Etienne_de_ligny
Aucune excuse pour son absence, pour ses allées et venues ainsi que pour ses silences à répétition. Si le noble entachait par sa personnalité, son rôle de frère, il était à même de nuire à celle dAmant. Que se passe-t-il quand tout semble acquis ? Quand la vie semble offrir ces meilleures cartes ? Sa sur était en bonne voie pour devenir une épouse comblée, Arthur gagnait en force et en sagesse et Alphonse sétait enfin remis de ces maux. Aucune ombre au tableau, outrage.
Alors cest à nouveau ivre et maculé de coups que le courtisan regagne lAphrodite. La perfection ne lui sied pas, elle lécure. Ce fût cette même tranquillité qui le mis en confiance et qui, perfide, lenterra. Alors les frasques sont cumulées, absences et silences, violences et ivresse, putains et décadences. Si la vie lui offre la clarté, cest insipide quil lui rappelle la noirceur humaine. Chaque coup est une délivrance, chaque gifle apposée sur la trogne dune putain un délice, chaque verre un pas inévitable vers loverdose putride. Offre-moi la Perfection, je toffrirai lEnfer. Etienne nest plus dupe. Il sapplique.
Face au miroir, le Griffé observe cette barbe maculée de sang ainsi que son allure danimal errant. Sur sa peau est encrée, tenace, la transpiration de ces combattants ainsi que ces flagrances, puantes, de ces putains quil venait de remplir de son foutre. Le noble nest plus. Titre futile quil tentait de préserver autrefois, Etienne nen a désormais que faire. Il a déjà tout ce dont il pouvait espérer. Là est lincohérence. Alors, il savance vers la chambre de lAmant, esprit convaincu par sa folie et ses théories fumeuses.
Croisant sur sa route les courbes alléchantes dune serveuse, il sinterrompt volant de ses mains la bouteille de carmin tout en flattant ses lèvres dune morsure décadente et indigne. Une gorgée de bordeaux et le goût du fer se dissipe. Le pas est hésitant, les muscles usés par les efforts fournis et pourtant la porte est poussée et le parfum de Comptable sattaque aussitôt à ses tempes. Il ravage son bas ventre, électrise son échine et échauffe aussitôt ces braies dans un renflement perfide. Pas un mot, pas un bonjour. Ni oui ni merde, il sapproche, sourcils froncés dans le dos de lamant pour se coller, enragé contre ses reins. La main libre sempresse de regagner sa gorge, pour en effleurer lAdam et basculer ce visage vers le sien. Il suinte lalcool mais quimporte. Pour le meilleur et pour le pire, nest-ce pas la devise dun couple idyllique ? Les lèvres masculines se rapprochent, effleurent sans soffrir et cest le goulot quil embrasse. La décadence voilà son amante.
Quas-tu fais de ta putain ? Les hostilités sont lancées. Si son silence avait suffi à inquiéter sa sur et à la rassurer sur la personnalité obscure de son ainé, ce sont les mots qui sont lancés à la figure de lAmant. La bouteille est à nouveau relevé, le breuvage avalé et à lattention du Comptable, aucune caresse, aucun baiser, sinon la présence pressante de ce renflement contre ces braies.
Je sais pour ta geôlière. Pourquoi ne pas lavoir tuée ? Pourquoi ten être entichée ? Pourquoi lavoir gardée à lAphrodite en sachant quelle était à même de nuire à notre Famille ? Hypocrite, le Griffé qui sapplique à perdre ce qui lui a été si durement accordé, clame haut et fort lintérêt vivace de la Famille. Pourquoi mavoir caché tes agissements ?
- "Je croyais que lon devait tout se dire, que lon était Amant et Aimant ?
Ho et ne ten fais pas...Je connais d'autres secrets te concernant. Tout se sait à l'Aphrodite."
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L'Aphrodite, une invitation indécente.