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[RP fermé] Faute avouée jamais pardonnée

--Adryan




Résumé des épisodes précédents :
Aucun rire, aucun soupir de la maison haute n’en avait pâti, pourtant, l’Aphrodite était plongée dans une effervescence angoissée depuis déjà presque six jours.
Du jour au lendemain, Alphonse s’était évaporé sans laisser aucune trace dans son sillon. La disparition avait rapidement été remarquée de par une absence singulière du comptable à un rendez-vous avec Thomas. Cette défaillance hors norme face au sérieux habituel de l’homme avait rapidement mis en branle le personnel masculin du lupanar dans l’organisation de recherches au travers les rues les plus sordides de Paris quand Etienne prenait en main la gestion des affaires du bordel.
Les jours avaient passés, sans que la traque n’apporte le moindre indice. Puis tout s’était enchainé très vite, hasard, chance, pièces glissées entre les bonnes mains, jeu de piste, et une partie de l’histoire avait été découverte. Alphonse avait été enlevé. Et ainsi, de fils en aiguille, l’un des coupables du méfait, Taranis, fut ramené assommé à la maison basse par Hubert, Camille et Adryan.


[Cave de la maison basse, jour 5]


L’avantage d’un bordel de luxe tenait dans le fait qu’il fallait pouvoir répondre à toutes les lubies des clients. Même les plus perverses. Et l’Aphrodite ne faisait en rien exception à la règle, bien au contraire. La Décadente en offrait un exemple évident. Pourtant, cette fois ci, les cris n’auraient rien d’extatiques, aussi, ce fut dans les caves de la maison basse que fut installée la croix de saint André dont le doré de la peinture sur d’inébranlables traverses bois jurait avec les murs purulents d’humidité. Ces hurlements là resteraient terrés dans les entrailles du monstre de plaisir, avide de garder son visage magnifiquement désirable.

Les drogues étaient trop aimables pour la raclure qu’était Taranis, aussi dès qu’il semblait s’animer, il était replongé dans l’inconscience par une envolée de coups, facilitant la tâche d’Hubert et d’Adryan pour l’enchainer à son supplice promis. Et ce ne fut qu’une fois le Taureau entravé sans le moindre espoir de fuite, qu’Adryan enfin, se permis de soupirer d’épuisement, le visage encrassé de sang séché. Taranis pouvait reprendre conscience, quand à n’en pas douter, les pas d’Etienne, informé de la prise quelques minutes auparavant, résonneraient bientôt dans les couloirs de la cave.
--Taranis
[ Lieu inconnu, date inconnu ... ]

Le sang battait à ses tempes. Il avait reçu pas mal de beignes dans la gueule, à croire qu'il était revenu au temps où son père le battait comme plâtre, et l'enfermait dans la cave. Il n'ouvrit pas les yeux, pas encore, mais il sentit une odeur d'humidité, une odeur discrète de champignon et de moisi. Une cave. Taranis remua, il sentit la douleur aux poignets, aux chevilles... Il était attaché, entravé. Il ouvrit les yeux, découvrant la pénombre, l'endroit sordide où il était. Attaché comme une bête. Un rugissement naquit au fond de sa gorge, et il essaya de remuer, s'arcbouter, sur la croix à laquelle on l'avait attaché. Qui avait fait ça? La mémoire lui revint. La donzelle, sa belle muse, l'ange noir, le bourgeois. Puis le castillon, la bagarre et l'inexplicable trou noir, alors qu'il allait gagner contre l'homme et lui broyer la virilité. On l'avait aidé!

Libère moi, fils d'morue! Fôt en cul! Vil pourceau, même pas foutu d't'battre en homme!
Etienne_de_ligny
Cinq jours qu’il n’avait pas vu Alphonse et que ce dernier était encore introuvable. Le calme du Griffé s’estompait au rythme de ce train de vie qui lui était imposé. Gérer l’Aphrodite, rassurer ses membres, retrouver Adryan et Hubert à chaque fin de soirée pour faire le point sur leurs recherches, proposer des pistes dont celle d’un enlèvement et retrouver une couche vide qui perd peu à peu l’odeur de son amant. Si ce n’est Aliénor elle-même, Etienne n’avait cure du sort des autres individus qu’il avait pu croiser au cours de sa vie et pourtant, Alphonse était l’exception et cette rage qui grandissait en son sein, qui se diffusait jusqu’à paralyser sa mâchoire devenait intenable. Il lui fallait un exutoire à sa colère, un palliatif à sa rage et c’est au cœur de la Maison Basse que le Griffé allait pouvoir déverser ce trop-plein d’angoisse et de venin.

Traqué comme une bête, enchainé comme un esclave, l’homme avait pour seul défense son arrogance et ses mots. D’un hochement de tête, le Griffé salut le travail d’Adryan et d’Hubert et les invite à quitter la salle. Ce travail est désormais le sien et ces deux confrères devaient reprendre des forces avant de pouvoir eux aussi, adresser leur bon sentiment. Sur le visage d’Etienne, un sourire se dessine alors qu’il s’approche, poing fermé, vers l’Enchainé. Serein, impassible, l’inquiétude du Griffé s’abat sur la mâchoire du prisonnier. Le choc est brutal, autant que cette haine qu’il avait accumulée au cour de ses derniers jours. Cet homme savait où était retenu Alphonse et loin de vouloir connaître les traitements qu’on lui réserve, il n’aspire qu’à pouvoir le délivrer rapidement.

Où est-il ?....C’est là, l’unique question qu’il lui posera. Inutile de savoir pour qui, il travaillait ou depuis quand. Ils le sauront en temps et en heure. Pour le moment, il fallait mettre un lieu sur la geôle du comptable. Quelques secondes s’écoulent sans que les lèvres endolories du Prisonnier ne s’ouvrent. La patience à fleur à peau, son inquiétude rongeant l’intégralité de ses tripes, Etienne envoie un autre coup en direction de sa tempe. Là, peu rassasié, l’ancien combattant empoigne la virilité du Prisonnier. Il n’a pas de temps à perdre et si bien des tortures sont envisageables, le temps quant à lui, lui manque. Les doigts du courtisan enserre l’intégralité de son vit, écrasant jusqu’à ses bourses, alors qu’une grimace commence à peine à se dessiner sur le visage de son prisonnier. Les serres encrées entre ses jambes, l’amant attend sa réponse.

Tu n’imagines pas ce dont je suis capable…Néanmoins je n’ai pas de temps à perdre avec ton arrogance. Alors ou tu avoues maintenant ou tu ne pourras plus baiser aucune putain.

Les conditions sont posées, libre à lui de les accepter sans quoi, Etienne n’aura pas d’autre choix que de mettre à exécution sa menace.

_________________

L'Aphrodite, une invitation indécente.
--Sybil
Cinq jours qu'Alphonse a disparu. C'est bizarre. Généralement, quand une pute disparaît, c'est qu'on l'a zigouillée dans une ruelle après l'avoir besognée. Ou avant, selon le degré de démence de l'assassin. Mais Alphonse n'était pas une pute. Du moins, pas aux dernières nouvelles. Et disparaître sans laisser de traces ne semblait pas spécialement le genre du jeune père. A moins que toute cette histoire de paternité lui ait tourné les sangs. Qui sait. En tout cas, Sybil était assez inquiète, bien que compensait cette inquiétude par un surplus de rires et de bonne humeur, qui devaient finir par agacer tout le monde.

Mais là, la Nymphe était prête pour une nouvelle nuit. En avance, certes. Mais elle avait une excuse, une nouvelle robe violine au décolleté absolument indécent. Petit à petit, la garde-robe s'étoffait, et la blonde n'en était que plus ravie.

Étrangement, tout était un peu trop calme à la Maison-Haute. Adryan n'était pas à son poste habituel. La fouine s'en va donc remuer la Maison-Basse. Et en tendant bien l'oreille... Elle entendit que ça gueulait. Au niveau de la cave. Il se passe toujours des choses bizarres, dans les caves. Un rapport avec Alphonse ? Il faut qu'elle en ait le coeur net. Mais la guêpe n'était pas folle, elle ne descend pas là-dedans sans s'être préalablement armée... D'une poêle à frire. Certes. A coeur vaillant, rien d'impossible !

Laissant ses souliers dans le couloir, elle descend sur la pointe des pieds. Seul un très léger frottement de tissu sur le bois des marches pourrait la trahir, ou un petit craquement, mais quelle maison ne craque pas ? Quelques marches plus bas... Elle observe. Un homme, suspendu à une croix de Saint André. Qui lui rappelle vaguement celle de la Décadente. Et Étienne. Ils avaient installé une salle de torture alternative ? Ou bien... Quelque chose de plus important se tramait.

Elle hésite. Rester là, sans bouger ? Ou signaler sa présence ? Manifestement, la fatalité décide pour elle. Trop de poussière, elle éternue, et lâche sa poêle, qui retombe avec fracas au bas des escaliers. Pour la discrétion, c'est raté.
--Adryan
Il grognait le pourceau, laissant pleuvoir de sa bouche infecte insultes et provocations auxquelles le Castillon se contenta de répondre en caressant le pommeau de son épée ciselé de motifs orientaux dans un sourire malsain d’ambigüité. Se battre comme un homme ? A quoi aurait donc servi Taranis la tête transpercée de la gorge à l’arrière du crane par la lame aiguisée, gravant à jamais de stupeur le visage lourdaud ? Le plus dur justement avait été de le garder en vie, sans trop l’amocher, et de cela, le coupable ne semblait pas encore conscient. Qu’importait, il le comprendrait bien assez vite devant le sourire et le calme d’Etienne. Le Castillon tardait à suivre les pas d’Hubert, le sang encore palpitant d’adrénaline, quand soudainement un raffut du diable émergea derrière la porte. Sortant de sa torpeur sadique, Adryan fit volte face et déboula dans le couloir, ahuri de trouver devant lui la frimousse de la jolie Nymphe.

Que fiches-tu là ?
Pesta-t-il en ramassant la poêle de la senestre tout en lui empoignant sans ménagement le bras de la dextre. Si tu veux me prouver tes talents de cordons bleus, c’est en cuisine, là où est ta place de femme. Mais tu tombes bien en fait, j’ai faim, une omelette sera la bienvenue. Un sourire goguenard glissa à ses lippes quand en matière d’œufs à casser, c’est Etienne qui s’en donnerait à cœur joie si peu de temps après que lui-même ait manqué passer à la casserole. Il glissa un regard sur le robe neuve, léger sourire conquis aux lèvres. En plus, tu vas te salir ici, grogna t-il lui-même dans un état déplorable. Et sans relâcher sa poigne du bras fin, Grimpe conclut-il d’une voix qui n’admettait pas la discussion, l’entrainant sans fuite possible vers les hauteurs du bordel. Non, décidément, ce qui se passerait derrière la porte refermée sur leurs dos n’était pas pour elle. Définitivement. Manière comme une autre de la protéger de l’enfer qui s’ouvrait dans les entrailles de l’Aphrodite.
--Taranis
Taranis, en fâcheuse posture, commençait à comprendre dans quel pétrin il s'était fourré. Jusqu'au cou. L'apprentissage de la peur et de la douleur commençait à peine, mais pouvait-il ressentir de la peine, ou de la compassion? Non, il était basique. Dans son monde, il avait été un maître, un tyran, un sale enfoiré. Pour lui tout se payait, tout se monnayait. Et il avait quelques principes. En affaires, on ne trahit pas, point. Du moins, les principes tenaient bon, jusqu'à ce que l'autre homme, dont il ne voyait pas les traits dans la pénombre, s'attaque à son vit. Douleur des douleurs... Il avait cru que son monde se déchirait, tandis qu'il hurlait, espérant que quelqu'un l'entende, avant que sa voix ne s'éteigne! Des voix, une voix féminine... Leozan? Il commençait à délirer, de peur et d'angoisse. L'ange noir, sa muse, qui était seule avec le bourgeois dans la cave. Elle n'avait plus son Taranis pour lui apporter à manger, l'aider lors de ses crises de démence, lui apporter ses potions... Il avait peur pour elle. Oui, quelque part dans son esprit pervers, il l'adorait. Mais non, le castillon détourna son ange salvateur.

Une onde de haine le traversa, malgré la douleur, malgré la peur. Il savait qu'il ne quitterait pas ce lieu, il le sentait. La douleur, il connaissait déjà. Il avait déjà bien subi avec son salaud de père, il n'avait pas envie de faciliter la tâche aux deux mauviettes qui le tenaient attaché... Et puis il fallait que Leozan finisse le travail, il voulait lui donner le plus de temps possible. S'il devait crever, il voulait servir à sa muse...


Sale mauviette de sodomite! T'crois que j'vais craquer? En m'broyant les bourses? Vas y, j'ai rien senti!
Ton ami, l'bourgeois... il pleurait comme un bébé... T'sais ... si j'meurs, tu l'retrouveras jamais. R'lâche moi, j'vous y mènerai... et on s'ra quitte. Prend vite ta décision, mon mignon... La donzelle, elle fait joujou avec.... il s'ra beaucoup moins beau après!


Il afficha un sourire en coin sur sa trogne déjà bien amochée... Si ça prenait, il pourrait les balader et peut être même leur fausser compagnie. Ça valait le coup d'essayer...
--Sybil
Tel le diable déboulant hors de sa boîte, Adryan surgit de Dieu sait où, elle ne l'avait pas vu. Et énervé, manifestement, ainsi que... Sale, et couvert de sang séché. Ce qui n'était absolument pas une excuse pour la façon dont il la traita. Une omelette. Sa place dans la cuisine. A présent qu'elle était rassurée sur la non-dangerosité immédiate des sous-sols du lupanar, le sang de la Nymphe ne fit qu'un tour dans ses veines, d'autant qu'il la forçait à battre en retraite.

- Aïe ! Tu me fais mal espèce de grosse brute !

Et histoire de continuer sur sa lancée, elle profite d'avoir une main libre pour lui taper un coup sur le bras, non dans le désir de lui faire mal ou même l'espoir qu'il la lâche, simplement pour manifester sa désapprobation. Certes, il y avait sans doute là-bas des choses qu'elle ne devait pas voir. Mais elle avait vu, pas assez pour que sa soif de comprendre soit rassasiée, et trop pour que sa curiosité ne s'éteigne.

Mais las, il était inutile de tenter de discuter avec la poigne de fer du Castillon. Mauvaise perdante, elle grogne, tout en le suivant dans l'escalier :


- En plus je vais avoir des marques. Je n'aurai pas un client ce soir, pas un !

La porte se referme. Et elle prend le temps de le considérer, des pieds à la tête, avant de se mettre à rire doucement. Sans explication, saisit sa grande main dans la sienne, et l'entraîne jusqu'à la cour intérieur, au puits, en passant par la cuisine où elle dérobe un torchon propre. Torchon qu'elle plonge dans le seau appuyé contre la margelle, et délicatement, entreprend de nettoyer le visage du brun.

- Qu'est-ce que tu as fait pour te retrouver dans un état pareil ? Gros dégueulasse !

Elle rit encore, mais celui-ci sonne creux. Elle est inquiète. D'abord la disparition d'Alphonse, maintenant ça... Qu'il parle, autrement lui aussi aurait droit à sa séance de torture, foi de Sybil !
Etienne_de_ligny
Sous le flux de paroles, le Griffé perd peu à peu son impassibilité et les serres, hargneuses broies l’intimité du gueux. Ses entrailles se vrillent, ses mâchoires se crispent et dans son esprit les images se bousculent. Lui qui avait préféré le déni était désormais confronté à la souffrance de son amant. Plongeant ses iris sombres dans ceux du Dévoué, Etienne fait abstraction du bruit et des scènes qui se jouent dans son dos à l’orée de cette salle de torture. Il était seul à pouvoir arracher soupirs et souffrance au comptable, le seul à passer outre sa haine féroce pour offrir ses doigts, sa raideur et sa bouche pour l’entendre gémir jusqu’à ce que son corps s’enlise sous le poids de la mort. Aucun homme, aucune putain, n’avait le droit de décider de ses maux. Relâchant le membre meurtri du prisonnier, Etienne s’écarte le temps de fermer la porte. Si certain connaissait le potentiel de sympathie du courtisan, peu était emprunt à imaginer la portée de sa loyauté. Pour Aliénor, le courtisan avait sacrifié sa jeunesse et ses vices, se cantonnant aux apparences et aux sourires hypocrites. Pour Alphonse, le Griffé était prêt à effleurer les limbes.

Tu sembles oublier qu’ici tu n’es pas en position de force et que le temps m’est compté. Alors ou tu parles ou je te promets des souffrances plus insoutenables que celle que je m’apprête à te donner.

Les braies du Dévoué sont défaits, le vit aéré et alors qu’il se penche pour s’emparer de sa dague, il menace l’entrejambe d’une fraîcheur sanglante. Une main se porte sur les bourses tandis que l’autre se fait plus saisissante. La lame entaille la fine chair et les iris vairons provoquent avec mépris la volonté et la dévotion du serviteur. Le geste est volontairement lent et sadique alors que les grimaces se transforment en plaintes bruyantes. Aucun aveu.
La dextre continue son entaille qui s’étend désormais sur toute la largeur de l’une de ses bourses. Sur ses doigts, la tiédeur se répand en un abondant filet carmin et impassible, fiévreux, le courtisan enfonce ses doigts sous l’enveloppe charnelle pour en extirper le premier fut de vie. De pécheur, il était devenu sodomite et par amour pour un libertin, il avait embrassé le Malin dans tout ce qu’il avait de plus malsain à offrir. Lui qui détournait la vie dans ses ébats détachait d’un coup sec et coupant l’une de ses ressources divines. Les cris de l’inconscient s’abandonnent, stridents et nauséeux jusqu’à trouver dans l’étroitesse du couloir, un écho qu’il aurait préféré tarir. Parle…

Au-delà des plaintes et du sang qui entachent ses doigts, rien ne s’apparente à des aveux et même si le Griffé préfère ignorer la douleur ressenti par ce misérable, il ne retient pas sa lame pour autant. Désormais c’est à cette autre rondeur qu’il s’attaque et le tranchant, désormais habitué perpétue le même geste. A nouveau, la gorge du prisonnier se tend et les cordes vocales s’exclament jusqu’à s’essouffler dans leur détresse. Plus aucune femme ne risquait d’être engrossée par ce gueux et bientôt, plus aucune femme ne pourrait en sentir la roideur. Lassé par le sang qui coule désormais à flot, soucieux d’obtenir son aveu avant que le flux ne se tarisse, il saisit le lien de sa chemise pour enserrer la chair grâce à un garrot de piètre qualité.
Je perds...patience.

_________________

L'Aphrodite, une invitation indécente.
--Taranis
La serre se fait plus blessante encore, la douleur lui vrille et se répand comme un poison dans chaque fibre de son être. Jamais il n'avait pensé ressentir une telle douleur, il hurlait à s'en casser la voix. Même lorsque la poigne se relâcha quelque peu, la douleur se fit plus vive encore. Un filet de sueur froide coula de son froid, devenu moite. La peur fit battre son coeur plus vite encore, à l'idée de ressentir encore cette douleur. Broyé, il était broyé, il ne put retenir la larme. A cause de ces mauviettes, il se mettait à chialer comme un bébé.
La voix coassante après ses vocalises, il souffla un
Putain d'enfoiré ...
Leozan, il pensait à Leozan. Son sourire sadique quand elle s'amusait avec le félin, ses idées folles et délicieuses, le plaisir -et le désir- qui lui colorait les joues... Lui donnant un air enfantin d'enfant perverti, ses yeux noirs foncés, si foncés, comme un abîme de vice et de mal... Tenir, pour ... elle ...

Tu sembles oublier qu’ici tu n’es pas en position de force et que le temps m’est compté. Alors ou tu parles ou je te promets des souffrances plus insoutenables que celle que je m’apprête à te donner.

Qu'il perde patience, le tue, et Leozan pourrait encore jouer avec le félin. Le pousser à bout, quitte à mourir ... La mort ne lui faisait pas peur. La douleur, si... Le pousser à bout, pour qu'il le tue. La respiration rendue saccadée par la douleur, le coeur battant à tout allure, le prisonnier releva la tête, comme il put, s'arcbouta de toutes ses forces, pour se redresser de quelques centimètres, pour se rapprocher du visage de son bourreau ... et lui cracha au visage. Avant de sourire, malgré la douleur de son vit meurtri.
Mais il n'avait pas prévu l'idée de son bourreau. Ses braies, baissées. la terreur le submergeait, il avait les yeux fous, la prise se resserra autour de son vit, à l'air libre. Mais que? Il la vit. La lame. Un éclair de métal, froid, aiguisé, il comprit tout à coups ce que son bourreau allait faire. Il hurla comme un fou avant que cette dernière ne s'abatte , puis lorsqu'il sentit la morsure cruelle du métal incisant sa chair. La douleur était cuisante, mais étrangement apaisante. On disait que les grandes douleurs étaient muettes? ou al...

Taranis avait perdu conscience, de peur et sous le choc de la douleur, alors que son bourreau faisait un garrot, pour ne pas le perdre trop vite. Il flottait dans une demi conscience, les oreilles sifflants, le son brouillé par le malaise... la douleur assourdie, il ne se sentait presque plus... avait-il réussi à pousser à bout son bourreau pour qu'il le dépêche avant qu'il n'avoue? Il le cru, et accueillit avec délices les limbes de l'oubli et de la mort. Sa dernière pensée alla vers Leozan, son ange noir. Ils la revoyait, dans son accès de délire où elle pensait s'appeler Jade, si frêle, si innocente, apeurée...


    Mais qui êtes vous? Où allons nous?

    En sécurité, mad'moiselle, comme vous m'avez demandé...

    Oh! Mon ange... espèce de brute, vous l'avez frappé! Où nous emmenez vous, grosse brute!



Ma planque, on y sera en sécurité, c'est au fond d'la ruelle Saint Sauveur. Ils vont nous rechercher, c't'un endroit sûr... Il avait murmuré sans s'en rendre compte. Les murs de la cave réapparurent, le visage de son bourreau. Etait-il mort ou vivant? Il en s'en souvenait plus... mais la douleur était réelle, et revenait en force....
Camillle_
Il y a un temps pour tout. Un temps pour s’affirmer à coup de planche dans la trogne, un temps pour se faire compréhensive avec une main qui se tend et un temps pour se faire oublier. Suivant les pas d’Hubert et d’Adryan, la jeune femme ne dit mot et lorsque ses iris sombres croisent ceux, dépareillés du propriétaire, Camille déglutit. Elle connait ce regard, cette détermination et cette inquiétude. Renfermée, elle s’empresse de quitter la salle et alors que Sybil se fait curieuse, la serveuse quant à elle préfère l’ignorance. Perdue dans ce trouble, l’ouïe volontairement éteinte, elle s’enfonce dans les méandres de la Maison Basse, cherchant un couloir qui pourrait la ramener à la surface sans frôler Sybil et Adryan sur son passage.

Mais alors qu’un bourreau commence son office, des plaintes s’invitent, elles-aussi dans les couloirs jusqu’à semer la panique dans les boyaux de la Sombre. Celle qui avait connu les cris, les coups, l’odeur âcre et forte du sang et de la testostérone se laissait troubler par la cruauté gratuite et le supplice. Ses pas s’enchainent et ses doigts cherchent un soutien contre les murs frais et granuleux de la Maison Basse jusqu’à ce que la pulpe finisse par rencontrer la rugosité d’une porte en bois. Elle s’empresse de trouver la clenche et une fois à l’intérieur, elle referme aussitôt derrière elle. La souffrance se heurte désormais à l’épaisseur du bois et fébriles, elles abandonnent quelques morceaux de leur intensité. Seule, la jeune femme inspire doucement et hausse un sourcil.

A son odorat se mêle des parfums inconnus qui l’intriguent autant qu’ils l’apaisent. Elle s’avance et découvre ce qui ressemble à un atelier, celui d’une sorcière ou d’une herboriste à en croire tous ces pots et bocaux qui trônent sur les étagères. Curieuse, cherchant à occuper son esprit et ses sens au-delà des cris qui se font toujours plus brutaux et tortueux, elle compte, lis les inscriptions, reniflent, fouillent dans les parchemins laissés dans le bureau et découvre deux écritures féminines distinctes. Sur l’une des pages, était apposé le nom d’Aethys, la plume était légère et brutale à la fois, inscrivant dans le vélin la douceur et l’assurance de sa propriétaire. L’autre écriture est quant à elle, plus fine, plus gracieuse…Les anciennes locataires de ce lieu ? Les sorcières de l’Aphrodite ? Disparues ? Congédiées ? Brûlées ? Prenant place dans l’un des fauteuils, Camille commence un autre enseignement. Les minutes passent et l’esprit se focalise uniquement surces mots, ces conseils et ces recettes diverses. Plus les cris frappent la porte, plus la curiosité de Camille se fait grandissante. Plus le Griffé s’applique, plus elle s’active….

La serveuse ne veut plus rien entendre de ces cris qui déchirent l'Aphrodite.
Un temps pour tout...même oublier.

_________________
--Adryan
[Pendant ce temps, avec Sybil dans la cour intérieure]

Tout ira bien


Elle piaffait la jolie Nymphe, s’énervait, s’agaçait, se rebellait, pourtant rien n’aurait pu adoucir la poigne ferme au bras menu. Adryan n’avait qu’une hantise, que les cris de souffrance ne percent trop rapidement les tympans délicats que, coute que coute, il fallait protéger de l’horreur qui, sans le moindre doute, ébranleraient l’Aphrodite profanée en son sein quand elle était temple de plaisir. Et plus Sybil grognait, plus le Castillon allongeait ses pas, dédaigneux des remontrances outragées, l’implacable aux trousses. Il le savait. Quoiqu’il se passe, à l’aube, un homme serait mort de trop abominables souffrances dans les caves de l’Aphrodite.

Peu disposé à la pitié quand il lançait ses invitations duellistes au pied du gibet de Montfaucon, les pendus pour seuls témoins, il avait lui-même tué, sans l’ombre d’un remord. Mais pourtant, alors que l’excitation de la traque se calmait dans ses veines, un sentiment malsain l’envahissait, oppressant, mêlant inextricablement dégout, nausée et angoisse dérangeante jusqu’à faire frémir son échine.

C’était sale, affreusement sale, et tout poissait d’un lugubre sordide et maladif. Etrangement reconnaissant, il accepta que Sybil lave son visage, laissant l’eau claire le débarrasser bien plus de cette vase visqueuse et pestilentielle où il s’engluait que du sang craquelé maculant ses traits, les yeux fermés en une prière muette. Pourtant des hurlements terrifiants laceraient ses oreilles sans savoir s’ils n’étaient que le fruit que de son imagination tourmentée ou si Sybil les entendait aussi. Si les mots de la blondine ne trouvaient aucune prise entre les tempes du nobliau, si jamais il n’aurait répondu à la tirade faussement moqueuse, son rire ébranla le Castillon de sa béance où ne résonnait que l’inquiétude de la jolie putain. Il ouvrit les yeux et la regarda, l’horreur de la torture était certes insoutenable, mais l’ignorance peut-être encore davantage quand, malgré les précautions prises, elle en avait déjà vu bien trop.

Ne prends pas de clients ce soir, repose toi, ça te ferra du bien. Lentement, avec bien plus de douceur qu’il n’avait fait preuve jusqu’alors, il attrapa la main fine s’affairant à son front et la délesta du torchon déposé avec une lenteur équivoque sur la margelle du puits. Puis, presque tendrement, glissa ses doigts à ceux de la jeune femme sans la quitter des yeux. Alphonse à été enlevé commença t-il d’une voix posée, volontairement pragmatique, n’énonçant que les faits nus pour ne pas la contaminer de son écœurement. On ne sait pas pourquoi, ni où il est, ni dans quel état. Adryan fronça les sourcils, cherchant en vain à taire les hurlements s’invitant à ses tempes. Depuis cinq jours, Hubert et moi avons battu le pavé de la capitale. Les coupables sont deux. Un homme. Une femme. Nous avons, trouvé l’homme aujourd’hui. Etienne s’occupe, enfin le silence revint, arrachant à Adryan un soupir de soulagement, de savoir où le comptable est retenu. Pas de détails, Sybil était loin être naïve. Quittant un instant le regard de la courtisane, les anthracites fouillèrent l’obscurité impatientes des nouvelles qui pourraient arriver d’un instant à l’autre et soucieux d’allonger à nouveau son pas dans les ruelles, quelque en soient les desseins. Retrouvant à nouveau le visage de Sybil, ses yeux se firent poignants quand il conclut, N’en parle pas. Inutile de créer une panique que nous nous sommes appliqués à éviter depuis tous ces jours.

Tu as voulu savoir Sybil, maintenant, tu sais, alors ne me déçois pas en babillant à tort et à travers.
Etienne_de_ligny
L’aveu est enfin lâché. Epuisé, inaudible, perdu entre les limbes et la réalité, il s’échoue entre les tempes du courtisan. Il ne fallait pas perdre de temps et rappeler Hubert et Adryan pour partir à la recherche du comptable. Mais avant, le Griffé se devait de terminer son office. Bourreau, salaud, il approche ses lèvres contre l’oreille du prisonnier. Un murmure est alors lâché, c’est une menace, une promesse que sa mort ne sera en rien un soulagement pour les souffrances endurées, mais une peine assurément plus cruelle. Privé de sa propre survie, il n’aura pour seule compagne l’assurance perfide et cruelle que sa protégée connaîtra milles maux et qu’il ne pourra plus rien pour la sauvée.

Tu sais quoi le gueux…Les souffrances que je t’ai faites endurer, ne sont rien comparées à celles que je réserve à cette putain. Et ce qui me fait marrer, c’est que malheureusement, tu ne seras plus là pour la sauver…

Un dernier coup. Un dernier cri. Un dernier souffle.

La lame s’enfonce avec aisance dans l’abdomen du Prisonnier et les yeux du geôlier contemple la mort qui s’empare de son être. La bouche s’ouvre et ce ne sont que des mots carmin qui s’échappent de ses lippes. Le parquet imprime, s’abreuve de cette souffrance qui se répand jusqu’aux bottes du courtisan. Un soubresaut le saisit et sous le choc de ce corps qui lutte quelques gouttes se perdent sur le visage de l’assassin. Coupable mais peu compatissant, le courtisan reste de marbre. La pause est funeste, morbide et alors que le souffle se perd, que les iris se voilent, le Griffé conserve la lame au cœur de ses entrailles. Mais il ne peut s’attarder d’avantage, chaque minute peu assurément soulager Alphonse d’une nouvelle souffrance. Alors la statue quitte sa paralysie pour s’animer au détriment de celui qui git.

Hubert ! Adryan !

La voix du Griffé est forte pour qu’elle puisse être entendu au-delà du couloir. Il leur faut partir et surtout se débarrasser du corps. Le temps qu’ils arrivent, Etienne essuie son visage et ses mains pour ne laisser mis à part le cadavre et le sang, aucune trace de ce chaos. Finalement, les deux hommes arrivent rapidement et pointant son index en direction du pantin inanimé, il invite Hubert à s'en occuper.
Hubert, tu peux me gérer ça s’il te plait ? Demande aux serviteurs de nettoyer le parquet…Alphonse n’a nullement besoin d’imaginer ce qui s’est passé ici-lieu. De même, remet la croix à sa place d’origine.
Le regard se pose désormais sur Adryan. Enfin ils allaient pouvoir se venger et retrouver Alphonse…
En route pour une planque située au fond de la ruelle Saint Sauveur….J’espère que tu es en forme, une donzelle nous attend là-bas en plus d’Alphonse.

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L'Aphrodite, une invitation indécente.
--_le_portier



Hubert attendait, placide, immobile, mâchouillant, les yeux dans le vide, une petite tige de réglisse trouvée en cuisine, les bras croisés sur son torse imposant.
Il avait vu la catin descendre vers la cave sans chercher à l’arrêter en sachant pertinemment ce qui s’y passait, mais ne jaugeant pas de son ressort de lui épargner quoique ce soit… d’autant que lui aurait bien voulu assister à la petite séance orchestrée plus bas, donner quelques coups pourquoi pas, défouler un peu l’inquiétude qui le tenaillait depuis le début de semaine.
Quand on avait un boulot honorable ou presque, bien payé, avec la plus part des repas à l’œil, on bichonne son patron pour assurer la pérennité de ces conditions, mais Alphonse avait disparu sur un parcours qu’il avait à tort jugé inoffensif pour le comptable. C’était une erreur qu’il avait du mal à se pardonner, aussi avait-il participé sans faillir à la traque du moindre indice pour alléger sa culpabilité, et se trouvait puni de ne pouvoir participer au meilleur. Bizarrement, cela le soulageait presque, estimant que son plaisir était le dernier tribut à l’expiation la plus totale de sa faute

Hubert ! Adryan !

Il sursauta, machine se mettant en branle pour descendre sans plus attendre, le cœur battant de la signification de ce simple appel. Le gars était mort, il ne doutait pas un instant de la finalité d e l’entrevue quand il avait croisé le regard d’Etienne en investissant les lieux, il ne restait plus qu’à espérer qu’il avait parlé avant. L’odeur du sang happa ses narines avant même qu’il ne parvienne au bas de l’escalier et étouffa un juron en remontant la flaque de sang qui inondait littéralement le sol pour en trouver la source, grimaçant d’une douleur presque compatissante. On aurait pu appeler de Ligny, « La dentelière » avec un peu de poésie.

Hubert, tu peux me gérer ça s’il te plait ? Demande aux serviteurs de nettoyer le parquet…Alphonse n’a nullement besoin d’imaginer ce qui s’est passé ici-lieu. De même, remet la croix à sa place d’origine.
En route pour une planque située au fond de la ruelle Saint Sauveur….J’espère que tu es en forme, une donzelle nous attend là-bas en plus d’Alphonse.


Hochement de tête en guise d’acquiescement, sans protester quand il aurait pourtant voulu déléguer la tâche et les accompagner mais dans ces simples mots tenait l’assurance d’une piste sérieuse, et de la fin peut être de ces dernières journées où les masques grinçaient un peu plus que de coutume alors qu’ils avaient tous tant d’aptitude à les porter sans en montrer le moindre mal.

Ce sera fait, répondit-il sobrement en les regardant partir, attendant d’être seul pour cracher sur le corps de Taranis et retrousser ses manches.
Après, il lui faudrait encore alerter la peintre.
Alphonse_tabouret
(Jour + 3)



Cela avait fait partie des premières choses qu’il avait demandé, comme si, sans qu’on les cherche, les liens de la victime et du bourreau dépassaient toutes les logiques, emmêlant les possibles dans le basculement des rôles, car s’il avait regagné ses quartiers, la donzelle avait été délogée des siens et patientait en bas, dans la cave, juste retour des choses que d’enferrer à son tour celui qui s’est délecté d’asservir l’autre à la captivité, rehaussant chez Alphonse des teintes dont il avait oublié les variations lorsque sa rencontre avec Thomas en avait douci les contours, baume désormais arraché par sept journées passées à moisir dans la résignation .
S’en être remis aux autres, devoir même quelque chose à ceux qui avaient cherché jusqu’à trouver, réveillait une aigreur sanguinaire dans les noirceurs de ses envies et le forçait à puiser dans des ressources encore trop minces pour arriver à s’en cacher parfaitement. Il se prenait parfois à un regard désabusé lui échappant, un tremblement agitant sa main attelée, une bile à la bouche quand c’était une odeur qui s’affichait jusqu’à évaporer les autres pour ne garder que le souvenir qu’elle évoquait… Leozan avait abimé la parfaite machine et c’était parfois cela qu’il lui reprochait le plus, lui, le pantin dont chaque mouvement été soupesé quand il n’était pas scindé à la chair par son éducation. L’assurance de sa maitrise permettait au chat son flegme, son insolence, parfois même l’errance et s’en sentir dépossédé le troublait, l’agitait, animal se méfiant du temps qui efface les plaies mais ne rend jamais l’innocence impertinente de l’ignorance.

Pieds nus, il s’arrêta devant l’escalier et en poussa la porte pour le révéler, s’enfonçant dans un arrondi, forçant la descente pour entrapercevoir la pièce, passages d’une vingtaine d’épaisses marches qui ne grinçaient jamais, détail qui l’avait inexplicablement charmé quand il l’avait découvert, des mois plus tôt. En bas il trouverait Leozan ou Jade, qu’importait au fond puisque l’essentiel n’était pas de savoir qui s’acquitterait de la dette inscrite à même sa chair, dans le jaunissement de quelques bleus encore distincts, dans cette senestre devenue poids mort mais à combien elle s’élevait. Pouvait-on facturer l’abime, le désespoir, l’humiliation, l’attente sans but… Comment ? Combien ? Aucun chiffre ne lui venait en tête même lorsqu’il recensait soigneusement l’étendue des dégâts pour tenter de les juguler au mieux, luttant contre son monstre quand lui seul semblait en mesure de suivre les étoiles au creux de la tempête hadale qu’il sentait poindre.
Les premières marches furent avalées dans l’impulsion originelle, ralentissant leur course dans la courbe de la pierre, silencieuses pattes de velours quand sa peau frissonnait de la fraicheur exacerbée du lieu, contraste saisissant de ces premiers jours ensoleillés qu’avril distillait sur Paris et sa province, embaumant de nouveau les cimes des arbres de leurs feuilles et l’air de pépiements d’oiseaux. Mais ici, dans les soubassements de l’Aphrodite, nul son ne perçait, tout au plus, diffus, lointain, les pas vif d’un domestique courant, soulignant le silence plus encore quand ils finissaient par disparaitre pour laisser place à la quiétude presque monacale des lieux.
Lorsqu’il avait demandé où était Taranis, Hubert s’était contenté d’un mot en guise d’explication, « Mort », passant sous silence l’agonie expiatoire du molosse, laissant le comptable innocent du sang qui avait empourpré la chemise d’Etienne et des limbes qu’avait traversé l’Amant pour le ramener, abandonnant la pucelle à une solitude qu’il connaissait bien.

La vue du sol stoppa l’élan qu’il avait amoindri le long de sa descente, ultime barrière entre elle, et lui ; elle dont la silhouette se dessinait dans un recoin de la pièce, enchainée de la même façon qu’il l’avait été, sur une paillasse qui sans être plus confortable était tout de même plus propre, et un broc d’eau à portée de soif mais inaccessible, délicieuse attention de la part d’Hubert dont il connaissait assez les méthodes pour les reconnaitre. Lui, chat efflanqué d’une semaine aux bons soins d’une petite fille malade dont la passion animale relevait du morbide, dont la rancune se tenait aux tempes avec une lascivité indescriptible, soufflant sur ses envies, un vent sec et chaud.
Il s’assit sur la dernière marche, s’adossant à l’aube de l’angle froid qui élargissait la pièce, sans plus la regarder, conscient qu’elle avait flairé sa présence, peut-être même malgré les réflexes félins, l’avait-elle perçu à peine sa descente entreprise, puisque n’importe quel son, dans le silence ouaté d’une geôle, prenait des airs de vacarme, mais cela ne changerait rien à ces étranges retrouvailles. De l’après-midi il ne filtrerait rien d’autre que les sons lointains de leurs respirations, déliant dans ce calme insensé, leurs mondes entrés en collision.

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Leozan
Le néant, le sombre, s'étaient éternisés.
Lorsqu’en fin mes paupières s'étaient mises à papillonner, je ne rencontrais que le noir. Il y avait aussi le froid et l'humidité, mordants et cruels à la fois, me narguant à mon tour.
Les dernières heures me revinrent en mémoire immédiatement. Perdu. J'avais perdu la bataille. Mon ange m'avait été reprit. Mes dernières paroles s'allongent sur le sol, telles des lances tout aussi intenses. Plongées de mon âme, dévoilant mes armes. Approche mon jugement, tambours à mes tympans. Que mort s'en suive, à moins qu'on me laisse vivre ?

Mes mirettes avaient fini par se faire au sombre et je distinguais maintenant le broc d'eau mais également les chaînes qui me maintenaient. Juste retour des choses sans doute. C'est ce que penserait certainement Destruction, mais je ne suis que Sagesse, je ne suis que Pucelle. Alors j'ai peur, je reste prostrée, mes lèvres égrainant quelques prières, espérant qu'elles s'élèvent au delà de ces murs.
Combien de temps suis-je restée comme cela ? Je n'en ai pas la moindre idée. Les minutes semblent des heures, les heures des jours et les jours ......

Parfois je perçois des bruits de pas au dessus de moi, rapides. A d'autres instants c'est une voix qui me parvient, mais en fin de compte, ce n'est que la mienne qui chantonne.
J'ai froid
J'ai peur
J'ai faim
Mes lippes sont sèches, craquelées. Fort heureusement mon corps engourdit m'empêche de ressentir la douleur des coups reçus.

J'ai peur !
Je veux sortir de cet endroit !


Tu es stupide, jamais ils ne te laisseront partir !


Non tais-toi !
Ne dis pas cela !


Je me recroqueville dans un coin de la pièce, les genoux repliés, mes bras les entourant plus pour me rassurer que pour me tenir chaud. Je ferme les yeux, m'égarant dans le royaume de mes pensées.
Cette histoire est l'histoire que me racontent mes nuits, une histoire sans répit, une histoire d'insomnie. Une histoire pleine de débris d'un passé pas si enfoui, une histoire mal finie, un récit que je fuis.

Un sursaut me tire de ma rêverie, la porte vient de s'ouvrir, je discerne mal les marches mais .... déjà quelque chose au fond de moi sait qu'il est là.

Pourquoi ?


Le mot s'échappe lentement de mes lèvres entrouvertes.
Mon Ange est là, tout proche, tout près
Il suffit d'une seconde pour faire basculer une vie et d'un seul cauchemar pour gaspiller une nuit. Mais il faut des heures pour reprendre ses esprits et l'éternité pour avoir l'oubli.

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