Alphonse_tabouret
(*Le tourbillon de la vie, Rezvani)
Passant une main lasse dans ses cheveux, il avait pris le temps dobserver son reflet quelques instants avant de secouer la tête, espérant que celui lui remettrait les idées en place. Ce soir était certainement le plus difficile de tous, puisquil allait falloir montrer patte blanche, rire à gorge déployée en gardant la tête froide, subir toutes les futilités les plus frivoles pour satisfaire une clientèle en quête de bon temps là où le bon temps était devenu une chose si improbable quil était convaincu que tout largent du monde naurait de toute façon pas suffit à le lui offrir. Le deuil lavait marqué, scarifié en dedans, mais il nen portait aucune trace externe si ce était ces cernes diffuses apparues récemment avec ses insomnies, parce que dormir était devenu une torture. Qui aurait cru que lui, linfatigable solitaire dont les nuits nétaient réservées quà sa propre personne, rejetant quiconque aurait voulu sy lover à lexception du Lion, redoutait désormais les draps froids, incapable cependant dy laisser rentrer qui que ce soit pour sy réchauffer
Amer, il laissa un sourire lui répondre avant de finir de se vêtir et de sortir de sa chambre pour se diriger vers le Salon, saluant dun sourire ou dun baiser , catins et courtisan croisés sur sa route, mettant en place leurs dernières plumes, leurs dernières mèches, rangeant pour un temps tout ce quils étaient pour soffrir de bonne grâce à une clientèle exigeante.
Ce qui le frappa en premier en entrant dans la pièce où tout avait été mis en ordre pour la soirée, fut la silhouette brune au bar, faisant vaciller une fraction de seconde une réalité sordide au profit de souvenirs soyeux enfouis depuis bien longtemps, et il ne fallut pas plus au fantomatique chat lové en lui pour sagiter brièvement, sachant pertinemment qui il avait sous le nez.
Quel âge avaient-ils la dernière fois quils sétaient vus ? Quelle bêtise les avait faites rire, enchevêtrés dans une couverture ? Quel soupir avait-il poussé une fois apaisé sous les baisers de cette bouche déjà exquise ?
Immédiatement, comme conquis par des réflexes tout personnels, la démarche silencieuse, le flamand sapprocha de cet hôte surgi dun passé où tout était encore si facile, où seul son père était fautif de tout, et saccoudant à côté du jeune homme, demanda, dun ton amusé en faisant signe à Camille, leur barman, de lui donner la bouteille quil avait fait mettre de côté.
-Lorenz Von Frayner ? Ses onyx dévisagèrent Thomas, brillant dune étincelle que rien navait altéré, ni le temps, ni cette fuite soudaine, ni ce silence long de sept ans. Sire, vous ressemblez à sy méprendre à un énigmatique fuyard qui ne ma laissé que quelques mots en guise dadieux le sourire sétira, taquin, sincère et les courtisans assistant à la scène purent avoir limpression de retrouver le client quils avaient si souvent eu lhabitude de voir errer dans ces murs au bras de langlais. Il était des choses qui vous extirpaient de tout, même du plus épouvantable, sans que vous y soyez préparé, et il serait bien temps de sen vouloir plus tard, de se détester davoir oublié langlais, parce que pour lheure, il y avait un parfum dadolescence à ce comptoir qui le rendait, sans bien comprendre pourquoi, de bonne humeur.
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Passant une main lasse dans ses cheveux, il avait pris le temps dobserver son reflet quelques instants avant de secouer la tête, espérant que celui lui remettrait les idées en place. Ce soir était certainement le plus difficile de tous, puisquil allait falloir montrer patte blanche, rire à gorge déployée en gardant la tête froide, subir toutes les futilités les plus frivoles pour satisfaire une clientèle en quête de bon temps là où le bon temps était devenu une chose si improbable quil était convaincu que tout largent du monde naurait de toute façon pas suffit à le lui offrir. Le deuil lavait marqué, scarifié en dedans, mais il nen portait aucune trace externe si ce était ces cernes diffuses apparues récemment avec ses insomnies, parce que dormir était devenu une torture. Qui aurait cru que lui, linfatigable solitaire dont les nuits nétaient réservées quà sa propre personne, rejetant quiconque aurait voulu sy lover à lexception du Lion, redoutait désormais les draps froids, incapable cependant dy laisser rentrer qui que ce soit pour sy réchauffer
Amer, il laissa un sourire lui répondre avant de finir de se vêtir et de sortir de sa chambre pour se diriger vers le Salon, saluant dun sourire ou dun baiser , catins et courtisan croisés sur sa route, mettant en place leurs dernières plumes, leurs dernières mèches, rangeant pour un temps tout ce quils étaient pour soffrir de bonne grâce à une clientèle exigeante.
Ce qui le frappa en premier en entrant dans la pièce où tout avait été mis en ordre pour la soirée, fut la silhouette brune au bar, faisant vaciller une fraction de seconde une réalité sordide au profit de souvenirs soyeux enfouis depuis bien longtemps, et il ne fallut pas plus au fantomatique chat lové en lui pour sagiter brièvement, sachant pertinemment qui il avait sous le nez.
Quel âge avaient-ils la dernière fois quils sétaient vus ? Quelle bêtise les avait faites rire, enchevêtrés dans une couverture ? Quel soupir avait-il poussé une fois apaisé sous les baisers de cette bouche déjà exquise ?
Immédiatement, comme conquis par des réflexes tout personnels, la démarche silencieuse, le flamand sapprocha de cet hôte surgi dun passé où tout était encore si facile, où seul son père était fautif de tout, et saccoudant à côté du jeune homme, demanda, dun ton amusé en faisant signe à Camille, leur barman, de lui donner la bouteille quil avait fait mettre de côté.
-Lorenz Von Frayner ? Ses onyx dévisagèrent Thomas, brillant dune étincelle que rien navait altéré, ni le temps, ni cette fuite soudaine, ni ce silence long de sept ans. Sire, vous ressemblez à sy méprendre à un énigmatique fuyard qui ne ma laissé que quelques mots en guise dadieux le sourire sétira, taquin, sincère et les courtisans assistant à la scène purent avoir limpression de retrouver le client quils avaient si souvent eu lhabitude de voir errer dans ces murs au bras de langlais. Il était des choses qui vous extirpaient de tout, même du plus épouvantable, sans que vous y soyez préparé, et il serait bien temps de sen vouloir plus tard, de se détester davoir oublié langlais, parce que pour lheure, il y avait un parfum dadolescence à ce comptoir qui le rendait, sans bien comprendre pourquoi, de bonne humeur.
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