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[RP] On ne sait jamais qui on épouse...

Alphonse_tabouret
... le mariage nous l'apprend.
(Jacques Chardonne)


La lettre trainait sur le bureau depuis plusieurs jours et à chaque fois qu’il avait posé les yeux dessus, il avait été pris d’une colère à ce point glaciale qu’elle l’en anesthésiait presque. Il savait l’urgence d’y répondre, mais tout le répugnait dans l’idée de le faire et dans le pli lui-même: le papier, le parfum maternel et les mots soigneusement choisis pour lui présenter l’indicible horreur, l’immonde chantage dans lequel elle l’entrainait.




Ton père s’est mis en tête de marier notre petite Anne à Messire Dubruis. Tu n’ignores pas à quel point il a toujours rêvé d’exporter vers l’Italie. Ce bon parti a les contacts nécessaire et il est veuf, c’est donc une occasion unique d’assoir les liens d’amitiés qui unissent déjà nos familles. Bien sûr, il aurait été plus simple que tu épouses sa fille, ainsi j’aurais pu garder Anne plus longtemps près de moi, mais nous n’élevons pas nos enfants pour nous, tu en sais quelque chose. Même si à treize ans, on est encore fragile, je ne doute pas que le sieur Dubruis, en homme d’expérience, sache lui ouvrir le portes d’un monde d’occupations pour lui changer les idées…


Anne, juste sortie de l’enfance, à peine formée, aux mains de ce salopard. L’image de ce corps filiforme de treize ans sous les pattes velues de cet immonde marchand qu’il avait déjà vu outrepasser toutes les limites avec les serveuses de tavernes parisiennes lors d’affaires conclues, sous le rire gras et consenti de son père, qui ne manquait jamais à se laisser entrainer à son tour, échauffé par le vin et les liqueurs. Anne, violée, ensanglantée dans la douleur pour sa nuit de noces, prostrée sous le manque de délicatesse de ce porc, meurtrie jusqu’au plus profond de l’âme… Et sa mère, cette sainte garce, savait pertinemment comment lui sous-entendre l’unique possibilité d’éviter ce carnage : en créer un autre.
Ce serait lui le sacrifié. Il s’y était attendu longtemps, avait cru l’espace d’un instant qu’il échapperait à tout ça en fuyant les Flandres et l’empreinte paternelle qui lui cuisait encore l’âme tout entière, mais la vie vous rattrapait toujours, impitoyable. Par deux fois elle venait le faucher, et cette fois ci, nulle petite déesse à cheval pour le sortir du guêpier, lui offrir un second souffle.
Il se débarrassa de la réponse de quelques lignes, sèches, dans une première lettre, tout le dédain du monde dans chacun de ses rares mots.






Mère,

Gardez Anne auprès de vous.
C’est la dernière chose que vous obtiendrez de moi.

Alphonse



L’humeur étant mauvaise, le poil hérissé et l’envie de se déverser solidement ancrée à son ventre, il saisit un autre parchemin pour une nouvelle destinataire. Après tout, n’était-il pas convenable de faire les présentations d’usage lorsque l’on va se marier ? La future fiancée n’était coupable de rien et de tout à la fois, elle paierait donc pour tout et rien à la fois, uni pour le meilleur et le pire, jusque dans la virgule la plus cynique.





Demoiselle,

J’ai l’indéfectible joie de vous annoncer que nous allons nous marier afin de satisfaire les appétits familiaux dont nous sommes les heureux héritiers. Trop occupé par ses affaires, votre père vous a rarement évoqué et n’a jamais eu le temps de converser longtemps avec moi, aussi j’ignore ce qu’il a pu vous rapporter à mon sujet et s’il l’a fait, mais auquel cas considérez cela comme vrai, car nous savons tous deux que sa parole est d’or. Ne soyez pas trop triste de perdre la belle-mère qu’on vous avait promise, car après tout, vous devenez femme à votre tour, et moi époux. N’est-ce pas le but de toute une vie ?
Aurais-je le plaisir d’en apprendre plus sur vous avant que le Très Haut ne bénisse cette union aussi soudaine que prometteuse ?

Prenez soin de vous, je ne voudrais pas qu’abimant votre santé, vous fussiez forcée de garder le lit et retarder notre rencontre.

Alphonse Tabouret

_________________
Heyrwen
[Le temps court et passe, sa liberté, trépasse]

Il est ce qu'on appelle un beau matin à Dijon. Certes le soleil n'arrivait pas encore à percer et à réchauffer chaque parcelle de cette ville. Cependant, le ciel bleu avait réussis à donner le sourire à la blondie.
Le planning de cette matinée, un tour dans les boutiques de la ville. Le temps de refaire sa garde-robe, pour la saison chaude à venir.

Alors que la demoiselle passait sa robe afin de débuter sa journée, quelqu'un vint taper à la porte de sa chambre.


"Qu'est-ce donc?"

Une petite voix fluette arrivait à peine à traverser la porte en bois.

"Deux missives pour vous Demoiselle De Châtillon."

Main posée sur la poignée de porte afin d'ouvrir à la porteuse de courrier, en prenant les deux courriers, elle glissa quelques pièces dans la main de la jeune fille.

"Oh! Grand Merci Demoiselle De Châtillon, la bonne journée!"

La coursière sort et part.
Porte fermée, la châtillon s'installa à son bureau ouvrant une première missive provenant de son paternel.



"Toi qui est ma fille,
Te souviens-tu de Monsieur Tabouret?
Je pense que la réponse sera non, au vu de ton manque de mémoire totale.
Bref, je devais épouser leur fille Anne, ça m'aurais changé de ta mère ...
Enfin, pour lier nos deux familles, c'est toi qui te collera cette tâche. Tu épouseras leur fils, Alphonse. Et tu n'as pas le choix. Tes deux précédentes relations m'ayant à moitié déshonoré, tu te marieras, leur donneras un héritier et tu te la fermeras.
Sache que j'ai les cartes en main pour te rendre une moins que rien ... J'ai appris ce que tu as fais avec cette catin que j'avais eu dans mon lit un soir. Personne ne te pardonnera ça.

Ton père,
Mr Dubruis."


Un haut le coeur, des larmes qui se perçaient un chemin pour venir dévaster ses joues.
Comment manquer de respect à sa tendre mère? Pourquoi gâcher sa vie? Par la colère, la lettre se retrouva froisser, puis mise au feu.
Dans cet état second, elle se mit à ouvrir la seconde missive, qui semblait plus ... solennelle.



Demoiselle,

J’ai l’indéfectible joie de vous annoncer que nous allons nous marier afin de satisfaire les appétits familiaux dont nous sommes les heureux héritiers. Trop occupé par ses affaires, votre père vous a rarement évoqué et n’a jamais eu le temps de converser longtemps avec moi, aussi j’ignore ce qu’il a pu vous rapporter à mon sujet et s’il l’a fait, mais auquel cas considérez cela comme vrai, car nous savons tous deux que sa parole est d’or. Ne soyez pas trop triste de perdre la belle-mère qu’on vous avait promise, car après tout, vous devenez femme à votre tour, et moi époux. N’est-ce pas le but de toute une vie ?
Aurais-je le plaisir d’en apprendre plus sur vous avant que le Très Haut ne bénisse cette union aussi soudaine que prometteuse ?

Prenez soin de vous, je ne voudrais pas qu’abimant votre santé, vous fussiez forcée de garder le lit et retarder notre rencontre.

Alphonse Tabouret


La haine? étais-ce dont ça? Pourquoi ressentir tant de ressentiment aupres d'un homme qui, dans son malheur aussi, ne devait pas avoir le choix ... à moins que tout cela ne sois de sa faute.

Vélin, plume, encre prête, et larmes séches, de sa plus belle écriture, la jeune femme s'appliqua.



"Cher Monsieur Tabouret.

Votre joie me va droit au coeur. Coeur, qui ne vous appartiendra jamais. Vous n'aurez que mon corps, estimez-vous déjà bien chanceux.
Je me doute bien que mon très cher père ne m'ai jamais évoqué lors de ses nombreuses affaires. Il aurait bien plus préféré me garder à la maison, faisant office d'hôtesse que de fille chérie. Il m'a parlé de vous, et votre père, qu'avec un tas de terme élogieux.
Devenir femme? Une épouse? Cantonnée à rester chez elle et à combler son mari? Alors puisque nous sommes promis l'un à l'autre, autant jouer carte de la confession et de la confiance, non?
L'homme me répugne? L'homme que vous pourrez devenir me répugnera. Surtout si vous ressemblerez à mon très cher géniteur. Vous serez donc, le but de ma vie. Bonne ou malheureuse, le destin me le montrera.

En apprendre plus sur moi? En écrivant cette missive je n'ai pu retenir un rire. Savoir qui je suis ne changera en rien votre destin, mon destin, notre destin. Puisqu'à partir de cet instant ... Il se trouve sceller.
Ce que vous et votre famille trouvera bon de savoir, c'est que je pourrais donner un héritier.

Sur ces notes de bonheur, Sieur Tabouret, il me tarde de rencontrer mon futur époux. Ainsi que votre famille, qui j’espère m'acceptera comme il se doit.

Votre future promise,
Melle De Châtillon.

PS : Je préfère qu'on me nomme ainsi, ne supportant pas le nom de mon père."


Pliée, scellée, la jeune femme quitta sa chambre pour trouver un coursier apte à apporter ce courrier, relativement rapidement.
Alphonse_tabouret
A la lecture de son courrier, Alphonse ne vit pas un instant cette main au fond tendue vers lui, ce pacte tacite que sa promise lui proposait car bien qu’il ait accepté les conditions de cette union, il ne pouvait pas s’empêcher de s’en trouver révulsé. Ce n’était pas le mariage qui le dérangeait tant. Il ne comptait plus le nombre de cuisses mariées entre lesquelles il avait dansé et savait la fidélité affaire de cœur et non pas de contrat, autant dire fortement aléatoire. Ce qui le rongeait, c’était d’avoir perdu malgré ses sacrifices, la lutte que sa fugue avait imposé à sa famille.
Sa garde commençait dans moins d’une heure, il ne prit donc aucune pincette, le cœur noir et ravagé d’une bile mauvaise.





Melle De Châtillon
Ma chère future épouse,

Je suis toujours surpris de constater les divers visages de la féminité. L’homme vous répugne et vous voulez me donner votre corps en m’estimant chanceux. J’ignore ce que m’amuse le plus, du don ou de la chance.

Vous voulez de la franchise ? En voici selon votre souhait : Votre corps, ma mie, je n’en veux pas et votre cœur, Grand Dieu, encore moins. Donner le à qui ne vous répugne pas, j’en serais tout à fait satisfait. L’héritier que vous évoquez sera attendu longtemps. Si je peux m’amuser une dernière fois de mes parents ce sera de leur faire croire que leur fils cadet aura été le mauvais cheval jusqu’au bout. Voyez comme je suis généreux, je vous épargne ce viol que vous m’offriez pourtant avec grand cœur. Que votre corps dorme donc sur ses deux oreilles, je ne le prendrai pas de force, l’idée même m’ennuie. Au lit, la résistance n’a du bon que quand elle est ludique.

Et si savoir avec qui vous allez passer cette vie charmante d’épouse ne vous intéresse pas, il me plait à moi de savoir à qui l’on m’enchaine, non pas par soucis de vous mais par confort personnel. Demoiselle, vous bousculez des habitudes fraichement acquises et dans lesquelles je trouvais entière satisfaction. Votre vie d’épouse se passera donc ailleurs que dans mes pattes, n’en êtes-vous pas follement heureuse ? Nous continuerons à ne rien savoir l’un de l’autre sinon que nous serons heureux comme cela. Bien sûr, j’ai à cœur ces convenances pour lesquels nous unions nos destins, aussi soyez assurée que mes mœurs ne regarderont que moi et que votre réputation n’aura pas à en pâtir. S’il y a bien une chose que je peux vous offrir, c’est celle-là. Vous serez maitresse chez vous, cela suffira peut-être à vous contenter, du moins assez pour que vous me rendiez la pareille.

Ma famille vous acceptera n’ayez nulle crainte. Je ne vais pas laisser filer une femme qui me chasse si promptement d’une couche dont je ne veux pas. Ne changez rien, vous êtes parfaite, et c’est ainsi qu’ils vous percevront, soyez en assurée.

Que le Très haut vous bénisse, vous et vos espérances, dont j’espère vous saurez me faire part.
Au plaisir de vous rencontrer bientôt.

Votre promis
Alphonse Tabouret

_________________
Heyrwen
[Un des charmes du mariage est de causer des déceptions aux deux.]

Les 100 pas dans cette pièce que le feu de cheminée embaume de sa chaleur, la main crispée sur cette lettre, ce courrier, blondie bougonne ...

"Quel idiot! Quelle idiote je suis! Une idée comme celle-ci ne pouvais venir que de cet homme qui se dit être mon père!"

Oui, la blonde aime souvent parler seule, puisque qu'aucun de ses amis n'est avec elle. Quand bien même ... elle ne leur aurait rien dit et se serais contentée de boire.
D'ailleurs la bouteille de vin qu'elle avait acheté la journée même, était descendue de moitié.
Hey cesse de bouger, croise les bras, puis relis la missive. Direction le bureau, il aurait sa réponse le bougre.




"Monsieur Tabouret,
Mon tendre et non-aimé promis.

Je parlais de donner simplement mon corps, afin d'honorer cette ... union. Qu’apparemment, ni vous, ni moi ne voulons.
Je crains que notre vie, oui, notre vie Monsieur Tabouret, ne sois maintenant que sur ce même sentier. Il nous faudra donc tromper les apparences. Du moins, de mon coté, je saurais joué le jeu de l'épouse dévouée ...

Alors dites-moi ce qui vous intéresserais de savoir dans la vie de votre future femme? Je suis prête à vous parlez de moi. Histoire que peut être vous aussi, vous vous mettiez au jeu des faux-semblants.

Je suis las, las de voir que mon géniteur à encore réussis à ruiner le peu de liberté que j'avais remporté. Il est temps que j'ouvre les yeux. Les femmes ne sont que les pantins de l'homme. De pauvre cruche qui restent à la maison, pendant que le mari s'amuse, batifole et boit.
Et je sens que cette lassitude est encore faible par rapport à ce que l'avenir me réserve. Mais soit ... Je l'accepte.

J'aimerais être calme en pensant à cette union, me dire que je serais la femme la plus heureuse de ce royaume en ce jour bénit par le Très Haut. Mais c'est bien au delà de mes forces.

Pour ce qui est de ... vos moeurs ... Sire Tabouret, je tairais chaque situation désobligeante dans laquelle j'aurais le malheur de vous surprendre. J’espère qu'il en sera de même pour vous. Taisons chacun de nos écarts, cela donnera un minimum de joie dans cette union.

Il me tarde de rencontrer cette future belle-famille.
Pourriez-vous me donner un indice quand à un présent à votre mère et votre père?
Je me sentirais honteuse de les rencontrer sans un présent digne de ce nom à leur offrir.

Dans l'attente de cette rencontre,
Que la santé soit à vous.

Votre future promise,
Melle De Châtillon."
Alphonse_tabouret
Les jours s’écoulaient, et l’idée malgré lui, faisait son chemin.
Il s’était longtemps préparé à cette éventualité, avait toujours su quelque part que c’était inexorable, et ce bref sursaut d’espoir qu’il avait eu s’était d’abord noyé dans les affres de la colère, mais avec le temps, la colère se muait dans une résignation revancharde… Et s’il se demandait parfois s’il ne pourrait finalement pas s’en accommoder, la question était immédiatement suivie d’un regain de bile amère.
Seuls tous les deux à être pris au piégé, il se débattait sans pouvoir se résoudre à en parler autour de lui, anesthésié encore par cette nouvelle embuche.





Melle de Chatillon,
Future Madame Tabouret,
Ma chère promise,


Les unions s’honorent de bien des façons et les dons faits à cette occasion n’ont à mon sens pas grande valeur. Ne vous en faites donc pas pour les apparences, elles seront sauves, j’ai su les préserver durant près de dix ans sans qu’elles ne dérangent ma famille. Nous étions six, et nous ne serons que deux, voyez dons les belles années qui s’offrent à nous, charmant couple de comédiens en devenir.

Ce qui m’intéresse de vous, c’est de savoir pourquoi vous avez accepté ce mariage alors que vous aviez a priori la liberté de le refuser. Qu’avez-vous donc à gagner, vous qui aimez si peu les hommes pour aller vous jeter dans la couche de l’un d’eux ? Je connais votre père et je connais ses manières pour avoir vu les mêmes chez mon propre géniteur. Chercher à le fuir est certes louable, mais le prix qu’il vous impose me semble bien lourd pour ne concerner qu’une mésentente familiale.
Que sait-il donc sur vous, qui semble si important et que j’ignore encore?

Quant à vos rêves de jeune fille, celle d’un mariage heureux, coloré et joyeux, il est en effet à jeter aux orties. Je ne suis pas prince, ni charmant et ne possède pas l’ombre d’un cheval blanc. Je vous extirpe d’une vie pour vous jeter à une autre, mais en contrepartie, je vous contredirai sur un point. Vous ne serez pas mon pantin, laissons cela aux couples qui ont l’espoir que nous n’avons pas. Vous serez libre de votre âme, de votre corps et de votre cœur, et je ne jugulerai ni les uns ni les autres si vous savez agir avec la discrétion qu’exige l’amour de la liberté. Soyez assurée que ce que vous ferez de vos jours, vous le ferez sans moi, il me semble donc naturel de vous convier à les occuper de la plus charmante façon qui soit. Faites ce que bon vous semble tant que le toit que nous partagerons reste un terrain neutre où les apparences sont sauvegardées pour les badauds en visite.
Quant à mes mœurs, elles ne vous surprendront pas ; je n’ai pas le gout de l’étalage et mes conquêtes ne regarderont que moi et moi seul. Voilà un sujet que nous éviterons sagement d’aborder de mon côté comme du votre. Le mariage perdure grâce aux jardins secrets . Je vous offre une semi-liberté au prix de la mienne. Je ne peux pas faire mieux.

Ne soyez pas trop pressée de rencontrer votre belle famille. Ce sont des loups, prêts à en sacrifier l’un des leurs pour en prendre un autre au collet. Prenez plutôt garde à vous quand vous serez en face d’eux. Si je peux d’ailleurs vous assurer d’une chose, c’est également de mon éternel soutien s’ils venaient à montrer les crocs. Si ce mariage a bien une valeur, c’est de me rendre désormais pseudo maitre d’un destin que je n’ai pas choisi. Le peu de leste qu’ils m’ont donné dans cette mascarade, je vais le saisir à bras le corps.

Choisissez du tissu pour ma mère, des sucreries pour mes sœurs, n’importe quoi pour mon frère ainé. Votre père saura certainement quoi choisir pour le mien. J’avoue qu’en dehors du spectacle de nous voir ainsi enchainés, je ne vois pas bien ce qui pourrait lui faire plaisir.

Au plaisir d’avoir de vos nouvelles,
Prenez soin de n’attraper ni le typhus, ni la peste, ni le choléra, ce serait bien regrettable si proche d’un grand bonheur.

Votre tendre et non aimé fiancé,
Alphonse Tabouret

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Heyrwen
"Tout nouveau, tout beau ; mais en mariage, c'est le contraire."

Malgré ses diverses pensées, blondie avait passé une bonne journée. Entre achats de robes, et quelques napperons et autres décorations. Rien n'avais pu trahir la joie de cette journée, rien n'aurait pu ternir le sourire que de la jolie Blonde.
Du moins ... c'est ce qu'elle pensait.
La porte de sa chambre passée, posée sur une table, une nouvelle missive. Surement une réponse de son ... Fiancé.

Effectivement après lecture, il s'agissait bien d'une réponse. Réponse qui l'avais amusé par ailleurs ... amusée? Un large sourire avait dessiné le visage de la Châtillon. Après tout, autant prendre cette situation positivement ... oui ... positivement ... malgré ça, un soupire s'échappa.
Ne pas faire attendre, répondre au plus vite ...




"Monsieur Tabouret,
Mon Tendre fiancé ...

Pourrais-je vous avouer que votre missive m'a un peu amusée. Charmant couple. Voilà le terme qui m'as le plus amusée. Mais soit, nous le serons aux yeux de tous. Je serais une épouse parfaite, et vous n'aurez rien à me reprocher.

Hé bien nous allons donc commencer les confidences, Monsieur Tabouret. Je n'ai pu refuser cette union. Mon père m'ayant trouvé un jour dans une situation ... délicate, il l'utilise maintenant afin d'abattre sa dernière carte, de gagner une partie que l'on avait engagé à la mort de ma très chère mère.
Cependant il y a deux choses que vous ne devez ignorer. Mon géniteur, se sentait trahis, par deux précédentes relations qui devaient se sceller devant le Très-Haut, afin que les enfants qui devaient naître, ne soit pas considéré comme Bâtard.

*Une petite tache, comme une goutte d'eau vint abîmer l'encre en ce lieu*
Malgré tout, aucun mariage n'a été célébré. Le premier étant mort, le second ayant gardé la garde de ma fille, Lucie.
Enfin, je vous conterais cette partie de ma vie, si celle-ci vous intéresse.

Pour vos conquêtes, leurs noms, leurs corps, la manière dont elle lève leur jupons pour que vous leur donniez du plaisir, ne m’intéresse en rien. Alors sur ce point, vous pouvez être un peu rassuré.
Je saisirais cette semi-liberté que vous, mon futur mari, m'offrez.

Je note les idées pour les présents. Et pour votre père, si le lis la missive que le mien m'a écris, il désire votre soeur, Anne. Alors comptez sur moi et donnez moi le plaisir de réduire ses ardeurs, en précisant que jamais il ne l'aura. Enfin ... d'une manière moins respectueuse.

Je prends soin de moi et de ma santé. Faites-en tout autant.

Melle de Châtillon,
Future Madame Alphonse Tabouret,
Promise à un destin non désiré."
Alphonse_tabouret


A ma chère et tendre future épouse, Melle de Chatillon,


Tout arrive très chère, je n’y croyais pas non plus mais figurez-vous que je me prends parfois à espérer que ce mariage soit derrière nous le plus rapidement possible, car depuis ces annonces si spontanées de nos fiançailles à venir, je ne cesse de recevoir des nouvelles des Flandres et si je hais l’idée même de cette union contre nature, je lui abhorre bien plus celle d’être constamment dérangé par ma famille pour des futilités dont je n’ai que faire.
Soyez donc informée que ma mère alitée par une mauvaise toux, est dans l’incapacité de nous recevoir immédiatement. Elle s’en trouve bien contrite et vous assure ses plus sincères sentiments blablabla…

J’apprécie votre franchise quant aux raisons qui vous poussent à accepter ce mariage et comprends mieux dès lors que vous n’aimiez pas les hommes. Moi-même si j’étais femme dans ce monde-là, je pencherai certainement saphique tant nous sommes joyeusement répugnants dans notre toute puissance. Entre ceux qui vous font croire, ceux qui vous arrachent le cœur et ceux qui vous torturent, il ne vous reste pas grand choix. Voyez, finalement, vous y gagnez au change. Je ne vous promets rien, nous ne nous aimerons pas, et je n’ai pas la carrure pour endosser le rôle du bourreau. Vous me pardonnerez dès lors plus facilement mon cynisme avec un peu de recul.

Je prospecte actuellement sur les terres champenoises à la recherche de notre maison. Je me vois mal vous proposer de partager ma chambre de soldat à Brienne. Il est difficile de courtoisement s’éviter dans quelques mètres carrés, vous en conviendrez.
Une chose encore. Au risque d’être définitivement rédhibitoire à vos yeux, je ne bénéficie pas de la fortune dont jouit allègrement mon père et n’étant pas l’ainé de la famille, je ne risque pas d’hériter. Je crains, ma chère, qu’il ne vous faille occuper vos mains jusqu’à ce que j’arrive à pouvoir à l’intégralité de vos besoins. Auriez-vous quelques dons dans quelques domaines que ce soit ? Une passion pour les chants, la musique, la peinture peut être, dont je pourrais glisser quelques mots autour de moi pour vous assurer une place bien pourvue dans laquelle vous serez à l’abris des travaux trop difficiles (je ne vois pas bien l’intérêt de vous tuer à la tâche, blessée ou agonisante, vous me demanderiez bien plus d’attention que je ne puis vous en donner).

Tachez de prendre soin de vous en attendant notre rencontre.
Votre destin non désiré, Alphonse Tabouret.

_________________
Heyrwen
Le mariage est un duo ou un duel.

Apaisée? étrange que ce sentiment dans cette situation. Cependant la réponse de son promis l'avait calmé.
Ces derniers jours d'emplettes et d'achats en tout genre, n'avait été de tout repos. Entre mendiant entreprenant et femmes saouls qui l'interpellent avant de se prendre une gifle ... Bienvenue dans le Royaume.

C'est au calme, dans sa chambre, peu de temps avant de rejoindre sa couche, que la jeune demoiselle, s'attarda à sa réponse.




"Mon non aimé, futur époux,

Les mots que vous avez posé, les mots que j'ai lu, ont réussis à m'apaiser quand à cette union. Me dire que surement, bientôt cette nouvelle ne sera que mauvais souvenir me calme un peu.
Tant qu'à le faire, autant le faire vite. Que ça ne traine plus, qu'enfin nos chaines soient détachées.

Je suis navrée d'apprendre l'état de votre mère. J’espère que sa santé s'améliorera. Vous lui transmettrez tous mes vœux de rétablissement, ainsi que beaucoup de repos.

Devant le Très-Haut nous nous promettons l'un à l'autre. Il sera donc évident que je vous pardonnerais tout. Qu'importe ce que je verrais, ce que j'apprendrais, je vous serais d'un soutient sans faille et d'une défense inébranlable.
J'espere que pour vous il en sera de même, du moins en public. en privé je supporterais brimade et autres remarques. Qu'importe quels mots pourraient sortir de votre bouche, personne ne sera présent pour prétendre à une humiliation.
Je ... Je suis navrée aussi qu'on vous impose cette union, au chantage du mariage de votre soeur avec mon géniteur.

Quelques dons? de par le passé, j'ai occupé deux postes à réelles importances. A Fribourg j'étais chargée durant le mandat d'une amie proche à m'occuper de l'animation. ça n'a pas duré, je n’étais pas des plus à l'aise, ni des plus qualifiées. Cependant, j'ai été diplomate de Lausanne. Poste que j'avais apprécié.
Pour ce qui est du chant, je n'oserais jamais pousser la chansonette. Non pas que je le fasse mal aux remarques que l'on a pu me faire. Mais une pointe de timidité m'en empêche. Je danse simplement lors de bal, rien de plus. Puis la musique et la peinture, je vous déconseille de me donner un pinceau ou un instrument, de peur de devenir des armes.
Je ne me plaindrais pas vers vous. sachant que vous vous en moqueriez un peu et que je n'aurais aucun soutient, aucune attention, je m'abstiendrais.

Je suis en ce moment même à Dijon, Monsieur Tabouret, saurez-vous quand j'aurais le plaisir de vous rencontrez, afin de voir le visage de mon promis?
Je peux aisément prendre la route, afin de vous rejoindre.
Mais je comprendrais aussi, que vous préféreriez jouir de votre totale liberté avant de concevoir me supporter.

Pour l’intérieur, je préférerais une demeure avec un petit jardin. Afin que je puisse boire mon thé sous le soleil, quand la saison chaude fera son apparition.
Ce n’était qu'un détail, mais je saurais faire sans.

Que la santé soit toujours votre en attendant que je puisse vous rencontrez, afin de commencer à accomplir ma tâche de future épouse, en prenant soin de vous.

Melle De Châtillon, Future épouse de Monsieur Alphonse Tabouret."
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