Amedee.le.lion
Nuit du premier avril de l'an 1462
L'aube approchant,
Paris. Sa myriade de ruelles plus ou moins étriquées, et les évacuations douteuses qui, selon la légende, ruisselaient tout du long. A moitié endormi, semblait s'être péniblement dressé sur l'horizon ce fief que les rois de France s'étaient choisis pour capitale. En ce temps là, la nuit savait encore se parer du noir le plus pur, au dessus des tours de la cité. Mais les odeurs n'épargnaient aucune nuances de ton. Pire... La rumeur voulait que parmi cet amas de ruines et d'autres pierres nouvelles, les hommes pouvaient parfois, au détour d'une rue, se retrouver nez à nez avec des pourceaux affamés qu'on lâchait ici où là. Considérant l'appétit de l'animal, on l'aurait invoqué afin qu'il ne débarrasse les habitants de leurs déchets les plus indigestes. Doux Christos, non, Messire Amédée de Montjoye ne s'était jamais senti attiré par l'idée d'une promenade parisienne. Il lui avait toujours préféré la promesse des grands espaces, le souvenir des montagnes de son enfance, ou encore la limpidité de ces étendues d'eaux vives dans lesquelles survivaient encore toutes sortes d'espèces de poissons...
D'un point de vue tout à fait subjectif, cette histoire là avait été provoquée par une lettre précieusement scellée. Une de celles qui avaient su éveiller la curiosité de son destinataire. Quoi qu'il en soit, le prince renégat s'était résigné à se rendre tel un pèlerin en cette terre inconnue qu'il s'était imaginée hostile. Bien malgré ses a priori, il se fraya sans mal son chemin vers la Rue Saint-Honoré et cette adresse qu'on lui avait indiquée. Aphrodite aime les sourires, avait autrefois prétendu Homère, mais qui mieux que les sourires savait se faire trompeur... et messire restait alors sceptique.
Le damoiseau, un brin paranoïaque, avait donc chevauché au pas, discrètement, les sens en permanence aux aguets. En solitaire, ou en apparence tout du moins, car messire avait décidé de ne plus se laisser prendre au dépourvu. Aussi se trouvait-il peut-être suivi d'un type quelque peu en retrait, qui aurait subtilement faufilé sa carcasse parmi les ombres, et puis l'aurait fait disparaître une fois son maître parvenu en lieux sûrs. Ce dernier avait quant à lui fini par dépasser les clochers de Nôtre-Dame ,ce fichu pont qui menaçait de s'écrouler, et puis enfin les Halles...
Bientôt, il parvint à destination, face à cette demeure qu'on lui avait dépeinte comme un établissement parisien de très haute notoriété. Son regard fut immédiatement attiré par le scintillement carmin de la lanterne qui ornait la porte cochère, détail qui lui parut singulier. Amédée avait fait voeu de voyager léger, aussi ses atours tenaient davantage de la panoplie de chasse que de celle de maître de cérémonie. Si cet antre devait être à la hauteur de la description, il risquait de dénoter avec les mondanités parisiennes. Alors le jeune sire lorgna un moment l'entrée avant d'abandonner sa monture à un abreuvoir et pousser la porte comme semblait l'y inviter celui qui devait faire office de portier...
" Salve, sieur, on m'appelle Amédée le Lion. J'ai rendez-vous avec l'un de vos habitués... mais il se fait tard, peut-être aurai-je à patienter. Je vous serai gré de me présenter le patron. Il devrait pouvoir me renseigner. "
Une fois la porte passée, le jeune étranger ne put que se laisser enivrer par le raffinement obscur des lieux et leur atmosphère parfumée. Parmi toutes ces colonnes aux charmes antiques et autres donzelles aux moeurs légères, il lui sembla alors avoir délaissé les ruelles mornes pour pénétrer en cet Orient lointain, celui que lui avait si souvent raconté son défunt paternel.
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L'aube approchant,
Paris. Sa myriade de ruelles plus ou moins étriquées, et les évacuations douteuses qui, selon la légende, ruisselaient tout du long. A moitié endormi, semblait s'être péniblement dressé sur l'horizon ce fief que les rois de France s'étaient choisis pour capitale. En ce temps là, la nuit savait encore se parer du noir le plus pur, au dessus des tours de la cité. Mais les odeurs n'épargnaient aucune nuances de ton. Pire... La rumeur voulait que parmi cet amas de ruines et d'autres pierres nouvelles, les hommes pouvaient parfois, au détour d'une rue, se retrouver nez à nez avec des pourceaux affamés qu'on lâchait ici où là. Considérant l'appétit de l'animal, on l'aurait invoqué afin qu'il ne débarrasse les habitants de leurs déchets les plus indigestes. Doux Christos, non, Messire Amédée de Montjoye ne s'était jamais senti attiré par l'idée d'une promenade parisienne. Il lui avait toujours préféré la promesse des grands espaces, le souvenir des montagnes de son enfance, ou encore la limpidité de ces étendues d'eaux vives dans lesquelles survivaient encore toutes sortes d'espèces de poissons...
D'un point de vue tout à fait subjectif, cette histoire là avait été provoquée par une lettre précieusement scellée. Une de celles qui avaient su éveiller la curiosité de son destinataire. Quoi qu'il en soit, le prince renégat s'était résigné à se rendre tel un pèlerin en cette terre inconnue qu'il s'était imaginée hostile. Bien malgré ses a priori, il se fraya sans mal son chemin vers la Rue Saint-Honoré et cette adresse qu'on lui avait indiquée. Aphrodite aime les sourires, avait autrefois prétendu Homère, mais qui mieux que les sourires savait se faire trompeur... et messire restait alors sceptique.
Le damoiseau, un brin paranoïaque, avait donc chevauché au pas, discrètement, les sens en permanence aux aguets. En solitaire, ou en apparence tout du moins, car messire avait décidé de ne plus se laisser prendre au dépourvu. Aussi se trouvait-il peut-être suivi d'un type quelque peu en retrait, qui aurait subtilement faufilé sa carcasse parmi les ombres, et puis l'aurait fait disparaître une fois son maître parvenu en lieux sûrs. Ce dernier avait quant à lui fini par dépasser les clochers de Nôtre-Dame ,ce fichu pont qui menaçait de s'écrouler, et puis enfin les Halles...
Bientôt, il parvint à destination, face à cette demeure qu'on lui avait dépeinte comme un établissement parisien de très haute notoriété. Son regard fut immédiatement attiré par le scintillement carmin de la lanterne qui ornait la porte cochère, détail qui lui parut singulier. Amédée avait fait voeu de voyager léger, aussi ses atours tenaient davantage de la panoplie de chasse que de celle de maître de cérémonie. Si cet antre devait être à la hauteur de la description, il risquait de dénoter avec les mondanités parisiennes. Alors le jeune sire lorgna un moment l'entrée avant d'abandonner sa monture à un abreuvoir et pousser la porte comme semblait l'y inviter celui qui devait faire office de portier...
" Salve, sieur, on m'appelle Amédée le Lion. J'ai rendez-vous avec l'un de vos habitués... mais il se fait tard, peut-être aurai-je à patienter. Je vous serai gré de me présenter le patron. Il devrait pouvoir me renseigner. "
Une fois la porte passée, le jeune étranger ne put que se laisser enivrer par le raffinement obscur des lieux et leur atmosphère parfumée. Parmi toutes ces colonnes aux charmes antiques et autres donzelles aux moeurs légères, il lui sembla alors avoir délaissé les ruelles mornes pour pénétrer en cet Orient lointain, celui que lui avait si souvent raconté son défunt paternel.
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