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[RP] La leçon

--Sybil
Dans sa chambrette, absolument nue, Sybil fait les cent pas, en proie à une question tout à fait existentielle. «Comment s'habille-t-on pour apprendre à lire ?» Face à elle, trois tenues étalées sur son lit : La robe bleue, presque transparente, la rouge, fendue jusqu'à mi-cuisse, et, last but not least, une chemise de drap blanc. Bien évidemment, elle avait jugé bon de réduire en charpie la vesture qu'elle portait à son arrivée, qui était certes abîmée, mais qui pouvait encore passer pour décente, de loin. Bien sûr, elle avait avec ses derniers salaires commandé quelque chose de plus décent, pour les sorties en ville, mais hélas la couturière n'avait pas encore fini son ouvrage. Pouvait-elle se pointer dans le bureau d'Alphonse habillée comme pour une nuit de travail ? Là était toute l'étendue du problème. Et finalement, ce fut l'orgueil qui l'emporta, d'une bien curieuse manière : Elle préféra faire négligée, plutôt que pauvre. Et par là même, revêtit son chainse, plutôt que de se parer de ses robes trop débraillées pour l'occasion, qui auraient laissé sous-entendre qu'elle n'avait que cela à se mettre. A cela, elle assortit un grand châle rose qu'elle rejette sur son épaule, et noue ses cheveux en une tresse afin d'éviter qu'ils ne la gênassent.

Ainsi parée, elle n'eût plus qu'à s'emparer des quelques parchemins, de la plume et du pot d'encre qu'elle avait acheté pour l'occasion, et pour prouver sa motivation à son futur professeur. A y bien réfléchir, elle avait compris que savoir lire serait un avantage tout à fait considérable, puisqu'à présent elle avait affaire à des clients lettrés, et savoir écrire lui permettrait sans doute aussi, à l'occasion, d'attiser quelques flammes qui naîtraient à son encontre, ou tout simplement d'inviter ces messieurs à venir la retrouver tel ou tel soir.

C'est donc fermement résolue que la blonde Nymphe traversa les couloirs de l'Aphrodite, toute encombrée de ses babioles, pour se rendre jusqu'au bureau du comptable. Là, l'affaire la plus délicate fut de tout coincer dans une seule main, pour pouvoir utiliser l'autre afin de frapper à la porte. Ce qui fut fait, quelques instants plus tard, et dès qu'elle obtint réponse, elle entra.


- Bonjour, Alphonse ! Je viens pour la leçon.
Alphonse_tabouret
Les coups toqués à la porte de son bureau amenèrent le chat à relever le museau de son ouvrage, délaissant un instant les chiffres élégants qu’il y avait inscrit pour rattraper la réalité qu’il délaissait dès qu’il s’agissait de noircir les livres de compte du bordel, ultime legs qu’il portait désormais à ses épaules, dernière tache monstrueuse dont il percevait les limites prochaines dans l’épanouissement florissant du bordel. Bientôt, enfin, l’Aphrodite marcherait seule, sans plus besoin de sa tutelle et porterait haut, les rêves léonins dont il avait hérité et s’il ignorait encore ce qu’il adviendrait de lui à cet instant ci, il ne s’éloignait pas de ce chemin tracé par d’autres, loyal quand il n’avait jamais su ce qu’était la fidélité.

Un coup d’œil fut lancé sur l’heure tandis qu’il invitait son incartade à entrer et ne parvint à rien rajouter dans l’immédiat lorsque la silhouette de Sybil parut, simplement vêtue d’un chainse, représentation étrangement simple et virginale dans un lieu de perdition où le paraitre absolu était l’arme principale de chacun. Le regard glissa sans qu’il ne cherche à le retenir sur les courbes des seins joliment dessinés sous l’ampleur du tissu blanc, sur le fil de la hanche épousant dans le mouvement de la marche, la légèreté du tissu, et, amateur, laissa un sourire étirer ses lèvres, retrouvant étrangement des souvenirs qu’il croyait enfouis bien plus loin que cela, où les ombres délicates de ses sœurs flottaient dans les vêtements fraichement brodés des initiales familiales. Le pouvoir de Sybil était définitivement là pour le comptable, dans ce mélange de sensualité et d’enfance, accentuée peut être par les courbes encore poupines de certaines expressions que la catin distillait par spontanéité ou talent du métier, à moins que ce ne soit la blondeur épaisse de cette tresse qui lui rappelait les moments égarés le long d’un soleil printanier à flâner, encore détenteur de ce temps si précieux qui finirait par ne plus jamais lui appartenir qu’à l’ombre de sa décadence. De son avis, quand bien même il préférait le gout salé de ses jumeaux, les femmes posséderaient toujours cette affligeante supériorité sur l’homme à être désirables jusque dans leurs attitudes les plus enfantines, et il chassa mollement les idées venant louvoyer à ses tempes, trop charmé pour les laisser se dissoudre complétement, trop lié à ses fers pour s’y soumettre et oublier le motif réel de cette entrevue.


Bonjour Sybil, la salua-t-il en reposant sa plume, détaillant le matériel qu’elle avait emmené, s’en amusant quand il se levait pour la rejoindre et l’en délester. Aucune remarque sur la tenue choisie ne franchit les lèvres polies du chat, félin préférant l’observation des autres dans la moindre de leurs bravades plutôt que dans l’explication qu’ils pouvaient fournir, hasardeuse ou véridique. Le corps parlait tellement mieux que les mots…
Vous me ferez parvenir la note de vos frais, poursuivit-il en énumérant brièvement les divers accessoires qu’elle avait achetés. Il est inutile que vous dépensiez le moindre écu pour une travail que je vous impose…Car si la leçon serait bénéfique, chat ne supportant pas l’analphabétisme quand il savait que le phrasé et les lettres bien souvent, pouvaient vous sortir des conditions les plus miséreuses, elle n’en demeurait pas moins un impératif auquel aucun des employés ne dérogeaient dès lors qu’il était confronté à l’intimité de la clientèle huppée du bordel. Venez, nous serons plus à l’aise en cuisine…
Étrange tocade du jeune homme qui avait gardé de ses années d’études un gout tout particulier pour celles dispensées, trop rarement, dans l’intimité du personnel de la maison, au couffin chaleureux de la cuisine, pouls et cœur de n’importe quelle demeure digne de ce nom et qu’il affectionnait, tant pour y trainer que pour s’y ressourcer, dans les volutes des fumets de plats en préparation. La vaste table permettait la proximité de l’élève et du maitre, cocon précieux de l’apprentissage, premier lien à tendre pour asservir les réticences et délier l’envie du savoir, lui qui se souvenait de ces heures blêmes et interminables qui avaient vissé tous les enfants de la famille à des bureaux solitaires quand l’émulsion des idées et de la proximité leur auraient certainement été sans nul bénéfique, mais terriblement néfaste à l’enseignement rigoureux qu’on leur imposait et aux mœurs qu’on leur inculquait à l’ombre de la carcasse paternelle.
Qui vous a commencé vos leçons ? demanda-t-il en poussant la porte de la vaste pièce où fourmillait une poignée de soubrettes penchées au-dessus de leurs marmites qui ne relevèrent le nez que pour leur adresser un salut silencieux avant de retourner à leurs sauces et soupes.
_________________
--Sybil
Porte ouverte, et Sybil dans la pièce.

Alphonse est là, comme prévu, à son bureau. Il la détaille du coin de l’œil. Elle lui adresse un sourire, en écho au sien. Et ne sait pas vraiment à quoi il pense. Il y a un peu du regard classique que l'homme de base porte sur elle. Celui qui la déshabille des yeux. Mais pas que. A la fois, il semble ailleurs, dans ses pensées. Peut-être à la recherche d'une maîtresse oubliée, et qui lui ressemblerait. Ou bien le blanc virginal de sa chemise avait-il éveillé en lui d'autres souvenirs enfouis. Une vierge ?

Hélas pour Sybil, ses talents de télépathe s'arrêtent là. Du reste, le Chat coupe court à ses réflexions, en venant lui porter assistance face à toutes ces choses qui lui encombrent les bras. Et un mot raisonne entre les tempes blondes. Notes de frais. Il veut lui rembourser plume, encre, et parchemin. Elle rit.


- Taratata !

La prend-il pour la pauvre qu'elle est ? Qu'à cela ne tienne. Ce sont ses affaires. A elle. Achetées pour elle. Choisies avec soin. Hors de question qu'on les lui rembourse. Alors elle minaude.

- Allons, Alphonse, il ne saurait être question d'argent entre nous.

Sourire malicieux aux lèvres, mais c'était sans appel. Lui remboursait-il ses robes ? Son parfum ? Ses onguents spermicides ? Apprendre à lire faisait partie de son travail, comme le reste ; et comme le reste, c'est elle qui finance, sur sa paie. Point.

Quant à aller dans la cuisine, elle opine du chef, et l'y suit sans faire d'histoire. Ça sent drôlement bon, là-bas, et ça lui rappelle qu'elle n'a rien mangé depuis de longues heures. Il va être difficile de se concentrer au milieu de tous ces fumets de nourriture. Très difficile. Mais qu'à cela ne tienne. Elle s'assied sur le banc, et dispose le parchemin devant elle. «Qui vous a commencé vos leçons ?»


- Ma marraine. Enfin... Je sais juste écrire mon nom.

Ils n'iraient pas loin avec ça.
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