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[RP] Clair obscur

Erwelyn
Et Ysengrin se pencha sur Sorcière, provoquant une sensation étrange et délicieuse où la chaleur s'invita à son ventre au contact du sien, au front chaud caressant son épiderme, à son nez imprégné des frimas hivernaux et à ses lèvres si proches des siennes qu'il lui suffirait d'un mouvement infime pour venir les prendre et sentir leur douceur. Alphonse avait en lui cette attraction animale mettant en émoi la Corleone, bataillant en elle-même pour la faire fuir, ne comprenant toujours pas pourquoi était-il là, face à elle, à croquer des baies amères lui rappelant son enfance. Lupin maîtrisait parfaitement les règles du jeu tandis que Sorcière en découvrait les bases et tâtonnait, régressant même à certains moments de son existence. La circé s'y laissait cependant prendre, doucement, pas à pas, agréablement surprise par les sensations prodiguées lorsque les doigts s’entremêlaient ou que les souffles venaient se confondre. Surprise mais méfiante, n'accordant que peu de crédit de manière générale à l'homme dans toute sa splendeur, retenant pour l'heure la passion au rythme de la raison et de ses peurs. Le pas ne fut donc pas franchi, peu à même d'imaginer les pensées de l'Ysengrin, toutefois pénétrables si l'on prenait le temps de décortiquer le sourire carnassier, le regard appuyé et les gestes coordonnés dans une danse parfaite pour approcher le corps de celle qui prenait rituellement ses distances. Peut-être Sorcière commençait-elle à le percevoir, mais était dans l’incapacité d'entamer cette valse que le Loup lui laissait mener, insidieusement.

Erwelyn se laissa pourtant emporter dans la danse, tournant au creux de ses bras, mouvement devenu leur au fil des rencontres, se lovant en son sein en un soupir indescriptible de retrouver cette chaleur qui lui avait manqué, frissonnant des paroles égrainées à l'orée de ses lèvres une poignée de seconde auparavant, le temps que ces dernières prennent toute leur ampleur. La voûte étoilée se dévoila alors doucement à elle, sécurisée par les bras lupins qui l'entouraient, envoûtée par le spectacle qui s'offrait à elle, ses prunelles se perdant sur la brune qui ce soir revêtait un éclat particulier, flottant dans un ciel sombre et auréolée d'or.


Lune jaune ou rousse, pluie à vos trousses... Je lui trouve plein de mystère, à cet astre, pas vous ? Question rhétorique s'il en était, car toute Sorcière qu'elle était en cet instant et lui Loup, il aurait été inimaginable que son opinion ne soit pas partagée. Répondant à sa demande, fixant ses iris sur l'astre roux et plein et posant doucement sa nuque sur son épaule, sa voix s'éleva à travers le silence environnant, sans aucun obstacle sur lequel ricocher, l'hiver ayant dépourvu de vie les arbres alentours.

Je n'ai pas choisi la forêt de Bondy par hasard, cher Ysengrin. Celle-ci recèle moult histoires et légendes, parfois vraies, parfois imaginaires. L'on raconte que le diable aurait choisi cette forêt pour y cacher ses trésors et que les promeneurs peuvent l'apercevoir au crépuscule au gré de leur balade, creusant un trou pour les y enterrer. Si le voyageur le confond avec un paysan et lui parle, alors il meurt dans la semaine. S'il l'aperçoit, se cache et attend qu'il soit parti pour lui voler son trésor, il mourra dans le mois. Si, apeuré, il préfère la fuite, sa mort ne viendra que dans l'année. Moralité, mourir pour mourir, autant mourir riche et dérober son trésor au diable pour en profiter le plus vite possible...
Et vous, que choisiriez-vous, si vous croisiez le diable enfouissant son trésor sous les frondaisons ?


Son sourire se fit aussi carnassier que celui de son compagnon nocturne, retroussant ses babines et tournant légèrement le visage vers le Loup dont la chaleur se propageait progressivement dans son dos. Levant la dextre entremêlée à sa senestre, Sorcière pointa du doigt quelques branches mouvantes.

Ne l'auriez pas vu bouger, Alphonse, derrière ce bosquet ?
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Alphonse_tabouret
Un vent léger s’engouffra à l’orée du bois, brise à laquelle répondit un lointain hululement, poinçonnant irrémédiablement les dernières teintes claires de la journée mourante pour célébrer cette inévitable nuit dont le berceau froid et cotonneux n’attendait que leur transformation pour éclater d’une féerie aussi absurde que neuve.


Je connais le Diable, Sorcière.
Il m’a créé et façonné, longtemps, si longtemps que j’ai fini par croire que je m’accommoderai d’un enfer que je n’avais pas choisi.
Le diable n’est pas grand, mais il brille dans ses yeux, l’étincelle vorace de toute âme perdue ; massif, aux mains épaisses, le visage disgracieux marqué par la grêle d’une maladie juvénile, il sait pourtant discerner dans chaque plante à portée de ses sens l’éclatant potentiel, en dénerver avec minutie le poids de l’or qu’elle lui rapportera et assoir encore et toujours aux frontières de son art, son savoir et son intuition.

Ne te fie pas à son apparence vulgaire Sorcière, le diable n’est jamais beau que dans les légendes dont on l’affuble, mais pour l’avoir côtoyé pendant dix-sept années, je peux te dire qu’il rit trop fort, mange comme un ogre et boit comme un condamné à mort. Dans ses mains, flétrissent les âmes et fructifie l’or, avide destructeur qui n’aime rien tant que de voir la proie qu’il a devant lui se désagréger au fil d’une lente agonie dont il jouera chaque note, mélomane subtil dont la prestation ferait frémir même les pierres pavant l’enfer.

De lui, je tiens mon nom, ma maladie, ce vide laissé en guise de liberté et dont l’écho tonitruant m’assomme encore parfois… Si je le croisais…



…je lui proposerais de le faire fructifier, répondit enfin le comptable à l’alcine entre ses bras au fil d’un sourire amusé.
De son esclavage, il avait appris à scinder les mondes, architecte prudent tout autant que précautionneux qui, à la proximité d’Erwelyn se rappelait combien les horizons nouveaux étaient aussi beaux qu’exaltants et à quel point il était indispensable de garder la bête assujettie à la cage confectionnée par les mains paternelles pour ne point vicier les grèves nouvelles qu’ils arpentaient, si intimement convaincu de la monstruosité de son héritage qu’il doutait qu’elle en supporte le poids si elle venait à le contempler à la faveur de la réalité qu’ils répudiaient tous deux. Créature née des chiffres et promise au spectacle de leurs allégations, ce soir pourtant il serait Loup, animal dont les souvenirs ne devaient ourler leurs fronts que d’une verdure printanière, de la senteur forte d’une résine et du gout du sang à la bouche, dépenaillé sans plus de compromis, de cette amertume inquiète qui emmurait un cœur d’homme souffreteux et difforme


Ne l'auriez pas vu bouger, Alphonse, derrière ce bosquet ?

Il est des pactes que l’on ne refuse pas…, fit il remarquer au fil d’un sourire volontairement épicé, attentif à l’exquise brume qui animait le velours sombre des yeux Corleone dès que la circée se laissait happer par les volatiles reflets de ces ailleurs qui n’existaient que dans la complicité ténue des enfants ou des croyants, excitant tendrement la faim de l’Ysengrin… Si c'était bien lui que nous entendions frissonner derrière ces quelques branches , lequel seriez-vous prête à passer si d'aventure nous le débusquions ?

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Erwelyn
La bise glaciale s'insinuant facilement au cœur des frondaisons vierges de toute végétation vint frapper son visage tourné vers Alphonse, faisant naître à l'orée de ses paupières une légère larme et rougissant ses pommettes plus qu'elles ne l'étaient déjà. Ses prunelles allèrent traîner sur les lippes lui faisant face s'étirant en un sourire amusé dont elle se délecta, lui trouvant tous les charmes de la jeunesse dénué des marques du temps dont elle se pensait elle-même dépourvue depuis bien longtemps. Loin de s'imaginer ce qui se tramait au sein des pensées du Loup, Erwelyn analysa la réponse en un claquement de doigts, songeant que l'homme qui lui faisait face était tout son contraire, elle qui depuis des années n'avait aucune idée du montant de son pécule et de ce que lui rapportaient ses terres, faisant confiance à son intendant pour cela, plaçant au premier plan le bien être de ses gens travaillant ses champs. La baronne se laissait porter au gré de ce que la vie pouvait lui offrir, dépensant lorsqu'elle le pouvait, se restreignant lorsqu'il le fallait, revendant à bas prix lorsque l'occasion se présentait et s'il était possible d'apporter son aide aux plus démunis, au grand damne du régisseur d'Evron qui devait s'arracher le peu de cheveux lui restant sur le crâne. Tout les différenciait donc et pourtant, l'attraction du Loup et de Sorcière déchirait l'air, palpable et vibrante, procurant de douces sensations de chaleur au creux du ventre de cette dernière. Ses prunelles allèrent chercher les siennes, lèvres toujours ourlées d'un fin sourire faisant écho au sien, cheminant au gré des regards échangés, des corps se frôlant en un ballet savamment orchestré par les deux créatures nocturnes qu'ils étaient devenus, des lippes s'effleurant sans se prendre. Chaque émotion passant sur le visage du loup était passée au crible par la sibylle, cherchant la faille, détaillant les plissements de paupières, le coin d'une lèvre se relevant, les lueurs brillant dans ses iris.

Le silence à nouveau s'imposait, suspendant les paroles d'Alphonse alors que le vent venait chanter son cri à leurs oreilles attentives, faisant vibrer les branchages au fil de sa course, les arbres craquant de se retrouver si démunis au cœur de l'hiver. Au loin, la chute d'un tas de neige amalgamé sur le cocon d'épines offert par un sapin la fit légèrement sursauter, plongée dans cet univers créé par ses soins, fait de ténèbres, de génie du mal et de sorts dispensés. Erwelyn suspendit encore le temps à l'interrogation du Loup qui vint se répercuter à la sienne, tiraillée entre ses peurs et son envie alors que le visage était scruté avec attention, les battements de son cœur assourdissant ses pensées. Partagée entre le désir de se laisser aller et celui de tout diriger, elle cligna des paupières avant de distiller quelques mots vibrant de la même faim que celle du Loup ne pouvant dorénavant l'ignorer.


Si le diable lui-même se tenait là, tapi, nous épiant derrière les ramures... voilà le pacte que je serais prête à passer, conclut-elle en allant, courageuse Sorcière puisant au plus profond d'elle-même l'élan qui pouvait lui manquer, happer ses lèvres en un baiser frais, les goûtant à nouveau après les avoir si longtemps délaissées et s'y abreuvant telle une agnelle qui se serait laissée prendre au bord du ruisseau par un dangereux carnassier. Lippes unies aux siennes sans pouvoir les quitter, son corps alla chercher la chaleur de celui de l'Ysengrin à travers les manteaux qui les recouvraient, glissant une main timide sur sa joue, dextre enserrant un peu plus la main qui s'offrait à elle, le souffle court et les joues rosies non pas par le froid mais par l'ardeur sourde dispensée au fil de leurs jeux s'ébattant entre chiens et loups.
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