Eve_desvilles
Elle se vêtit d'une mise simple, elle sortit. Le temps était doux, un sourire flottait sur ses lèvres sous le plaisir d'un printemps qui s'ouvrait enfin à la chaleur et susurrait les promesses de l'été. Lente dans la foule trépidante de la capitale, elle dirigea ses pas dans l'entortillement des rues jusqu'à parvenir à une petite échoppe sans mine à la devanture borgne. L'enseigne d'une plume d'oie balançait en chuitant dans l'air de l'après midi.
Elle entra dans un vestibule exigu. Des voix parvenaient étouffées depuis une porte close. Elle prit place sur une des chaises, patienta. Droite, très calme. Les nervures du bois composaient des silhouettes emmêlées dans les lattes du parquet. Un homme ouvrit la porte au bout d'un moment, il adressa quelques mots à une personne située à l'intérieur de la pièce, reçut une réponse. Puis il se tourna et la regarda. Il lui sourit. Il lui tint un propos gouailleur et enjoué. Elle pencha légèrement la tête de côté. Le cou de l'homme présentait une pomme d'Adam très saillante qui bougeait quand il parlait, elle lui adressa un sourire intrigué. L'homme sortit. Elle se leva et entra dans la pièce.
Une voix la salua. Deux mains tâchées d'encre sur une table entre une pile de parchemins vierges et une bouteille de vin. Elle salua. Une escouade de la maréchaussée passa devant la fenêtre. Elle déclara qu'elle voudrait une écriture fine pour un message à destination d'un notable. L'homme acquiesça.
Elle lui dit à voix claire et distincte qu'elle voulait écrire à Maître Alphonse Tabouret, pour se mettre à son service, qu'il fallait ajouter qu'elle était disciplinée et expérimentée, qu'elle avait toujours donné une grande satisfaction à ses précédents maîtres et que le décès de son dernier employeur l'avait privée d'emploi, qu'elle se trouvait entièrement disponible.
L'homme hocha la tête puis se mit à rédiger avec application.
Maître Tabouret,
J'ai appris que vous recherchiez des personnes pour votre service. J'ai déjà plusieurs expériences dans le métier qui ont toujours rencontré l'approbation de mes employeurs. J'ai le tempérament docile et du courage pour le labeur. Le trépas de mon précédent maître me laisse entièrement disponible pour entrer dans votre maison. Je saurai vous apporter entière satisfaction par un service discret, opportun, et tout autant je saurai me montrer digne de vos exigences en préservant par tous mes comportements et par un devoir de réserve total la réputation de votre famille.
Respectueusement
L'homme leva la tête dans l'attente. Elle prononça :Eve Desvilles. Il signa.
Eve écouta avec attention la lecture qu'il lui fit du message. Elle approuva puis s'acquitta de la somme assez élevée qui était due pour une calligraphie de demi prestige. Enfin elle prit congé sur quelques paroles de courtoisie et sortit.
Ses yeux un instant perdus dans les couleurs de la foule, elle fit un chemin un peu long jusqu'à un quartier proche, porta une attention vigilante aux personnes présentes. Elle gagna un estaminet au coeur de la rue, héla un galopin et contre quelques piécettes lui enjoignit de porter la missive à une adresse dont elle lui désigna exactement le parcourt malgré la complexité du trajet.
La galopin détala vers sa mission. Eve regardait le soleil.
Elle entra dans un vestibule exigu. Des voix parvenaient étouffées depuis une porte close. Elle prit place sur une des chaises, patienta. Droite, très calme. Les nervures du bois composaient des silhouettes emmêlées dans les lattes du parquet. Un homme ouvrit la porte au bout d'un moment, il adressa quelques mots à une personne située à l'intérieur de la pièce, reçut une réponse. Puis il se tourna et la regarda. Il lui sourit. Il lui tint un propos gouailleur et enjoué. Elle pencha légèrement la tête de côté. Le cou de l'homme présentait une pomme d'Adam très saillante qui bougeait quand il parlait, elle lui adressa un sourire intrigué. L'homme sortit. Elle se leva et entra dans la pièce.
Une voix la salua. Deux mains tâchées d'encre sur une table entre une pile de parchemins vierges et une bouteille de vin. Elle salua. Une escouade de la maréchaussée passa devant la fenêtre. Elle déclara qu'elle voudrait une écriture fine pour un message à destination d'un notable. L'homme acquiesça.
Elle lui dit à voix claire et distincte qu'elle voulait écrire à Maître Alphonse Tabouret, pour se mettre à son service, qu'il fallait ajouter qu'elle était disciplinée et expérimentée, qu'elle avait toujours donné une grande satisfaction à ses précédents maîtres et que le décès de son dernier employeur l'avait privée d'emploi, qu'elle se trouvait entièrement disponible.
L'homme hocha la tête puis se mit à rédiger avec application.
Maître Tabouret,
J'ai appris que vous recherchiez des personnes pour votre service. J'ai déjà plusieurs expériences dans le métier qui ont toujours rencontré l'approbation de mes employeurs. J'ai le tempérament docile et du courage pour le labeur. Le trépas de mon précédent maître me laisse entièrement disponible pour entrer dans votre maison. Je saurai vous apporter entière satisfaction par un service discret, opportun, et tout autant je saurai me montrer digne de vos exigences en préservant par tous mes comportements et par un devoir de réserve total la réputation de votre famille.
Respectueusement
L'homme leva la tête dans l'attente. Elle prononça :Eve Desvilles. Il signa.
Eve écouta avec attention la lecture qu'il lui fit du message. Elle approuva puis s'acquitta de la somme assez élevée qui était due pour une calligraphie de demi prestige. Enfin elle prit congé sur quelques paroles de courtoisie et sortit.
Ses yeux un instant perdus dans les couleurs de la foule, elle fit un chemin un peu long jusqu'à un quartier proche, porta une attention vigilante aux personnes présentes. Elle gagna un estaminet au coeur de la rue, héla un galopin et contre quelques piécettes lui enjoignit de porter la missive à une adresse dont elle lui désigna exactement le parcourt malgré la complexité du trajet.
La galopin détala vers sa mission. Eve regardait le soleil.