Alphonse_tabouret
(* Brel)
Les minutes passaient, poisseuses dans la chaleur de la nuit, et Alphonse, les yeux rivés sur le plafond de sa chambre, attendait, sans plus bouger, que le sommeil ne le cueille enfin, forcé de se soumettre à lacharnement stoïque dont il faisait preuve sans succès. La ville était en proie à sa première réelle vague de chaleur de lannée et laissait pantelants, les corps habitués aux frimas printaniers, le comptable de lAphrodite en premier.
Nu, les draps rejetés à ses pieds, quelques mèches de ses cheveux colées à son front, étouffant dans le confort du sommier et la plume de loreiller, il restait impassible, à lutter contre une cause perdue. Le jeune homme avait toujours maudit la solitude insomniaque de la nuit, les extravagants chemins que lesprit empruntait dès lors quil se retrouvait seul sans plus rien pour le distraire La nuit était lheure des idées noires depuis toujours pour Alphonse, le moment mesquin où plus personne nest là pour vous soumettre à un jugement quil est aisé de falsifier
Quatre heures sonnèrent à léglise du quartier, achevant la patience dont il usait depuis plus de quarante minutes, insinuant dans ses veines battantes la certitude absolue quil ne pouvait pas rester une seconde de plus allongé ainsi, en proie à une tourmente qui avait lart de le menacer. Dun geste vif, il se redressa, agacé, cherchant dans un rayon de lune les braies abandonnées plus tôt, et les nouant rapidement une fois passées, sortit de sa chambre.
Ses dérives nocturnes au sein de lAphrodite sétaient toujours faites dans un seul sens, ses pas le menant généralement, à la manière dun comateux, de son bureau à son lit, lendroit nétant que depuis peu, redevenu un possible où il lui semblait normal daller y trouver quelques heures de repos. Le bordel frémissait encore çà et là des derniers bruits du monstre proche de sassoupir, et le chat, la plante des pieds effleurant le bois sombre du parquet, retrouvait ses réflexes félins sans même sans rendre compte, un besoin neuf au creux du ventre, une nostalgie ensorcelante guidant sa marche muette. Seul aux aguets dans un lieu où le sommeil sapprêtait à jeter ses voiles éthérés sur ses hôtes, le jeune homme, attentif, plus quil ne laurait pensé, laissa dériver ses pas jusquà la porte dune chambre à laquelle il ne frappa pas, voyant dans le couloir sombre quelques raies de lumière filtrer des interstices, entrouvrant celle quil visait pour se glisser dedans, surprenant la silhouette de la blonde dans le halo de sa bougie.
Les souvenirs emmêlés des soirée passées au creux de ses bras, au chaud de cette peau, à la pulpe de ses lèvres pour un oui, un non, un jeu, équilibre précaire entre l'amitié, la provocation et l'ennui, lui revirent en mémoire, désormais convaincu que certaines habitudes ne pouvaient pas mourir, elles...
Il appuya son dos au bois brut de la porte, la refermant par la même occasion, et, après un bref silence, pencha la tête dans un sourire de petit garçon pour lui confier, tout simplement :
-Je narrive pas à dormir
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Les minutes passaient, poisseuses dans la chaleur de la nuit, et Alphonse, les yeux rivés sur le plafond de sa chambre, attendait, sans plus bouger, que le sommeil ne le cueille enfin, forcé de se soumettre à lacharnement stoïque dont il faisait preuve sans succès. La ville était en proie à sa première réelle vague de chaleur de lannée et laissait pantelants, les corps habitués aux frimas printaniers, le comptable de lAphrodite en premier.
Nu, les draps rejetés à ses pieds, quelques mèches de ses cheveux colées à son front, étouffant dans le confort du sommier et la plume de loreiller, il restait impassible, à lutter contre une cause perdue. Le jeune homme avait toujours maudit la solitude insomniaque de la nuit, les extravagants chemins que lesprit empruntait dès lors quil se retrouvait seul sans plus rien pour le distraire La nuit était lheure des idées noires depuis toujours pour Alphonse, le moment mesquin où plus personne nest là pour vous soumettre à un jugement quil est aisé de falsifier
Quatre heures sonnèrent à léglise du quartier, achevant la patience dont il usait depuis plus de quarante minutes, insinuant dans ses veines battantes la certitude absolue quil ne pouvait pas rester une seconde de plus allongé ainsi, en proie à une tourmente qui avait lart de le menacer. Dun geste vif, il se redressa, agacé, cherchant dans un rayon de lune les braies abandonnées plus tôt, et les nouant rapidement une fois passées, sortit de sa chambre.
Ses dérives nocturnes au sein de lAphrodite sétaient toujours faites dans un seul sens, ses pas le menant généralement, à la manière dun comateux, de son bureau à son lit, lendroit nétant que depuis peu, redevenu un possible où il lui semblait normal daller y trouver quelques heures de repos. Le bordel frémissait encore çà et là des derniers bruits du monstre proche de sassoupir, et le chat, la plante des pieds effleurant le bois sombre du parquet, retrouvait ses réflexes félins sans même sans rendre compte, un besoin neuf au creux du ventre, une nostalgie ensorcelante guidant sa marche muette. Seul aux aguets dans un lieu où le sommeil sapprêtait à jeter ses voiles éthérés sur ses hôtes, le jeune homme, attentif, plus quil ne laurait pensé, laissa dériver ses pas jusquà la porte dune chambre à laquelle il ne frappa pas, voyant dans le couloir sombre quelques raies de lumière filtrer des interstices, entrouvrant celle quil visait pour se glisser dedans, surprenant la silhouette de la blonde dans le halo de sa bougie.
Les souvenirs emmêlés des soirée passées au creux de ses bras, au chaud de cette peau, à la pulpe de ses lèvres pour un oui, un non, un jeu, équilibre précaire entre l'amitié, la provocation et l'ennui, lui revirent en mémoire, désormais convaincu que certaines habitudes ne pouvaient pas mourir, elles...
Il appuya son dos au bois brut de la porte, la refermant par la même occasion, et, après un bref silence, pencha la tête dans un sourire de petit garçon pour lui confier, tout simplement :
-Je narrive pas à dormir
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