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Marwenn


    Entre les murs de pierre de son hostel particulier, la Dame du Croisic observait d’un œil distrait la vie inondée la rue du Châpitre qui coulait sous ses fenêtres. Marwenn venait d’acquérir ces murs, il y a quelques jours à peine, et le lot de ses affaires venait tout juste de prendre place sur les 4 niveaux qui constituaient la bâtisse du Guesclin. Enfin seule, la boîteuse goûtait un repos mérité et l’ennuie qui l’accompagnait souvent.

    Au final, le constat était le même que l’année passée, Ma’ était seule comme lorsque Duart l’avait quittée... Seule malgré sa suzeraine, ses prétendants, malgré le grand-duc, ou ses ambitions ducale. Seule et pourtant une personne revenait à son esprit régulièrement. L’hirsute blond dans lequel la rousse se reconnaissait tant. Les rumeurs le disaient en ville, certains l’aurait vu à la messe ce matin. Aurait-il osé faire le chemin depuis la France sans même lui écrire un mot ? Où au moins avertir son père ?


    Mh…

    Une plume et du vélin armorié plus tard, la lettre suivante fut confiée à Elois, l’homme couteau-suisse au service de la jeune dame, avec l’ordre de faire le tour des auberges de la ville pour remettre ce pli à Monseigneur de Monfort Toxandrie


Citation:




    Mon ami, Monseigneur,

    Le bruit court à Rennes que l’on vous aurait vu à la messe ce matin.
    J’ose espérer que ce ne sont que sornettes et que vous ne m’auriez pas fait l’affront de venir en Bretagne
    sans me prévenir, ni même me saluer.

    J’ai acquis l’hostel du Guesclin, rue du Châpitre, il y a quelques jours.
    Je viens d’y emménager et je serai ravie de vous avoir à souper ce soir, si vous êtes libre.
    Cette demeure étant immense, sachez que si vous n’avez nulle part où loger, le gîte vous êtes offert.

    Que le Très Haut nous garde.



    Faict à l'hostel du Guesclin à Rennes,
    le jours béni du 30 avril de l'an de grasce 1466.







    L’encre fut sablée délicatement, et le scel apposé d’un coup de phalange. La rose avait hâte de retrouvé cet ami qui lui manquait régulièrement. L’invitation à partager son toit n’était pas si anodine pour la pucelle. L’hostel à la nuit tombée offrait à ses oreilles tout un tas de bruit inconnu qui tourmentait le sommeil de la pucelle. Savoir un ami, si frêle soit-il, non loin d’elle était rassurant et l’aiderait peut-être à retrouver le sommeil, qui sait ?

    Pourvu qu’il accepte.


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L_aconit
Oui, il était en Bretagne. Oh, pas bien longtemps. Juste le temps d'aller quémander un peu d'attention à son père... Et de lui annoncer son élévation au sein de l'église. Depuis son retour de Rome, Nicolas avait ajouté quelques nuances à son impérissable jeunesse, délayant un brin d'assurance dans un soupçon de détermination. L'épisco-pâle prenait du galon, et avec les dorures inhérentes à ces ourlets nouveaux, un peu de la rigidité propre aux métaux précieux. Aussi avait-il rassemblé le peu de courage qu'il recelait, et dans un élan authentique de spontanéité, avait souhaité secouer l'arbre familial pour espérer enfin en faire tomber un fruit: L'affection paternelle.

Profitant de cette escapade discrète tant que brève en Breizh, l'Aconit avait assisté à la messe tenue par le Primat et rencontré par la même occasion avec surprise et plaisir, son professeur, le cardinal Archiexorciste Hull. Oui. Un jour peut-être, la soif d'apprendre de Nicolas se tarirait. Mais pas encore. Pour l'heure, le jeune prélat qu'il était continuait à lire, écrire, enseigner et à étudier des licences, toutes aussi longues que lourdes, afin d'apaiser son appétit de connaissances. N'avait-il pas toujours bercé dans l'apprentissage? De tout temps, ses Maitres et mentor l'avaient façonné, moulé, glaise meuble et lisse étirable à loisir. Taliesyn de Montfort l'avait forgé aux dureté des batailles, aux vérités des femmes et à l'action. L'église l'avait modulé à la solitude et à l'introspection. Plus que jamais, depuis qu'il était entré dans les ordres, Nicolas apprenait, bourgeon gonflant, gonflant, prêt à éclore, à éclater sous le premier rayon qui mettrait en lumière ses appétits d'échanges. Après ses études théologiennes, son professorat et la perfection de ses leçons humaines... L'Adonis avait entamé un cursus en démonologie. Une façon comme une autre d'approcher ses peurs ou de tuer le temps.

Sitôt qu'il se préparait à plier bagages, messager vint à sa rencontre dans la plus esseulée des tavernes de Nantes. Et quelle ne fut pas sa surprise de constater que les nouvelles allaient si vite... Ou peut-être que, naturellement, penser que quelque chose pouvait échapper à la Dame du croisic était une petite folie. La missive qui ne semblait en réalité pas tolérer de refus fit un peu sourire le Montfort. Lorgnant le collier et la bague d'évêque que le jeune religieux arborait, le type semblait silencieusement attendre rétribution, qu'il reçu d'une main naturellement généreuse. De réponse , il ne donna pas. A vrai dire, il irait bien volontiers voir cet endroit nouveau, et la boiteuse par la même occasion, peu désireux de la contrarier. Une femme en colère émanait toujours un aura vengeur absolument néfaste pour les voyages. Faust, aussi vaillant qu'un caramel au beurre salé ne tenait pas vraiment à se faire brigander en rentrant en France...

L’hostel du Guesclin, rue du Châpitre observa donc l'androgyne silhouette se présenter et se faire annoncer à son seuil, avant la nuit tombée sous une pluie torrentielle. Etait-ce là qu'il avait envoyé sa canne, afin de pallier à une hypothétique jambe de bois chez Marwenn après le sacre? Cette guibole, pauvre guibole abimée ne devait pas vraiment arranger les affaires de la presque Catherinette de Bretagne. Et tandis qu'il auscultait machinalement son propre genou en chassant par la même occasion un fil de couture qui dépassait, une seule question taraudait intensément l'Aconit :

    Pourvu qu'elle ait du Lambig.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Marwenn


    Aux dernières lueurs du crépuscule et aux premières gouttes d'une pluie d'orage, l'épisco-pâle apparut. La surprise chassant le doute dans le cœur irlandais. Il était venu ! D'une démarche bancale mais empressée, la demoiselle quitta l’âtre ou mijotait le dîner pour aller lui ouvrir. Éloï - qui l'avait aidé toute la journée - avait été remercier pour la soirée. Laissant ainsi le calme et la discrétion comme seul témoin des retrouvailles des deux jeunes gens.

    Le bon soir, Monseigneur. Entrez vite avant que l'Ankou ne vous attrappe !

    En appui sur la canne, Marwenn s'écarta pour le laisser pénetrer dans l'unique pièce du rez de chaussée. Une sorte de grand salon dont les murs blanchi à la chaux, tranchait avec le sombre du parquet et du plafond de bois. La demoiselle affichait un sourire heureux qu'on ne lui avait pas vu depuis longtemps. D'un geste du bras, l'âtre - près duquel trônait des linges propres et chaud - fut désignée. Sur une petite table à mi chemin des deux fauteuils, des biscuits aux herbes et quelques bouteilles d'alcool attendaient leur heure. Elle avait beau douté de sa venue, elle l'avait malgré tout préparé avec soin, se disant que ses efforts payeraient. Qu'il viendrait.

    Soyez le bienvenu chez moi ! Comment allez vous Faust ? Je suis si ravie de vous voir, si vous saviez...

    Elle qui était si perdue ces derniers temps, voyait dans les traits du jeune éveque une ancre stable sur laquelle se fixer. Était ce dût à leur appartenance au clergé ou aux similitudes de leur passé ; quoiqu'il en pour Marwenn, Faust avait valeur d'exemple à suivre. Il était le reflet d'un miroir ou tout semblait plus beau. Ou les angles s'adoucissaient. Ou les problèmes s''évaporaient. Quand elle s'imaginait à sa place la vie étaient plus douce. Elle qui le connaissait si peu...

    Puis je vous servir à boire ? J'ai du whisky, du chouchen, de l'hypocras et du lambig ?

    L'acool discrètement c'était faite compagne de ses soirées esseulées. La sobre jouvencelle avait prit du plomb dans l'aile en tombant de cheval. Bien plus que ne le laissait paraitre sa canne et sa démarche de traviole.

    Vous allez pouvoir me raconter ce qui vous amène en Bretagne.... Même si je crains le deviner.

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L_aconit
- Ma doué... Du Lambig! J'ai bravé la pluie pour vous, du Croisic!

Dit-il pendant qu'un brave lui tendait langes chauds et ôtait ses chaussures. La vie de prélat, on y prenait goût... Depuis Rome, tout semblait s'ouvrir, s'écarter, s'agenouiller, s'adoucir à son approche. Bientôt les eaux même des rivières finiraient par se retirer à ses pas... Il s'épongea maniaquement, en vérité peu perturbé par cette pluie drue qui avait fait son quotidien et son enfance... Elément fédérateur de renouveau et de rencontres au hasard de besoin de s'abriter... Ses yeux se portèrent d'instinct sur la plus belle des bouteilles. Oui, après tout, quel breton ne recevait pas avec du Lambig?

- Mais vous avez encore votre jambe, c'est merveilleux...


Constata-t-il l'air un peu absent et le cheveu épars. Il s'orienta vers l'âtre auquel il tendit les blanches mains non sans détailler la taille de la pièce qui l'environnait. Une si grande maisonnée pour une si seule jeune femme... Marwenn avait-elle quelque chose à compenser? Une légère moue pensive vint chatouiller ses lèvres.


- Je vais bien, je vais bien... Je suis venu annoncer à mon Père en personne mon nouveau statut ecclésiastique... Ho, rien qu'une journée en Bretagne, je repars demain.


Raconter? Que croyait-elle? Que le taciturne compagnon de voyage qui l'avait cotoyé pendant près de trois semaine la dernière fois qu'ils s'étaient vu s'était changé depuis en parolier intarissable, en pipelette magistrale, en bavard insatiable? Que nenni. Le galon n'y faisait rien, Nicolas demeurait assez secret, tant en courriers qu'en paroles. Et comme pour conclure cette vérité, il prit enfin place dans un fauteuil à l'assise parfaitement molle, et croisant les mains sur son ventre demanda d'un air enjoué:


- Alors, que mange-t-on?

Ah, ne vous a-t-on pas raconté? Les deux jeunes gens s'entendent à merveille... Du moins pendant la demi heure réglementaire des retrouvailles... Malheureusement, les hormones finissent toujours par reprendre le dessus de la bienséance. L'histoire nous le contera une fois de plus.

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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, apprenti exorciste
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Marwenn


    De l'oie.

    Ainsi, la pitance constrasterai avec l'assistance... À cette idée, Marwenn sourit, imaginant l'eveque tout en plume et jacasserie. Battant des ailes inutilement. Se dandinant d'une patte sur l'autre en tordant de l'arrière train. Oh... qu'il était loin d'être une oie grise et sale, l'Episco-pâle. Loin de là. L'animal pour le coup, avait l'hérédité bien ancré dans les veines, Il était cygne, ce Montfort-là. Hautain et pédant. Fier et blanc. L'irlandaise - depuis qu'elle s'était vu confiée les secrets inavoué du fils batard - ne s'étonnait plus de ses façons malabiles. Les trois semaines de route en sa compagnie l'avait endurcit concernant les manières de Faust et elle l'acceptait desormais tel qu'il était. Raison s'était faite. Elle l'appréciait malgré tout. Assise face à lui, Rousse observait les reflets doré que l'âtre projettait sur son profil. Sincèrement heureuse de l'avoir à diner. Lui ou un autre. Lui plus qu'un autre pour chasser l'ennui et sa solitude.

    J'ai toujours ma jambe en effet. Une médicastre angevine enceinte jusqu'aux yeux m'a sauvée. Marzina je-ne-sais-plus quoi. Je l'ai revu hier d'ailleurs... Sans elle c'était l'amputation assurée !

    Le blondin pouvait toujours être avare de mot, la Frêle ce soir était en mesure de parler pour deux. Si heureuse d'avoir trouvé un paliatif à sa solitude, une contenance à son immense apparement, une occupation à sa soirée d'orage, la rousse s'enquilla avec une facilité inhabituelle l'un des verres qu'elle venait de servir. Dans sa gorge, la marée ambrée au goût sucrée effaçat avec douceur les tracas de sa journée. Ajouter à cela les deux précedantes tournées pour combler l'attente et vous trouverez là, la parfaite explication à la teinte rosée qui ornait les joues rousses. Dieu que l'ivresse était salvatrice parfois ! Une douce torpeur qui sans faire divagué, amoindri les soucis et laisse choir au sol les inhibitions et les faux semblant. Alors le filtre de la bienséance devenait plus perméable à la vérité d'un être fragile et esseulé.

    Cela me fait du bien de jouir de votre compagnie ce soir. J'ai vu trop grand, je crois. Pour cet hostel j'entends. Mais j'aimais bien les poutres...

    Si vous saviez Faust comme je suis seule... Alors qu'elle disait cela, d'un ton qui trahissait sa sincérité, une bonne partie du flan de la volaille atterrit dans son assiette. Elle avait faim. Terriblement faim. Ce soir, Marwenn revivait. Et tout à sa joie, elle encouragea d"un signe de la tête le Monfort à faire de même. Elle en avait tant besoin.

    Puis sautant du coq à l’âne, de l'oie au cygne.

    Comment était Rome ?

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