Alphonse_tabouret
(* Titre emprunté au film du même nom de Clint Eastwood )
LOrtie avait donné la thématique de la soirée et le comptable avait choisi de sy plier, par sens du commerce, il va sans dire, puisquaccéder aux requêtes des gens de qui on attend quelque chose est la moindre des attentions à leur prodiguer, dautant que lherboriste navait pas eu la folie des grandeurs. Elle serait peut-être même surprise des mets que lon pouvait trouver dans les cuisines de la Maison Basse, dont le cur ne cessait jamais vraiment de battre, et quand le bordel , lui, sendormait doucement aux petites heures de la matinée, les domestiques , pour certains, rangeaient et nettoyaient, quand dautres préparaient et gardaient La nuit venant, à n'importe quelle heure, on trouvait toujours des petites mains prêtes à exécuter les commandes de certains clients si bien que jamais la Maison Basse ne dormait du sommeil du juste, une oreille toujours aux aguets de ce qui sy déroulait.
Lheure était tardive puisquAlphonse avait pris rendez-vous avec lOrtie de façon à ce que son déplacement jusquau bordel soit fait en toute discrétion, à la faveur dune de ces nuits de juillet où lon est encore éprouvé par la chaleur de la journée et où chaque goulée dair nocturne savale avec la fièvre de lassoiffé. Si elle avait accepté de se venir jusquà eux pour soigner le parasite quelques jours plus tôt, il nen demeurait pas moins un voile de mystère sur ses affinités avec un tel endroit et il nétait pas question de la mettre dans de mauvaises dispositions dès le début de cette rencontre.
Quand la soubrette lui avait demandé où placer les couverts pour son diner, Alphonse avait opté pour un coin de verdure, et une simplicité dans le choix des apparats presque déroutante pour un lieu aussi réputé pour son luxe que lAphrodite Une nappe blanche, mais brodée par des artisans genevois, des assiettes si simples quon ne les aurait jamais cru importée de Naples pour livoire de leur blancheur, des verres, joliment ciselés, gravés sur le socle, par le souffleur du « A » discret du bordel . La lumière viendrait des bougies allumées dans le bureau adjacent à ce bout de jardin, permettant une lueur diffuse et ne se pliant à aucun courant dair quand un seul chandelier trônait sur la petite tablée préparée. Seul luxe autorisé, les fauteuils, splendides de courbes invitant à se les approprier rapidement, dont le tissu tendu était doucement piqué de motifs bleus et verts et dont les larges accoudoirs permettaient une assise des plus confortable.
Minuit sonna et Alphonse, levant le nez vers un ciel moucheté, espéra une fraction de seconde, égoïstement, torturé encore par ce fragile passé où les plantes avaient étouffé jusquà la moindre parcelle de vie en lui au travers de son Autre, que peut être cette sorcière-là nhonorait pas ses rendez-vous
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LOrtie avait donné la thématique de la soirée et le comptable avait choisi de sy plier, par sens du commerce, il va sans dire, puisquaccéder aux requêtes des gens de qui on attend quelque chose est la moindre des attentions à leur prodiguer, dautant que lherboriste navait pas eu la folie des grandeurs. Elle serait peut-être même surprise des mets que lon pouvait trouver dans les cuisines de la Maison Basse, dont le cur ne cessait jamais vraiment de battre, et quand le bordel , lui, sendormait doucement aux petites heures de la matinée, les domestiques , pour certains, rangeaient et nettoyaient, quand dautres préparaient et gardaient La nuit venant, à n'importe quelle heure, on trouvait toujours des petites mains prêtes à exécuter les commandes de certains clients si bien que jamais la Maison Basse ne dormait du sommeil du juste, une oreille toujours aux aguets de ce qui sy déroulait.
Lheure était tardive puisquAlphonse avait pris rendez-vous avec lOrtie de façon à ce que son déplacement jusquau bordel soit fait en toute discrétion, à la faveur dune de ces nuits de juillet où lon est encore éprouvé par la chaleur de la journée et où chaque goulée dair nocturne savale avec la fièvre de lassoiffé. Si elle avait accepté de se venir jusquà eux pour soigner le parasite quelques jours plus tôt, il nen demeurait pas moins un voile de mystère sur ses affinités avec un tel endroit et il nétait pas question de la mettre dans de mauvaises dispositions dès le début de cette rencontre.
Quand la soubrette lui avait demandé où placer les couverts pour son diner, Alphonse avait opté pour un coin de verdure, et une simplicité dans le choix des apparats presque déroutante pour un lieu aussi réputé pour son luxe que lAphrodite Une nappe blanche, mais brodée par des artisans genevois, des assiettes si simples quon ne les aurait jamais cru importée de Naples pour livoire de leur blancheur, des verres, joliment ciselés, gravés sur le socle, par le souffleur du « A » discret du bordel . La lumière viendrait des bougies allumées dans le bureau adjacent à ce bout de jardin, permettant une lueur diffuse et ne se pliant à aucun courant dair quand un seul chandelier trônait sur la petite tablée préparée. Seul luxe autorisé, les fauteuils, splendides de courbes invitant à se les approprier rapidement, dont le tissu tendu était doucement piqué de motifs bleus et verts et dont les larges accoudoirs permettaient une assise des plus confortable.
Minuit sonna et Alphonse, levant le nez vers un ciel moucheté, espéra une fraction de seconde, égoïstement, torturé encore par ce fragile passé où les plantes avaient étouffé jusquà la moindre parcelle de vie en lui au travers de son Autre, que peut être cette sorcière-là nhonorait pas ses rendez-vous
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