Bisac
*Frank Patrick Herbert
[Bureau du Prévôt - Hôtel du Châtelet Paris]
Le Prévôt de Paris, le sieur Aymeri de Bisac, tapotait avec agacement le bois de sa table de travail. Le bureau prévostal était une pièce austère où le mobilier initial se composait d'un grand bureau et d'une imposante armoire. Considérant les lieux comme digne d'un monastère, l'actuel Prévôt avait ordonné quon installe tentures et tapisseries aux murs et que lon dispose des tapis sur les dalles du sol. Du mobilier fut rajouté, guéridons, buffets et armoires s'ajoutèrent à la décoration. Deux sièges curules et une cathèdre s'offraient en face à face, de part et d'autre de la table de travail. Les fenêtres du bureau du Prévôt s'ouvraient sur les douves qui entouraient le Châtelet et donnaient une vue imprenable sur les méandres de la vie parisienne. Bisac avait demandé que demeurent closes ces fenêtres, souhaitant ainsi condamner à l'extérieur les relances nauséabondes de la Seine et les immondices déversés par les parisiens.
Le Prévôt n'était ni un homme affable ni un homme disposé à l'écoute. Il s'acquittait de son devoir avec vigueur et ne transigeait nullement avec l'application stricte des loys et châtiments. Sauf contre quelques fructueux arrangements. Arrangements qui, justement, le courrouçaient aujourdhui. Alors que des bourses décus devraient sétaler devant lui, il ne pouvait que contempler leur absence.
Le Prévôt de Paris avait, depuis quelques temps, négocié un partenariat avec une structure illégale de la Capitale. LAphrodite. Ce bordel de luxe pouvait entreprendre ses peu vertueuses activités en échange dune contrepartie. Contrepartie qui allait directement dans la poche du Prévôt et de quelques officiers prévôtaux. Le Châtelet laissait donc lAphrodite plonger dans le stupre et la fornication sans quaucun agent de police ne vienne jamais les questionner. Au contraire, ils assureraient le monopole de lAphrodite sur le juteux marché de la cuisse légère en détruisant les potentiels concurrents. Jusquà présent, les deux parties semblaient y trouver leur compte. Tout du moins cest ce que pensait Bisac. Or là, il apprenait que son entreprise malhonnête mais terriblement rentable risquait de vaciller. Et ceci, tout simplement car lAphrodite, sans raison apparente, avait cessé de payer. Lhomme ne décolérait donc pas.
Quils aillent au diable ! Tempêta Bisac à haute voix. Il quitta sa cathèdre et se mit à arpenter les dalles du sol en long et en large Pour qui se prennent-ils ces maqueraux à la petite semaine ?! Nont-ils jamais rien donc appris ?! Ne savent-ils pas quils sont sur MON territoire ?!
Inquiet dentendre des éclats de voix dans le bureau de son supérieur, un exempt osa toquer à la porte.
Quoi encore ?!! Vociféra Bisac.
Tout va bien mon seigneur ? Jai cru entendre quelques haussements de ton Expliqua lexempt.
Et donc ? Vous souhaitez peut-être que je vous complimente sur vos exceptionnelles facultés auditives ?
Un silence gêné sinstalla quelques instants. Reprenant ses esprits, Aymeri leva un bras en direction de lexempt.
Restez ici un instant. Ordonna le Prévôt, un soupçon plus radouci. Il revint à sa table et rédigea à la hâte deux petits mots quil donna à lexempt.
Tâchez de porter ces plis aux Officiers Kalimalice et Albin dAr Sparfel. Quils cessent toutes activités présentes et quils suivent dans la minute les consignes du contenu de ce mot.
Lexempt acquiesça de la tête et séloigna sacquitter de sa mission. Attrapant son mantel, Bisac passa son épée à la ceinture et sortit du Châtelet. La mission quil allait entreprendre devait seffectuer sans le concours des forces de lordre. En effet, nul ne devait connaître les arrangements de quelques Officiers avec lAphrodite. La survie de leur poste en dépendait. Tant pis, ils joueraient les gros bras à trois. Aymeri ne sinterdisait rien. Ni de revenir plus tard avec un ordre darrestation du gérant, ni de passer à la question des courtisanes ou courtisans au hasard pour lexemple, ni de faire brûler la bâtisse. Lhomme avait la rancune tenace. Larrêt des versements prenait une tournure plus grave que cela pourrait le laisser penser de prime abord. En effet, Bisac était en pourparlers pour réaliser quelques fructueuses affaires sur ses terres de Chevenon mais cela ne pouvait se concrétiser sans des liquidités. Or les liquidités avaient cessé de rentrer !
[Abords de lAphrodite, dans une rue - Paris]
Parvenu aux abords de lAphrodite. Bisac sinstalla sous une porte cochère, à labri de regards indiscrets, à deux maisons dune auberge « Au repos serein ».
[Dans les couloirs et bureaux du Châtelet Paris]
Lexempt, après dâpres recherches retrouva les deux officiers prévôtaux en question. Il leur donna donc à chacun le mot et les consignes de cesser toutes actions et de suivre les consignes écrites. Les faits, bien que déguisés dans la missive, demeuraient limpides aux instruits de la corruption.
[Bureau du Prévôt - Hôtel du Châtelet Paris]
Le Prévôt de Paris, le sieur Aymeri de Bisac, tapotait avec agacement le bois de sa table de travail. Le bureau prévostal était une pièce austère où le mobilier initial se composait d'un grand bureau et d'une imposante armoire. Considérant les lieux comme digne d'un monastère, l'actuel Prévôt avait ordonné quon installe tentures et tapisseries aux murs et que lon dispose des tapis sur les dalles du sol. Du mobilier fut rajouté, guéridons, buffets et armoires s'ajoutèrent à la décoration. Deux sièges curules et une cathèdre s'offraient en face à face, de part et d'autre de la table de travail. Les fenêtres du bureau du Prévôt s'ouvraient sur les douves qui entouraient le Châtelet et donnaient une vue imprenable sur les méandres de la vie parisienne. Bisac avait demandé que demeurent closes ces fenêtres, souhaitant ainsi condamner à l'extérieur les relances nauséabondes de la Seine et les immondices déversés par les parisiens.
Le Prévôt n'était ni un homme affable ni un homme disposé à l'écoute. Il s'acquittait de son devoir avec vigueur et ne transigeait nullement avec l'application stricte des loys et châtiments. Sauf contre quelques fructueux arrangements. Arrangements qui, justement, le courrouçaient aujourdhui. Alors que des bourses décus devraient sétaler devant lui, il ne pouvait que contempler leur absence.
Le Prévôt de Paris avait, depuis quelques temps, négocié un partenariat avec une structure illégale de la Capitale. LAphrodite. Ce bordel de luxe pouvait entreprendre ses peu vertueuses activités en échange dune contrepartie. Contrepartie qui allait directement dans la poche du Prévôt et de quelques officiers prévôtaux. Le Châtelet laissait donc lAphrodite plonger dans le stupre et la fornication sans quaucun agent de police ne vienne jamais les questionner. Au contraire, ils assureraient le monopole de lAphrodite sur le juteux marché de la cuisse légère en détruisant les potentiels concurrents. Jusquà présent, les deux parties semblaient y trouver leur compte. Tout du moins cest ce que pensait Bisac. Or là, il apprenait que son entreprise malhonnête mais terriblement rentable risquait de vaciller. Et ceci, tout simplement car lAphrodite, sans raison apparente, avait cessé de payer. Lhomme ne décolérait donc pas.
Quils aillent au diable ! Tempêta Bisac à haute voix. Il quitta sa cathèdre et se mit à arpenter les dalles du sol en long et en large Pour qui se prennent-ils ces maqueraux à la petite semaine ?! Nont-ils jamais rien donc appris ?! Ne savent-ils pas quils sont sur MON territoire ?!
Inquiet dentendre des éclats de voix dans le bureau de son supérieur, un exempt osa toquer à la porte.
Quoi encore ?!! Vociféra Bisac.
Tout va bien mon seigneur ? Jai cru entendre quelques haussements de ton Expliqua lexempt.
Et donc ? Vous souhaitez peut-être que je vous complimente sur vos exceptionnelles facultés auditives ?
Un silence gêné sinstalla quelques instants. Reprenant ses esprits, Aymeri leva un bras en direction de lexempt.
Restez ici un instant. Ordonna le Prévôt, un soupçon plus radouci. Il revint à sa table et rédigea à la hâte deux petits mots quil donna à lexempt.
Tâchez de porter ces plis aux Officiers Kalimalice et Albin dAr Sparfel. Quils cessent toutes activités présentes et quils suivent dans la minute les consignes du contenu de ce mot.
Lexempt acquiesça de la tête et séloigna sacquitter de sa mission. Attrapant son mantel, Bisac passa son épée à la ceinture et sortit du Châtelet. La mission quil allait entreprendre devait seffectuer sans le concours des forces de lordre. En effet, nul ne devait connaître les arrangements de quelques Officiers avec lAphrodite. La survie de leur poste en dépendait. Tant pis, ils joueraient les gros bras à trois. Aymeri ne sinterdisait rien. Ni de revenir plus tard avec un ordre darrestation du gérant, ni de passer à la question des courtisanes ou courtisans au hasard pour lexemple, ni de faire brûler la bâtisse. Lhomme avait la rancune tenace. Larrêt des versements prenait une tournure plus grave que cela pourrait le laisser penser de prime abord. En effet, Bisac était en pourparlers pour réaliser quelques fructueuses affaires sur ses terres de Chevenon mais cela ne pouvait se concrétiser sans des liquidités. Or les liquidités avaient cessé de rentrer !
[Abords de lAphrodite, dans une rue - Paris]
Parvenu aux abords de lAphrodite. Bisac sinstalla sous une porte cochère, à labri de regards indiscrets, à deux maisons dune auberge « Au repos serein ».
[Dans les couloirs et bureaux du Châtelet Paris]
Lexempt, après dâpres recherches retrouva les deux officiers prévôtaux en question. Il leur donna donc à chacun le mot et les consignes de cesser toutes actions et de suivre les consignes écrites. Les faits, bien que déguisés dans la missive, demeuraient limpides aux instruits de la corruption.
Citation:
Officier Kalimalice, Officier Albin,
A très vite,
Aymeri de Bisac, Prévôt.
- La déesse grecque a semble-t-il oublié de qui elle tenait sa puissance et son pouvoir. Quoique vous soyez en train dentreprendre, stoppez-le et rejoignez moi non loin de lauberge « Au repos serein ». Il est nécessaire dinstruire la déesse des exigences à lendroit de ces débiteurs.
A très vite,
Aymeri de Bisac, Prévôt.
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Ne croyez donc jamais d'emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s'ils peuvent dormir encore ? ... Si oui, tout va bien. Ca suffit.