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[RP] Anima, Animus

Alphonse_tabouret
Le Phoenix titubait, mais pas que de l’ivresse, animal dont les plumes se targuaient des reflets neufs, à la lisière des pensées les plus contrastées, de celles de la réflexion argumentant à l’envie, de celles des ténèbres plus rutilantes que la lumière, jusqu’à devenir l’un de ces moments où l’on ne sait plus quand on est pourtant certain de ce que l‘on ne veut plus, et, sous la lumière délicate d’une simple chandelle, le chat dévora sans scrupule aucun , l’étincelle du voyage qu’il initiait, sensible à ces errances dont on ne doit qu’à soi de donner l’impulsion d’un monde nouveau, foudroyé par le tutoiement qui n’appartient qu’à ceux qui tissent le lien au-delà des apparences.

Mène-moi au-delà de cette fourche-ci, Faune, sur ce chemin où tu t'es fait lanterne au bal. Tu me plais.

A la chute, il répondit d’un rire bref, nervuré d’alcool, amusé de la précaution dans la tentative d’amortissement, trop saoul pour sentir une quelconque douleur, trop rapidement ramené à des réalités plus éthérées par le baiser suave dispensé pour songer même à percevoir le tourment picotant à sa cote fraichement ressoudée , suivant d’un œil insolent, les bottes dispersées dans un coin de la pièce, se pourléchant les babines, l’ombre du souvenir de ses cornes faunes venant couvrir son regard d’une envie aussi animale que délectable, asservissement de la chair au désir, irrépressible sensation ouvrant l’appétit jusqu’à le dévoyer en une gueule affamée. Le jeu perdurerait peut être mais à l’instant ci, tout autant que le voyageur, il était au fil de la flânerie, chaussé de ses sabots, l’odeur du vin et de la forêt s’entêtant à mêler une nuit hivernale à cet instant estival.
La main fut saisie et dans un effort, le chat retrouva les hauteurs de son mètre quatre-vingt, juxtaposant les prunelles luisantes avant que les mots ne s’invitent à la confidence. Le renard lui plaisait, sans fard, sans pudeur, sans qu’il ne retourne la véracité de la réciproque par les mots, se contentant d’épurer à son regard, la flamme endiablée de cette tardive rencontre sur laquelle ni l’un, ni l’autre, n’aurait su parier quelques mois plus tôt.


Pas à pas… Voix douce, grave, faite pour n’éclore qu’au seuil des lèvres brunes dont les courbes furent approchées sans être saisies quand d’une main, félin habile, il délaçait ses propres braies sans pour autant les faire tomber, découvrant la continuité de ce ventre souligné d’un trait brun naissant sous son nombril pour s’enfoncer jusqu’à l’intimé à peine dévoilée… Il te suffit de me suivre… Un mouvement plus net qu’un autre plaqua le Goupil contre le mur derrière lui, dispensant la brulure du baiser et de la dextre glissant à même le renflement encore soigneusement voilé, dénouant les braies de cet hôte flamboyant sans se permettre de les faire choir, égalité des corps jumeaux, la main impie dans son habilité à fourvoyer l’autre, à essaimer le plaisir tout autant qu’à le suggérer, glissant sur la verge tendue dans le contraste volontaire d’une lenteur que la fièvre du baiser aurait pu faire voler en éclat. S’il n’y avait aucune trace d’une quelconque douceur que l’on réserve aux femmes, il n’en demeurait pas moins sous l’appétit carnassier du satyre, une précaution étonnamment délicate à jouer des envies jusqu’à les déchainer, caressant sans plus aucune mesure, la raideur dévoyée, se nourrissant du frison équivoque passant d’un corps à l’autre, perdant le souffle dans une excitation sourde enflant ses poumons au rythme de son désir. Il n’y aurait pas d’ordre, pas de conseil, pas plus de demandes… rien d’autre qu’une initiation salée en guise d’entrée dans ce monde lunaire, le choix offert au Phoenix de découvrir par l’instinct les sensations possédant le Faune, de prendre lui aussi sans qu’il soit question de rendre, le chat étant conscient que les découvertes la plus part du temps se consacraient à l’égoïsme primaire de perceptions personnelles avant de pouvoir être partagées, qu’il était nécessaire d’en découvrir l’immensité tous comme ses plus petits recoins avant de songer même à laisser filtrer le soleil au-delà de la brume. Guidé par le halètement des respirations, par la gorge frémissante à portée de ses crocs, par les frissons du corps à s’abandonner à ce plaisir nouveau, à cette main qui n’avait rien de la douceur ni de la taille de celle des femmes quand elle n’avait pourtant rien à envier à leur légèreté, il s’appropria pleinement dans le peu d’espace acquis, le sexe convoité jusqu’au premier gémissement brulant la voix jusqu’à la donner nettement, et, carnivore tout autant que guide, emporta dans une valse tendrement bestiale le renard jusqu’au lit sans pour autant l’y pousser, penchant doucement la tête en menant à ses lèvres espiègles les doigts ayant prodigué le feu pour en gouter l’épice d’un coup de langue lascif quand, à son tour, il se débarrassait de ses bottes.
Il laissa naitre à ses lèvres un sourire où l’avidité se disputait l’innocente cruauté de l’animal, païen prenant à cet instant ci l’insolence concupiscente du dieu Pan, délivrant définitivement le corps de ces emmaillotages, l’offrant à la vue tout autant qu’au toucher, laissant entrevoir cette scandaleuse chute de reins qui attisait la concupiscence des dépravations les plus surprenantes, posant le velours de ses yeux noirs dans ceux de Sabaude, murmurant en libérant les courbes de sa bouche de leur mise en bouche :
J’ai faim
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Sabaude
S'il n'y avait eu le mur dans son dos, peut-être se serait-il dérobé une fois de plus. Si l'esprit tergiverse mollement sous les paupières mi-closes, le corps- lui -a fait son choix, réagissant aux caresses. Et le gémissement lui échappe, suivi d'un autre qu'il maudit de le dénoncer ainsi. Les pensées s'embrouillent alors que le feu bienfaisant né  sous la main experte se fait sève et alimente un désir animal.
Si son hôte continue ainsi, il n'est pas certain de pouvoir brider longtemps l'expression la plus primaire sise en son bas ventre, surtout avec tout ce vin bu.
Il perçoit les variations du touché: plus précise, plus affermie, plus impérieuse est la prise masculine le long de cette turgescence qui échappe à son contrôle. Sensations dont il ignorait le comment de leur exaltation, jusqu'à maintenant.


Pas à pas, répète-t-il tout bas.

Visage penché contre celui d'Alphonse, les prunelles suivent la ligne de ce cou qu'il ne peut s’empêcher de goûter d'un baiser, d'un mordillement, du velours de sa langue. L'impression délicate séduit son être qui vibre d'un appel profond. 
Loin de l'indisposer, le parfum mâle amplifie l'envie, funambule sur le fil de sa culpabilité maligne.
Il devrait s'insurger contre cette chair et ces sens qui n'en font qu'à leur tête. Il est le Renard charmeur qui pénètre au jardin pour y ravir la rose avec ou sans douceur. Il est...

Mené contre le bord du lit, il contemple l'objet de son trouble. Il est...

Matou vient de lécher ses doigts, geste lubrique, non... impudique, suggestif... , et est entièrement nu dressé devant lui. Les yeux renards s'animent au spectacle offert, eux ne luttent pas et n'en perdent pas une miette. Point de vallons moelleux mais une fermeté tendue, rehaussée par le tracé d'une musculature à peine voilée.
Des palpitations font résonner tambours dans ses entrailles.Il est...

Le "suis-moi" bat à ses tempes alors qu'il plonge dans ces deux puits sombres, poings serrés. Quand on a peur du vide il ne faut pas regarder en bas...
Le Faune est agitateur en son sein, et ce qu'il admet l'agace.

Il est... frustré oui, mais de la perte de contact, non d'une énième remise en question. Il est mis à vif par ce soudain abandon qui le laisse seul sur sa rive.

Pas à pas....

Il ne le quitte pas des yeux, la compréhension pendue au crochet de sa volonté. Il le savait bon gestionnaire, et maintenant habile guide. Les carmines s'étirent pendant l'expiration qui allège sa crispation. L'autre est image d'un possible dans le miroir de ses envies. Il pourrait être cet épicurien nu s'il le décidait.

Pas à pas... traverser le pont et passer de l'autre côté, sans se retourner, sans craindre la chute, sans chercher à trouver un coupable si ce qu'il trouve sur l'autre rive lui déplaît.

Sans qu'il ne dise un mot et ne rompe le contact visuel, chemise et braies choient à ses pieds. Silencieusement vers Alphonse il avance lentement , le contourne à la même allure, crée le lien d'une dextre qu'il glisse le long du ventre, d'une hanche, remonte au fil de son échine jusqu'à la nuque pour l'y maintenir dès leurs lèvres scellées.

Le peau à peau des corps réunis vient de le saisir dans sa patte, et leur sexe pressé l'un contre l'autre dans ses griffes. Au soubresaut du sien et au saisissement induit, l'émail d'une canine menace une langue. Confus Renard suspend le baiser puis timidement le réanime d'une impulsion plus gourmande. L'ardeur linguale est diversion pour permettre l'apprivoisement.
Feu aux joues la tête se pause contre l'épaule satyre.


Et que mange un Faune ? S'enquiert-il enfin , une pointe de défi mêlée d’appréhension dans la voix, senestre perchée sur un fessier viril.
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Alphonse_tabouret
Les pupilles félines suivirent chaque mouvement délestant le corps mâle soumis à son appétit grandissant, tenaillé de désir, exalté par les parfums si chers à ses sens qu’il ne s’en serait privé d’aucun, autant que des vacillements de plus en plus concentriques qui œuvraient à l’âme du goupil. La bête était belle dans son panache tantôt de plumes, tantôt de fourrure mais avait de quoi susciter plus encore au ventre félin quand il n’était plus qu’homme, animal épris de ces instants justes, vrais, que parfois, étrangement seule la nudité savait offrir.
Si le regard acéré du marchand perçut les marques, les cicatrices abandonnées, compréhensibles ou plus obscures, il ne s’attarda à aucune, reléguant les questions à l’une de ces autres fois où la parole serait de mise, aiguisant la soif aux utopies présentes, écartant la réalité pour plonger dans l’audace chimérique des premières fois. Plus rien, juste l’envie, juste le chaos se renouant jusqu’à laisser percevoir la logique des choses, leur lignes claires, et leur finalité. Si les doutes erraient encore sans la brume des vapeurs alcoolisées, les corps eux, parlaient le même largage, abandonnés à une fièvre qui ne pouvait qu’être absoute de toutes ses incertitudes quand elle était si vibrante, si pleine, si salvatrice. Les mains parcourant son corps lui arrachèrent un frémissement, si peu habitué à la douceur quand son amant prenait toujours dans la violence d’un déni à peine assumé, un instant curieux de sa propre réaction quand il s’était appliqué jusqu’à présent à ne suivre que celle de Sabaude, trouvant à son tour dans les langueurs du vin, assez d’embruns pour s’en désintéresser et s’en gorger sans plus d’interrogation, avide de ce qu’il ne connaissait pas, et ne craignant, à tort, imbécile fervent, ni la gangrène, ni la contamination pourtant pernicieuse de la douceur à même la plaie béante qu’il était encore au sortir de son gouffre. A la pression du corps dans son dos, il grogna de contentement, la ligne de ses reins un instant soumise à celle du ventre jumeau, enflammant ses pensées aussi radicalement que ses besoins, excitant sans commune mesure la faim, la soif, et la cupidité de la chair à prendre, saisir, donner jusqu’à l’assouvissement le plus brutal et prit le temps d’une inspiration lascive pour ramener ses pensées les plus furieuses à la laisse qu’il leur destinait, la tête un instant renversée contre l’épaule blanche de cet improbable compagnon nocturne. Cueillant contre lui le corps brulant du jeune homme, il répondit au baiser par la déraison du sien, les mouvances naturelles du bassin jouant des raideurs envieuses des ventres à se trouver, apprivoisant le contact tout autant que la finalité jusqu’à ce que, nervuré jusqu’à l’audace, la voix du Goupil ne fende le silence d’une ultime bravade, souffle se répercutant le long de ses nerfs pour les iriser d’une pellicule neuve et rappeler le guide à son devoir un instant remisé sous les pattes de velours.


Et que mange un Faune ?

Les yeux noirs du chat se rouvrirent, fentes d’ébène sur le visage marmoréen, un instant clos sous la déferlante de sensations qui pulsait à son membre pour se laisser corrompre d’une étincelle aussi concupiscente qu’espiègle, s’adoucissant une dernière fois de la coloration des joues de cet amant de passage.

Le plaisir de l'autre, répondit-il en s’appropriant une dernière fois les courbes males d’une gestuelle propriétaire, confondant longuement la caresse et l’animalité dans une valse étroite, indécente, empreinte de soupirs et de gémissements, jusqu’à profiter du flageolement des jambes pour l’assoir sur le rebord du lit et s’accroupir entre ses jambes, silencieux, venant d’un premier coup de langue, gouter et faire gouter aux délices lunaires promis tout du long de la soirée.
A quiconque lui aurait remarquer l’inutilité de la nudité, il aurait ri, doucement, condescendant, docte convaincu que c’était dans l’appropriation visuelle et tactile des corps que naissaient l’envie, que sans elle, il n’y avait pas de chemins à arpenter et que s’il avait fallu s’agenouiller à même l’ombre du couloir emprunté auparavant, rien de bon n’aurait pu fleurir de l’enfer sélénite auquel il amenait son hôte. Il n’y aurait pas d’osmose commune, pas de jouissance partagée, mais cela, le faune en était conscient dès le début, et l’embryon d’envie qui avait germé à ses tempes en sentant le corps mâle à son dos avait été muselée pour voir éclore une ambition tout autre, qui commençait pour l’heure, par une mise en bouche épicée.
Quand la main, doucement, enserra la base épaisse d’une caresse lancinante, la bouche, elle, joua du haut relief d’une salve de baisers et de morsures si légères qu’elles soulignaient les dents plus qu’elles ne les montraient, excitant les nerfs tout autant que l’envie, promenant sur les fronces sensibles une langue habile, jouant du dôme salé , jusqu’à devenir gangue s’adaptant à chaque soubresaut, éternel attentif des variations du corps, des soupirs de la gorges, des souffles inspirés au travers d’une mâchoire crispée, dispersant la brulure du plaisir avec cette indécente lenteur qui font perdre toute retenue.
Au fil des minutes s’égrenant, le faune se fit fauve, amenant inexorablement la délivrance renarde quand son propre ventre enflait d’une envie tout aussi impie, et, suspendu aux gémissements qui éventraient le silence, mena une danse de plus en plus vive, jouant de la dextre pour affermir sa proie à l’écrin de ses lèvres humides jusqu’à en cueillir l’extase promise.

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Sabaude
Assis sur le bord du lit par le satyre, il enfonce ses doigts dans la chevelure brune, glisse sur le relief d'une oreille et d'une paume épouse la force d'une mâchoire, Les charbonneux à la margelle des puits d'obscurité, il plonge sans crainte avant de baisser ses paupières et de s'affaisser sur le moelleux d'une couche, bras écartés, pâture gémissante sur l'autel de la concupiscence.

Il s'abandonne à la virtuosité de son compagnon, à l'enivrement des sens et du vin qui l'emportent vers des contrées chimériques soumises aux seules forces d'une nature déchaînée, libre de déborder au calice du Faune, sans retenue.

Haletant Renard redresse le buste et attire à lui le chat pour goûter son propre sel à ces lèvres et crocs habiles. Il l'allonge sur le dos, regard impérieux du contenté qui a chaviré sur l'autre rive posé sur ce corps vibrant d'une tension qu'il n'est pas certain de pouvoir apaiser en empruntant le même chemin. A l'oreille il murmure un suave et repenti « Pardonne moi. » avant d'enfouir son visage dans la chaleur d'un cou, point de départ de son appropriation de chaque parcelle de peau qu'il livre à ses carmines avides, au velours de sa langue et au mordant de l'émail. Conscient de la tension captive de la pression de son bassin il ne suspend pour autant ses attentions buccales aux aréoles et mamelons durcis. Au nombril il titille de la pointe, lustre le fin tracé velu jusqu'au voyage en terre païenne. Sous sa dextre caressante la dressée palpite, vibre d'un besoin qu'il effleure pour recueillir une lapée de la suintante liqueur séminale. Il ne saurait toutefois appliquer la leçon plus tôt prodiguée, trop verte en son sein malgré l'envie de délivrer à son tour son partenaire.
Comme pour s'excuser il embrasse le pourtours avant de poursuivre vers l'aine jusqu'à se retrouver à son tour à genoux au sol, mains posées sur chaque cheville.


Laisse toi faire, souffle-t-il, prunelles pétillantes.

Dans la moiteur de la petite chambre et des peaux brillantes de sueur, le Phoenix s'emploie à délasser le corps et l'esprit de son toucher qu'il a expert en ce domaine. Taquin il prend en bouche un orteil avant de s'appliquer dans un mélange de douceur sensuelle et de fermeté à libérer le Faune des tensions accumulées.
De la plante des pieds à la base du crâne il n'omet aucune chair.


Retourne-toi , livre-t-il d'un coup de langue à un lobe.

Avant de reprendre le massage il goûte au verso, tracé humide de la naissance d'une raie à celle d'une nuque qu'il fait disparaître de l’envoûtante et chaude danse de dextre et senestre sur toute cette nouvelle face offerte à son attention palmaire. Patient, il attend le retour d'une respiration apaisée, et ce n'est qu'à la certitude d'un total relâchement qu'il cesse pour s'allonger flanc à flanc, paumes en oreiller.
Le jeune vicomte laisse en pensée les grains de sable passer d'une ampoule à l'autre avant de rompre le silence d'une voix défaillante, pris à l'assise de Tabouret pour ne pas dire au filet.


Alphonse.... ce n'est pas avec un employé de l'Aphrodite ou son comptable que j'étais ce soir, et suis encore. Je te paierai dix fois le prix du vin consommé cette nuit, mais ce sera le seul service que je rémunérerai.


Il se sait maladroit dans la tournure, mais il est nerveux. Dans sa gorge les mots vacillent, indécis, incertain qu'il est de vouloir entendre la réponse si elle ne devait être celle attendue depuis qu'il se sent étrangement lié et dépendant.

Nous reverrons-nous ? Autrement que moi en éventuel client de...

Sur un souffle amusé il balaye les lieux d'un geste vague...

… ce bordel.

...puis se tourne vers le mur, embarrassé de se sentir aussi mis à nu.
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Alphonse_tabouret
L’épice avalée, les reliquats dévorés d’un coup de langue, le faune se trouva repu dans sa frustration, éternel monstre se nourrissant tout autant de son propre plaisir que de celui des autres, qu’importait si la satiété trouvait ou pas le remède, tant que l’esprit, lui, savourait la victoire. A l’aune de cette délivrance neuve, l’horizon déployé aux griffes et aux sabots lui suffisaient, guide imbu du laisser-aller de son hôte voyageur, mais plus surpris que contenté de cette main cueillant sa nuque pour le ramener à l’édredon du lit, au diapason du souffle court du bien-être enfin trouvé dans l’ombre d’une heure lunaire, il fut assujetti, pantin, à un chemin qu’il n’avait pas considéré.
Un instant, égaré dans l’étonnement, allongé, soumis à un caprice qu’il n’attendait pas, les prunelles d’Alphonse rétrécirent, novas implosant aux contours d’un murmure, avant que de sa gorge, ne s’échappe un long gémissement de plaisir aux attentions dévoyées à son corps, délectant le feu sagement contenu au fil de la leçon. De la tendresse jumelle, il ne connaissait quasiment rien, souvenirs emportés avec le temps d’une adolescence lointaine, tour à tour objet destiné au panache des vices les plus ambigus et souverain mêlant le gout du sang au nacre de l’extase. La bouche de Sabaude traçait sur son corps les oriflammes d’une nouveauté qui le fit vaciller, éveillant tour à tour le féroce des crocs et le ronronnement félin, délaissant le monstre aux portes d’une cage qu’il hésitait à franchir, indécis, considérant l’abandon aux mains d’un autre comme le dernier rempart à sa propre forteresse. Ses mains s’enfouirent dans la crinière renarde, naturelles, sans besoin de maitre pour éprouver ce contact-là, jusqu’à ce qu’elle lui échappe, le laissant pantelant, promené au fil d’une voix ouatée par les pulsations de ses tempes.


Laisse toi faire.

Et le faune de se laisser faire, chaton dans les mains expertes de l’oiseau déplumé, égaré à une adresse qui apaisait sans pourtant éteindre la brulure lovée aux nerfs, dénervant les raideurs de sa cage sans ternir l’envie, jusqu’à ce que de nouveau, la voix résonne, rattachant le temps à l’espace, laissant affleurer aux lèvres asséchées par la respiration brulante un sourire fait d’espièglerie et de convoitise… Avait-il échoué pour que de guide, il devienne voyageur ou avait-il au contraire à ce point su éveiller le gout de l’initiation qu’elle se trouvait partagée d’une façon à laquelle il ne s’attendait pas ?... Le visage enfoui dans le moelleux étouffant de la couverture, le corps de Sabaude pesant au sien, il se fit Emporté, délivré d’une tension qu’il croyait éternelle jusqu’à l’expiation, retrouvant lentement, au fil de cet attachement, une sérénité qu’il aurait cru impossible.
Le souffle était redevenu lent et si le ventre goutait à la frustration, elle n’avait pas la férocité de celle qu’il avait attendue dès qu’il avait gouté aux lèvres mâles, le corps étrangement cotonneux, le cœur battant à son rythme calme, le ventre doucement dessiné mais éloigné de la raideur vibrante qu’il avait éprouvé, soumis à un endormissement qui clairsemait la faim sans la faire disparaitre jusqu'à ce que l’esthète cesse son massage, glissant sur le flanc, observant le silence pour enfin demander:

Alphonse.... ce n'est pas avec un employé de l'Aphrodite ou son comptable que j'étais ce soir, et suis encore. Je te paierai dix fois le prix du vin consommé cette nuit, mais ce sera le seul service que je rémunérerai.
Nous reverrons-nous ? Autrement que moi en éventuel client de... ce bordel.


S’extirpant de la gangue de douceur dans laquelle il était enveloppé, le chat laissa échapper un rire, léger, mais audible, rare autant qu’il aurait pu être inconvenant s’il ne s’était pas ourlé d’une douceur qui n’appartenait qu’à l’heure passée et au dénouement de cette nuit.

Sabaude, reprit il pour le délester des apparats dont ils avaient joué au long de leur balade, retranchés soigneusement l’un l’autre dans les costumes du prétexte,... je ne suis pas courtisan… Le corps prit appui sur un bras tandis qu’il lui faisait face, venant de l’autre pousser du front pale une mèche collée pour le dégager, geste idiot, intime qui n’avait à l’instant ci aucune raison d’exister en dehors de l’instant et qui indolent, y trouvait toute sa place. Il installa le silence jusqu’à être sûr de garder à ses yeux les prunelles jumelles et leur attentions avant de reprendre :
Il n’a jamais été question d’argent, fit il enfin, un ton plus bas, se penchant aux lèvres qui le narguaient d’une moue inquiète pour y déposer un baiser tendre, gagnant le fil de la mâchoire jusqu’à trouver l’oreille : Il n’en sera jamais question… y égrena-t-il avant de mordre le lobe, malicieux et de se redresser pour s’assoir, étrangement épuisé quand il n’avait pourtant pas bruler ses ailes aux lueurs sélénites. Il pencha la tête, dévisageant dans un sourire insolent cet amant inattendu, rajoutant pour finir d’apaiser l’âme une réalité qu’il apprivoisait lui aussi: Trouve moi autant que tu le souhaites, les poches vides, la tête pleine… j’aime ta compagnie, poursuivit il au fil d’une confidence précieuse, livré au délassement ordonné par les mains jumelles, …qu’elle soit pour deviser autour d’un verre ou pour échouer dans les draps… Les lèvres un instant retrouvèrent le reflet carnassier du faune insouciant, jusqu’à l’odeur du bois le voyant disparaitre, les cornes projetant leur ombre à la grève sur laquelle tous deux avaient échoué. Peu m’importe, Goupil… Tu me plais, conclut-il en le paraphrasant d’une voix ou la lascivité se disputait la camaraderie, éternel funambule, joyeux épicurien, fauve amadoué, se redressant pour mieux choir sur son hôte, accolant une dernière fois leurs corps nus et luisant de sueur avant que les heures ne reprennent leur course, allégeant la moiteur de la chambre d’une salve joyeuse:
De quoi as-tu envie maintenant ? Vin, fruit, viande, literie? Dis-moi et je t’exauce, à l’unique condition que tu te rhabilles, ou tes précieuses mains n’auront pas assez de leur savoir pour t’éviter d’être croqué.
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Sabaude
Au creux de son oreille les mots tombent un à un et cheminent jusqu'au creuset d'un émoi ineffable et délicieux qui les réceptionne pour les conserver et les protéger de l'altération qu'induisent les craintes et pensées parasites. Il souhaiterait suspendre le temps pour continuer insouciamment à baigner dans la lascivité et la chaleur des corps complices, l'âme légère, délestée de l'inanité qui la gangrenait, et qu'un faune cette nuit a chassé.
Rassuré il répond au baiser avec ardeur. Embarrassé par sa méprise il laisse le matou s'étendre sur lui sans chercher à lui disputer tout de suite la position.


Je suis confus, je pensais que l'Aphrodite ne t'engageait pas que pour ta capacité à saouler les clients de ses vins et à tenir ses finances, confie-t-il sur le ton de la facétie.

Amusé de son erreur et de la salve, son rire éclate sans retenue, libérateur, ponctué de deux mains qu'il claque plus qu'il ne plaque sur la croupe féline et relâche, consterné de la capacité anatomique à défier la fatigue et à se dresser sans y être invitée.


Tu es insatiable ! Et je suis obligé de constater que remettre mes braies va être indispensable si je ne veux exposer mon garde-à-vous à chacune de tes approches. Au fait, savais-tu que le Parlement n'est pas très loin d'ici?

Le questionnement est aussi remarque. A ne venir à l'Aphrodite qu'aux occasions, le jeune officier en a occulté la géographie.
Par lutinerie il mordille une lèvre satyre, glisse ses paumes contre les flancs mâles et d'une impulsion place le chat sous le ventre renard, l'oeil brillant de ce petit jeu postural auquel il prend gout. En appui sur la couche, de part et d'autre du corps alangui, les prunelles hameçonnent leurs jumelles. Un flot de questions bouillonne à sa bouche mais il le retient, le détourne jusqu'à le tarir. Pas ce soir ! Il sera toujours temps de satisfaire à sa curiosité de novice, d'homme et d'amant plus tard. L'instant est au repos de l'esprit, à la savouration de la nouveauté et du comblement en cours d'un vide qu'il se résignait à considérer tel l'abîme insondable.

Tu m'exauces, donc.... Il me suffit de dire....

Il se redresse, cuisses contre hanches, pour chevaucher fièrement son guide devenu génie de la lampe. Le goupil caricature la réflexion d'un index et d'un pouce qui vont et viennent sur les courbes de sa mâchoire,un bras replié contre son torse, et annonce pour certains d'impossibles souhaits.

Je nous veux divinités fabuleuses saisissant l'astre pour en arrêter la course.
Je nous veux Éther, magnifiés de sérénité, éléments fondamentaux, corps durci, mental adouci.
Je nous veux avec un plat de volailles, de pain, de raisin, de lait car je n'ai rien avalé de solide depuis ce matin et dans cette moiteur avec tout ce vin je vais finir par défaillir dans tes bras,
conclut-il sur l'intrusion d'une langue entre herses blanches.
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Alphonse_tabouret
Le chat s’autorisa un sourire tout en crocs, habitué à l’éternelle méprise que l’on faisait quant à sa position au sein de la maison, assujetti aux yeux des autres à un rôle qu’il n’avait jamais endossé, gardant précisément la gratuité du plaisir comme l’ultime luxe qu’il ne devait qu’à son bon vouloir quand tout le reste, tout ce qui le composait, avait d’abord était soumis aux exigences des autres. Le Goupil n’était pas le premier et ne serait pas le dernier à le prendre pour un courtisan et il avait appris à ne pas s’en offusquer, étudiant au contraire, scrupuleusement, cette vision que l‘on portait sur lui pour parfaire davantage les faux semblants dont il se nourrissait, funambule costumé que l’équilibre précaire avait toujours charmé autant qu’excité
Le jeu des corps s’attarda dans celui des paroles, rapprochant le possible de la géographie, égrenant au fil d’une conversation de mots, là où la chair menait la sienne, des horizons inconnus, avant que le jeu ne s’approprie l’espace, gaiement , sans pour autant que la réalité affadie de ce mois de septembre ne vienne ensemencer les plaies jusqu’à les réveiller.


Tu m'exauces, donc.... Il me suffit de dire....

La pose étudiée rehaussa d’’amusement la ligne déjà tracée des lèvres félines, contemplant la silhouette effilée du jeune homme tout en écoutant les paroles qui s’envolaient gaiement à la voute de cette nuit consommée, éveillant à ses tempes des sensations qui lui étaient devenues étrangères au fil des derniers semaines, des derniers mois, quand il parachevait les demandes jumelles d’un rire léger, presque silencieux… Quand était-ce la dernière fois que le corps du Griffé et le sien s’étaient contentés de paresser cote à cote avec l’insouciance badine des amants réunis ? Quand avait-il pris pour la dernière fois, le temps du jeu de la palabre sans heurts, sans sommation, sans avoir le gout du sang venant immanquablement se rappeler aux babines ? Qu’était devenue la légèreté inhérente à ces moments succédant la communion ? Cela pouvait-il être aussi primitif, vraiment, de se sentir apaisé, sans autre enjeu que celui du partage, d’une liaison naissante?...

Soit, répondit-il enfin, chassant le visage d’Etienne de ses pensées avant que la bile de son abandon ne vienne gâcher cet instant baume autant que précieux d’une complicité neuve, savourée, simple, sans la moindre trace de guerre intrinsèque, trop engourdi pour se rendre compte qu’il venait de mettre une patte dans un engrenage délicat où planait l’ombre d’une guerre entreprise depuis longtemps avec l’éternel camarade du Goupil. Je t’offrirai la lune puisque tu la demandes, fit-il d’un ton volontairement emprunté pour jouer de la caricature autant que du sous-entendu, amorçant de se redresser en s’appuyant sur un coude quand la dextre venait quérir les reins mâles pour descendre leurs courbes une dernière fois d’une caresse concupiscente.
Et puisque tu le souhaites, la prochaine nuit sera aussi raide que douce, poursuivit-il dans un sourire volontairement provoquant, continuant sans lui laisser le temps d’une quelconque reprise quant aux festivités qu’il annonçait à demi-mots, … et parce qu’il serait malvenu que tu t’évanouisses et perdes la moindre miette de ce que je pourrais alors faire de toi, allons-nous rassasier, conclut-il en se redressant définitivement pour lui voler un baiser et quitter l’enchevêtrement de leurs chairs moites.
Loin d’une quelconque pudeur, le chat s’étira longuement avant de ramasser ses braies et les enfiler, amant qu’une lascivité naturelle entachait toujours de lenteur pour ne jamais rompre les instants exquis passés en bonne compagnie, reboutonnant sa chemise sans pour autant convenablement la lisser, et passant les bottes aux pieds avant de contempler Sabaude qui faisait de même, attendit qu’il soit prêt pour mettre une main à son épaule et les diriger vers la sortie en répétant :
Volailles, pains, raisin et lait… Je gage pourtant que la vue de la chèvre rôtie que les cuisines ont préparé tantôt saura aussi te mettre l’eau à la bouche… le taquina-t-il en refermant derrière eux les heures fraiches d’une nuit pourtant fiévreuse.
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