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[RP] Le bon, la brute, le truand…

Axelle
…et une entremetteuse.




En regardant le tas de papiers froissés au bas de sa chaise, la gitane ne pouvait que constater que ce fameux jour où la Prévôté avait débarqué à l’Aphrodite, elle aurait mieux fait de se casser une jambe. Quoique, un bras aurait tout aussi bien fait l’affaire. Même son auriculaire de la main gauche aurait-été parfait, quoique peu pratique lorsque l’oreille avait la mauvaise idée de chatouiller, mais un auriculaire brisé devait être bien moins douloureux qu’une jambe. Dans certains cas, la mesure avait un charme certain aux yeux de la Casas.

Bref, elle était fichtrement embêtée. Que n’avait-elle fermé sa bouche parfois trop grande quand elle savait si impeccablement être taiseuse ? Ah, jamais on ne louera assez les bienfaits du silence pour éviter de se mettre dans des situations à la mords-moi le nœud. Mais nul besoin était de s’appesantir, quand la bourde, elle l’avait faite et dans les grandes largeurs, en exposant l’idée fanfaronne à Alphonse. C’était sa faute aussi ! Pourquoi diantre le Chat n’avait-il pas refusé d’emblée ? Peut-être simplement car elle avait vaguement omis de préciser qu’elle n’avait aucune idée de comment l’étrange proposition serait reçue. Ah oui, Axelle savait ouvrir sa bouche et causer, mais qu’à moitié, ce qui compliquait encore la tâche. Car effectivement, de comment réagirait le Prince-Capitaine, elle n’en avait pas la moindre idée. Sourire en coin ou coup de pied aux fesses, telle était la question. Bon soit, Clichy avait engagé à son service proche une voleuse de poules, du moins c’est ainsi qu’il se jouait à définir la gitane quand, définitivement réfractaire à se fondre dans la masse, elle n’en avait barboté qu’une et petite de surcroit. Au sujet des bourses jadis chapardées, elle n’en soufflait pas mot. Pas folle la guêpe. Cette confiance accordée face au sourire de racaille de la gitane pouvait prouver, très éventuellement, que le Prince n’était pas complètement blanc bleu, mais de là à oser lui proposer cela, un grand pas restait à faire.

Se chatouillant le museau avec le bout de sa plume, la gitane méditait. Peut-être qu’en bouffant ses mots sur le papier même, il serait assez agacé pour ne pas prendre ombrage du reste. C’était tentant, mais pas gagné pour autant. Alors finalement résignée à la simplicité la plus brève, elle se remit à écrire. Cette missive serait la bonne ou ne serait pas. De toute façon, elle avait épuisé sa réserve de vélin. Et en plus le bavardage coutait la peau des fesses !


Citation:
A vous, Sancte Iohannes Von Frayner.
De moi, Casas.

Votre Altesse,

Accepteriez-vous de me recevoir à Clichy accompagnée d’Alphonse Tabouret et d’Etienne de Ligny pour vous faire part, en toute discrétion, d’une affaire particulière ?

Bien cordialement

Votre âme damnée

A.C.


S’interdisant de relire afin d’éviter que ce dernier jet ne rejoigne ses comparses sur le sol de la chambrée, Axelle souffla doucement sur l’encre avant de plier méticuleusement le feuillet pour l’envoyer. Finalement, il aurait été peut-être plus simple de faire la demande de vive voix…
_________________
Sancte
[Mais pour une jolie partie.]


Lorsqu'il a jeté son dévolu sur Axelle, s'est-il imaginé un seul instant que cela devait fatalement inclure le ramassis de tocards qui gravitent autour d'elle ? Initialement, non. Assurément, autant il s'est dit que le somptueux n'était pas fait pour elle, autant il s'est naïvement imaginé qu'elle s'abstiendrait de le laisser rouler dans la crasse de son univers déjeté. Mais il n'y a que les abrutis qui refusent une offre avant de l'avoir entendue. Dans le négoce comme en politique, ce n'est qu'après avoir écouté le candidat que l'on glisse le billet dans l'urne.

Citation:
À vous, Axelle Casas
De nous, Von Frayner.

Casas,


Nous y consentons.


Respectueusement,
Votre estimable protecteur,

S.I.

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Axelle
Vraiment, le plus difficile avait été fait ?

Fadaises. Si la date et l’heure n’avait pas posées de soucis particuliers, décider d’un lieu de rendez-vous s’était avéré une toute autre paire de manches. Si, au début, l’évidence du bureau princier n’avait soulevé aucune interrogation, à bien y réfléchir, l’idée se révélait franchement médiocre point de vue discrétion. Devoir reprendre la plume et contredire ce que la gitane avait eu tant de mal à accoucher était purement et simplement inconcevable. C’était donc bien à Clichy que l’entrevue devrait avoir lieu. Dans les jardins du palais ? Un éclat de génie avait transpercé l’œil noir à cette éventualité, vite éteint quand ce même œil s’était perdu sur l’entendue blanche couvrant la capitale. Soit, il s’agissait de trois hommes forts et résistants à qui le froid piquant du givre ne faisait pas peur. Du moins, jamais aucun ne l’aurait certainement avoué, se trahissant juste, peut-être, d’un dandinement d’un pied sur l’autre de temps à autre. Guère plus. Mais, égoïste, et surtout femme, la Casas, bien qu’ayant appris à Embrun les gelures sur le bout des doigts, n’était guère chaude à se contraindre à cette morsure si elle pouvait y échapper.

Aussi, en ce matin frisquet d'hiver, ce fut la porte d’une minuscule taverne du bourg de Clichy que la gitane poussa, après avoir essaimé des courriers laconiques aux mâles. Aucune explication laborieuse. Une date. Une heure. Un lieu. Elle n’allait pas se creuser davantage la tête qu’elle ne l’avait déjà fait. Prérogative des entremetteuses que de se permettre le strict nécessaire.

L’endroit repéré quelques jours auparavant semblait parfait, reculé dans une ruelle si tranquille que l’estaminet restait sourdement vide de toute populace trop curieuse. Tant et si bien que l’on pouvait s’interroger sur la nature exacte de l’activité qui y siégeait tant les recettes devaient être maigres. Et ce doute se vit confirmer par la trogne de la tenancière quand les bottes trop grandes d’Axelle battirent le plancher ciré. Le sourire exhibant deux incisives trop écartées semblait trop travaillé pour être naturel. Mais qu’importait cette femme trop maigre aux les pommettes en saillie coincées entre deux bandeaux lisses de cheveux grisonnant. Qu’importait le vieillard attablé au fond de la salle bourdonnant à l’oreille de son verre vide. Dans cet enchevêtrement de tables de bois sombre emmitouflé d’une odeur tenace de pommes blettes, il faisait chaud. Si chaud que la lourde cape de laine fut abandonnée aussi sec sur le banc rêche, découvrant une Casas curieusement vêtue d’une chemise blanche baillant à l’encolure et de braies sombres. Ce jour, elle avait décidé de n’être ni Ballerina, ni âme damnée, ni anomalie. Ni danseuse, ni garde Royale. Ce jour, elle avait juré n’avoir rendez vous avec aucun amant, ami ou protecteur. Ce jour, elle était juste décidée à réunir des hommes qui pourraient bien trouver des avantages à lier quelques affaires ensemble. En quelques mots, elle ne se simplifiait toujours pas la tâche, car il y avait fort à parier que ses sentiments ne sauraient se taire bien longtemps, infatigable sensible qu’elle était sous des dehors ronchons. A croire qu’avoir son divin cul entre deux chaises était une position qui finalement lui plaisait… Restait néanmoins à espérer que les mâles, dans toute leur incommensurable courtoisie, s’appliquent à resserrer les deux assises. Et les mains serrées en coupe sur son godet de lait chaud, c’était bien ce qu’elle préparait, tout en jetant de temps à autres des œillades à la porte, se demandant, malicieusement malgré les résolutions, lequel en passerait le seuil le premier. D’un peu plus, et dans le silence de cette attente, une boule d'herbes sèches aurait pu rouler sur le sol que cela n’aurait étonné personne.

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Alphonse_tabouret
Le vélin avait été examiné longuement, animal méfiant des lieux de rendez-vous qu’il ne connaissait pas et auxquels on le conviait, et si la carcasse d’Hubert avait été prête à le suivre dès qu’il avait annoncé son départ, le comptable l’avait rejetée d’un simple geste.
Axelle avait choisi les intervenants tout comme l’emplacement réservé à la discussion qui se profilait et de cela, il ne se permettait pas de douter, mû par la tranquille assurance que le poignard s’il devait être planté, ne le serait jamais par cette main là, fut-elle Garde, Ballerine, Amante, Amie, ou Mère de sa progéniture. Le respect n’était pas une chose que le chat délayait à profusion, n’en accordant la façade qu’aux titres ronflants dont s’ornait la noblesse et en réservant la sève à ceux qui faisaient leurs preuves au quotidien; Axelle méritait le sien et c'était à ce titre uniquement qu'il accorderait de ne point venir accompagné. De Sancte, il ne savait pas grand-chose si ce n’était ce baiser surprenant dispensé au front d’Antoine quelques semaines plus tôt, des rumeurs qui couraient sur le doré de son échine princière et la révérence d’Axelle à son intention qui le laissait le plus souvent silencieux, à la façon du chat curieux voyant la main de la maitresse de maison s’appesantir à la tête du chien.
Aujourd’hui, il n’était pas Chat, ni Homme, pas plus qu’Esclave ; aujourd’hui, il était comptable, froidement logique, méticuleusement amoureux des chiffres les plus harmonieux, au fil d’un marchandage qui se solderait, peut-être, par une entente cordiale aux fragrances pécuniaires.

Repérant le cloaque à quelques mètres de sa porte d’entrée, il sortit les mains de ses poches, entreprenant d‘en ôter les gants dès qu’il en eut passé le perron, le regard glissant d’une silhouette à l’autre avant de repérer la masse de boucles brunes ramassée sur elle-même, tenant au creux des mains un quelconque breuvage.
Si la facture des vêtements étaient de qualité, elle restait particulièrement sobre même aux yeux des communs, Alphonse ayant rarement à cœur de surprendre par des tenues apprêtées, homme d’ombres avant toute chose, dont le physique avait toujours séduit bien plus que le ramage des couleurs qu’il aurait pu dévoiler s’il en avait eu l’appétence, conscient depuis fort longtemps que supporter l’attention des autres était un exercice périlleux sur lequel il ne choisissait de s’aventurer qu’avec la certitude que cela serve ses intérêts les plus primaires, qu’il s’agisse d’affaire ou de plaisirs.
Aux regards noirs se croisant, il s’accorda l’effluve d’un sourire, attendant quelques instants que le verre de vin commandé lui soit servi pour venir gagner le territoire de la gitane, passant une main discrète dans l’épaisseur brune de sa nuque avant de s’assoir à sa droite.
Ce n’était point le cœur qui gouvernerait aujourd’hui.


Demoiselle, la salua-t-il d’un pincement amusé des lèvres en déboutonnant le col du manteau qu’il portait.

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Salem_ibn_hayyan


C'est donc ça, Alphonse Tabouret ? Effectivement, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Il a davantage l'allure d'un gamin qui se fait pinçons en fermant une porte que de celui que l'on a eu la peine de lui décrire. Le conciliere s'incline. Un point positif : l'homme a l'air taiseux. Ainsi, peu de chance d'être assommé par de longs discours. La lippe fine du Perse ne trahit rien de ses pensées, tandis qu'il boutonne l'évasement des manchettes de son mantelet, comme quelqu'un qui s'apprête à remporter chez lui sa commande.

« Il manque un homme dans l'équipée du "coup de pouce aux bas salaires". Devons-nous faire sans lui ? »
Axelle
Et ce fut le Chat qui le premier passa le seuil de l’estaminet. Etrangement, ou pas d’ailleurs, la Casas en aurait mis sa main à couper. N’était-il pas toujours présent, pour quelque raison que ce soit ? Pourtant, elle n’eut guère le temps de ronronner sous la furtive caresse ni de répondre bien davantage que Messire, copiant d’un regard amusé la mimique du Chat, que la porte grinça à nouveau.

Relevant le museau, ce fut stupéfaite qu’elle découvrit la longue silhouette du maure. Elle le connaissait pour l’avoir vu flâner auprès du Prince. Elle le connaissait pour l’avoir découvert attablé dans une auberge miteuse de Montauban quand elle dévalait l’escalier d’un grenier. Elle le connaissait, et s’en méfiait comme de la peste, quand il avait été jusqu’à remarquer un simple bracelet de pacotille manquant à son poignet. Pas pour rien que le Prince, lui, semblait lui accorder toute sa confiance. Et observant les mains d’araignée jouer avec des boutons de manchettes, sentit une colère sourde inextricablement mêlée de vexation enfler dans ses veines.

Ainsi donc, elle n’était pas assez bien pour que le Prince daigne se déplacer ? A moins que, pire encore, toutes ces histoires de confiance et de respect ne soient que du vent tout juste bon à l’abêtir. Et elle, imbécile de gueuse, avait sauté à pieds joints dans la marre. Ou s’était pris le mur en pleine face. Tout dépendait de quel point de vue on se plaçait.

Quoiqu’il en soit, entre les tempes gitane, le soufflet était cinglant. Furtivement, elle jeta un coup d’œil à son verre, regrettant soudain qu’il soit rempli de lait, quand un alcool fort aurait été plus que bien venu. Puis lentement, vibrante d’ire, elle remonta le noir de son regard vers le maure, la mine fermée et d’une voix tranchante, rétorqua d’un ton sec.


Je dirai, moi, qu’il en manque deux.
A défaut de la première piquette venue, c’est une grande bouffée d’air qu’elle inspira profondément. Viendra-t-il ? L’homme face à elle n’était pas idiot, et comprendrait sans mal qu’elle ne parlait certes pas du troisième bas salaire.
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Salem_ibn_hayyan


Le Consigliere n'a pas une voix de stentor. Elle est au contraire usée, comme l'élocution altérée d'un vieillard. Mais c'est son regard d'un turquoise liquide et quasi-artificiel qui se porte vers la Casas, qui en cet instant, semble se croire soudainement intelligente. Mais on échappe à son déterminisme social qu'avec beaucoup d'efforts. Côtoyer les Princes, c'est bien. S'appuyer sur une instruction solide, c'est mieux. Il n'est pas de ces hommes qui s'égosillent. Nullement offusqué, son attention est focalisée sur le ter négociateur manquant. Pas un bas salaire, non. Il n'y a qu'une manouche pour penser que la solde d'un Garde Royal atteint des cimes de respectabilité.

« Nous sommes ici chez lui. Il est déjà là. »

A-t-on déjà vu fidèle s'inquiéter auprès des Saints de l'absence de Dieu en la maison du Seigneur ?

« Je n'ai pas plus envie de rester ici que de me faire Turc. Ma question est-elle trop compliquée pour vous, Casas ? »
Axelle
Imbuvable, tel était le seul mot lui venant à l’esprit en regardant l’homme. Inimité innée face à celui qui avait, volontairement ou non, violé son intimité, suivant ses pas bohémiens pour la débusquer quand elle n’avait qu’envie de se retrouver seule, les joues trop roses de sentiments qu’elle parvenait si mal à apprivoiser. Prétentieux et moralisateur, tous les mots d’oiseaux lui passant par la tête auraient fait l'affaire quand elle n’était animée que d’une vexation sourde et incontrôlable.

Ne restait qu’à voir si l’or de l’Aphrodite serait aussi négligeable que ceux qui le proposaient.


Commençons.


Elle non plus n’avait plus aucune envie de rester, tant et si bien qu’elle lança un regard significatif au Chat.


Ou on part ?

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Etienne_de_ligny
Un pli, une date, une heure, un lieu. Rien de plus. Seulement le retard naturel du noble qui prit dans ses affaires annexes, en oubliait le temps et son intransigeance. Affublé de son mantel et de sa chemise blanche pour l'occasion, le Griffé pousse finalement la porte de cette auberge du bourg de Clichy. Pas un bruit, seulement une vieille aux cheveux grisonnants posée au loin et quelques individus tout aussi discret. Le temps d'un instant, il remet en question le choix du lieu avant de réaliser que ces êtres là, aussi miteux et croulants qu'ils sont ne sont pas à même de colporter de vils ragots.

Au loin, il reconnaît le Félin et l'Anomalie en compagnie d'un individu dont les origines et le nom, lui sont inconnus. Inutile de préciser qu'il est en retard, cela est évident. Inutile de s'en excuser, c'était inévitable pour un De Ligny. Poussant sa chaise, il défait le mantel et s'installe en leur compagnie. D'un regard insistant, le tavernier s'avance pour prendre sa commande et le bougre s'en va quérir une bouteille de carmin à défaut d'Absinthe.

De cette conversation saisie au vol, je comprends que l'on est au complet.

Arrogance ? Négligence ? Impertinence ? Libre à lui de choisir le qualificatif qui sied le mieux au comportement indifférent d'Etienne. Qui plus est, il ne semble pas être le seul qui manquait, ou manque à l'appel. Un regard en coin est glissé à Axelle, en guise de questionnement. L'absence était-elle prévue ? Voulue  ou in-convenue ?

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L'Aphrodite, une invitation indécente.
Alphonse_tabouret

Un sourire à peine perceptible avait effleuré les lèvres du comptable à l’entrée en matière du Perse, voix parcimonieuse dont le chant avait l’allure d’un conte et les mots la sècheresse des exigences.
S’il représentait aussi ouvertement l’Altesse, ce n’était donc pas une question de discrétion à ne point paraitre dans une quelconque transaction mais bien qu’ils n’étaient pas dignes de la présence du dernier intervenant, et contrairement à la gitane, l’analyse n’amena pas la moindre vague de susceptibilité chez le jeune homme. Etre jugé pour quantité insignifiante était une chose que la roture bien éduquée apprenait très vite et le pouvoir n’était jamais monté assez haut à la tête du comptable pour qu’il ne tienne pas pour acquis le dédain des hautes classes.
Que Sancte ne se présente pas dans le fond ne signifiait qu’une seule chose : L’homme en face d’eux serait celui avec qui traiter.

La silhouette d’Etienne rejoignit le trio installé tandis que l’impatience de la gitane se manifestait d’un regard. Animal paisible à l’ombre de ces âmes orgueilleuses, il vida une gorgée de son verre avant de trancher

Nous le sommes , confirma Alphonse en reportant son regard sur l’inconnu. Puisque nul ne souhaite s'attarder, allons à l’essentiel voulez-vous ?
"Les bas salaires" souhaiteraient investir. Que proposez-vous ?


Voilà un langage que le Consigliere comprendrait aisément : la simplicité des mots.

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Salem_ibn_hayyan



Par le biais de quel miracle, ou de quelle arrogance, peut-on seulement prétendre approcher avec certitude les raisons de l'absence du Prince ? Au fond, qu'il soit en train de courir le guilledou, qu'il se serve d'un intermédiaire - de lui, donc - comme pare-feu, ou qu'il juge les associés de l'Aphrodite indignes d'occuper son temps, qui saurait l'affirmer ? Voici des langues bien sèches pour des esprits bien trop fertiles. Tout leur échappe et c'est cahin-caha que Salem se dévoue pour les remettre sur le droit chemin. Il sait d'emblée que ce n'est pas avec ces gens là qu'il risque d'échanger de savants mots d'esprit, mais il passe outre.

« Si "les bas salaires" souhaitent investir, c'est peut-être que vous vous trompez sur leur identité et ce qu'ils représentent. »

C'est que dans leur complexe d'infériorité, ils semblent persuadés que cela s'adresse à eux, les cabaretiers. C'en est presque touchant. À la question ultime, d'ailleurs, il oppose un long silence, signe d'une muette & discrète exaspération qu'une stoïque élégance lui interdit d'exprimer.

« Si je résume, vous nous avez contacté pour nous faire part d'une affaire particulière, mais vous attendez que ce soit nous, qui proposions quelque chose. Il y a, dans votre conduite des affaires, une logique qui échappe au bon sens, monsieur.

Aussi, avez-vous, vous, quelque chose à proposer, ou du moins, à nous faire part ?
Si non, alors notre entrevue trouve sa fin ici.
Si oui, alors je vous prierais de bien vouloir me suivre. »


Altier, le perse au visage scarifié et aux doigts d'araignée, se déplace avec la placidité aérienne d'un fantôme jusqu'à la sortie, tournant le dos à ses interlocuteurs, lorsqu'il précise arrivé devant la porte de sortie de l'établissement.

« Tous les trois. »
Axelle
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Gitane n’aimait pas la tournure que prenaient les événements. Tant et si bien qu’à la voix d’Etienne s’ajoutant à la scène, elle lui lança un regard qui, s’il trahissait son contentement de voir l’ami qu’elle ne croisait que trop peu à son gout, ne su répondre à l’interrogation du sien. Les paroles continuaient à fendre l’air alors que le museau plongé dans son verre de lait, elle méditait sur la situation, pesant le pour et le contre. Elle avait eu raison de se méfier de cette idée qui lui avait traversé la tête. Elle avait eu raison de se demander si tout cela n’était pas la plus magistrale bêtise qu’elle faisait. Elle avait eu raison d’appréhender le fracas des ses deux vies pourraient faire en se rencontrant. On ne tirait pas un trait d’union sans prendre des risques. Sans prendre le risque finalement mesuré que ça ne fonctionne pas et que son temps reste scindé en deux, ne se croisant que furtivement et aléatoirement au détour d’une quelconque taverne. Elle serait bien revenue en arrière, dans le cocon confortable d’un sourire à droite et d’un autre à gauche. Mais c’était trop tard, elle avait fait le premier pas et restait persuadée que chacun des hommes concernés par l’affaire pourrait trouver avantage à la situation.

Elle n’aimait pas l’homme face à elle, c’était un fait, mais les trois autres méritaient largement un effort de sa part pour élucider la situation, d’une façon ou d’une autre. D’autant plus qu’entre ses tempes, malgré la vexation, elle ne pouvait que comprendre la prudence princière. Aurait-elle été amenée à être l’intermédiaire dans une situation analogue, qu’aucune question ne l’aurait troublée, se contentant de suivre les instructions avec, cependant, plus d’amabilité que celle dont le maure faisait preuve et ce malgré son caractère de cochon.

Alors simplement, elle se leva et suivit les pas orientaux, sans un mot de plus, pour le moment, ne voulant ni décevoir d’un coté, ni embarrasser de l’autre, estimant qu’il n’appartenait qu’à elle de démêler une situation dont elle était pleinement responsable. Son seul but étant de ne perdre personne en route.

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Alphonse_tabouret
Souvent, les hommes jouissant de peu de pouvoir étaient laids ; l’avidité de l’ivresse leur embaumait les tempes, excitait un dédain mâtiné d’orgueil envers leurs semblables et amenait invariablement chez le malade, le ridicule d’une supériorité illusoire.
Dieu… Qu'Alphonse trouvait le Conciliere disgracieux…

A fréquenter les uns comme les autres, des plus riches aux plus nécessiteux, de ceux qui amassaient , précieuses fourmis à ceux qui vendaient tout, jusqu’à l’inconcevable, le jeune Tabouret avait depuis fort longtemps appris à ne plus se laisser malmener par les travers de ses interlocuteurs. Qu’il ait déçu le Maure au premier coup d’œil l’aurait bien peu formalisé ; lui, l'avait été au second. Pour un homme dont il ne savait rien et qui n’avait même pas fait l’aumône d’un nom pour se présenter, l’exploit était en ce sens bien mince. Savoir qu’il n’avait pas l’esprit assez acéré pour répondre aux exigences intellectuelles du Concilere l’aurait certainement amené à se fendre d’un sourire amusé ; lorsque l’on était sommé à se présenter pour parler chiffres, on se souciait bien peu de plaire au-delà des termes du contrat qui visait à joindre les deux parties évoquées.
Le Maure avait l’esprit aux fioritures, le Chat, lui, n’avait pas le gout des conversations les plus littéraires quand il se présentait pour faire parler l’argent

Au silence du scarifié, répondit une volute de désintérêt s’égarant aux tempes félines quand le regard se noyait dans le tripot et lorsque la voix s’éleva à nouveau, le comptable aurait presque pu en rire :

« Si je résume, vous nous avez contacté pour nous faire part d'une affaire particulière, mais vous attendez que ce soit nous, qui proposions quelque chose. Il y a, dans votre conduite des affaires, une logique qui échappe au bon sens, monsieur.

Aussi, avez-vous, vous, quelque chose à proposer, ou du moins, à nous faire part ?
Si non, alors notre entrevue trouve sa fin ici.
Si oui, alors je vous prierais de bien vouloir me suivre. »

De tous les maux, l’hypocrisie était sans nul doute celui qui fatiguait le plus le jeune homme, et l’espoir d’avoir aujourd’hui face à lui un interlocuteur n’y piétinant pas, s’édulcora d’elle-même, ne gardant, ténue, que l'incandescence d'une espérance envers le principal intéressé qui pour l'heure, brillait par son absence. Pour quelqu’un dont le temps était précieux, Salem_ibn_hayyan dépensait sans compter celui qu’il ne possédait pas, sans même avoir l’obligeance d’en avertir leurs propriétaires. La prévention était une chose que le comptable comprenait fort bien, un langage commun aux hommes d'affaires, appliqué avec une rigoureuse conscience à lui aussi, à soigner la discrétion inhérente aux alliances les plus lucratives, mais la gravité de l’entrée en matière prenait des airs de Vaudeville.

Mes excuses ..., répondit le comptable en se levant, offrant l'imperméabilité du visage à cet hôte aussi fatiguant que présomptueux. Je ne pensais pas que votre employeur acceptait le moindre rendez-vous sans avoir déjà une idée en tête quant à ses intérêts. Il y a, dans cette conduite des affaires, une logique qui échappe au bon sens, monsieur, paraphrasa-t-il tout simplement en suivant les pas menant à la sortie.

Oui, l’entrevue aurait lieu, car les intérêts de l’Aphrodite prévalaient amplement sur les égos boursouflés des uns et l’orgueil déplacé des autres.
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Salem_ibn_hayyan



Je ne pensais pas que votre employeur acceptait le moindre rendez-vous sans avoir déjà une idée en tête quant à ses intérêts. Il y a, dans cette conduite des affaires, une logique qui échappe au bon sens, monsieur.

Non. Salem n'est pas homme à crier haro sur le baudet. Le face à face tant célébré n'aura pas lieu. Cependant, si à lui, l'inutilité de l'établissement d'un lien avec une beauté chimérique lui semble évidente, le Prince ne paraît pas penser de même. Les intérêts priment sur le reste, mais la maison de Clichy ne s'associe qu'à des hommes avec lesquelles elle est étroitement liée. Par sa morgue injustifiée de requérant, le comptable vient de se placer lui-même au-dessous de tout soupçon. "Je ne pensais pas que votre employeur ..." Comme c'était creux. Mais dès lors la simplicité n'a plus qu'à s'installer entre eux dont les relations viennent d'être reléguées à des banalités de voisinage. Il se tourne, donc, hiératique, fixant l'homme de ses yeux d'un vert reptilien.

« Pardonnez-moi d'avoir fait offense à la nature indiscutablement élevée de votre bon sens, monsieur. Je suis persuadé que vous le partagerez avec bien plus commodité ailleurs, avec des personnes de plus de "poids". Que voulez-vous, la Maison de Clichy a encore l'audace de croire, en ses mœurs odieusement réactionnaires, que ceux qui la contactent ont des choses à lui dire avant d'en avoir à entendre. Je vous souhaite une agréable journée à tous les trois. »

Et sur ce, repliant son bras, il maintient sa tablette de cire sur sa poitrine, avant que de quitter le théâtre d'une prise de contact qui sera restée stérile.
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