Nikita.novgorod
Demain, c'est quand ? Une question qu'elle se pose régulièrement, tant sa vie lui semble chaotique... une accumulation de hauts, de bas, de déconvenues, plaisirs, insuccès, bonheurs, contrariétés. Déconcertant mélange qui engendre, tantôt la joie, l'hilarité ou qui l'enferme dans un mutisme déprimique. En résumé, rien d'étrange pour la Blondeur, sauf que sa « normalité » toute personnelle, finit par l'épuiser autant qu'elle ne fatigue les autres.
Du progrès néanmoins. Depuis son escapade, on ne subit plus ses sautes d'humeur, ou plus autant... elle observe, elle écoute. Elle fait ses constats bien sûr, mais sait les taire, pour se fondre dans la masse, ne pas bousculer les susceptibilités, ne pas déclencher la moindre tempête. Créature aussi lisse qu'ordinaire, dont la sensibilité est muselée volontairement, dissimulée aux yeux du monde par un masque gracieux. Les soudaines colères étouffées d'une volonté farouche, les éventuelles souffrances abandonnées dans sa poitrine, elle feint d'ignorer l'ombre qui ternit son cur.
Le tsunami qui menace, cette violence destructrice. Elle s'y oppose pour l'heure. Pour l'enfant, celui qui s'épanouit au creux d'elle, et qui la comble déjà de bonheur. Pour l'enfant, celui qu'elle veille en l'absence de sa mère, et qui lui sourit avec innocence... La fragilité du poupon blond l'attendrit naturellement, alors qu'elle le prend dans ses bras, le câline avec douceur et tendresse, lui murmure des paroles apaisantes dans sa langue maternelle.
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Davaj, Aleksej, prilo vremja ujti s puti*
Ouais, viens mon Poussin... allons affronter les regards curieux, allons répondre aux questions, allons narguer les sous-entendus, les non-dits. Ouais, viens mon Poussin, viens voir comme Tatie Niki' joue bien la comédie.
Mais c'est pas grave... ça ira mieux demain.
*Viens, Alexeï, il est temps de sortir le museau.
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