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[rp fermé] Hiver 1460-61. Je voudrais mourrir par curiosité

Alphonse_tabouret
Adieu Rouquine. Adieu courtisane. Bonjour Demoiselle. Bonjour Maitresse… Car à cet instant ci, dans les yeux bleus de la jeune femme, c’était toute la concupiscence de son monde qui émergeait et il eut envie d’y répondre en écho, appelant Dieu lui aussi tant ce spectacle nouveau qui avait tout d’une apparition sainte, l' extasiait de gratitude. Il reconnaissait cette lumière, cette flamme, cette lave épaisse et profonde qui surgissait des entrailles pour venir ensevelir les dernières miettes de raison, les derniers entrelacs de la conscience pour mettre en appétit chaque parcelle de chair et Rouquine était juste splendide abandonnée dans ce feu joyeux, où la lubricité n’existait pas, où seul subsistait le besoin le plus pur de s’assouvir pour se sentir vivre.
Mue par cette énergie nouvelle les gestes de la jeune femme prirent un accent neuf, presque désordonné, mille fois plus excitants que toutes les cuisses lustrées des catins aguerries. Elle s’accaparait son corps sans plus de réflexion, par envie, et venait presser à sa main douce la raideur vibrante de son bassin, arrachant de ses lèvres des soupirs lourds au gré de sa dextérité et des élans de son propre corps, rongé par ces nouvelles attentions. Quand ses doigts se saisirent de sa nuque pour que sa bouche langoureuse appose ses dents sur son lobe, il frissonna presque autant que quand l’ordre tomba et tout son corps s’immobilisa une brève seconde, pantelant d’envies aussi diverses que variées… la prendre avec toute la sauvagerie dont il se sentait habité, dont il la sentait réceptacle… la frustrer encore pour voir son minois se tordre jusqu’à la supplication la plus dépravée… ou bien plonger, dans ce gout étrange de première fois malgré ces corps connaissant déjà le plaisir à venir, impatients, tourmentés…

Il se laissa entrainer dans sa chute, tomba sur le moelleux de ses rondeurs blanches, sentant la rigidité de son bassin trouver la moiteur du sien en se plaquant au soyeux du buisson flamboyant qui émergeait sous son ventre de porcelaine qu’il apprivoisait de ses caresses pressantes, s’imprimant à la chair irradiée de la jeune femme dans des mouvements fluides, qui lui ouvrirent les cuisses jusqu’à ce qu’il y prenne place, naturellement, sans que la moindre question ne se pose, la dextre à sa hanche, noyant sa respiration saccadée aux lèvres rousses, réservant ses inspirations les plus rauques à ses oreilles nacrées.
Ses doigts se serrèrent dans le satin des cheveux, lui faisant basculer la tête sur le côté et offrir sa gorge à la pointe de sa langue et à d’humides baisers, tandis que son corps entamait une presse alanguie au sien, son bassin venant la chercher de caresses équivoques. Dans une torpeur qu’il contrôlait de plus en plus difficilement, engourdi par l’ivresse de ce bas ventre plaqué au sien et dont il sentait l’humide proximité, il appuya une caresse plus qu’une autre, glissa, chancelant vers l’abime et laissa un grognement de plaisir violent lui irradier le ventre, le tendre encore plus entre les nymphes avides de la rousse. Il resta un instant sur le fil, noyé dans cette sensation de presque, d’imminence, subjugué par le plaisir si proche qu’il retardait encore un peu malgré l’empressement, par doux sadisme de prédateur consciencieux, et il plongea à ses lèvres pour l’embrasser, fougueusement, comme une maitresse, refrénant un instant les assauts de ses hanches qui la suppliaient et la narguaient d’un geste dont elles la privaient pour venir se fondre à lui. Et parce qu’un ordre est un ordre, relâchant sa bouche mais restant à portée du visage et de son expression, il glissa à sa fourche et s’enfonça dans ses chairs vives goutant avec les prémices de l’extase à la chaleur de son ventre dans un gémissement fauve.

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Cornelius.de.leffe
En réponse à l'invite osée, une hésitation du corps, et puis... un regard presque dévôt. Elle ne s'est pourtant jamais sentie ni belle, ni pure dans ces moments là, quand l'animal tapi en elle surgit sans demander son avis. Mais lui a l'air d'aimer, de comprendre... la lueur d'excitation dans les yeux du jeune homme fait mirroir aux siens. Et la honte de la jeune fille disparait. Oh, pas la délicieuse illusion de honte du début de leurs ébats, la vraie, profonde. Celle qu'elle ressent d'aimer vraiment la chair, d'y céder encore alors que cette fois elle avait toute liberté d'y renoncer. Celle qui la poussera à confesse et fera rougir le pauvre curé chargé de l'absoudre de ses péchés de chair...

Dans son regard elle reconnait le prédateur, qui hésite à la manger toute crue, ou à jouer encore un peu avec sa proie. Le chat, et la souris. Elle, n'a qu'une seule peur. Qu'en chat déjà repu, il joue et décide de ne pas consommer. Seul le souffle rauque à son oreille la rassure un peu. Il en a envie aussi. De toutes façons, s'il ne la désirait pas, elle ne serait pas dans cet état....N'est-ce pas le désir des hommes qui la trouble, avant tout ? Les hanches masculines se positionnent et se pressent aux siennes, et dans un soupir impatient, elle répond par un appel impudique du bassin. Est-ce pour la torturer qu'il marque une pause, ou pour savourer lui même l'instant ?


Viens, par pitié...

La fougue du baiser lui coupe le souffle. Un baiser d'amant, cru, empressé, sensuel. Si semblable aux rares baisers de ses clients, et pourtant si indescriptiblement différent... Dans sa longue vie de catin, elle n'a eu que deux amants. Alors, à l'instant même ou enfin il glisse en elle, l'image de leurs visages se mêle à celui d'Alphonse. Si semblables, et si différents. La sauvagerie de Baudouin, son amour presque violent. La maîtrise d'Eikorc, sans amour mais si tendre par moments. Et Alphonse, si foncièrement différent des deux colosses physiquement, mais si proche d'eux par le pouvoir qu'il exerce sur elle en un seul regard. Les yeux bleus ne cherchent pas à le fuir, ce regard qui la domine, l'observe, se repait de sa réaction.

Oh... oui... enfin. Doucement....

Lèvres légèrement ouvertes, elle ferme pourtant les yeux, rien qu'une seconde, pour savourer ce moment unique et impossible à remplacer. Ses mains viennent s'ammarrer au séant du jeune homme, cherchant à le retenir, à s'assurer que ce premier geste durera le plus longtemps possible. A son gémissement, elle répond par un sourire heureux, un sourire de pur plaisir. Et bientôt, les mêmes mains qui cherchaient à le retenir une seconde auparavant impriment aux belles fesses fermes un mouvement langoureux, au rythme de son propre bassin qui s'accélère à mesure que le plaisir l'envahit en vagues régulières.

Oui... encore... plus vite...

Elle est là, la vraie différence. Avec un client jamais la rouquine ne se permettrait la moindre demande, le moindre geste pour guider son partenaire. Maintenant toutefois, mains solidement agrippées à la chair ferme, elle dicte son plaisir. De plus en plus vite, de plus en plus fort, les yeux rivés aux siens.

Plus fort, plus fort !

Les mots fusent, toujours les mêmes ou presque, entre la supplique, l'ordre et l'encouragement. Cela fait longtemps que protéger le sommeil de ses collègues n'est plus une priorité. Des collègues ? Quels collègues ? Il n'y a que ces yeux qui l'observent et la troublent, ce souffle tout contre sa bouche, cette épée qui la transperce, cette peau sous ses doigts. Surtout qu'il ne s'arrête pas, ou elle en mourrait, elle en est certaine !
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Alphonse_tabouret
Dans la confusion des couvertures dans lesquelles elle jonchait, il lui trouvait un air de ces peintures de maitres qu’il avait eu le loisir de voir sur les murs d’amants fortunés ou de maitresses raffinées, terriblement pieuse dans cette dévotion concupiscente. Les cheveux roux flottaient, vaporeux, autour du visage de porcelaine où s’affichaient des pommettes rosies par le fard et le plaisir, des lèvres si brillantes qu’on les aurait cru peintes, et si ça n’avait été l’expression d’extase qui brillait follement, avide, dans les yeux céruléens, on aurait pu la croire sortie d’un tableau tant l’abandon absolu à ses démons la rendait belle.

Elle désirait, et plus encore que la jouissance, Alphonse chérissait le désir. Celui de la jeune femme grondait dans un tel vacarme sous cette peau opaline qu’il ne pouvait que s’en régaler, regardant sa bouche s’arrondir tandis qu’il prenait possession de sa chair, ses yeux se clore un bref instant, laissant l’expression brièvement extatique de la rousse vriller ses tempes d’un grondement carnassier. L’alchimie virulente que suscitait le plaisir d’une femme à être prise s’insinuait dans ses veines et s’enflamma aux mots qu’elle égrenait, d’une voix rongée par la béatitude du vice
Sous le joug de ses mains fébriles, venant cueillir la pommelé de ses reins, il poursuivit son geste, jusqu’à buter contre elle une première fois, savourant lui aussi, cette première intrusion pleine, engoncé entre ses cuisses chaudes, frémissant dans ce cocon de chair, cette première fois, suivi d’une récidive, et d’une autre, toutes aussi délicieuses, qui finirent d’envoyer valser la pudeur qui subsistait encore, éparse, çà et là, en filigranes dans le regard bleu de la jeune femme qu’il ne quittait pas.


Oui... encore... plus vite...

Aiguisé par ces envies rondes dont elle laissait rouler toute la démesure, son corps entier frémit d’une impatience nouvelle, féline, et s’emboitant au bassin offert de sa maitresse sirène et s’y arrimant, plus vite, obéissant, docile à cet ordre qu’il brulait de consommer. Le bruit mat de leurs corps se mêla aux soupirs qui montaient dans la petite chambre, et ses yeux voilés d’un désir qui se décuplait à son ventre, s’agrippaient aux siens brulants de fièvre.

Plus fort, plus fort !

Les mains s’ancrèrent plus profondément sur la peau laiteuse, et incapable de s’extirper de ce regard qui cherchait à lire en lui, à s’y rassurer, il la laissa entrer pour décrypter jusqu’aux moindres miettes de la folie dont ils se contaminaient. Plus fort, plus bestial, le corps d’Alphonse s’abattit sur celui de Rouquine, venant cherchant à coups de reins l’emphase qu’elle réclamait, laissant les minutes se distordre dans le plaisir de cette union, s’appropriant son corps au travers de ses réclamations. Il voulait lui donner plus encore, plus que la déraison, il voulait l’assomption… voir ses cheveux roux battre ses épaules, vivre aux coups de ses hanches, ses seins chalouper aux mouvements indécents de son bassin… Il la voulait sur lui, venant prendre avec autant de force qu’elle voudrait son plaisir sur un sexe érigé pour elle seule, emportée, l’emportant....

Son corps s’arrondit, repliant les genoux, il fit glisser sa dextre dans son dos quand sa senestre gagnant la nuque, et se redressa, la dominant désormais par la hauteur, agenouillé, accompagnant cette nouvelle vue qu’il savait éphémère d’un sourire conquis dans une série de coups de reins endiablés avant que d’un geste, profitant qu’elle ne se cambre sous un assaut virulent de ce désir qui l’assaillait, il ne la relève, l’entrainant dans la chute dans laquelle il bascula.
Le souffle court, le sourire à la fois tendre et taquin aux lèvres qui semblait lui dire à quel point il la trouvait belle, le jeune Tabouret la dévora des yeux, frémissante, orgiaque, la gorge palpitante et tendue d’une respiration faisant vibrer jusqu’à ses seins généreux. Profitant de cette main qui avait annexé la nuque, il amena son visage au sien pour l’embrasser avec fougue, happant ce souffle court, couvrant son visage et sa tempe de baisers tout en reprenant leur danse de nouveaux va et vient, la dextre gagnant le creux des reins, ses lèvres venant son oreille pour y chuchoter, bourreau et supplicié :


-Plus fort, plus fort!
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Cornelius.de.leffe
Pendant quelques secondes, elle peut admirer son torse, ses yeux, sa position dominante dans toute sa splendeur et manque de se laisser aller, là de suite, à cette délicieuse petite mort qu'elle voudrait pourtant retarder. Mais déjà il la soulève, la redresse ; mélange de frustration que le spectacle soit déjà fini, et de soulagement que le plaisir puisse continuer encore un peu.

Courbée sur lui, lèvres contre son cou, souffle chaud contre sa tempe, elle ondule, avec autant de lenteur et d'application que son souffle est rapide, galvanisée par l'ordre qui reprend sa supplique et qui semble si délicieusement la moquer, mais décidant, chose rare, d'y désobéir. Les deux mains sur son torse, elle joue des reins, alternant rythmes et profondeurs, observant ses réactions. L'étincelle dans son regard quand elle se redresse n'est pas du défi, mais bel et bien de la fierté. Regarde bien, semble-t-il dire... Regarde mes seins pressés l'un contre l'autre, qui dansent à chaque geste, regarde ma crinière onduler au rythme que je t'impose, ma lèvre mordillée du plaisir qu'enfin je contrôle. Regarde-moi te savourer...

La fierté fait partie de son plaisir avec les clients. Et, elle le découvre, avec ses amants aussi... Pour la premiere fois, c'est pour elle et non pour satisfaire l'autre, qu'elle se donne en spectacle. Les mains fines quittent son torse pour aller se poser, derrière elle, sur les cuisses d'Alphonse. Se cambrer, rejeter la tête en arrière, lui offrir le spectacle de sa poitrine dressée et le contact de ses longues mèches venant lui caresser les jambes. Vanité, quand tu nous tient. Elle se sent belle, désirable, désirée. Elle est capable de tout oser, d'un coup. De tout réclamer, même. Le bassin accélère, les mots sortent pêle mêle, complimentant le corps masculin, remerciant Dieu du plaisir qu'elle prend, attrapant les mains masculines pour les poser d'autorité sur ses hanches, ses fesses. Ah, se sentir attrappée à pleines mains par un homme... S'il restait encore un peu de pudeur, elle s'est à présent carapatée sous un meuble. Et c'est sans même y songer que la jeune catin se frotte indécement à la toison de son compagnon, mue par le besoin instinctif d'assouvir un bouton devenu tyrannique.

Enfin elle oublie de le faire languir et consent à obéir. Vite, fort, jusqu'à ce que son corps plus dodu que musclé se fatigue d'une telle cadence, et qu'elle imprime, une main glissée sous les reins du jeune homme, un geste répétitif d'invite, proche de l'injonction.


Aide moi...
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Alphonse_tabouret
Et il la regardait, émerveillé par ce spectacle délicieux, nourri et pourtant affamé des charmes qu’elle révélait désormais surélevée, vissée à ce bassin qui se pliait à ses mouvements sans chercher à la contrarier, au plaisir insensé de cette désobéissance aussi soudaine que spontanée. Au supplice de ses hanches rondes qui roulaient avec une conviction d’esthète, s’affirmant dans une lenteur lancinante où la torture avait tout du délice, et fasciné par le regard qu’elle portait sur lui en cherchant à voir ce qu’elle provoquait dans l’opacité de ses yeux, ses prunelles gourmandes aux accents de débauche posaient sur elle un torrent de convoitises diverses. A ce moment, ce que la rousse provoquait, c’était un incendie d’extase, autant pour les sens qui au contact de ce giron se gorgeait fatidiquement, que son intérêt, ô combien plus jouissif que la chair en elle-même. Transfigurée la poupée de porcelaine, ses seins blanc généreux, si délicieusement serrés dans la courbe de ses bras et auxquels la bouche mourrait d’envie de se porter pour y dispenser la langue ou la morsure, émouvaient ses reins d’une force neuve qu’il condensait, crispant un peu plus sa mâchoire pour juguler l’envie de s’emballer. Ses yeux voilés d’une extase ascendante s’égaraient avec avidité sur les serpentins roux qui ondulaient sur ses formes, soulignant le dôme pointu d’un téton rosé, ombrant le velours de son bras, enflammant son visage que ravageait la lascivité la plus assumée. Et lorsqu’elle bascula, quittant son torse pour s’approprier ses cuisses, cambrant ce ventre tendrement rebondi, cette toison rousse où il s’était immiscé, et cette poitrine lourde de promesses et d’envies, il aurait voulu qu’elle se voie, qu’elle grave dans sa prunelle azuréenne cette image pieuse de ce qu’était le Plaisir quand il se nourrissait, de la beauté du double visage qu’elle possédait, de leurs corps si joliment emboités au fil de sa volonté seule, dans toute la concupiscence de cette journée parisienne.
Il gémit d’un plaisir brusque quand elle accentua sa danse dans le flot de ses mots, auxquels il répondit de chuchotis alanguis, de tendres possessivités sommées comme des prières, des mots doux doucement pervers que l’on ne prononce qu’à ces occasions, liant ses reins à ses mains pour l’y empoigner tandis qu’elle s’abandonnait à une frénésie qui hachait leur souffle d’une tension de plus en plus palpable, son désir de rester sage, soumis à son bon vouloir s’évaporant de plus en plus vite, au même rythme que son membre butant en elle, fervent.


Aide moi…

La permission enfin, salvatrice, frôlant l’ordre, avec ce gout d’impatience désormais déraisonnée de la chair qui veut être assouvie, qui ne supporte plus cette privation de la jouissance, brula à ses oreilles, déchainant sous son crane ses démons jusque-là bridés avec la courtoisie la plus pernicieuse. La senestre quitta les reins potelés de la rousse se fichant dans le matelas pour qu’il se redresse, tandis que la dextre, possessive, remontait à la nuque qu’elle empoignait avec fermeté, obéissant d’un premier coup de reins, profond, auquel il enchaina un second sans plus attendre. Un grognement sourd lui monta aux lèvres quand leurs ventres s’accordèrent au rythme de plus en plus cadencé de leurs désirs, offrant enfin à sa bouche ses seins merveilleusement replets. Les dévorant de baisers furieux au travers de son souffle qui s’entrecoupait de plus en plus profondément, il s’abima dans la sensation soyeuse du ventre de la jeune femme, toute à cette frénésie de venir s’y engoncer sans plus pouvoir se retenir. La poigne à sa nuque accompagnait ses mouvements, les soulignant d’une force douce, l’enfonçant plus encore sur lui, sur cette verge épaisse qui allait et venait, abandonné à la sauvagerie du désir, la sollicitant d’à-coups qui se désordonnaient, proche d’une extase qui montait sans plus de patience. La pulpe de ses doigts, incandescente se fichait à la chair de la jeune femme, maintenant ce ventre contre le sien, l’incendiant des amples caresses que dispensaient ses reins agités, dévoués. L’exquise sensation de la possession par le corps se diffusait dans ses veines, débridait sa folie, et louvoyait, habile dans l’emportement de son bassin qui s’arrimait aux hanches blanches, aux moelleux de ses cuisses offertes, à ce sexe palpitant dont le bouton gonflé de désirs ne cessait de recevoir les attentions qu’il réclamait gloutonnement.
Des grognements rauques, animaux, où se mêlaient l’aigu du gémissement, s’échappèrent sans plus de contrôle de sa gorge en feu au fur et à mesure qu’il sentait leurs corps joints si étroitement se tordre à la soumission de ce bien-être tout proche, et, pantelant, les tempes vrillées, s’accorda, harmonieux, au chant divin de sa maitresse succube pour y exploser en écho dans l’apothéose de cette jouissance aux accents de délivrance.

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Cornelius.de.leffe
Tout comme ce sont les mots du jeune homme qui l'ont intriguée, décontenancée ou même agacée, puis soumise à son emprise aussitôt alliés à d'habiles caresses, ce sont encore une fois ses mots qui la libèrent. Par quel miracle ont-ils une si grande emprise sur elle, par quel mystère ? Elle n'est pourtant pas de ces femmes nobles, élevées dans le verbe et la poésie, sensibles à la moindre nuance... Et pourtant.

Chuchotés, ils subliment chaque geste, chaque morsure, chaque coup de rein imprimé, jusqu'à l'ivresse totale. Les yeux fous, honteux parfois, soumis souvent, la jeune rousse se livre totalement, comme une autre femme se donnerait à un amant de longue date dont elle peut être sûre qu'il la "respectera encore le lendemain".... Mais que lui importe à elle, qu'il la respecte ou non ? Libérée de toute entrave, elle goûte pleinement au plaisir coupable de la douce perversion qu'il lui offre. Sans plus d'argent, de client, de nécéssité derrière laquelle se cacher, elle s'assume, elle grandit.

Elle ne sait bien que se donner, la petite rousse, et comme il sait bien prendre ce qu'on lui donne ! Comme la main sur sa nuque lui dit bien qu'elle lui appartient, à cette minute ! Et ce double coup de reins qui semble s'affirmer comme on frappe du poing sur la table. Alors la fille à tout le monde se sent la femme d'un seul, l'espace d'une étreinte. Alors elle se donne encore mieux, si c'est possible. Elle l'encourage, suppliante et reconnaissante à la fois, accueillant chaque geste, chaque regard, chaque murmure avec une gourmandise proche de la gloutonnerie, et y répondant au centuple. Le nom d'Alphonse a-t-il déjà été gémit, scandé, appelé, crié avec une telle ferveur ? Mais elle ne s'entend pas. Sans doute le comprendra-t-elle plus tard, dans l'oeil amusé de Désirée, dans le regard jaloux de Marceau, dans celui fuyant de Jules.

Pour l'heure rien ne compte que cet amant étrange, qui a su tirer d'elle bien plus qu'une passe, parce qu'il l'a laissée se donner à son rythme, parcequ'il s'est donné la peine de séduire celle qu'on ne séduit pas. Et parce que, il faut bien l'avouer, il est doué. Si doué qu'en s'affalant sur lui dans un dernier cri, épuisée par la frénésie des derniers instants, elle ne peut s'empêcher de souhaiter qu'il revienne... Et même de regretter qu'il n'en fasse pas son métier. Pour le boudoir, cet homme serait la poule aux oeufs d'or...

Haletante, elle réprime le réflexe de s'écarter et de se rhabiller, comme à son habitude. Elle a tous les droits, a-t-il dit, y compris celui de lui voler un peu de cette tendresse mêlée de complicité qu'ont les vrais amants après l'acte. Alors elle se love, bassin toujours intimement lié au sien, respire son cou, goûte la peau salée en un baiser presque chaste. Un baiser qui dit merci.

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Alphonse_tabouret
Le corps blanc de Rouquine se tendit dans l’extase, s’abandonna dans un frémissement tout entier, les convulsions de leurs ventres s’enserrant, se répondant, ponctuant cet entracte dans le délice des spasmes de l’assouvissement, et chacun de leurs muscles sentit déferler la violence de l’apaisement. Le cœur tambourinant de l’abandon encore palpable qui les avaient réunis, il la cueillit contre lui lorsqu’elle s’y laissa tomber, essoufflée, sentant une infime hésitation, une lutte minime mais bien réelle à ne pas retrouver un automatisme immédiat, et cela le toucha, lui, l’éternel « habitué à », si longtemps soumis aux automatismes les plus simples pour s’assurer de ne pas sombrer dans le désespoir.
Et parce que cette étreinte au gout salé du stupre n’avait rien, absolument rien, d’une passe dans les hauteurs d’un bordel mais tout d’une escapade entre deux corps désireux, il la prit immédiatement dans ses bras, son souffle encore haché se perdant dans la masse rousse parfumée qui inondait son épaule, offrant aux lèvres de la jeune femme, ce cou dans lequel elle déposa un baiser tout en délicatesse, intime, personnel. Il laissa un frisson dévaler sa peau, persuadé que ce baiser-là était rare, et lui en rendit un, tout en douceur, le déposant dans la cascade flamboyante, resserrant son enlacement sur elle dans un soupir repu.

Les secondes perlèrent, silencieuses, dans la chambre où régnaient encore les souvenirs des mots chuchotés, des suppliques alanguies, d’un prénom crié, la dextre d’Alphonse caressant les courbes rondes de la rousse avec une intention toute différente de celle qui l’avait précipité à désirer sa bouche, ses hanches, ses cuisses, sa voix, délayant l’estime, la simple tendresse dans les arabesques que sa paume dessinait. Le bras du flamand barrait les omoplates de la jeune femme et sa senestre égarée sur la courbe d’une épaule, la pressait doucement pour la tenir contre lui, peau à peau, dans ce câlin qui s’attardait doucement, qui flânait le long de sensations fugaces.
Les yeux momentanément clos, porté par le parfum doux de la sirène, par l’odeur si nette de la luxure qui imprimait encore leurs corps liés, emboités dans la moiteur de leurs envies désormais repues, il laissa un sourire étirer ses lèvres, et s’accorda, dans l’alcôve de cette chambre parisienne, un instant, rien qu’à lui, où le fauve délié aurait presque pu ronronner. Fouillant du museau dans les mèches rousses, il lui croqua gentiment le lobe à portée de ses dents.


-Il faudra me pardonner, j’ai oublié de te bâillonner,
fit il à son oreille, l’union grisante de leurs chairs encore trop à vif pour renouer directement avec le vouvoiement, ses lèvres s’égarant à la tempe la plus proche pour y fondre en baisers. Ses mains s’attardèrent, flirtant volontairement par leurs tracés aériens entre la caresse et la chatouille, lui abandonnant le loisir de rire ou d'en frémir, laissant les battements sourds des cœurs s’apaiser en écho, avant de soupirer, délassé, replongeant le nez dans la chevelure de feu. Tu sens bon, glissa-t-il simplement en la respirant.

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Cornelius.de.leffe
Elle sourit.
Au baiser qu'elle sent dans ses cheveux, à la main qui s'attarde, aux bras qui l'enlacent, à la taquinerie chuchotée au creux de son oreille.
Elle sourit.

Et puis, comme si elle se souvenait d'un coup qu'il ne peut pas la voir sourire, elle finit par relever la tête pour le gratifier d'un regard paresseux
.

Toi aussi.

Son sourire doit être un peu niais. C'est qu'elle ne sait pas trop ce qu'elle est censée dire, là de suite. Le complimenter serait redondant, vu les signes plus qu'évidents de plaisir qu'elle a montrés, et puis il pourrait avoir l'impression que c'est chez elle une déformation professionnelle. Quelle horreur ! Ca gâcherait tout ! Non, décidément, elle ne veut rien faire qui puisse lui rappeler son métier. Mais elle ne peut pas non plus lui poser toutes les questions qui lui brulent les lèvres...

Pourquoi moi? Ca t'arrive souvent de séduire les catins ? Tu reviendras ? Hein dis, tu reviendras ?

Trop fière pour céder à ses envies toutes féminines, la rouquine pousse un soupir résigné et glisse pour s'étendre à son côté, toujours lovée contre le corps chaud mais n'opposant plus l'entrave de son corps à une fuite éventuelle de cet amant fortuit. S'il reste, c'est qu'il le voudra bien.


Chuis bien.

Ah, les platitudes qu'on dit quand le corps est repu et l'esprit embrouillé... Mais peut être pas si embrouillé que cela, car d'un coup lui vient une idée claire, nette et précise....

Tu as bien dit... toute la journée...? Enfin, euh... Il me reste combien de temps ?

On ne rougit pas, Roxanne. Surtout, on ne rougit pas. Ce sont les pucelles qui rougissent ! Manquerait plus que ça, tiens. Heureusement, l'idée que normalement c'est à elle qu'on pose cette question amène un sourire amusé à ses lèvres, et lui redonne un peu de cette contenance qu'il a si bien su ébranler.
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Alphonse_tabouret
Lui demanderait-elle son prénom qu’il ne saurait plus le lui donner, car cette aise encore timide, ce sourire doucement étiré le long de ces lèvres pleines, se partageaient indécemment et la catin et la jeune femme. On ne balayait pas d’un instant, même bon, même sain, même rare, les habitudes qui animaient la chair chaque jour, et si la jeune femme luttait contre certaines, elle s’en autorisait d’autres, et la plus ravissante était peut-être le délassement de ce corps joliment replet qui venait prendre le temps contre lui et autour duquel il passa un bras, laissant errer sa main à hauteur de son dos pour y diffuser de légères caresses aériennes.
Bien loin de l’idée de partir, le flamand lui aussi paressait dans l’oasis que sa lubie leur avait offert, profitant de ce présent neuf, du gout unique des choses que l’on provoque et que l’on savoure. Doucement perdu dans le parfum de la rousse, le gout de sa peau sur le bout de la langue, il errait, voluptueux, tout accaparé par la chaleur du corps qui pressait son flanc. Bien sûr, l’extase encore proche l’engourdissait toujours, mais au-delà de ça, inconsciemment, c’était aussi cette fragile mais téméraire confiance lui autorisant le départ qui lui donnait envie de flâner.
Il avait pris l’habitude, une fois le plaisir consommé aux creux des reins amants ou des cuisses maitresses, de ne jamais s’attarder pour la nuit dans un lit qui n’était ni le sien, ni celui de l’anglais, estimant que son sommeil, cet instant latent de faiblesse, n’était qu’à eux seuls. De la même façon, il avait toujours sélectionné avec parcimonie les détenteurs de ces instants choyés où le bien être l’emporte sur les réflexes, où l’on s’attarde dans les draps inondés de jour, où l’on rit, où l’on cause, où l’on somnole, préférant le feu et la boulimie des sens dans la plus part des cas… Mais à cet instant ci, il se sentait incapable de résister à cette chambre, à ce matelas, à cette créature si adorablement double dont le souffle s’égarait sur sa peau.


Chuis bien.

Un sourire vint se dessiner à ses lèvres complices, le regard toujours perdu sur le plafond, apposant en guise de réponse, la pression de sa main dans son dos pour la garder contre lui. Les corps nus, déliés, s’offraient au spectacle de l’intimité, sereins, encore melés par le fil ténu des circonstances et du plaisir.

Tu as bien dit... toute la journée...? Enfin, euh... Il me reste combien de temps ?

Le sourire s’aiguisa pour venir appuyer la fossette droite, d’abord parce qu’il ne s’y attendait pas, et ensuite, parce que lui aussi trouvait amusant que la question lui soit adressée.

-J’oubliais que le temps était une valeur toute relative pour les femmes, la taquina-t-il en délaissant le plafond pour venir chercher l’azur de son regard sans se départir d’un sourire. La seule chose qui m’attend est le convoi de nuit me ramenant en Champagne. Son bras la resserra doucement contre lui jusqu’à ce qu’il n’ait qu’à pencher la tête pour déposer un baiser à son front. … je dirai qu’à vue de nez, il te reste jusqu’à la nuit tombée… Sa tempe bascula pour se caler dans la masse rousse, animé l’envie qu’elle s’égare elle aussi dans cette parenthèse impromptue, de lui faire ce cadeau d’être elle, qui qu’elle soit, certain que ce luxe, tout comme lui, elle se le refusait souvent. Y-a-t-il quelque chose qui te ferait plaisir ?
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Cornelius.de.leffe
S'il y a quelque chose qui lui ferait plaisir ? A part une etreinte fougueuse, un sourire tendre et un baiser sur le front ? Ben pardi ! Que ça continue !

Euh...

Lèvre gentimment mordillée, elle l'observe par en dessous.

Ben...Nan... Enfin j'veux juste que tu restes un peu, c'tout.

C'est étrange comme Alphonse fait ressortir en elle la jeune fille sans artifices, jusqu'à en oublier comment formuler des phrases correctes. Peut-être, sûrement, parce qu'elle n'a pas à faire semblant d'être raffinée, avec lui. Elle sourit et grimpe sur le pauvre hère qui n'aurait pas du si bien la traiter, parsemant son torse et son ventre de petits baisers plus joueurs qu'aguicheurs, avant de s'allonger sur lui se tout son long, chatte repue d'humeur paresseuse. Mains posées l'une sur l'autre sur son torse, elle pose son menton sur le tout et sourit.

Tu peux dormir si tu veux, hein. J'veux dire, je sais qu'après, les hommes aiment pas parler, ils aiment dormir. J'veux juste que tu t'en ailles pas trop vite...

Si elle savait qu'elle lui demande précisément ce qu'il ne donne que rarement, pauvrette... Mais est-ce sa faute à elle, si c'est justement là ce qui lui manque le plus.... et n'a-t-il pas demandé ce qui lui ferait plaisir, après tout ? Elle lui sourit, enfantine, comme si elle devait le convaincre de rester, comme s'il n'avait pas déjà dit qu'il etait libre jusqu'à la nuit tombée. Les vieilles habitudes ont la vie dure.

Mais puisqu'on en est à faire semblant d'être entre amants, à faire semblant qu'il n'y a pas d'argent en jeu... Il faut faire semblant jusqu'au bout. Que l'illusion soit totale...


Et toi, t'as envie de quoi, là ?
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Alphonse_tabouret
La lèvre pulpeuse fut mordillée, révélant la nacre de ses dents à l’observation souriante du jeune homme, sans se préoccuper des yeux clairs qui le regardaient, cherchant à percer jusqu’où elle pouvait laisser aller ses désirs, jusqu’où elle pouvait demander. Il y avait quelque chose chez Rouquine d’à ce point touchant qu’il avait du mal à effacer le sourire doucement taquin qui s’était profilé sur son visage en la regardant, bousculée dans une valse d’hésitations auxquelles il avait pourtant donné toute absolution dès lors qu’elle avait accepté sa demande.
Balbutiante, mais avec une véracité qui le conforta dans le contentement de cette trouvaille au cœur des rues parisiennes, elle glissa sur lui et le fauve étira son sourire sous l’avalanche de baisers doux et tendres dont elle parsema sa peau, frémissant, encore aux prises avec l’extase qui lui engourdissait les sens et accablait son corps tout entier d’une langueur délicieuse jusqu’à l’accueillir tout de son long contre lui. La tendresse avait du bon, au même titre que la fièvre quand elle était distillée sans la moindre arrière-pensée. Il était étrange de constater que quand on sait les choses prédéfinies, cadrées dans un temps donné, on laisse passer ce qu’on ne donnerait jamais aux autres…
Instinctivement, ses bras se refermèrent souplement sur elle et l’emportèrent dans un très léger bercement, ses mains jouant de dessins sur sa peau, égaré lui aussi, dans la chaleur providentielle de cet instant jusqu’à ce qu’il croise à nouveau l’éclat de ses azurs porté dans le noir de ses prunelles.


Tu peux dormir si tu veux, hein.

Dormir… le mot tabou…
Alphonse esquissa un sourire tout en douceur, sentant dans les propos de la jeune femme une envie d’une telle simplicité qu’il ne se songea pas une seconde à lui offrir cette vérité crue : jamais le sommeil ne se partageait dans la couche d’un autre.
Mais mentir… mentir c’était possible, c’était souhaité même. Il avait promis l’exécution de tous les désirs, il n’avait jamais promis la sincérité la plus absolue. Lézarder dans les draps, profiter de cette accalmie quand le monde tempêtait dehors avant qu’il ne vienne s’engouffrer de toute sa violence dans la vie du jeune Tabouret… ce n’était pas si difficile à accepter si elle le voulait. Il aurait suffi de clore ses yeux, les laisser fermer, courir le long de ses pensées, égaliser son souffle jusqu’à ce qu’il semble à ce point calme qu’il n’aurait pu être question d’autre chose que de cette sieste miraculeuse… jusqu’à le laisser, en proie à ses pensées, ses doutes, sa solitude accompagnée, baignant dans une torture indicible… Et quoi ? N’avait-il pas passé 24 ans de torture ? Si elle avait voulu le sommeil, il le lui aurait offert, mensonge criant de vérité pour la satisfaire, parce qu’au fond, la torture aurait le parfum de sa peau blanche, de ses cheveux flamboyants, et de son sourire… Il avait connu bien pire…


J'veux dire, je sais qu'après, les hommes aiment pas parler, ils aiment dormir. J'veux juste que tu t'en ailles pas trop vite… Et toi, t'as envie de quoi, là ?

-A moins que la nuit ne tombe d’un coup, il n’y a aucune raison que je disparaisse trop vite, la rassura-il à mi-voix, sentant bien qu’il y avait là, non pas une peur, mais un besoin de s’assurer que tout n’était pas qu’une question d’hommes et de besoins, mais aussi de petits plaisirs et de féminité. J’ai envie de t’entendre parler, répondit-il enfin, délaissant la courbe d’une épaule pour venir jouer avec l’une des mèches rousse qui habillait la peau laiteuse de la jeune femme. N’était-ce pas là au fond, plus que la sieste, ce qu’elle avait demandé ? Les hommes n’aiment pas parler, ils aiment dormir… Dieu que ces congénères étaient affreux, pensa-t-il fugitivement en s’abimant dans le spectacle de ce minois gracieux où les artifices de la courtisane s’estompaient. Et que les femmes étaient courageuses d’endurer de tels monstres, frôlant parfois la sottise de leur laisser tant de pouvoir sans s’en offusquer… Mais pas du passé, rajouta-t-il dans un sourire entendu. Le passé n’était pas à eux, et s’il y avait quelque chose à rêver aujourd’hui, c’était autre part qu’il fallait le chercher. Parlons de demain… As-tu des rêves ? Des envies ? Un amoureux peut être ?
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Cornelius.de.leffe
Il la rassure. A part Jules et Marceau, quel homme a jamais pris la peine de la rassurer... depuis Baudouin ? Bon, c'est peut etre partie du jeu qui consiste à inverser les rôles, mais ça fait du bien, tout de même...

J’ai envie de t’entendre parler, mais pas du passé.

Dieu Merci, songe-t-elle, savourant à la fois le plaisir qu'il ne l'abandonne pas au profit d'une petite sieste, et les doigts jouant simplement dans ses cheveux. Son passé est si... glauque ! A part son enfance, le reste n'est que violence, rejet, honte, faim ou deuil... Son présent, ça elle peut en parler. Sans être rose il est franchement vivable, surtout comparé... ben au passé. Elle vit bien, n'appartient plus à personne, fréquente une clientèle suffisamment riche pour échapper au pire des poux et des maladies...Oui, son présent est agréable, pour une catin. Elle ouvre la bouche pour se raconter, quand Alphonse ajoute...

Parlons de demain… As-tu des rêves ? Des envies ? Un amoureux peut être ?

Rêves et envies ? Oh ouiiii! Parlons de ça ! Tirer des plans sur la comè... Un amoureux... Roxanne déglutit. Tout à l'heure, avant l'etreinte et le rapprochement, elle se serait offusquée bêtement, sur la défensive. Elle aurait cru qu'il se moquait, car qui aimerait une catin...? Mais, lovée contre son corps nu et chaud, ses doigts jouant tranquillement dans sa chevelure, elle ne peut que prendre la question pour ce qu'elle est : de la curiosité simple et sans arrière pensée... Toutefois son regard s'est fait un peu triste, un peu... éteint.

J'en ai eu un... Enfin je crois. Il disait qu'il m'aimait, mais bon il le disait à tant de femmes....C'etait le gardien de la Rose Noire...

Un sourire désabusé, avant d'ajouter.

Il est mort.

Silence. Qu'elle ne laisse pas se prolonger, refusant de gâcher son plaisir à parler de deuil et de chagrin. Alors elle force un grand sourire sur des lèvres, parce qu'elle a remarqué que si on sourit, même triste, la cervelle finit par obéir au corps et par se sentir joyeux.

Des envies j'en ai plein, mais tu devrais rester une bonne semaine, plaisante-t-elle avec un sourire entendu. Des rêves... Ah ça, j'ai le rêve de toute catin, je crois bien. Gagner suffisamment pour mes vieux jours, pour pouvoir choisir mes clients, ou du moins refuser les plus dégoûtants... Et peut être un jour, me ranger, qui sait... me marier ? Devenir une bourgeoise...

Elle rit, parce que l'idée est saugrenue. Mais n'est-ce pas pour ça qu'on appelle ça un rêve...?
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Alphonse_tabouret
Le regard de la rousse se voila doucement, et s’il sentit une pointe de tristesse se mêler à l’azur de ses yeux, elle la lui confirma de quelques mots confiés auxquels il n’opposa aucun sourire compatissant, choisissant plutôt d’affermir la caresse à ses cheveux, dans un de ces gestes qui se passent de mots, quasi fraternel, parfaitement amical. Il ne connaissait pas le deuil, ne mesurait pas son ampleur si tragique, il ignorait encore que bientôt ils n’auraient pas que cette après-midi miraculeuse lovée dans les toits de Paris comme point commun, mais aussi celui de perdre sans aucun espoir, celui que l’on aime. L’empathie d’Alphonse ne lui avait jamais servi que pour de rares occasions, trop farouchement empêtré dans le doute et la méfiance que ses années de servilité lui avaient inculqué, mais les putains… les putains l’avaient toujours ému, plus que les autres, plus que celles que l’on marie par prestige, plus que celles qui ont des noms de princesses aux accents soyeux et à qui l’on réserve des cathédrales pour les voir en robe blanche… S’il plaignait celles-là, son affection attendrie se tournait irrémédiablement vers celles qui ne se leurrent pas et qui pourtant espèrent. Cet espoir-là arrivait encore à le faire frémir.

Le silence s’attarda un instant entre eux, laps de temps dans lequel Alphonse s’abima dans la contemplation du minois doucement défait qui se forçait à trouver assez d’énergie pour ne pas gâcher ce temps imparti, et il se trouva bouleversé d’une reconnaissance fiévreuse qu’il manifesta d’un sourire alangui.
N’était pas belle, Rouquine, à défaut de pouvoir la nommer Roxanne… n’était-elle pas plus belle que toutes ces bourgeoises si joliment apprêtées par des années d’éducation et des caisses d’écus, dans son désir de bien faire, de s’attacher à ce qu’il ne soit pas contaminé par sa propre nausée ? Si elle avait l’air d’une figure pieuse lorsqu’elle se laissait gorger par l’extase de l’étreinte jusqu’à l’exultation pantelante de son plaisir, elle avait tout d’une sainte dans la simplicité de son caractère.


Des envies j'en ai plein, mais tu devrais rester une bonne semaine, . Des rêves... Ah ça, j'ai le rêve de toute catin, je crois bien. Gagner suffisamment pour mes vieux jours, pour pouvoir choisir mes clients, ou du moins refuser les plus dégoûtants... Et peut-être un jour, me ranger, qui sait... me marier ? Devenir une bourgeoise...

Son rire monta doucement dans la pièce tandis qu’il répondait d’un sourire amusé, rapprochant son visage du sien en imprimant un mouvement léger dans la nuque conquise pour que ses lèvres vinrent frôlent les siennes, se les appropriant d’un baiser plus appuyé avant d’en dispenser un autre à la tempe et de lui répondre :

-Tu es jeune et ravissante, je ne doute pas que tu réussisses à réunir une jolie somme te permettant de prendre les distances voulues avec tout ceci… Quant à la bourgeoisie, cela s’apprend.
Il en savait quelque chose. Toute l’opulente fortune familiale des Tabouret était neuve d’une génération. Son père était un de ces petit bourgeois à l’éducation primaire mais au génie commerçant aiguisé reportant sur ses enfants, tous les égards d’un enseignement des lettres, des arts, des chiffres et de la courtoisie. Il suffit d’avoir un bon professeur. Si tu as besoin de quelques conseils, il suffira de me le dire, je ne me défends pas trop mal en bonnes manières, fit-il dans un sourire volontairement prétentieux en laissant la dextre cavaler jusqu’à l’arrondi de ses reins et se les accaparer d’une caresse outrageusement propriétaire en guettant, malicieux, son regard, enchainant, badin: Quel genre de mari devrons nous chercher ?

Quitte à passer l’après-midi à refaire le monde de rêves enfantins, pourquoi ne pas pousser plus en avant ? Et tandis qu’il attendait la réponse de la courtisane, ses doigts, paresseux, diffusaient de légères arabesques dans le creux des reins blancs.
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