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Info:
Où l'on assiste, en marge des péripéties de la vie sentimentale de Xm, à la construction d'un bien étrange édifice dans la forêt...

[RP]Quatre murs et un toit pointu

Xmanfe1999
Depuis qu'elle était arrivée à Genève, plus d'un an auparavant, Xm trimballait partout avec elle un grand sac de cuir, usé et craquelé par le temps et les éléments, qui, semblait-il, pesait lourd à son épaule.

D'aucuns s'étaient demandé ce qu'elle pouvait bien y cacher, conjecturaient sur son contenu.
Y cachait-elle un trésor, ramené de ses voyages en Orient? Y avait-elle enfoui les trophées de son dangereux et mystérieux passé? S'agissait-il du bric à brac d'une sorcière?
En tout cas, le son mat et sourd que rendait le sac quand elle le déposait à terre en taverne indiquait qu'il ne s'agissait sans doute pas d'or, ou alors aurait-il fallu qu'il soit bien enfermé dans un coffret...

Quand elle était sortie de chez elle ce matin là, après avoir soigné Precye et un tantinet torturé Powerjeff, Xm portait, en plus de sa sempiternelle besace, un grand sac de toile dans lequel s'entrechoquaient du bois et du métal.
Ce n'est qu'en parvenant au plus profond de la forêt qu'un observateur discret, aurait pu, s'il l'avait suivie avec suffisamment de précaution, découvrir le contenu de ces deux sacs.

Après une courte hésitation à l'entrée du bois, Xm avait retrouvé assez aisément le chemin qui menait à la clairière qui avait vu tant d'événements importants de sa vie genevoise.
Personne n'y était venu depuis plusieurs mois et la fonte des neiges avait gorgé d'eau le sentier qui s'était vite recouvert de verdure nouvelle avec le printemps.
C'est d'ailleurs cette légère différence de teinte entre l'herbe tendre et jeune qui avait repoussé sur le sentier et les sous bois plus sombres qui l'avait mise sur la voie.
Les repères familiers avaient fini de la guider: tel tronc d'arbre couché recouvert de mousse et de champignons, telle fourmilière géante adossée à un rocher, tel ruisselet qui s'échappait de la source près de la clairière et descendait en serpentant entre les pierres et les écorces, jusqu'au lac, plusieurs centaines de toise en contrebas.

Une demi heure de marche plus tard environ, Xm parvint à la clairière.
Elle aussi paraissait un peu à l'abandon. Les fougères avaient poussé à l'endroit où Xm et Powerjeff s'étaient battus l'été précédent.
En regardant bien elle pouvait cependant retrouver l'endroit exact où elle avait planté les flambeaux pour les éclairer et le petit tas de pierres plates sur lequel elle avait avait posé son réchaud quand elle avait en vain essayé d'initier le rustaud que le pas-encore-lieutenant était, à l'époque, aux raffinements de la cérémonie du thé.
Xm sourit à ce souvenir et se dit qu'aujourd'hui sa réaction ne serait sans doute pas différente, mais pour bien d'autres raisons.

Elle déposa ses deux sacs à terre et se pencha pour ouvrir le plus gros.
Elle en tira divers outils dont une lourde cognée, un pic, une pelle et une masse. Elle aurait besoin plus tard d'une scie et d'un maillet et de divers outils de menuiserie.
Mais pour le moment la tâche la plus lourde et la plus ardue l'attendait: la clairière était certes belle et bien orientée (quoiqu'elle eut préféré bénéficier des conseils avisé d'un maître Feng Shui pour s'en assurer) mais elle était un peu trop petite, et surtout, encombrée de quelques arbrisseaux mal placés et de racines qui rendraient difficile voire impossible l'accomplissement de la tâche qu'elle s'était assignée.

Elle avait saisi sa hache et s'apprêtait à jeter à bas un petit chêne qui bouchait la vue vers le lac, quand elle prit conscience d'un oubli.


Allons, qu'allais-je faire? se reprocha-t-elle. Attaquer des travaux sans invoquer la protection des dieux?

Xm se rendait bien compte qu'invoquer les dieux procédait d'une légère hypocrisie de sa part, puisque, de tous les enseignements de ses maîtres, le "dào jiào"* était ce qui avait le moins retenu son attention, mais on se savait jamais. Mieux valait éviter de d'attirer les foudres de Yanluowang** en ne l'invitant pas à étendre sa "bienveillance" sur ce lieu qu'elle considérait dès maintenant comme des plus sacrés.

Elle reposa la hache et s'approcha du plus petit des deux sacs dont elle ouvrit le rabat.
S'agenouillant, elle en tira respectueusement, en s'inclinant et en présentant devant elle, comme devant un seigneur invisible, trois pierres de la taille d'un gros livre, qu'elle posa devant elle pour former comme une petit table et ensuite un paquet enveloppé d'un morceau de soir rouge.
Elle déplia le morceau de soie sur ce qui avait été son autel improvisé depuis son départ des Japons et y déposa avec révérence la boîte qui y était enveloppée et qu'elle n'ouvrit pas.
Ce qu'elle contenait était bien trop précieux pour être exposé en pleine lumière. Il lui suffisait de savoir qu'il était là, bien à l'abri de son simple étui de bois de camphrier pour se sentir rassurée et en paix avec elle même.
Xm se recueillit quelques instants et se releva.

Elle ramassa la cognée abandonnée quelques instant plus tôt, puis avec une grande respiration et un sourire plein de confiance elle cracha dans ses mains et s'attaqua à son chantier.


* dào jiào : enseignement de la Voie (autrement dit taoisme)
** dans le taoisme , gardien et juge de l'enfer

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Xmanfe1999
La journée avait été laborieuse et les efforts de Xm commençaient à porter leurs fruits. La clairière était défrichée et la vue vers le lac était dégagée, maintenant que les petits arbres qui l'avaient obstruée gisaient à terre, ébranchés, équarris et prêts à être utilisés plus tard dans la construction de l'édifice que la jeune femme avait rêvé depuis plusieurs mois. Elle déroula le parchemin qu'elle avait récupéré chez elle lors d'une pause dans l'après midi et considéra avec fierté et presque une sorte de dévotion, le plan qu'elle avait dessiné.
Plutôt que de construire une vraie pagode, Xm avait arrêté son choix sur un plan simple et qu’elle pourrait réaliser seule, un compromis entre lieu de culte et lieu de repos, un abri pour son corps et pour son esprit : un chashitsu… une maison de thé.

Agenouillée correctement – en seiza - devant les prémices de ce qui allait devenir son territoire sacré, Xm ne put s’empêcher d’évoquer, avec toujours la même difficulté, celle –la maison- qui, sur un rivage lointain, avait été le théâtre de la mort de son maître bien aimé. Mais la vue sur le lac ce soir était si belle…
Pour une fois, Xm réussit à n e pas se laisser submerger par la nostalgie et les idées noires, et elle replia soigneusement le plan qu’elle glissa à nouveau dans son sac. Il était tard, elle avait faim, elle avait besoin d’un bon bain. Il était temps de rentrer à Genève.
Peut-être était-elle aussi taraudée par son envie de passer à la Taverne pour voir si celui qui occupait ses pensées était là, toujours est-il qu’elle s’éloigna vers la ville à travers bois, laissant là autel portatif et outils…


Quelques heures plus tard…

La minuit était passée depuis longtemps quand Xm se retrouva à la clairière comme si ses pieds l’y avaient menée là seuls, à son insu. Absorbée dans ses sombres pensées elle avait laissé son instinct prendre les commandes et ses pas l’avaient naturellement éloignée de la ville pour retrouver le refuge obscur et velouté de la forêt. La soirée avait été désastreuse, ou, l’avait-elle été finalement ?
L’incertitude donnait à Xm l’envie de hurler, l’envie de reprendre la hache et de passer sa frustration sur le premier chêne qui croiserait son chemin.
Mahefik… depuis qu’il était arrivé à Genève, tout allait de travers.
Jusque là elle avait réussi à s’accommoder des absences mystérieuses et de plus en plus fréquentes de Zeus. La vie à deux n’était de toute façon pas sa tasse de thé, mais l’éloignement finissait par creuser entre elle et son amant un fossé dont elle doutait qu’il puisse un jour être comblé.
Xm se laissa tomber à terre sur un tas de mousse arraché au sol meuble de la clairière pour tracer les fondations de sa maison de thé.
Oui, décidément, tout allait de travers. Le pire c’est que ce n’était pas la première fois qu’elle ressentait cette impression de chaos prêt à lui exploser à la figure. Mais oh… qu’il s’était montré impitoyable avec elle, il ne lui avait fait aucun cadeau.
Depuis qu’ils avaient fait connaissance un soir en taverne, elle avait été séduite par son intelligence et son charme ténébreux…Cael lui avait d’ailleurs fait remarquer quelques jours plus tôt, son penchant prononcé pour ce genre d’ange noir… Xm rit en repensant à leurs premières conversations. Sans savoir pourquoi, elle avait cherché à l’impressionner. Un travers contre lequel elle luttait mais qui reprenait hélas trop souvent le dessus.
Son besoin d’avoir une conversation prenante et intelligente avait été si fort, qu’elle s’était laissé aller à des confidences dont il n’avait sans doute pas su quoi faire… Elle avait un peu honte à présent de s’être ainsi livrée à un parfait inconnu, mais cela n’était rien face à l’humiliation dont elle avait été victime quelques instants plus tôt. Alors que tout semblait avoir si bien commencé. Certes, Mahefik avait été plus qu’évasif sur la nature de l’attirance qu’il semblait ressentir à son égard, mais la tension avait été si forte en eux au moment où ils avaient – a peine – échangé un baiser, qu’elle en était presque palpable. Impossible qu’il n’ait eu, en cet instant suspendu, qu’un désir charnel. En pleine confusion de l’esprit, du cœur et des sens, Xm avait été étonnamment soulagée d’avoir été interrompue par une voyageuse cherchant un peu de compagnie pour bavarder.
La violence de son attirance envers Mahefik lui faisait peur. Elle avait tenté de lui expliquer un peu plus tard et quoique toujours aussi réticent à clarifier la situation, il n’était pas, elle en était presque sûre, indifférent. Incapable de se résoudre d’avouer ses sentiments, préférant sacrifier prématurément ses sentiments sur l’autel de la sécurité affective, elle avait préféré prendre la fuite.

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Fuir, elle n'avait fait que cela depuis bientôt huit ans.
Fuir la maladie - quand elle avait quitté sa famille- fuir la folie et la douleur du remord, après le suicide de Saburo - fuir pour sauver sa vie, quand la cadine, ivre de jalousie lui avait ouvert les portes du sérail pour préserver sa place auprès du sultan.
Jamais cependant jusqu'à cette nuit, elle n'avait fui ses propres sentiments.

Fallait-il qu'elle bien ait peur de perdre pour prendre ainsi ses jambes à son cou, sans même savoir si la fuite était nécessaire.
Courant à moitié dans les ruelles désertes, Xm ne pouvait effacer de son esprit le visage grave de Mahéfik, son regard pensif et son expression à la fois pleine d'amertume et de douceur.
Si son silence laissait planer un doute en elle, si elle ignorait si elle devait y lire un refus ou une hésitation, elle avait pourtant l’envie, sinon la certitude de déchiffrer dans son regard un désir aussi violent que le sien.

La peste soit de ses hésitations, au diable ma peur, se dit-elle ! Le jeu en vaut la chandelle !

S'arrêtant net aux limites de la ville, Xm fit demi-tour et repassa devant chacune des tavernes qu'elle avait dépassées à l'aller. Elle finit par l'apercevoir à travers une des rares fenêtres encore éclairées, attablé avec trois autres hommes.
Retenant son souffle, elle était entrée et s'était dirigée droit sur lui. Elle lui avait donné devant les trois hommes médusés, un long baiser dans lequel elle avait mis toute sa flamme et elle lui avait finalement fait, à l'oreille, un aveu que sans doute elle regretterait le lendemain, mais diable! Elle était incapable de le garder plus longtemps pour elle.
Sans lui laisser le temps de réagir, elle avait tourné les talons et était ressortie comme elle était entrée. Elle avait à peine eu le temps de réaliser que parmi les trois hommes présents à la taverne se trouvait Musa, qui, s’il n’était pas du genre à faire des gorges chaudes des faiblesses d’autrui, ne manquerait pas de trouver la chose piquante, voire amusante.
Xm accéléra le pas.
Peu lui importait que son acte irréfléchi ait eu trois témoins dont l’une des rares personnes à Genève dont l’opinion, et il lui était difficile de se l’avouer, avait une quelconque importance à ses yeux.
La seule chose qui importait vraiment était qu’elle ait eu l’audace de faire face à ses sentiments et cela quel qu’en soit le prix.
Xm accéléra encore.
Elle ne doutait pas que la rumeur finirait par atteindre les oreilles de Zeus. Elle en ressentit une profonde tristesse.

Arrivée de nouveau aux limites de la ville, Xm marqua un arrêt : l’air de la nuit était d’une douceur qu’elle attendait depuis une éternité.
Un instant, elle hésita à pousser jusqu’au lac, mais le rivage était par trop fréquenté en cette saison et elle avait besoin de s’isoler pour pouvoir réfléchir, et peut être se repasser à loisir, dans son imagination, la scène qui venait de se jouer en taverne. Elle tourna donc ses pas vers la forêt.
A mesure qu’elle s’enfonçait dans les sous bois, l’assurance que lui avait donnée l’exaltation de ce baiser volé, se dissipait comme rosée au soleil et le doute revenait la tarauder. Elle finit par se retrouver dans la clairière et s’assit sur un tas de mousse.
Elle se laissa aller en arrière sur son matelas improvisé, les yeux levés vers le ciel.
La brise agitait doucement la cime noire des arbres qui semblaient devoir tomber dans le ciel estival d’un saphir profond. Xm se laissa bercer par le clignotement lointain des astres qui finirent par pâlir et disparaître l’un après l’autre quand l’aube se leva.
Mais à ce moment Xm dormait à poings fermés.

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Xm s'était réveillée tôt ce matin. Elle avait encore dormi dans la clairière et les braises de son feu de camp fumaient légèrement dans l'air frais du matin.
Des voix, qui portaient loin sur l'eau, attirèrent son attention vers la surface miroitante du lac. Le concours de pêche, bien sûr...
Caël lui en avait parlé la veille, essayant de la convaincre de participer à ces amusements aquatiques. Le hic était que ces derniers jours, Xm n'avait pas vraiment le cœur à s'amuser. Et puis, n'ayant pas de barque, elle aurait été condamné à pêcher depuis le bord et à subir la compagnie et l'ironie pesante de Powerjeff qu'elle voyait depuis un bon moment se débattre contre ce qui semblait être une belle prise. Xm eut une moue amusée. Voilà qui allait mettre un peu de baume à l'amour propre malmené de l'ex-lieutenant de police.

La main en visière devant ses yeux plissés Xm observait avec intérêt les mouvements de certains participants dont elle croyait reconnaître les vêtements même à cette distance: impossible de manquer, par exemple, l'écheveau blond de la chevelure de Precye, dont la barque venait à l'instant de chavirer et qui se hissait avec difficulté sur la coquille retournée de sa barque.

C'est drôle comme on peut avoir l'air pitoyable quand on est tombé à l'eau tout habillé, se dit-elle.
Xm se reprit aussitôt.

Pitoyable et attendrissant dans ce cas... comme un chaton tombé dans une lessiveuse.
Elle secoua la tête. La frustration et la déception la rendait amère et presque méchante. Cela ne lui ressemblait pas. Une question lui trottait dans la tête depuis deux jours.
Ces fleurs, de qui venait ces fichues fleurs qu'elle avait trouvées l'avant veille au matin sur le pas de sa porte?
Le seul dont elle aurait souhaité qu'il admette les lui avoir offertes se refusait à lui en faire clairement l'aveu. Elle savait bien qu'il s'agissait de lui, qui d'autre cela aurait-il pu être? Mais son refus de dir ouvertement les choses confirmait encore l'ambiguïté de son attitude.
Xm jeta un coup d'œil aux magnifiques fleurs qu'elle avait rapportées avec elle et disposées dans un vase improvisé près de son autel personnel. Pour un peu, elle aurait saisi le vase et l'aurait envoyé valdinguer dans les sous bois. Elle prit une grande respiration pour tâcher de retrouver son calme.

Xm tourna délibérément le dos au lac et alla se rafraîchir à la source proche. Agenouillée au bord de la vasque naturelle, elle s'aspergea le visage . Toute cette histoire la rendait folle.
Dans un mouvement d'impatience elle plongea carrément la tête dans l'eau glacée. Elle était si froide que ses globes oculaires lui paraissaient brûlants sous ses paupières serrées. Elle se redressa et but à longs traits dans ses mains en coupe. Elle se releva et revint dans la clairière, ramassant au passage un quignon de pain à grignoter.

Les barques circulaient sur le lac, apparemment, ce concours était un grand succès.
Deux d'entre elles, attachées ensemble pour ne pas dériver, semblait-il, attirèrent son attention. Xm aurait donné cher à cet instant pour posséder un instrument qui lui aurait permis d'observer de plus près ce qui se tramait à une centaine de toises d'elle. Elle était presque sûre que cette haute silhouette vêtue de noir et de gris était Mahéfik. Et que l'autre silhouette, souple et agile malgré sa grossesse bien visible maintenant, était celle de Cael.
Un irrépressible élancement que Xm eut du mal à comprendre pinça soudain le cœur de la jeune femme. Cael avait l'air si insouciante. Elle se penchait sur l'eau et d'un geste gracieux envoyait une gerbe de gouttes étincelantes asperger les vêtements austères de Mahé.
A force d'observer, Xm prit soudain conscience d'un détail - un détail!!!- qui titillait son esprit depuis un moment. A cette distance, et si l'on faisait exception de sa grossesse, Cael offrait une ressemblance surprenante avec Xm. Se pourrait-il que Mahéfik...?
Xm n'osa pas poursuivre sa pensée jusqu'au bout. La perspective que l''homme dont elle était tombée amoureuse ait pu s'intéresser à elle parce qu'elle ressemblait à Cael lui semblait bien trop difficile à accepter pour qu'elle envisage seulement de la formuler clairement dans son esprit. Un étrange malaise, fait d'incrédulité, de doute, de manque, et, chose inimaginable pour Xm à qui cela n'était jamais arrivé, de jalousie? l'envahit soudain.
Comme bien souvent dans une situation de crise, Xm prit une grande respiration. Le mieux qu'elle avait à faire était d'essayer de penser à autre chose et pour cela, le travail était le meilleur des amnésiants qu'elle connaissait. A part la grappa de Gianni, bien sûr, mais le souvenir de la terrible gueule de bois que cela lui avait causé la dernière fois qu'elle y avait goûté suffit à la dissuader de retourner en ville pour en chercher un cruchon. D'autant que l'eau glacée lui avait déjà collé la migraine.

Maussade et agacée, comme toujours quand elle se sentait impuissante, Xm ramassa son rabot et alla finir d'éliminer les nœuds des planches qu'elle avait découpées la veille et qu'elle utiliserait pour le sol de son "chashitsu". L'exercice aurait tôt fait de lui faire oublier ses soucis. Au moins jusqu'à ce qu'elle s'arrête. Ce serait déjà ça de gagné.

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Toute la journée, Xm avait travaillé d'arrache-pied.
Elle avait creusé les trous pour enfoncer les poteaux de soutènement, levé les poteaux avec un système ingénieux de cordes et de poulies, calé les poteaux avec de gros cailloux ramassés aux alentours, comblé les interstices avec de la terre glaiseuse trouvée autour de la source, puis elle avait attaqué la pose du plancher de la maison.
Elle s'était à peine arrêtée pour boire et manger le reste du pain et de la viande froide apportés dans sa besace et avait repris son ouvrage jusque tard dans l'après-midi.
Tout le jour elle avait tourné le dos au lac, tâchant de ne pas entendre les exclamations de surprise et de joie quand les participants au concours de pêche ramenaient une belle prise à bord de leurs embarcations.
Mais tous ses efforts pour détourner son attention du seul problème qui tournait impitoyablement dans son esprit restaient vains.
Demain ça serait jeudi. Demain Mahéfik partirait. Demain il quitterait Genève sans doute pour ne plus revenir.
Xm, excédée par l'inutilité de ses efforts jeta ses outils à terre et s'assit sur le bord du plancher qu'elle venait d'achever. Au moins elle aurait un endroit sec pour dormir ce soir. Il suffirait qu'elle tende une toile entre deux poteaux pour s'abriter de la pluie qui menaçait encore. Car elle n'en doutait pas, cette nuit elle viendrait encore dormir ici, au milieu de nulle part, en compagnie de ses angoisses et de ses fantômes.
Dormir? A condition qu'elle y parvienne! Peut-être qu'une bonne cuite lui permettrait de trouver l'oubli quelques heures.
Elle s'essuya les mains sur ses braies, mit son précieux autel à l'abri dans l'espace sous le plancher de la maison.
Dans le vase improvisé le bouquet de fleurs avait perdu sa fraîcheur. Elle le considéra un instant avec perplexité puis le jeta, avec le vase, dans les fourrés.
Illusions. Voilà ce qu'il représentait. La chose était claire maintenant. Et bien, au diable les illusions. Vraiment, rien de tout ça n'avait d'importance.
Elle ramassa son sac et vérifia le contenu de sa bourse. Il y avait là bien assez pour perdre proprement conscience.
Elle prit le chemin de la ville bien décidée à écumer toutes les tavernes ce soir.


[Quelques heures plus tard...]

Xm avait mis son plan à exécution.
Calmement d'abord, elle avait commencé par boire quelques bières à la Taverne républicaine. L'ambiance y avait été plutôt calme et la conversation détendue, ce qui n'avait pas satisfait Xm le moins du monde. Elle aurait donné cher pour que quelque chose arrive, une querelle, des insultes, un prétexte pour donner libre cours à la violence qui était encore trop souvent pour elle la seule manière d'extérioriser son angoisse et sa frustration. Mais rien. Aucun dérivatif ne lui avait été miséricordieusement offert.
Aussi avait-elle continué, verre après verre, taverne après taverne, de ruminer ses idées noires.
L'ivresse aidant, elle avait commencé à se sentir moins oppressée, mais une parole innocente, une remarque anodine prenait, à travers le miroir déformant de l'alcool, un relief tout différent et la rage avait commencé à monter, avivée encore par les interventions tantôt agacées tantôt inquiètes de Cael, qui l'avait suivie et qui avait tenté de la raisonner.


Pense à Saburo, avait-elle dit, pense qu'il aimerait être fier de toi, où qu'il soit.
Xm avait bien failli perdre tout contrôle et l'envie violente de frapper, de faire mal, l'avait mise hors d'elle et elle s'était écroulée, la tête sur le point d'exploser, torturée par le remord et la culpabilité qu'elle croyait enfouis dans un coin inaccessible de son esprit.

Cael avait tenté de la consoler mais comble de malchance Mahefik était entré à ce moment là.
Repoussant Cael, Xm s'était enfuie dans la nuit, honteuse d'avoir été vue dans cet état par celui auquel elle ne voulait plus jamais montrer aucune faiblesse.
Xm s'était alors installée dans une énième taverne et avait tenté de continuer seule son impitoyable entreprise d'autodestruction. L'ennui l'avait vite saisie et lasse d'errer dans les rues, elle s'était finalement retrouvée dans la même taverne, où Cael et Mahefik discutaient toujours.

Incroyablement ivre , Xm avait continué à boire encore et encore, malgré les exhortations de Cael qui l'avait regardée effarée plonger dans la mélancolie la plus noire et la plus violente, et encouragée par les sarcasmes de Guidrion qui les avaient rejoints, poussé par dieu seul sait quel démon à participer à ce spectacle navrant.

Xm s'était finalement trainée jusqu'à la clairière. Elle marcha pendant ce qui lui parut être des heures, trébuchant dans les ornières de la route, puis plus tard sur les racines dans la forêt. Par chance, presque par miracle, elle ne s'était pas sérieusement blessée. Seuls ses mains et son visage, et peut-être ses genoux porteraient le lendemain les stigmates laissées par les cailloux de la route et les branches basses que dans sa marche quasi somnambule elle avait à peine pris soin d'écarter de son chemin.

Arrivée à destination, elle s'écroula sur le sol. A peine eut-elle le temps de se relever pour s'écarter de son chantier qu'elle fut violemment malade.
La bouche amère le cœur au bord des lèvres, Xm parvint à s'agenouiller au bord de la source pour s'y laver le visage et y boire un peu d'eau.
A bout de forces , elle s'était allongée là et avait perdu connaissance.

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Precye_


Oh triple zut !!!

Son exclamation un peu leste, soulignée par une pointe d'accent savoyard, dénonçait un énervement certain. Elle considéra avec consternation le rondin de bois humide sur lequel elle était assise. Précye jura de nouveau sans remords, persuadée que le mauvais sort s'acharnait contre elle et qu'à sa place un saint aurait témoigné de la même exaspération. Relevant la tête, Precye jeta un regard circulaire autour d'elle et fit une autre découverte : la clairière dans laquelle elle se trouvait lui était parfaitement inconnue. De toute évidence elle s'était égarée.
La jeune femme maudit pour la troisième fois la fatalité qui s'abattait sur elle avant d'examiner le ciel d'un oeil critique. Bien qu'il soit juste midi, le soleil ne cessait de pâlir,et les gros nuages noirs s'amoncelaient, laissant présager une averse imminente. Oui elle devait absolument retrouver son chemin au plus vite si elle ne voulait pas affronter la réprobation de son fiancé d'amour....Elle ne l'avait pas prévenu de sa visite à Xm.
Bondissant sur ses pieds, elle réprima un soupir. Elle n'était pas retourné dans cette clairière depuis fin décembre, lorsqu'elle était partie cueillir du gui et du houx...Un sourire vint se figer sur ses lèvre et elle rougit en repensant à cette soirée du nouvel an...Premiers baisers échangés avec Power....Et dans moins de quatre semaines, elle allait devenir sa femme...Comme elle déambulait à la recherche d'un carrefour familier, elle entendit un bruissement des feuilles et tomba soudain sur un édifice en construction....
Nul doute, il s'agissait bien du temple d'Xm.....Mais pas de Xm à l'horizon...Precye s'avança doucement , son panier de provisions toujours en main et elle alla le déposer sur ce qui semblait être le plancher du temple...Le panier était garni de pommes de terres au lardon, de fruits et elle y avait même glissé une bouteille de vin et du pain aux noix...

Elle savait qu'Xm n'était pas très bien en ce moment mais elle la savait surtout occupée à construire son temple et elle se doutait que la guerrière ne devait pas se nourrir correctement. Precye se posa la question de savoir si elle partait à la recherche d'Xm ou pas....Mais celle-ci apprécierait-elle sa démarche ? Rien n'était moins sûr, surtout dans l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait. Elles avaient été adversaires, quelques mois auparavant, mais Precye n'en avait cure désormais....Ces derniers temps, elle avait appris à mieux connaître Xm et elle l'appréciait davantage chaque jour....Elle n'avait pas fait l'effort seulement pour faire plaisir à Power...Et Xm était une personne qui gagnait à être connue...Mais Precye n'avouerait jamais cela.....Sauf sans doute à Power mais à Xm elle le lui dirait.....le plus tard possible !!! Elle couvrit le panier avec une serviette qu'elle avait emmenée de la taverne de Genève....Xm reconnaitrait ainsi aisément qui lui avait porté ce panier......

Le temps devenait de plus en plus menaçant et Precye s'empressa de faire demi-tour avant que son Power d'amour ne s'inquiète réellement de savoir où elle était passée.

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Xmanfe1999
Quand elle s'était réveillée, bien après le lever du soleil, Xm avait failli basculer dans la vasque naturelle creusée dans le rocher par la source. Encore plus qu'à moitié hébétée par ses abus de la veille, elle se rendit compte néanmoins, qu'à quelques aunes près, elle aurait pu, la nuit passée, y tomber et s'assommer sur le genre de margelle que formait le rocher et se noyer dans l'eau qui était plus qu' assez profonde pour y perdre pied.
Elle soupira. Une migraine féroce battait entre ses tempes. Il allait falloir manger et se purifier de tout les excès de la veille. Excès d'alcool, excès de chagrin, excès de larmes. Le mieux serait tout d'abord de purifier son corps qui exhalait par tout ses pores l'odeur douceâtre de l'alcool. La source lui tendait les bras. L'eau glaciale serait un baume pour son corps et son esprit meurtris.

Xm se débarrassa prestement de ses vêtements imprégnés eux aussi de la douceur fétide de l'alcool. Si elle avait eu de quoi se changer elle aurait jeté sans regret ces dépouilles, mais hélas, elle n'avait que cela à se mettre sur le dos. Il faudrait qu'elle les lave à la source et les étende au soleil pour les faire sécher.
Xm s'assit au bord de la vasque en y laissant pendre ses jambes jusqu'au mollet. L'eau était si froide qu'elle avait l'impression qu'un animal aquatique la mordait.


Allons, si je n'y plonge pas d'un seul coup, se dit-elle jamais je n'aurai le courage d'y entrer.

Pinçant son nez et fermant les yeux, elle se laissa glisser. L'eau se referma autour d'elle sans une éclaboussure.
La morsure en était si vive qu'elle faillit crier et relâcha une bonne partie de l'air qu'elle avait dans les poumons. Elle s'enfonça dans l'eau qui paraissait noire tant elle était profonde. Ouvrant les yeux, elle se rendit compte de ce fait que la pureté de la source faisait qu'elle en avait grandement sous-estimé la profondeur. Celle-ci devait en fait atteindre plusieurs toises.

Xm relâcha encore de l'air qui s'éleva au dessus d'elle en bulles scintillantes. La surface s'éloigna encore, elle la voyait miroiter au dessus d'elle et les silhouettes foncées des arbres semblaient danser un ballet changeant avec les flèches de lumières qui les transperçaient.
Peu à peu, Xm s'habituait au froid de l'eau. Aux bout de longues secondes qui lui semblèrent des minutes, Xm atteint enfin le fond de la vasque. Il était sombre et glacial, mais le sol, tapissé de sable et de vase fine formée par les feuilles et les aiguilles qui tombaient au fond depuis des siècles, voire des millénaires, était doux et agréable sous ses pieds.
Au dessus de sa tête, dansant dans la lumière, des centaines de minuscules crevettes d'eau douce faisait comme un nuage qui scintillait entre deux eaux.
Xm commençait à s'engourdir, par manque d'air et à cause du froid. Une partie d'elle même lui soufflait de relâcher le peu d'air qui restait dans ses poumons et de fermer les yeux. Dans le silence et dans la douce lueur rougeâtre derrière ses paupières elle trouverait enfin la paix. Tous ses problèmes disparaîtrait en même temps qu'elle, la source à l'eau glaciale lui ferait une tombe idéale, jamais son corps ne se corromprait, jamais elle ne remonterait à la surface...
Soudain, quelque chose frôla son corps nu et Xm sursauta violemment au fond de l'eau. La jeune femme, dont le cerveau privé d'air depuis maintenant plusieurs minutes luttait pour sa survie en ralentissant ses fonctions vitales, eut un éclair de lucidité. Elle rassembla ses dernières forces pour donner un violent coup de talon au fond et remonter les quelques brasses qui la séparaient de la surface.
Elle émergea dans une gerbe étincelante, et avala dans un cri une goulée d'air qui lui fit l'effet d'un coup de poignard dans les poumons. Hoquetant et toussant, elle s'accrocha au bord de la vasque le temps de reprendre son souffle. Puis elle se hissa avec effort par dessus le bord et se laissa retomber dans l'herbe et la mousse qui tapissait les abords de la source.

Couchée sur le dos, l'avant bras posé sur ses yeux, elle pleura longuement.
Sa peau rendue blême par le manque d'air commençait à se rougir à mesure que son sang recommençait à circuler dans les vaisseaux bleutés qui couraient sous sa surface diaphane. Xm se mit à frissonner et à se couvrir de chair de poule, sous la légère brise qui soufflait du lac dans les sous-bois ombreux. Les frondaisons étaient si épaisses que même près de midi, le soleil n'y pénétrait que si le vent bougeait un peu le feuillage de sorte que la lumière parvienne à s'y insinuer.
Transie de froid, Xm parvint finalement à se relever. Abandonnant ses vêtements sales sur place, elle revint vers la clairière. Arrivée à la maison de thé en construction, elle décrocha des poteaux la couverture qu'elle y avait fixée la veille pour lui servir d'abri et s'enroula dedans. Aussitôt la douceur et la chaleur bienfaisante de la soie matelassée se communiquèrent à son corps glacé. Elle cessa de claquer des dents et de frissonner. Elle tordit ses cheveux dégoulinants et les releva sur sa tête, les fixant négligemment avec une brindille qui traînait au sol.

Au loin, sur le lac, les pêcheurs lançaient encore leurs lignes et leurs filets. Mahéfik pourtant n'y était plus. C'était aujourd'hui le jour du duel. Ou était-ce demain? Peu importait, demain il serait peut-être mort...

Xm marchait doucement de long en large sur la terrasse de sa future maison de thé. Les planches sous ses pieds, chauffées par le soleil du matin, étaient lisses et douces. Elles lui fourniraient un sommier plus agréable que bien des lits dans lesquels elle avait été obligée de dormir durant ces dernières années.
Fatiguée d'aller et venir, Xm allait s'allonger sur les planches quand son regard fut attiré par une tache de couleur insolite dans un coin de la clairière: descendant de la terrasse, elle s'approcha, pour découvrir avec surprise un panier soigneusement couvert d'une serviette, rempli de victuailles.
Xm fronça les sourcils, serrant la couverture autour d'elle. Elle jeta un regard circulaire: personne. Celui ou celle qui avait déposé cela était parti comme il était venu. Sans doute était-il arrivé pendant qu'elle était au fond de l'eau à écouter les sirènes du désespoir.
Xm eut un petit rire triste. Confondant comme les Japons avaient déteint sur elle... Elle en arrivait maintenant à considérer la mort comme issue souhaitable à tout problème insoluble. Elle savait cependant qu'elle l'en était pas digne. C'était là même tout ce qui la retenait à la vie en ce moment.
Xm reposa la serviette sur le panier. Elle ne pouvait vraiment rien avaler. La seule chose qui la tentait un tant soit peu était la bouteille de vin. Mais elle se sentait bien trop mal encore pour y toucher.
Au moins, sa baignade prolongée dans l'eau froide avait eu un effet bénéfique. Sa migraine avait disparu. Xm retourna sur la terrasse laissant le panier où il était. Elle le rapporterait peut-être en ville, si elle redescendait. Pour l'instant elle n'avait qu'une envie: dormir. Dormir... rêver, peut-être.*




*oui, je sais c'est du Shakespeare...
Hamlet:
"To sleep, perchance to dream-
ay, there's the rub."
Hamlet (III, i, 65-68 )

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Vive comme l'éclair
Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Xmanfe1999
Xm s'était réveillée à la nuit tombée. Cela finissait d'ailleurs à être habituel, cette vie à l'envers. Dormir le jour et penser la nuit. Penser, marcher, se souvenir, écrire. Dans le calme et le silence de la nuit.
Elle enroula soigneusement la couverture et la fixa en bandoulière autour de son torse avec sa ceinture. Le calme avait finit par se faire dans son esprit et elle se sentait capable de retourner en ville et d'affronter la suite de sa vie, quelle qu'elle soit. D'ici quelques jours elle reprendrait la construction de sa maison de thé, mais d'ici là elle avait besoin de repos et cela elle ne pourrait le trouver nulle part mieux que chez elle . Elle ramassa le panier qu'elle n'avait pas touché et pris la direction de la ville.

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Insaisissable comme la lumière
Dure comme le fer
Et en amour comme à la guerre...
Xmanfe1999
A force de persévérance, la maison était presque achevée.
Xm y était revenue tous les jours, après la courte période de mauvais temps. Elle avait sué sang et eau et après les fondations, faites de piquets profondément enfoncés dans le sol, elle avait mis en place le sol de planches soigneusement poncées.
Les poteaux destinés à soutenir la charpente s'étaient élevés au quatre coins de la surface ainsi délimitée, et celle-ci une fois mise en place, Xm y avait cloué, pièce par pièce des lauzes de mélèze.
Aux Japons, le toit aurait pu être couvert de chaume de riz, mais hélas, cette solution était bien sûr impensable dans ces contrées alpines. De plus, Xm ne cultivant pas de blé, le chaume de cette céréale n'était pas non plus envisageable, bien trop cher.
Les petites écailles de bois imputrescible étaient donc la meilleure alternative. Cela donnait à ce qui n'était pour l'instant que le squelette de sa maison une petite allure comique de pagode alpestre, mais cela lui apporterait également une atmosphère embaumée de résine, qui remplacerait avantageusement l'encens qui était quasiment impossible à obtenir.
Xm, déjà inondée de sueur dans la matinée qui s'avançait, recula pour contempler son travail.
Plus que quelques jours et le gros œuvre serait enfin achevé.
Resterait alors à décorer l'endroit, selon les préceptes que Saburo lui avait enseignés.
Elle était impatiente d'en arriver là, bien qu'elle ignorât quelle serait sa réaction quand elle aurait enfin atteint son objectif. Peut-être déciderait-elle alors de s'y enfermer quelques temps pour méditer? La forêt, le lac lui offraient tout ce dont elle pourrait avoir besoin, hormis le pain.
Elle retourna l'idée un moment dans un coin de son esprit et décida de remettre sa décision à plus tard. Les intrus qui avaient depuis quelques temps perturbé sa quiétude un peu plus loin dans la forêt ne s'étaient pas encore en allés et la prise de la mairie par des pillards, puis sa reprise tôt le matin par les défenseurs de Genève lui suggéraient que ce n'était peut-être pas le bon moment pour se mettre en retrait de l'activité de la ville. Elle devrait en tout cas d'abord en discuter avec ses officiers supérieurs à la Garde et avec ses amis en ville.
Pour le moment elle allait faire un tour à la source et se rafraichir.
La journée s'annonçait torride.

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