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[RP fermé ] La ville s'endormait et j'en oublie le nom...(*)

Alphonse_tabouret
(* Brel)

Les minutes passaient, poisseuses dans la chaleur de la nuit, et Alphonse, les yeux rivés sur le plafond de sa chambre, attendait, sans plus bouger, que le sommeil ne le cueille enfin, forcé de se soumettre à l’acharnement stoïque dont il faisait preuve… sans succès. La ville était en proie à sa première réelle vague de chaleur de l’année et laissait pantelants, les corps habitués aux frimas printaniers, le comptable de l’Aphrodite en premier.
Nu, les draps rejetés à ses pieds, quelques mèches de ses cheveux colées à son front, étouffant dans le confort du sommier et la plume de l’oreiller, il restait impassible, à lutter contre une cause perdue. Le jeune homme avait toujours maudit la solitude insomniaque de la nuit, les extravagants chemins que l’esprit empruntait dès lors qu’il se retrouvait seul sans plus rien pour le distraire… La nuit était l’heure des idées noires depuis toujours pour Alphonse, le moment mesquin où plus personne n’est là pour vous soumettre à un jugement qu’il est aisé de falsifier…

Quatre heures sonnèrent à l’église du quartier, achevant la patience dont il usait depuis plus de quarante minutes, insinuant dans ses veines battantes la certitude absolue qu’il ne pouvait pas rester une seconde de plus allongé ainsi, en proie à une tourmente qui avait l’art de le menacer. D’un geste vif, il se redressa, agacé, cherchant dans un rayon de lune les braies abandonnées plus tôt, et les nouant rapidement une fois passées, sortit de sa chambre.
Ses dérives nocturnes au sein de l’Aphrodite s’étaient toujours faites dans un seul sens, ses pas le menant généralement, à la manière d’un comateux, de son bureau à son lit, l’endroit n’étant que depuis peu, redevenu un possible où il lui semblait normal d’aller y trouver quelques heures de repos. Le bordel frémissait encore çà et là des derniers bruits du monstre proche de s’assoupir, et le chat, la plante des pieds effleurant le bois sombre du parquet, retrouvait ses réflexes félins sans même sans rendre compte, un besoin neuf au creux du ventre, une nostalgie ensorcelante guidant sa marche muette. Seul aux aguets dans un lieu où le sommeil s’apprêtait à jeter ses voiles éthérés sur ses hôtes, le jeune homme, attentif, plus qu’il ne l’aurait pensé, laissa dériver ses pas jusqu’à la porte d’une chambre à laquelle il ne frappa pas, voyant dans le couloir sombre quelques raies de lumière filtrer des interstices, entrouvrant celle qu’il visait pour se glisser dedans, surprenant la silhouette de la blonde dans le halo de sa bougie.
Les souvenirs emmêlés des soirée passées au creux de ses bras, au chaud de cette peau, à la pulpe de ses lèvres pour un oui, un non, un jeu, équilibre précaire entre l'amitié, la provocation et l'ennui, lui revirent en mémoire, désormais convaincu que certaines habitudes ne pouvaient pas mourir, elles...
Il appuya son dos au bois brut de la porte, la refermant par la même occasion, et, après un bref silence, pencha la tête dans un sourire de petit garçon pour lui confier, tout simplement :


-Je n’arrive pas à dormir…

_________________
Marie_onelia


Quatre heures venaient de sonner, la soirée allait bientôt se terminer, enfin pour les autres. Pour la blonde, cela faisait déjà une petite heure quelle avait prit congé du salon, ne trouvant point son bonheur parmi les clients. Non pas quelle fasse la fine bouche, mais il était claire que certains client ne pourrait jouer avec elle, ce ne serait qu’une perte de temps, elle préférait les laisser aux autres, là ou leurs écus seraient d’avantage apprécier. Ce n’était pas un secret, à présent ce n’était pas l’argent qui motivait la garce, c’était le plaisir, mais par-dessus tout le lieu en lui-même, et les souvenirs bien d’avantage. Les souvenirs … La garce retira la robe portée pour la soirée, laissant derrière elle une flaque de soie sombre, et ouvrit sa penderie, son choix serait vite fait. Et il se porta, non pas sur une de ces nombreuses nuisettes, mais sur une chemise, une chemise d’homme blanche. Une chemise de l’anglais, un cadeau, un pari plutôt, quelle avait emporté contre attente, obtenant ce prix qui aux yeux de plus d’un paraissait dérisoire, alors que pour elle, il s’agissait à présent d’un bien inestimable.
Alors pressant le vêtement contre son visage, inhalant l’odeur si familière mais pourtant si lointaine de son ami, elle se laissa bercer par son souvenir, et passa le vêtement, boutonnant quelques boutons seulement, et retroussant les manches, avant de s’assoir devant sa coiffeuse et de brosser ses cheveux. Le miroir lui renvoya une image qui la surpris, comme s’il ne s’agissait pas d’une simple surfasse réfléchissante, mais d’un accès pour le passé même, sans ses marques aux poignets et ses cheveux courts, elle ne donnait pas l’impression d’avoir changé.

La garce se regardait intensément, superposant le souvenir quelle avait d’elle-même, à son reflet actuel, lorsqu’elle vit sur la surface la porte s’ouvrir. Elle fronça les sourcils et fixa le reflet de cette dernière se demandant qui pouvait bien oser pénétrer sa chambre. Cependant, la réponse lui vint bien avant que la personne en question n’apparaisse, et la blonde fut ravie de ne pas s’être trompée, la question changeant dans sa tête devenant « Et qui d’autre … ». Comme si nul autre que lui pouvait s’aventurer en ses quartiers. Ce qui d’une certaines manière n’était pas faux. Elle le regarda alors refermer la porte en silence, puis lui adresser un sourire enfantin, sourire contagieux qui étira les commissures de ses lèvres. Elle réalisa à cet instant, en le voyant à quel points ils avaient grandit. Bien que les rituels se perpétuaient, ils n’avaient plus rien avoir avec le jeune garçon tout juste déniaisé et la jeune courtisane tout juste expérimentée ; et pourtant, elle se raccrochait à ce souvenir, comme si, à force d’y croire aussi fort, tout redeviendrait comme à l’époque, et l’anglais ne les aurait pas quitté.


Avec cette chaleur je te comprends, mais je t’en pris installe toi.

Elle se retourna et lui adressa un sourire, désignant le lit d’un signe de tête, se relevant ensuite. Toutefois elle attendit qu’il prenne place, sachant à sa position si elle devait lui caresser les cheveux, ou s’il lui carrosserait les siens. Et cette idée fit apparaitre un sourire timide, redoutant qu’il ai oublié leur rituels, craignant d'avantage quelle n'ai plus droit à ce privilège si rarement accordé par le brun.

Alphonse_tabouret
Les yeux sombres du jeune homme glissèrent le long de la chemise qu’il connaissait tandis qu’il avançait d’un pas lent vers le lit désigné, vers le confort éphémère d’un avant qui jouait au présent dans la petite chambre de la garce. Dix ans s’étaient écoulés depuis la première fois où il avait croisé la blonde au détour du comptoir de l’Aphrodite, client nerveux mais jouant déjà des apparences pour satisfaire son égo à défaut de son âme, une décennie entière qui avait jeté sur les enfants qu’ils étaient toute la violence de sa tempête, n’épargnant que pour mieux déchirer de ses mains épaisses les lambeaux de rêves encore éparpillés le long de leurs prunelles. Le temps avait filé, emportant l’un et l’autre dans des danses solitaires le long de leurs chemins personnels, mais avait épargné, par un heureux hasard, la fraicheur irrationnelle de jeux d’enfants au creux des bras de l’Aphrodite : rires alcoolisés pleuvant en cascade dans l’écrin des murs, gestes provocants visant à plonger sur eux la lueur lubrique jusqu’alors latente des clients fraichement arrivés, confidences rares dans les derniers bruissements d’un salon désert en attendant que l’anglais ne finisse sa passe avant de les rejoindre…
Ils avaient tout consommé, à l’exception la chair, éternels équilibristes sur le sujet, quand les pires horreurs avaient été susurrées à l’oreille sous l’opprobre d’une caresse impudique, quand les lèvres s’étaient jointes dans la fièvre d’une soirée trop avinée, quand les mains avaient flirté avec une insolence rare à la lisière de la débauche… Joueurs invétérés, égoïstes splendides, tout dédiés l’un comme l’autre à leur propre arrogance, ils s’étaient étrangement trouvés autour d’un pire encore qui avait pourtant su les aimer, eux, que personne n’avait pris le temps de chérir quelques heures.

Silencieux, il se pencha pour venir appuyer ses doigts sur le bout du lit et y glissa, fluide, remontant vers le large traversin et les coussins essaimés en tête, retrouvant dans le moelleux du sommier, une part de ce qu’il était venu chercher. L’odeur de ces nuits où dans le parfum somnolant de la blonde, l’anglais les rejoignait pour se frayer une place entre eux, empestant les autres, venant chercher auprès d’eux ce qui ressemblait le plus au parfum d’un chez lui, avant de cueillir le flamand d’une caresse le ramenant à la vie et à ses priorités… Une fois seulement il s’était retourné tandis que Quentin l’entrainait vers sa chambre, une fois seulement, il avait vu le visage de la blonde sur leur départ et n’avait jamais su interpréter le sourire qu’il avait lu à ses lèvres.
Sa place sur le lit fut prise sans plus de réflexion, interrompant son ascension à mi-hauteur, les muscles de son dos coulant contre le drap, lui faisant la place nécessaire à ce qu’elle vienne le surplomber… De toutes les mains de femmes, c’étaient peut être les seules dont il supportait la tendresse dans ses cheveux, et si l’image d’Axelle effleura son esprit, il ne s’y attarda pas, vaniteux, sans même chercher à comprendre pourquoi la garce bénéficiait d’une telle dérogation, sans même se dire que, peut-être, finalement, en dépit de toutes les tragédies qu’on lui impose, l’affection que se porte les enfants dure bien plus longtemps que les rancœurs de l’humiliation…
Il ferma les yeux quelques instants, se fiant aux sons de la pièce, aux mouvements de la blonde, et quand enfin, le lit accusa le poids fluet de la catin, il soupira, parlant de la chemise qu’elle avait sur le dos, un sourire doucement narquois aux lèvres :

-Elle m’irait mieux qu’à toi…
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Marie_onelia


L’attente ne fut pas trop longue et immédiatement il commença à prendre place, et la vision du brun s’étirant tel un félin pour regagner le lit tout de pourpre et de doré lui fit réaliser qu’il ne s’agissait plus d’un enfant, bien que les images du passé se superposent et voile le présent, chaque muscle de son torse, chaque marque inconnu lui prouvaient qu’il avait changé, grandit. Plus rien à voir avec le l’adolescent d’autrefois, paraissant maladroit malgré son assurance, comme si être à l’Aphrodite avait quelques chose de contre nature, alors qu’au fond de lui, il savait que sa place était ici. Et finalement l’Aphrodite tout autant que l’anglais, avait su laissé leur marque dans son cœur, et créé un lien profond dans son esprit, alors le brun était toujours revenu, même à l’heure actuel. Et pour cela, même si la Garce ne le montrait pas, ou que peu, il avait toute sa gratitude, et il brulait à ses yeux d’une flamme nouvelle. Une flamme d’admiration. Elle avait ressentit bien des choses à son égard, du respect, de l’affection, de la gratitude, mais c’était l’anglais qui accaparait chez elle tout son intérêt, et qui par le futur était le seul à pouvoir bénéficier du privilège de sa « normalité ».
La blonde se coula alors aux cotés du brun, prenant place au sommet de sa personne, repliant ses jambes sous elle, commençant machinalement à laisser glisser ses doigts entre les filaments brun de sa chevelure, ses caresses restant délicates tout en se faisant assez ferme, comme pour emprisonner le moment présent, comme pour se raccrocher au passé.

La jeune femme avait depuis bien longtemps quitté le bordel, vivant sa vie, découvrant de nouvelles façons de vivre, traversant inlassablement le territoire français, s’en allant jusqu’en empire. Puis elle s’était même laissé aller en Angleterre, se souvenant clairement de cet amant, envers qui tous ses fantasmes et plaisirs prenaient un sens, et qui par un phénomène parfaitement incongru lui avait fait réaliser le sens véritable de son être ; l’importance de Quentin en son univers, la part de l’Aphrodite qui vivait en son sein. Alors elle était revenue, belle scandaleuse, pleine d’une expérience nouvelle, et d’histoires à raconter, désireuse de tout raconter à son ami d’enfance, heureuse d’avoir visité sa patrie, subtile voyage qui la rapprochait de lui. Et à voir ainsi le brun, détendu entre ses mains, paisiblement installé, la jeune femme aurait presque cru n’avoir jamais quitté Paris pour jouer ses aventures et écrire son histoire. Que l’anglais d’une minute à l’autre interromprait cet instant privilégié pour quérir son comptable, et s’en aller le cueillir dans sa chambre. Mais leur silence qui toutefois en disait long, fut seulement interrompu par les mots prononcés d’Alphonse. Ses émeraudes quittèrent instantanément la porte, pour se ficher sur le visage calme du flamant, calme, mais fendu d’une expression narquoise à laquelle la garce se sentait un incapable de ne pas répondre.


Très certainement...

Se penchant au dessus du brun, son visage à quelques centimètres de celui du comptable, le cachant derrière un rideau blond, ses mains glissant de ses cheveux le long de son cou, courant de ses épaules à son ventre, frôlant ses muscles, remontant à la limite des brais pour regagner ses mèches. Susurrant dans un souffle que le moindre bruit aurait put emporter ce quelle pensait de son idée, son regard pétillant de malice.

Mais il te faudrait me passer sur le corps pour l’avoir.

En temps normal la garce aurait, dans l’optique d’un quelconque jeu de leur invention, misée la chemise, ou bien même troquée, car il ne lui suffisait que de parier un nouveau vêtement avec l’anglais, mais aujourd’hui, la chemise représentait à ses yeux une pièce maitresse de son souvenir. L’espoir même de le voir resurgir, interrompre leur badinage et repartir la laissant seule, et souriante, car c’était là tout ce quelle avait toujours connu, toujours affectionné. Et comme par miracle, des bruits de pas se firent entendre, cela ne pouvait bien entendu pas être Quentin, mais la blonde ne put que retenir sa respiration, dans l’attente de voir la porte s’ouvrir, et l’anglais apparaitre. Cependant, il ne s’agissait là que d’un courtisan qui regagnait ses appartements, mélangé à une pointe de désespoir. Elle relâcha alors son souffle, dans un long soupire emplis de regret. Alphonse était peut être bien présent ce soir, mais l’équilibre était rompu, l’anglais était la part de lumière qui subsistait dans ses sombres plaisirs, dans son obscur décadences, en leur étant arraché de cette manière, tout n’était plus que ténèbres et aigreur.
Mais le comptable était là, son second ami était là, tout aussi rongé cette absence qui leur laissait le même gout amer dans la bouche, ce sentiment d’abandon qui fait les couches froides. Et bien que la blonde mourrait d’envie de déverser son chagrin, de lui confier ses peines, ses craintes, elle s’abstint, embrassant son front et quelques mèches brunes, reprenant la caresse de sa chevelure. La dernière chose quelle désirait, c’était de mettre fin à ce moment, et de voir le flamant lui tourner le dos à son tour.


Alphonse_tabouret
Les formes de la catin vinrent se placer contre les siennes, s’emboitant savamment dans une pose tendre, lui offrant l’odeur moelleuse de son corps à portée de nez tandis que ses doigts délicats aux ongles longs venaient s’enfoncer dans ses cheveux bruns, tendres, sans être compatissant, doucement énergiques d’une douleur ravalée et que la blonde ne semblait communiquer que dans ces moments-là. Était-ce parce qu’elle avait si peu l’occasion d'exercer ces gestes là, délicats, personnels, intimes, en dehors des heures tarifées de son métier et que cela semblait la plonger toujours dans un état doux-amer qu’il la laissait ainsi caresser sa tête têtue ?... Ou bien tout simplement parce que des deux, finalement, ce n’était pas lui que cela apaisait le plus ?...

Très certainement... Les mains expertes de la blonde quittèrent la masse sombre de ses cheveux pour courir, habiles, ludiques, provocantes sans pour autant dispenser le vrai feu de la brulure, le long de son torse, en dessinant les courbes, goutant de la pulpe la ligne nette et duveteuse qui s’étirait de son nombril pour plonger à ses braies, étirant un sourire amusé à ses lèvres qui s’acheva par un rire silencieux quand elle conclut, dextre et senestre à nouveau sages, dans la chevelure du comptable. Mais il te faudrait me passer sur le corps pour l’avoir.
-Oh Chérie, si ce n’est que ça, je peux m’en arranger, rétorqua-t-il, carnassier, sachant pertinemment qu’il n’avait aucune chance même s’il déchainait sur corps délicieux de toute la violence dans laquelle elle exultait, d’arriver à lui soutirer le butin, mais jongler sur des idioties c‘était aussi, ce qu’il était venu chercher à la faveur des mains de la garce.

Dans le couloir, à la faveur du sommeil qui n’allait pas tarder à immerger la maisonnée, des pas retentirent dans le couloir et il sentit tout le corps de la blonde se tendre, traversé par un souvenir que sa simple présence sur ce lit attisait obligatoirement. Ça aussi, c’était ce qu’il était venu chercher, mais la violence du manque lui sauta à la gorge dès qu’il comprit ce qui avait ainsi affuté la catin, ce qu’un instant, fou, naïf, elle avait entendu. Était il seulement capable, déjà amputé de lui-même au sortir de cette lutte âpre avec l’absence, de rassurer, apaiser la belle blonde dont l’esprit, remis de sa brève errance se repliait sur lui-même, dispersant, enfantine, quelques baisers doux sur son front. Sa dextre s’étira pour venir cueillir l’arrondi de son crâne, la maintenant penchée au-dessus de sa tête, tandis qu’elle parsemait de petits baisers dans ses cheveux bruns. Basculant la tête en arrière pour venir épingler quelques baisers le long de la gorge parfumée, débordant sur le menton, happant la lèvre inférieure entre les siennes, finissant par les imprimer légèrement à sa bouche, il reprit, à quelques centimètres de celle-ci, pour la divertir, jouant le ton ludique et bas du défi pour éloigner l’abime de la tristesse qui la menaçait :


-Marie... Prénom susurré d'un ton câlin. Donne-moi dix mètres de corde, quelques lanières de cuir et je t’arrache un oui dans toute sa splendeur
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Marie_onelia


-Oh Chérie, si ce n’est que ça, je peux m’en arranger

La blonde laissa le comptable s’amuser, après tout c’était elle qui avait commencé. Mais son esprit se refermait sur lui-même, plongeant dans ses souvenirs, brassant dans ses pensées, s’enfonçant plus profond dans les moments vécus, ces moments bien moins douloureux que ces moments quelle s’était imaginée vivre un jour. Il lui suffisait de faire comme avec les clients qui ne lui plaisait pas, lorsqu’elle avait la malchance de voir toutes les autres partir faire œuvre de leurs arts. Il suffisait d’attendre, d’avoir les bons gestes quand il le fallait, de leur faire vivre et découvrir des choses nouvelles, tout en pensant à autre chose, le tout venant presque mécaniquement. Ensuite il fallait donner l’illusion d’être comblée, de flatter l’homme dans sa virilité, l’enorgueillir, jusqu’à ce qu’enfin il arrive au bout de son envie, se libère, et règle. Il suffisait tout simplement de lui adresser des sourires, d’hocher la tête, et de ponctuer d’une réponse neutre « hum » ; « han-han »…
Mais il s’agissait d’Alphonse, et ses réponses charnelles étaient précises. Ses mots étaient choisis, son attention particulière. Son pilier venait de céder, son équilibre se retrouvait déséquilibré, mais il subsistait. Lui, dernière lueur dans son obscurité, dernier pilier qui l’empêchait de faillir, lui qui permettait malgré tout quelle conserve un peu de cet équilibre perdu.
-Oh Chérie, si ce n’est que ça, je peux m’en arranger, Les mots lui revinrent comme si elle venait de les entendre, elle resurgissait des eaux profondes qu’était le passé. Elle quittait peu à peu ses souvenirs, s’éloignait de ce qui aurait put être et ce qui ne sera plus. Elle apercevait la surface, son regard voilé lui permettait de distinguer, le flamant, de regagner sa chambre, de recouvrer ses esprits.


-Marie...

Ce mot, son nom la dégagea entièrement de sa torpeur, l’arrachant aux mains avide et fermes des fantômes du passé. Et ses yeux verts se posèrent sur le comptable, le voyant clairement, comme si elle le découvrait pour la première fois, plus grand, plus musclé, plus vieux et plus fatigué. La garde en eu presque peur de s’admirer par la suite, craignant le résultat.
Donne-moi dix mètres de corde, quelques lanières de cuir et je t’arrache un oui dans toute sa splendeur. La remarque la fit sourire, et chassa son chagrin, allégea son cœur. Pour combien de temps, elle ne savait guère, mais elle s’en fichait. Alors et pour surprendre le brun autant quelle, elle déposa un baiser franc sur ses lèvres. Elle qui était du genre féline, à jouer avec la nourriture, tournant autour d’elle et la taquinant de temps à autre, mais rien de véritablement direct. D’où la surprise quelle espérait susciter en étant si avenante. La garce se pencha alors à son oreille pour lui murmurer d’un ton complice.


- Les jouets, toujours dans la malle. Elle lui désigna alors le grand coffre adjacent la coiffeuse. Je te laisse faire ton choix.

La blonde ne lui laissa toutefois pas le temps de faire quoi que ce soit, lui mordillant le lobe de l’oreille à laquelle elle susurrait un instant avant, soignant ses effets, abandonnant une main sur son torse, laissant glisser son ongle sur sa peau, le zébrant d’une fine ligne rouge qui disparaissait aussi vite quelle la faisait apparaitre.
Quoi que, douterais-tu de ta capacité à m’arracher un grand oui de tes propres moyens ?

A présent son sourire était carnassier, son doigt striant toujours sa peau suivant la ligne duveteuse, l’ongle glissant entre la peau et le tissu, le soulevant légèrement pour le laisser claquer faiblement contre sa peau, comme une promesse d’un ce qui pourrait être, reprenant sa course sur son corps, laissant affluer le sang affluer à son passage, et disparaitre, gagnant ainsi son menton quelle redresse, dominant le comptable, ses yeux brillant d’une lueur joueuse et sauvage. Le feu en elle était réveillé, et elle brulait de cette passion folle et obscure dont seul l’anglais avait sut apporter de la normalité et de la lumière. Le seule qui eu put à succès. Mais l’espace d’un instant elle l’idée que lui puisse le remplacer à sa manière lui parcourut vivement l’esprit, tout aussi vivement qu’elle fut oubliée.

- Alors Alphonse. A quel jeu voulez vous jouer ?


Alphonse_tabouret
Le baiser le surprit, non pas par son audace, mais par sa spontanéité, se faisant place nette au travers des dizaines échangés entre eux sans qu’aucun ne ressemble à celui-là. D’habitude gagnés à force de détours, volés, aériens, ou encore abusifs dans l’apothéose de la démonstration faite aux yeux des badauds avant de s’éclipser… mais jamais encore, les lèvres pleines n’étaient venues s’apposer aux siennes avec un tel élan, et Alphonse lui trouva un gout délicatement fraternel, doucement naïf, agréablement pur.

Le souffle de la blonde ne lui laissa pas le répit nécessaire à une réplique, s’égarant prés de son oreille en y déversant une provocation complice, affinant le sourire du flamand lorsque son regard suivit le geste pour tomber sur le coffre à malices. Les dents blanches cueillirent avec espièglerie le lobe blanc qu’elles trouvèrent à portée de souffle quand l’ongle d’un index imprimait, fugace, la ligne de son dessin sur le ventre brun, lui arrachant un frisson qu’il ne chercha pas à dissimuler.
Livré à la concupiscence ludique de la blonde, le chat se laissait cajoler, accentuant volontairement cet état d’alanguissement où la moiteur de la chaleur se mélangeait à l’effervescence fraiche qu’elle s’appliquait à faire naitre de tous ses artifices, magistrale dès qu’elle revêtait ses apparats les plus pointus, et ne se força à ouvrir les yeux que lorsqu’elle inclina son menton de la pulpe de son doigt. Un instant il s’égara, paisiblement torturé, esclave dont la corde avait encore assez de lest pour céder aux deux miroirs clairs qui le regardaient, reflétant une lueur qu’il reconnut pour l’avoir vu souvent dans son propre reflet…
Étangs troubles où la folie affleurait doucement, où la faim aiguillonnée par l’esprit poussait le jeu à ses extrémités les plus lascives, les yeux de Marie portaient sur le jeune homme la morsure de sa maladie éveillée.


- Alors Alphonse. A quel jeu voulez-vous jouer ?

Jusque-là le jeu avait toujours eu un public à choquer et le rideau finissait toujours par tomber avec l’arrivée de l’anglais. Etait-ce parce qu’au fond, durant tout ce temps, la présence de Quentin planait entre eux, découpant le temps à son propre rythme, ne permettant en aucun cas de se livrer à plus que les badineries fausses et fiévreuses qu’ils n’avaient jamais consommé ? Etait-ce parce qu’ils savaient tous deux que le temps était compté, quels que soient les scenarios qu’ils s’imposaient, que rien n’était jamais venu rompre cet équilibre précaire sur lequel ils jonglaient…
Qu’en était-il maintenant qu’Il ne risquait plus de rentrer en étant attendu ?
Il laissa s’étioler les secondes dans cette interrogation, le regard se portant sur la bouche veloutée de la blonde quand sa senestre venait empoigner la masse de ses cheveux à ses doigts, serrant sa prise avec une fermeté dont il la savait friande, la forçant à présenter ses lèvres qu’il s’appropria sans plus de mots d’une morsure nette, répondant à la surprise par une autre


-Celui qui vous amusera le plus, très chère… répondit-il enfin, méticuleux, montrant des crocs jusque dans le sourire narquois de ses lèvres suspendues à un souffle des siennes.

Elle voulait jouer ?
Lui aussi, fauve éternellement curieux de savoir ce qu’il adviendrait d’un jeu dont la règle principale n’existait plus.

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Marie_onelia



Tout avait toujours été équilibre entre Alphonse et la blonde, et ce de tout temps. Une occupation contre son temps, un rôle contre son amusement. La base même de leur relation, de leur amitié. A présent il semblait que c’était une surprise contre une surprise, chacune de taille, chacune surprenant avec maestria l’autre. Elle n’aurait sut définir le feu qui la submergea au moment même ou les doigts masculins vinrent se saisir de sa chevelure, vivement, doux mélange de violence et de passion. Ses lèvres offertes se laissèrent mordre, une douleur vive engourdissant l’inférieur. Pourtant, malgré la rudesse de ses gestes, qui semblait à s’y méprendre sortir tout droit de son obscure perversion, elle ressentait une pointe de lumière dans sa noirceur, la griffe du flamand. Il pouvait se joindre à ses jeux, se plonger dans son noir désir, mais rester parfaitement immaculé à ses yeux, lui offrir un nouvel équilibre. Car depuis toujours une question flottait en l’esprit de la Garce, toute petite au début, à peine un murmure, croissant cependant au fil des années et de leurs jeux. Existait-il une forme de passion entre eux, seulement interrompu par l’arrivée de l’anglais, ou n’était-ce qu’une simple amitié ? La jeune femme n’avait jamais cherché à apporter réponse à ses interrogations. Mais aujourd’hui, ce soir, tout était différent, comme si le monde entier ne tournait plus pareil. Elle sentait cette tension entre eux, elle sentait à chaque seconde que le comptable passait dans sa chambre, la limite de leur jeu s’effiler. L’anglais n’était plus là, à son plus grand damne il ne passera pas la porte ce soir, le rideau ne tombait pas et le spectacle continuait, spectacle dont le seul but était de ravir les acteurs de leur prestation personnel tout en découvrant le jeu de leur nouveau partenaire.


-Celui qui vous amusera le plus, très chère…

Elle n’aurait put dire si ce furent les mots ou bien le sourire carnassier qui attisa le brasier de son désir, et ne le pourrait sans doute jamais. Tout ce dont elle était certaine, c’est qu’à présent, elle était prête à tout tenter pour saisir de nouveau cette lumière, de s’assurer ce nouvel équilibre, de laisser une lueur allumée dans ses ténèbres tout comme la lanterne de l’Aphrodite perçait le voile de la nuit pour éclairer de sa lumière tentatrice les ruelles de Paris. La garce se redressa les doigts du comptable cédant, libérant sa chevelure, et instantanément, elle ressentit comme un sentiment de manque et d’abandon. Toutefois elle rejeta cette sensation, jubilant déjà pour ce qui se tramait dans sa tête, venant caresser des deux mains la malle qui contenait les sombres instruments de ses plaisirs. Il ne s’agissait cependant que d’une illusion miroitée au flamand, ou peut être une promesse qu’un jour … En tout cas, elle poursuivit jusque dans la penderie pour en revenir avec un simple foulard de soie pourpre. Foulard quelle portait tel un trophée s’approchant du comptable un air redoutablement bestiale et sauvage sur le visage, se coulant délicatement au dessus de son corps pour lui faire fasse, embrassant ses paupières l’une après l’autre pour les fermer, les recouvrant du tissus quelle noua derrière sa tête, lui faisant perdre l’usage du sens le plus précieux de l’homme. Lui arrachant la vue.

Marie le regarda un long instant reposer entre ses griffe, aveugle, et se cala à son coté, avant d’en profiter pour déposer un baiser passionné sur ses lèvres, faisant glisser les siennes jusqu’au creux de son cou, proliférant des baisers et de douces morsures. Heureuse qu’il ne puisse que la sentir faire preuve d’une simple tendresse qui lui était peu habituelle mais plus expressive. Expressive au point que sa main joigne de nouveau le torse du flamant, contact chaud sur ses doigts qui vinrent courir sur les sillons de son corps, traçant les courbes de ses muscles, dessinant le cercle de ses tétons masculins, leur route se poursuivant sur le ventre, ou ils vinrent tracer des cercles autour de son nombril jusqu’à s’amuser à nouveau dans la ligne nette et duveteuse la suivant lentement et délicatement au -delà des braies même qui ne furent cette fois ci pas une frontière suffisante. Et un à un ils goutèrent au contact de chaud du morceau de chaire, le taquinant chacun leur tour, le caressant de manière doucereuse, en parfaite contradiction avec les baisers donnés qui devinrent plus vorace. La situation s’inversant quand les baisers se firent plus tendre et sa main plus avide de sens encore.

Et ce fut seulement après s’être enorgueillit du contact charnel avec le flamant, que de sa main libre elle guida celle masculine sur son corps, le laissant entrevoir tactilement ses courbes, au dessus de la chemise, sa main découvrant ses hanches généreuses, le creux de ses reins, le volupté de ses seins, la délicatesse de son cou, et la tendresse de ses lèvres avant de redécouvrir le tout en sens inverse, toujours par-dessus le tissu, n’allant jamais au delà de la chemise, se jouant de son envie de la posséder.



- J'espère que vous vous amusez vous autant que moi Alphonse ? La question fut posée avec un sourire qui ne quitta pas ses lèvres et qu’il put probablement sentir contre sa peau lorsque ses baisers reprirent ainsi que ses caresses continuant inlassablement le petit manège auquel elle s'adonnait de façon timide, maladroite dans les jeux de simples passion, rassurée par la cécité temporaire du flamant.

Alphonse_tabouret
La blonde délaissa l’emprise de ses doigts tandis qu’elle se redressait, mettant en avant, au fil de la lumière chaude de la bougie, son profil mutin, un regard où perçaient des mondes de plaisirs méconnus tandis qu’elle portait une main sur son coffre à malices.
Le comptable connaissait les penchants de Marie pour avoir déjà fouiné dans ce coffre, énumérant avec l’anglais, immatures et riant, les divers trésors qu’on y trouvait, et même si son chemin avait croisé l’appétit houleux de certaines maitresses ou amants, il n’avait jamais poussé le péché de chair jusqu’à la douleur la plus aigüe… Les plaisirs du sadisme et du masochisme dans toute leur splendeur lui échappaient parfois quand il aimait pourtant la violence non contenue des rapports charnels. Frileux peut être, il n’avait jamais poussé plus loin qu’une rage non calculée qui se pardonne quand l’extase enrobe le corps, qu’une passion bousculée enflant au rythme de son désir pour s’abattre sur un autre dont la concupiscence s’est allumée dans le charivari du tumulte…

Les onyx suivirent la silhouette élancée dont la chemise soulignait au fond plus qu’elle ne cachait les courbes sensuelles de la catin, jusqu’à s’accrocher à la couleur vibrante du foulard. Remontant le regard sur le visage de la blonde, il laissa un sourire amusé s’étirer en trouvant dans ses prunelles un feu à la fois mauvais et jubilatoire, un feu qu’il connaissait, prémices d’un jeu qui jusque-là n’avait jamais abouti et était resté au stade de provocations d’enfants à la face d’un monde qu’ils cherchaient à écorcher.
Glissant au-dessus de lui, la blonde vint clore ses paupières du velouté de ses lèvres, distillant un parfum différent de celui qu’elle portait pour séduire ces clients, plus personnel, reliquat d’une fragrance qui n’appartenait qu’à elle une fois lavée des autres, une fois reine en son domaine, et porté par cette saveur dont il n’avait jamais entraperçu que des lambeaux, la laissa faire, plongeant dans un horizon aveugle, redécouvrant non sans une pointe d’amusement, le frisson frais courant à sa chair , l’étrange sensation d’être livré à l’appétit d’un autre qu’on ne voit plus, dont on ne peut que deviner l’envie au travers de ses autres sens. Immobile, sans plus broncher, plongé dans l’opacité nouvelle, Alphonse se laissa submerger, le cœur vibrant d’une pointe d’excitation spontanée, par les petits bruits alentours, attentif plus encore aux bruissements du tissu de la blonde se calant à son flanc, à son souffle qui lui semblait soudain parfaitement audible quand quelques instants auparavant il ne l’aurait pas décelé sans se concentrer, à son parfum qui prenait une ampleur jusqu’à saisir ses papilles.
La trêve s’attarda pour être rompue d’un baiser plein, sauvage, auquel il ne s’attendait pas et auquel son corps répondit d’une langueur sourde venant chatouiller ses sens, gonflant au rythme de la bouche courtisane qui ne cessait plus ses attentions, alternant à sa peau la morsure et le baume quand sa main se frayait un passage, impudique, à la lisière de ses braies.
Son souffle s’interrompit brièvement en sentant les doigts de la jeune femme venir suggérer la courbe qui se dessinait doucement sous son ventre, livré en pâture à un corps qui, dans sa cécité se gorgeait encore plus du moindre frémissement, et se laissa faire, chat indolent livré aux cajoleries de sa maitresse, dont l’excitation grandissait sous les outrages qu’elle dispensait en alternant à la fureur de sa bouche, la douceur de ses doigts quand elle ne changeait tout simplement pas l’ordre des choses. Gonflé d’un plaisir né de l’habileté de la blonde à savoir souffler sur les braises les plus lancinantes pour faire jaillir la flamme, le jeune homme, grignoté par le cotonneux du bien être de ces caresses qui le couvraient, l’emprisonnaient, l’appelaient, laissa son corps se tendre au travers d’une respiration qu’il contrôlait encore, jouet averti entre les mains d’une femme.


- J'espère que vous vous amusez vous autant que moi Alphonse ?

Voguant au creux de cette obscurité concupiscente il laissa sa dextre se faire guider sur les courbes audacieuses, voilées par le tissu de la chemise mais dont l’exaltation se sentait jusqu’à ses seins pointant outrageusement sous la caresse qu’elle lui fit prodiguer, et restant sage sous le bandeau imposé, glissa sur le coté quand sa senestre s’appropriait seule la hanche pour la basculer face à lui.
Couchés sur le flanc, face à face, dans le parfum étrange d’une nostalgie au gout d’adolescence, la pulpe de ses doigts partit à la découverte de la chair tendre qu’elle sentait s’éveiller sous les arabesques qu’il y dessinait, attentif plus que de coutume au souffle changeant de Marie selon les endroits qu’il gagnait, étonné de voir parfaitement la bouche mordillée de plaisir de la blonde rien qu’au sifflement léger de sa respiration, naitre si nettement entre ses tempes, et fort de cette vision, appuya sa conquête en reprenant le contrôle de la main abandonnée aux soins de la jeune femme quand il glissait l’autre au bas de ses ventre pour rejoindre la chaleur de ses cuisses, trouvant la soie du buisson à portée de sa paume. Dans la main de la courtisane, le membre mâle s’était gorgé d’une raideur toute excusable et tandis qu’elle la suggérait de plus en plus au contact de ses doigts fins et de ses mouvements délicieusement désordonnés, le jeune homme entreprit à son tour d’user de toute la sournoiserie caressante de sa main pour doucement entraver ses pensées et tandis qu’il appliquait le mouvement de sa main, répondit, le ton de sa voix voilé d’un bien être lascif que soulignait son sourire :

-Très chère... Ce genre de jeux m’a toujours plu… Ses doigts pincèrent tendrement mais fermement un des dômes qu’il trouvèrent à portée de leur prise, désormais insinués sous la chemise, quand sa main à son ventre devenait plus aventurière, glissant entre les nymphes blondes pour cueillir de leur pulpe, la rosée y naissant, accentuant de ce fait ses arabesques qu’il semait, de plus en plus marquées, suivant le ballet ondulant de la respiration de Marie… Rappelez-m’en… Un bref gémissement lui échappa lors d’un changement de rythme aux mains féminines que la blonde avala d’un de ses nombreux baisers, tendant son corps tout entier d’un soubresaut qu’il s’astreint à calmer, et, attendant quelques secondes pour décrisper le fil de sa mâchoire, poursuivit, revanchard, enfonçant deux doigts dans la gangue humide des cuisses blondes quand son pouce poisseux partait à l’assaut de son bouton… les règles…
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Marie_onelia
La Garce jubilait de son total contrôle de la situation, sensation de pleine puissance que la domination lui procurait. Elle la sentait glisser autour d’elle comme un animal affectueux et fidèle qui revenait toujours. Mais c’était un cas à part, ce n’était pas un simple soumis quelle dominait, c’était Alphonse, et cela changeait tout, la sensation était différente, moins rude, et plus douce, sensuel. Le flamant bougea alors, dérangeant la position, offrant d’avantage d’intimité. Une intimité puissante qui la dérouta complètement, elle dont les plaisirs étaient aussi noir que la nuit. Et les mains masculines s’activèrent, à son plus grand désarroi, mais également son plus grand plaisir. Elle les laissa courir son corps de leur propre chef, pincer adroitement, caresser habilement, la blonde n’en finissait plus de s’émerveiller de sensation si extraordinairement passionnelle. Rien n’était douleur, tout était simple plaisir. Elle se sentait s’enfoncer dans des limbes cotonneuses, cela faisait une éternité quelle n’avait connu pareille sensation, et celle-ci encore plus, à mille lieu de cette obscurité malsaine dans laquelle elle se complaisait, non tout était immaculé, tout n’était qu’Alphonse, et c’était un vrai miracle que ses gestes, plus instinctif que mécanique, continue à opérer leurs actions sur le corps flamant.


-Très chère... Ce genre de jeux m’a toujours plu… Les bien que lointains la ramenèrent à un semblant de réalité, son visage se pourfendant d’un sourire. Sourire de courte durée, séparant ses lèvres pour laisser échapper un peu de la fureur du brasier, laisser retentir une plainte de plaisir, tandis que les mains expertes du comptable œuvraient avec une dextérité grisante. Rappelez-m’en… A peine la blonde eu t’elle l’idée de s’affubler d’un sourire satisfait, que les doigts plus vengeur qu’inquisiteur exerce leurs actions sublimes en son être, venant alimenter le brasier dans son nid, lui coupant la respiration, aussi surprise que conquise, le sentant s’accroitre, surgir par vague et tendre son corps. les règles…

Les règles, à cette mention la fit voir des chaines, de principes, de respect, de moral, des chaines séparant deux corps, leur permettant juste de se taquiner, de s’amuser, mais point de consommer. Ces chaines, venaient de se détendre, de se briser, mais laissèrent les marques de leur entrave sur le corps et dans leurs âmes, les laissant se toucher encore timidement chastement. Oui les règles venaient de se briser, ils venaient de franchir un interdit, de rompre un équilibre pour en créer un nouveau. Et cette idée était tout simplement exquise. La garce se pencha donc un peu plus contre le Flamant, et essaya de contrôler son plaisir, pour lui murmurer comme un secret intime, le constat de sa réflexion. - Les règles n’existent plus. Et le laisser s’imprégner des promesses, et autres possibilités qui en découlaient. Alors pour tout aussi vengeresse que son comparse, et pour ancrer ses propos dans son esprit, ses doigts se firent plus vifs, plus subtiles, serrant et desserrant adroitement leur étreinte, cassant le rythme imposé jusque là, brisant la cadence, déroutant le corps.

Et elle sentit tout autant quelle entendit la respiration du flamant s’accélérer, sa propre respiration adoptant le même rythme, leur deux corps tendu à l’extrême sous la passion, gémissant jusqu’à l’extrême, jusqu’à ce que le plaisir brise cette raideur, que la jouissance les cueille tous les deux, les laissant sombrer dans les limbes profonde de l’orgasme ou leur deux corps se mêlaient, ou les plaintes masculines et féminines se mélangeaient. Tout n’était plus qu’Alphonse, elle n’aurait put dire ou commençait le comptable, et ou elle-même finissait, leur deux corps consumé par le brasier ardent de la folie des sens.
Puis l’esprit lui revint, la vue, l’ouïe, l’odorat. Ils étaient alors deux corps bien distinct, transpirant, empestant cette odeur si familière en ces lieux, haletant pour retrouver leur souffle, leur corps libérés. Ce ne fut qu’après un instant de répits quelle retira le bandeau des yeux d’Alphonse, lui rendant la vu, le laissant contempler de nouveau le spectacle de leurs désirs assouvis. La semence flamande parsemant leur deux corps comme le signe qu’ils n’avaient, l’espace d’un moment, formé plus qu’un.


Alphonse_tabouret
Les règles n’existent plus

Marie avait raison. Dans la quintessence de ses caresses, dans la luxure de son imagination, dans les soupirs et râles qu’ils retenaient l’un et l’autre, par défi autant que par gout de l’échéance que l’on retarde, les règles avaient doucement volé en éclat, sans pour autant qu’ils ne soient tranchants, vestiges épars d’une époque qui n’existait définitivement plus.
Et si cette réalité l’avait accablé avec violence de la beauté sur les toits de Notre Dame, ici, elle n’était que frissons et délices, fermant définitivement la page d’une époque qui ne reviendrait jamais.
Quentin était mort, ils étaient en vie et cette fatalité s’exprimait dès lors dans l’enfreinte de la règle la plus tacite de toutes : Il était à l’anglais. Depuis six mois maintenant, il n’était plus à personne, du moins le croyait il, égoïste audacieux quand il s’abreuvait tant au souffle de la brune danseuse, à la mélasse de vie qui bouillonnait en lui et qui se tendait, prudente, curieuse, vers les fissures qu’Axelle avaient créé par sa présence discrète et fraiche. Le monde était fait pour changer, la vérité, si elle avait été amère, faisait à la façon d’une gangrène, le chemin le long de ses nerfs, de ses tempes ,et le monde changerait encore… mais cette fois ci, il serait prêt, désormais éternellement méfiant des autres quand il ne leur accordait que sa plus impertinente indifférence jusqu’alors.

Non, les règles n’existaient plus, envolées au profit de la présence brulante de Marie et de ses mains qui, sublimes, amenaient le flamand à l’exquise tension de l’envie, asservies au corps moelleux dont le bassin s’agitait lascivement au rythme de ses doigts outranciers pour exacerber son plaisir, anéanties par la jouissance qui menaçait les chairs jusqu’à ce qu’elle explose conjointement, mêlant la plainte extatique de la délivrance aux voix mâle et femelle. La gorge basculant dans le râle doux de l’agonie, le ventre du flamand se tendit jusqu’à la lancinance et se déversa, impudique, nacré, entre les doigts habiles de la jeune femme, contaminant leurs ventres joints par la fièvre quand les cuisses blanches de la blonde se refermaient pulsantes, sur sa main dans une cambrure libératrice, attardant tous les deux la fulgurance de la caresse jusqu’à ce que le corps crie grâce.
Le souffle court, haletant, déboussolé par l’extase frémissante qui venait le chatouiller, le flamand eut un rire tout en légèreté, doucement fantomatique lorsque libéré de son bandeau, il retrouva les yeux clairs de la blonde à ses côtés, attardant dans un sourire délassé, ses onyx aux pommettes rosies de la dévastation, et insolent, abandonna le ventre de Marie en y attardant une ultime arabesque pleine de défi, née pour la faire gémir quand elle avait pourtant déjà rendu les armes

-Diable Marie, j’avais oublié à quel point tu étais douée pour le chaos, lui confia-t-il taquin, chat attentif aux bruits de couloir quant aux vertus qu’offraient la catin, en venant déposer un baiser aussi insouciant que léger aux lèvres encore sèches de la jeune femme… Je me rappellerai de ce remède à ma prochaine insomnie, souffla-t-il en laissant son sourire dériver à la commissure de ses lèvres.
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