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[RP] La Belle d'Angoulême, taverne municipale

Raymond_de_petrus
Le peintre ne distinguait pas grand chose dans l'obscurité, et il aurait aimé pouvoir lire sur le visage de Sorianne ce qui lui passait par la tête.

Je ne le disais pas sérieusement.

C'était bien là la seule argumentation à laquelle il pouvait se raccrocher pour éviter la crise diplomatique. Il aurait mieux faire de tenir sa langue un peu plus tôt dans la soirée, ignorant que cela donnerait lieu à cette conversation.

Elle finit par se rallonger, et conclut la conversation d'une façon étrange. Raymond ne sut pas interprêter ses mots, et il ne lui vint qu'une seule réponse à peu près sensée, et à peu près vraie.


Toi non plus.

Il finit par se réinstaller un peu mieux, laissant la couturière contre lui, et chercherait le sommeil à son tour. Mais la nuit ne serait guère reposante, a moins de 48h de leurs noces.
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Sorianne
Plusieurs jours (semaines?) plus tard :


La petite noiraude revient de chez Patou, où elle est allée se rassurer. Soulagée de ne pas s'être trompée, la So affiche un large sourire ravi : elle est tout simplement heureuse.
Tout semble lui sourire en ce moment et elle préfère ne pas songer au possible retour de bâton, lorsque la roue aura décidé de poursuivre son chemin et aura tourné pour donner du bonheur à un autre qu'elle.

Lorsqu'elle pénètre la chambre louée, et qu'elle voit Raymond concentré sur un papier, sans doutes un nouvel article, à moins que ce ne soit ces cours de navigation pour être le plus fameux des capitaines, le sourire qu'elle porte s'élargit un peu plus.

Doucement elle vient par derrière le peintre et enfouit ses doigts dans l'épaisse chevelure blonde avant de l'enlacer et de poser son menton sur son épaule non sans lui avoir offert un baiser sur la joue.


Qu'est-ce que tu écriiis?
Un article?
Sur comment dresser sa femme!
Ou...
Comment la faire taire...
ou... "comment ma vie à changé et comment c'était mieux avant le mariage"...
A moins que ce ne soient des notes pour devenir un Capitaine prestigieux?
Le plus grand et beau pirate de l'océ... De la Méditérannée!


Elle rit doucement avant de reprendre un peu plus sérieusement.

Je suis allée voir Patou.
Je te confirme donc que ce n'était rien.
Ca arrive!


Le regard se déporte un peu en direction des affaires qu'elle doit ranger pour le départ prévu sous peu. Et elle grimace, dépitée.

Gmmpf, si seulement ça pouvait se ranger seul en claquant des doigts...

Du coup elle essaye, sait-on jamais...
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Raymond_de_petrus
Des missives s'étaient entassées depuis le matin et le rédacteur en chef de l'AAP était en pleine cogitation quand la couturière revint. Il apprécia les attentions qu'elle lui porta et sourit.

Oh, je crois que je me suis fait des ennemis avec mon dernier article. Je réfléchis à des réponses, mais pour l'instant, je suis en panne d'inspiration !

Mais oui tiens, un guide de dressage des femmes, il faudrait que j'y pense. Je suis sûr que j'aurais des tas de lecteurs intéressés ! Tu seras mon cobaye, qu'en dis-tu ?


Elle lui annonça alors que tout allait bien pour le bébé.

Parfait alors ! Tout va pour le mieux.

Il fut aussi rassuré, même si n'étant pas impacté directement, il avait probablement sous-estimé l'importance de l'événement. Sorianne se plaignit alors des valises à faire.

En même temps, si tu arrêtais d'acheter tout le temps des chaussures, tu aurais moins à ranger...
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Sorianne
Et la noiraude fait la moue, dépitée à voir que ses efforts de claquement de doigts ne sont nullement récompensés, et qu'en prime Raymond lui reproche son trop de gourmandises vis à vis des souliers. Eux qui sont si fins et délicats, de beaux cuirs ou de belles toiles. Fichtre.

Peut-être que je vais finir par prendre une servante...

Et le bras revient entourer Raymond tandis qu'elle reprend sa position en riant après qu'il lui ait demandé d'être son cobaye.

Je ne suis pas certaine que tu arrives à grand chose avec moi Sire de Pétrus! Puis je suis sûre que je peux retourner la situation. Ou t'amadouer suffisamment pour que tu oublies ce que tu es en train d'essayer de faire si tu t'y veux tenter sur moi.

Et de lui démontrer par les actes ce qu'elle vient de dire en déposant une myriade de petits baisers dans son cou non sans en faire un ou deux mordant au passage. Mais son regard est attiré par les courriers qu'il a reçu... Se faire des ennemis semble être l'un des passe temps favoris du peintre...

Tu veux que je leur réponde?? Ou que je te souffle des idées??
Je suis généralement assez inspirée pour ce genre de choses!

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Raymond_de_petrus
Quand Sorianne déclara qu'elle voulait prendre une servante pour ne pas avoir à faire sa valise, Raymond ne put s'empêcher de la taquiner :

Tu t'embourgeoises, très chère ! A quand la noblesse maintenant ?

La couturière lui assura alors qu'il aurait bien du mal à la dompter.

C'est vrai que tu es une vile femelle, j'avais oublié.

Il se laissa embrasser, et il balaya l'idée de répondre sur l'instant aux râleurs de l'AAP.

On verra ça tout à l'heure, je crois que j'ai mieux à faire à l'instant.

Plus tard...

Il s'avéra que le soir même, il n'était plus possible de partir, la couturière s'étant engagée à travailler à la mine. Raymond soupira bien un peu, alors que cela faisait plusieurs jours qu'il lui redisait régulièrement qu'ils partiraient ce jour. Ainsi ils resteraient deux jours supplémentaires à Angoulême.

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Sorianne
Bon, certes, elle s'est engagée ailleurs alors que le départ était prévu. Oui, elle le savait, mais une simple erreur de chiffre et voilà où on en est! Le départ vers Périgueux est reporté. Oh elle est sûre qu'elle va se faire longuement chambrer, mais qui aime bien châtie bien! Alors elle ne s'en fait pas trop et va même prendre les boutades à la rigolade. Et en rajouter une couche! Pour ne pas être en reste.

Cette femme est un boulet.

Toutefois, la jeune femme monte sur le lit, et rejoint Raymond en train de lire quelque chose. Tout en passant dans son dos pour lui offrir un léger massage de manière à lui détendre les épaules, la petite So laisse son regard trainer sur les courriers, et finit par froncer les sourcils.


Qui sont donc ces viles personnes??

Une moue s'affiche et son nez se retrousse. Elle ne juge pas sans connaitre, mais le ton employé et les mots utilisés lui donne une impression de pure antipathie.


Comment peuvent-ils dire que ce sont des mensonges? J'ai lu le journal et j'ai entendu cet homme...
C'est lui qui ment alors, pas toi.
Ils ne sont pas là pour juger du bien fondé de ton article.
Il dit qu'il est le porte parole de la famille, pourquoi ce serait faux??


Et un peu théâtralement, la jeune femme se lève, debout sur le lit, et tend un bras tenant une épée imaginaire, tenant de l'autre des rênes tout aussi inexistantes.


Veux-tu que j'aille les pourfendre de mon épée?!
J'en ferai de la charpie et on la donnera à manger aux cochons!
La preuse chevalière sur son destrier blanc pour défendre son Prince!


Elle fait ce qu'elle peut pour lui changer un peu les idées hein...

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Raymond_de_petrus
Raymond lisait les courriers incendiaires avec sa désinvolture habituelle, quand Sorianne décida d'y plonger son petit nez et de l'interroger.
Il haussa les épaules, alors que le clan Vissac semblait vouloir dépenser des fortunes en parchemins.


Oh, des gens... Sans doute pas très importants...

De toute façon, les polémiques s'éteignaient vite à l'AAP, dans trois semaines, les gens auraient déjà oublié. La couturière se dressa sur le lit, décidée à faire le pitre, sans doute pour le distraire, et il en sourit.

Toi qui a peur des chevaux ? La belle affaire !
Et puis, je ne suis pas sûr qu'on trouve une armure à ta taille, ou alors il faudrait qu'elle soit pour nain !

Tu es bien plus du genre petite princesse à broder dans son château, en attendant la venue des troubadours, ou de son prince charmant !

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Jeannine
Quelques crocus. Premières fleurs du printemps de la nature. Ils sont déposés devant chez sa mère avec un petit mot.

Citation:
Ma mère,

Je suis de passage à Angoulesme, je ne pense pas vous voir ce soir et je repars déjà. Ca fait un moment que j'ai pas de nouvelles de vous. Depuis que vous avez décider de ne plus jamais venir à Rochechouart pour une histoire de sous. Tout de même!
Quelle mère indigne vous faites, voyez comme moi je vous offre des fleurs pendant que vous ne pensez plus à moi. J'espère que mon petit frère ou ma petite soeur aura un peu plus d'égards de votre part mais j'en doute pas étant donné que cet enfant est celui de Cimyrmille. Vous m'enverrez un faire-part! J'ai hâte! J'espère qu'il aura vos yeux.

Jeannine


Ben quoi c'est vrai, ils sont beaux ses yeux si on oublie le fait qu'ils se disent merde.

C'est en attrapant de quoi grignoter dans la charrette qu'elle découvre le mot d'Aldonce, glissé hier soir avant le départ. Elle ne le lit pas tout de suite. D'abord s'installer en taverne. Sauf que sur le chemin, elle est assailli par les pigeons. Une, deux, trois, quatre lettres. Et bien..
Seule celle de Clovis est lue sur le chemin, voyage tous les deux oblige. Juste le temps pour rejoindre la taverne sans même trébucher sur un caillou, le nez rivé sur les mots. Qu'il est bête celui là. Et elle ne manque pas de le lui dire, passant un petit moment tous les deux. Elle voulait savoir ce qui s'était passé avec la jolie aveugle. Quelle déception d'apprendre qu'il n'y avait absolument rien eu. Que des mots. Soit.
Seule, elle lit d'abord la lettre d'Hildegarde. La liste comtale. Il y a quelques jours, elle était pratiquement certaine d'accepter pour se changer les idées mais maintenant partie, est-ce qu'elle reviendrait à temps déjà? Elle y réfléchira plus tard.

Aldonce ou Adrian maintenant? Il y en avait deux d'Aldonce, c'est par lui qu'elle commence.

Citation:
Jeannine aux étreintes qui soignent tous les maux,

Pensez à moi, de temps en temps. Quand vous trouverez le temps. Si vous le trouvez. De savoir que vous pensez à moi, ne serait-ce qu'un peu, ça me rend heureux.

Vous me manquez déjà.

Vôtre, peu importe la distance,

Aldonce


Evidemment, que je vais penser à toi. Imbécile. Mais te le dire, je ne sais pas.

une lettre un peu humide a écrit:
Jeannine aux rayons de soleil,

Que le monde paraît gris sans vous... C'est comme sur un vieux vélin : les couleurs sont comme atténuées, presque disparues. Il ne reste que le brou de noix.
Je ne me sens pas plus à-même de réfléchir qu'hier. Peut-être qu'avec un peu plus de temps... Je ne perds pas espoir d'y voir plus clair quand mon coeur arrêtera de se serrer à chaque fois que je pousse la porte du Tambour et que vous n'y êtes pas.
Je la pousse un peu plus souvent que je le voudrais...

Vous me manquez beaucoup plus que je n'oserai jamais l'admettre. Et vous savez toutes les choses que je suis prêt à admettre, pourtant. C'est dire.

Vôtre, dans la solitude d'une ville ternie par votre absence,

Aldonce.


Elle sourit en l'imaginant ouvrir et fermer la porte pour voir si elle était apparue dans un claquement d'espace-temps. Même dans la tristesse, il parvient à la faire sourire. Elle ne voulait certainement pas le perde mais pas non plus le faire souffrir. Faut-il lui répondre maintenant? Elle ne peut pas s'en empêcher.

Citation:
Aldonce,

Si ça peut te rassurer, Angoulesme est beaucoup plus terne que Rochechouart même avec moi ici et sans moi la bas. Pas l'ombre de mon ex-futur mari, ni de ma mère. Je crois avoir aperçu Cimyrmille mais seulement aperçu. Au moins, je suis sure que la bière que je bois n'a pas touché un orteil. Ne pense pas trop à moi. Il parait qu'Axyelle à eu demande de la part de Clovis de s'occuper de toi. Profites en.

Jeannine


Profite pas trop quand même. C'est que ce serait emmerdant d'être oubliée si vite et de ne plus être l'Unique. Égoïste Jeannine.

La dernière. Le coeur s'est arrêté avant de glisser les yeux le long des lignes. Bien loin des précipitations acides et des brûlures de la veille. Le ton est redevenu banal. Le coeur reprend battements quelques peu irrités avant de s'apaiser après un soupire. Elle aurait bien quelques mots à lui répondre mais pas maintenant. Pas aujourd'hui. Son amitié, elle n'est pas capable de lui donner pour l'heure et la sienne n'est pas plus désirée. Comme dirait Aldonce, c'est donner du pain à qui meurt de soif.

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une lettre un peu humide a écrit:














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une lettre un peu humide a écrit:














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Aldonce
La chambre qui avait été confortable et agréable de prime abord était devenue une prison. Son surcôt avait été étendu devant la fenêtre pour cacher la lumière du soleil. Sa chemise imbibée de sueur lui collait à la peau. La fièvre était toujours aussi forte, les douleurs toujours aussi violentes, et il avait parfois l'impression de devoir se battre pour arracher une respiration à ses poumons encombrés, fatigués, endoloris.

Terré comme un animal blessé.

Il avait senti que cette soirée serait sans doute la dernière. Gâchée par des mots insensés. Un départ précipité. Et lui, seul, derrière. Laissé pour compte.

Si seulement c'était la première fois...

C'était comme une malédiction. Comme si une sorcière des contes pour enfants s'était penchée à son berceau. “Aldonce, tu seras condamné à n'être jamais assez.”

Il aurait préféré se piquer le doigt et dormir jusqu'à ce que son grand amour le réveille.

Il était assis à la petite table, son nécessaire d'écriture étalé devant lui. Les calames étaient organisés par épaisseur. Une chandelle jetait sa lumière faiblarde et tremblottante sur la pièce, étirant les ombres sur les murs et les meubles comme autant de démons qui dansaient autour de lui. L'encrier était posé sur un mouchoir qui portait les marques d'éclaboussures passées, à l'époque où son verbe était vif et fougueux. Une autre vie.

Le velin, lui, était désespérément vierge.

A quoi bon écrire ? Et pour écrire quoi ? Comment dire l'indicible ? Son âme était en sang, son cœur en pièces. La souffrance, sa vieille amie, l'étreignait comme pour combler le gouffre béant dans son être.

Il souleva légèrement le rideau improvisé pour jeter un œil dehors. Entre chien et loup. Quelques gens dans la rue. Ils auraient pu se trouver à des lieues de lui. Cette sensation d'éloignement lui donna le vertige. Il ne s'était pas senti aussi seul depuis...

Une quinte de toux enflamma sa poitrine. Il en vint à souhaiter que la maladie l'emporte.

Dans cette chambre étroite, loin de chez lui, loin de la lumière du soleil, le cœur brisé par un chagrin d'amour et le corps meurtri par la maladie...

Seul
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Sorianne
Depuis combien de jours cherche-t-elle en vain les ingrédients pour la potion qui aidera cet homme venu au cabinet dans l'espoir de se voir soigné? Sa maladie risque d'être longue et elle n'a pas les moyens de l'aider à se guérir plus rapidement, et elle s'en désole. Sans compter qu'elle a bien écrit au Comté pour demander mais il n'en aurait pas non plus... Décidement... Et elle a bien vu la proposition de son patient d'aller demander en Limousin, mais avec le voyage...

Elle va finalement se rabattre sur une autre potion puisqu'elle a enfin ce qu'il faut, quand ENFIN! De la manière la plus inopinée qui soit, elle trouve la pièce manquante! Elle va pouvoir soigner le Sire Aldonce! Et elle sautille de joie à l'idée, le morceau d'écorce en main.

Mais ça, c'était avant de voir le panneau de l'université. GNEU! Il fallait que le cour à donner tombe ce jour. Forcément! Elle est dépitée. Le panier plein de plantes à bout de bras, les épaules tombantes, elle est bien en peine... Et pas pour elle... Il semblerait que le sort s'acharne...

La noiraude n'est pas sûre d'elle, loin s'en faut, mais il lui faut aller trouver l'homme qui dit rester un peu sur Angoulême, elle doit le voir et lui parler, et vérifier qu'il vit encore, au minimum... Voilà qui serait ballot d'avoir un mort sur la conscience à cause d'un maudit morceau d'écorce. Où peut-il être sinon à l'auberge...?

La petite brune s'y engouffre donc, et demande la chambre du Sire Aldonce. Connaissant un peu l'aubergiste, il lui explique où le trouver, et So s'y rend, un peu hésitante tout de même mais quand il le faut... Arrivée à la porte, la jeune femme frappe doucement.


Messire Aldonce?
C'est Sorianne...

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Aldonce
Après une quinte de toux particulièrement douloureuse – et qui avait sûrement dû être entendue jusqu'à l'étage du dessous – Aldonce reboucha l'encrier. Pas la peine de s'obstiner. Rien ne venait. Peut-être qu'il avait déjà tout dit.

Plus agacé que désemparé, il commença à ranger les calames l'un après l'autre dans le carré de cuir, chacun à sa place, méticuleusement. Les lacets étaient difficiles à nouer avec ses mains bandées. Il abandonna après une poignée d'essais infructueux.

Alors qu'il se préparait à une nuit de plus dans la solitude et l'auto-flagellation mentale, quelqu'un frappa à sa porte et une voix se fit entendre. Il se figea.

Oh non. Dans quel état devait-il être ? Sans avoir vu la lumière du soleil ou presque depuis plusieurs jours, peinant à engloutir son repas quotidien à chaque fois, passant des nuits sans sommeil à cause de la toux et de la peine... Il devait ressembler à un mort. Ça n'allait pas du tout.

Il s'empressa de retirer le surcot du mur et d'ouvrir la fenêtre pour aérer la pièce qui devait à n'en pas douter sentir le fauve. Il échangea sa chemise nauséabonde et trempée, la poussant du pied sous le lit - loin des yeux, loin du nez - pour une autre plus usée mais relativement propre. Il passa ses mains dans ses cheveux pour leur donner un semblant d'ordre mais comme d'habitude, c'était peine perdue. Enfin, il se donna deux bonnes claques sur ses joues blafardes pour y conjurer ne serait-ce qu'un peu de couleur. Le choc des mains bandées était minime pour ce qui était de l'effet escompté. A la place, la douleur combinée de sa paume entaillée et des nombreuses échardes dans son autre main lui fit voir des étoiles. Il s'insulta à mi-voix.

Après tout cet exercice, ses muscles étaient à l'agonie et ses poumons imploraient sa clémence. Il fit une prière rapide au Très Haut, au cas où il ne survivrait pas, et ouvrit la porte.


“Ah, oui, Dame Sorianne.” dit-il, peinant à garder le contrôle sur sa respiration alors que son poitrail était en feu. “Docteur. Docteur Sorianne ? Enfin, je vous en prie, entrez.”

Alors qu'il s'effaçait pour la laisser entrer, il succomba enfin à une quinte de toux violente, la bouche calée dans le coude, plié en deux sous la douleur.

“Pardonnez-moi.” bafouilla-t-il à bout de souffle une fois la crise sous contrôle.

Les yeux cernés, le teint blafard, les mains bandées, puant la sueur, la maladie, épuisé, désespéré... Quel tableau il devait faire.

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Sorianne
Elle se doute pas bien que le tableau derrière la porte ne va pas être bien reluisant, et elle se désole d'être impuissante pour le moment, elle n'a pas grand chose à lui proposer pour se remettre... A moins qu'il ne soit sur le chemin de la guérison, auquel cas la potion ne serait plus vraiment urgente même si toujours nécessaire.

Et lorsque la porte s'ouvre, la jeune femme prend un air sincèrement désolé, avant de préférer un sourire. Elle fait fi de la chambre, parfaitement consciente de ce qu'est la maladie.


Appelez moi simplement Sorianne, ou même So.

Elle ne prête pas attention aux miasmes qu'elle pourrait attraper à son tour et lui tend une main, désireuse de l'aider malgré tout,

Ce n'est rien, vous devriez regagner le lit, je peux vous aider.

Rhaa, elle oublie sa réserve et pose une main fraîche sur le front de l'homme qu'elle ne connait que par sa visite au cabinet.

J'ai trouvé l'ingrédient qui manquait, je vais faire au plus vite, je vous le promets.

Elle avise la fenêtre, contente de la voir ouverte, sans quoi elle serait aller aérer la pièce. En attendant la noiraude est désireuse de veiller au bien être de Aldonce, qui semble mal en point.


Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée du temps que cela prend, j'ai joué de malchance avec l'écorce.

Baissant le museau, So hausse les sourcils en voyant les mains recouvertes de bandages. Elle fait mine de rien et se dirige vers le broc d'eau posé sur une commode pour en servir un godet et y tremper un linge sorti de sa besace. Elle essore ce dernier et revient vers l'homme.

Tenez, il faut que vous buviez, et ça, sur le front.

Et elle lui tend le linge mouillé de frais avant de s'asseoir.

Qu'avez vous à vos mains?
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Aldonce
Alors que la jeune femme se confondait en excuses, Aldonce abondait d’onomatopées compréhensives, incapable de formuler quoique ce soit qui excédait le monosyllabique sans risquer de déclencher une nouvelle quinte de toux. Sa cage thoracique semblait prête à exploser.

Il savait qu'elle faisait de son mieux pour lui - et honnêtement il n'était pas sûr de le mériter - et ne nourrissait aucune rancœur ni impatience. En vérité il ne savait même pas ce qui se passerait une fois qu'il serait guéri.

La main posée sur son front le fit sursauter. Par réflexe, il rentra la tête dans les épaules et loucha sur l'inopiné appendice, tendu. Il se força à refuser à son instinct de prendre le dessus, même si le coin de la pièce sombre à l'abri de toute forme de contact et de discussion sociale était fort accueillant. Il n'était plus un enfant. C'était le moment de changer ses habitudes. De se prendre en main.

Sa gorge lui gratta horriblement. Se refusant à tousser, il émit un son qui ressemblait plus à quelque-chose qui aurait pu être produit par un cheval que par un homme.

Il prit le linge ainsi offert et s'empressa de se le coller sur le visage. Soulagement. La première sensation agréable depuis des lustres. Il s'y livra jusqu'à ce que ses genoux flanchent.

La question demandant réponse, il s'appliqua à formuler quelque-chose de cohérent, sa voix rauque étouffée par le tissus. Elle n'avait rien dû comprendre. Il retira le linge et de réessaya. Lentement. Sans forcer. Sans tousser.


"Un petit accident en... Euh... Démontant une chaise."

La bande sur sa main gauche arborait à la paume une tâche jaunâtre qui ne lui donnait vraiment pas envie de l'enlever pour voir ce qui se trouvait en dessous. A droite, les tâches étaient marron foncé, mais il était quasiment sûr que c'étaient des tâches de brou de noix qu'il utilisait en guise d'encre. Ecrire avec les mains bandées, ce n'était pas simple. En fait rien n'était simple les mains bandées.

Il repartit d'une quinte de toux, peinant à reprendre son souffle pour s'excuser de l'offense terrible et impardonnable d'être discourtoisement malade en si bonne compagnie.


"Pardon..." souffla-t-il, ne faisant pas assez confiance à sa gorge pour sortir autre chose qu'un murmure. "Merci."
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Sorianne
La noiraude a bien remarqué son mouvement de recul, mais n'en a pas fait cas. Elle sait bien ce que c'est, et si personne n'avait fait l'effort de la pousser dans ses retranchements, elle serait déjà morte depuis longtemps, abandonnée seule dans un coin.

Elle s'inquiète, l'état du Sire n'est pas des plus brillants, et la lèvre est légèrement mordue, plus de dépit que d'autre chose. Cela va venir, elle le sait, mais c'est trop long. Bien trop long!! Et se confondre en excuses, cela ne suffira pas à le soigner.

Alors la So regarde les mains bandées, plutôt perplexe quant à l'excuse servie. Un doigt joue avec une mèche sombre distraitement... Mais elle opte pour un sourire qui se veut rassurant et s'approche finalement.


Elle devait avoir de sacrés dents cette chaise.
Ne me remerciez pas.
Je n'ai rien fait.


Avant d'aller auprès d'Aldonce, elle fait machine arrière et vient prendre le broc d'eau avec elle, de façon à le poser près du jeune homme. De l'eau est versée, et elle reprend le tissu qu'elle lui avait confié pour mieux le mouiller avant de l'installer elle même, en gestes délicats de façon à ne pas le surprendre comme tantôt, lui laissant même l'opportunité de fuir son geste, c'est dire.


Laissez la fenêtre ouverte. L'air est vicié dans la chambre, ça n'aide pas votre toux.

Sorianne s’assoit sur une chaise face à l'homme et finit par tendre ses deux mains, paumes vers le haut, avec un petit sourire penaud.

Vous voulez bien que je regarde vos mains?
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Aldonce
A la blague de la jeune femme, Aldonce baissa la tête avec un très vague sourire. Aussi vague soit-il, c'était le premier depuis des lustres. Ses joues étaient comme atrophiées. Il sentit son cœur se serrer.

Cette fois, devant un geste plus mesuré et prévisible, il eut le temps d'anticiper le contact. Il ne recula pas et ne songea que très brièvement à s'enfuir en hurlant.

Il sentait l'inquiétude de la jeune femme, voulait lui dire que tout allait pour le mieux, mais dans on état actuel la crédibilité de ces paroles allait être minime. Déjà, le dire sans tousser aurait été un miracle. Mieux valait ne pas courir le risque.

Elle voulait voir ses mains. Il n'était pas sûr de vouloir les lui donner. Il n'avait rien contre elle en vérité, c'était juste qu'il avait conscience qu'apposer une bande pour cacher et ensuite faire semblant d'oublier n'était pas une méthode particulièrement efficace de guérison. Mais là encore, c'était son modus operandi habituel pour tout désagrément, petit et grand. On cache et on fait comme si ce n'était pas là.

Là, c'était un peu comme si toutes ces blessures, émotionnelles et physiques, qu'il avait si soigneusement occultées jusqu'ici s'étaient toutes insurgées d'un coup. Sa bêtise le rattrapait. Si c'était le cas, il savait qu'il méritait chaque seconde de souffrance qu'il vivait.

Les yeux du jeune premier passèrent des jolies mains fines et gracieuses du docteur aux siennes, entourées de bandes sales, aux ongles abîmés. Il avait peur de ce qui se cachait sous le tissus. Peur que la douleur ne soit pas juste parce qu'il avait des tendances un peu chochottes. Peur que ce soit sérieux.

Il ne voulait pas perdre ses mains.

Alors, après une autre quinte de toux grasse et désagréable, elles furent finalement posées dans celles offertes. Il détourna les yeux au fur et à mesure que les bandes étaient enlevées.

L'entaille dans la paume de sa main gauche était assez profonde. La plaie suppurait, la peau autour était d'une pâleur inquiétante. Sa main droite quant à elle était couverte d'égratignures à peine cicatrisées. Certaines phalanges étaient horriblement enflées, témoignant des nombreuses échardes qu'il n'avait pas réussi à retirer avant d'enterrer et ignorer le problème.

Avant que la question n'arrive, il serra les dents.
"Je me suis coupé avec un verre. Et ensuite... Apparemment la chaise ne se démontait pas comme je le pensais."

Ah, il était encore loin, le siècle des meubles scandinaves aux montages faciles...

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