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[rp fermé] Des prémices au passage à l'acte

Leozan
[Cave, Jour 5]

J’oscille
Je vacille
Ma réalité se consume entre Elle et elle.
Tissant le malheur constant, mes yeux si grands sont livrés à la mort nue, telle qu'elle n'a jamais été vue. Habité par des pensées morbides, mon cœur a été dévoré par les hyènes d'une forêt hors temps. Maudite d'une beauté maléfique, mon âme a été enlevée par les démons des ténèbres les plus profonds.

Mes tortures sont douces et raffinées, mal subtil qui recherche l'âme féline.
Je suis maîtresse de la douleur. Je me joue de la sienne dans un enchantement jouissif.

Ma pitié est sans égal
Je voudrais donné ma vie pour l'Ange. Je souffre avec lui, je pleure et je supplie pour lui.

Douce Jade, Cruelle Leozan
L'une sautille, l'autre s'impose.
Jeu de dupes que la maléfique emporte.
J'ai relégué loin la Pucelle, le mal que je fais l’empêchant de refaire surface. Je jubile sur mes victoires. Bientôt je serais totalement, entièrement, vouée au funeste.
L'Ange est à moi, il m'appartient désormais, au diable la compassion de l'innocente. Auprès de moi, le Chat deviendra chaton, le félin aura du mal à miauler autre chose que sa douleur. J'exulte !

Je possède ce pouvoir de corrompre le jugement, la raison.
J'ai les traits de la noirceur, les sourires s'effacent devant moi, meurent sans laisser de trace.
Je m'avance vers Lui d'un pas sûr, la tête haute et digne, les prunelles toisant et narguant.
Je ris, certaine de mon fait. Qu'il appréhende la prochaine torture qui le fera hurler, supplier, moment d'apothéose qui sera mien !
Je suis si proche, mon corps se colle contre le sien. Arrogant. Aguichant. Tentateur.

_________________
--Adryan
[Cour des miracles, Jour 5]

Les pas du Castillon avaient résonné sur les pavés les plus sordides de la capitale, questionnant sans relâche les visages édentés et noirs de crasse. Si s’égarer dans cette fange infecte n’était déjà pas suffisamment pénible, il s’écorchait à chaque fois qu’il devait extirper de sa mémoire les traits du Comptable pour en faire une description précise, camouflant avec difficulté les grimaces que le simple souvenir de sa bouche lui arrachait dans un magma pervers de désir et de dégout. Pourtant entêté, il poursuivait sa quête, tenace à refuser d’échouer, réfractaire farouche à laisser son ennemi pourrir lâchement au point de laisser la victoire entre d’autres mains que les siennes. Sournois aussi, de vouloir, coute que coute, se régaler du visage du Flamand se tordant d’écœurement en apprenant avoir été retrouvé par lui. Grâce à lui. De devoir l’en remercier. Rien que d’imaginer la bouche comptable se distordre pour égrainer un simple « merci » était une motivation que rien n’aurait pu égaler. Pourtant, le découragement de la vacuité des premiers jours aurait été compréhensible. Rien. Aucune trace d’Alphonse, comme s’il s’était volatilisé dans un simple claquement de doigt. Pourtant la veille, alors que malgré lui l’espoir vacillait, planté au milieu des ruelles fétides où les aveugles de la cour de miracles retrouvaient la vue dès la tombée de la nuit pour ripailler avec les amputés dont les jambes se déployaient miraculeusement sous leurs loques, sa manche avait été tirée.

Extirpé de ses pensées, son regard froid c’était posé sur une touffe rousse chahutant un nez retroussé piqueté de taches de son. Son premier réflexe avait été de croire à un énième môme trainant dans les rues pour faire la manche, apitoyant les rares nantis d’un regard faussement implorant. Mais avant qu’il est pu l’envoyer rejoindre la bouse des pavé d’un revers agacé, le gamin pétulant avait lancé.


« J’ai vu moi. Vingt écus et j’vous dis. »


Le Castillon, sceptique, avait d’abord cru à une manigance malicieuse pour lui soutirer de l’argent, le petit rouquin l’ayant certainement entendu questionner à droite et à gauche. Pourtant, Adryan devait bien admettre que c’était bien la seule piste éventuelle depuis deux jours sur laquelle, même infime, un espoir reposait. D’un regard à Hubert l’ayant rejoint entre temps, les deux hommes d’un simple hochement de tête s’accordèrent que la possibilité d’un seul indice quand ils n’en avaient aucun, valait bien la somme demandée. Aussi, d’une poigne ferme, le môme avait été tiré à l’ombre d’une porte cochère, dix écus fourrés dans la main, la promesse des dix autres une fois l’histoire narrée. Et le gamin, sourire malicieux au coin de la bouche, avait raconté.

Accroupi dans un coin sombre pour jouer aux osselets, il avait relevé le museau quand l’un de ses jouets avait décidé de prendre le large sur le pavé. Rageur et impuissant, il avait assisté au spectacle d’une botte trop bien cirée butter sur l’osselet et le projeter dans une flaque de boue. Furieux, il avait regardé l’homme, et si l’envie lui avait tordu le ventre de dire ses quatre vérités au bourgeois indélicat, il s’était figé, se recroquevillant encore davantage dans l’ombre quand la riche carcasse s’était effondrée devant les yeux de la donzelle qu’il venait de percuter. Un homme grand et fort, une donzelle au regard apeuré. Les deux avaient fui sans demander leur reste, le bourgeois chargé comme un sac de blé à l’épaule puissante, ne laissant dans leur sillon qu’une chausse égarée. Adryan avait soupiré en tendant les dix écus dus. Si à présent il avait appris que le comptable, pour une raison lui échappant, avait été enlevé, le môme ne donnait aucune description assez précise des deux complices. Les hommes grands et forts, les donzelles, même jolies, grouillaient dans ces rues infâmes. Pourtant malgré les vingt écus donnés, le môme retendit la main. Si le Castillon avait froncé les sourcils, il avait néanmoins déposés dix pièces de plus dans la petite paume crasseuse. Le colosse aimait trainer avec les putains sévissant rue des Deux écus, à l'angle de la rue des Marmousets.

Il n’avait pas fallu longtemps pour que le petit groupe de traqueurs se perde jusqu’au bordel infâme, et encore moins de temps pour qu’une catin affublée d’une robe improbable aux couleurs criardes ne soit attirée par la richesse de la vêture de Castillon. Elle n’avait pas eu à écarter les cuisses pour gonfler sa bourse maigrelette, mais juste à faire marcher un peu sa cervelle pour remarquer qu’un truc clochait ces derniers jours. Le Taranis, toujours fauché comme les blés, dispersait des pièces d’argent à tout va. Avec quelques pièces de plus dans la bourse courtisane, le portait s’affina. Si les détails de ses traits grossiers, de ses dents noires et de la vigueur de son gourdin n’étaient pas assez précis pour le reconnaître, la description des tatouages à ses bras fut une aubaine de taille.

Depuis lors, sans répit, dispersés dans la cour des miracles, les traqueurs scrutaient avec une attention renouvelée chaque homme répondant au signalement de la putain, faisant fi de la fatigue quand tout semblait à ce point à portée de main après tant d’errances infructueuses. Et enfin, là, devant les yeux épieurs d’Adryan, un homme au cou de taureau se dressait, les chicots noirs et surtout, les bras encrés de tatouages dont les motifs avait été décrits par la bouche courtisane. Les regards des deux hommes se croisèrent, un moment infime, et idiot, le colosse signa ses aveux coupables, chassant les doutes résiduels en prenant la fuite.

LUI !
hurla le Castillon un moment oublieux qu’Hubert passait au crible la rue adjacente. Et sans ne plus penser à rien qu’à ce dos puissant s’égarant dans la foule, il étira sa course d’une vélocité déterminée. Hargneux de ces jours perdus à débusquer un vulgaire gueux, il renversait dans sa course effrénée les étals encombrants tout autant qu’il bousculait les badauds imbéciles ayant la mauvaise idée de rester sur son chemin quand pourtant il leur braillait de s’écarter. Le dos traqué restait enferré au regard castillon, dos trop large peut-être pour être assez rapide face à la silhouette déliée du noble. Et le dos fut là, à portée de bras. Animé d’une ardeur furieuse, Adryan bondit pour s’écraser sur le colosse, l’élan les projetant avec fracas en une masse informe de corps entremêlés sur le pavé.

OU EST-IL ? Le rugissement bouillonna alors que le poing ganté déjà se levait pour cogner le visage puant se retournant vers lui.
--Taranis
[ Cour des miracles Jour 5 ]

Quelques secondes. Une poignée de secondes avaient suffit pour que le bourgeois le repère. Taranis se doutait que quelqu'un l'avait vendu. Nombreux sont ceux, jaloux de la bonne fortune des uns, très pressés de rétablir la normalité, c'est à dire la médiocrité pour tous. Le colosse étant un sale enfoiré, la justice divine ne tarderait pas à tomber...
Le colosse s'était précipité, fendant la foule comme un bateau les flots. La gens de la cour ne faisaient rien contre son destin, qu'il puisse s'enfuir ou se fasse rattraper. Le castillan cria, il avait sûrement des complices dans le coin, Taranis, en jurant, courrait de plus en plus vite, faisant valser les gens pas assez véloces, et des étals de fruits dans l'espoir de ralentir son adversaire. De plus, il connaissait bien le dédale des ruelles de Paris.
S'il arrivait à fuir, la donzelle pourrait continuer son œuvre et lui continuerait à recevoir sa manne quotidienne de pièces d'argent qui lui assuraient depuis quelques jours un quotidien extraordinaire, à ses yeux. Mais lui, n'avait qu'une parole.

Puis, la Castillan tenta une manœuvre quelque peu dictée par la rage et le désespoir. S'il était plus rapide que Taranis, ce dernier était puissant. S'il arrivait à l'isoler dans une ruelle sombre, il pourrait le tabasser à son aise, avant de lui faire craquer le cou. Mais, il se jeta sur le colosse, qui, déséquilibré par un pavé déjointé, roula par terre.

OU EST-IL ?

La colère, la rage d'un homme en train sourdre à travers des paroles. L'esprit pervers de Taranis, qui se savait plus fort que le bourgeois, commença à réfléchir à la manière de se jouer de lui. Il pourrait lui raconter des conneries, nier, jouer l'imbécile, ou ... le provoquer. Il trouvait anormal une telle fidélité envers un homme, une telle douleur dans la voix... Un sourire moqueur étira ses lèvres. Il susurra, avec une gestuelle efféminée...


Mais... Qui donc?

Il avait parlé avec toute l'ironie, une pointe de sardonisme et avec une lueur narquoise dans les yeux. Le point ganté se leva, et il sentit une onde de choc dans la mâchoire, le laissant à moitié sonné sur les pavés, secoué par un castillan de plus en plus furieux, répétant sa question. Il se concentra, et répliqua à son tour de toutes ses forces. Les coups pleuvaient, Taranis essayait de briser son adversaire en usant de toutes les manoeuvres déloyales qu'il connaissait. Il administra son énorme point dans l'estomac, et regarda l'homme au sol. Pour avoir osé le frapper, il allait payer... il se prépara à lui broyer l'entrejambe à son aise, avec un sourire amusé...
Camillle_
Besoin de prendre l’air, de retrouver la clarté du jour loin des flagrances sensuelles et enivrantes de l’Aphrodite, loin des préoccupations qui accaparent l’attention de tous les habitués du Bordel. Entre ces murs, le chaos règne et malgré le silence qui pèse, les murmures s’envolent, tant et si bien que la disparition du comptable était devenue la préoccupation de tous, ou presque. Revêtue de braies, d’une simple chemise, sa chevelure cachée dans le col, Camille se fond dans la masse, cachant ainsi sa condition féminine à travers un accoutrement masculin qui ne lui causera aucun maux.
Depuis l’aube, ses pas s’enchainent sur les pavés putrides de la capitale. En effet, à l’heure où les courtisans s’enlisent dans les étoffes afin de récupérer de leur nuit, c’est seule qu’elle décida de quitter les murs pour retrouver l’Orphelinat et échanger quelques paroles avec sa sœur. Et c’est le cœur lourd et les yeux encore brillants et rougis que la courtisane s’aventure jusqu’à la Cour des Miracles. Passage obligé pour rejoindre l’Aphrodite, coupe gorge inévitable pour retrouver la sécurité du bordel, Camille reste néanmoins sereine car depuis sa jeunesse, cet accoutrement lui avait évité les foudres de quelques hommes mal attentionnés.

Néanmoins, si son apparence et son mutisme la rendait transparente aux yeux de tous, ces iris quant à eux, ne loupaient rien de ce qui se tramait devant elle. D’ailleurs, le pas se fige quand elle reconnait les traits et l’allure d’Adryan qui court à toute jambe. Aussitôt interloquée, elle s’empresse de suivre le pas afin de comprendre la scène. Le souffle court, déterminé, elle observe son mentor poursuivre un homme dans les ruelles de Paris, bousculant gueux et passants sur son passage.
Rien ne semble l’arrêter et la serveuse, essoufflée, peine à les suivre jusqu’à ce que finalement, Adryan finisse par arrêter l’homme en question. Le choc est brutal et sous ce dernier, les deux hommes chutent au sol, créant aux alentours un rassemblement qui aussitôt lui rappelle la Fosse. Inquiète pour le sort de son mentor, non qu’elle le porte spécialement dans son cœur, Camille les rejoint et observe la scène. Devant elle, les coups sont échangés et malheureusement, aucun ne semble prendre le dessus sur l’autre. Pourtant, il lui faut agir car si tous se plaisent dans le spectacle, la serveuse quant à elle ne peut se résoudre à rester là, stoïque alors que devant elle, un membre de l’Aphrodite reçoit coups et injures.

Ainsi donc, elle s’écarte un temps, repoussant les autres qui s’amassent tel des sangsues et c’est sans véritable réflexion qu’elle s’empare d’une planche de bois qui trainait deux perrons plus loin. L’adrénaline habitant son être, la jeune femme s’avance et pénètre dans la masse jusqu’à percevoir distinctement les deux combattants. Ainsi, le cœur battant à la chamade, le bras se lève et l’esprit, troublé, doit néanmoins faire preuve de dissuasion pour ne pas toucher Adryan. A côté d’elle, les individus se poussent, surpris par l’initiative féminine et pourtant, Camille ne perçoit que ces deux hommes et la pression qui échauffe ses tempes. Soudain, le coup s’abat avec force sur le crâne du coupable dans un bruit quelque peu étrange. Les yeux écarquillés, le souffle coupé, elle se contente de plonger son regard perdu dans celui d’Adryan. Si ce dernier semblait surpris, ce n’était rien comparé à Camille qui était loin d’imaginer la force qui résidait en elle. Restait à savoir si la surprise venait de son action , de sa tenue ou du simple fait qu'elle lui avait évité de finir eunuque...

Adryan…Vous…Je….Vous allez bien ?...

Troublée, l’adrénaline estompée, la raison à nouveau présente entre ses tempes, elle relâche aussitôt le débris de bois à côté du corps inconscient et s’approche de son mentor afin de l’aider à se relever.

Bandes de charognards…

Puis s’adressant à la foule, la jeune femme se fait froide et méprisante. La foule, les voyeurs, c’était tout ce qu’elle détestait, ces visages qui dubitatifs ne semblaient vibrer et exister que par le malheur qui pouvait naître devant eux. Elle n’avait jamais reussi à comprendre cet intérêt, ce goût malsain qu’on les autres de s’intéresser aux combats, au sang et à la souffrance…Combien de combats avait-elle refusé de voir alors qu’elle travaillait à la Fosse, combien de fois son ventre s’était tordu devant cette incompréhension et cette perversion. Mais désormais, le spectacle, c'est elle, c'est eux…Et loin d’apprécier l’idée d’être une attraction, la Transparente montre les crocs.

Il n’y a plus rien à voir….

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--Adryan
[Cour des miracles, Jour 5]


Si la provocation ironique n’avait que décuplé l’ardeur du Castillon à écraser son poing sur la raclure, elle le gonflait en outre d’une certitude plus grande encore d’avoir mis le grappin sur le coupable quand un innocent aurait écarquillé des yeux ronds d’incompréhension à sa question. L’homme était perfide et terriblement fort, le genre d’homme qui donnait envie de cracher malgré tout la bonne éducation reçue. Si un temps Adryan cru avoir pris le dessus, le poing s’écrasant à son estomac lui coupa la respiration avec une telle fureur que sous les paupières clauses du noble, se mit à danser une nuée de taches multicolores.


Idiot ou inconscient qu’il avait été de ne pas dégainer son épée quand il en avait encore l’occasion. A cet instant là, le noble patrimoine reproducteur n’aurait pas frémi de voir toute possibilité de descendance anéantie, si toutefois là se trouvaient les préoccupations du brun, mais le gueux serait déjà à genoux à implorer la clémence, sa vilaine dextre gisant incongrument détachée du poignet où la logique l’avait accrochée à la naissance. Mais il était bien trop tard pour les regrets, et dans un sursaut rageur, la senestre gantée tâta le sol, avide d’une pierre à saisir. Et alors que les doigts accrochaient une rugosité prometteuse, le lourd corps s’affala sur lui, inerte, l’écrasant de tout son poids. Un instant stupéfait, sans encore comprendre ce qu’il s’était passé et les forces lui revenant, il frappa encore les flancs flaques avant de finalement repousser difficilement le corps dans un rugissement outragé. Se redressant sur les coudes, il resta coi, quand, au lieu de visage d’Hubert qu’il avait imaginé découvrir, ce fut le minois de Camille qui s’offrit à son regard médusé. Camille, la petite donzelle timide et apeurée qu’il devait former à l’art courtisan. Muet d’ahurissement il accepta son aide pour se relever, épaté par sa hargne et sa volonté. Et alors que la foule curieuse s’éloignait, dépitée du spectacle avare de sang et bien trop vite abrégée, Hubert arrivé sur les lieux, s’activait déjà à lier les poignets et chevilles du taureau dans des gestes tout professionnels tandis qu’un homme de main était envoyé chercher un cheval.

Debout, courbaturé il toussa avant de pouvoir enfin ânonner Merci, en direction de la brunette, mot bref s’il en était, mais empli d’une sincérité affluant jusqu'à ses prunelle grises. Ca va. Puis fronçant les sourcils, soulagé que la traque soit enfin terminée, rit nerveusement tout en grinchant sous la douleur irradiant encore son ventre. Vous n’êtes décidément pas experte dans l’art de vous mettre en valeur. Puis se glissant à son oreille lui murmura, gentiment taquin, Mais même affublée comme vous l’êtes, vous voyez, vous savez renverser les hommes.

Le reste fut rapide et silencieux, le corps inanimé et ligoté nécessita trois paires de bras pour être hissé sur la monture, et en chemin pour rejoindre l’Aphrodite, les regards trop curieux se voyaient rembarrés de laconiques « trop bu » quand celui intrigué du Castillon se posait régulièrement sur la silhouette bien surprenante de Camille.

Alphonse_tabouret
[A la cave, Jour 5]


Chat de faïence, attablé pour cette séance désormais coutumière où la folie de Leozan allait et venait le long des écueils effilés qui écornaient ses tempes malades, frôlant tantôt l’aberration des caresses qu’elle dispensait à son propre ventre pour s’en désintéresser au profit de la douleur mordant la chair encore vive, il perçut le corps chaud de sa geôlière se glisser contre lui, et releva un regard trouble vers elle, volontairement perdu, égaré plus qu’il ne l’était, laissant l’éveil perçu par sa main fracturée prendre forme derrière le masque qu’on lui faisait porter depuis cinq jours et qui lui en semblaient cent quand le corps s’enhardissait sous les assauts des cuisses chaudes et moites de sensations qu’elle refermait sur lui, traitre machine dont les mécaniques étaient à ce point automatiques qu’il percevait un dégout de lui-même à chaque auréole de lucidité. Dessiné au ventre encore jamais offert de la brune quand il lui aurait été si simple de se l’approprier aux abords de l’état instinctif dans lequel elle le plongeait, il enferra discrètement le pouce meurtri de ses doigts, déchirant ses nerfs d’une souffrance aiguë venant éclaircir l’horizon, suffisamment pour que la main valide ne les amènent toutes deux à gagner les hauteurs du visage féminin avec une lenteur cotonneuse et se pose à la joue pour en épouser la forme juvénile dans un sourire aux saveurs de mandragore, laissant un filet de voix rauque s’échapper de la gorge engourdie du jeune homme.

Plus, demanda-t-il au corps arc-bouté sur lui, approchant les lèvres pleines de la donzelle pour les effleurer des siennes, sèches, affamées d’ailleurs, rejetant méthodiquement dans un effort plus surhumain que tout le reste, l’envie de déchirer de ses dents la gorge qu’il gagnait avec une maladresse embrumée qu’il ne surjouait presque pas. Les baisers s’essaimèrent au col dont chaque bruissement de l’insupportable respiration plantait ses griffes dans ses résolutions, fauve guettant le moment qu’il avait choisi pour se libérer, veillant à avoir l’apparat de l’agneau jusque dans le désir falsifié qu’il soulignait en se redressant, affirmant aux cuisses femelles la raideur qu’elle avait suggéré. Les mains se firent plus hardies, cachant dans ce soubresaut de vie que justifiait un possible plaisir abandonné, une pression plus assumée, glissant toutes deux derrière la tête de la donzelle et, suivant la courbe légère de la nuque par le filet de ses menottes, la tirèrent délicatement contre lui jusqu’à ce que les corps se plaquent et que les souffles se mêlent dans un baiser qu’il jugea maladroit tant par sa faute que par le manque flagrant de savoir faire de sa tortionnaire.
Il lui accorda une seconde, une seule, où, les bouches se déliant, ce furent aux regards de se confronter dans la fraicheur de cette promiscuité qu’elle ne cessait de provoquer sans jamais oser franchir le pas de la consumation, animal blessé qui souhaitait pouvoir se repaitre des prunelles qui rétréciraient dans le choc de la surprise, de cet air suffoqué qui fleurirait jusque dans les dessins de ses traits lorsqu’elle accuserait l’évidence , et attardant un sourire qui pris les plis radieux d’une morgue jubilatoire, se décida à sortir les griffes soigneusement retranchées.
Malmené ce qu’il croyait une dernière fois, il donna un coup sec de l’épaule libérant dans le mouvement imposé la main désormais délestée de l’arrondi de l’os la privant de liberté, et soudain englouti par une vague d’adrénaline blême, ne s’accorda qu’un geste vif pour enrouler la chaine autour du cou gracile et basculer Leozan au dos au matelas sur lequel se dessinaient désormais autant de taches de crasse que d’éclaboussures de sang. Enroulant les mailles d’une torsion à son poignet pour s’assurer la meilleure prise possible, il délaissa la douleur lui cisaillant le bras jusqu’à agiter son effort de tremblements incontrôlables et, un genoux calé sur le ventre de la pucelle, serra sans plus aucune pitié, la corde de fer autour de sa gorge, inconscient, enragé, sur le fil fantasmé d’un espoir aux couleurs d’un dernier râle, d’une libération qui ne viendrait que par cette absolution là.


Crève. Crève. Crève.

_________________
Leozan
[Cave, Jour 5]


Folle je suis, folle plus encore je veux être.
Ce corps contre le mien. Homme. Chose encore inconnue pour moi.

Au delà des limites
Au delà de ce que je sais être bon pour moi
Je me glisse dans un état d'attente et de folie. La folie qui me guette et me pointe du doigt
Comme si elle leur disait à tous, la voilà, celle qui sera parmi nous
Parmi eux qui ne voient que le pire à l'intérieur de moi.

Regard trouble qu'il pose sur moi, lèvres au souffle chaud qui .....
Obsession, folie, détresse, peur, désir, envie
J'ai envie de te sentir en moi, durcir et me désirer
Prendre mon corps dans un élan de pouvoir et de possession
Me sentir tienne, agripper tes cheveux, te regarder dans les yeux
Embrasse-moi, pénètre-moi, viens en moi. Fais-moi jouir et me sentir femme.

Ma folie est au delà de mes limites, j'oscille entre le rouge et l'indigo
Entre la pucelle et le chaos
Le délire est audacieux, le délire est merveilleux
Il m'entraîne loin, si loin que le souffle me manque .....
Mes jades s'écarquillent, surprise à laquelle je ne m'attendais. Mes lippes s'entrouvrent, happant l'air tel un poisson hors de l'eau. Une main tremblante se porte à ma gorge, cherchant à se défaire de cette chaîne maudite. De ce genou. La peur, la panique, s'emparent de moi.
J'étouffe, je suffoque, déjà un voile se teinte devant mes mirettes

Ho ! Tu vas pas lâcher comme ça !
Leo bon sang réagis !


Lâcher ? Moi ? Jamais !!
Un sursaut de concret, une perle de réalité, une évidence, un fait !
Leozan mourir aussi bêtement ? Cela ne se peut. Réfléchir, faire abstraction de la frayeur, de l'affolement de mes sens. Pas facile quand l'oxygène et le temps vous manque.
Mes jambes s'égarent, cherchant à taper dans n'importe quoi, juste un bruit, attirer l'attention de Taranis en espérant qu'il soit rentrer. Mais mes pieds ne trouvent que le vide.

Leooooooo !!!

Soubresaut de mon corps, ma main quitte ma gorge, pitoyable. Est-ce mon dernier soupir ?
Mon regard remonte sur l'ange de la pucelle, nul soupçon de pitié dans le sien. J'aurais presque envie de rire car moi non plus je n'en aurais pas eu. Pire encore, j'aurais relâché légèrement la pression, histoire de donner un infime espoir avant de serrer plus fort.
Mauvaise je suis, mauvaise je resterais ! Ne suis-je pas destruction ? Et lui, n'est rien. Rien de plus qu'un homme effarouché. Mes pensées s'emballent, quelques secondes à peine et mes doigts tâtonnent le sol, effleurant comme par miracle le broc d'eau. Ils s'y accrochent, s'y cramponnent. Dur sera la chute !
L'éclat de celui-ci sur le crâne félin émet un son que je vénère en cet instant. Je ne l'ai pas tué, pas encore, mais il est assez sonné pour que ces mains désserrent cet étau et que je puisse le balancer sur le côté. Me défaire de la chaîne. Inspirer à pleins poumons. Me relever pour retomber à genoux quelques secondes plus tard.

Espèce de raclure !

Ma voix est grave, brisée et à peine audible. Je déglutit avec peine. Cette fois, j'ai bien faillit y passer et je ne suis pas contente, mais alors pas contente du tout !
Ma main se saisit de la sienne, vous devinez laquelle ?, oui celle dont le pouce est déjà en miette. J'attrape deux doigts que je retourne si vivement que le craquement des os résonnent dans la pièce.
Je me redresse enfin, le regard emplit de mépris. Heureusement, l'autre patte du chat est toujours enchaînée. Je recule sans le quitter des yeux.

Taranis !!!

Mais où est passé cet idiot ?
Il sait pourtant qu'il n'aura le reste de sa paie d'une fois le travail achevé, jamais il ne laisserait passer une telle aubaine. Sa passion des catins peut-être ?
Je me laisse choir sur l'unique chaise de la cave, juste à côté de la table où sont posés les instruments de torture. Mes jades ne peuvent quitter le comptable, pas cette fois. Il ne m'aura plus.

_________________
Alphonse_tabouret
(A la cave, Fin du Jour 5)


Le broc éclata contre sa tempe, jetant sur une scène déjà trouble, un voile effervescent dont chaque parcelle avait l’éclat étrange de cette lumière éphémère que l’on ne perçoit que dans l’alcôve du noir, tache floue mais distincte auréolant chaque nerf assez longtemps pour immobiliser le geste, soubresaut fatal de latence entravant l’idée fixe qui avait germé dans les tempes félines. Chancelant, trop surpris pour crier même d’étonnement, trop fiévreux pour sentir l’eau glacée et le pourpre couler dans son cou pour gagner la clavicule en une rigole ensanglantée zébrant le blanc maculé de sa chemise, Alphonse attarda la déroute jusqu’à relâcher son étreinte et n’opposa qu’une faible résistance à la sortie précipitée de Leozan de l’étreinte qu’il lui avait réservé, poussé sans ménagement jusqu’à tomber sur le dos, proie incapable de se relever dans le ressac du décor quand la pucelle, furieuse, revenait vers lui, et s’il ne perçut pas sa main prendre la sienne, la douleur qui transcenda ses nerfs dans la seconde suivante, s’exhala dans un rugissement foudroyé crevant l’onde parcheminée dans laquelle ils avaient joué jusqu’à cette improvisation fauve.
Balayé, emporté, il échoua aux portes du vide, hagard, soumis à la tétanie de la chair dont on repousse les limites quand on avait franchi depuis bien longtemps celles que l’on soupçonnait à peine, et pétri d’une amertume blême, conscient mais ankylosé jusqu’à ne plus pouvoir décrisper la position fœtale adopté instinctivement par son corps, le chat se demanda quand il aurait enfin la satisfaction de s’évanouir comme au premier jour, à l’aube de l’apprentissage des seuils de tolérance, si loin encore des considérations de ce qu’était le repos au sein d’un carnage en huis clôt. Quand appuierait-elle assez fort pour que malgré les drogues et les soins qu’invariablement Jade viendrait lui donner en reniflant, il sombre définitivement, il chute enfin dans le calme moelleux de l’inconscience, dans l’ultime retranchement dont il était encore seul propriétaire?
L’angle étrange de ses doigts le laissa sans réaction quand la base de la main commençait tout juste à prendre les couleurs de la fracture, et ne comprit que la donzelle était encore là que quand elle appela Taranis à plein poumons, sagement distante, échaudée et refroidie, la colère et la frustration tissant un dessin si laid à son joli minois que le comptable arriva à étirer un mince sourire de satisfaction le long de sa mâchoire crispée. Il attendit, résigné à ce que les pas lourds de la brute ne descendent pour s’occuper de le ramener dans le droit chemin, de lui rattacher les mains après une punition qu’il ne manquerait pas de dispenser en hasardant ses talons au ventre ou bien aux cotes, épargnant à chaque fois le visage, comme si l’ordre avait été donné de garder intact ou presque, assez de lisibilité sur les traits félins pour se délecter de chaque envie d’agonie qui y poindrait. Mais il ne venait pas le colosse, laissant le premier rôle féminin s’appesantir de minute en minute sur son siège en découvrant la solitude au creux du silence, la méfiance intrinsèque à l’unicité, le poids d’être maitre et seul au sein de son royaume, l’effroi qui ne manquait jamais d’accompagner le vertige de l’abandon.
Taranis n’était pas là.
A l’unisson du vide qu’ils guettaient tous les deux, Alphonse se laissa couler sur le dos, premier mouvement contrôlé depuis de longs instants, et, les yeux se perdant sur les poutres épaisses qui longeaient le plancher du rez-de-chaussée, se mit à rire doucement, cruellement, nerveusement, le souffle chuintant prenant lentement du volume jusqu’à enfler sinistrement dans le poinçonnement d’une cote fraichement fracturée de la veille, entrecoupant le dessin mauvais de ses lèvres sèches d’une grimace douloureuse.

On dirait qu’il n’y a plus que toi et moi, chérie…

Le sourire accentua le pli torve qu’il avait pris jusqu’à dévoiler les crocs tandis que dans un silence retrouvé, il déployait son bras à ses onyx, perdu dans la contemplation de cette nouvelle liberté fracturée qu’elle était incapable de lui reprendre sans l’aide de son complice, rendant à l’animal trop de mouvements pour qu’il soit définitivement inoffensif, essaimant trop de possibles pour qu’elle ose s’approcher et déverser la bile maladive de ses lubies les plus délirantes.

On dirait que maintenant, c’est toi contre moi…

Enfant modelé, adolescent vicié, adulte corrompu, tout chez Alphonse l’avait mené à canaliser ses dévastations personnelles à l’écart du monde et à cet instant ci, le bouquet du sang en bouche, il se rendait compte à quel point la rage avait bon gout, et se gorgeait d’audaces à la simple envie de se mêler une dernière fois à la partie en cours, avant que l’escroquerie ne ramène le nombre des adversaires à deux.

On vous a posé un lapin ? demanda-t-il enfin sans détourner le regard des hauteurs de son point de mire, volontairement badin malgré la voix pâteuse, le sarcasme nu à même l’intonation, vaincu en devenir choisissant de porter ses oriflammes dans les dernières éclaboussures de son insolence, accueillant en guise de réponse quelques secondes plus tard, le claquement de la porte de son antre le laissant seul, son bourreau, vexé, remontant à l’étage.
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Leozan
[Cave, fin du Jour 5]

Je haïssais ce silence.
Je maudissais ce calme, cette tranquillité alogique.
Le silence est la voix des moments éternels, de ses yeux tout se révèle.
L'appréhension est mienne. Crainte d'un abandon certainement irréel.

Je fais fît des mots félins. Seul mon regard trahit cette inquiétude naissante.
Je quitte mon assise, la tête droite, glissant d'un pas qui se veut nonchalant jusqu'aux marches.
La porte claque derrière moi.
Je suis seule.


[Jour 6]

J'avais passé la nuit à l'étage, puisque finalement, la solitude et moi, c'est pour la vie.
Un lien indéfectible nous unit. Elle se sent bien avec moi, quelque part on se ressemble ça et là.
Elle aimerait se blottir dans mes bras, mais elle préfère rôder autour de moi.
Avec ses allures de tristesse, elle guette la moindre de mes faiblesses.
Fragilité devenant réelle devant l'absence de l'acolyte. Plus de mandragore sous la main, plus la moindre miette de pain. Je ne peux laisser le chat, prendre le risque qu'il finisse par faire ses griffes et s'échappe.

C'est un masque impassible qui garnit mes traits lorsque je rejoins la cave.
Je me veux calme, je me veux sereine. Un petit sourire parvient même à se dessiner sur mes lèvres.
Je reprends vie en même temps que je reprends place sur cette unique chaise, face à la couche de pailles.

La pucelle te prend pour un Ange, mais toi et moi savons ce que tu es

Un frisson me parcourt l'échine, remontant jusque dans ma nuque, envahissant lentement le bas de mon crâne, s’immisçant jusque dans mes tempes. Je tressaille.

Il l'est ! Vas-t-en, laisses-moi !

Je ferme les yeux, secoue la tête. Elle ne peut refaire surface, pas là, pas maintenant alors que ma tâche n'est pas accomplie !

Cette servitude t'aveugle ! Ouvres les yeux Jade !
Mensonges ! Tu n'es que mensonges !

Un grognement sourd m'échappe, fuse dans la pièce froide.
La sagesse tente de prendre le dessus. La destruction s'obstine.
Le combat en moi est dilemme, les assauts sont rudes, la bataille m'épuise.
Elle sommeillait aux creux de mon cœur, cherchant à sortir de sa torpeur. Plus je la sens se propager en moi, moins l'envie de la combattre est là.



Jade
Leozan
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Alphonse_tabouret
[A la cave, Jour 6]



La lucidité était peut être finalement un fléau dont il n’avait pas su mesurer l’ombre à sa juste valeur, embourbé dans les tentacules vénéneuses de la plante, assez drogué pour espérer l’éclaircie, trop pour se rappeler que les souhaits sont souvent à double tranchant.
Le Froid de la cave l’avait saisi premier lieu, amant aux mains humides qui s’était insinué à sa peau avant de gangréner aux premières heures de la journée, la chair délavée de ses artifices jusqu’au grelottement irrégulier des fiévreux qui oscillent encore avant de se laisser bercer à l’étreinte de la maladie. Les petites douleurs du quotidien s’étaient éveillées peu après. Chaque plaie, morsure ou coupure dispensées par Leozan et soumis à ses lubies de tortionnaire, s’étaient signalées par l’émergence de brulures, grattements et autres variations, pliant son corps à une myriade de sensations animant la palette des souffrances de supportables à irritables. Et enfin , la senestre, fermement enveloppée dans les minutes qui avaient suivi le départ de la pucelle d’un lambeau de tissu visant à tenir les doigts fracturés aussi droits que possible, ultime épreuve que l’épuisement avait engourdi au point de susciter les larmes mais pas l’évanouissement, pulsait à la façon d'un cœur affolé et répandait ses ondes insupportables jusqu'à l'épaule . La liberté octroyée par sa tentative infructueuse de la veille l’assurait que Jade, comme Leozan, ne l’approcherait pas tant que Taranis ne serait pas revenu, et il était prêt à miser tout ce qu’il possédait que ce ne seraient pas les soins qu’il recevrait dés lors que les deux complices seraient de nouveau réunis.
L’insomnie avait jeté son dévolu sur sa nuit, le laissant pourtant épuisé, sombrant quelques minutes à peine pour émerger en sursaut d’une réalité qui s’alternait de l’onde du rêve, paniqué à l’idée de se laisser surprendre dans son sommeil et de perdre aussi bêtement l’acquis chèrement payé dont il bénéficiait désormais, animal blessé dont les crocs n’aspiraient plus qu’à déchiqueter en guise d’adieux, résolu au sort qui l’attendait, feu troublé dont les contours s’effilochaient lentement dans ce qu’il ignorait être les dernières heures de la bataille.
Et finalement, c’était sa conscience qui avait fleuri en dernier au bourbier de ses tempes, rajustant à ses pensées la rage fauve de l’injustice, ne trouvant aucun apaisement à rejoindre ce Lion qui l’avait abandonné un an plus tôt mais éveillant tout au contraire l’amertume bileuse d’être amputé d’Etienne, d’avoir manqué ce rendez vous tant attendu avec Antoine, d’abandonner la gitane aux portes de ce qu’elle redoutait le plus… Ces visages déformés par des jours d’errance revenaient hanter une combativité affaiblie, et s’enroulaient, perplexes aux ramifications déformées de ses résolutions pour noyer l’animal dans un délire nauséeux, faits d’hallucinations moins irréelles et bien plus effrayantes que celles dont il avait été victime dans la folie de se geôlière.

Les pas dans l’escalier retentirent, l’amenant à tourner un regard vitreux vers la porte qui révélerait la donzelle à n’en pas douter au bruit qui lui parvenait, ramenant ses pensées à la carcasse de Taranis, se demandant s’il était rentré, s’il avait réussi à passer le seuil de son attention, s’il devrait affronter le regard jubilatoire de l’un et de l’autre tandis qu’il se soumettrait à leurs petits jeux macabres. Il cligna des yeux sur la silhouette gracile de la jeune fille, nervurée d’un agacement qui était visiblement croissant depuis la veille et qu’elle tachait de maitriser au mieux en affichant un visage impavide qu’il connaissait trop bien pour s’y laisser prendre. Instinctivement, ses prunelles descendirent aux mains d’habitude porteuses de la bouillie qu’elle lui descendait et à laquelle il s’était résolu même en la sachant contaminée, vaincu au troisième jour par l’inventivité cruelle de l’homme de main à la lui faire avaler coute que coute, les trouvant vides et pourtant messagères malgré elles d’une parenthèse qui s’attardait dans l’horizon malmené de cette bicoque poisseuse nichée sous l’aile obscure de la cour des miracles.
Taranis n’était toujours pas là.

La pucelle te prend pour un ange mais toi et moi savons ce que tu es.

Il se perdit quelques instants dans un silence contemplatif, s’égarant avec un certain contentement à la marque imposante que le fer avait laissé à la gorge femelle, l’observant frémir le long d’un combat qu’elle portait en elle et auquel elle le confinait en qualité de spectateur privilégié, devinant le tumulte qui la possédait sans éprouver la moindre compassion ni même jubilation à la voir vaciller. L’issue de la rencontre dans laquelle elle les avait engagés avait des accents de fatalité, bribes ayant jeté à la forteresse féline la paix d’une certaine résignation à laquelle il avait fini par se faire.
Lui, si taiseux, réservé à l’extrême dont le point des mots avaient le gout de l’alliage le plus absolu, avait il égrené dans leurs ballades le long de la mandragore, quelques détails sans s’en rendre compte, évoquant sa déviance, ou pire, la voracité qu’Etienne sublimait en lui au point de vendre à la folie, le nom de son amant ?


La pucelle est une imbécile, approuva-t-il dans un filet de voix en basculant sa tête contre le mur derrière lui sans la lâcher du regard. Si je pouvais me détacher, je lui exploserai le crane jusqu’à répandre sa cervelle au sol, poursuivit il sans faire osciller sa voix de la moindre vibration, égrenant là une simple vérité sur le ton de la conversation, butin d’une guerre à laquelle il ne pouvait rien, mû par une envie qui ne dépendait pas que de lui, mais aussi du fauve qu’elles avaient emprisonné en son sein.

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Leozan
Mes lèvres esquissent un sourire aux paroles félines.
L'idée en soit n'est que pure bonheur, si seulement je ne faisais pas partie de cette pucelle.
Je soupire, incertitude et frustration, quoiqu'il advienne de mes décisions, j'aurais toujours tort et j'en payerai le prix. Quel sera-t-il aujourd'hui ?
Le même que toujours, souffrance. Alliée à une étrange jouissance. Je vis dans la douleur, tous mes choix sont des erreurs.
Morte ou vivante damnée ? Je hais ces deux finalités !


Une imbécile qui ne veut que ton bien, qui te croit prisonnier du Mal et désire t'en libérer. Alors que moi, je veux juste me jouer de toi, te faire mal et y prendre du plaisir. La pucelle est un meilleur choix pour toi.

Pourquoi ces mots ?
Ironie ? Non.
Fatalité ? Non.
Dualité .... j'exècre ce mot, mais il est le seul qui convient à ce que je suis.
Une part animale, bestiale, de cette chair si fragile. Je lui en veux, je la jalouse !
Machinalement, mes doigts se sont enlacés les uns aux autres. Je les tortille, je les torsade, ils remuent et sautillent de douleur. Un cri m'échappe. Mes mains se séparent vivement, comme rejetées l'une par l'autre. Je les regarde, sans vraiment les voir. Mes jades s'éloignant d'elles, glissant jusqu'à l'Ange.


Pourquoi veux-tu me faire du mal ?

Je ne comprends pas, ma tête s'incline sur la gauche comme si cela allait répondre à ma question.
N'ai-je pas tout fait pour sortir le Séraphin du néant dans lequel il se trouvait ?
Ma voix est confuse, le ton est bas


Est-ce le persifleur qui t'a fait tout cela ?


Je me tais, prononcer son nom ne risquerait-il pas de l'attirer ?
Doucement, lentement, je regarde à gauche, ensuite à droite, scrutant le moindre recoins.
La peur s'insinue peu à peu, je le sais, je la sens. Trace brûlante s’immisçant en moi, je tressaille, j'ai froid. Pourquoi s'en prendre à lui et non à moi ? Mes mirettes reviennent sur le Saint, je déglutis.


Est-il encore
là ?
Boucles-là !

Un hurlement fuse. L'affolement, l'épouvante m'a fait choir de mon assise. Des larmes de terreurs s'écoulent le long de mes joues, je me recroqueville, les genoux serrer entre mes bras, me balançant d'avant en arrière.

Aidez-moi .....


Murmures à peine audibles, je tremble, je frissonne.
L'intimidation du Mal s'infiltre dans la moindre parcelle de mon esprit. Se faufile dans chaque pores de mon corps. Mon bercement s'intensifie alors que de mes lippes s'évade un unique son cherchant à me soustraire à cette réalité.


Jade

Leozan
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--Adryan


[Pendant ce temps, entre l’Aphrodite et une cave de la ruelle Saint Sauveur]

Les cris d’effroi de Taranis avaient ébranlés les murs de l’Aphrodite, mais le silence mortuaire qui avait suivi s’était englué de plus d’épouvante encore. Pourtant, chaque membre du luxueux lupanar ne laissait trainer que des brides de regards duplices, sans jamais s’appesantir sur ce que tous devinait. Parce que c’était comme ça. Parce que rien d’autre n’aurait pu être envisagé que cette issue là. Simplement. Sous leurs vêtures soyeuses, sous leurs mains envoutantes et leurs baisers extatiques, les courtisans de l’Aphrodite dissimulaient des natures bien plus noires qu’il n’y paraissait ainsi qu’une volonté sans faille, sournoisement distillée sous des apparences volages au point que certains imprudents, dont le pourceau, raillaient les mœurs déviantes. Pourtant le pourceau gisait à présent dans son sang d’énucléé. Le choix de la mise à mort brillait d’un sarcasme magistral.

Dans le silence pesant, la voix d’Etienne avait enfin retentit, forte et sans concession, et Adryan avait délaissé Sybil d’un baiser sur le front pour arpenter le pavé parisien avec le Griffé. Mais cette fois ci serait la dernière, sachant où tout finirait. Connaissant le lieu de l’injure impardonnable portée au sein même de leur famille boiteuse. Les bottes des deux hommes ombrageux claquaient, rapides, implacables de détermination, indifférents à l’agitation burlesque qui pourtant cherchait à ralentir leur progression. Cote à cote, ils restaient taiseux, n’ayant plus rien à dire quand seules quelques enjambées dérisoires les séparaient du dénouement et les soulagerait de l’attente insoutenable. Sursaut féroce de force et de concentration quand le gout galvanisant d’une prémonition victorieuse inondait leurs bouches. Tout était prévu, même la voiture discrète qui contournait la Place de Crève pour les rejoindre.

La ruelle saint Sauveur, sordide et infecte, illustrait à elle seule la violence émétique des bas fonds de Paris. Mais qu’important, quand au bout de l’impasse miteuse, calfeutrée dans un recoin se tapissait une masure sombre.

Là.

D’un simple regard échangé, les deux hommes y pénétrèrent, une odeur de renfermé et d’herbes sèches leur piquant les narines. La pièce était étriquée et sur la table de bois s’agglutinaient, à la lueur faiblarde de l’âtre mourant, pillons et mortiers. Mais les deux hommes n’eurent pas le temps de respirer la démence saturant l’air que des éclats de voix résonnèrent sous leurs pieds. Une voix de femme.

Le martellement affolant des deux paires de bottes dévala l’escalier, et la porte de la cave s’ouvrit à la volée sous la puissance d’un coup de talon…
Alphonse_tabouret
La torpeur qui lui creusait les tempes lui imposa quelques instants de silence, alternative néfaste au creux des ondes d’excitations hirsutes qui agaçaient sa chair sans qu’il puisse y faire quoique ce soit, refusant le sommeil, tenu par une panique brutale d’être à la merci de la pucelle dont les états d’âme s’alternaient de plus en plus vite, au pied d’un mur qu’elle-même ignorait comment franchir. Le sommeil qui lui avait toujours fait horreur, gouffre noir solitaire dans lequel on n’était plus confronté qu’à soi avant que Morphée ne daigne s’appesantir au front fatigué, prenait des allures molossoïdes, amenant le parfum de la peur à celui de la nausée, illustrant de nouvelles tumeurs une grève déjà souillée par la pantomime qu’il avait du suivre jusqu’à la laisser étouffer de ses doigts grêles ce qu’il aurait pu être.
Jade ou Leozan, qu’importait le masque que portait la donzelle accroupie à quelques mètres de lui, avait réussi à anéantir la curiosité naturelle que le chat avait spontanément entretenue à son attention, et ne laissait qu’une froide observation sans filins tendus vers les possibles, dénervant les tempes pour le confronter à une vérité dont il ne doutait pour l’instant pas : Il savait tout ce qu’il y avait à savoir sur elle. Dénaturée par les drogues ou au fait d’un examen frissonnant des prémices du manque, elle apparaissait comme un magma épais dont l’insondable désordre ne l’amenait qu’à des certitudes quand les siennes se fendillaient sous ses yeux sans faire naitre aucun futur, condamné à cette cave dans une perpétuité macabre à laquelle il avait fini par se résigner.

Le bruit à l’étage écorcha le silence posé entre eux, crispant la mâchoire féline du gout ferreux du sang, l’agitant, animal mis en cage que l’inéluctable amenait à la révolte impuissante, même au travers du mètre qu’il avait gagné en mouvement, conscient que ce n’était ni son gabarit, ni sa main cassée qui viendrait à bout de Taranis dès qu’il entrerait dans la pièce. Il se força à garder sa pose, assis, adossé au mur dont la froide humidité avait fini par ne plus se faire sentir à sa peau glacée d’un début de fièvre, les bras tendus jusqu’à prendre appui sur les genoux, les mains pendantes à l’angle des poignets rageusement entaillés par les chaines, quand il crevait instinctivement d’envie de se tasser sur lui-même, les prunelles soucieuses figées sur cette porte qui restait encore fermée, porteuse d’un avenir qui n’avait rien de radieux, si ce n’était le bref divertissement à saisir quand l’épais colosse verrait la marque désormais brunâtre incrustée à la gorge de la donzelle, collier offert en guise d’adieux, reléguée à un simple au revoir. L’escalier retentit d’un tumulte inhabituel et étira la propension du chat à ramifier les horizons, réflexe plus vibrant encore que les effluves de la mandragore à sa chair, comprenant que l’homme de main n’était pas seul. Les onyx dévièrent sur la silhouette femelle pour chercher dans son attitude la réponse à son interrogation pour savoir s’ils étaient deux à être surpris ou si elle jubilait d’une de ses rages mauvaises qui fendait son visage d’un sourire éclatant quand elle se laissait aller à ses envies les plus emphatiques... La porte s’ouvrit à la volée, fauchant l’observation avant qu’elle n’ait eu le temps d’aboutir, et Alphonse se figea jusqu’aux os, en reconnaissant la silhouette intrusive, statufié d’une surprise à ce point pleine qu’elle emplissait chaque espace, mêlant à l’étonnement, un soulagement plus terrible encore que tout le reste.


Adryan était tout ce qu’il détestait et si l’inimité qui les liait aussi étroitement s’était étoffée d’un désir gouté au prix de la colère la plus fatale au lendemain des instants fiévreux qui les avaient dépassé, il n’en restait pas moins cet imbuvable nobliau, cet insupportable parasite dont le duel s’éternisait à la lisière de leurs répulsion mutuelle, et pourtant à cet instant ci, sa seule présence fracassait au corps endolori du chat, une onde de sérénité qui étira à ses lèvres un sourire débordant de reconnaissance, bien loin de la rage qu’avait prévue le Castillon, abandonnant le chat aux portes d’une fin qu’il n’avait même osé envisager. Balayé et emporté par cette apparition inattendue, ce fut tout son corps qui s’engourdit de bonne grâce d’une légèreté aérienne, soulevant ses épaules d’un hoquet crispé avant de devenir un rire quasi inaudible, perdu, égaré dans la libération soudaine de cette issue inespérée, frottant de sa main valide ses yeux fatigués avant de les reporter sur le nobliau, le regard errant à la bordure de la pièce, convaincu que ce serait la silhouette d’Hubert qui s’en détacherait et que ce serait son regard à la fois apaisé et réprobateur auquel il trouverait à se raccrocher.

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Etienne_de_ligny
Le silence est pesant et pourtant les mots sont inutiles. Concentré, l’esprit ravagé par des images plus insoutenables les unes que les autres, le Griffé s’enlise dans la rage et l’angoisse. Dans sa hâte, il avait pris soin d’essuyer ses mains maculées de sang mais sa chemise, quant à elle, portait encore les vestiges de son massacre et de sa Déraison. Qu’importe la souffrance qui avait rongé les os, la chair et l’esprit de Taranis, cette dernière ne sera que pure douceur pour cette raclure. Arrivé non loin du repère, le palpitant du courtisan s’emballe et une grimace s’affiche, brisant l’impassibilité de son masque d’argile. Un coup de pied dans la porte, des marches avalées avec hâte et finalement une pause brutale. Sous l’odeur qui lui arrache les naseaux, c’est la pause d’Alphonse qui le saisit et étreint avec force ses tripes. La chemise entrouverte, il aperçoit des plaies ci, éparses, plus ou moins cicatrisées…Le Griffé se précipite vers lui, effleurant son visage devenu pâle et terne, les doigts tremblant, la pulpe de ses doigts survole cette plaie à la tempe. Cerne, fatigue, poignets rongés et marqués par les fers, maigreur et pourtant il arrivait encore à rire…Sombre fou.
Alphonse….C’est moi…C’est nous…
Etreint par la rage, il ne peut retenir ce baiser qui vient se poser sur les lippes sèches du comptable. Le cœur se soulève, s’enserre et alors qu’il peine à s’extirper de ses lèvres, c’est la rage qui balaye aussitôt ces attentions. Il faut le libérer et c’est Adryan qui s’en chargera. Il a pour l’heure autre chose à faire…Venger la peine et la souffrance du comptable.

Adryan…Libère le !

Les iris vairons brûlent de haine alors qu’il dévisage les courbes féminines. Il boue, se consume et alors que son amant était enfin libre et que sa souffrance lui avait éclaté aux yeux avec hargne, il pouvait à loisir déverser toute sa rancœur, son inquiétude et son dégout. Si le sang avait coulé à l’Aphrodite, il coulera aussi à cette heure. Mais une promesse est faite, celle-ci connaîtra des douleurs plus vives encore…

Toi ! Sale putain !!!

Aveuglé par cette rage, il vient frapper avec force le ventre de la gueuse pour la contraindre à plier l’échine. Battre une femme ne lui causait aucun état d’âme et cette main qui enserre la mâchoire délicate de la gueuse en est la preuve. Le visage bloqué entre ses serres, le corps paralysé par son poids, le Griffé vient heurter la heurter sa tempe féminine contre le sol crasseux. Qu’importe sa folie, sa personnalité, son trouble ou sa peine, il ignore toutes ces données et combien même ces dernières lui étaient avouées, sa main n’en serait pas moins clémente. Sa main libre se pose sur la gorge de Leozan, épousant les marques déjà laissées contre sa peau et alors qu’il resserre son étreinte, qu’il enfonce ses griffes jusqu’à sentir cette panique, il relâche la pression. Non, elle n’allait pas mourir si vite, pas si facilement. Plusieurs morts la saisiront, insoutenables, perverses jusqu’à ce qu’il se lasse de ces maux à venir et que son imagination, elle-même se tarisse.

Tu vas crever sale chiure !...Noyée…brûlée…Etouffée…Je te ferai connaître milles supplices mais tu survivras à la mort….Tu l’effleureras du bout des doigts, prieras pour qu’enfin elle te saisisse….

Un coup est à nouveau porté contre le ventre de la gueuse, puissant, sec, brutal contre le bas ventre de la tortionnaire. A peine rassasié, le poing fourmille à nouveau alors que l’esprit du courtisan, fiévreux, en oublie jusqu’à la présence d’Adryan et du comptable. Paralysé par cette crainte de l’avoir perdu, rassuré de le savoir néanmoins entier, il la hait pour l’avoir confronté à cette déraison, cette folie qu’il pensait réservée à d’autre. Si aimer pouvait faire ressortir le meilleur chez certain, s’en prendre à l’être désiré pouvait les confronter à leur véritable nature…Sadique, il s’empare à nouveau de sa gorge pour la confrontée à nouveau à la raréfaction de l’air.

"Suffoque....Ce n’est que le début…"

La tuer ? Non…Néanmoins il ne devait rester ici et s’attarder. Alphonse avait besoin de soin.

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L'Aphrodite, une invitation indécente.
Leozan
Douce torpeur.
Oui, je la sens cette douce torpeur envahissant mes sens en caresses et brises naissantes.
Elle me réchauffe peu à peu au plus profond de mon cœur. Je suis comme étonnée par cette renaissance en essence. Je l'attendais pourtant depuis bien longtemps, le corps refroidi par l'oubli et la nuit sombre endormie.

Mon esprit vagabonde au gré de ce son s'échappant de mes lèvres. Je suis loin, je suis ailleurs. Il fait chaud, il fait doux. Je serais volontiers restée en cet endroit, en cet état si le martellement au dessus de ma tête ne m'avait fait relever celle-ci.


Tu as compris n'est-ce pas ?

Bien sûr que j'avais compris ce qui se passait, l'Ange allait m'être arraché. Ces bourreaux étaient là, chargés de le ramener dans cette maison de perdition. Car il est des endroits perdus sous ténèbres, encore dévastés par les antiques catastrophes, des hauts cieux où tout paraît encore polymorphe, où l'on distingue point les noirs du mièvre, tant implacables que le loup s'y casse les dents.

Mais tu y verras l'ultime chant des oiseaux
Et j'y viendrai ramasser mes derniers morceaux
Qui me sont dus


La porte de la cave cède.
Mon esprit s'enflamme, mais je suis figée tel un miroir, les ombres se sont emparées de moi. J'ai peur. Du silence et du bruit. Affronter le destin. Cela sera bientôt fini, imaginez une sensation, la dernière. Tout arrêter, tel un abandon.


Toi ! Sale putain !!!

Mes jades écarquillées, j'encaisse le premier coup qui me fait plier l'échine. Le cri de douleur s'étouffe dans ma gorge tandis que les doigts du Griffé enserrent ma mâchoire. Je ne peux bouger. Le poids de ce corps ... Un fardeau bien trop lourd. Ma tempe heurtant le sol, hissant devant mon regard un voile tremblant, mon second cri suspendu par cette main sur ma gorge. Absence d'air, mains tremblantes cherchant à s'emparer de cette entrave, panique. Je ne veux pas mourir là, comme ça. J'ai froid, j'ai peur ! J'entends à peine les mots murmurés par l'homme aux yeux étranges. Serait-ce le malin ? Non ! Cela ne ce peut, je suis Destruction, je suis .... Nouveau coup, hurlement rauque, sourd. Ma gorge me fait mal, je happe l'air difficilement, je voudrais déglutir mais le carcan se resserrent sur mon cou. Mes prunelles supplient, l'espace de quelques secondes, juste avant que le voile ne se ternisse et ne m'entraîne dans les abysses.
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