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Leandre apprend à tirer à l'arc. Du moins il essaye.

[RP] Un louveteau dans la bergerie.

Leandre

Le gamin trottait derrière la jeune femme, guère beaucoup plus âgée que lui - malgré qu'elle laissait en paraître plus tant elle prenait son rôle de préceptrice au sérieux - ne cessant de la harceler de questions, tout en tentant vainement d'agripper son bras pour l'empêcher de le semer. C'est qu'elle ne traînait pas en chemin, la bougresse ! Son arc en main, même s'il ne savait encore s'en servir, et son épée en bois habituellement attachée dans son dos qui avait laissé la place à un carquois rempli de flèches, il avait fière allure, le futur chevalier. Et lorsque Soeli, qui avait de bien plus grandes jambes que Leandre, prenait trop d'avance, il se mettait à courir afin de rattraper le retard perdu. C'est qu'il n'était pas question de traîner pour commencer le cours de ce jour .

Comme la présence de l'arc et du carquois l'indiquait, la jeune femme comptait bien apprendre à son jeune apprenti à tirer. Et quoi de mieux que des cibles mouvantes pour débuter ? Ce qui expliquait la présence de nos deux compères dans cette ferme à l'allure quasi-abandonnée. Aucune âme humaine ne semblait y errer, pour le moment, et Leandre était plutôt rassuré à cette idée : au moins, personne ne chercherait à le mettre une nouvelle fois en procès. De toute façon, il n'était pas interdit de se promener dans une ferme, encore moins de prendre des animaux pour cible. Il l'avait décidé ainsi, il ne pouvait donc en être autrement.

Ralentissant l'allure de ses pas, il s'adressa à la Margny, espérant qu'elle s'arrête quelques instants. Bien entendu, ses phrases furent ponctuées de divers soupirs qui trahissaient son impatience de commencer enfin à chasser.

Soeli ! Allez, on commence bientôt ? S'il te plaît ! J'en ai marre de marcher ! En plus j'ai mal aux pieds ! Et un arc c'est plutôt lourd ! Le carquois aussi ! Et puis je crois qu'une flèche est tombée, tout à l'heure...

Qui avalerait de telles couleuvres ? Certainement pas Soeli. L'impérial lui souriait pourtant, convaincu de ses propres mensonges.

Tu m'avais promis qu'on chasserait, pas qu'on se promènerait dans une ferme...

Ah ça ce n'était pas un mensonge. La jeune femme avait bien promis à son petit protégé qu'ils iraient chasser le chat et la poule. En parlant de gallinacé...

Oh, regarde ! Juste là, une poule !

Et de son index tendu, il lui désignait la poule en question, perchée sur un muret pas plus haut que lui, donc facilement accessible. Les choses sérieuses allaient débuter, et l'enfant était fin prêt à regarder Soeli tirer à l'arc. Qu'était-ce donc qu'une poule à abattre pour celle qui avait triomphé d'un sanglier, puis d'un ours ?
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Leandre Lazare, bâtard de Valfrey
Chevalier servant de Maeve Alterac
Ami pas si imaginaire d'une mioche angevine

Soeli

Son pas se fit vif, la Margny avançait aussi vite qu'elle le pouvait. Il leur fallait gagner la ferme qu'elle avait repéré quelques heures auparavant comme étant: "vide". Un arc fermement maintenu dans sa main droite, un carquois rempli de quelques flèches dans son dos, et pour vêtements quelque chose de confortable: chemise et braies lui étant paru comme les plus indiqués. L'allure à laquelle elle avançait n'avait pas pour but de semer ce bout d'homme qu'elle trainait dans son sillage. En réalité, c'était bien plus compliqué que cela. Ce train rapide, trahissait le grand malaise de la demoiselle qui aurait eu bien du mal à expliquer à l'enfant, qu'elle souffrait d'un léger handicap en ce qui concernait le tir à l'arc... Mais une promesse étant une promesse. Tout en avançant, elle jeta un regard en arrière pour vérifier que le polisson parvenait encore à la suivre. Avez-vous déjà, fait une promesse à un enfant, juste comme ça, en imaginant que vous pourrez vous défiler quoiqu'il arrive? Certainement que oui! Sauf que l'éducatrice, avait négligé la ténacité de l'enfant. Impossible de lui faire oublier la moindre petite promesse; que dis-je? La moindre petite parole était marquée dans son esprit à l'encre indélébile! Elle venait à peine de détourner son regard vers la route, s'apprêtant à lancer un solide:

"Plus tu parles, plus tu marcheras. Car, moins tu auras de chances de trouver un animal sur lequel tirer."

Pourquoi un animal d'ailleurs? Elle aurait tout aussi bien pu choisir une cible fixe... plus facile à atteindre, et surtout moins handicapante pour elle. Elle s'apprêtait donc à le remettre à sa place lorsqu'un doigt du chérubin fut pointé dans une certaine direction suivie, en simultané, d'une voix presque virile s'échappant de la même source enfantine: "Oh, regarde ! Juste là, une poule !" Les yeux suivirent la direction qu'indiquait le doigt -et non pas le doigt lui même- si poule y avait, elle devait essayer de l'apercevoir. Pourquoi est-ce que les poules n'étaient-elles pas d'un rouge cerise bien saillant? Non! Il fallut qu'elles fussent ternes afin qu'elles puissent se fondre dans le milieu et empêcher les "éducatrices" voulant se faire mousser d'y arriver simplement sans user d'artifices et de stratagèmes pour espérer s'en sortir face à un bambin sans trop de dégâts sur son honneur. Elle ne prit même pas le temps de réflechir, basculant l'arc vers sa main sénestre avant de porter sa main dextre par dessus son épaule, d'attraper une flèche, de la positionner, de bander l'arc et faire semblant de viser à peu prés dans la direction indiquée. Encore une chance qu'elle ait fait l'armée...

Alors qu'elle s'apprêtait à décocher, au petit bonheur la chance, la main de Leandre surement guidée par l'impatience vint se poser sur la main dextre de la femme. Or, ne s'y attendant pas, Soeli avait lâché la pression, la flèche partit sans qu'elle le veuille, fendant l'air dans sifflement aigu. S'en était suivit un "Côoot" "côot" étouffé, des battements d'ailes de plus en plus saccadées... quelques ombres floues ressemblant à des plumes virevoltant dans l'air, puis le silence... La Margny comprit très vite qu'elle avait fait mouche. Incrédule, tentant de contenir un cri de surprise et sa mâchoire qui essaya à tout prix de se décrocher. Mais elle tint bon, et pour la frime, elle décida de garder la position un peu plus longtemps espérant impressionner le gamin, mais aussi pour se laisser le temps, d'assumer son improbable réussite, tout en se répétant, intérieurement, incrédule:

"Je l'ai eu! Je l'ai eu!"
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Leandre

Ah ça, pour l'avoir eu, elle l'avait eu.
Les plumes qui virevoltaient ainsi que les cagnetements étouffés du volatile, qui s'estompèrent bien vite, en témoignaient. La Margny ne faisait pas les choses à moitié : elle avait déclaré chasser, elle l'avait fait, avec brio. Les grands yeux de l'enfant s'étaient écarquillés à la vue de l'impact de la flèche dans la chair de l'animal, et il était resté immobile quelques instants, le temps d'assimiler ce qu'il venait de se passer devant lui. De son intense réflexion, en était ressortie une résolution qu'il se jura de toujours respecter. Celle de ne jamais provoquer Soeli lorsqu'elle avait un arc à portée de main. Maintenant, l'enfant comprenait mieux comment elle avait pu battre un sanglier avec un cure-dents. Il suffisait d'une précision exemplaire, comme elle venait de le démontrer, et une certaine connaissance de l'anatomie du suidé, pour savoir ou viser. C'était en tout cas ce qu'il en avait déduit.

Émergeant doucement mais sûrement de sa stupeur, il lâcha la main de Soeli sur laquelle il avait posé la sienne avec la délicatesse dont il pouvait faire preuve dans pareil moment - comprendre ici qu'il l'avait pratiquement frappé en voulant la hâter quelque peu. La jeune femme ne bougeait plus, certainement savourait-elle ce tir réussi, et appréciait le regard impressionné que le Valfrey avait posé sur elle. Et il y avait de quoi.

Ouaaaah !

Enfin, la tant attendue onomatopée se manifesta. Les lèvres du jeune garçon s'étaient entrouvertes pour témoigner de sa stupéfaction devant tel acte de bravoure. Le problème, si l'on pouvait nommer cela ainsi dans pareille situation, était que Leandre n'avait pas vraiment retenu les gestes exécutés avant que la flèche ne se fiche on ne savait vraiment où dans le corps chétif de la poule, dans une giclée écarlate. Dans l'instant présent, seul le résultat final lui importait véritablement. Il décida d'ailleurs de s'en approcher, après avoir laissé son propre arc à Soeli. En guise d'arme, il s'était saisi d'une des flèches de son propre carquois et la brandissait comme il pouvait habituellement le faire avec son épée en bois. Il n'était sûr de rien : peut être la poule, dans un sursaut d'orgueil, se relèverait-elle pour le griffer et le pincer. Mieux valait être prudent, dans ce cas. Derrière le muret, là où avait atterri le cadavre d'une poule victime de la cruauté de l'Homme, en l'occurrence représentée par une femme, Leandre se pencha, pointe de la flèche en avant. Si la poule n'était pas morte, elle cachait alors bien son jeu, baignée dans son propre sang qui ne cessait de se déverser dans un flot continu. Ca en contenait du liquide, ce genre de bête.

Rassuré, l'enfant rangea la flèche et interpella sa formatrice du jour au noble art du tir à l'arc.

Soeli ! Tu l'as bel et bien eu ! On en fait quoi maintenant ? On peut la faire cuire et la manger... ?
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Leandre Lazare, bâtard de Valfrey
Chevalier servant de Maeve Alterac
Ami pas si imaginaire d'une mioche angevine

Soeli

La main de la Margny se baissait lentement. Un ralentit mu par la stupeur d'avoir atteint sa cible. Au grand jamais, l'idée de se plaindre sur son sort lui viendrait à l'esprit, certainement pas lorsqu'elle faisait preuve de pareille veine. Elle qui s'était attendue à devoir s'expliquer d'un échec cuisant, la voilà promue au rang de grande chasseuse. Tout cela n'était pas pour lui déplaire, si ce n'était que, le garnement allait en prendre grand note, qu'il allait de surcroit vanter les exploits de son Éducatrice, comme il n'avait pas manqué de le faire avec l'histoire du sanglier -légérement exagérée et ajustée à sa sauce- et celle de l'ours -domestiqué- qu'elle avait "courageusement" approché. Aucun doute, que tout cela finirait par lui tomber dessus, mais en cet instant précis, c'était le cadet des soucis de la Margny qui préférait jouir de cette gloire infime et éphémère. Après s'être vue rabaisser si souvent par Valfrey père, l'admiration de Valfrey fils était d'autant plus appréciable pour la jeune fille. " Ouaaaah !" Douce musique à ses oreilles que cette onomatopée. Chassant de son esprit le doute, elle afficha à l'encontre du petiot un sourire en coin - digne du plus beau corbeau s'étant vu flatter par le plus perfide des renards- tout en attrapant l'arc qu'il lui tendait pour se rendre au chevet du futur rôti prévu au souper.

Soeli ! Tu l'as bel et bien eu ! On en fait quoi maintenant ? On peut la faire cuire et la manger... ?

C'est qu'il ne perdait pas le nord. Cheminant vers l'enfant posté plus loin elle lui répondit sans attendre, le ton grave et exagérément solennel:

Nous la préparerons pour ce soir, pose la sur le muret si tu veux. C'est ton tour maintenant. Viens, suis-moi!

Il ne lui restait plus qu'à trouver quelque chose sur laquelle Leandre pourrait s'entrainer. Un coup d'oeil rapide aux les alentours, lui permit de repérer une vieille chemise accrochée à un clou.

Leandre, dit-elle en lui tendant l'arc qu'il lui avait confié plus tôt, tu vois la chemise là bas? Ajouta-t-elle en passant son propre arc par dessus sa propre épaule et montrant la direction voulue, à l'enfant, d'un mouvement du menton. Nous allons essayer de la toucher, ou plutôt, c'est toi qui va essayer. Compléta-t-elle en lui tendant une flèche et en l'entourant de ses bras pour l'aider à prendre la position pour le premier tir. Mais c'est toi qui vises! Joignant les gestes à la parole, elle lui avait expliqué comment placer sa flèche, comment la tenir, comment bander l'arc et comment viser: les deux yeux ouverts -elle en avait appris de choses, la Margny, à l'armée.

Puis, vint le moment pour l'élève de voler de ses propres ailes... délivrant le Valfrey de son "étreinte" lui rendant ainsi sa liberté de mouvement. C'est quand tu veux Leandre!
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