Alphonse_tabouret
Interférences des deux guerres je vous vois
Voici la nécropole et voici la colline
Ici la nuit sajoute à la nuit orpheline
Aux ombres daujourdhui les ombres dautrefois
( )
A-t-il fait nuit si parfaitement nuit jamais
Où sont partis Musset ta Muse et tes hantises
Il flotte quelque part un parfum de cytises
Cest mil neuf cent quarante et cest la nuit de Mai
Aragon, La nuit de Mai (*)
Une heure sonne juste à Saint Front, et à lécurie qui a accueilli la troupe un peu plus tôt, son cheval écume encore le galop de la journée dans un souffle asphyxié ; sac saisi à même lune des sangles de sa selle a échoué à ses pieds en trouvant Vésone occupé, délassant le visage dune quiétude espérée au poids des quelques mots envoyés. Faust est là, et cest sans précipitation malgré la tempête heureuse qui le fauche, amant éconduit de silence, quil se dirige vers la silhouette blanche patientant son retour.
Dans la pénombre de la pièce, corps mâles retrouvés se jaugent sans dissoudre les dernières distances, et lon pose muselière aux feux qui consument la matière jusque dans les prunelles, entravant la férocité qui nappartient quà ceux qui savent sagenouiller. Il est improbable que ces deux-là soient encore habillés, et pourtant, à la lueur dune chandelle qui jette au nid une lueur fauve brodée dombres tranchées, peaux supportent encore le poids de lapparat ; tout aux murs qui ont vu deux jusquau moindre délit, frémit dun sentiment retenu.
Silence sest entêté de bon sens, a jeté aux chemins des séries de nuées, Peut-être ont migré en boucles sauvages, étirant sagesses et excès aux logiques brunes, aux sentiments blancs des hastaires marchant à ses tempes pour se résoudre à ces apprentissages communs qui font les plus vives unions; tout ici est question de foi.
Les jours se sont amoncelés, année après année, ont bosselé leurs dos au poids des siècles ensablés et martelé les millénaires aux ultimes heures dune interminable Odyssée.
Maintenant est un instant infini ; temps nexiste plus, sest tu à la faveur de la brulure, et ne laisse derrière lui quune marche suspendue où se tiennent un Faune et son Arbre
Laisse-moi te regarder
Il couve dans les yeux cernés dAlphonse de muettes chansons, léprise préoccupation des affaires horlogères quand ses prunelles denses attisent une flamme exhortée à de prudentes sincérités.
Mains, au fil dun même élan saisissent le visage blanc avec une autorité feutrée et lexaminent dun air soucieux ; propriétaires, elles en pivotent lentement laxe, inondent le cou et le lobe de loreille dun rayon de flamme, puis en changeant le sens, délivrent le menton dune ombre et révèlent larête du nez délicat qui fend lovale subjuguant. Concernés, les noirs étudient à laphonie ce que Rome lui rend, y cherchent ce quon lui aurait caché, la trace dune douleur, léclat dune brimade, et contemplent, méticuleux, cette soie de nuées ivoirines que les voraces tempêtes quil abrite le supplient affectueusement à sen faire une seconde peau.
Tu es beau
Tissu est saisi aux doigts impératifs et ôté par-dessus tête en même temps que la médaille dAristote, et tous deux échouent aux pieds dans un remous fleuri, Ovidéenne métamorphose, corolle noire à lunique étamine tapissant la grève auxquels patientent les sabots de la bête. Dieu ici ne signe aucun de leurs mutismes ; aux maux seuls de Nicolas, lÉtoile du berger guette ses premiers reflets.
La blancheur des lignes troublent le mors de la raison et la bouche sassèche dune ardente inflexion ; marbre, la peau de Faust échelonne aux muscles délicats une laiteuse indécence, subjugue lindécision à certaines finesses et saffirme dune impitoyable semonce à la rondeur dune pomme dAdam affichée. Rome lui a creusé le ventre et lon discerne au flanc le vallon dune cote première qui jusquà là sexcusait à la faveur du cocon.
Dextre se fichant à la nuque gracile intime un mouvement limpide, et quand le dos est présenté sans un mot à lexamen, au nez qui vient respirer jusquà gonfler les poumons la blondeur des crins retrouvés, les siens tombent :
Tu sens bon.
Les émaux refusent leur brutale dentelle au fil dune nuque exquise, ensanglantant les excès qui le brisent à la contemplation de ces parfaites esquisses, et Senestre chutant le long de sa proie tandis quil sen écarte vient découvrir les ravages de trois semaines dabsence. De leurs amours dAvril, Muse calligraphe redoute le vide, la page blanche, cette porcelaine que plus une ligne naccuserait à la faveur de leurs secrètes errances et qui condamnerait, fautive, à loubli leurs violentes amours.
Despote rassasié aux vents dune scandaleuse satisfaction tend ses doigts longilignes jusquà lécritoire, et, à la tranche nette dun ongle court, ravive doucement trois des thyrses tracées aux sangles du bouleau ; A rehaussé sanime dun éphémère pastel, luciole née aux rites des garçons sauvages, et descend jusquaux hanches que les bas assagissent.
Lépaule est parcourue à laplat dune paume qui ordonne un nouveau demi-tour, raccrochant les comètes et leurs trainées à de nocturnes incendies. Alcyons faustiens négligemment déposés à lépaule brune, le bras est tendu jusquà offrir le lit mauve des veines, accusant en frémissant les lèvres qui y déposent un baiser et qui sentrouvrent à la remontée dune langue de lave butant, inexorablement, à la frontière rouge du ruban.
Fauve immobile fige la seconde et puise à la magie dun enfer orléanais pour rouvrir les livres de ses leçons quand de métalliques échos résonnent aux prunelles voilées, et fendent liris jusquà le révéler.
Cuivre sonne lavènement de la première bataille et révèle à la trouée des jais linégale composition des troupes en mouvance.
Bleu Alphonsien en guise détendard, Monstre, seul, fait face à lensemble de ses carmines noirceurs.
Les regards se mêlent à cette rencontre provoquée, et il nexiste plus, ni le souffle de la gorge, ni les mots pour rompre le vertige ; le silence absolu bourdonne, quand, sans le quitter des yeux, bouche pivotant fond au tissu et coince aux canines lun des filins rouge quelles éprouvent avec lenteur jusquà la résistance du nud apposé.
Velours noirs de lanimal errent à la surface des immensités gelées avec une volonté pudique et lorsque le tissu est rendu à la faveur dune mâchoire qui se relâche, ils restent résolument à la lecture malgré leurs troubles discernés.
Maintenant tu sais.
Tu sais à quoi je pense, à quoi je consume ma curiosité lorsque parfois mon regard salourdit.
Un jour tu me raconteras cette histoire, un jour, pas maintenant.
Maintenant tu sais, et cela me suffit.
Maintenant, cest toi et moi.
Un sourire fatigué finit par sétirer à la manière dun chat discret sur les lèvres du jeune homme, et, chassant avec simplicité le temps perdu à la faveur du voyage, les traits lassés saltèrent dune vérité idiote et imparfaite quil vient apposer à la faveur seule de loreille cadette :
Tu mas manqué.
Dis-moi si je tai manqué et je te dirai un secret
Muse:
Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
Mon sein est inquiet ; la volupté loppresse,
Et les vents altérés mont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne ten souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?
Ah ! je tai consolé dune amère souffrance !
Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais damour.
Console-moi ce soir, je me meurs despérance ;
Jai besoin de prier pour vivre jusquau jour
La nuit de Mai, Musset
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Voici la nécropole et voici la colline
Ici la nuit sajoute à la nuit orpheline
Aux ombres daujourdhui les ombres dautrefois
( )
A-t-il fait nuit si parfaitement nuit jamais
Où sont partis Musset ta Muse et tes hantises
Il flotte quelque part un parfum de cytises
Cest mil neuf cent quarante et cest la nuit de Mai
Aragon, La nuit de Mai (*)
Citation:
Faust,
Nous gagnerons Périgueux cette nuit, vers une heure selon Pierre si nous ne faisons halte. Je rejoindrai Vésone sitôt mon cheval arrêté. Mes lèvres à ton oreille ont des choses à y dire.
Veux-tu my attendre ?
Alphonse.
Nous gagnerons Périgueux cette nuit, vers une heure selon Pierre si nous ne faisons halte. Je rejoindrai Vésone sitôt mon cheval arrêté. Mes lèvres à ton oreille ont des choses à y dire.
Veux-tu my attendre ?
Alphonse.
Une heure sonne juste à Saint Front, et à lécurie qui a accueilli la troupe un peu plus tôt, son cheval écume encore le galop de la journée dans un souffle asphyxié ; sac saisi à même lune des sangles de sa selle a échoué à ses pieds en trouvant Vésone occupé, délassant le visage dune quiétude espérée au poids des quelques mots envoyés. Faust est là, et cest sans précipitation malgré la tempête heureuse qui le fauche, amant éconduit de silence, quil se dirige vers la silhouette blanche patientant son retour.
Dans la pénombre de la pièce, corps mâles retrouvés se jaugent sans dissoudre les dernières distances, et lon pose muselière aux feux qui consument la matière jusque dans les prunelles, entravant la férocité qui nappartient quà ceux qui savent sagenouiller. Il est improbable que ces deux-là soient encore habillés, et pourtant, à la lueur dune chandelle qui jette au nid une lueur fauve brodée dombres tranchées, peaux supportent encore le poids de lapparat ; tout aux murs qui ont vu deux jusquau moindre délit, frémit dun sentiment retenu.
Silence sest entêté de bon sens, a jeté aux chemins des séries de nuées, Peut-être ont migré en boucles sauvages, étirant sagesses et excès aux logiques brunes, aux sentiments blancs des hastaires marchant à ses tempes pour se résoudre à ces apprentissages communs qui font les plus vives unions; tout ici est question de foi.
Les jours se sont amoncelés, année après année, ont bosselé leurs dos au poids des siècles ensablés et martelé les millénaires aux ultimes heures dune interminable Odyssée.
Maintenant est un instant infini ; temps nexiste plus, sest tu à la faveur de la brulure, et ne laisse derrière lui quune marche suspendue où se tiennent un Faune et son Arbre
Laisse-moi te regarder
Il couve dans les yeux cernés dAlphonse de muettes chansons, léprise préoccupation des affaires horlogères quand ses prunelles denses attisent une flamme exhortée à de prudentes sincérités.
Mains, au fil dun même élan saisissent le visage blanc avec une autorité feutrée et lexaminent dun air soucieux ; propriétaires, elles en pivotent lentement laxe, inondent le cou et le lobe de loreille dun rayon de flamme, puis en changeant le sens, délivrent le menton dune ombre et révèlent larête du nez délicat qui fend lovale subjuguant. Concernés, les noirs étudient à laphonie ce que Rome lui rend, y cherchent ce quon lui aurait caché, la trace dune douleur, léclat dune brimade, et contemplent, méticuleux, cette soie de nuées ivoirines que les voraces tempêtes quil abrite le supplient affectueusement à sen faire une seconde peau.
Tu es beau
Tissu est saisi aux doigts impératifs et ôté par-dessus tête en même temps que la médaille dAristote, et tous deux échouent aux pieds dans un remous fleuri, Ovidéenne métamorphose, corolle noire à lunique étamine tapissant la grève auxquels patientent les sabots de la bête. Dieu ici ne signe aucun de leurs mutismes ; aux maux seuls de Nicolas, lÉtoile du berger guette ses premiers reflets.
La blancheur des lignes troublent le mors de la raison et la bouche sassèche dune ardente inflexion ; marbre, la peau de Faust échelonne aux muscles délicats une laiteuse indécence, subjugue lindécision à certaines finesses et saffirme dune impitoyable semonce à la rondeur dune pomme dAdam affichée. Rome lui a creusé le ventre et lon discerne au flanc le vallon dune cote première qui jusquà là sexcusait à la faveur du cocon.
Dextre se fichant à la nuque gracile intime un mouvement limpide, et quand le dos est présenté sans un mot à lexamen, au nez qui vient respirer jusquà gonfler les poumons la blondeur des crins retrouvés, les siens tombent :
Tu sens bon.
Les émaux refusent leur brutale dentelle au fil dune nuque exquise, ensanglantant les excès qui le brisent à la contemplation de ces parfaites esquisses, et Senestre chutant le long de sa proie tandis quil sen écarte vient découvrir les ravages de trois semaines dabsence. De leurs amours dAvril, Muse calligraphe redoute le vide, la page blanche, cette porcelaine que plus une ligne naccuserait à la faveur de leurs secrètes errances et qui condamnerait, fautive, à loubli leurs violentes amours.
Rémiges se suspendent à la gravité nouvelle de lidéogramme et lOlympe aux cieux pose un index aux bouches de Sélène ; le dos de Faust porte la vivacité de sa voyelle profane.
Bouche de Mai se plie dun cruel ravissement; gueules des grands fauves sagitent et geignent aux garnisons.
Il flotte quelque part un parfum de cytises
cest quatorze cent soixante-six et cest la nuit de Mai (*)
Bouche de Mai se plie dun cruel ravissement; gueules des grands fauves sagitent et geignent aux garnisons.
Il flotte quelque part un parfum de cytises
cest quatorze cent soixante-six et cest la nuit de Mai (*)
Despote rassasié aux vents dune scandaleuse satisfaction tend ses doigts longilignes jusquà lécritoire, et, à la tranche nette dun ongle court, ravive doucement trois des thyrses tracées aux sangles du bouleau ; A rehaussé sanime dun éphémère pastel, luciole née aux rites des garçons sauvages, et descend jusquaux hanches que les bas assagissent.
Lépaule est parcourue à laplat dune paume qui ordonne un nouveau demi-tour, raccrochant les comètes et leurs trainées à de nocturnes incendies. Alcyons faustiens négligemment déposés à lépaule brune, le bras est tendu jusquà offrir le lit mauve des veines, accusant en frémissant les lèvres qui y déposent un baiser et qui sentrouvrent à la remontée dune langue de lave butant, inexorablement, à la frontière rouge du ruban.
Fauve immobile fige la seconde et puise à la magie dun enfer orléanais pour rouvrir les livres de ses leçons quand de métalliques échos résonnent aux prunelles voilées, et fendent liris jusquà le révéler.
Cuivre sonne lavènement de la première bataille et révèle à la trouée des jais linégale composition des troupes en mouvance.
Bleu Alphonsien en guise détendard, Monstre, seul, fait face à lensemble de ses carmines noirceurs.
Les regards se mêlent à cette rencontre provoquée, et il nexiste plus, ni le souffle de la gorge, ni les mots pour rompre le vertige ; le silence absolu bourdonne, quand, sans le quitter des yeux, bouche pivotant fond au tissu et coince aux canines lun des filins rouge quelles éprouvent avec lenteur jusquà la résistance du nud apposé.
Dédain, dans un vacarme docéan chancelle dun éclat et pose, foudroyé par lAudace, un genou au sol: ses doigts senfouissent à la fange jusquà en blanchir les phalanges et sa gorge tant de fois lacérée pour se taire, exhale un battement de cur.
Velours noirs de lanimal errent à la surface des immensités gelées avec une volonté pudique et lorsque le tissu est rendu à la faveur dune mâchoire qui se relâche, ils restent résolument à la lecture malgré leurs troubles discernés.
Maintenant tu sais.
Tu sais à quoi je pense, à quoi je consume ma curiosité lorsque parfois mon regard salourdit.
Un jour tu me raconteras cette histoire, un jour, pas maintenant.
Maintenant tu sais, et cela me suffit.
Maintenant, cest toi et moi.
Un sourire fatigué finit par sétirer à la manière dun chat discret sur les lèvres du jeune homme, et, chassant avec simplicité le temps perdu à la faveur du voyage, les traits lassés saltèrent dune vérité idiote et imparfaite quil vient apposer à la faveur seule de loreille cadette :
Tu mas manqué.
Dis-moi si je tai manqué et je te dirai un secret
Muse:
Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
Mon sein est inquiet ; la volupté loppresse,
Et les vents altérés mont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne ten souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?
Ah ! je tai consolé dune amère souffrance !
Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais damour.
Console-moi ce soir, je me meurs despérance ;
Jai besoin de prier pour vivre jusquau jour
La nuit de Mai, Musset
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