plus. Et puis, il ne cherchait ni à nier, ni à se justifier... Il n'y a rien de plus efficace pour calmer un agacement soudain que des excuses toutes simples, sans justification ou argumentation. Rien pour alimenter le feu qui s'est allumé soudain, et s'éteint tout aussi vite, du coup. Elle l'observa sous ses cils baissés. Peut-être s'était elle trompée, après tout. Peut-être l'avait il approchée naturellement, sans réelle intention de la séduire ? Il n'avait pas l'air en colère, ni même agacé, à part peut-être une lueur dans les yeux noirs... Se mordillant la lèvre, elle se laissa choir sur l'un des deux petits fauteuils de la cheminée.


Excusez-moi, j'ai pas l'habitude de.. ça, finit-elle par lâcher en plissant le nez. Un geste flou de la main accompagna sa tentative de précision. Enfin, d'avoir le droit de décider. C'est... perturbant. Alors du coup je sais plus ou j'en suis... J'aurais pas du m'enerver.

Elle n'osa pas ajouter qu'à sa façon de l'approcher, tout en frôlements et sans en avoir l'air, il avait bien failli lui donner envie. Et la rouquine n'avait pas envie d'avoir envie ; ça équivaudrait à renoncer immédiaement à ce pouvoir qu'il lui avait offert, et à redevenir esclave en un claquement de doigt. Esclave de ses sens, d'un homme, d'une situation, de ses envies, peu importe. Elle ne voulait pas si vite renoncer à son cadeau. L'invitant d'un geste à s'asseoir, elle s'accouda à ses propres genoux, posa le menton sur ses mains et soupira, avant de se mettre à penser à voix haute.

Voyons... Si vous n'étiez pas là, je... me recoucherai, certainement. Ou bien je broderai au coin du feu. Des activités de malade, quoi. Et puis je m'ennuierai, ça, c'est sur ! Du coup, votre visite c'est une aubaine, pour passer le temps... mais...

Elle leva sur lui un regard interrogatif.

Z'avez pas l'air d'avoir très envie de parler de vous... Du coup j'ose pas trop vous poser de questions.

Elle se mordilla la lèvre inférieure, songeuse.

Dites... vous ferez vraiment... tout ce que je veux ? Je veux dire.. vraiment tout ? Et vous vous moquerez pas ?
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Alphonse_tabouret
La colère retomba, aussi rapidement qu’elle était venue, convaincant un peu plus le jeune Tabouret que les femmes étaient décidément d’étranges créatures dont les secrets de l’âme seraient à tout jamais une énigme délicate. Que d’émotions devaient les ronger en permanence pour qu’elles explosent et s’adoucissent avec autant d’empressement dés que les circonstances s’y prêtaient. L’image de sa mère, sainte soumise aux humiliations de la vie courante passa à ses yeux, et il se demanda fugitivement auprès de qui, cette femme que la société avait faite catin sous le pseudonyme d’épouse, se permettait ce genre de coups d’éclats.
Il la laissa l’examiner, patient, attentif sous son attitude nonchalante, avant qu’elle ne se laisse tomber dans un des fauteuils prés de l’âtre dans les bruissements de ses jupons.


Excusez-moi, j'ai pas l'habitude de… ça. Enfin, d'avoir le droit de décider. C'est... perturbant. Alors du coup je sais plus ou j'en suis... J'aurais pas du m'enerver.

Il détailla la mine soucieuse de la rousse, la trouvant délicieusement simple, tendrement trop honnête. S’en vouloir, pour si peu… et le dire… Quel âge avait-elle, se demanda-t-il en la rejoignant sur le fauteuil voisin quand elle l’y invita. A quel âge avait-on encore assez d’innocence pour s’excuser aussi promptement, avec une sincérité aussi équivoque sur le visage ?

Voyons... Si vous n'étiez pas là, je... me recoucherai, certainement. Ou bien je broderai au coin du feu. Des activités de malade, quoi. Et puis je m'ennuierai, ça, c'est sur ! Du coup, votre visite c'est une aubaine, pour passer le temps... mais...

A la chaleur du feu crépitant, il la laissa à son tour rassembler ses idées à voix haute, amusé, retenant soigneusement le sourire espiègle qu’il n’aurait pas manqué d’afficher en temps normal pour venir susciter un froncement de nez.
Les yeux clairs se portèrent sur lui et il se concentra pour y laisser les siens, évitant qu’ils ne glissent sur cette lèvre mordillée qu’il trouvait toujours délicieusement suggestive au risque de fâcher sa compagne de jeu.


Z'avez pas l'air d'avoir très envie de parler de vous... Du coup j'ose pas trop vous poser de questions. Dites... vous ferez vraiment... tout ce que je veux ? Je veux dire.. vraiment tout ? Et vous vous moquerez pas ?

-Il va sans dire que si vous me demandiez de me jeter dans la Seine, j’aurais quelques réticences dont je vous ferais part, mais dans l’absolu, Demoiselle… Le mot était volontairement choisi depuis qu’il avait subi le courroux de la jeune femme Les demoiselles de porcelaine s’interpellaient avec la fraicheur de leur identité et elle ne ferait pas exception. Rouquine n’existait plus. Je ferai ce que vous souhaiterez, comme convenu. Il n’enchaina d’aucun exemple pour bousculer son imagination, mais rongé d'une curiosité neuve. Qu'avait elle donc en tête?. Et non… Il lui sourit, et dégagea son visage des mèches brunes qui entravaient son front… je ne me moquerai pas.

Il était rare qu’Alphonse rie, peu habitué à ce genre d’exercice durant son enfance, et discipliné à l’éviter durant son adolescence, ne réservant ce son si précieux qu’à l’oreille de convives triés sur le volet. Il lui serait donc aisé de ne pas avoir l’air railleur de ce coté là. Pour le reste, son attitude tout entière, au travers de son insolence coutumière, de ses manies juste assez familières pour être déplacées, trop hasardeuses pour être pointées du doigt, il saurait les juguler pour quelques heures.

-Quant à mes envies, elles importent peu, ce sont les vôtres qui comptent aujourd’hui, lui rappela-t-il.

Souhaitait-elle quelque chose qu’il suffisait de le demander. Il fallait juste qu’elle ose, et sans plus lui tendre de main puisqu’elle avait réclamé si joliment son indépendance.

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Cornelius.de.leffe
Les quenottes blanches jouaient incessamment avec ses lèvres, les malmenant l'une après l'autre à mesure qu'elle refléchissait. Ses envies. Elle avait si peu l'habitude de les écouter... Fouillant sa mémoire, cherchant de quoi elle se plaignait souvent, elle se rendit compte que ses envies étaient d'une banalité sans nom... Pour une femme normale, ou ce qu'elle imaginait être la vie d'une femme normale, en tout cas.

Elle se leva, alla s'asseoir sur le lit, en tailleur, rassemblant sans peine ses jupes autour d'elle, et le regarda, tête penchée de côté.


Ca va vous paraitre bête... mais j'aimerais...

Cils baissés, soudain gênée de montrer une faiblesse dans la carapace, elle hésita. Les catins sont payées pour être légères, désinvoltes, et rire quand on leur pince la taille ou qu'on les deshabille...

J'aimerais retrouver une sensation d'enfance. Euh... être dans les bras d'un homme, juste... comme ça. Et parler.. et ... enfin... qu'il me tripote pas. Pas comme ça...

A mesure qu'elle parlait, sa voix faiblissait. Mais au moins, voilà, c'était dit. Elle voulait retrouver cette senation de sécurité que seuls les bras de son père, puis du défunt Baudouin, avaient pu lui apporter. Oh, pour sûr, depuis ce fameux dérapage dans les bras de Marceau, elle avait maintes occasions de se faire cajoler par le blondinet, mais elle sentait bien qu'à glisser du sexe à la tendresse, elle risquait de le faire souffrir. Les attitudes du jeune homme l'inquiétaient.. manquerait plus qu'il s'attache trop... Et Jules.. Ah, Jules, le protecteur, le grand frère... Mais depuis toujours, sûrement à cause de son passé avec Emilla, Jules avait gardé ses distances avec elle, du moins physiquement. Un baiser sur le front tombait parfois, rarissime. Sinon elle avait plutot droit à des claques dans le dos.

Osant enfin l'observer entre ses cils baissés, elle resta figée, accoudée à ses genoux en tailleur, légèrement avachie vers l'avant, comme pour se protéger du rire gras qui risquait d'arriver. Il allait peut-être se demander pourquoi, si elle ne voulait pas se faire tripoter, elle avait choisi le lit. Mais justement... C'etait ce lit sur lequel tant d'homme profitaient d'elle. C'etait sur ce lit qu'elle voulait un moment de détente.

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Alphonse_tabouret
Le silence s’installa dans le crépitement discret de la petite cheminée tandis que la jeune femme réfléchissait. Il n’aurait jamais imaginé l’exercice si difficile, et s’étonnait, sous le masque parfait de l’attente polie, que cela lui prenne tant de temps pour trouver quoi faire d’un compagnon de jeu. Cette douce lubie se révélait bien plus intéressante qu’il ne l’espérait, la rousse se prêtant au jeu avec une bonne volonté qui frisait l’attendrissement.
Il aurait cru qu’elle en profiterait pour s’abimer dans l’insouciance pour quelques heures, et à contrario, elle avait pris un chemin radicalement différent en essayant de trouver ce qu’elle désirait de plus brut, et cela l’émerveillait complètement, lui qui dissimulait tout, ou presque.
N’avait elle pas déjà formulé ça dans sa jolie tête dans les moments les plus solitaires de sa vie ? Il se souvenait, lui, comment rugissaient les envies sous sa tête malgré sa placide servitude, comment parfois il les jetait contre l’oreiller quand venait la discrétion de la nuit. Il se rappelait aussi de la brûlure dans la gorge rien qu’à les murmurer, cette honte cuisante qui le submergeait d’avouer à voix haute, pour lui-même, ce qu’il voulait… Y arriverait-elle devant témoin ? Serait-elle moins orgueilleuse que lui ?
La lèvre pulpeuse fut mordue, travaillée, malmenée, jusqu’à ce qu’elle se lève pour aller s’assoir sur le lit, à la manière d’une petite fille, en tailleur.


Ca va vous paraitre bête... mais j'aimerais...
J'aimerais retrouver une sensation d'enfance. Euh
... être dans les bras d'un homme, juste... comme ça. Et parler.. et ... enfin... qu'il me tripote pas. Pas comme ça...


Elle avait osé.
La voix mourante, les joues rosies, plus nue qu’il n’aurait jamais pensé la voir, la jeune femme venait de demander ce qu’elle voulait vraiment, et Alphonse n’avait jamais su résister à ce genre d’appel où tout était simple, vie, et envie.
Leurs regards se rencontrèrent tandis qu’elle risquait un regard sur lui, et il s’y attarda quelques instants, pour laisser naitre un sourire doux à ses lèvres.
Enfin, il se releva, toujours silencieux, sans la quitter des yeux et s’approcha du lit où elle avait choisi de trouver refuge, pour la rejoindre sur l’édredon. Les souvenirs d’enfance remontaient doucement dans cette approche, lorsqu’il vint s’assoir à son tour, adoptant presque la même pose qu’elle, doucement plus avachie, pour lui permettre de couler contre lui, et il sentit presque l’odeur poudrée de sa cadette à son nez quand il vint passer une mèche rousse derrière l’oreille blanche de sa compagne de jeux pour dégager son visage.


-Ca ne me parait pas bête du tout, juste comme ça, pour parler, sans vous tripoter, lui promit il dans un chuchotement amusé mais honnête en glissant dans son dos, félin mais nullement menaçant.

Étendant ses jambes autour d’elle, il examina le dos arrondi de la jeune femme et se pencha jusqu’à l’approcher sans le toucher.


-J’ai deux sœurs, commença-t-il à voix basse. La plus jeune a toujours été dans les jupons de ma mère, mais l’autre… il sourit l’autre me ressemble, en mieux réussi, glissa-t-il pour l’amuser. Quand elle était petite, elle venait souvent me déranger pendant mes leçons pour n’importe quelle raison… surtout parce qu’elle se sentait déjà seule, je crois, fit il avec une pointe de tristesse dans le sourire. Et qui ne l’avait pas été sous ce toit familial ? Elle piaillait, me bousculait, jusqu’à ce que je me lève, lui court après et l’attrape. C’était un véritable rituel… Il restait une distance infime entre eux, qu’il franchit définitivement, entourant la rousse de ses bras avec lenteur, continuant son histoire en apposant son torse chaud à son dos. Sa joue s’appuya aux cheveux roux sans chercher l’oreille comme il l’aurait fait en temps normal, poursuivant:Quand enfin je lui mettais la main dessus, je la coinçais contre moi jusqu’à ce qu’elle se calme, et quand enfin elle s’apaisait, je lui léchais la joue jusqu’à l’oreille. Alors elle explosait en une boule de fureur totale et déguerpissait en hurlant après notre nourrice… Il observa un temps de silence et précisa, se rendant compte que cela pouvait prêter à confusion. Je vous promets de ne pas vous lécher la joue jusqu’à l’oreille cela va sans dire

Il n’attendait plus qu’elle bascule contre lui, ne voulant la forcer à rien pour ne pas l’effrayer, la laissant apprivoiser cette sensation qu’elle recherchait. Il aurait pu lui raconter les fois où Opaline pleurait de colère contre l’image paternelle écrasante et où il la berçait en lui mentant, lui assurant que tout irait bien, mais il avait choisi l’anecdote idiote, parce que dire autre chose, ça aurait été avoué que rien n’était allé, qu’ils s’étaient réfugiés dans ce mensonge fraternel pour son fugitif confort et que la réalité les avaient rattrapés.

Si cette tendresse rare qu’il n’avait plus l’occasion d’exprimer pouvait réchauffer la rousse, pourquoi l’en priver ? Bizarrement, elle lui faisait du bien aussi.

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Cornelius.de.leffe
Le rire redouté ne vint pas. Il souriait, sans moquerie, elle eut même pu jurer qu'il semblait attendri... Déglutissant difficilement, elle le regarda approcher, aussi immobile qu'une statue de sel. Son dos se raidit imperceptiblement alors qu'il s'installait, repoussait une de ses mèches derrière son oreille. Ce geste, beaucoup le faisaient, mais toujours en guise de préliminaires.

Alphonse était un jeune homme très intelligent, très sensible, ou les deux. Toujours est-il qu'il sut trouver précisément quoi dire pour détendre la jeune fille. Parler de ses soeurs, de leurs jeux, de la tendresse qu'il leur offrait, ramenait la rouquine à l'époque ou elle etait Roxanne, et calinait ses jeunes soeurs pour les endormir. Peu à peu, le contact du jeune homme cessa de la troubler, pour l'apaiser. Il réussit même à la faire rire, tout doucement, en lui promettant de ne pas lui infliger de grand coup de langue en travers de la joue.

Alors elle se laissa totalement aller contre ce torse acceuillant. Pas aussi large ou aussi rassurant que celui de son père, ou de Baudouin... Mais chaleureux, tendre... Et surtout, sans contrepartie demandée. Posant sa tête sur l'épaule qu'il offrait, elle poussa un soupir d'aise et se laissa aller à raconter sa propre anecdote.


Moi j'étais l'aînée de deux soeurs, alors ma mère se reposait sur moi... Mais de temps en temps, elle me prenait contre son giron en disant : comme tu grandis, j'ai du mal à croire que ce beau brun de fille est sorti de moi !

Elle sourit à ce souvenir. A entendre le jeune homme parler de sa conduite avec sa soeur, elle se demandait si elle eut aimé avoir un frère ou non...Aurai-t-il réagi comme son père, le fameux jour où... ?

Je n'ai pas eu de frère, et mon père.... Disons qu'il a cessé toute tendresse assez vite... Mais j'en garde de vagues souvenirs.

Souvenirs de sa petite enfance qu'elle n'avait cessé de pourchasser, comme pour exorciser le dernier souvenir, terrible, de ce que son père avait fait, et dit... préférant souvent les hommes murs aux jeunes damoiseaux... Un frisson la parcourut. Trop parler de son père risquait de gâcher le moment. Fermant les yeux, elle resta silencieuse quelques secondes, avant d'attraper sans réfléchir les bras d'Alphonse pour en encercler sa taille.

Alphonse... Merci.
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Alphonse_tabouret
Elle franchit le dernier pas en venant enfin contre lui, dispenser son parfum et sa chaleur au sien et il l’accueillit sans broncher, si ce n’est sa tête qu’il appuya un peu plus à la sienne, le soyeux de ses cheveux comme coussin. Il l’écouta dans un sourire, n’ayant jamais vu qu’une fierté mal placée chez la sienne, mais ayant déjà croqué avec envie de genre de scène chez d’autres. Son cœur vint résonner, calme, mesuré dans le dos de la rousse, comme un métronome rassurant.

Il sentit le frisson la parcourir quand elle évoqua son père, ressentant quant à lui une vague colère sourde pour le sien, s’indignant du pouvoir qu’avaient ad vitam aeternam ses figures sur leur descendance. Il la sentit happer ses bras et s’y enfermer, alors, spontanément, il raffermit sa prise, l’enveloppant dans le cocon de sa présence. Il resta silencieux après les deux mots qui conclurent son acte, imprimant un imperceptible mouvement à son corps, berceuse infime destinée à les engourdir et l’un et l’autre dans la chaleur d’un ailleurs où l’on acceptait, momentanément, de s’en remettre à un autre. Elle semblait toute fragile, elle qui avait ri si fort dans les rues, protesté avec véhémence sitôt entrés dans la chambre… Lui, s’il n’avait pas eu l’anglais dans le chaos de sa vie, il n’aurait jamais trouvé la chaleur qu’il cherchait dans la multitude des étreintes auxquelles il s’abandonnait, et comprenait toute l’injustice que Rouquine subissait, à se donner à tant de bras sans jamais y trouver l’étincelle chaleureuse.

Ses pensées vagabondèrent dans les flagrances suaves de la rousse, dans l’enchevêtrement de leurs bras et de la tête qu’il vint caler à son épaule, la gardant bien droite vers l’avant et nullement inclinée vers le cou, volontairement distant dans chacun de ses gestes pourtant empreints d’intimité. L’heure était à la douceur, à la torpeur. Il ne manquait que des tartines de confitures et un bol de lait chaud à siroter dans le pli désordonné de la couette pour le replonger dans ces moments ouatés qui jalonnent les souvenirs.


-J’ai un frère, reprit il enfin pour continuer à l'immerger de mots anodins comme elle le souhaitait. C’est un imbécile fini, trancha-t-il catégoriquement dans une moue sincère. Croyez le ou non, il n’a pris que le meilleur chez nos parents et n’en reste pas moins l’un des êtres les plus insipides que j’ai jamais croisé. Ne regrettez pas de ne pas en avoir eu, une fois sur deux, ils sont ratés, conclut il dans un sourire sous entendant qu’il était le pourcentage réussi.

Il la gardait paisiblement contre lui, attentif à son relâchement, à la pression de ses mains sur ses bras, prêt à épouser la moindre courbe si elle choisissait de bouger pour lui assurer cette mince barrière entre elle et le monde. Il s’accorda le temps d’une réflexion, doucement rongé d’une curiosité qui le titillait depuis le début… La question était délicate, peut être trop, mais elle le tiraillait. Rouquine, ça ressemblait à un surnom, un nom de scène, une parure, une armure. Mais si pour quelques heures Rouquine n’existait plus, comment devait-il nommer la rousse ?

-Demoiselle, commença-t-il, n’en prenez pas ombrage si vous trouvez la question déplacée, mais… quel est le prénom de la jeune femme que je tiens dans mes bras ? lui demanda-t-il enfin, étrangement suspendu à sa réponse.
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Cornelius.de.leffe
Elle se laissait bercer à présent, si bien abandonnée qu'elle se serait presque endormie au son de ses remarques anodines. Les yeux toujours fermés, elle souriait à ses traits d'humour, savourant la chaleur de l'étreinte aussi chaste qu'elle l'avait rêvée, et reconnaissante au bon dieu d'engourdir son corps d'ordinaire si prompt aux appels de la chair. Le repos. Une forme de paradis.

Demoiselle, n’en prenez pas ombrage si vous trouvez la question déplacée, mais… quel est le prénom de la jeune femme que je tiens dans mes bras ?

Si la question avait été posée avec moins de précaution ou de délicatesse, la rouquine aurait très bien pu repartir dans une de ces colères nées de la peur et de la méfiance... Mais posée ainsi, elle ne fit naître qu'un léger sursaut de surprise, aussi bref qu'un soupir. Aussitôt, elle se laissa de nouveau aller contre le torse de son étrange compagnon. Seules les quenottes, mordillant à nouveau ses lèvres, témoignaient de son trouble.

La règle qu'elle s'était fixée, et que jamais encore elle n'avait rompue... etait de ne donner son vrai prénom qu'à ses amis. Cet homme n'était pas son ami. Et pourtant, ne lui offrait-il pas le si joli cadeau de retomber en enfance... de retrouver la jeune fille qu'elle était avant ?


Je... je n'ai pas l'habitude de le donner, commença-t-elle d'un ton prudent. Vous comprenez... c'est le prénom de la petite fille que j'étais, et... et je ne souffrirais pas de l'entendre prononcé... euh... dans le cadre de mon métier...

L'argent ne pouvait pas être mêlé à ce prénom, la seule chose qui lui rappelle qu'elle avait été pure, simple, integrée dans la société. Elle tourna légèrement le visage, cherchant les yeux d'Alphonse. Leurs visages étaient si proches que quiconque eut pu croire, en entrant dans la pièce à l'improviste, qu'elle allait l'embrasser.

Si je vous disais mon prénom, souffla-t-elle, alors il me faudrait refuser votre argent. Mais ça fausserait peut-être votre... expérience ?

Il n'y avait là aucune tentative d'esquive ou de manipulation. L'argent serait le bienvenu, bien sûr, mais personne ne travaillait de journée, et elle pouvait bien choisir de passer ses moments de loisirs avec qui bon lui semblait... Pas de maquerelle à qui rendre des comptes, pas d'huissier à la porte. Non, l'argent ne lui manquerait pas. Mais le jeune philosophe y perdrait sa démarche... Et ne perdrait-il pas du même coup l'intérêt qu'il lui portait ? Ne partirait-il pas à la recherche d'une autre catin pour la remplacer ? Elle était bien, là... A cheval donné, on ne regarde pas les dents, et la rouquine n'était pas prête à laisser son cadeau s'échapper par mégarde.
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Alphonse_tabouret
Il approuva la sentence, fugitivement déçu, mais comprenant la pudeur et l’envie de cloisonner les choses et se demanda très sérieusement s’il aurait du songer à s’inventer une identité pour cette après midi. Elle pivota légèrement pour tourner plus amplement son visage vers lui, lui offrant une vue parfaite sur les deux miroirs qui lui servaient d’yeux et sur cette frimousse chiffonnée par sa réflexion, murmurant si prés de ses lèvres qu’il sentait son souffle venir mourir aux siennes

Si je vous disais mon prénom, alors il me faudrait refuser votre argent. Mais ça fausserait peut-être votre... expérience ?

Il se permit un sourire en la contemplant, comptant malgré lui les taches de rousseurs étalées sous son œil clair et s’arrêtant à sept avant de lui répondre tout aussi doucement.

-A vrai dire Demoiselle, vous n’avez même pas besoin de vous justifier, mais puisque vous le faites, laissez moi vous convaincre à mon tour de votre bon droit. Ce qui fausserait mon expérience... Le mot lui plaisait, donnant un coté intellectuel à sa démarche là où le mot lubie n’en soulignait que l’étrange curiosité… c’est que vous vous sentiez forcée à quelque chose. Vous avez complètement raison. Gardez votre prénom, après tout, Demoiselle vous va comme un gant… je vous comprends parfaitement , lui assura-t-il une dernière fois d’un sourire chaleureux. Comment faire autrement ? Il connaissait le rapport à l’argent et au client. Il savait ce que signifiait le prix d’une passe et l’absence d’un paiement à la fin d’une étreinte. Pour posséder ce lien là, précieux, privilégié, il ne le souhaiterait jamais double... et en effet cela fausserait l'ensemble. Tout ce que vous me donnerez, le sera de bonne grâce, et quoiqu’il se passe, vous serez payée, ne serait ce que pour me faire pardonner de vous avoir sortie du lit en pleine convalescence.

Son regard errait à la fois dans ses prunelles ou dans les cils de feu venant les balayer, sans jamais descendre plus bas sur cette bouche pulpeuse qui finissait le visage fardé. Contre lui, le corps tout en formes de Rouquine s’était délassé, étrangement serein et c’était son corps à lui, si prompt à embraser ceux de autres, qui choisissait d’engourdir celui là.
Le bercement de ses bras avait cessé, houle paisible, pour laisser place à un temps suspendu. Il hésita à la malmener brusquement en la faisant pencher d’un coté puis de l’autre en hurlant "TEMPÊTE", comme il le faisait avec Opaline, mais se retint, se demandant avec étonnement d’où lui venait ces bouffées fraternelles absolument immatures. Il mit ça sur la volonté de la jeune femme à vouloir être de porcelaine pour la journée et sa volonté à lui à bousculer tout ce qui semblait trop précieux pour être constant.
Il tourna la tête avec lenteur, mesurant le mouvement, délaissant le regard bleu pour fixer un autre point dans la pièce. A lui tendre la bouche comme ça, il allait finir par la prendre sans le faire exprès.
L’ambiance s’était adoucie, il flottait comme un parfum de cannelle dans la pièce

-Alors ? Que pensez vous de cette expérience, pour l‘heure ? La poursuivons-nous ? lui demanda-t-il, se voyant mal s’extirper de cette étreinte tout en décalée.

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Cornelius.de.leffe
Elle n'avait pas l'habitude qu'on la regarde. Pas comme ça, en tout cas. Les hommes passaient leur temps à reluquer sa gorge ou son fessier, et même ses yeux ou sa bouche, bien sûr. Mais lui... on eut dit qu'il détaillait chaque parcelle de son visage, et elle espéra très fort que la chaleur qu'elle ressentait aux joues n'était due qu'au feu tout près. Une catin qui rougit, la honte quoi. Il lui répondait de façon si charmante qu'elle se sentait coupable de l'avoir accusé de ne pas se soucier de ses envies. Pourquoi diable s'était-elle emportée ainsi ? Par méfiance, certainement... C'était difficile de croire qu'un homme puisse vouloir payer pour rien...

Oh, je vous en prie, appelez-moi rouquine, souffla-t-elle précipitamment lorsqu'il eu fini. Demoiselle c'est un peu trop... enfin je ne suis pas habituée non plus. Et je vous promets que je ne me sens forcée en rien. J'aurais même envie de vous confier mon prénom, mais... Je me suis promis de ne jamais le mêler à mon travail...

Mais était-ce vraiment du travail, puisqu'il ne demandait rien ? Et puis elle était si bien, lovée au creux de ses bras. Comme avec un frère si elle en avait eu un... Non, pas un frère, il était trop charmant pour cela. Un galant, peut-être...? Un homme qui vous prend dans ses bras mais ne vous regarde pas comme une soeur...C'était ça, non ? A dire vrai elle n'en savait rien. Comment se comportaient les hommes avec les filles qu'ils voulaient séduire ? Les quenottes reprirent leur habituelle torture de la lèvre inférieure, à mesuer qu'elle prenait conscience de son ignorance. A part une fugace amourette à Mayenne, et son aventure torride avec Baudouin, elle n'avait connu que le métier. Les deux fois, elle était déjà catin. Elle avait vu l'approche de Jules et Marceau avec les femmes nobles qui venaient ici, et c'était là son seul aperçu de la cour qu'on pouvait faire à une femme qui ne se vendait pas. Aperçu forcément tronqué... Comment traitait-on les filles simples, les campagnardes ? Elle voyait des amoureux se tenir la main dans la rue, elle voyait les bécots. Mais l'approche...?

A trop penser, elle en oubliait de répondre à sa question. Bien sûr, qu'elle voulait poursuivre. Mais elle n'allait pas le forcer à la tenir ainsi tout le jour non plus... De quoi avait-elle envie ? Un sourire lui vint. Elle avait envie de savoir, évidemment. Et l'occasion ne se présenterait sans doute plus jamais de pouvoir poser toutes les questions qui lui brûlaient les lèvres.


J'en pense qu'elle est très agréable, dit-elle timidement. Evidemment, nous la poursuivons... Enfin, si vous voulez toujours...

Elle savait ce qu'elle voulait, soit. Mais c'était plus facile à penser qu'à dire...

Dites... Enfin, euh... vous voulez bien me raconter.. comment on séduit une fille...? Enfin non je veux dire....

Bon sang, il allait la prendre pour une adepte de sapho !

Je veux dire, quand elle est pas catin... comment approchez-vous les filles, euh..... honnêtes ?

Et comment savait-il si elle dirait oui ou non, puisqu'elles avaient le choix... elles ?
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Alphonse_tabouret
J'en pense qu'elle est très agréable. Evidemment, nous la poursuivons... Enfin, si vous voulez toujours...

Sa voix, ténue, l’amusa et le sourire glissa à ses lèvres lorsqu’il opina de la tête contre la sienne pour lui signaler qu’il voulait toujours, laissant les cheveux bruire à leurs oreilles.

Dites... Enfin, euh... vous voulez bien me raconter.. comment on séduit une fille...? Enfin non je veux dire.... Je veux dire, quand elle est pas catin... comment approchez-vous les filles, euh..... honnêtes ?


La question le laissa brièvement abasourdi autant par sa candeur que sa monstruosité. A quel âge Rouquine avait-elle commencé à se vendre pour poser cette question ? Le visage poupin d’Anne lui apparut fugitivement, et il repensa avec une certaine aigreur au courrier maternel qui attendait sa réponse à Brienne. Sa cadette aurait-elle un jour cette interrogation à poser elle aussi s’il ne cédait pas au chantage familial, s’il n’acceptait pas cette corde de bienséance autour de son cou ? Un crépitement plus fort qu’un autre dans la cheminée le sortit de ses réflexions pour le ramener à la moelleuse réalité du moment, le ventre au chaud contre le corps de Rouquine, son odeur diffuse embaumant désormais tout l’espace de ses bras.
Il n’y a pas d’honnêtes femmes, avait-il envie de lui répondre, narquois et sincère, mais il comprenait le sous-entendu qu’elle y mettait et ne voulait pas perdre la confiance lentement acquise. La question était au demeurant fort simple et il pouvait y répondre.

-Très chère, je crains qu’il n’y ait pas vraiment de méthodes, ou du moins, il doit y en avoir autant qu’il y a de femmes… Quand on songe à quel point les femmes sont versatiles, imaginez un peu le chiffre que cela nous donnerait, dit-il d’un air assommé dans un début de sourire. Mais à mon avis, et pour ce qu’il vaut, une chose est sûre et constante, reprit il plus doucement. Pour approcher l’autre, il faut lui donner envie. Il laissa tomber le mot qui était pour lui l’exact synonyme du mot liberté près de l’oreille de la rousse. Donner envie à l’autre, c’est l’ouvrir au plaisir de sa compagnie, à la curiosité du côtoiement… Et le meilleur moyen de donner envie, c’est encore la suggestion… un effleurement, un contact prolongé, une attention… quelque chose de caduque mais d’assez singulier pour que l’on s’en souvienne, que ça vous arrache une première pensée d’envie…et quand l’envie vient, on ne s’en débarrasse pas comme ça. Chaque mot le ramenait inlassablement à une foule de souvenirs, à diverses lèvres prises, à divers seins enveloppés de sa paume, à diverses cuisses offertes... Il poussa un léger soupir, au chaud dans ses souvenirs là, mais s’en dépêtra pour rejoindre la jeune femme. Mais si je dois être complètement honnête avec vous, je n’ai jamais courtisé personne. Il s’étonna brièvement à l’apparition d’un visage à ses prunelles au moment où il disait cela, et le chassa en une fraction de seconde, capitonné de morgue et d’arrogance. Il baissa d’un ton pour lui chuchoter à l’oreille sur le ton de la confidence. Je préfère les filles faciles.

Il rebascula sa tête droit devant, saisissant par la petite fenêtre la neige qui s’était mise à tomber sur la capitale avant de poursuivre, toujours amusé, mais avec sincérité en relâchant la pression de ses bras pour que Rouquine s’y cale plus confortablement sans qu’elle soit obligée de lui tendre ce cou splendide.

-Conquérir pour conquérir ne m’intéresse pas et je n’ai pas le gout de la possession… ou presque pas, rectifia-t-il dans un sourire. Je préfère rouler dans le foin que de porter un bouquet de fleurs, et je n’ai pas la fidélité du cœur, aussi, je ne fais jamais perdre de temps à une demoiselle qui souhaite soupirer et non pas palpiter, lui expliqua-t-il, le sourire fauve s’étirant sur ses lèvres. Mais ne croyez pas que les femmes légères sont pour autant plus faciles à séduire, au contraire. Plus habituées aux hommes, s’étant moins préservées que les autres, elles n’en sont que plus subtiles à appâter… Mais elles savent que la chair est source de plaisir et pas de promesses et cela change toute la donne. Celles-là, qu’elle soit paysannes ou princesses, se traitent presque de la même façon parce que je reste convaincu qu’une femme reste une femme, tour à tour mère, sœur, putain ou fidèle épouse selon son bon vouloir. Personne ne peut se contenter d’un seul et unique masque toute sa vie… Vous-même Rouquine en avait deux. Celui pour vos clients, et celui pour vos amis, mais votre corps… Il tourna la tête vers elle… qui que vous soyez, aimera les mêmes choses. Et moi, c’est le corps que je provoque… Le sourire taquin prit un pli net sur ses lèvres. Alors je crois bien, au risque de vous décevoir, que je vous ai abordé ce matin comme j’aurais abordé n’importe quelle jeune femme : parce que vous êtes jolie et que j’avais une idée derrière la tête, quel qu’elle soit

Il plissa son sourire à la manière d’un môme faisant un aveu dont il n’est pas peu fier. N’était-ce pas au fond là un compliment plus délicieux que les autres que cette simple phrase ?

-Je ne suis pas un très bon exemple, vous m’en voyez navré car mon approche à moi quand j’ai envie, est juste de susciter l’envie chez l’autre. Pour commencer... Un regard qui s’attarde là où il ne le devrait pas… Ses yeux glissèrent à l’oreille de Rouquine quelques secondes avant de passer à l’ovale de son visage… Et laisser deviner ses pensées, parce que mentir dans ces cas-là ne sert jamais à rien. Il ne faut pas promettre ce que l’on ne peut exaucer… Dérivant à ses lèvres voluptueuses, il laissa miroiter un bref instant, pour l'exemple mais sans aucune difficulté dans sa prunelle, l’envie de se les approprier d’un baiser puis, revint à ses yeux clairs… et pour finir, bousculer, juste un peu, presque innocemment, parce que le jeu de la séduction est un faux jeu de dupes…On sait tous au fond, ce que l’on désire vraiment. par exemple... . Les doigts glissèrent jusqu’à une mèche de cheveux qu’il prit pour dégager le cou blanc, l’effleurant de la pulpe un bref instant. Je vous laisse compter mes grains de beauté si vous me laissez compter vos taches de rousseur, lui déclara-t-il en plissant les yeux dans une moue ou le défi et l’amusement d’une telle bêtise se dessinait franchement, si bien qu’il était difficile de mal prendre le propos.

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Cornelius.de.leffe
[embrasse-moi idiot, c'est vraiment beaucoup beaucoup mieux que les mots...*]

-Très chère, je crains qu’il n’y ait pas vraiment de méthodes, ou du moins, il doit y en avoir autant qu’il y a de femmes… Quand on songe à quel point les femmes sont versatiles, imaginez un peu le chiffre que cela nous donnerait.
Elle sourit, parce qu'il avait raison... et que si on lui avait demandé comment séduire un homme, elle eut fait à peu près la même réponse.
Mais à mon avis, et pour ce qu’il vaut, une chose est sûre et constante. Pour approcher l’autre, il faut lui donner envie.
Elle acquiescait en silence, buvait ses paroles. Oui, l'envie, cela elle connaissait bien, et ses clients aussi. Ainsi, l'approche était la même... Quand l'envie est là, on ne s'en débarasse pas si facilement... Elle songea à Baudouin, qu'elle avait désiré à cause d'un murmure à l'oreille, et qui avait bravé pas mal de dangers et d'interdits pour l'approcher. Elle ouvrit la bouche pour poser une question, mais Alphonse devait être d'humeur bavarde, et elle referma la bouche, légèrement frustrée.
Mais si je dois être complètement honnête avec vous, je n’ai jamais courtisé personne. Je préfère les filles faciles.
S'il s'était tu, à cet instant, la jeune fille aurait sans doute relevé, fait un petit trait d'esprit pour l'aiguillonner... Et quelques échanges plus tard, peut-être se serait-elle offerte, sans plus de cérémonie, à cause du chuchotement à son oreille, à cause de la sensualité du souffle sur sa peau, à cause du confort qu'il lui apportait... et parce qu'elle se sentait presque courtisée, par procuration. Mais il parla encore, et le moment s'envola.
-Conquérir pour conquérir ne m’intéresse pas et je n’ai pas le gout de la possession… ou presque pas. Je préfère rouler dans le foin que de porter un bouquet de fleurs, et je n’ai pas la fidélité du cœur, aussi, je ne fais jamais perdre de temps à une demoiselle qui souhaite soupirer et non pas palpiter. Mais ne croyez pas que les femmes légères sont pour autant plus faciles à séduire, au contraire.
Ca, il pouvait le dire, songea la rousse avec amusement. Désirée, par exemple, était presque impossible à séduire, blasée qu'elle était. Et elle... Elle tombait facilement sous le charme, pour peu qu'on lui prête un peu d'attention, vrai... Mais avec l'âge, elle avait appris à déceler la différene entre l'intérêt qu'on lui portait, et celui qu'on portait à son corps. Son corps plaisait à Alphonse, pour sûr. Son esprit, peut être aussi, par curiosité... Mais il était si plongé dans ses propres pensées qu'il ne s'apercevait même pas qu'elle ne pouvait pas lui répondre.
… Plus habituées aux hommes, s’étant moins préservées que les autres, elles n’en sont que plus subtiles à appâter… Mais elles savent que la chair est source de plaisir et pas de promesses et cela change toute la donne. Celles-là, qu’elle soit paysannes ou princesses, se traitent presque de la même façon parce que je reste convaincu qu’une femme reste une femme, tour à tour mère, sœur, putain ou fidèle épouse selon son bon vouloir. Personne ne peut se contenter d’un seul et unique masque toute sa vie… Vous-même Rouquine en avait deux. Celui pour vos clients, et celui pour vos amis, mais votre corps…qui que vous soyez, aimera les mêmes choses. Et moi, c’est le corps que je provoque…
Encore un frisson. En effet, il savait attiser son corps... elle le sentait bien... Mais il oubliait l'esprit. Elle voulut donner son avis, s'inscrire en faux, car pour provoquer le corps il faut souvent éveiller la curiosité de l'esprit ! Et que dans ce domaine de la séduction, elle n'était pas une débutante. La conversation lui paraissait intéressante, leurs points de vues échangés seraient... Mais non, voilà qu'il poursuivait...
Alors je crois bien, au risque de vous décevoir, que je vous ai abordé ce matin comme j’aurais abordé n’importe quelle jeune femme : parce que vous êtes jolie et que j’avais une idée derrière la tête, quel qu’elle soit
Ah ça, il parlait bien, le bougre. C'était flatteur, et joliment dit. Mais la conversation qu'elle avait imaginé se transformait en monologue, et la jeune femme se sentait presque au travail. Et voilà qu'il parlait, encore...
-Je ne suis pas un très bon exemple, vous m’en voyez navré car mon approche à moi quand j’ai envie, est juste de susciter l’envie chez l’autre. Pour commencer... Un regard qui s’attarde là où il ne le devrait pas…Et laisser deviner ses pensées, parce que mentir dans ces cas-là ne sert jamais à rien. Il ne faut pas promettre ce que l’on ne peut exaucer…
Il regardait ses lèvres, mais l'envie de les lui offrir avait passé. Comme quoi, une envie peut se déloger, à trop parler. Car il est une chose sur la séduction que la catin maîtrisait bien. Le pouvoir de l'écoute. Et cet homme là se livrait, parlait de lui, beaucoup. Comme un client qui vient se délasser, non comme un séducteur à l'écoute. C'était à elle d'écouter... C'était elle, la catin...C'était dans l'ordre des choses. Alors, au lieu de se sentir séduite, elle réprima un soupir d'agacement et gigota un peu dans ses bras.
et pour finir, bousculer, juste un peu, presque innocemment, parce que le jeu de la séduction est un faux jeu de dupes…On sait tous au fond, ce que l’on désire vraiment. par exemple... .
Elle frissonna légèrement au contact des doigts sur sa peau, mais son corps encore convalescent, engourdi de trop de paroles, ne réagit plus vraiment, et elle ferma les yeux.
Je vous laisse compter mes grains de beauté si vous me laissez compter vos taches de rousseur.

Et enfin, il se tut. Rouvrant les yeux, la jeune rousse chercha à se reprendre. Que répondre, à tout cela ? Elle avait oublié la moitié de ce qu'elle aurait aimé répondre... S'il voulait la séduire, il avait omis d'obéir à sa première règle. Toute femme est différente des autres, et pour savoir ce qu'elle aime, il faut l'écouter un tant soit peu. Et si une fille sans expérience est souvent séduite par un beau parleur, cette catin-ci aurait peut-être au contraire préféré qu'on lui laisse une chance de montrer qu'elle n'est pas qu'un corps, qu'elle sait réfléchir, et participer. Se redressant lentement pour sortir de ses bras, elle lui jeta par dessus son épaule un regard un peu las.

Euh... Vous avez dit beaucoup de choses intéressantes, commenca-t-elle avec hésitation. Comment allait-elle lui dire avec diplomatie qu'elle s'endormirait à coup sûr s'il l'assomait d'un autre laïus ? Le pire, c'est qu'il était vraiment intéressant, et que si elle avait pu participer, elle se serait sans doute follement amusée. J'avoue que cela m'intriguait de m'imaginer à la place d'une conquête.. normale. Moi je dois presque toujours dire oui. lSauf aujourd'hui.. S'humectant les lèvres, elle lui présenta à nouveau son dos, cherchant ses mots. Je... j'avais plusieurs questions, ou remarques... Et même des envies de vous embrasser... Mais je les ai oubliées. Parce que vous parlez trop ! . Pardonnez moi, la tête me tourne un peu...

Se rallongeant dans ses bras, parce qu'après tout c'etait ce qu'il y avait de plus agréable dans cette entrevue, elle soupira. Allons, Roxanne. Tu as bon coeur, et il voulait bien faire. Ce n'est pas sa faute s'il a beaucoup à dire. Et puis, il est charmant et joli garçon... Et son toucher est agréable...

Mais j'ai retenu que vous m'avez approchée comme n'importe quelle fille, et de ça je vous remercie. En gros, vous me dites que fille de ferme ou comtesse, vous ne pouvez leur pincer les fesses que si elles en ont envie.

Elle eut un petit rire à l'idée d'une comtesse à qui on pince les fesses. Puis bailla, et s'étira contre lui, parce qu'il l'avait un peu endormie, avec ses caresses et son discours.

Je crois que je ne suis pas d"accord avec une chose... mais je me souviens plus laquelle.... Ah, si. Vous parliez de provoquer le corps. Mais vous parliez aussi d'envie, et l'envie vient de là, dit-elle en se frappant la tempe de l'index. Surtout chez les femmes.
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Alphonse_tabouret
Elle n’esquissa même pas le moindre sourire, se contentant d’un silence particulièrement évocateur.
Décidément oui, les femmes étaient versatiles. Celle-ci lui avait demandé de parler, lui avait même presque reproché de ne pas assez se livrer, et semblait s’en plaindre désormais. Il s’était expliqué, avait affiné son idée, mais cela requérait trop de silence ou rappelait trop à Rouquine son métier peut-être, mais quelque chose avait changé chez la jeune femme, comme une sorte de déception, et c’est cela qui émoussa sa bonne volonté. De plus, il n’aurait pas imaginé une seconde après la scène à laquelle il avait eu droit pour lui avoir enlevé ses chaussures qu’elle aurait appréciait qu’il se penche à ses lèvres et avait choisi, sans accord, de ne se risquer à aucun geste déplacé comme elle l’avait souhaité. Le discours n’avait pas été fait pour la séduire mais pour lui expliquer, et l’exemple pour l’amuser, ce qui avait lamentablement échoué.
Les remarques à peine dissimulées de la rousse l’amusèrent plus qu’elles ne le froissèrent, même si la façon détournée de le lui faire remarquer qu’elle s’était ennuyée lui déplut. Un instant las, il s’étonna de se retrouver là, puis, haussa imperceptiblement les épaules en ajoutant « Parler moins » à la liste des envies de la rousse tandis qu’elle se réinstallait pour s’adosser à son dos.

Je crois que je ne suis pas d"accord avec une chose... mais je me souviens plus laquelle...

La nouvelle couche finit de recouvrir son esprit d’une certaine nonchalance, un sentiment étrange de docilité façonnée dont l’habit était lourd à porter. Il avait toujours préféré les reproches frontaux que sous-entendus, ceux-là étant la marque même de son père, mais après tout, c’était à Rouquine que ses heures appartenaient. C’était son bon plaisir qui était souhaité, et il était désormais sur un fil d’équilibriste, suspendu à son bon vouloir, à sa façon de prendre des pincettes pour exprimer son mécontentement. Elle était tout à fait libre de lui reprocher quoique ce soit, d’autant plus si elle jugeait cela fondé. Son corps se ramollissait au contact de ses bras et coulait doucement comme lorsque l’on est gagné par le sommeil et à l’idée qu’elle sombre dans une sieste réparatrice l’amusa. Au fond, elle était attendrissante, blottie comme ça, abandonnée à sa façon. Et ce serait l’occasion de voir si elle ronflait ou pas… mais finalement, elle poursuivit

Ah, si. Vous parliez de provoquer le corps. Mais vous parliez aussi d'envie, et l'envie vient de là, Surtout chez les femmes.

Elle accompagna le geste d’un index venant tapoter sa tempe qu’il suivit. Il choisit de ne pas rebondir sur ses propos tachant d’apprendre de ses erreurs et se contenta d’aller à l’essentiel :

-Je vous prie tout d’abord de m’excuser pour cet accablant discours, vous en avez visiblement été sonnée, commença-t-il. L’après-midi était à la franchise et les excuses, valables qui plus est, lui permettait de souligner qu’il n’était pas dupe de son humeur un peu plus maussade. A vous de m’abreuver. Que faut-il faire naitre là-dedans pour vous donner envie ? demanda-t-il en lui tapotant la tempe rousse d’un index doux.

Il était curieux de la réponse, de savoir ce qu’attendait Rouquine, les idées qu’elle cachait derrière ses cheveux roux et ses manières de petite fille, et cette curiosité chassa le découragement momentané qu’elle avait fait naitre en lui. Rêvait-elle au prince charmant encore, comme toutes les petites filles ? Ou portait-elle sur la vie un regard plus lascif, plus femme qu’elle ne le voudrait.

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